1. 9.01.2015 • GRAZIA 13
P
lus les années défilent, plus ma mère
est propulsée au rang d’icône, justement
grâce à ses nombreuses expositions,
au point qu’une partie du réel se perd »,
déclare de but en blanc avec un
charmant accent italien, le fils d’Audrey Hepburn,
Luca Dotti, auteur du récent livre Audrey
à Rome (Gallimard Loisirs), avant de souligner
d’une voix ferme : « Dans les années 60, à la
suite de quelques photos ou certains films comme
Diamants sur canapé, ma mère a été enfermée,
figée dans un stéréotype sophistiqué et chic qui ne
lui correspond absolument pas. Elle n’avait
aucunement la vocation d’être une icône intouchable
ou même une star de cinéma. Elle souhaitait
simplement devenir danseuse et elle aspirait à une
vie normale. » De quoi être sacrément étonné
quand on voit l’impressionnante et intemporelle
carrière de la défunte Audrey Hepburn : grande
actrice maintes fois nommée aux Oscars
(et couronnée une fois en 1953), six cents fois à
la une des magazines, étoile de Broadway puis
d’Hollywood, icône incontournable de son
époque et de la mode en incarnant, entre autres,
l’élégantissime égérie Givenchy… « Heureusement,
il y a des expos comme celle de Londres pour
montrer la vraie personnalité de ma mère », se
réjouit Luca Dotti. Aujourd’hui âgé de 44 ans, ce
père de trois enfants souhaite rétablir ou nuancer
la vérité concernant sa mère. « Plus jeune, j’avais
la terreur des médias et je faisais semblant de ne
pas être “le fils de…”, donc je ne contestais rien.
Maintenant à l’aise avec la presse et la notoriété
de ma mère, j’ai envie de la présenter telle qu’elle
était, simple et authentique, en publiant des photos
exclusives et naturelles d’elle, prises au vol par
des paparazzis », confie Luca Dotti, qui supporte
de moins en moins tous les clichés vintage, vus
et revus : « Je souhaite briser son image, apporter
un vent frais, de la nouveauté et de l’honnêteté,
quitte à dérouter un peu ses fans ! J’en ai parfois
marre de cette pile d’archives ressorties à toutes
les sauces, réduisant et caricaturant ma mère en
diva superficielle. » Et c’est pourquoi Luca Dotti
affectionne particulièrement la nouvelle
exposition, prévue pour juillet 2015 à la National
Portrait Gallery de Londres : « L’expo est centrée
sur ma mère et non seulement sur l’actrice.
Par conséquent, elle mêle des dizaines de photos
inédites, reflétant avec justesse son caractère et
sa vie quotidienne, qui était calme, sans scandale.
Je suis honoré, ému, et je tiens à être présent !
Surtout qu’il y a soixante-cinq ans ma mère a
débuté à Londres au Ciro’s, club qui est aujourd’hui
la National Portrait Gallery en question pour
la petite histoire ! Elle serait folle de joie ! » Helen
Trompeteler, co-organisatrice de l’exposition,
confirme l’enthousiasme de Luca Dotti et
l’envergure exceptionnelle de ce grand rendez-
vous culturel : « La famille Hepburn, très favorable
au projet, nous a grandement aidés ! L’exposition
rassemble soixante photos, gravures, couvertures,
pour la plupart exclusives et privées… Elle a exigé
un an de travail afin de montrer Audrey sous tous
ses aspects. » Succès garanti ! •
My Fair
AUDREYL’exposition « Portraits of an Icon »
consacrée à Audrey Hepburn
sera l’événement culturel de
l’été 2015 à Londres. Grazia a
saisi l’occasion pour recueillir
de surprenantes confidences
de son fils, Luca Dotti. Par Chloé HENRY
PHOTO :NORMANPARKINSONLTD/COURTESYNORMANPARKINSONARCHIVE
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