Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
Les perforations cornéo sclérales chez le chien et le chat - CAZALOT- Point Vet 2012
1. 104 Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat
URgences à
PRéDoMinance
chiRURgicale
(1) Voir l’article
“Les urgences
cristalliniennes chez
le chien et le chat”
de T. Azoulay, dans
ce numéro.
2. Perforation d’origine infl ammatoire
Les affections inflammatoires de la cornée et de la sclère
peuvent conduire après quelques jours, voire quelques
semaines d’évolution à une perte de substance puis à une
perforation du globe.
Le cas classique est celui de l’ulcère cornéen surinfecté.
Plusieurs paramètres peuvent conduire à son aggravation,
comme une antibiothérapie non adaptée, l’absence d’an-
ticollagénases lors d’infection par des bactéries collagé-
nolytiques de type Pseudomonas, un défaut de facteurs
trophiques cornéens (kératite neurotrophique, kératocon-
jonctivite sèche [KCS]), le rôle aggravant des paupières
et des cils (malpositions congénitales, lagophtalmie, para-
lysie palpébrale), l’hyposensibilité cornéenne des races
brachycéphales, etc. Ces dernières sont particulièrement
touchées par cette maladie en raison de leur prédisposi-
tion conjointe aux malpositions palpébrales et ciliaires
(entropion, ectropion, trichiasis des plis nasaux, de la
caroncule, distichiasis, cil ectopique), à la lagophtalmie,
à la KCS et à l’hyposensibilité cornéenne.
Les perforations sclérales d’origine inflammatoire sont
rares. Seuls quelques cas de sclérite nécrosante ont été
décrits chez le chien [7]. Une pathogénie à médiation
immune est suspectée.
3. Perforation par indentation
L’indentation endothéliale chronique est observée lors de
luxation du cristallin en chambre antérieure, notamment
chez les races prédisposées(1)
. Elle peut, dans de rares cas,
conduire à la perforation cornéenne.
L’indentation sclérale est également peu fréquente.
Une sclérectasie (amincissement de la sclère) qui peut
conduire à la perforation est parfois observée lors d’hy-
pertonie intra-oculaire ou de néoplasie du corps ciliaire.
signes cLiniQUes
L’homéostasie intra-oculaire repose sur un équilibre entre
la production et le drainage de l’humeur aqueuse condui-
sant au maintien d’une pression stable. Hormis dans le cas
des indentations sclérales lors de néoplasie ou d’hyperto-
nie intra-oculaires, la perforation des tuniques oculaires
externes entraîne, en général, une dépression subite.
Celle-ci provoque alors un trouble homéostatique se
L
es perforations cornéo-sclérales constituent un
motif de consultation en urgence car elles sont, en
général, soudaines et douloureuses. Cependant,
leur contexte d’apparition peut être très différent
et orienter vers un pronostic variable.
ÉtioLogie
Bien que de survenue subite, la perforation du globe ocu-
laire s’inscrit dans divers contextes : le traumatisme aigu,
l’inflammation subaiguë des tuniques externes de l’œil
ou leur indentation (pression appliquée localement sur
un tissu et pouvant aboutir à sa déformation) chronique.
1. Perforation d’origine traumatique
Lors de traumatisme aigu, les perforations oculaires peu-
vent être secondaires à une griffure par un animal, un
végétal ou un objet coupant [4, 10, 12]. Chez le chien,
une étude rétrospective de Spiess et coll. sur les lésions
cornéennes imputables aux griffades de chat révèle une
surreprésentation des très jeunes chiots. Cela est vraisem-
blablement lié à leur manque d’expérience, voire à leur
défaut d’acquisition du clignement à la menace avant
l’âge de 2 mois [11].
Les perforations de la coque cornéo-sclérale constituent une urgence en ophtalmologie.
Elles induisent une rupture subite de l’homéostasie intra-oculaire qui doit être restaurée
rapidement pour préserver la vision.
fLa perforation
du globe oculaire
survient dans
divers contextes
(traumatique,
inflammatoire,
etc.). Elle provoque
un trouble
homéostatique
immédiat se
traduisant par
une douleur vive,
des modifications
anatomiques et
fonctionnelles des
structures intra-
oculaires, et la
rupture de la barrière
hémato-aqueuse.
Ces lésions peuvent
être directement
observées avec une
lampe à fente ou
bien nécessitent
d’autres examens
complémentaires.
Les examens
d’imagerie
permettent, de plus,
de rechercher des
lésions profondes
pour affiner le
pronostic et adapter
la démarche
thérapeutique.
Cette dernière doit
être précoce et
s’articule autour
d’un traitement
mydriatique, d’une
antibiothérapie
locale et générale,
d’une corticothérapie
générale et d’une
intervention
chirurgicale adaptée.
Résumé
OPHTALMOLOGIE CANINE ET FÉLINE
Les perforations
cornéo-sclérales
chez le chien et le chat0,05 cFc
par article lu
guillaume cazalot
Clinique vétérinaire La Borde Rouge
150, rue Edmond-Rostand
31200 Toulouse
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2. Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat 105
Urgences à prédominance chirUrgicale
les perforations cornéo-sclérales chez le chien et le chat
dernier se traduit par l’apposition, voire la hernie (éga-
lement appelée “iridocèle” ou “staphylome”), de l’iris à
travers l’endothélium perforé (photo 6). Rarement, le cris-
tallin luxé chroniquement en chambre antérieure peut
être expulsé à cet endroit.
Lors de perforation du limbe ou de la sclère juxta-lim-
bique, la hernie de l’iris peut provoquer une déformation
pupillaire en gouttelette nommée “ascension pupillaire”.
Lors de perforation sclérale postérieure, l’expulsion du
vitré est plus limitée en raison de sa consistance. Le dépla-
cement des structures internes comme la rétine est plus
souvent imputable à la contusion en elle-même ou à la
pénétration d’un corps étranger. Les lésions de la cho-
roïde sous-jacente sont alors à l’origine de sévères rema-
niements intra-oculaires.
fDans un dernier temps, des lésions plus profondes
sont recherchées telles que des lésions iriennes avec un
hyphéma secondaire, une iridodialyse (désinsertion de
l’iris à sa base), une perforation et/ou une luxation du
cristallin, des hémorragies vitréennes, un décollement
de rétine par traction du vitré, par déchirure rétinienne
(décollement rhegmatogène) ou par hémorragie sous-
rétinienne [10, 12].
3. Rupture de la barrière
hémato-aqueuse
La dépression soudaine et le déplacement anatomique
des structures intra-oculaires provoquent une rupture de
la barrière hémato-aqueuse en regard du corps ciliaire.
Il en résulte une modification de la composition de l’hu-
meur aqueuse dont la teneur en protéines inflammatoires,
comme la fibrine, est augmentée. Ce phénomène se tra-
duit parfois par la mise en évidence d’un effet Tyndall en
chambre antérieure, voire d’un hypopion fibrino-hémor-
ragique. Des hémorragies spontanées peuvent également
survenir. La fibrine assure ainsi provisoirement l’étan-
chéité de la perforation, mais elle fige aussi les structures
intra-oculaires dans leur nouvelle position. L’animal doit
traduisant par une douleur vive, des modifications ana-
tomiques et fonctionnelles des structures intra-oculaires,
et la rupture de la barrière hémato-aqueuse [3, 13].
1. Douleur
La douleur est fulgurante au moment de la perforation.
Elle se traduit par un blépharospasme, une photophobie,
une procidence de la membrane nictitante et un myosis.
Les signes de douleur s’atténuent parfois, plus souvent
chez le chat, dès que la réaction inflammatoire étanchéi-
fie la zone d’impact.
2. Modifications des structures oculaires
fLe premier temps de l’examen ophtalmologique per-
met de définir les modifications de la tunique externe.
Celles-ci sont variables selon le contexte d’apparition.
Parfois discrète lors d’indentations sclérales progressives,
l’inflammation est plus marquée en cas de perforation
traumatique et devient sévère dans les stades terminaux
perforants de lésions chroniques.
Lors de traumatisme, l’œdème cornéen est souvent dis-
cret dans les premières heures (photos 1 à 3). Il peut être
localisé à la zone d’impact en cas d’effraction cornéenne
(rupture de la barrière épithéliale lipophile) ou limité à un
arc périkératique lors d’effraction sclérale (inflammation
ciliaire sous-jacente). Il s’accompagne d’une hyperhémie
conjonctivo-épisclérale d’intensité variable, voire d’une
hémorragie sous-conjonctivale.
Lors d’ulcérations cornéennes perforantes, la néovascu-
larisation profonde est le témoin de la durée d’évolution.
Elle s’accompagne d’un œdème cornéen diffus par imbi-
bition en cas d’effraction de la barrière épithéliale de la
cornée ou bien d’un œdème périkératique par extension
inflammatoire lors de sclérite nécrosante (photos 4 et 5).
fDans un deuxième temps, les conséquences de la chute
de la pression sont recherchées. Lors de perforation cor-
néenne, l’expulsion d’humeur aqueuse s’accompagne,
en effet, d’un déplacement des structures internes. Ce
1 2 3
1. Perforation cornéenne par griffure de chat chez un chien. l’étanchéité est réalisée par un bouchon fibrineux dans lequel des pigments iriens
sont visibles.
Photo : G. Cazalot
2. Perforation sclérale traumatique chez un chat. noter l’ascension pupillaire secondaire à l’iridocèle et la discrétion de l’inflammation.
3. Perforation sclérale traumatique avec iridocèle chez un chien. noter l’hyphéma secondaire à la rupture de la barrière hémato-aqueuse et
l’œdème périkératique secondaire à l’inflammation ciliaire.
Photos :o. JonGh
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3. 106 Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat
URgences à
PRéDoMinance
chiRURgicale
traumatisme perforant. Le cri douloureux parfois poussé
lors de la dépression oculaire constitue également un
indice.
Toutefois, c’est l’examen ophtalmologique à la lampe à
fente qui conduit au diagnostic de certitude. En effet, un
aspect clinique évocateur et une hypotonie, plus ou moins
marquée en fonction de l’ancienneté et de l’étanchéité
des lésions, peuvent étayer la suspicion de perforation.
1. Perforation cornéenne
Lors de perforation cornéenne, le déplacement des struc-
tures intra-oculaires provoque une hernie irienne. Son dia-
gnostic différentiel inclut un granulome inflammatoire,
une néoplasie et une épisclérokératite nodulaire (photos 7
et 8). Cependant, l’aspect surélevé “en chou” de couleur
gris-brun ou hémorragique du staphylome contraste avec
le rose-rouge plus homogène des autres affections. De
plus, l’expulsion d’humeur aqueuse est parfois mise en
évidence par le test de Seidel (photo 9). Après instillation
d’une goutte de fluorescéine, le flot d’humeur aqueuse sur
le dioptre cornéen dilue la fluorescence observée avec un
filtre bleu Cobalt. Lorsque l’œdème cornéen n’est pas trop
prononcé, l’observation de lésions en chambre antérieure
peut également conduire au diagnostic.
2. Perforation sclérale
Lors de perforation sclérale, l’aspect noirâtre de l’épithé-
lium postérieur de l’iris ou de la choroïde sous-jacente
apparaît et doit être différencié de la présence d’un
plomb sous-conjonctival ou d’un mélanome épibulbaire
être pris en charge précocement, avant que ces lésions
soient irréversibles.
Diagnostic
Dans un contexte inflammatoire, l’évolution péjora-
tive des lésions permet d’orienter le diagnostic. Des
commémoratifs de bagarre, de promenade ou de
retour de chasse peuvent conduire à un diagnostic de
4 5
6
4. Vue au microscope opératoire d’une descemétocèle
perforée secondaire à une kératite sèche due à un accident
de la voie publique chez un chien. noter l’aspect des trois
autres descemétocèles non perforées coalescentes.
5. Vue au microscope opératoire d’une sclérite nécrosante
chez un chien. noter l’ulcère pyogranulomateux temporal
en amande et la kératite périlimbique associée.
6. Perforation traumatique de la cornée chez un chien.
noter l’iridocèle hémorragique.
Photos : G. Cazalot
Points forts
€La perforation de la coque cornéo-sclérale peut
intervenir dans un contexte traumatique aigu
ou inflammatoire chronique, mais elle constitue
toujours une urgence.
€Après un diagnostic de perforation cornéenne
ou sclérale, des lésions profondes doivent être
recherchées pour affiner le pronostic et proposer
une option chirurgicale adaptée.
€La prise en charge en urgence des perforations
du globe inclut un traitement mydriatique,
une antibiothérapie locale et générale, une
corticothérapie générale et une prise en charge
chirurgicale précoce.
€Une intervention chirurgicale conservatrice
donne souvent de bons résultats visuels en
l’absence de lésions profondes.
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4. Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat 107
Urgences à prédominance chirUrgicale
les perforations cornéo-sclérales chez le chien et le chat
(photo 10). Le recours à l’examen échographique, conven-
tionnel (10 à 20 MHz) ou UBM (Ultrasound BioMicroscopy,
35 à 50 MHz), permet de confirmer l’effraction sclérale et
de préciser son origine (traumatique, inflammatoire ou
tumorale) (photos 11 et 12). De plus, lors d’œdème cor-
néen sévère ou de saignement intra-oculaire, cet examen
permet à la fois de rechercher un éventuel corps étranger
et de réaliser un bilan lésionnel. Une sédation est alors
conseillée pour rechercher la plaie sclérale, surtout si
celle-ci est très postérieure.
Pronostic
À la lumière des examens clinique et d’imagerie, un
pronostic peut être avancé. Il dépend de la précocité
du diagnostic et de la sévérité des lésions. Une prise en
charge rapide limite le risque d’endophtalmie et la for-
mation d’adhérences fibrineuses secondaires à la rupture
de la barrière hémato-aqueuse. L’apparition de synéchies
assombrit le pronostic visuel en augmentant le risque de
glaucome par occlusion des voies de drainage de l’hu-
meur aqueuse. Celle-ci est alors moins fluide en raison de
sa haute teneur en protéines inflammatoires. Ainsi, la pré-
sence d’une chambre antérieure réduite (hypothalamie)
ou virtuelle (athalamie) assombrit le pronostic fonction-
nel. Au contraire, les fines synéchies irido-endothéliales
cicatricielles parfois observées chez le chat ne modifient
pas, en général, la vision de l’animal.
Les perforations d’origine inflammatoire provoquent
peu de lésions profondes, mais une réaction uvéale
marquée. Celle-ci peut être plus (ulcères cornéens) ou
moins (sclérites nécrosantes) aisée à maîtriser médicale-
ment. La perte de transparence du dioptre cornéen est,
en revanche, souvent plus importante en fonction de la
technique chirurgicale utilisée (souvent grand diamètre
de déficit cornéen à combler).
Lors de perforations traumatiques, des lésions plus pro-
fondes peuvent assombrir le pronostic, comme une iri-
dodialyse, une perforation/luxation du cristallin, un corps
7 8
9 10
7. granulomes inflammatoires secondaires à trois lacérations cornéennes anciennes chez un chien. noter les zones de
fibrose cicatricielle et le réseau vasculaire dense encore actif.
8. carcinome épidermoïde cornéen dans un contexte de kératoconjonctivite sèche chez un chien. noter la néoformation
exophytique et pavimenteuse centrale et l’épithéliopathie associée. cette dernière se traduit par un aspect irrégulier de la sur-
face cornéenne, une imbibition œdémateuse stromale et une néovascularisation superficielle d’origine conjonctivale.
9. Test de seidel chez un chien. noter la visualisation du flot d’humeur aqueuse après instillation de fluorescéine.
10. Vue au microscope opératoire d’un plomb sous-conjonctival chez un chien.
Photos : G. Cazalot
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5. 108 Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat
URgences à
PRéDoMinance
chiRURgicale
traumatique possiblement associée à d’autres lésions
corporelles.
Perforation cornéenne
Lors de lésion cornéenne, l’iris hernié peut être paré
et réenfoui si la plaie date de moins de 6 heures. Des
substances visco-élastiques sont alors injectées par voie
intracamérulaire (ponction tunnellisée de la cornée tan-
gentiellement au limbe) pour déchirer les adhérences
endothéliales précoces et repousser l’iris contre le cristal-
lin. Cette manœuvre est facilitée par une injection de tPA
(tissue-Plaminogen Activator, activateur tissulaire du plas-
minogène [molécule fibrinolytique]) adrénaliné (25 µg
dans 0,2 ml de tPA et 0,2 ml d’adrénaline 1/10 000) [5, 6].
L’adrénaline limite les saignements et provoque une
mydriase rapide alors que l’enzyme fibrinolytique limite
l’apparition de synéchies. Le tPA doit cependant être
proscrit en cas de saignement actif dans la chambre anté-
rieure car il bloque l’hémostase secondaire. En fonction
de l’étendue de l’effraction, la cornée est suturée bord
à bord ou greffée avec un biomatériau (sous-muqueuse
intestinale ou vésicale, péricarde, membrane amniotique,
etc.) ou un lambeau de conjonctive (photos 13a, 13b et 14)
[1, 2]. Les colles biologiques sont déconseillées en rai-
son de leur toxicité lors de pénétration dans la chambre
antérieure. De plus, elles ne polymérisent pas si la surface
n’est pas sèche.
Une attention particulière est apportée aux lésions cris-
talliniennes secondaires, même minimes, recherchées
directement après mydriase ou par un examen échogra-
phique. Afin d’éviter l’évolution vers le glaucome, une
phaco-émulsification est alors proposée en urgence.
Perforation sclérale
Lors de lésion sclérale, la suture bord à bord ou la greffe
de biomatériau peut également être envisagée. Lorsque
étranger intra-oculaire, des hémorragies vitréennes, un
décollement de rétine, etc.
traitement
1. Traitement médical
Le premier geste thérapeutique vise à réduire la douleur.
L’atropine instillée localement permet une diminution du
spasme ciliaire par son effet cycloplégique. Elle assure
également une mydriase correcte si elle est administrée
avant l’apparition des adhérences fibrineuses.
L’intérêt réside alors dans la réduction du risque de syné-
chies et d’uvéite hypertensive, mais aussi dans l’explo-
ration plus complète d’éventuelles lésions postérieures,
notamment cristalliniennes. Dans les cas particulièrement
douloureux, l’effet antalgique peut être majoré par l’admi-
nistration parentérale de dérivés morphiniques.
Bien que proscrits localement lors de perforation cornéo-
sclérale, les corticostéroïdes à action rapide par voies
parentérale puis orale limitent les effets inflammatoires
dans la sphère oculaire, diminuent la douleur et amélio-
rent le pronostic.
L’œil constitue physiologiquement un milieu clos et sa
perforation entraîne un risque d’infection bactérienne
(endophtalmie) pouvant induire une septicémie(2)
[4].
Une antibiothérapie précoce locale et par voie générale
est requise. La pénétration intra-oculaire de la marbofloxa-
cine (Marbocyl®
) a été démontrée à la dose de 4 mg/kg/j,
per os [8, 9].
2. Traitement chirurgical
L’intervention chirurgicale constitue le traitement d’ur-
gence. Un examen clinique général préanesthésique doit
être effectué, tout particulièrement lors de perforation
(2) Voir l’article “Les
endophtalmies chez
le chien et le chat”
de F. Famose, dans
ce numéro.
Cristalloïde postérieure
Lésion
cristallinienne
Décollement de rétine
localisé
Vitré
Cône d’ombre
CE métallique
11
Cristalloïde
antérieure
Iris
Cornée
CE végétal
12
11. examen échographique d’un corps étranger intravitréen chez un chat : plomb jouxtant la choroïde (examen échographique
conventionnel 10 mhz). Flèche pointillée : fort écho en mode a en regard de l’impact des ultrasons sur le corps étranger (ce).
Photo : EnVt
12. examen échographique d’un corps étranger cornéen végétal chez un chien à l’origine d’une effraction cristallinienne
(examen échographique UBm 35 mhz).
Photo : ChVsM
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6. Le Point Vétérinaire / 2012 / Urgences ophtalmologiques chez le chien et le chat 109
Urgences à prédominance chirUrgicale
les perforations cornéo-sclérales chez le chien et le chat
la choroïde sous-jacente n’est pas trop lésée, le résultat
chirurgical est bon. Dans le cas particulier de la sclé-
rite nécrosante, une thérapeutique immunosuppressive
postopératoire précoce ne suffit pas toujours à prévenir
l’énucléation [7].
Cette option peut alors être proposée en fonction du
risque présenté par les réparations conservatrices (uvéite
hypertensive non contrôlée, lésions intra-oculaires
sévères, cécité irréversible) et des moyens financiers
disponibles.
conclusion
Les perforations cornéo-sclérales constituent un défi pour
le praticien. Celui-ci doit rapidement dresser un tableau
lésionnel et pronostique pour adopter la démarche thé-
rapeutique la plus adaptée. ❚
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Références
13a 13b
14
13a et 13b.
Vue per opératoire d’une suture cornéenne chez un chien.
13a. extraction du corps étranger cornéen et fuite d’humeur
aqueuse.
13b. suture par un point simple monofilament 9/0.
14. Vue au microscope opératoire d’une plaie cornéenne
perforante chez un chat, traitée par une greffe conjonctivale
pédiculée.
Photos : G. Cazalot
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