2. Le Labo Citoyen, qu’est-ce que c’est ?
Association loi 1901 qui a pour vocation de promouvoir et d’expérimenter les usages et
technologies libres et innovantes au service des citoyens et de l’environnement.
Elle se compose de chercheurs, scientifiques, juristes et ingénieurs de toutes disciplines
(des « techy savvy ») qui s’engagent pour mettre leurs compétences scientifiques et
techniques au service de différentes causes touchant à des enjeux de société majeurs.
Ses actions peuvent être de différents ordres :
- Développer des dispositifs technologiques ouverts et les expérimenter,
- Produire des éléments d’analyse et de concertation entre différents acteurs,
- Former et informer les citoyens sur les bénéfices et les inconvénients des
technologies qui leurs sont proposées, notamment celles touchant à ce que l’on
qualifie aujourd’hui « d’Internet des Objets. »
CITOYENS CAPTEURS -2013
3. Le premier projet du Labo Citoyen :
« Citoyens Capteurs »
Citoyens Capteurs se situe dans le prolongement des initiatives qui se sont organisées
suite à la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.
Il vise à développer un réseau interconnecté de capteurs distribués permettant aux
citoyens de mesurer toutes les pollutions qui peuvent porter préjudice aux personnes,
aux organismes vivants et à l’environnement.
Il se situe dans une posture complémentaire à celle des principaux organismes
officiellement chargés de la surveillance de l’environnement, en cherchant même chaque
fois que cela est possible à établir des liens de travail et de partenariat avec eux.
Il vise à mettre la mesure (mesure située ou mesure d’exposition) à la portée du citoyens
dans une perspective d’accountability
CITOYENS CAPTEURS -2013
4. Ne pas confondre détecteur de
fumée et outils de mesure de la pollution
L’expertise des principaux projets de mesure de la pollution conduit à un constat qui peut sembler
paradoxal : la qualité de la mesure (et donc du capteur lui-même) est trop souvent le parent pauvre de
ces projets.
Capteurs optiques de particules dont l’usage ne dépasse pas la détection de poussière et qui ne
différencient pas les différentes tailles de particules (PM2,5, PM10),
Capteurs de gaz à oxydo-réduction particulièrement peu fiables dans leurs mesures,
Capteurs de sons qui se basent sur des micros de faible qualité, subissant une transformation de la
plage fréquencielle non-négligeable, etc.
Dans la plupart des projets expertisés, l’accent a d’abord été mis plus sur le design de l’objet, son prix et
l’interface de visualisation renvoyant les données que sur la qualité de la mesure elle-même.
L’enjeu de la mesure (de sa qualité et de sa commensurabilité) doit être l’enjeu premier de
tout projet de mesure de la pollution.
CITOYENS CAPTEURS -2013
5. Savoir s’entourer
Dés ses origines, les animateurs du projet ont chercher à s’entourer d’une expertise de qualité
en nouant des collaborations avec d’autres associations spécialisées.
Ils se sont notamment tournés vers des associations de prévention et d’amélioration de la
qualité de l’air, avec laquelle diverses actions publiques ont été menées.
Ces partenariats ont permis aux Citoyens Capteurs de mieux appréhender les
problématiques liées à la qualité de l’air (quels polluants détecter?) et de comprendre
l’importance de l’exactitude des mesures produites (les comparer à la fois à celles des
organismes nationaux et régionaux chargés de la surveillance de la qualité de l’air et à celles
des normes internationales.)
Autre partenariat et non des moindres, celui que nous entretenons avec
AirParif, l’agence de surveillance de la Qualité de l’Air en Ile de France qui
nous a formé, conseillé, ouvert ses laboratoires et mis à disposition ses
métrologues pour tester nos capteurs.
Des chercheurs en informatique, métrologie et électronique de :
CITOYENS CAPTEURS -2013
6. La pollution, ses sources
et ses effets sanitaires
CITOYENS CAPTEURS -2013
7. Des sources
de pollution
multiples…
Principaux polluants :
•Particules :PM10 et
PM 2,5
•Nox : NO et NO2
• SO2
• O3
Mais aussi :
• COV …
Les mesures sont en :
µg/m3
CITOYENS CAPTEURS -2013
9. Les normes europénnes des différents polluants
Dioxyde d’azote (NO2)
En moyenne annuelle :40 µg/m³.
En moyenne horaire : 200 µg/m³ à ne
pas dépasser plus de 18 heures par an.
Ozone (O3)
En moyenne sur 8 heures : 120 µg/m³, à
ne pas dépasser plus de 25 jours par an
(moyenne calculée sur 3 ans).
Particules (PM10)
Moyenne annuelle : 40 µg/m³.
En moyenne journalière : 50 µg/m³ à ne
pas dépasser plus de 35 jours par an.
CITOYENS CAPTEURS -2013
10. Le coût social des effets sur la santé en France :
vers un prochain scandale sanitaire ?
•60 % de la population française est exposée à une qualité de l’air dégradée
• La pollution par les particules est à l’origine de 42 000 décès prématurés par an (A titre de
comparaison 3 963 personnes ont été tuées sur les routes en 2011. Sources : Prévention
routière)
•L’exposition aux particules réduit en moyenne l’espérance de vie de plusieurs mois : 7,5
mois à Marseille, 6 mois à Paris et 5 mois à Bordeaux.
•Les seuls coûts sanitaires de la pollution de l’air en France se situent dans une fourchette
de 20 à 30 milliards d’euros par an (sans prendre en compte les dommages à
l’environnement), soit 460 euros par habitant et par an. (Sources : Bilan de la Qualité de l’Air
2011 – Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable)
•Depuis mai 20011 : la France est assignée en justice devant la Cours de Justice de l’UE
pour "pour non-respect des valeurs limites […] applicables aux particules en suspension
connues sous le nom de PM10. Une amende de plusieurs millions d’euros est évoquée
CITOYENS CAPTEURS -2013
11. Les AASQA et les outils de mesure
CITOYENS CAPTEURS -2013
12. Les outils de la surveillance de la qualité de l’air
On ne peut évaluer une stratégie de surveillance de la qualité de l’air sans prendre en
compte ces 3 outils
CITOYENS CAPTEURS -2013
13. Quelques exemples de stations de mesure de
proximité
Station trafic de
la Place Victor
Basch (75)
CITOYENS CAPTEURS -2013
15. Procédure d’information et d’alerte en
Ile-de-France
Les deux niveaux d’alerte (SO2, 03, NO2, PM10)
Niveau d’information : niveau de concentration de
polluants dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition
de courte durée présente un risque pour la santé humaine
de groupes particulièrement sensibles au sein de la
population, justifiant des mesures d’information et de
recommandation pour réduire certaines sources.
Niveau d’alerte : un niveau de concentration de polluants
dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition de
courte durée présente un risque pour la santé de
l'ensemble de la population ou de dégradation de
l'environnement, justifiant l'intervention de mesures
d'urgence.
CITOYENS CAPTEURS -2013
17. Designer une intelligence collective
environnementale
• Vers une Intelligence collective environnementale qui
advienne des échanges de savoirs et savoirs-faire sur les
différents aspects du projet : chimie de la pollution, techniques
des capteurs communiquants, mashup des données, veille
sanitaire, actions associatives et design industriel
•Le design sera citoyen ou comment rendre durable une
culture de la donnée environnementale sans faire céder à
une « panique métrique » ?
•Design de la transparence avec des matériaux en verre,
céramique, béton les moins émetteurs eux-mêmes de
polluants
•Design des données ouvertes interprétées –cartes,
vocalisations, mobilier urbain, applications mobiles etc.
CITOYENS CAPTEURS -2013
19. Focus : le #DataMic de ParkingDay
De l’avantage de ne pas stabiliser
trop vite son prototype pour qu’il
puisse s’adapter à ses causes, ses
publics et à ses usages.
Contrainte imposée par Respire :
N’utiliser ni la 3G, ni le Wifi dans
cette action …
Reprise du concept inventé par
les activistes d’OWS : le
« Humanmicrophone » : Faire
lire les données par un
mégaphone à travers un Serveur
synthétiseur de voix embarqué.
DESIGN PRAGMATIQUE
CITOYENS CAPTEURS -2013
20. Workshop avec les étudiants de 4ième année
à l’occasion de NetExplo
CITOYENS CAPTEURS -2013
22. Rester ouvert, quoi qu’il arrive !
Notre seconde déception en analysant les projets avec lesquels nous aurions pu collaborer
est que le terme « OPEN » reste la plupart du temps de l’ordre du slogan ou de la
communication :
Des dispositifs « openhardware » dont il est impossible de connaître les spécifications (à
moins de zoomer sur des photos :-),
Des plateformes et API aux conditions générales d’utilisation pour le moins obscures et qui
ne garantissent pas une conservation et une historicisation des données au delà de 3 mois et
qui ne rendent pas facile la récupération des données stockées, etc.
C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de garantir deux principes qui nous apparaissent
assez fondamentaux à travers deux plateformes complémentaires.
L’ouverture des dispositifs -> wiki.labocitoyen.fr (spécifications techniques des capteurs et
des dispositifs mis en ligne au fur et à mesure de leur développement),
L’accès aux données et leur pérennité -> thingstream.net (plateforme ouverte permettant de
connecter des capteurs –ou n’importe quel autre objet sensible – à Internet et de stocker,
visualiser ses données en temps réel / datastore et datastream).
CITOYENS CAPTEURS -2013
23. Pollution, transparence et open data
Lien politique entre pollution et open data ?
•La pollution atmosphérique est pour une large part « invisible.»
•Dans les 15 mètres cubes d’air respirés chaque jour par un adulte=quantités
de produits dangereux pour la santé ni vus ni sentis.
•Sortir de l’invisibilité menaçante et de la culture de la peur = Nécessité d’une
politique de transparence.
•Problématique de la transparence mise en avant dans le champ de l’action
publique par ouverture aux données publiques réutilisables (Open Data).
•Co-produire données de pollution, les mettre à disposition dans un datastore
en temps réel et autoriser leurs publicisations et réappropriations sous
différentes formes s’inscrit dans le programme politique de la transparence.
•Conséquence de la transparence basée sur les open data, le principe
d’accountability.
•Accountability à la fois au sens de responsabilisation, mais aussi d’après son
origine sociologique, au sens d’une factualité qui responsabilise parce que la
pollution est rendue tangible et visible aux différents acteurs du problème à
travers données ouvertes : « ne plus ne pas voir ni sentir. »
•Pacte de factualité responsabilisante qui engage chacun des acteurs du
problème « pollution. »
CITOYENS CAPTEURS -2013
24. De l’Open Data à la Mesure Située : Citizen
Science, Street Science
•Au cœur de ce pacte de factualité responsabilisante : une
mesure de qualité complémentaire et commensurable aux
taux globaux de pollution des organismes scientifiques
(Airparif) co-produite par les Citoyens Capteurs.
•Une mesure qui s’identifie au lieu où l’on vit et où l’on respire
=une « mesure située ou mesure d’exposition.»
•Cela suppose une association féconde entre les habitants
devenant agents de la mesure située et les organismes
spécialisés dans la mesure des polluants.
•Perception d’une transparence dans la connaissance de la
pollution quand les habitants peuvent situer une mesure valide
depuis leur lieu de vie et lui donner sens à l’échelle d’un
territoire.
•Questions de justice environnementale posées sur la base de
la connaissance de son environnement par des citoyens qui
sont en sont les veilleurs et lanceurs d’alerte.
•Cf Citizen Science, Street Science : « savoir local. »
CITOYENS CAPTEURS -2013
25. Activisme de l’accountability : API Culture, le
•« Capter, Mesurer, Agir» = séquence temps des Big Long Data
temporelle.
•Les données de l’API sont
temporalisées : temps réel
(datastream ) et historicisation
(datastore) pour exercer la co-
expertise sur un temps long.
•Jeux de données ouvertes qui
restent la propriété des petits
producteurs de mesures participants
du réseau des Citoyens Capteurs : des
flux mais aussi des stocks.
•Ajouter du temps long à la notion de
Big Data : « Big Long Data.»
CITOYENS CAPTEURS -2012
26. De l’internet des objets à la biosocialité connectée :
l’étendue d’un monde en connexion
Depuis 2011, il y aurait plus de machines connectées que
d’humains : 9 milliards contre 6 milliards. (GSMA/SIM)
•Discours dualiste et compétitif du grand récit de l’Internet
des objets laisse croire que les machines ont supplanté les
humains dans la communication.
•Humains et machines mais aussi animaux et végétaux se
trouvent donc désormais connectés aux réseaux de
communication (internet, mobile, NFC et autres réseaux
sans fil) à travers différents terminaux, au travers des puces
et des capteurs.
•Alors dans quel monde voulons-nous respirer ?
•Dans quelle anthropologie se déploie le projet « Citoyens
Capteurs » ?
•A rebours des adeptes du transhumanisme et de leur imaginaire de l’homme augmenté, qui nous
donnent comme horizon la mutation de l’espèce humaine et un devenir machinique de l’humain
(Université de la Singularité, Google Car...)
•l’anthropologie des citoyens capteurs se veut une anthropologie symétrique non compétitive et non
dualiste entre les humains et les non-humains.
CITOYENS CAPTEURS -2013
27. De l’internet des objets à la biosocialité
connectée : l’étendue d’un monde en connexion
•Tout comme les animaux sont nos compagnons
d’espèce, les machines à communiquer (mobile...)
sont devenues de fait nos compagnons d’existence.
•L’attachement à un artefact technique ou un animal
de compagnie ne nous oblige pas à muter mais juste
à bien vivre avec d’autres espèces et d’autres
machines auxquelles nous sommes connectés.
•Dans le cadre d’une anthropologie symétrique entre
humains et non-humains, incluant l’espèce humaine,
le vivant, l’animal et l’artefact, une relation de
compagnonnage faite de matérialité, d’incarnation
et de responsabilité nous lie.
•Anthropologie dite de la « biosocialité connectée. »
CITOYENS CAPTEURS -2013
29. Le site web des Citoyens Capteurs : http://www.citoyenscapteurs.net
Le wiki de Labo Citoyen : http://wiki.labocitoyen.fr
Thingstream : http://thingstream.net
Mail : contact@labocitoyen.fr
CITOYENS CAPTEURS -2013
Notes de l'éditeur
Après la pause, workshop à suivre : Intelligence collective environnementale qui advient à la suite de l’intervention des projets.Intérêt aussi objet technique : embarque savoir savoir-faire pour être utilisé tel que.
Lien entre pollution open data ?Grammaire transparence open data accountability : les données sont un moyen pas une fin. Conséquence politique de la transparence basée sur les open data : accountability
Co-produire de la donnée : Mesure Située2005, James Corburn Brooklyn2011, Public Laboratory : mesurer la qualité de l’air par ballon2006,Robotic Feral Public Authoring was a collaboration between Proboscis, Birkbeck College’s Pervasive Computing Lab and Natalie Jeremijenko. Combining Proboscis’ Urban Tapestries public authoring platform with Natalie’s Feral Robot concept (first commissioned by Proboscis for Private Reveries, Public Spaces) to create a pollution sensing and mapping tool for local communities to discover more about their environments and correlate it with other local knowledge.Working with local residents and users of London Fields in Hackney we built a feral robot to sense air pollution in the park, uploading the data via Mesh WiFi to the Urban Tapestries platform where it could be seen mapped against local knowledge about the park shared by residents. Space Media Arts provided a base for a bodystorming workshop and access to a local mesh wifi network.
Côté API,datastore, datastreamOpen data citoyenne de la mesure située comme service, stock et flux.
Nécessité de domestiquer l’iot car hypothèse du transhumanisme nous enjoignant de muter, devenir machinique de l’espèce humaine.
Matérialité : machines, artefactsIncarnation : prêter autonomie aux machines, incorporer les technologies dans un tissu soma-technologique « faire ses textos pendant conduite scooter »Biosocialité connectée : lien entre espèces (biosocialité) auxquelles nous sommes connectés («biosocialité connectée »)Avec accomplissement pratique de la connexion sous mode disjonctif, supposant micro-déconnexions terminaux, services, contenus, réseauxCf membre d’une asso environnementale « j’ai pas de portable mais je me rattrape ailleurs, sur Facebook »