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  1. 1. 1 PLUSSMART CITIES Relever le défi de la gestion des cités du futur Dans un monde marqué par le déplacement géographique de la puissance économique, la démographie galopante et les pressions qui pèsent sur la disponibilité des ressources naturelles, les villes concentrent une part de plus en plus importante de la population mondiale. Leur capacité à influer sur la qualité de vie, à façonner l’activité économique et à stimuler une croissance durable est aujourd’hui plus évidente que jamais. Ainsi deviennent- elles des lieux privilégiés d’action et de transformation. Les villes rivalisant entre elles pour attirer citoyens, entreprises et investissements dans un monde multipolaire et interdépendant, leurs besoins se font également plus pressants. Tant en termes de moyens que de structures, mais aussi d’aptitudes. Pour relever ces défis, les pouvoirs publics locaux cherchent à se positionner. Sur fond d’évolution technologique, où l’omniprésence de l’internet, des communications mobiles et du « cloud computing » modifie radicalement la façon dont les citoyens envisagent leurs modes de vie et de travail. Le concept de « centricité citoyenne » revêt une importance croissante à mesure que l’interconnectivité entre les citoyens et les prestataires de services devient plus immédiate — et qu’un plus grand besoin de réactivité, de transparence et de maniabilité se fait sentir. Les contraintes d’une planète aux ressources limitées et la volonté de préserver la viabilité de notre environnement appellent au changement et à l’instauration de meilleurs niveaux d’efficacité et d’innovation. Les marchés citadins des pays émergents croissent à une vitesse vertigineuse et beaucoup s’efforcent d’instaurer de nouveaux modèles du jour au lendemain ; dans le monde développé en revanche, les exigences d’intégration, de connectivité et d’adaptabilité doivent être appliquées aux infrastructures existantes. ( Lire la suite en page 11 ) Les villes abritent plus de la moitié de la populationmondialeetcetteconcentration urbaineatteindra70%en2050.Pourrester attractives, elles devront être capables d’assurer bien-être social, prospérité éco- nomique et environnement sain à leurs citoyens. Une question de survie, qui passe par le développement de nouveaux types d’infrastructures innovantes susceptibles de révolutionner nos modes de vie et de consommation. Certaines ont commencé. « Aujourd’hui, quand vous devez vous rendre d’un point A à un point B, vous pouvez déter- miner le trajet optimal sur votre ordinateur. Demain, votre smartphone vous permettra non seulement de calculer le meilleur trajet en tenant compte du trafic et des travaux, mais il vous indiquera aussi s’il vaut mieux y aller en voiture partagée, sauter dans le taxi qui arrive ou em- prunter le prochain bus qui passe à tel moment précis. » Ce scénario évoqué par un futurologue français n’est qu’une des multiples applications possibles de la rencontre entre les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les systèmes de transport. Il s’agit là de mobilité, mais l’on pourrait tout aussi bien évoquer l’éner- gie, l’environnement, la gestion de l’eau, des déchets et des immeubles, la santé, l’agriculture, les services publics, l’éducation et la culture.... En Asie, en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen- Orient, nombreuses sont les villes qui parient sur les nouvelles technologies – qu’elles les déploient elles-mêmes ou encouragent le secteur privé à le faire - pour améliorer significativement la qualité et l’efficacité des services délivrés à la population et aux entreprises. On parle de communications mobiles, d’internet des objets, de compteurs, de réseaux et d’immeubles intelligents, de domo- tique, télématique, lecture optique, de puces RFYD, d’éclairage LED, de voitures sans pilote… Mais le plus souvent, ces technologies certes innovantes sont mises en œuvre de façon isolée, dans un domaine plutôt qu’un autre, sans vision à long terme ni souci d’intégration. A l’instar de Singapour, d’Amsterdam ou de Yokohama, seules quelques villes « modèles » ont compris aujourd’hui qu’elles ne pourront assurer leur développement durable qu’en combinant toutes ces technologies entre elles. En s’appuyant sur des plateformes intégrées, capables de délivrer dans tous les domaines un service optimal en temps réel – c’est-à-dire au moment où les usagers en ont effectivement besoin. Telles sont les « smart cities », les villes intelli- gentes qui commencent à émerger aujourd’hui et déploieront tout leur potentiel dans les années à venir. Pour le plus grand bien-être de leurs citoyens. A condition bien sûr que ceux-ci soient associés de près à cette évolution. Ce supplément spécial du Soir, réalisé avec l’aide de la division Stratégie et Développement durable d’Accenture, n’a d’autre ambition que d’ébaucher le plus concrètement possible, à travers un grand nombre d’exemples, ce à quoi pourrait ressembler l’avenir des villes qui seront – et sont déjà – les premières à parier sur l’intelligence. Et cet avenir, c’est déjà demain. Philippe Berkenbaum L’enjeu de la mobilité Vers la fin du tout à l’auto P. 2 & 3 Fernand Dimidschstein, managing director Accenture Consulting France-Benelux Thomas Froehlicher, doyen de HEC-ULg Didier Hamann, directeur-rédacteur en chef du Soir L’enjeu énergétique L’énergie en pilotage automatique P. 4 & 5 L’enjeu du vivant Sous les pavés, la terre P. 8 & 9 Retrouvez dès aujourd’hui le blog des villes intelligentes www.lesoir.be/smartcities Singapour, ville du futur Rendre nos villes plus intelligentes Le tour du monde des meilleures idées pour gérer les métropoles de demain!
  2. 2. 2 L’heure est à l’urbanisation. La population des villes augmente sans cesse, induisant de sérieux problèmes de mobilité et de pollution.ABruxellesparexemple,leshabitantssontpassésde 960.000 en 1991 à 1,12 millions 20 ans plus tard, soit une croissance de plus de 16 %. « Les villes contribuent pour plus de 60 % aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde », confirme Adrien Kirschfink, Senior Manager Accenture Management Consulting. «Elles sont confrontées à des problèmes de pollution, mais aussi de bruit et d’embouteillages », ajoute Vanessa Holve, conseillère en mobilité et transports chez Eurocities, un réseau de plus de 130 villes européennes qui réfléchit à leurs besoins et défend les intérêts locaux dans le contexte européen. « Certains tentent de faire croire que le recours aux véhicules propres va tout solutionner, or il ne décongestionnera pas les villes. Si les véhicules propres font indéniablement partie de l’équation, il faut aussi parvenir à changer les comportements. » Pour y arriver, les villes doivent développer des solutions innovantes, efficacesetintelligentes,dansuncontexteoùlademandedemobilité individuelle et collective augmente sans cesse. Les alternatives à la voiture existent et sont nombreuses : transports en commun en tous genres, vélos en libre-service, voitures partagées... Mais pour relever lesdéfisdufutur,cessolutionsdoiventêtredéveloppées,approfondies et planifiées de manière intégrée, avec le souci d’en optimiser le coût, l’efficacité et la valeur ajoutée pour les usagers. Tout en tenant compte des contextes locaux et de contraintes telles que la difficulté de fédérer l’ensemble des acteurs compétents, publics et privés, aux intérêts pas toujours convergents. Nombreuses sont les métropoles, en Belgique et à l’étranger, qui se fixent des objectifs. A l’image de Singapour, leader mondial en matière de transports publics, qui compte encore enrichir son réseau d’ici 2020 (lire par ailleurs). « À Bruxelles, l’objectif global est de réduire le trafic de 20% d’ici 2018, par rapport à 2001 », note Adrien Kirschfink. La mobilité de demain devra être pensée de manière globale en s’appuyant sur une vision d’architecte de la mobilité, ce qui n’ira pas sans compétences spécifiques et pointues. Smart mobility « Les systèmes de transport intelligents joueront un rôle clé dans l’avenir de la mobilité urbaine, indique Vanessa Holve. De plus L’enjeu de la mobilité©DR Le billet unique circule aux Pays-Bas En 2002, les cinq plus grands opérateurs de transports publics aux Pays-Bas ont décidé de collaborer pour concevoir et mettre en œuvre un système national de tickets et de paiement électronique. La concrétisation de cette nouvelle solution de billetterie électronique, l’OV- chipkaart, a été menée par un consortium international auquel Accenture a pris part. Sa mission était de fournir un produit pouvant s’adapter à l’évolution des exigences des clients et des opérateurs, une première pour une carte à puce de réseau de transport. L’OV-chipkaart est un porte-monnaie électronique, automatiquement débité selon la distance parcourue. Elle peut être utilisée partout aux Pays-Bas. En Belgique, la carte Mobib devrait permettre, à terme, aux navetteurs d’emprunter différents modes de transports publics (trains, trams, bus) avec un seul support, voire de louer un vélo ou une voiture en libre service. Mais la solution tarde à être intégralement déployée. La voiture partagée roule à Bruxelles Selon plusieurs études, un véhicule passe 90 à 95% de son temps à l’arrêt. Le car-sharing est un système qui permet de disposer d’une voiture selon ses besoins, sans en posséder personnellement. Le principe : le client membre du service réserve un type de véhicule et paie son utilisation selon la distance et la durée du trajet. La première station de car-sharing belge a été inaugurée en 2002 à Namur par la société privée Cambio. Depuis, les implantations se sont multipliées. D’autres opérateurs ont fait leur apparition, proposant de nouvelles spécificités, comme Zen Car, à Bruxelles, qui mise sur le partage de voitures électriques, ou Keyzee, qui propose une solution intégrée au smartphone. Une alternative consiste en la mise de véhicules privés à disposition de ceux qui en ont besoin, contre rétribution. On parle alors d’auto-partage. Le covoiturage permet également de rationaliser l’usage de la voiture. Des personnes qui se rendent au même endroit, mises en relation par des plateformes spécialisées ou par leur employeur, partagent un véhicule pour effecteur leur trajet. Une manière de réduire la pollution, les coûts de transport et la congestion des villes. Des études montrent qu’une voiture partagée remplace au moins six véhicules privés. Des applications mobiles en vogue partout Avec les technologies de plus en plus performantes qui envahissent le marché, les opérateurs de transport peuvent miser sur les applications mobiles permettant d’informer les usagers via leur smartphone et d’améliorer ainsi la fluidité du trafic. Horaires des lignes, alertes en cas de perturbations, planificateurs de trajets, cartographie, géolocalisation des données sont désormais à portée de clic. Certaines applications permettent la mise en relation de personnes souhaitant covoiturer, identifient la disponibilité des places de parking ou des vélos en libre service – une telle appli vient par exemple d’être développée à Bruxelles. Dans un autre registre, un Vers la fin du tout à l’auto Les populations explosent, les villes sont au bord de la saturation. Pollution et congestion sont les défis à relever pour demain. Elles doivent donc innover. Mettre en place des transports collectifs efficaces et dynamiser les alternatives à la voiture individuelle. 6innovations qui changeront la mobilité urbaine
  3. 3. 3 3 en plus d’applications permettent de planifier son trajet sur un mode alternatif et plus dura- ble, de comparer l’empreinte carbone de diffé- rents moyens de déplacement. Via leur GSM, les usagers peuvent suivre l’itinéraire d’un tram en temps réel, obtenir des informations sur les per- turbations et même acheter un ticket de bus par SMS. Ces nouvelles technologies encouragent les gens à se passer de leur voiture en améliorant l’information sur les offres alternatives et leurs avantages. » En matière de transports collectifs, les systèmes de billetterie intégrée font également leur che- min. Lentement mais sûrement – toujours cette multiplicité d’acteurs ! Le principe : une seule carte, un portefeuille virtuel, permet de prendre le train, le bus ou le métro, de louer une voiture partagée voire un vélo en libre service. Au niveau individuel, les métropoles tentent aussi, de plus en plus, de limiter l’accès à leur centre. Certaines ont mis en place un péage urbain, comme Lon- dres, Stockholm ou Oslo. « Un moyen de contrô- ler efficacement la circulation urbaine, de réduire la congestion du trafic tout en générant des reve- nus », constate Accenture. « Les villes sont très imaginatives, confirme Va- nessa Holve. La Commission européenne vou- drait harmoniser certains systèmes mis en place. Mais de manière générale, force est de constater que chaque métropole est différente et devrait pouvoir adapter les mesures selon sa propre géo- graphie, sa situation économique ou sa popula- tion. A Vienne, par exemple, une politique de stationnement très coûteuse ayant été mise en place, les citoyens privilégient les transports en commun. Le résultat est le même qu’avec les péa- ges urbains, mais la mesure est plus facile à faire passer politiquement. » Repenser l’offre Dans un monde qui s’urbanise jour après jour, « la ville de l’avenir devra fermement poursuivre deux objectifs : la gestion des ressources dans une perspective durable et la création d’un environne- ment économique et social attractif dans lequel citoyens, entreprises et gouvernement peuvent vivre, travailler et interagir », prédit Accenture. Pour le consultant, les villes intelligentes doivent repenser globalement leur offre de mobilité en développant et en promouvant des alternatives et en fournissant aux citoyens de nouveaux modes de transport. « Chaque ville étant différente, il n’y a pas une bonne façon de s’y prendre pour dé- velopper les capacités nécessaires. Une manière courante de débuter est de se fixer un point de départ, selon la situation économique, politique et géographique de la ville. Et de là, évaluer diffé- rents scénarios en fonction de leurs coûts projetés et de leurs impacts, pour commencer à planifier la technologie, la stratégie, les processus, la forma- tion, la gouvernance et les aspects de la gestion d’un programme de développement », considère Adrien Kirschfink. Qui conclut : « Il est d’ailleurs essentiel que les villes, les autorités, les entrepri- ses et les citoyens réfléchissent ensemble et tra- vaillent main dans la main sur la définition de la mobilité de demain. Les solutions de télétravail et de flexibilité ne doivent pas être négligées : la réduction des besoins de mobilité a aussi un rôle à jouer dans la stratégie globale. » Anne-Catherine De Bast Quelque 700.000 trajets ont lieu chaque jour entre 6 et 10 heures du matin à Bruxelles. Le service de navigation GPS TomTom a démontré que les automobilistes vivant à 30 minutes de la capitale et s’y rendant tous les jours perdent 101 heures par an dans les bouchons. Un trajet en voiture à Bruxelles prend en moyenne 31,8 % de plus que nécessaire vu la congestion du trafic… La mobilité à Bruxelles sera-t-elle plus fluide dans 10 ans ? « L’objectif global est de réduire le trafic de 20 % d’ici 2018 par rapport à 2001, indique Accenture. 62,5% des déplacements quotidiens à Bruxelles concernent des trajets de moins de 5 km, et dans 25% des cas, de moins d’un kilomètre. Ces distances pourraient facilement être parcourues via des moyens de transport alternatifs », souligne Adrien Kirschfink. Tant à la Ville qu’à la Région, on étudie la question. « Mais 2020, c’est quasi demain, constate Michel Hubert, professeur de sociologie aux Facultés universitairesSaint-Louis.Ilnefautpass’attendre à de grands bouleversements, on va vers la continuation des projets en cours. » Sur la table : une mobilité plus intermodale, l’introduction d’un système de guidage par GPS vers les parkings, le contournement du centre et des quartiers résidentiels pour le trafic de transit, la mise en place d’un réseau de bornes de rechargement pour véhicules électriques ou l’installation de feux de signalisation intelligents pour fluidifier le trafic. Des projets en cours visent aussi à prolonger les lignes de métro, à poursuivre la « tramification » du réseau, à aménager des parkings pour les navetteurs ou encore à mettre en service des bus hybrides. En 2012, la Stib a effectué 350 millions de trajets. En 2025, elle en prévoit 550 millions. Côté car-sharing, les opérateurs Cambio et Zen Car totalisent actuellement 9000 clients et 270 véhicules. La ministre bruxelloise des Transports Brigitte Grouwels (CD&V) compte faire grimper ces chiffres à 25.000 utilisateurs et 800 véhicules d’ici 2020. Le réseau de vélos en libre service Villo ! est en cours d’extension. Et la Région développe un « plan marche », qui vise à revaloriser les zones piétonnes et à les équiper en mobilier urbain…D’autres villes belges ne sont pas en reste. C’est notamment le cas de Liège, réputée pour ses problèmes de mobilité et classée ville la plus embouteillée de Wallonie avec une moyenne de 200.000 voitures transitant au quotidien par son centre urbain. Les autorités viennent de lancer le chantier du futur tram, qui reliera d’ici 2017 une vingtaine de stations sur 12 km. Plusieurs voiries sont également en cours d’aménagement pour limiter l’invasion automobile au cœur de la ville. La circulation sera ralentie, plus de place laissée à la mobilité douce (vélo, marche à pied) et davantage d’espaces verts vont être aménagés. Côté stationnement, deux parkings souterrains verront prochainement le jour. Un plan communal cyclable a également été établi en 2011 et Liège a été élue dans la foulée « Ville Pilote Wallonie Cyclable ». Enfin, deux projets développés avec des étudiants dans le cadre de la chaire Accenture - HEC ULg pour une Stratégie durable (lire en p12) ont également été sélectionnés par la ville. Electricity vise à stimuler l’utilisation de véhicules électriques en leur réservant notamment des places de parking gratuites et à atteindre 20 % de bus hybrides et électriques au sein de la flotte des TEC ; Intelligent Deliveries est une e-plateforme intelligente, accessible via smartphone et visant à gérer en temps réel les aires de livraison en ville pour fluidifier le trafic et améliorer la mobilité. A-C.dB et Ph.B. Bruxelles et Liège mobiles en 2020 Singapour, ville modèle Singapour, 648 km2, 5,3 millions d’habitants !... Autant dire que la gestion de la mobilité de tout ce petit monde se doit d’être irréprochable. La cité-État du sud-est asiatique planche en permanence sur la question, à tel point qu’elle est devenue un modèle pour les systèmes qu’elle a mis en place afin de réduire la congestion du trafic et limiter la pollution. Un modèle, même si la croissance permanente de la population rend le réseau proche de la saturation. En 1975, la métropole a lancé le premier péage urbain au monde, via le contrôle visuel d’une vignette par la police. Un nouveau système a été déployé en 1998, l’« Electronic Road Pricing » (ERP). Il définit de manière électronique différents tarifs selon le type de véhicule, l’heure et la distance parcourue via 80 portiques, en temps réel. Différentes villes se sont depuis inspirées de ce modèle, comme Londres qui l’a intégré depuis 2003. Parallèlement au péage urbain, Singapour a développé des méthodes visant à limiter le nombre de véhicules en circulation. Elle a notamment porté les taxes d’importation et d’enregistrement des véhicules à des niveaux prohibitifs, ainsi que le prix de la licence permettant de les utiliser. Tout cela n’empêche pourtant pas les problèmes de circulation de s’intensifier sur son minuscule territoire. Singapour compte améliorer encore l’ERP et développe aujourd’hui un système permettant de mesurer le trafic par GPS pour mieux le réguler. Infos en temps réel Du côté des transports collectifs, la cité-État propose à ses habitants trains, métros, bus et taxis. Un réseau multimodal extrêmement efficace, qui devrait encore se développer grâce, notamment, à la création de nouvelles lignes de métro et la mise en service de bus supplémentaires. « Déjà leader mondial dans l’utilisation des transports publics, Singapour s’est fixée un objectif : en 2020, les résidents effectueront 70 % des trajets matinaux aux heures de pointe en transports publics, et plus de 85% des navetteurs boucleront leur trajet en moins de 60 minutes », relève Adrien Kirschfink chez Accenture. Bus et métros sont payables par la même carte à puce sans contact, l’EZ-Link card, un porte-monnaie électronique rechargeable débité automatiquement en fonction de la distance parcourue. Améliorer la mobilité passe également par l’information des usagers. La métropole l’a bien compris, en plantant aux quatre coins de la ville des panneaux informatisés diffusant en temps réel des renseignements sur le réseau et son éventuelle congestion. Ces infos sont également disponibles sur le réseau mobile. Tant les automobilistes que les usagers des transports en commun peuvent ainsi adapter leur parcours et limiter les embouteillages. A.-C.dB programme analyse la conduite d’un automobiliste et lui propose de choisir la voiture propre qui lui convient ou l’encourage à faire usage d’autres types de transports pour certains trajets. Les voitures électriques ont envahi Oslo Oslo est devenue la capitale mondiale de la voiture électrique. La Norvège s’est fixée des objectifs climatiques ambitieux, avec une réduction d’au moins 30 % de ses émissions de CO2 d’ici 2020, et elle parie notamment sur le développement rapide des voitures vertes pour y parvenir. Fin 2012, plus de 4.000 véhicules électriques sillonnaient les routes de la capitale et de ses environs et ce pays d’à peine 5 millions d’habitants en est le deuxième marché mondial, après la France et devant l’Allemagne. En plus d’une fiscalité très avantageuse pour les voitures électriques et à pile à combustible, ces véhicules peuvent emprunter les couloirs de bus et sont exemptés de péages urbains. Ils peuvent stationner gratuitement sur les parkings publics où des bornes permettent de recharger leurs batteries. Oslo s’est également dotée d’un vaste réseau de bornes de rechargement : elle en comptait 500 fin 2012, dont 65 pour la recharge rapide. Des subventions incitent d’ailleurs les entreprises et centres commerciaux à en installer de nouvelles. Et, cerise sur le gâteau, les propriétaires de véhicules électriques bénéficient d’un tarif préférentiel pour leur électricité. Non seulement pour leur voiture mais également pour leur consommation domestique ! Il faut dire que la voiture électrique s’inscrit parfaitement dans le développement des réseaux de distribution d’électricité intelligents. Car sa batterie peut servir de stockage tampon quand la voiture est à l’arrêt. En d’autres termes, stocker l’électricité en cas de surproduction et en libérer une partie en cas de surconsommation. Le développement du véhicule électrique basé sur un réseau de charge intelligent pourrait ainsi s’intégrer dans un environnement de production d’énergie renouvelable. La logistique durable s’installe à Hasselt Amsterdam, qui vise à réduire sa production de CO2 de 40 % d’ici 2025, a travaillé avec Accenture pour concrétiser cette ambition. La capitale néerlandaise compte notamment augmenter le nombre de véhicules plus écologiques et faire évoluer les comportements. En matière de logistique, elle a lancé une initiative visant à limiter le transit dans le centre-ville. Concrètement, les marchandises sont centralisées dans un dépôt situé en périphérie, puis livrées aux entreprises par véhicules électriques. Sur le chemin du retour, ils ramassent les déchets propres. En Belgique, la société de distribution urbaine durable D-via a lancé un projet pilote similaire à Hasselt et à Gand. Elle a fondé CityDepot, un centre urbain de distribution intelligente, où des camions électriques viennent deux fois par jour chercher les marchandises à livrer aux entreprises. Les crédits mobilité s’écoulent à Gênes A Gênes, en Italie, chaque citoyen reçoit chaque année un nombre égal de crédits mobilité, à utiliser pour se déplacer librement dans les limites de la ville. La vitesse à laquelle s’épuisent les crédits dépend de l’heure et du mode de transport choisi. L’usage d’une voiture privée en heure de pointe consommera plus de crédits qu’un déplacement en bus en heure creuse. Des crédits peuvent être échangés ou achetés si nécessaire. Les autorités communales ont notamment travaillé avec Accenture pour mettre ce système en place. Il vise à protéger l’environnement tout en préservant la liberté fondamentale des personnes à se déplacer avec le moyen de transport de leur choix. Ph.B et A.-C.dB
  4. 4. 4 « Nossociétéssontbaséespourl’essentielsurlesénergiesfossiles et le nucléaire. Les premières sont en passe d’être épuisées, ce qui les rend très coûteuses, outre leur caractère polluant. Le nucléaire, lui, est trop dangereux : l’accident de Fukushima l’a encore prouvé. En matière d’énergie, les changements dont nous avons besoin sont énormes », souligne Stéphane Dupas, chargé de projet au sein d’Energy Cities, l’Association européenne des autorités locales en transition énergétique. L’urgence : trouver des alternatives énergétiques capables de supporter les besoins croissants des villes. L’exploration du gaz de schiste, en vogue aux Etats-Unis, est loin de faire l’unanimité. Les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien ou l’hydraulique paraissent la voie à suivre, mais leur caractère intermittent et leur intégration dans les réseaux électriques traditionnels posent encore question. A elles seules, elles ne pourront en outre subvenir aux besoins des concentrations urbaines : il leur faudrait être déployées à des échelles impensables sur des territoires déjà saturés par la densité des populations… Les villes sont en revanche de formidables berceaux d’économies d’énergie. Habitations, bureaux, commerces, axes routiers… Tout s’y trouve assez concentré pour pouvoir mutualiser les besoins. La façon la plus efficace pour les cités d’agir sur leur avenir énergétique résidedèslorsdans la maîtrise deleur consommation.L’évolutionde la technologie, de l’internet et des moyens de communication sans fil permet la gestion plus efficace d’une multitude d’équipements, en tempsréeletàdistance.C’estparticulièrementvraidanslesecteurde l’énergie, qui s’apprête à vivre une véritable révolution des modesde consommation sous l’effet de cette intelligencetechnologique. Mesure et interconnexion Celle-ci repose d’abord sur la mesure. Le ‘smart metering’ ou comp- tage intelligent, ce sont les capteurs, senseurs et autres caméras qui peuvent être installés sur le moindre équipement. Ils en mesurent les paramètres et les transmettent en temps réel aux programmes informatiques qui les agrègent pour nous les rendre intelligibles. Déjà répandu dans de nombreux domaines industriels, le smart metering commence à émerger en ville dans le secteur tertiaire et s’impose jusque chez les particuliers – derniers avatars en Belgi- que : la Smart Energy Box et le Smart Thermostat d’Electrabel. La Commission européenne souhaite qu’à l’horizon 2020, 80 % des foyers européens soient équipés de compteurs intelligents (‘smart meters’). Ils ne se contenteront pas de mesurer la consom- mation des ménages en temps réel. Ils pourront la communiquer à chaque instant au réseau, ouvrant la voie à un pilotage fin de la distribution et à une modulation adaptée des tarifs, pour stimuler la demande quand l’énergie coûte moins cher et la dissuader aux heures de pointe. Ainsi les réseaux deviendront-ils intelligents à leur tour. L’interconnexion des instruments de mesure permet d’en tirer parti à une échelle sans précédent. Celle d’une maison, d’un L’enjeu énergétique©DR Copenhague cible les énergies renouvelables Jugée modèle dans l’aménagement urbanistique, l’éco-innovation et la place donnée aux cyclistes, Copenhague s’attaque au déploiement des énergies renouvelables et ambitionne de devenir la première capitale « zéro carbone » du monde. Cette ville éco-énergétique aux 560 000 habitants s’est dotée, en 2012, d’un nouveau plan climat, le CPH 2025. Il entend augmenter massivement le recours à la biomasse, tout en renforçant de façon significative la place de l’énergie éolienne à travers la construction d’une nouvelle centaine de ces brasseuses de vent (25 % de l’énergie du pays et 3 % de celle de la ville en est déjà issue). La conversion des déchets ménagers en biogaz, le recyclage des matières plastiques, l’exploitation de la géothermie et l’installation de 28 hectares de panneaux solaires sont aussi à l’ordre du jour. Travailler plus durable à Séoul et Amsterdam En lançant ses premiers « smart work centers » en 2008, Amsterdam entendait trouver une réponse à la problématique de l’expansion urbaine en réduisant la demande de transports des employés tout en augmentant leur productivité. Excentrés, ces nouveaux espaces de travail collaboratifs intelligents invitent les travailleurs à déserter leurs lieux de travail habituels à leur profit. Si elles y gagnent en liberté et en flexibilité, les villes voient la surface de leur foncier diminuer. En 2011, Séoul, capitale de la Corée du Sud, s’est emparée du concept, ouvrant deux premiers bureaux et projetant d’en compter une cinquantaine en 2015, année où se concentrera le quart de la population sud-coréenne dans la ville. Objectif : que 30 % de ses fonctionnaires (soit 8 millions de personnes) y travaillent d’ici quatre ans. Un plan vise également à mettre en place 500 bureaux intelligents pour le secteur privé. Le phénomène se propage avec des initiatives lancées en Belgique, en France et en Scandinavie. Rome, Melbourne, Baltimore… à chacune ses smart meters Les compteurs intelligents (smart electric, gas ou water meters), ces appareils innovants qui permettent aux consommateurs de mesurer, chez eux, leur consommation d’énergie en temps réel et de faire ainsi des économie, poussent comme des champignons dans une majorité de villes. En 2010, la capitale de l’Italie, pays pionnier en la matière, a été le siège du plus grand déploiement en Europe, avec 1,4 million de ménages fournis. Londres compte 24 000 installations, dont environ 5 000 pour le gaz. Baltimore, aux USA, a investi 400 millions de dollars pour doter plus de 1,2 million de clients. A Melbourne, en Australie, des solutions de comptage avancé sont installées par des sociétés d’approvisionnement en eau. Les smart meters se déploient à défaut de faire l’unanimité : certains dénoncent leur intrusion dans la vie privée. Eclairage public 100% LED en Caroline du Nord Milan, Paris, Bilbao, Los Angeles, Tokyo… Qu’elles l’aient adopté partiellement ou qu’elles l’expérimentent, les villes qui investissent dans la lampe à diode électroluminescente, dite LED, pour s’assurer un éclairage public plus optimal, moins polluant et moins coûteux, L’énergie en pilotage automatique A l’heure où les prévisionnistes annoncent un doublement de la population citadine mondiale en 2050, les villes ne peuvent plus faire abstraction de leurs modes de consommation énergétique. Elles dévorent 75% de l’énergie produite et émettent 70% du C02. Une gestion durable s’impose, qui reposera sur l’émergence d’outils intelligents et le partenariat entre les secteurs public et privé. 8innovations qui changeront le paysage énergétique
  5. 5. 5 sont déjà nombreuses. Depuis l’an dernier, Livermore et Dublin, en Caroline du Nord, tournent totalement le dos aux lampes à mercure. Objectif : réduire la consommation électrique de moitié et financer la rénovation de leurs installations avec les économies réalisées. Si l’expérience se révèle concluante, elle pourrait être étendue à d’autres villes phares des Etats-Unis où l’amortissement du coût énergétique annuel pourrait atteindre jusqu’à 40 %. Un modèle à suivre quand on sait qu’à l’horizon 2015, l’Europe interdira l’usage de nos lampadaires actuels particulièrement énergivores. Constructions et rénovations vertes à Bruxelles et Chicago L’efficacité énergétique des villes ne peut être dissociée de celle de leurs parcs immobiliers. Priorité aux constructions vertes ou durables, aux matériaux moins polluants et gages de gains énergétiques, ainsi qu’à la rénovation en ce sens du bâti existant. A Séoul, les nouvelles constructions devront avoir un certificat vert en 2030, idem pour 80 % d’entre elles à Singapour. Chicago s’est fixé pour objectif de moderniser 400 000 logements résidentiels pour réduire leur empreinte carbone. Entre 2004 et 2008, la rénovation des espaces de bureaux s’y était déjà traduite par une économie de 6 millions de dollars sur la facture énergétique. A Bruxelles, toute nouvelle construction devra être passive à partir de 2015, au risque de sanctions financières et pénales Technologie vehicle-to-grid à Horsens Dans la famille smart, on demande la voiture électrique ! La technologie V2G doit rentrer en scène cette année à Horsens, petite ville du Jutland danois. Le V2G utilise les véhicules électriques comme des réserves tampon d’énergie. Utilisés en moyenne 5 % du temps, ils présentent en effet des capacités de stockage énergétique importantes. L’idée consiste à injecter ce surplus d’énergie sur le réseau électrique du pays lorsque le véhicule est à l’arrêt. Une production que le conducteur se voit rémunérer et un moyen pour le Danemark de combler sa production d’énergie intermittente vu son recours massif aux énergies renouvelables. Les smart grids au service de Malaga Située en Andalousie, la ville espagnole de 570 000 habitants entend réduire sa consommation d’énergie de près de 40 % en recourant notamment aux dispositifs intelligents. La ville expérimente de nouveaux modèles de gestion de la demande et de production d’électricité décentralisée, via l’implantation de « smart grids » ou réseaux évolués. Le contrôle de ces systèmes est prévu par un centre dédié, équipé d’un dispositif de monitoring comprenant 21 indicateurs, qui synthétise les informations provenant de plus d’une centaine de sources. Grâce à cette plateforme de contrôle, qui fournit les données en temps réel, tous les comportements du réseau électrique sont détectés et peuvent être rapidement modifiés. Smart City Malaga constitue une des premières initiatives d’application intégrée de réseaux intelligents dans un environnement urbain en Europe et fait figure de référent. Production décentralisée à Sydney Prévu dans le plan Sydney 2030 comme une alternative verte à la combustion du charbon dont use abusivement la ville, le projet Green Transformers se présente sous la forme de « corridors verts », répartis autour de la cité australienne et de ses quartiers. Leur rôle est de produire de l’électricité par le biais du gaz naturel partiellement issu de la biomasse et d’alimenter une grande partie des habitations avec cette énergie verte. La chaleur résiduelle associée à la production d’électricité est utilisée pour chauffer l’eau. Ces centrales à gaz peuvent générer 330 MW d’électricité et l’objectif est qu’elles fournissent 70 % des besoins de la ville en 2030. Avec les Green Transformers, les Australiens ont leur système d’énergie décentralisé et se protègent des éventuels « blackout ». F.J. immeuble, d’une usine, mais aussi d’un quartier, d’une ville, de tout un territoire. Ces nouvelles technologies « peuvent être étendues à l’ensem- ble des services urbains, qu’il s’agisse de gérer la production d’énergie ou d’optimiser la consom- mation d’eau, de gaz et d’électricité. Les réseaux évolués permettent d’améliorer cette production, ainsi que les réseaux de télécommunications à haut débit, qui assurent la liaison entre tous les services connexes auprès de la municipalité, des citoyens et des entreprises », confirme Cédric Vatier, Managing Director du pôle Infrastructu- res et Transport d’Accenture. En rendant leurs réseaux plus communicants, les villes s’assurent un approvisionnement énergétique plus flexible, efficace et économique. Partenariats public-privé Dans de nombreux pays industrialisés, les in- frastructures sont âgées et les budgets limités. Si l’intelligence parvient à prolonger leur existence sinon à leur donner une nouvelle vie, c’est autant d’argent public épargné pour de meilleurs usages. En octobre, Barcelone lançait avec GDF SUEZ le développement d’une plateforme urbaine intelli- gente, un outil informatique unique permettant la collecte, l’analyse et l’utilisation optimale des données disponibles sur la ville dans les do- maines des énergies, de l’eau, du trafic, etc. De quoi permettre à la fois de suivre et développer la politique territoriale de la ville, de piloter ses infrastructures, d’alerter, prévoir et gérer les évé- nements et d’optimiser les investissements. À Bruxelles, c’est à l’échelle d’un quartier d’Uc- cle que l’ULB a développé un programme baptisé Smart City Block. Objectif : faciliter la rénova- tion d’îlots urbains transformés en éco-quartiers, dans le respect ou le contrôle de paramètres tels que les économies d’énergie, la diminution de la pollution, la mobilité durable et même la convi- vialité... Si les réseaux intelligents trouvent à s’ap- pliquer dans de nombreux domaines, celui des ‘utilities’ et en particulier de l’électricité sont les plus prometteurs. Pour une raison simple : on va d’un système où la production était centralisée et la consommation passive vers un système où elle est décentralisée et même aléatoire, avec l’impor- tance croissante des énergies renouvelables. Le consommateur devient lui-même producteur d’énergie avec ses panneaux photovoltaïques, ses éoliennes, sa géothermie ou sa cogénéra- tion. Sans parler des voitures électriques, dont les batteries pourront stocker l’électricité. Alors que ces nouveaux outils n’en sont qu’à leurs bal- butiements, se pose la question du coût de leur déploiement massif. Les technologies smart in- duisent de nouveaux modèles économiques. Si les villes financent en partie leurs projets, l’en- vergure des investissements exige une trésorerie supplémentaire. D’où le développement rapide des partenariats public-privé (PPP) : entre 1999 à 2009, plus de 1400 PPP ont ainsi été signés au sein de l’UE pour promouvoir le développement des villes intelligentes, pour plus de 350 milliards d’euros. De quoi permettre aux municipalités de bénéficier des capacités d’investissement et du savoir-faire technologique des entreprises, tout en offrant à ces dernières de nouveaux marchés générateurs de croissance et d’emploi. Philippe Berkenbaum et Frédérique Jacquemin Durable. Voilà le qualificatif qu’Amsterdam affectionne par-dessus tout. Celui qu’elle souhaitetoujoursmieuxattribueràsesprincipaux champs d’actions : mode de vie, travail, mobilité, espaces publics... Durable, mais aussi rentable, de façon à devenir, comme elle l’ambitionne, la première « Smart City » d’Europe. En endossant ce statut de ville intelligente en 2009, la cité batave entendait surtout honorer son Amsterdam Climate Program et mener à bien les trois grandes missions qui s’y dessinent : réduire, d’ici à 2025, ses émissions de CO2 de 40 % par rapport à 1999, soit le double de l’objectif fixé par l’Union Européenne ; satisfaire, avant 2025, 20 % de ses besoins énergétiques grâce à des énergies renouvelables; et parvenir, à l’horizon 2015, à la neutralité carbone. Quatre ans plus tard, la voilà rebaptisée Amsmarterdam. Le lancement du programme Amsterdam Smart City (ASC), vaste projet collaboratif et plateforme ouverte où s’associent entreprises, centres de recherche, pouvoirs publics et Amstellodamois pour expérimenter de manière collaborative les technologies intelligentes, l’a en effet transformée en véritable incubateur de projets estampillés smart. Et ce, dans quatre domaines prioritaires : la vie quotidienne, le travail, la mobilité et l’espace public. La ville cherche, essaie, tâtonne. Par étapes, favorisant leur montée en puissance, de façon à atteindre progressivement ses objectifs : installation d’un premier réseau électrique intelligent, placement de compteurs intelligents, système de collecte durable au cœur d’Utrechtsestraat, la célèbre rue commerçante, arrêts de tramway conçus pour produire et non plus seulement consommer de l’énergie, soutien au développement des véhicules électriques, promotion des smart buildings pour augmenter l’efficacité énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels, généralisation de l’éclairage économique… Autant d’initiatives qui ont modifié la morphologie de la cité. Elle innove aussi et sert de modèle : ses « smart work centers », ou centres de travail intelligents, se déploient aujourd’hui progressivement ailleurs dans le monde. Les premiers résultats sont encore médiocres. En 2012, ils n’ont satisfait qu’à 0,5 % de ses objectifs de réduction des émissions de CO2. Pour autant, ASC, qui n’est pas un porteur de projets en soi mais un accélérateur d’initiatives et un levier d’appel aux fonds privés, présente une démarche de gouvernance intéressante pour donner le jour à des projets portés par des groupes d’acteurs : entreprises, organismes publics, services municipaux, etc. Et c’est bien dans cette direction-là qu’Amsterdam, comme toutes les autres villes du futur, devra se tourner demain : les innovations à venir ne pourront se contenter de n’être le fruit que de la technologie. Elles devront aussi être l’affaire de stratégies, de processus et de personnes. F.J. Amsterdam, ville modèle Comment devenir une ville intelligente ? 1. Changer les formes d’organisation et les structures de gouvernance Les dirigeants de la vie publique et économique citadine doivent s’entendre et s’appuyer mutuellement pour plébisciter le concept de « ville intelligente », en attirant l’attention de tous sur les enjeux et sur les avancées concrètes. 2. Fédérer toutes les parties prenantes Il faut inciter les divers secteurs de la vie citadine — municipalité, entreprises et citoyens — à se concerter en vue de rapprocher leurs intérêts et objectifs et chercher activement à adapter leur propre fonctionnement au profit de la communauté entière. 3. Se doter d’infrastructures ouvertes et intelligentes En explorant les technologies et les concepts qui sous-tendent de telles infrastructures pour acquérir des connaissances, via des échanges avec les intégrateurs et fournisseurs technologiques concernés. Grâce à des projets pilotes, limités à des domaines ciblés comme les transports ou l’énergie, les villes peuvent tirer des enseignements de leurs plans d’action mutuels. 4. Adapter les modèles financiers aux opportunités et enjeux à venir Les dépenses d’infrastructure requièrent de nouveaux modèles et approches, aptes à exploiter des technologies matures, comme les compteurs intelligents, pour étudier d’autres aspects de l’infrastructure intelligente. Il faut encourager les partenariats public-privé et inciter l’adoption de nouveaux modes opérationnels et économiques par le biais d’actions concertées et bien coordonnées. 5
  6. 6. 6 7
  7. 7. 8 Environ trois quarts des ressources naturelles de la planète sont déjà consommés dans les villes, alors que la proportion de la population mondiale vivant dans les zones urbaines devrait augmenter de 70 % d’ici 2050. Minimiser les dommages sur l’environnement, assurer l’approvisionnement en eau, accroitre la qualité de l’air, soutenir la biodiversité et relocaliser la production alimentaire... Jamais,le«vivant»n’aconstituéunteldéfipourlesespacesurbains. La végétalisation de la ville est devenue un terrain de réflexion tous azimuts pour les architectes, scientifiques, sociologues et urbanistes. « L’idée du potager en ville, du jardin ouvrier et d’une petite agriculture urbaine vivrière a toujours existé, jusqu’au début du XXe siècle qui a été ravagé par l’industrialisation », assure Pablo Servigne, chercheur en agronomie urbaine, formateur en permaculture et en agroécologie. « Mais tout laisse à penser que l’agriculture urbaine sera le socle de la résilience des villes de demain ». Fermes verticales, serres, ruches... Avec des quartiers agricoles comme Georgia Street, capables d’assurer l’autonomie alimentaire deseshabitants,Detroit,lacitédel’autodevientcelledel’innovation. Et le laboratoire planétaire des villes postindustrielles. Le concept est poussé au-delà du jardinage : l’agriculture urbaine devient une activité lucrative, avec un modèle économique de distribution aux restaurants et aux marchés. À Montréal, ce sont des fermes urbaines qui nourrissent les quartiers. Chez Lufa Farms, pas de stockage, et pour cause : les laitues, tomates et concombres proposés à la vente sont cultivés sur place, dans une vaste serre installée sur le toit plat d’un immeuble. La première au monde. Mais la véritable originalité tient à l’association de différentes technologies : à production égale, la serre de Montréal consomme 40 fois moins d’eau qu’une exploitation traditionnelle. Et offre des rendements en moyenne 10 fois supérieurs… «Cesinitiativescréentdenouveauxemploisetrenforcentlesentiment d’appartenance à la communauté », observe Steve Goossens, Senior ManagerAccentureManagementConsulting.Maisellesnesuffisent pas. « Si à l’avenir, les villes veulent assurer la sécurité alimentaire à tous leurs habitants, elles doivent investir dans des projets à plus large échelle, sans négliger leur aspect collaboratif ». L’enjeu du vivant©DR Des fermes en ville à New York ou Singapour À New York, un nouveau type d’agriculteurs urbains ont fait leur apparition. Les jardins associatifs ont éclos sur les toits inutilisés de la Grosse Pomme. Et depuis 2008, des entreprises perpétuent le mouvement à une échelle supérieure. Gotham Greens a effectué ses premières récoltes dans une serre installée sur un toit de Greenpoint, à Brooklyn, en juin 2011. Brooklyn Grange, elle, a été initiée par un groupe d’amis qui souhaitaient investir des espaces abandonnés pour produire les fruits et légumes de qualité qu’ils avaient du mal à se procurer. En 2010, elle est devenue la plus grande ferme perchée du monde. Dernière venue, la ferme Eagle Street Rooftop, a installé des serres sur le toit d’un entrepôt pour promouvoir une agriculture biologique et de proximité. A Singapour, où 7 % des denrées alimentaires sont cultivées localement, Sky Green a lancé la première ferme verticale commerciale au monde. Nichée au sommet d’un immeuble, elle se compose d’une centaine de tours verticales en aluminium qui peuvent atteindre 9 mètres de haut. Chacune est formée par 39 étages remplis de bacs pour faire pousser les légumes. Chaque tour consomme à peine 60 watts d’énergie par jour, soit la quantité d’une simple ampoule. La production est tellement bonne que les légumes estampillés Sky Green sont distribués par la plus grande chaîne de supermarchés de Singapour. Les écoquartiers de Bruxelles Cancre de la classe européenne jusqu’il y a peu, Bruxelles peut aujourd’hui se targuer d’afficher une dynamique d’urbanisation aux accents durables. Un changement de cap radical qui lui a valu de se classer 9è du Siemens Green City Index et dans le top 3 des villes comptant le plus d’habitations passives. La Région bruxelloise fait face à une croissance démographique qui se traduit par une pression très forte sur l’affectation des sols. Malgré cela, Bruxelles a réussi à préserver 53 % de son territoire non bâti, ce qui participe à la qualité de vie des habitants. L’abondance d’espaces verts publics et privés joue un rôle primordial dans la préservation de la biodiversité bruxelloise, d’une diversité exceptionnelle en milieu urbain : près de 800 espèces de plantes et 44 espèces de mammifères, 92 d’oiseaux nicheurs, 9 d’amphibiens et reptiles, etc. L’architecture organique à Paris et Singapour L’avenir de l’alimentation citadine serait-il aux fermes verticales, c’est-à-dire à des cultures installées sur des étages entiers d’immeubles ? Théorisées en 1999 par Dickson Despommier, professeur en santé environnementale et microbiologie à l’université Columbia, à New York, ces fermes verticales ont inspiré beaucoup d’architectes, sans jamais vraiment quitter leurs tables de dessin. Ainsi, à Paris, l’agence d’architectes SoA a imaginé une Tour vivante où 30 étages de logements et bureaux sont enroulés dans une serre de 7.000 mètres carrés. L’architecte belge Vincent Callebaut, quant à lui, propose DragonFly, « une ferme métabolique » qui prend la forme d’une voile géante mixant logements, bureaux, laboratoires et espaces agricoles étagés. Sous les pavés, la terre Alors que l’urbanisation continue de progresser, les villes font face à un nouvel enjeu : la gestion des ressources naturelles. Comment les « smart cities » vont-elles optimiser leurs consommations d’eau, améliorer la sécurité alimentaire tout en préservant la qualité de vie et la biodiversité ? 6innovations qui repeignent la ville en vert
  8. 8. 9 Une meilleure gestion des ressources D’après la Banque mondiale, la moitié de la population mondiale manquera d’eau de manière chronique d’ici 2025. Devenues très boulimiques, les villes en sont les premières consommatrices. D’ici cette date, la consommation d’eau dans les grandes villes des pays émergents augmentera de 80.000 milliards de mètres cubes. Les solutions mises en œuvre comme le recyclage des eaux usées ne pallient qu’une partie des carences, sans traiter le problème à son origine : le non renouvellement des réserves naturelles. Comment les « villes intelligentes » peuvent- elles améliorer la gestion de cette ressource vitale ? Quelques exemples fleurissent aux quatre coins du monde : à Malte, qui importe son eau potable par bateau, 250 000 compteurs d’eau intelligents mesurent les flux et communiquent leurs données via un réseau radio. L’intérêt de ces suivis chiffrés : afficher en temps réel la demande des collectivités, identifier les fuites liées à des surconsommations et mieux gérer les pénuries. Résultat : une réduction des consommations d’eau de 20 % à 30 %. À Singapour, les stratégies de lutte contre la raréfaction de l’eau sont devenues une arme économique en devenant source d’innovation. La cité insulaire est une des plus avancées technologiquement en matière de recyclage des eaux de pluie, de traitement des eaux usées et de désalinisation de l’eau de mer. En 2007, Singapour a créé dans sa baie le Waterhub, point de convergence pour tous les acteurs de l’eau aux portes de l’Asie. Buts affichés : doubler le nombre d’emplois d’ici à 2015 dans l’environnement et l’eau en particulier, et développer une industrie de pointe. En quelques années, cette plateforme de recherche a réussi à attirer toutes les entreprises du secteur, y compris l’IWA, l’association internationale de l’eau. Un des avantages : les entreprises qui rallient le Waterhub gardent la propriété intellectuelle d’une technologie si elles la manufacturent sur l’île. Les investissements dans des usines de dessalement, la réparation des fuites des tuyaux et d’autres efforts signifient que l’état insulaire est en voie d’atteindre son prochain objectif. Car d’ici 2030, les eaux usées traitées pourront répondre à 30 % de ses besoins en eau. Capture et stockage du CO2 Autre cheval de bataille : la pollution atmosphérique. Les villes sont déjà responsables de 80 % des émissions de CO2 et consomment à elles seules 75 % de l’énergie mondiale. Si des capteurs environnementaux permettent de mesurer la qualité de l’air, certaines métropoles se parent de technologies décarbonées. Ainsi, Londres prévoit de favoriser la construction de centrales thermiques dotées de systèmes de captage et de stockage de CO2 (CSC). Une des méthodes retenues est l’oxycombustion, qui consiste à brûler du charbon dans de l’oxygène pur pour obtenir des fumées concentrées en CO2 à 90 %. Celui-ci sera ainsi capturé et transporté par pipeline jusqu’à la mer du Nord en vue de son stockage permanent dans les fonds marins. La ville connectée du futur générera une multitude de mesures concernant l’évolution de ses flux de ressources (eau, gaz, etc.) et de ses données environnementales (pollution, géolocalisation, etc.). Elle se dotera de systèmes de pilotage en temps réel des réseaux d’eau et d’assainissement et de solutions de télérelève multi-fluide (smart metering sur l’eau, le gaz, etc.). Pour créer une distribution intelligente des ressources naturelles à l’échelle de la ville, les métiers auparavant cloisonnés de l’énergie, du bâtiment ou de l’informatique et des réseaux doivent fusionner. La vie urbaine peut en ressortir plus sûre et plus saine, avec une qualité de l’air et de l’eau accrue ainsi qu’une optimisation des consommations énergétiques. Rafal Naczyk Dans la région liégeoise, marquée par le déclin de l’activité industrielle sidérurgique, l’agriculture urbaine offre une opportunité de relance pour des activités économiques non délocalisables. Actuellement à l’essai, le projet VERDIR, pour « valorisation de l’environnement par la réhabilitation durable et l’innovation responsable », vise à remplacer les friches industrielles par des terrains dédiés à l’agriculture urbaine. Remplacer les friches industrielles désertées par des cultures et utiliser la Meuse pour transporter la récolte en ville, tel est le pari de ce projet porté par l’ULg et Gembloux Agro-Bio Tech. Objectif : combiner zones de production éco-intensive et lieux de travail. « Depuis sa mise sur les rails, nous avons identifié 12 friches industrielles à proximité du fleuve et de terres cultivables peu ou pas polluées », explique Eric Haubruge, vice- recteurdelafacultédesSciencesagronomiquesde Gembloux (Gembloux Agro-Bio Tech). Parmi ces premiers bâtiments, un ancien hall de stockage de 125 mètres sur 25 situé à Flémalle sera équipé durant l’année 2013, afin de pouvoir lancer les cultures dès 2014. Au sein de chaque friche industrielle, plusieurs structures, en forme de cube, seront disposées. « Certains de ces cubes abriteront des entreprises, des PME et des spin-off, qui travailleront en réseau », explique Eric Haubruge. Au sein de chaque collectivité de sociétés, un cube, au moins, sera consacré à la production de matières biologiques, maraîchères ou riches en composants pharmaceutiques. Son rôle ? « Il fonctionnera en tant que ‘puits carbone’, capable de capter et de réincorporer les émissions de CO2 liées à l’activité humaine des entreprises. » Deux technologies y seront privilégiées. L’hydroponie, qui consiste à cultiver des plantes hors sol en milieu confiné. « Elle permet d’accélérer le processus de maturation des fruits et légumes. De récolter plusieurs fois par an, toute l’année », détaille Eric Haubruge. Et l’aquaponie, qui associe la culture de plantes hors sol à l’élevage de poissons. « Dans un cycle de l’eau fermé, nous utilisons la symbiose de la nature. Les éléments nutritifs de l’élevage des poissons servent d’engrais naturels pour les plantes. Les plantes nettoient ensuite l’eau pour les poissons. » L’écosystème ainsi créé alimente les plantes avec les excréments des poissons qui se nourrissent en retour des rejets des plantes. D’autres projets sont à l’étude : « Nous menons des recherches pour associer aux plantes des cultures de bactéries capables de produire de l’électricité », affirme le vice-recteur. Pour l’ULg, le site de Flémalle sera également une vitrine technologique. « Mais l’objectif est bel et bien, au travers du projet, de développer de nouveaux moyens pour nourrir une population citadine qui est demanderesse d’un accès aux produits frais », souligne Eric Haubruge. A terme, VERDIR pourrait aussi créer de nombreux jobs et compenser, au moins en partie, les pertes d’emplois liées aux fermetures des usines. « Après 4 ans de fonctionnement, un seul cube peut créer 50 à 60 emplois directs », précise Eric Haubruge. Signe d’évolution : le projet a réussi à fédérer plusieurs acteurs publics et privés clés, dont la SPI, le Pôle de compétitivité Mécatech et la Région Wallonne. RNK Reconversion verte pour le bassin liégeois Les insectes au menu quotidien En 2050, la demande de protéines animales aura augmenté de 70 à 80 % alors que les terres cultivables se seront raréfiées. La solution ? Des vers croustillants, des brochettes de criquets, des grillons assaisonnés, des fourmis caramélisées... Dans nos assiettes. Selon la FAO, certains insectes contiennent deux fois plus de protéines que le poisson et la viande crus, et d’autres, surtout au stade de larve, ont aussi une forte teneur en graisses, vitamines et minéraux. Par ailleurs, la distance génétique entre l’homme et l’insecte est plus importante qu’entre l’homme et le bovin, par exemple. Autrement dit, les risques de voir se développer des maladies de type vache folle sont moindres. Leur croissance nécessite nettement moins de végétaux, de terres et d’eau que celle des grosses bêtes et donc moins de pesticides et d’énergie. Cerise sur la fourmilière, leur production rejette moins de gaz à effet de serre et d’ammoniac. Ils sont, surtout, déjà consommés par près de 2,5 milliards de personnes, estime la FAO, qui encourage leur élevage dans les pays du Sud. L’idée commence également à prendre corps dans ceux du Nord. En 2011, l’UE investissait 3 millions d’euros dans la recherche sur des insectes à destination de l’alimentation. La même année, le gouvernement britannique chargeait son agence de l’alimentation de populariser la consommation d’insectes – ou entomophagie. Aux Pays-Bas le ministère de l’Agriculture a financé un projet de recherche de 1 million d’euros sur quatre ans afin d’intégrer les insectes dans le menu quotidien. L’agriculture en circuit fermé à Anderlecht Dans ce système de production, il s’agit de recycler les déchets en matières premières, l’accent est mis sur le lombri-compostage, le biogaz ou l’élevage de poissons dont les déjections produisent de l’engrais pour les végétaux cultivés qui, en retour, purifient l’eau des bacs piscicoles. Pilotée par l’asbl Eco Innovation, une installation de ce type pourrait voir le jour à Anderlecht. Ancienne zone industrielle, Cureghem est victime de nombreux maux : pollution du sol, déstructuration de l’espace urbain, manque de cohésion entre une population très jeune touchée à 45 % par le chômage et une autre plus âgée, insécurité... Les efforts sont orientés vers trois pôles : le développement socio- économique, sanitaire et écologique. Le défi principal consiste en l’aménagement d’un plan de gestion des eaux pluviales ainsi que de 3500 m2 de potagers collectifs. Ceux-ci approvisionneront, entre autres, les 400 couverts d’un futur « restaurant de quartier ». La permaculture pour les villes en transition La permaculture est d’abord une éthique visant à prendre soin de la terre et des êtres vivants. Dans la méthode, elle copie la nature, puisqu’elle repose sur l’interaction des éléments qui y sont présents (eau, arbres, légumes, plantes, animaux…). Les plantes sont regroupées en fonction de leurs synergies naturelles : certaines retiennent l’eau, d’autres nourrissent les sols. Les plantes s’irriguent, se protègent et se fertilisent ainsi mutuellement. Contrairement à l’agriculture industrielle, qui fait pousser des plantes sur des substrats morts, enrichis chimiquement, la permaculture repose donc sur l’utilisation de sols vivants, enrichis par les dépôts organiques (feuilles, rejets animaux, champignons…) et les agents naturels. C’est la do-nothing agriculture, car sur ces sols vivants, le travail n’est plus nécessaire. Née en Australie dans les années 70, cette approche se diffuse petit à petit dans les villes. Notamment à travers le réseau des Villes en transition, un mouvement qui compte 1000 initiatives dans une vingtaine de pays. Leur objectif ? Réduire la consommation d’énergie fossile, reconstruire une économie locale vigoureuse et relocaliser tout ce qui peut l’être. La ville de Totnes, dans le sud- ouest de l’Angleterre, est devenue la première ville en transition énergétique au monde, ambitionnant d’abandonner le pétrole et ses dérivés d’ici 2030. R.N.K.
  9. 9. 10 Partager, capter et analyser le flot de données produites par les collectivités locales et les individus, mais aussi les objets s’ils sont connectés, dans des volumes et à une vitesse sans précédent. Pour gagner en efficacité. Et pour offrir de nouveaux services aux citadins. C’est la promesse des futures « villes numériques ». De plus en plus, la ville se dessine comme un énorme réseauinterconnecté.Unespaceoùlesinteractionshomme-machine permettent d’extraire et d’insérer de l’information en temps réel.Des myriades de capteurs, du thermomètre à la caméra de surveillance, enregistrent et analysent ce qui se passe dans les espaces urbains. Ils « augmentent » la ville d’informations, de services, de relations, de représentations et l’irriguent de flux continuels d’informations. On estime actuellement que le volume de données produites double tous les 18 à 24 mois. Le géant des équipements de réseaux mobiles, Ericsson, prédit qu’il y aura 50 milliards d’objets connectés (compteurs intelligents, voitures, frigos…) dans le monde d’ici à 2020, contre une douzaine de milliards aujourd’hui. Ce déluge d’informations se mesure en exaoctets, c’est-à-dire en milliards de gigaoctets (Go), et même en « zettaoctets » (milliers de milliards de gigas). Autant de données brutes qu’il faut extraire, raffiner, distribuer, pour en tirer profit. L’espace urbain physique se double ainsi d’une couche informationnelle invisible, mais accessible grâce au mobile. Le smartphone n’est que l’un des nombreux objets communicants qui se sont diffusés dans la vie urbaine : tablettes, compteurs intelligents, capteurs de pollution, de trafic, puces RFID (Radio Frequency Identification) installées sur les arbres et les services de partage de vélos, caméra de surveillance, appareils d’enregistrement de données biométriques... Tous ces objets échangent des informations, produisant des nuages de données nouvelles dont le potentiel commence tout juste à être exploré. Valoriser l’open data Pas à pas, des villes pionnières comme Amsterdam, Barcelone, Londres ou New York élaborent des « plateformes numériques intelligentes ». Dans ces villes, les jeux de données sont mis en forme de manière à livrer une photographie de la ville en temps réel. Singapour a dû s’engager très tôt dans cette voie. La cité- Etat est victime de sa géographie, congestionnée. Dans cet espace contraignant, une équipe du MIT a lancé une plate-forme, Live L’enjeu de l’interconnexion©DR Real Time Rome Le soir de la Coupe du monde de football de 2006, la ville de Rome a fait l’objet d’un étonnant programme expérimental de repérage massif des téléphones mobiles en temps réel : Real Time Rome. Mis au point par des chercheurs américains du Massachusetts Institute of Technology, il permet d’afficher la position géographique de tous les abonnés du réseau Telecom Italia sur des cartes à haute résolution de la capitale italienne. Résultat : il était possible de visualiser les mouvements de foule autour des stades lors des matchs de foot, compter les manifestants dans les cortèges ou encore repérer, grâce à leur numéro d’appel, les touristes et les étrangers agglutinés sur les sites historiques. En 2007, WikiCity Rome, une extension du projet, a permis d’observer le pouls urbain à l’occasion de la Nuit blanche. L’activité des mobiles, associés aux informations bloguées en direct par les journalistes de la Repubblica, était projetée sur grand écran à Rome, permettant aux habitants de savoir quels sont les endroits animés de la ville et de choisir leur destination en fonction. Pour les planificateurs urbains, un tel service permet de fluidifier le transport public, d’envoyer plus de bus dans les endroits où il y a de fortes densités de gens ou encore de réduire la consommation d’énergie. Des bouchons peuvent ainsi être signalés en fonction de la densité d’occupation des GSM à proximité d’une antenne relais. Techniquement, ce système rend même possible la mesure de la longueur des files. London Datastore Lancé en 2010 par la Greater London Authority (GLA), le London Datastore est une plateforme publique qui met gratuitement à disposition des citoyens un ensemble de données et de statistiques sur la City. Transport, démographie, emploi, qualité de l’air et de l’eau… Plus de 5200 catégories de données y sont accessibles en temps réel. Ce projet a permis aux développeurs de créer de nombreuses applications. L’une d’elles, Tube Deluxe, permet d’économiser le temps de transport grâce à une image en temps réel du métro de Londres. Ce guide pour iPhone compte plus de 50.000 utilisateurs actifs et 350.000 téléchargements. En plus d’encourager l’esprit d’entreprise et l’innovation dans la capitale britannique, le London Datastore met en évidence l’un des principaux défis de l’open data. A savoir que ces actifs numériques ne peuvent pas être construits par le seul secteur public. Pour Emer Coleman, directrice des technologies numériques du London Datastore, il s’agit d’un véritable défi culturel, lié à la tradition du secret propre à l’administration. « Le partage et l’intégration des données nécessite de grands changements organisationnels, dit-elle, ainsi qu’un nouveau leadership dans le secteur public ». Le maire de Londres, le conservateur Brian Johnson, a créé un conseil « Smart London » pour placer la technologie au cœur de l’avenir de la capitale. Ce groupe d’universitaires et d’entrepreneurs se penchera sur la façon dont la technologie et les données peuvent faire de la ville un meilleur endroit où vivre et travailler. iMinds en Flandre Les administrations engagées dans un processus d’ouverture des données publiques doivent faire un choix peu évident : d’un côté, publier un maximum d’informations publiques quel que soit leur format. De l’autre, ne libérer que les données interopérables, autrement dit celles pouvant être maniées par le plus grand nombre. En 2008, plusieurs initiatives portant sur l’ouverture de l’accès aux données publiques ont été entreprises en Belgique. Mais à l’échelle La convergence des mondes réel et virtuel Open data, internet des objets, plateformes intelligentes… Avec la diffusion des données numériques, naît une nouvelle ville hybride où mondes physique et numérique convergent. Les possibilités offertes modifient non seulement le rapport des citadins à leur cité, elles créent aussi de nouvelles opportunités de marché. 4modèles d’intégration 1 2 3
  10. 10. 11 Singapore ! Elle permet aux habitants d’organiser leur quotidien de façon plus éclairée, en croisant, par exemple, les données relatives à la météo et à la circulation pour mieux régler l’offre et la demande de taxis lorsqu’il pleut. « En débloquant les technologies, les infrastructures et les données publiques, les villes peuvent créer de nouvelles chaînes de valeurs qui stimulent la création de services et d’usages innovants, ainsi que de nouveaux produits informatifs. Avec, pour conséquence, des modes devieetdetravailenvilleplusdurables»,explique Thomas Ruaudel, Senior Manager Sustainability chez Accenture. Le mouvement de libération des données publiques par les administrations (open data), très avancé aux Etats-Unis et dans les Etats européens limitrophes, constitue un accélérateur du phénomène. L’objectif est triple : stimuler le développement d’applications innovantes profitant à la fois au citoyen (qui voit arriver de nouveaux services), à l’économie(parlacréationd’emplois)et,enretour, à ceux mettant à disposition les données (perçus comme modernes et transparents). Les grandes entreprises ont bien compris tout le potentiel économique de la technologie appliquée à la gestion des collectivités locales. Elles leur offrent depuis plusieurs années des services clés en main : réseaux intelligents d’énergie, internet haut débit, bâtiments à énergie positive… La beauté de l’approche est qu’elle ajoute de la valeur, voire une deuxième vie, aux infrastructures existantes et parfois même obsolescentes. Au service des besoins humains Pour autant, le développement des smart cities est confronté à des défis parfois contradictoires entre profits et retour sur investissements d’une partetbénéficessociauxdel’autre,ouentreliberté d’exploitation et confidentialité des données… Enfin, « la ville du futur ne peut s’appuyer que sur des algorithmes », insiste Michel Sudarskis, secrétaire général de l’Association internationale de développement urbain (INTA). « Les habitants, les décideurs publics et privés doivent accepter d’utiliser la technologie pour répondre à leurs besoins. Tout en garantissant la place de l’homme ». La ville intelligente sera réelle à condition qu’elle soitconçueetmiseenœuvreavecunegouvernance partagée et cohérente. Ce projet, seuls les acteurs publics ont la légitimité et la capacité de le penser et de le porter. Ils pourront ensuite travailler en étroite collaboration avec les entreprises pour trouver les réponses technologiques à des défis avant tout économiques, écologiques et sociaux. Rafal Naczyk Comment piloter la performance durable? Entretien avec Thomas Ruaudel, Senior Manager Sustainability Accenture. Comment mesure-t-on la performance durable des villes ? Le développement durable est devenu un sujet de communication et de notoriété. La plupart des villes se sont engagées dans la mesure de leur empreinte carbone et se sont fixé des objectifs de réduction de cette empreinte. Mais tout en concentrant leurs efforts sur cet instrument de mesure, elles s’y sont limitées. Et cela ne suffit pas ? Non : le développement durable, pour une ville, ne se résume pas à son empreinte environnementale. Il s’agit à la fois de créer un environnement économique de prospérité, d’assurer pour les citoyens un environne- ment sécurisé, propre, vivable et de réduire l’impact environnemental. Soit un triple enjeu économique, social, et environnemental. Le challenge est celui-là : comment peut-on agréger des données sociétales et économiques pour démontrer l’attractivité de la ville au bénéfice des citoyens ? Quelle sera la prochaine étape ? Demain, les outils de mesure prendront toute leur puis- sance. On pourra gérer en temps réel tous les enjeux de développement durable. Dans des domaines comme l’énergie ou la mobilité, grâce à l’open data, les outils permettront d’aider le citoyen en temps réel à mieux vivre et à consommer moins d’énergie. L’exemple sui- vant a été mis en œuvre à Singapour : la météo annonce qu’il va pleuvoir, un programme intègre les données météorologiques et enregistre les zones de pluie pour envoyer des taxis et prévenir les usagers qu’ils vont devoir se protéger de la pluie ou utiliser un moyen de transport. C’est cela le futur des villes. On aura le bilan annuel nécessaire pour la prospective et la planification et l’on aura également des données en temps réel sur les infrastructures. Tout sera interconnecté, accessible au citoyen via son smartphone et cela permettra d’orienter les comportements des usagers. Pourquoi les villes n’en sont-elles encore qu’aux balbutiements de cette évolution alors que les technologies existent depuis plusieurs années ? Les villes continuent à fonctionner en silos sur ces su- jets. Certaines concentrent leurs investissements sur la mobilité, d’autres sur la gestion des déchets, de l’eau ou de l’énergie, parfois même avec de premiers éléments de gestion en temps réel au niveau d’un quartier, par exemple. Mais l’usager ne se voit pas encore offrir une gestion intégrée. D’où émanent les initiatives existantes, du secteur public ou du secteur privé ? Très clairement de l’industrie qui, silo par silo, améliore ses services en intégrant les enjeux du développement durable. Les villes n’ont pas encore investi à l’échelle mondiale sur des plateformes intelligentes globales. Les briques se construisent les unes après les autres mais la plateforme agrégée transversale n’existe pas encore. Je pense cependant que les villes s’empareront de la question dans la décennie à venir, pour des raisons d’attractivité. Elles ont jusqu’ici bâti leur attractivité sur le seul bien-être environnemental, incarné par la communication CO2. Ce n’est plus suffisant. Il va falloir innover et je pense que les premières villes qui vont agréger ces plateformes feront preuve d’un certain leadership dans le domaine. Propos recueillis par Philippe Berkenbaum Nous croyons que l’application intelligente, par les autorités municipales, de technologies combinées à des objectifs stratégiques clairs, a le pouvoir de transformer et d’accélérer notre évolution vers un modèle d’urbanisation durable. Les solutions doivent être pragmatiques et modulaires, et reposer sur un cadre et une architecture éprouvés. Les technologies évoluent aussi vite que la propension des citoyens à en tirer parti. Le chevauchement entre vie professionnelle et privée et la multiplication des outils et dispositifs favorisant cette évolution font naître d’énormes opportunités. Les programmes de gestion urbaine durable prolifèrent et les acteurs de la planification stratégique urbaine testent les idées novatrices à travers de nombreux projets pilotes. Accenture voit dans cette évolution l’opportunité de poursuivre une approche globale et de faire la différence en combinant une stratégie claire, l’intégration, des plateformes ouvertes et des solutions modulaires. Le tout soutenu par des partenariats public-privé. De nombreuses villes peuvent commencer à envisager la vision intelligente et durable dans laquelle elles veulent s’inscrire ; notre intention est de définir une feuille de route dénuée d’ambiguïté qui contribuera à accélérer le mouvement. Sans recourir à la technologie comme à la panacée, mais par l’implication réfléchie des entreprises, des technologies et des citoyens dans la recherche de solutions concrètes. « Le Soir » n’a pour sa part pas hésité une seconde à s’emparer de la thématique des villes et de leur gestion future. Au-delà de sa mission d’informer, Le Soir poursuit une ambition sociétale qui l’oblige à susciter la réflexion sur toute question touchant au mieux-vivre ensemble. Un journal se doit de capter les évolutions qui marqueront le devenir des villes en pleine croissance démographique. Il se doit d’organiser la réflexion sur les thèmes qui garantiront le lien social : la mobilité, l’environnement, la culture, l’emploi, le développement, le bien-être, etc. Notre rôle est d’attirer l’attention des populations sur ces lames de fond qui se dessinent sans qu’elles n’en mesurent encore l’ampleur. Faire évoluer les villes, mieux les gérer, leur garantir un développement harmonieux et durable au bénéfice de leurs habitants ne pourra se faire de façon dictatoriale, sans l’implication des citoyens. Il faudra tôt ou tard expliquer, mobiliser, faire bouger. Mais la mission d’un quotidien comme Le Soir consiste aussi à forcer gestionnaires publics et responsables politiques à adopter des stratégies de long terme qui dépassent les modes et les soubresauts électoraux. Le défi de la gestion des villes du futur ne pourra être relevé sans une prise collective de conscience et de responsabilités. FD, TF, DH Combiner technologie et objectifs (Suite de l’avant-propos de la page 1) régionale, principalement en Flandre, sans véritable approche standardisée. Depuis la fin de l’année dernière, le gouvernement flamand a donné son soutien pour le développement d’une plateforme open data. Un nouveau standard permettra bientôt à chaque ville flamande d’échanger plus facilement des données avec d’autres administrations communales et leurs partenaires. Baptisé Oslo pour Open Standaard voor Lokale Overheden, ce standard a été mis au point par iMinds, un institut de recherche interdisciplinaire, fondé par le gouvernement flamand en 2004 pour stimuler l’innovation dans le domaine des TIC. La finalité de ce projet va bien au-delà d’une simple mise à disposition de données brutes : il s’agit de relier ces données entre elles. Cette démarche de maillage des données, appelée Linked Data, crée une base de connaissance décentralisée dans laquelle l’intérêt de chaque information est démultiplié par ses liens avec des données complémentaires. « Il faut appliquer une sémantique cohérente », explique Dr. Erik Mannens, chef de l’Unité de recherche dans le département FMI de iMinds. Olso a été conçu par les villes et communes flamandes, mais a déjà été proposé à Fedict et les autres Régions se sont montrées intéressées. CVIS aux Pays-Bas Au plan européen, on travaille activement au développement de systèmes de transport coopératifs. Via ces Systèmes de Transport Intelligents (STI), un véhicule peut communiquer avec d’autres véhicules, ainsi qu’avec l’infrastructure routière (panneaux de signalisation, feux, centres de gestion). Et ce tant au bord de la route que dans les centres-ville. Lancé aux Pays-Bas, le projet CVIS (Cooperative Vehicle-Infrastructure Systems) a mené à des applications et services technologiques qui optimisent l’écoulement du trafic et augmente la sécurité. Les solutions sont très diverses et vont de la réservation de parkings à l’attribution de priorités aux feux de signalisation. Il existe par ailleurs un système qui formule des recommandations sur la vitesse à adopter aux feux de signalisation. Le chauffeur sait ainsi exactement à quelle vitesse il doit rouler pour pouvoir passer le feu suivant au vert. Ce projet travaille avec une architecture ouverte et une plate-forme universelle. Grâce à la combinaison de sources de données aussi diversifiées que les gouvernements locaux, les opérateurs de transports publics, les gestionnaires des voies publiques et les compagnies privées, un trafic plus sûr, plus fluide et plus propre est à portée de main des Hollandais. Les organismes européens de normalisation vont commencer à développer les normes nécessaires pour le V2V (vehicle-to-vehicle)et le V2I (vehicle- to-infrastructure) et un ensemble stable de normes est attendu d’ici la fin 2013. L’introduction sur le marché de systèmes de mobilité coopérative par tous les constructeurs automobiles et équipementiers est envisageable dès 2015. RNK 4 Éditeur responsable Patrick Hurbain, 100 rue Royale, 1000 Bruxelles. Directeur général/Rédacteur en chef Didier Hamann. Coordination du supplément Philippe Berkenbaum. Rédacteurs Philippe Berkenbaum, Anne-Catherine De Bast, Frédérique Jacquemin, Rafal Naczyk Graphisme Prémedia créatif. Photos ©littleny/Shutterstockcom 11
  11. 11. 12 Entretien « La ville est un levier extraordinaire » Avec environ 261 000 employés dans le monde, au service de clients établis dans 120 pays, Accenture est le leader du conseil et des services (Conseil en Stratégie et en Management, Technologies, Externalisation). En 2012, la société réalisait un chiffre d’affaires de 28 milliards $. Au sein du Groupe, plus de 3 000 consultants forment la division Accenture Strategy & Sustainability Services. Tous sont experts des problématiques de stratégie et de développement durable. Citons, parmi leurs domaines d’expertise : > la stratégie durable (stratégie smartcity, stratégie de croissance durable…) > l’excellence opérationnelle durable (Sustainable Supply Chain, Green Six Sigma…) > le développement des infrastructures intelligentes (transport intelligent, Smart Buildings…) > le pilotage de la performance durable (Sustainability Performance Management…) En tant qu’acteur Strategy & Sustainability, Accenture emploie en Belgique 60 consultants experts sur les problématiques de stratégie et de développement durable. Elle est également partenaire de HEC ULg, où elle a créé en 2010 la Chaire en Stratégie durable, et promeut différents projets : VERDIR, stratégie de développement de nouvelles mobilités… Accenture est ainsi devenu le partenaire des villes dans leur développement durable. Elle met son expérience et son savoir-faire au service de la gestion des projets Smart City et a contribué à de nombreux projets de villes durables particulièrement ambitieux. Notamment pour l’agence de développement de Londres, la région de Madrid, la région Nord-Pas-de-Calais, la ville d’Amsterdam, celle de Yokohama… Plusieurs ont été récompensés. C’est par exemple le cas pour « Amsterdam Smart City » et « City of Yokohama », qui ont été primés ces derniers mois au Smartcity Expo de Barcelone. Pour approfondir encore son savoir-faire, Accenture a développé des alliances avec ce qui forme l’écosystème des ville intelligentes : > des institutions académiques et laboratoires technologiques, tels que : LSE, MIT, HEC ULg… > des acteurs clés du financement de l’économie verte, tels que : Barclays, SDCL, la Banque mondiale, United Nations Foundation… > des architectes et sociétés d’ingénierie, telles que : Atkins, Bre, Arup… > des organisations non gouvernementales, telles que : World Economic Forum, The Climate Group, Carbon Disclosure Project, Global Compact Cities Program… Cédric Vatier Managing Director Strategy & Sustainability France et Benelux Accenture Strategy & Sustainability Services, partenaire des villes intelligentes Tho m asFroehlicher Ferna ndDimidschstein Qu’est-ce qu’une ville intelligente ? Quelles tendances verra-t-on se développer dans les prochaines années ? Regards croisés de Fernand Dimidschstein, Managing Director Accenture Consulting France- Benelux, et de Thomas Froehlicher, Doyen de HEC-ULg. L’école de gestion de l’Université de Liège accueille depuis décembre 2010 la Chaire Accenture pour la Stratégie Durable. Quels sont les enjeux liés aux villes durables ? Fernand Dimidschstein : Chez Accenture, nous constatons une concentration urbaine de plus en plus marquée. En Belgique, plus de 80 % de la population vit dans un centre urbain. A l’échelle mondiale, on prévoit que 70 % des citoyens seront des citadins en 2050. Nous remarquons deux mouvements. D’abord, les villes deviennent concurrentielles au niveau de leur capacité à attirer et retenir les entreprises. Ensuite, les villes redeviennent des enjeux politiques, d’image et de pouvoir importants. Thomas Froehlicher : Au moment de lancer la Chaire Accenture, nous avons constaté que le phénomène métropolitain devenait un levier extraordinaire. La métropole devient le centre névralgique de tous les changements des 20 prochaines années. Grâce aux hautes technologies, les villes ont maintenant de nouvelles capacités pour gérer des problématiques telles que la mobilité. Quelle est l’origine du partenariat entre Accenture et l’Université de Liège et quels en sont les objectifs ? Fernand Dimidschstein : Ce partenariat est né du lien qui unit plusieurs employés d’Accenture, moi compris, à l’ULg dont nous sommes des anciens. Nous étions régulièrement invités à donner des conférences au sein de l’université. Il y a trois ans, l’ULg nous a offert la possibilité de matérialiser ce partenariat par la création de cette chaire, qui met l’accent sur le concept de « sustainability ». Nous organisons des conférences, nous donnons la parole à des interlocuteurs externes. Nous participons également à des projets comme VERDIR, menés par les autorités académiques, qui envisagent la réhabilitation du bassin sidérurgique liégeois (lire aussi en page 9 du supplément). Thomas Froehlicher : Au sein d’HEC-ULg, il y a quatre ans, nous pensions restructurer complètement l’apprentissage de la stratégie. L’idée de se rapprocher d’un leader mondial du conseil avait son sens. La dimension de « sustainability » nous donne la possibilité de réfléchir au business modal et à l’organisation de la métropole. Notre partenariat se traduit par la tenue d’un séminaire important, en janvier. Nous avons pu réfléchir à la question de la métropole durable en nous rapprochant d’autres facultés et des pôles de compétitivité wallons. Grâce à la chaire, nous sommes au cœur d’un réseau mondial de centres de compétences et reconnus dans un environnement de business schools. Nous sommes au contact de projets menés par des villes comme Amsterdam ou Singapour. Nous avons amené le monde à HEC-ULg, et nous pouvons montrer à Liège quelles sont les meilleures pratiques. Quels projets avez-vous menés, par exemple ? Fernand Dimidschstein : Nous avons travaillé avec les étudiants d’HEC- ULg sur la mobilité à Liège, au travers d’un séminaire sur la mobilité durable. Les étudiants ont proposé des solutions pour la mobilité liégeoise, dont les meilleures ont été présentées aux forces vives locales. Nous nous sommes aperçus qu’il y avait un intérêt de la part des autorités. Les villes doivent pouvoir s’appuyer sur les universités en matière de recherche. Nous avons proposé à Liège de s’appuyer sur HEC-ULg sur la question de business cases durables. Thomas Froehlicher : Traditionnellement, les masters en management se clôturent par des business cases fictifs. Ici, nous avons lié le travail au territoire. A tel point qu’aujourd’hui les équipes d’étudiants sont contactées par des forces vives de la métropole liégeoise et que les projets ont des chances d’être mis en œuvre. Dans ces propositions issues du monde académique et musclées par l’accompagnement d’Accenture, il y a une liberté de conception que le monde politique est heureux de trouver. En quoi Accenture est-il le partenaire naturel des villes durables ? Fernand Dimidschstein : La vision d’Accenture est celle d’une plateforme technologique interopérable, autour de laquelle rayonnent des modes de transport intelligents, une bonne gestion de l’eau ou encore de la consommation d’énergie. Nous étudions la mise en place de stratégies pour des villes comme Amsterdam, Londres, Liège, Paris ou Marseille. Nous travaillons notamment à l’élaboration du plan stratégique 2020 de la région Nord-Pas-de-Calais, en France, avec Jeremy Rifkin, l’auteur de « La troisième révolution industrielle ». Il y désigne une révolution industrielle basée sur le développement des énergies renouvelables et de la communication en réseau pour quitter l’ère carbone. L’idée est de définir une stratégie d’ensemble des acteurs pour tendre vers un concept plus large que celui d’une ville intelligente : une région intelligente. ThomasFroehlicher:Ceconceptpeutêtreélargiàladémarched’HEC-ULg, très actif dans le cadre du programme Creative Wallonia. Nous préparons un événement en novembre, réunissant ce qu’on appelle les quartiers de l’innovation. L’objectif est de poursuivre un travail entamé à Montréal, auquel collaborent les entreprises, les forces vives, les universités, et dont le but est de redessiner complètement le territoire. Propos recueillis par Anne-Catherine De Bast

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