Histoire et figures de la non-violence. — 06. De 1939 à 1949

I
Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des ConflitsInstitut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits
Trombinoscope historique de la non-violence
6 - de 1939 à 1949
Étienne Godinot - 12.03.2023
Jean-François Lecocq
Né en 19.., formateur, militant et médiateur belge. Formation et expé-
rience d’architecte, service civil d‘objecteur de conscience, se forme à
diverses approches thérapeutiques et de développement personnel, à l‘action
directe non-violente et à la gestion non-violente des conflits, notamment avec
Harcourt Klinefelter (né en 1938), formateur dans les campagnes pour les
droits civiques aux États-Unis.
De 1976 à 1994, à ‘l'Université de Paix’, coordonne les formations pour
les jeunes objecteurs de conscience en service civil. En 1978, à l’issue de la
formation de formateur suivie avec Jacques Lalanne (Québec), devient
formateur en ‘communication efficace’, méthode de Thomas Gordon (1918-
2002). Après une rencontre en Suisse avec Marshall Rosenberg (1934-
2015), introduit en 1993 la communication non-violente (CNV) en Belgique
avec l'aide de ‘l'Université de Paix’. S’intéresse au développement d'une
approche spirituelle universelle dans l'apprentissage de la communication
non-violente.
« Il nous faut traquer ce qui se passe derrière l’évidence apparente de
nos besoins pour percevoir à quelle partie de nous-même ils répondent.
S’agit-il des besoins du ventre ou de ceux du cœur, des besoins de la tête ou
ceux de l’âme ou de l’esprit ? »
Leonid Pliouchtch
Né en 1939, mathématicien ukrainien.
Participe activement au mouvement de défense des
droits de l’homme en Union Soviétique. Auteur et maillon fort du
réseau clandestin de diffusion d'ouvrages interdits, le samizdat.
À partir de 1969, devient membre du Groupe d'initiative
de défense des droits de l'Homme en URSS.
Arrêté en 1972 sous l'accusation d'agitation et de
propagande anti-soviétiques, condamné à être interné dans
l'hôpital psychiatrique spécial de Dniepropetrovsk.
Libéré en janvier 1976, grâce à l'action internationale
conjointe des Comités de mathématiciens, de psychiatres, de
syndicats, d'Amnesty International et de la diaspora
ukrainienne, émigre avec sa famille en France, dont il obtient la
nationalité.
../..
Leonid Pliouchtch
« C'est notre conscience qui nous lie entre nous.
C'est elle qui, se développant ou se pervertissant, nous
permettra de gagner ou de perdre. L'enjeu est au prix de la
lucidité. Et cette lucidité ne s'affirmera que dans la
réciprocité . »
« La menace commune c'est le totalitarisme : il ne faut
pas se contenter de le combattre là où il sévit, il faut aussi le
prévenir là où il risque de naître. N'est-ce pas un combat à
mener en commun ? »
« Tous les canards sauvages, d'où qu'ils viennent et où
qu'ils aillent, n'ont d'autre solution que de voler contre le vent.
C'est pourquoi Boukovski et moi volons ensemble contre le
vent. »
David Adams
Né en 1939, militant pour la paix états-unien, docteur en psy-
chologie, universitaire, écrivain et journaliste. Professeur à la Wesleyan
University où il dirige un laboratoire de recherche sur le cerveau et
publie de nombreux articles scientifiques.
Collabore avec la ‘Société internationale de recherche sur
l'agression’, lance un processus menant à la ‘Déclaration de Séville sur
la violence’, qui montre scientifiquement que la guerre n‘est pas
déterminée biologiquement et, pour citer Margaret Mead , "la même
espèce qui a inventé la guerre est capable d'inventer la paix".
De 1992 à 2001, collabore avec l’UNESCO en tant que
conseiller, professionnel et directeur de la culture de la paix, en vue de
l’ ‘Année internationale de la culture de la paix’, pour laquelle il préside
le groupe de travail.
Après sa retraite de l'UNESCO, coordonne les rapports à mi-
parcours et final de la société civile sur la ‘Décennie internationale de la
promotion d'une culture de la paix et de la non-violence pour les
enfants du monde’ (2001-2010). Coordonne le réseau d'information sur
la culture de la paix et rédige des ouvrages sur la culture de la guerre
et la culture de la paix.
Elias Chacour
Né en 1939. Arabe palestinien, citoyen d’Israël, archevêque
de St Jean d’Acre, Haïfa, Nazareth et Galilée de l’Église catholique
grecque-melkite.
Originaire du village de Biram, dont il est chassé à l’âge de 8
ans quand la maison de ses parents est détruite par l’armée
israélienne d’occupation.
Fondateur et animateur de l’Université Mar Elias, près
d’Haïfa, premier établissement universitaire arabe à l’intérieur
d’Israël, qui accueille plus de 2 000 étudiants juifs, musulmans,
druzes ou chrétiens.
../..
Elias Chacour
Organise de nombreuses marches et actions pour la paix,
notamment après les massacres de Sabra et Chatila, donne des
conférences sur tous les continents sur le conditions de la paix au
Moyen-Orient.
Militant infatigable de la paix et de la réconciliation israélo-
palestinienne, proclame, comme le faisait sa mère, que Juifs et
Palestiniens sont "frères de sang".
« Israël répond à la bestialité du terrorisme, lequel ne
représente qu’une infime minorité du peuple de Palestine, par le
châtiment collectif. Gaza est bouclée, le Cisjordanie aussi.
L’école, l’hôpital, le travail, la liberté d’aller et de venir, voilà
l’antidote radical contre l’extrémisme. La paix sans justice n’est
qu’un slogan creux. »
Le "mur de la honte" autour de la Cisjordanie
Claudette Colvin
Née en 1939, Noire états-unienne d'Alabama, membre de la
National Association for the Advancement of Colored People (NAACP).
Le 2 mars 1955, à l'âge de 15 ans, refuse de céder sa place à
un homme blanc dans un autobus de Montgomery, en violation des lois
locales qui imposaient la ségrégation raciale dans les transports
publics. Giflée et expulsée sans ménagement du bus par deux policiers
qui la mettent en état d'arrestation. Proteste en déclarant que ses droits
constitutionnels ont été violés. Mise en prison et accusée, en plus,
d'avoir proféré des insultes, ce qu'elle nie.
Peu après son arrestation, la jeune fille tombe enceinte d'un
homme marié plus âgé qu'elle. Les leaders noirs locaux présument que
cette transgression morale ne scandaliserait pas seulement la très
religieuse communauté noire, mais qu'elle rendrait aussi Claudette
suspecte aux yeux des sympathisants blancs. En particulier, ils
redoutent que la presse blanche n'utilise la grossesse illégitime de
Claudette Colvin pour saper son statut de victime et discréditer ainsi
tout boycott consécutif des bus.
Son arrestation précède de neuf mois celle de l'activiste des droit
civiques Rosa Parks, qui eut lieu le 1er décembre 1955.
John Robert Lewis
• (1940-2020), pasteur baptiste, militant non-violent et homme politique
états-unien. S'engage dans le mouvement des droits civiques. En 1961,
membre du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC). Premier
objecteur de conscience noir en Alabama, gandhien convaincu. Premier
des Freedom Riders*. Co-organise la Marche sur Washington du 28 août 1963 où
Martin Luther King tient son discours historique "I have a dream" et prend lui-
même la parole à 23 ans devant 250 000 personnes. Plusieurs fois emprisonné.
En 1965, organisateur principal des marches de Selma à Montgomery pour
demander l'application du Civil Rights Act de 1964. Membre de la branche états-
unienne de l’International Felowship of Reconciliation (IFOR ou ‘Mouvement
International de la Réconciliation’ - MIR)
En 1971, devient le 3ème président du Voter Education Project (VEP),
organisation créée pour gérer des programmes d'éducation des électeurs afro-
américains et des campagnes d'inscription sur les listes électorales.
* "Voyageurs de la liberté" : militants non-violents qui prennent des bus inter-États en groupes
formés de Blancs et d’Afro-Américains afin de vérifier l’application d’un arrêt de la Cour
suprême qui a rendu illégale la ségrégation dans les transports.
Élu membre de la Chambre des Représentants en 1986, y défend le
droit de vote et l’égalité des Noirs américains jusqu’à sa mort. En
2016, participe à un sit-in pour protester contre l'inaction du gouver-
nement fédéral quant au contrôle de la vente des armes. ../..
John Robert Lewis
« Je suis fier d’avoir eu John Lewis comme ami. Je l’ai rencontré quand je
faisais mes études de droit. (…) Je l’ai ensuite revu quand j’ai été élu au
Sénat des États-Unis. Et je lui ai dit : "John, je suis ici grâce à vous." (…)
John Lewis avait une idée en tête, dont il ne pouvait pas se défaire, qui
s’était emparée de lui : celle que la résistance non-violente et la désobéis-
sance civile étaient les moyens de changer les lois, mais aussi de
changer les cœurs et les esprits, de changer les nations et de changer le
monde. »
Barak Obama aux obsèques de J. Lewis
Acteur de la réconciliation, opposant à la guerre du Golfe.
Dédie son testament spirituel aux jeunes du mouvement Black Lives
Matter, mouvement non-violent qui dénonce les violences policières
contre la minorité afro-américaine, particulièrement à la suite de la mort
de George Floyd*.
*George Floyd, né en 1973, Noir états-unien, est mort d’étouffement le 25 mai 2020 car un
policier blanc l’a maintenu en plaquage ventral avec son genou sur sa nuque pendant plus de 8
minutes malgré son appel répété 20 fois ‘I can't breathe’ (‘je ne peux pas respirer’). Les images de
son arrestation et la nouvelle de sa mort provoquent une vague de protestations aux États-Unis et
dans d'autres pays.
Stanley Hauerwas
Né en1940, théologien méthodiste et professeur de droit états-unien,
spécialiste des questions d'éthique. Docteur en philosophie de l'Université
Yale, enseigne à la Duke Divinity School et à la faculté de droit de la Duke
University, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Célèbre pour son pacifis-
me radical, été qualifié en 2001 par The Time de « meilleur théologien
des États-Unis ».
Refusant de séparer l’éthique et la foi, entend montrer qu’elles sont
les deux faces d’une même pièce de monnaie. Son ouvrage The Peace-
able Kingdom : a Primer in Christian Ethics (Le Royaume de paix. Une
initiation à l’éthique chrétienne -1983) place la non-violence comme
caractéristique majeure de l’agir chrétien.
Propose une spiritualité de la paix qui ne peut en aucun cas se
réaliser au moyen de la violence. Refuse de normaliser la violence par la
légitime défense et la théorie de la guerre juste.
A une anthropologie pessimiste et vision impérialiste de la mission
chrétienne, oubliant que ‘Dieu’ agit par d’autres voies que les Églises
chrétiennes et que d’autres, qui sont loin d’elles, peuvent conduire les
humains à la vérité et à la paix.
Miguel Angel Estrella
Né en 1940. Pianiste classique argentin de renommée
internationale.
Kidnappé en décembre 1977 par la junte militaire en
raison de son engagement social, torturé durant un mois et
emprisonné plus de deux ans en Uruguay.
Durant sa détention, continue à jouer du piano dans sa
cellule avec un clavier virtuel muet.
Libéré en février 1980 suite aux pressions internationales.
Avec l’aide de Yves Haguenauer, Simone Signoret,
Danielle Mitterrand, etc., fonde en 1982 Musica Esperanza pour
« mettre la musique au service de la communauté humaine et de
la dignité de chaque personne ».
../..
Miguel Angel Estrella
Cette association soutient les organisations de défense des droits humains
en Afrique du Sud durant l’apartheid, Solidarnosc en Pologne, les Folles de la
place de mai en Argentine, et porte aujourd’hui des projets d’alphabétisation et de
formation.
L’ESMA, École de Mécanique de la Marine, de torture de la dictature
argentine, accueille désormais un musée des droits humains et une école de
musique populaire dirigée par Mariano Berroeta, fils d’un disparu torturé dans ces
locaux.
« Je n’ai pas de haine envers ceux qui m’ont torturé. »
« Je n’ai pas peur de la mort. L’examen de conscience
quotidien, voir ce que j’ai bien fait et où je me suis trompé,
demander l’avis de mon entourage vivant et de mes morts les
plus chers, me fait sentir toujours qu’il y aura des retrouvailles. »
L’Escuela Superior de Mecanica de la Armada à Buenos-Aires où ont
"disparu" 5 000 personnes
Adam Roberts
Né en 1940, chercheur et universitaire anglais. Rédacteur
en chef adjoint, Peace News , à Londres en 1962.
Président de la British Academy, professeur émérite de
politique et relations internationales à l’université d’Oxford.
Membre honoraire de la London School of Economics & Political
Science.
S'intéresse à la résistance civile, au droit international, aux
Nations Unies, aux études stratégiques et à l'histoire (Hugo
Grotius). Coordonne et publie dès 1963 des ouvrages sur la
résistance civile non-violente comme alternative à la défense
militaire.
Auteur de livres sur la résistance civile de Gandhi à nos
jours, notamment en Iran, en Afrique du Sud, en Europe de l’Est
pendant la période communiste.
Relativement éloigné de ses analyses initiales, estime
possible de faire cohabiter la résistance civile non-violente et
défense populaire armée, et la croit surtout possible en cas
d’échec de la dissuasion nucléaire.
Adam Roberts
Auteur de Civil Résistance to Military Coups (Résistance civile aux
coups d'État militaires,1975). Montre que les gouvernements, en
particulier ceux qui jouissent d'un degré élevé de légitimité, peuvent
conjurer cette menace.
Auteur de Civil Resistance in the East European and Soviet
Revolutions (1999) et de Civil Resistance in the Arab Spring
Auteur, avec Timothy Garton Ash, de Civil Resistance and Power
Politics (2009)*
* Cet ouvrage couvre la plupart des principaux cas, y compris les actions orchestrées
par Gandhi, la lutte pour les droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, la révolution
islamique en Iran en 1979, la révolte du « People Power" aux Philippines dans les années 1980-
1986, les campagnes contre l'apartheid en Afrique du Sud, les divers mouvements qui ont
contribué à l'effondrement du bloc soviétique en 1989-91 et, au cours de ce siècle, les « révo-
lutions de couleur » en Géorgie et en Ukraine. Ce livre traite de l'interrelation complexe entre la
résistance civile et les autres dimensions du pouvoir. Il explore la question de savoir si la
résistance civile doit être considérée comme un remplacement potentiel complet de la violence,
ou comme un phénomène qui opère en conjonction avec la politique de pouvoir et la modifie. Il
examine des cas où des campagnes ont été réprimées, notamment en Chine en 1989 et en
Birmanie en 2007. Il note que dans plusieurs cas, notamment en Irlande du Nord, au Kosovo et
en Géorgie, des mouvements de résistance civile ont été suivis du déclenchement d'un conflit
armé. Il comprend également un chapitre contenant de nouveaux éléments d'archives russes
montrant comment les dirigeants soviétiques ont réagi à la résistance civile.
Madonna Thunder Hawk
Madonna Gilbert, surnommée Thunder Hawk (‘faucon tonnerre’),
née en 1940, militante amérindienne des droits civiques, membre de la
tribu oohenumpa sioux-lakota. Née dans une réserve dans le Dakota du
Sud, est placée dans un pensionnat pour "enfants autochtones". La
réserve dont elle est originaire est inondée pour construire un barrage sur
la rivière Missouri. Fondatrice et leader de l’American Indian Movement
(AIM), prend part aux grandes occupations du mont Rushmore, de l’île-
forteresse d’Alcatraz (19 mois entre nov. 1969 et juin 1971). À Wounded
Knee en 1973, l'AIM affronte le FBI et la police pendant 71 jours.
Animatrice du Wounded Knee Legal Defence Offence Committee
(WKLDOC) en déc. 1975.
En 1977, au sein de l’AIM, occupe les Black Hills pour lutter
contre leur annexion par le gouvernement états-unien : ce sont des
montagnes sacrées pour les Sioux-Lakota. Cofonde We Will Remember
Survival School (“École de survie Nous nous souviendrons”) qui propose,
pour les enfants autochtones, une éducation alternative proche de leurs
valeurs culturelles et traditionnelles. Inspirée par les mouvements
féministes, lance également l’organisation Women of All Red Nations,
dédiée au respect des femmes autochtones. ../..
Madonna Thunder Hawk
Au sein de l’AIM, organise en 2016 la lutte contre le Dakota Access
Pipeline (DAPL) ou pipeline de Standing Rock qui passe sur des sites
sacrés et menace les sources d'eau potable des tribus présentes.
Suspendu un temps par l'administration Obama, le projet est relancé et
achevé par Donald Trump.
Restent ces mois de luttes, entre août 2016 et février 2017, menées
par des milliers d'activistes qui se sont surnommés "protecteurs de l'eau".
Des vétérans de l’armée protègent les manifestants des intimidations et
assauts de la police*. La tribu sioux Standing Rock mène une manifesta-
tion de 4 jours à Washington, qui se conclut par la Native Nations March
(marche des nations autochtones) le 10 mars 2017 (2ème photo en haut).
* notamment Wesley Clark, fils de l'ancien commandant suprême de l'OTAN et candidat à la
présidentielle de 2004.
Madonna Thunder Hawk et Marcella Gilbert
Cofonde l'organisation amérindienne Women of All Red Nations.
Organisatrice du Lakota People's Law Project.
Sa fille Marcella Gilbert (photo ci-contre) poursuit inlassablement son
combat et se mobilise pour la revitalisation culturelle et la souveraineté
alimentaire de sa communauté. Pour l’ONG Simply Smiles, elle
s’occupe de la gestion de 35 jardins et de programmes éducatifs sur la
nutrition et le rapport à la terre dans la réserve de Cheyenne River.
Comme le dit un dicton amérindien : « Si vous voulez de belles paroles,
invitez les hommes. Mais si vous voulez que les choses soient faites,
appelez les femmes. »
Le combat de Madonna est raconté dans le documentaire Warrior
Women (‘Les femmes combattantes’) (2019) réalisé par Elizabeth
Castle et Christina D.King.
Ela Gandhi
Née le 1er juillet 1940, militante non-violente et femme politique sud-
africaine. Petite-fille du Mahatma Gandhi, grandit dans un âshram du
township de Phoenix près de Durban (province du Natal). Diplômée en
sciences sociales de l'Université d'Afrique du Sud, travailleuse sociale dans
le domaine de l'enfance et de la santé durant une vingtaine d'années.
Opposée à l'apartheid, milite au sein de diverses organisations
régionales, dont le ‘Congrès des femmes du Natal’ et le ‘Congrès indien du
Natal’ dont elle devient vice-présidente, ainsi qu'au ‘Front démocratique uni’
(UDF). En 1975, est l'objet d'une ordonnance lui interdisant toute activité
politique et d'une assignation à résidence qui dure 9 ans. Durant cette
période, travaille néanmoins dans la clandestinité.
En tant que responsable de l'UDF, rencontre Nelson Mandela alors
que celui-ci est encore en résidence surveillée à Paarl. Fait partie de
l'équipe de négociation de l'ANC qui débat au début des années 1990 avec
le gouvernement de Klerk et d'autres partis politiques pour rédiger une
nouvelle constitution sud-africaine et assurer une transition en douceur
entre la fin de l'apartheid et une Afrique du Sud multiraciale.
Députée de 1994 à 2004 avant de se consacrer à des œuvres
caritatives et religieuses.
Photo du bas : avec Graca Machel, 2ème épouse de Nelson Mandela, membre des Global
Elders, ONG composée d'anciens dirigeants rassemblés en 2007 par Mandela afin de contribuer à
résoudre les problèmes les plus importants de la planète.
Ken Saro-Wiwa
(1941-1995), militant écologiste nigérian. Porte-parole puis
président du Movement for the Survival of the Ogoni People (MOSOP),
créé afin de lutter contre les abus et les dégâts écologiques commis les
compagnies pétrolières dans le delta du Niger.
Le MOSOP organise le 4 janvier 1993 une manifestation pacifique
d’environ 300 000 personnes, plus de la moitié de la population Ogoni.
‘Prix Nobel alternatif’ en 1994, quelques mois après son
arrestation par le régime de Sani Abacha.
Suite à un procès, condamné et pendu le 10 novembre 1995 dans
la prison de Port-Harcourt avec 8 autres militants du MOSOP.
« L’exploration pétrolière a transformé le pays ogoni en immense
terrain vague. Les terres, les rivières et les ruisseaux sont en
permanence entièrement pollués ; l’atmosphère est empoisonnée .
Le territoire a été dévasté par des pluies acides et des épanchements ou
des jaillissements d’hydrocarbures. »
Lev Ponomarev
Né en 1941, militant politique russe. Docteur ès physique et
mathématiques, professeur à Institut de physique et de technologie de
Moscou. Engagé dans la défense des droits humains. En 1988, cofon-
dateur de Memorial, association russe commémorant les victimes des
répressions politiques (dissoute par le régime de Poutine en déc. 2021 et
lauréate du prix Nobel de la paix 2022). Directeur exécutif du mouvement
russe ‘Pour les droits de l'homme’, député à la Douma (Assemblée
Nationale de la Fédération de Russie de 1990 à 1995), membre du conseil
politique fédéral du mouvement démocratique uni Solidarnost, opposant
de la première heure à Vladimir Poutine.
En juin 2022, informé par deux sources de son arrestation immi-
nente, se réfugie en Géorgie puis à Paris où il obtient l’asile politique.
Appelle à la résistance à la dictature et au régime néo-impérial de Poutine.
Demande aux pays occidentaux de conditionner la levée des sanctions au
jugement des crimes de guerre commis par le régime de Poutine, au
paiement par l’État russe de réparations à l’Ukraine, et à l’organisation
d’élections libres sous contrôle international.
« En tant que scientifique, ma conviction profonde est que l’avenir du
monde est dans la démocratie. C’est la voie de survie de la civilisa-tion. Je
crois en la démocratie comme d’autres croient en la religion ».
Luis Perez Aguirre
(1941-2001). Jésuite uruguayen, philosophe et théologien.
Études au Canada, en Argentine et en Espagne.
Après le coup d’État militaire de 1973, accueille en 1975 avec
sa communauté de la Huella des enfants abandonnés et aide les
femmes du milieu de la prostitution dans les rues de Montevideo.
Publie en 1979 une revue indépendante, La Plaza.
Fondateur et coordinateur du Servicio Paz y Justicia
(SERPAJ) en Uruguay en 1981, mène un travail de soutien des
familles des disparus, d’organisation des coopératives, syndicats et
associations. Arrêté plusieurs fois, torturé pendant 17 heures
Le SERPAJ est déclaré illégal en 1983. Fait alors une grève de la
faim pendant 19 jours. Cette action largement soutenue contribue
au départ des militaires en 1985.
Entre 1987 et 1989, membre la ‘Commission du référendum
national’ pour prévenir la poursuite des crimes commis pendant la
dictature militaire. ../..
Luis Perez Aguirre
En 1994, nommé expert indépendant du ‘Centre pour les
droits de l'homme’ de l'ONU par Boutros-Boutros Ghali, reconduit
par Kofi Annan.
Mort écrasé par un bus en 2001.
« Seule la réconciliation permettra de briser le cercle
vicieux de la vengeance. La réconciliation, c’est la capacité de se
comporter humainement en pardonnant à son ennemi. Cela ne
signifie pas qu’il faut nier la justice ou tout oublier, mais qu’il faut
aller au delà de cela. La réconciliation, c’est plus qu’une justice
égalitaire qui donnerait à chaque partie ce qui lui revient. C’est la
capacité à dépasser la souffrance et montrer la possibilité qu’ont
les êtres humains de résister au mal.»
En 1993, son livre sur l’Église catholique, présentée comme non
crédible dans sa relation aux pauvres, aux femmes et au pouvoir, est
soumis à la censure ecclésiastique.
Jesse Jackson
Né en 1941, pasteur baptiste états-unien. Études de théologie à
Chicago. Militant politique pour les droits civiques. En 1965, participe aux
marches de Selma à Montgomery. Très actif dans la Southern Christian
Leadership Conference (SCLC). Directeur du Breadbasket, agence de
placement pour les Noirs, organise des boycotts massifs des entreprises
refusant d’embaucher des Noirs. Est aux côtés du pasteur M.L. King à
Memphis lors de son assassinat, le 4 avril 1968.
Crée en 1971 l’organisation PUSH (People United to Save Humanity)
qui a pour buts la justice sociale, les droits civiques et l'activisme politique
et en 1984 la National Rainbow Coalition. Pendant les années 1980 et
1990, négocie la libération de dizaines d'otages et de prisonniers
internationaux.
Candidat démocrate pour la nomination aux élections présidentielles,
en 1984 et en 1988.
Pleure d’émotion devant les caméras de CNN lors de l’intronisation
de Barak Obama comme président des États-Unis en nov. 2008.
Joan Baez
Née en 1941. Chanteuse états-unienne.
Refuse à l’âge de 16 ans des exercices d’évacuation dans des
abris anti-bombes pendant la guerre froide.
Engagée dans le mouvement des droits civiques de M.L. King
(chante We shall overcome à Washington en 1963), contre la guerre du
Vietnam.
Militante d’Amnesty International, dénonce les violations des
droits de l’homme en Amérique du Sud, au Vietnam, en Chine.
Chante à Sarajevo en 1993 dans un hôtel à moitié détruit au
milieu des coups de feu dehors.
Finance à Palo Alto un centre de recherche sur la non-violence.
« Le mot paix est un mot amorphe, détestable en fin de compte.
Les Marines sont pour la paix. La Chine est pour la paix. Les gens
pensent à la paix comme si elle pouvait tomber du ciel. »
Domenico Losurdo
(1941-2018), philosophe marxiste italien. Enseigne l’histoire de la
philosophie à la Faculté des Sciences de l'Éducation de l'Université
d'Urbino « Carlo-Bo »,directeur de ‘l’Institut des Sciences Philosophiques
et Pédagogiques Pasquale Salvucci’. Président de la ‘Société internatio-
nale Hegel-Marx’.
Reprenant les affirmations de Hannah Arendt dans Origines du
totalitarisme (1951), pense que le véritable péché originel du XIXe siècle
réside dans l’Empire colonial de la fin du XIXe siècle où, pour la première
fois dans l’histoire, se manifestent le totalitarisme et l’univers concentra-
tionnaire.
Dans son ouvrage La non-violenza. Una storia fuori dal mito (2010),
parcourt incomplètement et fait l’examen critique des victoires, des dilem-
mes et des impasses des mouvements de l’histoire de la non-violence :
des organisations chrétiennes qui, au début du 19ème siècle, se proposent
aux États-Unis de combattre de façon pacifique le fléau de l’esclavage
et de la guerre, jusqu’aux acteurs des mouvements qui, « soit par passion
soit par calcul », ont agité le drapeau de la non-violence : Thoreau, Tolstoï,
Gandhi, Martin Luther King, le Dalaï Lama et les récents inspirateurs des
"révolutions colorées".
Vladimir Boukovsky
Né en 1942, Russe, dissident du régime soviétique,
emprisonné plus de 12 ans, entre 1963 et 1976, dans des camps de
rééducation par le travail, hôpitaux psychiatriques et prisons.
Avec son compagnon de cellule à la prison de Vladimir, le
psychiatre Semvon Glouzman, coécrit un Manuel de psychiatrie
pour les dissidents, afin d'aider les autres dissidents à lutter contre
les mauvais traitements infligés par les autorités dans les hôpitaux
psychiatriques
Un des premiers à avoir dénoncé les internements psychia-
triques comme moyen de contrôle politique par la dictature.
Libéré lors d'un échange de prisonniers politiques sur
l’aéroport de Zurich le 18 décembre 1976 contre le communiste
chilien Luis Corvalan.
Émigre en Angleterre puis en Suisse.
../..
Vladimir Boukovsky
« Ce n’est pas le fusil, ce ne sont pas les chars, ce n’est pas la
bombe atomique qui engendrent le pouvoir, et le pouvoir ne repose pas
sur eux. Le pouvoir naît de la docilité de l’homme du fait qu’il accepte
d’obéir. »
« L’humour est notre moyen de défense et de riposte. Je suis un
pessimiste. Vous connaissez l’histoire du pessimiste et de l’optimiste qui
se rencontrent ? : « Oh la la, se lamente le pessimiste, nous sommes
vraiment dans la merde, ça ne pourrait pas être pire ! ». « Mais si, mais
si ! », répond l’optimiste. »
À la question d’un journaliste : « À combien estimez-vous le nombre
de prisonniers politiques en URSS ? », il répond : « 250 millions ! »
À la question : « Que souhaitez-vous à Brejnev pour son
anniversaire ?», il répond : « Je lui souhaite d’être échangé contre
Pinochet ! »
Vincent Roussel
Né en 1942, Français, agrégé et professeur de mathématiques
à Montargis.
Cofondateur du ‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’
(MAN). Coordinateur, dans les années 1970, de l’action nationale de
refus-redistribution de l’impôt en soutien aux paysans du Larzac, qui a
contribué à la construction illégale de la bergerie de la Blaquière.
Président de l’association ‘Non-violence actualité’, éditrice de la
revue et gestionnaire d’un centre de ressources du même nom.
Impliqué dans la ‘Coordination pour l’éducation à la non-violence
et à la paix’.
« Si la violence engendre des désirs de revanche et de
vengeance, la non-violence laisse toutes ses chances à une
réconciliation durable avec l’adversaire. (…) La violence n’est pas une
fatalité, elle n’est pas innée. Tout comportement est éducable, et il est
notamment de notre devoir d’aider les plus jeunes à adopter une
attitude plus pacifique.»
Charles Rojzman
Né en 1942, Français, fils de juifs polonais émigrés. « Secrétaire
particulier d’une princesse égyptienne », viticulteur, instituteur, comédien.
A également enseigné la littérature française en Allemagne.
Psycho-sociologue, philosophe praticien, formateur en France et
aux États-Unis.
Crée et développe la “thérapie sociale”, méthode transdisciplinaire
qui a trois objectifs principaux : 1 - une psychologie du lien pour prévenir
et guérir les violences, 2 - la résolution des problèmes par l’intelligence
collective, 3 - une nouvelle éducation à la démocratie. L‘’Institut Charles
Rojzman’ est le centre international dédié au développement, à la
transmission et à la pratique de la Thérapie Sociale (Transformational
Social Therapy – TST)
Intervient notamment dans les banlieues sensibles (éducation à la
démocratie) et dans les zones de conflits dans le monde (traumatismes
collectifs, réconciliation).
« Dans les difficultés relationnelles, les responsabilités sont toujours à
découvrir. Il n’y a pas forcément un innocent d’un côté, un coupable de
l’autre, mais une interaction problématique.»
Lech Walesa
Né en 1943, Polonais. Ouvrier métallurgiste aux chantiers
navals de Gdansk.
Principal leader des mouvements revendicatifs de 1980, qui
aboutissent à la création du syndicat Solidarnosc, en lutte contre l’État
communiste pour les droits des ouvriers et la démocratie.
Président de Solidarnosc de 1981 à 1990.
Prix Nobel de la paix en 1983.
Président de la République de Pologne de 1990 à 1996.
« On peut gagner avec des tanks et des missiles, mais on
gagne davantage avec la vérité et l’honnêteté. Nous n’avons pas tiré
un seul coup de fusil. Je pense que le 20ème et le 21ème siècles
devraient se modeler sur une lutte comme celle que nous avons
menée. C’est une arme nouvelle. Ou plutôt non, c’est en fait une arme
ancienne, mais elle est très efficace, et exactement adpatée aux
besoins du 21ème siècle.»
Mubarak Awad
Palestinien né en 1943.
Quand sa maison se retrouve dans un no man's land entre les
belligérants en 1948, devient un réfugié dans la vieille ville de
Jérusalem.
Après ses écoles secondaires, va aux États-Unis, y obtient son
doctorat de psychologie, acquiert la nationalité américaine.
Crée des programmes de soutien aux enfants handicapés ou
abusés.
Lors d'un voyage en Palestine en 1985, crée le Palestinian
Centre for the Study of Nonviolence.
Avant la première Intifada, donne des conférence et publie des
articles sur la non-violence comme technique de résistance face à
l'occupation israélienne.
Expulsé par Israël en juin 1988, retourne aux États-Unis.
« Mon grand-père a été tué, mon père a été tué. Ma mère m’a
dit “ Ne tue jamais, ne blesse jamais, n’injurie jamais " ».
Brigitte Liatard et Babeth Diaz
Au cours de l'année scolaire 1992 -1993, B. L. (née en 1943) et B.D.,
enseignant à des jeunes en difficulté, s’inquiètent de la montée des
incivilités. S’inspirant des recherches de Rogers, Gordon, Feuerstein et
Rosenberg, proposent à des élèves d’aider d’autres élèves plus jeunes en
devenant leurs tuteurs, organisent des ateliers pour aider ces jeunes à
développer l’estime d’eux-mêmes.
Fondatrices de l’association ‘Génération Médiateurs’, qui depuis 1999
mène un travail de prévention contre la violence dont les jeunes sont
souvent les auteurs, les témoins ou les victimes.
Elle forme des enseignants qui formeront à leur tour des jeunes à la
médiation scolaire pour apprendre à gérer et résoudre les conflits,
notamment grâce à une méthode innovante et efficace, la médiation par les
pairs.
Après 2010, poursuivent leur action au sein de l’association
‘MédiActeurs Nouvelle Génération’ qui se consacre essentiellement à la
promotion et la mise en œuvre de la médiation par les pairs dans le domaine
scolaire.
Christian Mellon
Né en 1943, jésuite français. Maîtrise en Peace Studies à
l’université de Bradford (GB).
Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alternatives non
violentes (1973-89).
Coauteur du livre sur la défense civile non-violente (1985)
commandé par le ministre Charles Hernu à Jean-Marie Muller.
Secrétaire de la ‘Commission Justice et Paix’ de l’épiscopat
français (1997-2004), membre du ‘Centre de recherche et d’action
sociale’ (CERAS).
« La vigueur actuelle des idéologies d’exclusion et des fanatismes
religieux, la fragilisation du tissu social, le repli sur les égoïsmes
nationaux, la montée du populisme, tout interdit de
croire en un progrès spontané de nos sociétés vers
la démocratie et la résolution non-violente des
conflits. La non-violence doit être un projet éducatif,
un objet d’enseignement et un enjeu de la
recherche ».
Moustafa Djemilev
Né en 1943, leader des Tatars de Crimée, peuple turcophone et
musulman (aujourd’hui 280 000 personnes) déporté en Ouzbékistan par
Staline en 1944.
Cofondateur de l’’Union de la jeunesse tatare’ en 1961.
Entre 1966 et 1986, arrêté à six reprises par les autorités d'URSS
pour activités antisoviétiques, purge 10 ans dans les prisons et les
camps de travail, puis placé sous surveillance.
Obtient en 1986 le retour des Tatars en Crimée. Élu en 1989
président du Mejlis ("assemblée"), organisation politique des Tatars de
Crimée.
Membre du Parlement ukrainien depuis 1998. Installé à Kiev,
dénonce le rattachement de la Crimée à la Russie organisé par les pro-
russes de Crimée en 2014.
« Une chose essentielle, pour moi, est que j’ai toujours soutenu la non-
violence. Nous nous sommes battus durant des décennies pour rentrer
chez nous, mais sans jamais verser une seule goutte de sang. »
Photo du bas : drapeau des Tatars de Crimée
Alfred Bour
(1943-2021), prêtre catholique français, ancien président du
‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR).
Travaille après 1995 dans le cadre du ‘Bureau pour le service de
la non-violence’ du diocèse de Butaré au Rwanda, intervient aussi au
Burundi et en République Démocratique du Congo.
Œuvre à la réconciliation après le génocide et des massacres de
1994.
Dans le cadre du ‘Groupe Jean Goss’, cofondateur de la revue
bilingue Ikiguzi Cy’Amahoro - Le Prix de la Paix, traducteur en langue
rwandaise du livre La force d’aimer de Martin Luther King.
Cofondateur de l‘association rwandaise ‘Famille de Paix -
Umuryango w'Amahoro’ qui comprend environ 500 membres engagés
pour vivre une culture de la non-violence et de la paix. Délivre plus de
200 certificats habilitant des jeunes de niveau universitaire à être
formateurs et formatrices à la non-violence active (deux années de vie
de groupe + formation à la non-violence). Plusieurs groupes, comptant
entre 30 et 50 personnes, sont nés de ce travail.
Christian Führer
Allemand né en 1943, pasteur de l’église Sankt Nikolaus de
Leipzig.
Anime chaque lundi dans l’église des prières pour la paix. Le 9
octobre 1989, deux jours après des émeutes durement réprimées par
le régime, défiant une police secrète prise de court, mène après la
prière un défilé de 70 000 personnes, en silence, une bougie à la main
(photo du bas).
Un mois plus tard, le 9 novembre, à Berlin, une manifestation
monstre entraîne la chute du mur.
En 1991, à l’origine d’une initiative afin de faciliter l’intégration
des chômeurs. Sa paroisse met notamment en place un service d’aide
avec des cours gratuits de langues et d’informatique.
Dénonce les ravages d’une économie de marché centrée
sur le seul profit.
« Que ce soit dans le mouvement contre le régime commu-
niste en 1989, contre la guerre en Irak en 2003 ou la réforme
du marché du travail en 2004, notre expérience, c’est que les
athées se mélangent avec les croyants. »
Rainer Eppelmann
Né en 1943, pasteur allemand, militant des droits humains et
homme politique.
Sa vie est coupée en 2 par la construction du mur de Berlin en
1961 qui l’empêche d’aller aller à son lycée. Apprenti couvreur, puis
maçon, suit ensuite des cours de théologie et devient pasteur
évangélique.
Refuse en 1966 le service militaire et le serment d'allégeance,
condamné à 8 mois d' emprisonnement pour insubordination.
Co-initiateur en 1982 du Berliner Appel (‘Appel de Berlin’)
Frieden schaffen ohne Waffen (‘Bâtir la paix sans les armes’). Dans les
années 1980, la Stasi planifie son assassinat et sabote sa voiture.
Découvre en 1988 des micros de la Stasi dans son appartement.
Fonde le parti Demokratischer Aufbruch (‘Renouveau démo-
cratique’) en 1989, à Berlin-Est. Ministre chargé du désarmement,
notamment dans le gouvernement de Lothar de Maizières, qui assure
la transition entre l'ex-RDA et l'Allemagne unifiée, avant de rejoindre la
CDU d'Helmut Kohl où il incarne l’aile sociale. Député au Bundestag.
Ibrahim Rugova
(1944-2006). Écrivain et homme politique kosovar. 2 ans à Paris à
l’’École des hautes études en sciences sociales’ (EHESS).
Élu en 1988 président de l’’Association des écrivains du Kosovo’.
Quand en 1989 le Serbe Slobodan Milosevic abolit le statut
d’autonomie de la province où 90 % des habitants sont Albanais, fonde la
‘Ligue Démocratique du Kosovo’ (LDK).
Le 24 mai 1992, après des élections générales clandestines, est
élu président de la République non reconnue du Kosovo dont le
gouvernement en exil est basé à Genève.
Son option non-violente lui vaut le surnom de “Gandhi des
Balkans”. La LDK anime la résistance à l’oppression serbe et organise
une société parallèle (écoles, dispensaires, Parlement clandestins).
Président officiel du Kosovo de mars 2002 à janvier 2006.
Maired Corrigan-Maguire
Née en 1944. Militante non-violente de l’Ulster.
En août 1976, une voiture de militants de l’Irish Republican
Army (IRA) poursuivie par des soldats britanniques écrase les 3
enfants de sa sœur.
Avec Betty Williams, témoin de l’accident, organise le
Women’sPeace Movement pour dénoncer les violences des 2 bords.
35 000 femmes des 2 communautés manifestent dans les rues de
Belfast.
Prix Nobel de la paix 1976 avec Betty Williams pour ses efforts
de réconciliation en Ulster.
En 2007, soutient la résistance non-violente des Palestiniens
de Bil’in.
Fait partie de la flottille de paix contre le blocus maritime de
Gaza interceptée par l’armée israélienne en mai 2010.
Chico Mendes
Francisco Mendes Alves Filho (1944-1988), militant brésilien.
Dès l’âge de 11 ans, est seringuiero, ouvrier agricole chargé de
recueillir le latex dans les plantations d’hévéas.
Mène de nombreux combats pour sauver la forêt amazonienne et
les populations qui en vivent, au sein de l’’Union des travailleurs ruraux
du Xapuri’, puis du ‘Parti des Travailleurs’.
Défend notamment les petits propriétaires ruinés par la chute des
cours du latex contre les gros éleveurs de bétail qui rachètent leurs
terres.
Lors de manifestations non-violentes, désarme pacifiquement les
gardes payés par les grands propriétaires.
Assassiné en déc. 1988 par des tueurs à gage payés par un riche
propriétaire terrien éleveur de bétail.
« Au début, j’ai cru que je me battais pour sauver les hévéas.
Puis j’ai cru que je me battais pour sauver la forêt amazonienne.
Maintenant, je sais que je me bats pour l’humanité »
Diana Francis
Née en 1944, universitaire et militante britannique. Dès l'âge de
15 ans, milite dans des mouvements pour la paix, la justice
économique et les droits humains, plus tard aussi dans le mouvement
écologiste. Ex-présidente de l'International Fellowship of
Reconciliation (IFOR) et présidente du Committee for Conflict
Transformation Support, associée au programme Conciliation
Resources, membre du Rethinking Security’s Council, du Movement
for the Abolition of War et de la Society of Friends (Quakers).
Facilitatrice, formatrice, médiatrice et consultante, travaille sur la
transformation des conflits avec des militants locaux en Europe, au
Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Doctorat (décerné par l'Université
de Bath en 1998) basé sur 4 années de recherche-action liées à sa
propre pratique.
(Avec le People Power aux Philippines, la chute du mur de
Berlin, etc.), nous sommes passés, en quelques années, d'un monde
dans lequel Gandhi et Martin Luther King avaient fourni les deux seuls
exemples bien connus d'actions non-violentes à grande échelle et
efficaces, à un monde dans lequel la politique internationale a été
radicalement modifiée par le pouvoir des gens ordinaires. »
Jean-Marie Vincent
Jean-Pierre Louis
Prêtres catholiques haïtiens, parmi tant d’autres…
J.-M. V. (1945-1994). Apporte un soutien actif à l’auto
émancipation des petits paysans. Directeur Général de Caritas au Cap-
Haïtien. Initie des fonds de développement, des coopératives. Participe
après le putsch de 1991 à la mise en place du fonds de solidarité pour
l’aide d’urgence aux persécutés et réfugiés internes.
Assassiné le 28 août 1994 au volant de sa voiture.
Photo ci-contre
J.-P. L (« Ti Jean", 1944 -1998) Encadre ou fonde plusieurs
organisations de jeunes, conduit une véritable lutte pour la réforme de
l’état-civil en Haïti. Lutte aux côtés d'organisations de paysans et de
femmes. Cofondateur du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés.
Tué d’une balle dans la bouche le 3 août 1998.
Yelena Osipova
Née en 1945, artiste et militante russe. Sa famille survit au blocus de
Leningrad par les troupes allemande pendant 872 jours (sept.1941- janv.
44) : 600 000 personnes meurent de famine sur le million de morts
déplorés au total.) Études d’arts plastiques à Saint-Pétersbourg. Durant 35
ans, donne des cours d’arts plastiques dans des écoles, notamment
auprès d’enfants.
Manifeste en 2002 contre la répression et la guerre menée par V.
Poutine en Tchétchénie, en 2014 contre le phagocytage de la Crimée par
la Russie. En 2020, est retenue 3 heures par les autorités russes alors
qu'elle était descendue dans la rue pour commémorer la catastrophe de
Tchernobyl.
Le 24 mars 2022, après que la Russie a attaqué l'Ukraine, est
tellement choquée qu'elle ne mange pas pendant trois jours. Puis,
indignée, descend dans la rue pour protester avec des pancartes qu’elle a
fabriquées. Elles évoquent entre autres Le Cri, la célèbre œuvre
expressionniste de l’artiste norvégien Edvard Munch, qui symbolise
l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse et portent l’inscription :
«Soldat, laisse tomber ton arme, et tu seras un vrai héros ! » Surnommée
la « conscience de Saint-Pétersbourg », devient populaire dans les médias
en tant que « grand-mère pour la paix ».
Risque 10 ans de prison.
Emmanuel Lafont
Né en 1945, évêque catholique français.
De 1983 à 1994, curé de Soweto, figure importante de
l'opposition à l'apartheid en Afrique du Sud.
Évêque de Cayenne de 2004 à 2020.*
Face à la menace écologique, au vertige de la consommation,
aux disparités entre les peuples, aux crises financières, aux violences
de toutes sortes, appelle à une insurrection des consciences dans la
lignée des prophètes de la Bible.
« Je suis convaincu de longue date que l’Évangile et la non-
violence sont les deux faces d’une même pièce. (…)
Tous les ressorts d’un refus de la violence sont dans le Sermon
sur la montagne, qui est la charte du Royaume de Dieu. Jésus y
renverse les valeurs de ce monde, en prônant le service, le pardon, la
réconciliation, le partage des biens… Plus radical dans l’idéal de paix,
on ne trouve pas ! Gandhi lui-même disait que si les chrétiens vivaient
réellement les Béatitudes, le monde serait différent. »
* Fait l’objet en 2021 de 2 enquêtes judiciaires et d’une enquête canonique
pour abus de faiblesse. Dans ses lettres depuis 2017, concluait souvent par
« Priez pour moi ! »
Bärbel Bohley
(née Brosius, 1945-2010), artiste peintre et militante allemande
des droits humains. Figure de l'opposition antitotalitaire en RDA.
En 1983, expulsée de la fédération des artistes GDR (VBK) et
interdite de voyage à l'étranger ou d'exposer son travail en Allemagne
de l'Est.
En 1985, cofondatrice de Initiative Frieden und Menschen-
rechte (Initiative pour la paix et les droits de l'homme’). En 1989,
cofondatrice du Neues Forum (‘Nouveau forum’), mouvement de
citoyens réclamant des réformes démocratiques. Cosignataire de
l'appel Le temps est venu pour un changement social fondamental
dans la RDA.
Après la réunification de l'Allemagne en 1990, participe à la
campagne "Je vais enfin avoir mon dossier personnel", en référence
aux archives de la Stasi *.
Plus tard, s'investit dans l'aide aux victimes de la guerre des
Balkans, en fondant l'organisation ‘Des toits pour Sarajevo’ qui
participe à la reconstruction des maisons détruites lors des combats.
* Ministerium für Staatssicherheit (‘Ministère pour la sécurité de l’État’) : service de
police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage du régime
communiste de la République Démocratique Allemande, créé en février 1950.
Aung San Suu Kyi
Née en 1945, Birmane. Figure de l’opposition non-violente à la
dictature de son pays qui règnait depuis 1962.
Mise en résidence surveillée en juillet 1989.
Prend en 1990 la tête de la ‘Ligue Nationale pour la Démocratie’.
Remporte (59 %) les élections de 1990 sans que l’armée rende le
pouvoir aux civils.
Prix Nobel de la paix en 1991.
Libérée en novembre 2010, élue députée en avril 2012, peut
quitter son pays en mai 2012 pour la première fois depuis 28 ans.
Ministre, conseillère spéciale de l’État.
À partir de 2016, fait l'objet de critiques à travers le monde en
raison de son attitude durant les exactions de l'armée birmane envers
les Rohingya, groupe ethnique de confession musulmane.
« Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de
perdre le pouvoir pour ceux qui l’ont, et la peur des matraques pour
ceux que le pouvoir opprime. Mais aucune machinerie d’État ne peut
empêcher le courage de ressurgir encore et toujours. »
David Atwood
Né en 1945, États-Unien, mais passe plus de la moitié de sa
vie en Europe.
Pendant près de 10 ans tuteur en études de la paix au
Woodbrooke Quaker Study Centre à Birmingham (GB). De 1988 à
1994, secrétaire général de l'International Fellowship of Reconcilia-
tion, basé à Alkmaar (Pays-Bas). Directeur en 1995 du Quaker United
Nations Office (QUNO, bureau des Quakers auprès des Nations-
Unies) à Genève jusqu'à sa retraite en juin 2011, représentant pour le
désarmement et la paix. Conseiller (Senior Advisor) dans The Small
Arms Survey, un projet de recherche indépendant auprès de l’’Institut
de Hautes Études Internationales et du Développement’, dont le siège
est à Genève.
« L’incessante remise en cause des gigantesques systèmes
d’oppression et de militarisme compte parmi les tâches prioritaires de
ceux qui oeuvrent en vue d’un monde plus juste, plus pacifique et
durable. Il faut, en outre, apprendre à interpeller de manière plus
déterminée et ciblée la nature complexe de la violence armée dans
notre monde. »
Steve Biko
(1946-1977), militant noir d’Afrique du Sud.
Cofondateur et premier président de la South African Students
Organisation, initiateur du Blak Consciousness Movement.
Fait le choix de la non-violence par souci d’efficacité.
Détenu, puis banni et assigné à résidence, mis au secret pendant
101 jours. Brave les interdictions de séjour, sillonne le Cap-Oriental.
Arrêté le 18 août 1977, torturé, meurt en détention, officiellement
des suites d’une grève de la faim.
La police reconnaîtra le meurtre à la fin des années 1990.
« L’arme la plus puissante dans les mains des oppresseurs, c’est la
mentalité des opprimés ! »
« Pour commencer, il faut que les Blancs réalisent qu’ils sont
seulement humains, pas supérieurs. De même les Noirs doivent réaliser
qu’ils sont aussi humains, pas inférieurs... ».
Peter Ackerman
Né en 1946, États-unien, docteur en relations internationales à
la Fletcher School of Law and Diplomacy (études avec Gene Sharp,
auteur d’une thèse : Strategic Aspects of Nonviolent Resistance
Movements).
De 1978 à 1990, directeur dans une banque d’investissement.
En 1990, chercheur invité à l’International Institute for Strategic
Studies à Londres.
Président fondateur de l’International Center on Nonviolent
Conflict (ICNC), membre du Council on Foreign Relations.
Préside le CA de Freedom House de septembre 2005 à 2009.
Membre du CA du Council on Foreign Relations.
../..
Peter Ackerman et Jack DuVall
J.DV. : officier états-unien de l’US Air Force, ex directeur de
télévision, ex-directeur des relations avec les entreprises à l’université
de Chicago, conseiller de Présidents des États-Unis.
Producteur des films A force more powerful sur la stratégie non-
violente, développé dans une série télévisée et en jeux vidéos, et
Bringing down a dictator qui étudie notamment la stratégie
d’Otpor ! qui a fait chuter Milosevic.
Administrateur de l’Albert Einstein Institution fondée par Gene
Sharp.
Créent en 2001 l’International Center on Nonviolent Conflict
(ICNC), qui développe et encourage l’utilisation de stratégies non
violentes basées sur l’action des civils, pour résoudre des conflits,
mettre en place ou défendre les régimes démocratiques, respectueux
des droits de l’homme.
../..
Peter Ackerman et Jack DuVall
Les principales actions de l’ICNC consistent à :
- Sensibiliser le grand public par des conférences, interventions
télévisées ou radiophoniques, la publication, la diffusion et la traduction
de films, de livres, articles, outils pédagogiques,
- Amener les hommes politiques et les média à prendre davantage en
compte les mouvements non-violents,
- Former les militants aux actions non- violentes dans le cadre de
stages.
Certains pensent que les « révolutions colorées » des pays de la CEI font avant
tout partie d’une stratégie de Washington. Il existe en effet un grand nombre
d’ONG américaines plus ou moins liées à la CIA et aux organes d’État des USA
(Freedom House, Fondation Soros, Albert Einstein Institution, etc.) qui conseillent
et financent les militants en faveur de la démocratie. L’ICNC
réfute toute implication la concernant, répondant que les
révolutions que l’on a pu observer sont le fait des peuples des pays
concernés et d’eux seuls.
Adam Michnik
Né en 1946, historien polonais d’origine juive, journaliste,
essayiste.
Cofondateur avec Jacek Kuroń du Comité de défense des
ouvriers (KOR) en 1976.
Entre 1977 et 1989, rédacteur des publications clandestines,
Biuletyn Informacyjny, Zapis, Krytyka et membre de la plus grande
maison d'édition clandestine en Pologne, NOWa. À partir de 1980,
conseiller du syndicat Solidarnośc.
Emprisonné pendant 6 ans du fait de ses activités d'opposant au
régime communiste.
Directeur de publication de la Gazeta Wyborcza, le plus
important quotidien national de Pologne.
Définit ainsi la non-violence : « un soupçon de dignité, un
soupçon de liberté, un soupçon de fraternité et une gorgée quotidienne
de vérité. »
Louis Campana
Français né en 1946 en Italie, Compagnon de l’Arche de 1970 à
1978, membre de la ‘Communauté de la Théophanie’ jusqu’en 1990,
agent commercial jusqu’en 2000.
En 2001, crée l’association Shanti pour promouvoir la non-
violence à travers des films vidéo.
En 2006, crée l’association française ‘Gandhi International’ pour
montrer l’actualité des intuitions de Gandhi face aux défis du 3ème
millénaire et participer à la mobilisation internationale de 2012 en
soutien au mouvement indien Ekta Parishad.
En 2007, crée l’association Shanti Orissa qui vise l’autonomie de
populations tribales d’Orissa.
« Pour se transformer en action, l’indignation face au règne de
l’argent et de la guerre économique doit viser aux sources mêmes de la
violence, l’égoïsme et l’avidité. Être repu bouche le cœur et mène à la
mort spirituelle. »
Jeff Halper
Né en 1946, anthropologue juif états-unien, auteur,
conférencier et militant politique, installé en Israël en 1973.
Cofondateur et coordinateur du Israeli Committee Against
House Demolitions (ICAHD), pour résister à la politique israélienne
de démolition systématique de maisons palestiniennes dans les
territoires occupés.
Les militants font de l’obstruction devant les bulldozers et
récoltent de l’argent pour reconstruire au même endroit les maison
démolies.
« Sur 28 000 maisons détruites depuis 1997 à Jérusalem-
Est et dans la vallée du Jourdain, il y en a peut-être 600 seulement
qui ont été détruites pour des raisons de sécurité. (…)
La situation empire, mais nous avons fait de la Palestine
une question qui concerne le monde entier. Je crois à la possibilité
d’un État binational.»
Jerzy Popieluszko
(1947-1984), prêtre polonais, nommé en août 1980 aumônier des
aciéries Huta Warzava à Varsovie.
À partir de mars 1982, 3 mois après le coup d’État du général
Jaruselski, défie l’état de guerre en célébrant chaque dernier dimanche
du mois une "messe pour la patrie" devant des milliers de personnes :
fustige les mensonges de la propagande officielle, dénonce les
emprisonnements politiques.
Gardé à vie et inculpé en décembre 1983.
En juin 1984, comme les dirigeants clandestins de Solidarnosc,
prône l’abstention aux élections municipales.
Enlevé le 19 octobre 1984 par 3 officiers des services de sécurité,
frappé à mort et jeté dans la Vistule.
Plus de 500 000 personnes assistent à ses obsèques.
« L’idée qui a besoin d’armes pour se maintenir est condamnée à
disparaître.»
Brian Martin
Né en 1947, sociologue australien. Doctorat en physique
théorique à l'Université de Sydney, en 1976, militant des ‘Amis de la
Terre’. Professeur de sciences sociales à la School of Humanities and
Social Inquiry de l'Université de Wollongong (Australie). Auteur de 18
livres et de centaines d'articles sur la non-violence, le droit, la résistance,
la dissidence, les stratégies contre l'injustice, l'éducation, l’information, la
censure et l’autocensure, les controverses scientifiques.
Présente, à travers de nombreuses études de cas détaillées
(violences policières, invasion de l'Irak en 2003, surveillance de Ralph
Nader en 1965), la dynamique du retour de flamme : les agressions et
attaques peuvent se retourner contre les agresseurs.
« Si les idées soulevées par les dissidents correspondent à des
normes largement répandues, telles que l’honnêteté, l’équité, la
transparence ou la protection de l’environnement, un changement
majeur est possible. Un simple acte de dissidence représente donc
potentiellement un défi majeur pour les élites organisationnelles : leur
pouvoir et leur monopole sur les idées sont menacés. Cela explique leur
hostilité envers la dissidence. »
Coauteur avec Jørgen Johansen d’un livre sur la défense civile
non-violente.
Geneviève Bouchez-Wilson
Née en 1947, formatrice française. Licence en droit, maîtrise en
anthropologie. Direction d'établissements culturel et socioculturel
pendant 15 ans. Formatrice certifiée par le CNVC en communication
non-violente selon Marshall Rosenberg, en sociocratie (modèle de
management qui favorise la coopération). Gestalt thérapeute,
consultante en management. Co-fondatrice, avec Annie Gosselin, de
‘l'École des médiateurs’ formés à la communication non-violente, vice-
présidente de ‘l’Association pour la communication non-violente’
(ACNV).
« Le conflit peut créer du nouveau. Le fuir, c’est laisser la
situation en l’état. La démarche OBSD (Observation de la situation,
perception et expression de Besoins, perception des Sentiments,
expression d’une Demande) est un outil puissant de transformation
personnelle et sociétale, de construction de la paix en nous-mêmes,
entre les personnes et dans les systèmes sociaux. »
« Au chacal (jugements, préjugés) et à la girafe (interprétation
des messages, perception des émotions de l’autre) de Marshall
Rosenberg, nous ajoutons la tortue : prendre le temps de répondre. »
« Même si le passé est lourd, s’occuper de l’ici et maintenant
permet de la dépasser et de le nettoyer. »
Richard Pétris
Français né en 1947, ‘Sciences po’, coopérant civil au ViêtNam,
cadre à la BNP, engagé pour les réfugiés.
Crée en 1998 à Grenoble ‘l’École de la paix’ avec la conviction que
la paix ne se définit pas seulement par l’absence de guerre, mais qu’elle
se construit progressivement et nécessite des compétences spécifiques.
L’École a 3 grands pôles :
- Éducation : création d’ouvrages et d’outils pédagogiques,
expositions itinérantes, formation d’enseignants, intervention dans les
établissements.
- Médiation internationale: actions de solidarité et coopérations
pour la construction de la paix.
- Recherche: connaissance des
mécanismes de la guerre et de
. la paix ; analyses et publications.
Carlos Filipe Ximenes Belo,
José Ramos-Horta, Xanana Gusmão
C.F.X. Belo, né en 1948, évêque catholique de Dili, capitale du
Timor Oriental. Porte-parole de la population opprimée, à défaut de
responsable politique sur place. Photo du haut
J. Ramos-Horta, né en 1949, 2ème président de la République
démocratique du Timor Oriental de 2007 à 2012. Photo du centre
Lauréats du prix Nobel de la paix de 1996 pour leur action lors de
la recherche d’une solution pacifique et équitable du conflit au Timor
Oriental.
Ramos-Horta a regretté que ce prix n’ait été attribué plutôt à
Xanana Gusmão (né en 1946, photo du bas), le leader de la résistance
timoraise emprisonné depuis 1992 (et jusqu’en 1999) par le pouvoir
indonésien, 1er président du Timor Oriental devenu indépendant en
2002.
Eshan Ullah Khan
né en 1947, militant non-violent pakistanais contre l’esclavage.
Étudie le journalisme à l'université du Pendjab à Lahore. Étudiant, orga-
nise les ouvriers dans des fours à briques afin qu'ils se rebellent contre
l'esclavage. En 1967, fonde Bhatta Mazdor Mahaz -BMM (ou Brick-
workers Front) qui organise des actions et des manifestations contre le
système de travail en servitude, et fournit une aide juridique. Emprisonné
à 12 reprises en raison de ses activités en faveur des droits de l'homme
et de la liberté de la presse, torturé à l'électricité, à l'eau
En 1987, mobilise des travailleurs et présente leur cause devant la
Cour suprême de justice. En 1988, une loi déclare illégal le peshgi, sys-
tème de servitude pour dettes. Président du Bonded Labour Liberation
Front - BLLF) (Front de libération contre le travail forcé) au Pakistan.
Après le meurtre du jeune Iqbal Masiha, pleure la mort du garçon
avec la communauté chrétienne et embrasse son corps, ce que les
fondamentalistes considèrent comme une hérésie. En exil en Europe
depuis avril 1995, Fonde BLLF Global en 1996 pour lutter contre
l'esclavage, notamment celui des enfants, dans le monde entier. Lutte
contre le système de castes en Asie.
« Le chemin de la libération consiste pour la victime à se lever et
exercer sa propre puissance. »
Jose Luis (Pepe) Beunza
Né en 1948, Espagnol Castillan, ingénieur agricole, appelé
familièrement Pepe.
En janvier 1971, sous le régime de Franco, réclame un régime légal
pour les objecteurs de conscience au service militaire. S’installe dans un
quartier ouvrier de la banlieue de Valence pour se consacrer à l’aide et à la
promotion de ses habitants les plus défavorisés, comme exemple de l’un
des travaux que pourraient effectuer les objecteurs.
Deux procès, 2 ans en prison et 15 mois de bataillon disciplinaire
dans le Sahara entre 1971 et 1974. Très soutenu notamment par l’Arche,
Marie Laffranque, Jean van Lierde.
Le premier de près d’un million d’objecteurs et d’insoumis espagnols
à se lever contre le service militaire jusqu’à l’abolition de la conscription
obligatoire en mai 2002, date où il reçoit un hommage du Parlement
espagnol par tous les groupes politiques réunis.
« Pour changer la société et atteindre la justice, la non-violence est
l’arme la plus puissante. La violence a connu un échec continuel pour
construire la justice. »
Rajagopal P.V.
Rajagopal Puthan Veetil, né en 1948, militant gandhien et altermon-
dialiste indien, originaire du Kérala. N'utilise publiquement que son
prénom (Rajagopal) et pas son nom (P.V.) en raison de son refus des
castes. Danseur de kathakali, puis ingénieur agricole.
Dans le train Gandhi Express, qui circule durant un an en Inde à
l'occasion du centenaire de la naissance de Gandhi en 1969, est
interpellé par de nombreux jeunes et se sent poussé à s'engager dans les
luttes non-violentes.
De 1970 à 1978, avec son maître Subba Rao, obtient la reddition
volontaire de nombreux bandits du Madhya Pradesh, les dacoïts, souvent
des paysans ruinés : ils déposent leurs armes devant le portrait de
Gandhi.
Organise leur soutien par leurs familles pendant leur séjour en
prison. ../..
Photos : Rajagopal et son épouse Jill Carr Harris, d’origine canadienne, animatrice
du Global Movement, mouvement international non-violent pour la réforme agraire
Rajagopal P.V.
Dès 1980, forme de nombreux jeunes dans les villages à combattre
l’exploitation et la pauvreté de façon non-violente en aidant d’abord
chacun à prendre confiance en soi.
Nommé en 1985 par la Cour suprême pour enquêter sur le
problème des travailleurs asservis. Œuvre ainsi à la réhabilitation de
milliers de personnes travaillant dans les carrières de pierres, sur les
chantiers de barrages, etc..
Fonde plusieurs institutions et organisations, puis, en 199I, une
structure de coordination, Ekta Parishad ("forum de l’unité").
Ce mouvement mobilise les exclus (petits paysans,
paysans sans terre, tribaux, Intouchables) dans la lutte pour
l’accès à la terre et contre l’accaparement des ressources
naturelles (terre, eau, semences, forêts).
../..
Rajagopal P.V.
En octobre 2007, la marche JanaDesh ("le verdict du peuple")
rassemble 25 000 exclus de Gwalior à Delhi. Des lois sont votées, mais
leur mise en œuvre est très laborieuse ou presque inexistante.
Pendant une année à partir d’octobre 2011, Rajagopal fait un
périple de mobilisation à travers l’inde. Une importante mobilisation
internationale se met en place.
Le 3 octobre 2012, la marche JanSatyagraha ("la force de vérité
du peuple") rassemble plus de 45 000 personnes. Le 11 octobre, un
accord est signé entre Ekta Parishad et le gouvernement.
- La marche JanaDesh en octobre 2007
- L’accord signé le 11 octobre 2012 avec Jairam Ramesh, ministre du Développement rural
- La "marche Le Croisic-Paris pour le refus de la misère et pour la souveraineté alimentaire"
organisée du 21 septembre au 17 octobre 2012 par l’association française Gandhi International
en soutien à la marche JanSatyagraha
Rajagopal P.V
La marche Jaï Jagat ("Victoire pour le monde") prévue de
Delhi à Genève entre oct. 2019 et octobre 2020, adressée à tous les
exclus de la mondialisation et celles et ceux pour qui un autre
monde est possible, s’est arrêtée en Arménie en mars 2020 en
raison de la pandémie Covid 19.
Ses 7 objectifs étaient :
- Promouvoir les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda
2030 des Nations Unies
- Aider les Nations Unies à mettre en oeuvre concrètement sur le terrain ces
ODD en faisant participer les populations locales directement concernées
- Promouvoir la justice climatique en faveur des populations démunies
premières victimes des changements climatiques
- Participer à la construction d’un mouvement international pour un nouvel
ordre mondial plus juste, plus équitable et non-violent,
- Promouvoir la non-violence dans les sphères économique, politique,
éducative et culturelle,
- Faire émerger une nouvelle génération de décideurs et de leaders de la paix,
- Promouvoir une autre politique européenne vis-à-vis des migrants avec
l’objectif "zéro mort" aux frontières de l’espace Schengen.
Rajagopal P.V.
« Nous n’avons pas envie d’aller en prison ou d’être frappés, mais
tant que nous n’accepterons pas de sacrifier un peu de notre confort,
de nos ressources ou de notre temps, nul changement ne viendra.
(…) Nous avons la responsabilité d’agir aujourd’hui, sinon les
générations futures ne nous le pardonneront pas. »
Bhopal, 03.02.2010
« Gandhi préconisait la simplicité volontaire, le refus de l’accumula-
tion. Il préconisait non pas la production de masse, mais la
production par les masses, c’est-à-dire le travail manuel par le plus
grand nombre. Il demandait que les décisions soient prises d’abord
en fonction de leur impact sur les plus pauvres de la société. Toutes
ces idées sont à prendre en compte pour créer une économie non-
violente, une société non-violente. » Arvillard, 10.09.2011
Photos : Avec Vandana Shiva
Avec Pierre Rabhi
Christa Blanke
Allemande née en 1948. Survit après la guerre grâce aux colis
alimentaires distribués par Care USA aux anciens ennemis de la 2ème
guerre mondiale. Pasteure luthérienne.
En 1986, célèbre un service religieux contre l’expérimentation
animale devant les laboratoires pharmaceutiques de ‘Hoechst AG’, collecte
30 000 signatures contre la consommation d’œufs provenant de fermes
industrielles dans les institutions d’Église.
En 1988, célèbre son premier service religieux en direct avec des
animaux sur la chaîne de télévision Züd Deutsche Rundfunk.
Avec son mari Michaël, fonde en 1989 Aktion Kirche und Tiere
("Action Église et animaux") et en 1998 Animals’ Angels ("les anges des
animaux") contre les transport des animaux vivants.
« Il y a 200 ans, l’Église est restée silencieuse sur le commerce des
esclaves car ce n’étaient que des Noirs. Il y a 80 ans, elle est restée
silencieuse sur l’antisémitisme car ce n’étaient que des Juifs. Aujourd’hui,
l’Eglise reste silencieuse sur la maltraitance envers les animaux car ce ne
sont que des animaux. »
Dominique Boisvert
Né en 1948, avocat, écrivain et conférencier québécois.
Coopérant volontaire pour le SUCO en Côte d’Ivoire, militant des droits
humains et de la solidarité internationale, puis journaliste à la revue
mensuelle Relations. Vice-président de ‘Conscience Canada’, organisme
voué à la promotion de l’objection de conscience fiscale (refus de payer
la partie militaire de ses impôts). Cofondateur du ‘Réseau québécois
pour la simplicité volontaire’, élu en 2017 maire de Scotstown, un village
de 500 habitants,
Dans son ouvrage Nonviolence - Une arme urgente et efficace,
défend la non-violence comme le mode d'action le plus efficace. Écrit
‘nonviolence’ pour mettre en valeur le sens beaucoup plus riche du terme
que la simple abstention de la violence.
« La violence ne peut jamais conduire, à moyen ou à long terme,
au résultat politique recherché ; car elle porte, en elle-même, le germe
de ce qui va rapidement pervertir même une éventuelle victoire à court
terme. (…) Le choix de la nonviolence n’est pas d’abord un choix basé
sur la supériorité morale des moyens utilisés, mais un choix basé sur la
supériorité stratégique des moyens non-violents. »
Hervé Ott
Français, né en 1949, maîtrise de théologie protestante.
Objecteur de conscience, occupe illégalement en octobre
1975, avec 4 autres objecteurs, la ferme du Cun (acquise par l'État
dans le cadre de l'agrandissement du camp militaire du Larzac) pour
créer un centre de recherches et de formation sur la résistance non-
violente.
Expulsée, l'équipe du Cun construit et anime de 1977 à 2001
un nouveau centre d'accueil et de formation équipé en énergies
renouvelables : stages, rencontres internationales, démarche
communautaire font de ce lieu un laboratoire grandeur nature.
Effectue de nombreuses interventions de formation dans des
pays en crise (Pacifique-sud, Afrique noire et Afrique du nord,
Proche-Orient, et… région parisienne) auprès de mouvements de
libération, de défense des droits des humains, de résistance à la
guerre civile, de travailleurs sociaux. ../..
Hervé Ott
En 2001, crée l'Institut Européen Conflits Cultures Coopérations
(IECCC) et développe une "Approche et Transformation Constructives
des Conflits" (ATCC).
Intervient en formation et en accompagnement dans le public et
dans le privé, auprès d'institutions et d'individus. Co-anime des
formations de formateurs et publie des Cahiers de sensibilisation à la
dynamique et transformation des conflits.
Les Cahiers de l'IECCC
Médiations, démarches citoyennes. Le courage civil. S'entraîner à
l'intervention publique dans violence. Les conflits, toujours violents ?
Pour une culture de paix. Le mimétisme. De la non-violence à l'Approche
et transformation constructives des conflits. Leaders sociaux. Conduite
de projets multi-acteurs et transformation des conflits. Pistes pour
transformer le sentiment d'impuissance et la violence dans les conflits.
Rami Elhanan et Ghazi Briegeith
R. E. : Né en 1949, Israélien, graphiste à Jérusalem.
En 1997, sa fille Smadar meurt dans un attentat-suicide
causé par un kamikaze palestinien. Prend conscience avec sa
femme que cet attentat est le résultat de l’occupation, décide de
pardonner et adhère à l’association israélo-palestinienne de
familles endeuillées Parents Circle.
En septembre 2010, fait partie de l’équipage du catamaran
Irene qui dénonce le blocus maritime de Gaza. (photo ci-contre)
G. B. : électricien palestinien vivant à Hébron. Son frère
est tué en 2000 par une jeune soldat israélien à un poste de
contrôle. Adhère à Parents Circle. « Il n’est pas besoin de
s'aimer pour construire un pont entre les deux nations : il
est besoin de respect », dit-il.
Les deux font aussi partie de l’association Forgiveness Project.
Pierre Rosenzweig
(1949-2021), militant non-violent français engagé dans la lutte pour
la paix, le respect des droits humains et la préservation de l’environne-
ment. Professeur d’histoire au lycée professionnel de Sélestat.
Très investi aux côtés d’ICAN pour l’abolition de l’arme atomique et
la signature par la France du Traité d’interdiction des armes nucléaires
(TIAN), participe durant des années aux jeûnes du 6 au 9 août. Participe
aussi à la défense des migrants près de l’Assemblée nationale, à l’action
contre l’autoroute du ‘Grand Contournement Ouest’ (GCO) de Strasbourg
(photo ci-dessus), pour l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Membre des conseils d’administration de l’association ‘Stop
Fessenheim’, du ‘Réseau Sortir du Nucléaire’, de ‘Construire et alerter
par la non-violence active’ (CANVA de l’Arche de Lanza del Vasto) et du
‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’ (MAN).
« Simple et engagée fut sa vie,
laborieuses furent ses mains,
généreux fut son cœur. » (Ses parents et amis)
Patricia Patfoort
dite Pat, anthropologue belge née en 1949, a vécu 8 ans en Afrique.
Conférencière, formatrice et médiatrice. Cofondatrice et présidente de
l’association ‘De Vuurbloem’ (‘La fleur de feu’), centre de prévention,
gestion non-violente et transformation des conflits créé à Bruges en 1991
avec Josiane Burrick.
Active dans l’éducation à la non-violence en Flandre (enseignants
et éducateurs, adolescents, familles, prisonniers, policiers, religieux, etc.).
Anime des formations dans des situations de conflits inter-ethniques
(Kosovo, Caucase, Rwanda, Congo-Zaïre, Sénégal).
Conceptrice du modèle ‘Majeur-mineur-Equivalence (MmE)’. Il
permet aux personnes de mieux situer ce qu’est la violence, de voir tout
ce qui est contenu dans la violence, et donc comment elles y contribuent
aussi elles-mêmes, de déduire clairement à quoi ressemble l’alternative
non-violente et il offre un schéma de processus de résolution les conflits.
En permettant de clarifier les liens qui existent entre ce qui se passe au
niveau personnel et au niveau de la société, ces schémas contribuent se
sentir moins impuissant(e)s face aux évènements mondiaux, et à être
plus motivé à opérer des changements dans ses propres attitudes,
comportements et actions. ../.
Pat Patfoort
Auteure de Une introduction à la nonviolence. Présentation
d’un schéma de raisonnement (1984), de Se défendre sans
attaquer. La puissance de la nonviolence (2004) et de Le petit
arbre apeuré (2019).
« Si les êtres humains font régulièrement du mal les uns
aux autres, ce n’est pas parce qu’ils sont mauvais, mais parce
qu’ils ne savent pas comment se défendre et se protéger d’une
autre façon qu’en attaquant, en agressant.
Il est possible de ne pas nous laisser faire, d’agir, mais sans
agresser à notre tour. Il n’y a pas que le choix entre être dur et être
faible, mais aussi celui d’être fort. Cependant, pour mettre cela en
pratique, il faut d’abord être conscient que cette voie existe, et
surtout apprendre comment la rendre concrète. Plus nombreux
nous serons à nous engager sur cette voie, moins de violence, de
souffrances et de tragédies il y aura dans le monde, et plus de
bien-être, de bonheur et d’énergie constructive. »
Marie-Pierre Bovy
Française née en 1949, pianiste de formation, chanteuse, maître
de chœur.
Membre pendant 25 ans des communautés de l’Arche de Lanza
del Vasto avec son mari Pierrot Bovy, sculpteur sur bois, mort d’un
cancer.
À l’origine de la création de la ‘Coordination de l’action non-
violente de l’Arche’ (CANVA), qu’elle anime de 1986 à 1992, et de ‘Stop
Essais’, qu’elle anime de 1990 à 2000.
Présidente du ‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR
France) de 1986 à 1992 et de l’International Fellowship of Réconciliation
(IFOR) de 1992 à 1996. Organisatrice d’un colloque sur Gandhi à
Montpellier en janvier 1998.
Aujourd’hui accompagnatrice en développement personnel
(méthode de libération des cuirasses).
« La non-violence gandhienne, grâce à tous ceux qui l'ont portée,
défendue et qui ont accepté d'en payer le prix parfois jusqu'à la mort,
s'est révélée être un instrument universel d'émancipation et de libération
au service de tous les opprimés.»
Étienne Godinot
Né en 1949, juriste de formation, parcours professionnel dans
la gestion des ressources humaines, la formation et la conduite de
projets.
Membre co-fondateur du ‘Mouvement pour une Alternative
Non-violente’ (MAN) depuis 1974 et de l’’Institut de recherche sur la
Résolution Non-violente des Conflits’ (IRNC) depuis 1985.
« Face à trois défis majeurs de l’humanité aujourd’hui - le défi
écologique, celui de la misère et du mal-développement, celui de la
défense et des conflits armés - la non-violence apporte des
réponses dont la mise en œuvre s’avère de plus en plus urgente.
Dans la longue marche de la caravane humaine, la non-
violence, en tant que manière d'être avec son prochain et avec la
nature, en tant que sagesse de vie et de pensée, mais aussi en tant
que philosophie politique et stratégie collective d'action contre
l'injustice, est une condition évidente, indispensable et urgente de
l'humanisation du monde. »
Charles Patterson
Né en 1949 ?, historien états-unien, thérapeute, éditeur,
professeur d’histoire à la Columbia University de New York. Travaille
sur les droits civiques aux États-Unis et sur la destruction de la
population juive d'Europe par les nazis.
Son livre Un éternel Treblinka traite des rapports de domination
que les humains entretiennent avec les animaux.
Dénonce la façon dont l’homme s’est arrogé le droit
d’exterminer ou de réduire à l’esclavage les autres espèces.
Affirme que l’oppression des animaux sert de modèle à toutes
forme d’oppression, et que la bestialisation de l’opprimé est une étape
obligée sur le chemin de son anéantissement.
« L’organisation du travail dans les abattoirs de Chicago a
inspiré Henry Ford, admiré par Hitler. Ce modèle se retrouve dans les
camps d’extermination nazis où tout était mis en œuvre pour
tétaniser les victimes, leur faire perdre leurs repères et découper le
meurtre en tâches simples et répétitives pour banaliser le geste des
assassins. » ■
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Histoire et figures de la non-violence. — 06. De 1939 à 1949

  • 1. Trombinoscope historique de la non-violence 6 - de 1939 à 1949 Étienne Godinot - 12.03.2023
  • 2. Jean-François Lecocq Né en 19.., formateur, militant et médiateur belge. Formation et expé- rience d’architecte, service civil d‘objecteur de conscience, se forme à diverses approches thérapeutiques et de développement personnel, à l‘action directe non-violente et à la gestion non-violente des conflits, notamment avec Harcourt Klinefelter (né en 1938), formateur dans les campagnes pour les droits civiques aux États-Unis. De 1976 à 1994, à ‘l'Université de Paix’, coordonne les formations pour les jeunes objecteurs de conscience en service civil. En 1978, à l’issue de la formation de formateur suivie avec Jacques Lalanne (Québec), devient formateur en ‘communication efficace’, méthode de Thomas Gordon (1918- 2002). Après une rencontre en Suisse avec Marshall Rosenberg (1934- 2015), introduit en 1993 la communication non-violente (CNV) en Belgique avec l'aide de ‘l'Université de Paix’. S’intéresse au développement d'une approche spirituelle universelle dans l'apprentissage de la communication non-violente. « Il nous faut traquer ce qui se passe derrière l’évidence apparente de nos besoins pour percevoir à quelle partie de nous-même ils répondent. S’agit-il des besoins du ventre ou de ceux du cœur, des besoins de la tête ou ceux de l’âme ou de l’esprit ? »
  • 3. Leonid Pliouchtch Né en 1939, mathématicien ukrainien. Participe activement au mouvement de défense des droits de l’homme en Union Soviétique. Auteur et maillon fort du réseau clandestin de diffusion d'ouvrages interdits, le samizdat. À partir de 1969, devient membre du Groupe d'initiative de défense des droits de l'Homme en URSS. Arrêté en 1972 sous l'accusation d'agitation et de propagande anti-soviétiques, condamné à être interné dans l'hôpital psychiatrique spécial de Dniepropetrovsk. Libéré en janvier 1976, grâce à l'action internationale conjointe des Comités de mathématiciens, de psychiatres, de syndicats, d'Amnesty International et de la diaspora ukrainienne, émigre avec sa famille en France, dont il obtient la nationalité. ../..
  • 4. Leonid Pliouchtch « C'est notre conscience qui nous lie entre nous. C'est elle qui, se développant ou se pervertissant, nous permettra de gagner ou de perdre. L'enjeu est au prix de la lucidité. Et cette lucidité ne s'affirmera que dans la réciprocité . » « La menace commune c'est le totalitarisme : il ne faut pas se contenter de le combattre là où il sévit, il faut aussi le prévenir là où il risque de naître. N'est-ce pas un combat à mener en commun ? » « Tous les canards sauvages, d'où qu'ils viennent et où qu'ils aillent, n'ont d'autre solution que de voler contre le vent. C'est pourquoi Boukovski et moi volons ensemble contre le vent. »
  • 5. David Adams Né en 1939, militant pour la paix états-unien, docteur en psy- chologie, universitaire, écrivain et journaliste. Professeur à la Wesleyan University où il dirige un laboratoire de recherche sur le cerveau et publie de nombreux articles scientifiques. Collabore avec la ‘Société internationale de recherche sur l'agression’, lance un processus menant à la ‘Déclaration de Séville sur la violence’, qui montre scientifiquement que la guerre n‘est pas déterminée biologiquement et, pour citer Margaret Mead , "la même espèce qui a inventé la guerre est capable d'inventer la paix". De 1992 à 2001, collabore avec l’UNESCO en tant que conseiller, professionnel et directeur de la culture de la paix, en vue de l’ ‘Année internationale de la culture de la paix’, pour laquelle il préside le groupe de travail. Après sa retraite de l'UNESCO, coordonne les rapports à mi- parcours et final de la société civile sur la ‘Décennie internationale de la promotion d'une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde’ (2001-2010). Coordonne le réseau d'information sur la culture de la paix et rédige des ouvrages sur la culture de la guerre et la culture de la paix.
  • 6. Elias Chacour Né en 1939. Arabe palestinien, citoyen d’Israël, archevêque de St Jean d’Acre, Haïfa, Nazareth et Galilée de l’Église catholique grecque-melkite. Originaire du village de Biram, dont il est chassé à l’âge de 8 ans quand la maison de ses parents est détruite par l’armée israélienne d’occupation. Fondateur et animateur de l’Université Mar Elias, près d’Haïfa, premier établissement universitaire arabe à l’intérieur d’Israël, qui accueille plus de 2 000 étudiants juifs, musulmans, druzes ou chrétiens. ../..
  • 7. Elias Chacour Organise de nombreuses marches et actions pour la paix, notamment après les massacres de Sabra et Chatila, donne des conférences sur tous les continents sur le conditions de la paix au Moyen-Orient. Militant infatigable de la paix et de la réconciliation israélo- palestinienne, proclame, comme le faisait sa mère, que Juifs et Palestiniens sont "frères de sang". « Israël répond à la bestialité du terrorisme, lequel ne représente qu’une infime minorité du peuple de Palestine, par le châtiment collectif. Gaza est bouclée, le Cisjordanie aussi. L’école, l’hôpital, le travail, la liberté d’aller et de venir, voilà l’antidote radical contre l’extrémisme. La paix sans justice n’est qu’un slogan creux. » Le "mur de la honte" autour de la Cisjordanie
  • 8. Claudette Colvin Née en 1939, Noire états-unienne d'Alabama, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Le 2 mars 1955, à l'âge de 15 ans, refuse de céder sa place à un homme blanc dans un autobus de Montgomery, en violation des lois locales qui imposaient la ségrégation raciale dans les transports publics. Giflée et expulsée sans ménagement du bus par deux policiers qui la mettent en état d'arrestation. Proteste en déclarant que ses droits constitutionnels ont été violés. Mise en prison et accusée, en plus, d'avoir proféré des insultes, ce qu'elle nie. Peu après son arrestation, la jeune fille tombe enceinte d'un homme marié plus âgé qu'elle. Les leaders noirs locaux présument que cette transgression morale ne scandaliserait pas seulement la très religieuse communauté noire, mais qu'elle rendrait aussi Claudette suspecte aux yeux des sympathisants blancs. En particulier, ils redoutent que la presse blanche n'utilise la grossesse illégitime de Claudette Colvin pour saper son statut de victime et discréditer ainsi tout boycott consécutif des bus. Son arrestation précède de neuf mois celle de l'activiste des droit civiques Rosa Parks, qui eut lieu le 1er décembre 1955.
  • 9. John Robert Lewis • (1940-2020), pasteur baptiste, militant non-violent et homme politique états-unien. S'engage dans le mouvement des droits civiques. En 1961, membre du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC). Premier objecteur de conscience noir en Alabama, gandhien convaincu. Premier des Freedom Riders*. Co-organise la Marche sur Washington du 28 août 1963 où Martin Luther King tient son discours historique "I have a dream" et prend lui- même la parole à 23 ans devant 250 000 personnes. Plusieurs fois emprisonné. En 1965, organisateur principal des marches de Selma à Montgomery pour demander l'application du Civil Rights Act de 1964. Membre de la branche états- unienne de l’International Felowship of Reconciliation (IFOR ou ‘Mouvement International de la Réconciliation’ - MIR) En 1971, devient le 3ème président du Voter Education Project (VEP), organisation créée pour gérer des programmes d'éducation des électeurs afro- américains et des campagnes d'inscription sur les listes électorales. * "Voyageurs de la liberté" : militants non-violents qui prennent des bus inter-États en groupes formés de Blancs et d’Afro-Américains afin de vérifier l’application d’un arrêt de la Cour suprême qui a rendu illégale la ségrégation dans les transports. Élu membre de la Chambre des Représentants en 1986, y défend le droit de vote et l’égalité des Noirs américains jusqu’à sa mort. En 2016, participe à un sit-in pour protester contre l'inaction du gouver- nement fédéral quant au contrôle de la vente des armes. ../..
  • 10. John Robert Lewis « Je suis fier d’avoir eu John Lewis comme ami. Je l’ai rencontré quand je faisais mes études de droit. (…) Je l’ai ensuite revu quand j’ai été élu au Sénat des États-Unis. Et je lui ai dit : "John, je suis ici grâce à vous." (…) John Lewis avait une idée en tête, dont il ne pouvait pas se défaire, qui s’était emparée de lui : celle que la résistance non-violente et la désobéis- sance civile étaient les moyens de changer les lois, mais aussi de changer les cœurs et les esprits, de changer les nations et de changer le monde. » Barak Obama aux obsèques de J. Lewis Acteur de la réconciliation, opposant à la guerre du Golfe. Dédie son testament spirituel aux jeunes du mouvement Black Lives Matter, mouvement non-violent qui dénonce les violences policières contre la minorité afro-américaine, particulièrement à la suite de la mort de George Floyd*. *George Floyd, né en 1973, Noir états-unien, est mort d’étouffement le 25 mai 2020 car un policier blanc l’a maintenu en plaquage ventral avec son genou sur sa nuque pendant plus de 8 minutes malgré son appel répété 20 fois ‘I can't breathe’ (‘je ne peux pas respirer’). Les images de son arrestation et la nouvelle de sa mort provoquent une vague de protestations aux États-Unis et dans d'autres pays.
  • 11. Stanley Hauerwas Né en1940, théologien méthodiste et professeur de droit états-unien, spécialiste des questions d'éthique. Docteur en philosophie de l'Université Yale, enseigne à la Duke Divinity School et à la faculté de droit de la Duke University, auteur d’une trentaine d’ouvrages. Célèbre pour son pacifis- me radical, été qualifié en 2001 par The Time de « meilleur théologien des États-Unis ». Refusant de séparer l’éthique et la foi, entend montrer qu’elles sont les deux faces d’une même pièce de monnaie. Son ouvrage The Peace- able Kingdom : a Primer in Christian Ethics (Le Royaume de paix. Une initiation à l’éthique chrétienne -1983) place la non-violence comme caractéristique majeure de l’agir chrétien. Propose une spiritualité de la paix qui ne peut en aucun cas se réaliser au moyen de la violence. Refuse de normaliser la violence par la légitime défense et la théorie de la guerre juste. A une anthropologie pessimiste et vision impérialiste de la mission chrétienne, oubliant que ‘Dieu’ agit par d’autres voies que les Églises chrétiennes et que d’autres, qui sont loin d’elles, peuvent conduire les humains à la vérité et à la paix.
  • 12. Miguel Angel Estrella Né en 1940. Pianiste classique argentin de renommée internationale. Kidnappé en décembre 1977 par la junte militaire en raison de son engagement social, torturé durant un mois et emprisonné plus de deux ans en Uruguay. Durant sa détention, continue à jouer du piano dans sa cellule avec un clavier virtuel muet. Libéré en février 1980 suite aux pressions internationales. Avec l’aide de Yves Haguenauer, Simone Signoret, Danielle Mitterrand, etc., fonde en 1982 Musica Esperanza pour « mettre la musique au service de la communauté humaine et de la dignité de chaque personne ». ../..
  • 13. Miguel Angel Estrella Cette association soutient les organisations de défense des droits humains en Afrique du Sud durant l’apartheid, Solidarnosc en Pologne, les Folles de la place de mai en Argentine, et porte aujourd’hui des projets d’alphabétisation et de formation. L’ESMA, École de Mécanique de la Marine, de torture de la dictature argentine, accueille désormais un musée des droits humains et une école de musique populaire dirigée par Mariano Berroeta, fils d’un disparu torturé dans ces locaux. « Je n’ai pas de haine envers ceux qui m’ont torturé. » « Je n’ai pas peur de la mort. L’examen de conscience quotidien, voir ce que j’ai bien fait et où je me suis trompé, demander l’avis de mon entourage vivant et de mes morts les plus chers, me fait sentir toujours qu’il y aura des retrouvailles. » L’Escuela Superior de Mecanica de la Armada à Buenos-Aires où ont "disparu" 5 000 personnes
  • 14. Adam Roberts Né en 1940, chercheur et universitaire anglais. Rédacteur en chef adjoint, Peace News , à Londres en 1962. Président de la British Academy, professeur émérite de politique et relations internationales à l’université d’Oxford. Membre honoraire de la London School of Economics & Political Science. S'intéresse à la résistance civile, au droit international, aux Nations Unies, aux études stratégiques et à l'histoire (Hugo Grotius). Coordonne et publie dès 1963 des ouvrages sur la résistance civile non-violente comme alternative à la défense militaire. Auteur de livres sur la résistance civile de Gandhi à nos jours, notamment en Iran, en Afrique du Sud, en Europe de l’Est pendant la période communiste. Relativement éloigné de ses analyses initiales, estime possible de faire cohabiter la résistance civile non-violente et défense populaire armée, et la croit surtout possible en cas d’échec de la dissuasion nucléaire.
  • 15. Adam Roberts Auteur de Civil Résistance to Military Coups (Résistance civile aux coups d'État militaires,1975). Montre que les gouvernements, en particulier ceux qui jouissent d'un degré élevé de légitimité, peuvent conjurer cette menace. Auteur de Civil Resistance in the East European and Soviet Revolutions (1999) et de Civil Resistance in the Arab Spring Auteur, avec Timothy Garton Ash, de Civil Resistance and Power Politics (2009)* * Cet ouvrage couvre la plupart des principaux cas, y compris les actions orchestrées par Gandhi, la lutte pour les droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, la révolution islamique en Iran en 1979, la révolte du « People Power" aux Philippines dans les années 1980- 1986, les campagnes contre l'apartheid en Afrique du Sud, les divers mouvements qui ont contribué à l'effondrement du bloc soviétique en 1989-91 et, au cours de ce siècle, les « révo- lutions de couleur » en Géorgie et en Ukraine. Ce livre traite de l'interrelation complexe entre la résistance civile et les autres dimensions du pouvoir. Il explore la question de savoir si la résistance civile doit être considérée comme un remplacement potentiel complet de la violence, ou comme un phénomène qui opère en conjonction avec la politique de pouvoir et la modifie. Il examine des cas où des campagnes ont été réprimées, notamment en Chine en 1989 et en Birmanie en 2007. Il note que dans plusieurs cas, notamment en Irlande du Nord, au Kosovo et en Géorgie, des mouvements de résistance civile ont été suivis du déclenchement d'un conflit armé. Il comprend également un chapitre contenant de nouveaux éléments d'archives russes montrant comment les dirigeants soviétiques ont réagi à la résistance civile.
  • 16. Madonna Thunder Hawk Madonna Gilbert, surnommée Thunder Hawk (‘faucon tonnerre’), née en 1940, militante amérindienne des droits civiques, membre de la tribu oohenumpa sioux-lakota. Née dans une réserve dans le Dakota du Sud, est placée dans un pensionnat pour "enfants autochtones". La réserve dont elle est originaire est inondée pour construire un barrage sur la rivière Missouri. Fondatrice et leader de l’American Indian Movement (AIM), prend part aux grandes occupations du mont Rushmore, de l’île- forteresse d’Alcatraz (19 mois entre nov. 1969 et juin 1971). À Wounded Knee en 1973, l'AIM affronte le FBI et la police pendant 71 jours. Animatrice du Wounded Knee Legal Defence Offence Committee (WKLDOC) en déc. 1975. En 1977, au sein de l’AIM, occupe les Black Hills pour lutter contre leur annexion par le gouvernement états-unien : ce sont des montagnes sacrées pour les Sioux-Lakota. Cofonde We Will Remember Survival School (“École de survie Nous nous souviendrons”) qui propose, pour les enfants autochtones, une éducation alternative proche de leurs valeurs culturelles et traditionnelles. Inspirée par les mouvements féministes, lance également l’organisation Women of All Red Nations, dédiée au respect des femmes autochtones. ../..
  • 17. Madonna Thunder Hawk Au sein de l’AIM, organise en 2016 la lutte contre le Dakota Access Pipeline (DAPL) ou pipeline de Standing Rock qui passe sur des sites sacrés et menace les sources d'eau potable des tribus présentes. Suspendu un temps par l'administration Obama, le projet est relancé et achevé par Donald Trump. Restent ces mois de luttes, entre août 2016 et février 2017, menées par des milliers d'activistes qui se sont surnommés "protecteurs de l'eau". Des vétérans de l’armée protègent les manifestants des intimidations et assauts de la police*. La tribu sioux Standing Rock mène une manifesta- tion de 4 jours à Washington, qui se conclut par la Native Nations March (marche des nations autochtones) le 10 mars 2017 (2ème photo en haut). * notamment Wesley Clark, fils de l'ancien commandant suprême de l'OTAN et candidat à la présidentielle de 2004.
  • 18. Madonna Thunder Hawk et Marcella Gilbert Cofonde l'organisation amérindienne Women of All Red Nations. Organisatrice du Lakota People's Law Project. Sa fille Marcella Gilbert (photo ci-contre) poursuit inlassablement son combat et se mobilise pour la revitalisation culturelle et la souveraineté alimentaire de sa communauté. Pour l’ONG Simply Smiles, elle s’occupe de la gestion de 35 jardins et de programmes éducatifs sur la nutrition et le rapport à la terre dans la réserve de Cheyenne River. Comme le dit un dicton amérindien : « Si vous voulez de belles paroles, invitez les hommes. Mais si vous voulez que les choses soient faites, appelez les femmes. » Le combat de Madonna est raconté dans le documentaire Warrior Women (‘Les femmes combattantes’) (2019) réalisé par Elizabeth Castle et Christina D.King.
  • 19. Ela Gandhi Née le 1er juillet 1940, militante non-violente et femme politique sud- africaine. Petite-fille du Mahatma Gandhi, grandit dans un âshram du township de Phoenix près de Durban (province du Natal). Diplômée en sciences sociales de l'Université d'Afrique du Sud, travailleuse sociale dans le domaine de l'enfance et de la santé durant une vingtaine d'années. Opposée à l'apartheid, milite au sein de diverses organisations régionales, dont le ‘Congrès des femmes du Natal’ et le ‘Congrès indien du Natal’ dont elle devient vice-présidente, ainsi qu'au ‘Front démocratique uni’ (UDF). En 1975, est l'objet d'une ordonnance lui interdisant toute activité politique et d'une assignation à résidence qui dure 9 ans. Durant cette période, travaille néanmoins dans la clandestinité. En tant que responsable de l'UDF, rencontre Nelson Mandela alors que celui-ci est encore en résidence surveillée à Paarl. Fait partie de l'équipe de négociation de l'ANC qui débat au début des années 1990 avec le gouvernement de Klerk et d'autres partis politiques pour rédiger une nouvelle constitution sud-africaine et assurer une transition en douceur entre la fin de l'apartheid et une Afrique du Sud multiraciale. Députée de 1994 à 2004 avant de se consacrer à des œuvres caritatives et religieuses. Photo du bas : avec Graca Machel, 2ème épouse de Nelson Mandela, membre des Global Elders, ONG composée d'anciens dirigeants rassemblés en 2007 par Mandela afin de contribuer à résoudre les problèmes les plus importants de la planète.
  • 20. Ken Saro-Wiwa (1941-1995), militant écologiste nigérian. Porte-parole puis président du Movement for the Survival of the Ogoni People (MOSOP), créé afin de lutter contre les abus et les dégâts écologiques commis les compagnies pétrolières dans le delta du Niger. Le MOSOP organise le 4 janvier 1993 une manifestation pacifique d’environ 300 000 personnes, plus de la moitié de la population Ogoni. ‘Prix Nobel alternatif’ en 1994, quelques mois après son arrestation par le régime de Sani Abacha. Suite à un procès, condamné et pendu le 10 novembre 1995 dans la prison de Port-Harcourt avec 8 autres militants du MOSOP. « L’exploration pétrolière a transformé le pays ogoni en immense terrain vague. Les terres, les rivières et les ruisseaux sont en permanence entièrement pollués ; l’atmosphère est empoisonnée . Le territoire a été dévasté par des pluies acides et des épanchements ou des jaillissements d’hydrocarbures. »
  • 21. Lev Ponomarev Né en 1941, militant politique russe. Docteur ès physique et mathématiques, professeur à Institut de physique et de technologie de Moscou. Engagé dans la défense des droits humains. En 1988, cofon- dateur de Memorial, association russe commémorant les victimes des répressions politiques (dissoute par le régime de Poutine en déc. 2021 et lauréate du prix Nobel de la paix 2022). Directeur exécutif du mouvement russe ‘Pour les droits de l'homme’, député à la Douma (Assemblée Nationale de la Fédération de Russie de 1990 à 1995), membre du conseil politique fédéral du mouvement démocratique uni Solidarnost, opposant de la première heure à Vladimir Poutine. En juin 2022, informé par deux sources de son arrestation immi- nente, se réfugie en Géorgie puis à Paris où il obtient l’asile politique. Appelle à la résistance à la dictature et au régime néo-impérial de Poutine. Demande aux pays occidentaux de conditionner la levée des sanctions au jugement des crimes de guerre commis par le régime de Poutine, au paiement par l’État russe de réparations à l’Ukraine, et à l’organisation d’élections libres sous contrôle international. « En tant que scientifique, ma conviction profonde est que l’avenir du monde est dans la démocratie. C’est la voie de survie de la civilisa-tion. Je crois en la démocratie comme d’autres croient en la religion ».
  • 22. Luis Perez Aguirre (1941-2001). Jésuite uruguayen, philosophe et théologien. Études au Canada, en Argentine et en Espagne. Après le coup d’État militaire de 1973, accueille en 1975 avec sa communauté de la Huella des enfants abandonnés et aide les femmes du milieu de la prostitution dans les rues de Montevideo. Publie en 1979 une revue indépendante, La Plaza. Fondateur et coordinateur du Servicio Paz y Justicia (SERPAJ) en Uruguay en 1981, mène un travail de soutien des familles des disparus, d’organisation des coopératives, syndicats et associations. Arrêté plusieurs fois, torturé pendant 17 heures Le SERPAJ est déclaré illégal en 1983. Fait alors une grève de la faim pendant 19 jours. Cette action largement soutenue contribue au départ des militaires en 1985. Entre 1987 et 1989, membre la ‘Commission du référendum national’ pour prévenir la poursuite des crimes commis pendant la dictature militaire. ../..
  • 23. Luis Perez Aguirre En 1994, nommé expert indépendant du ‘Centre pour les droits de l'homme’ de l'ONU par Boutros-Boutros Ghali, reconduit par Kofi Annan. Mort écrasé par un bus en 2001. « Seule la réconciliation permettra de briser le cercle vicieux de la vengeance. La réconciliation, c’est la capacité de se comporter humainement en pardonnant à son ennemi. Cela ne signifie pas qu’il faut nier la justice ou tout oublier, mais qu’il faut aller au delà de cela. La réconciliation, c’est plus qu’une justice égalitaire qui donnerait à chaque partie ce qui lui revient. C’est la capacité à dépasser la souffrance et montrer la possibilité qu’ont les êtres humains de résister au mal.» En 1993, son livre sur l’Église catholique, présentée comme non crédible dans sa relation aux pauvres, aux femmes et au pouvoir, est soumis à la censure ecclésiastique.
  • 24. Jesse Jackson Né en 1941, pasteur baptiste états-unien. Études de théologie à Chicago. Militant politique pour les droits civiques. En 1965, participe aux marches de Selma à Montgomery. Très actif dans la Southern Christian Leadership Conference (SCLC). Directeur du Breadbasket, agence de placement pour les Noirs, organise des boycotts massifs des entreprises refusant d’embaucher des Noirs. Est aux côtés du pasteur M.L. King à Memphis lors de son assassinat, le 4 avril 1968. Crée en 1971 l’organisation PUSH (People United to Save Humanity) qui a pour buts la justice sociale, les droits civiques et l'activisme politique et en 1984 la National Rainbow Coalition. Pendant les années 1980 et 1990, négocie la libération de dizaines d'otages et de prisonniers internationaux. Candidat démocrate pour la nomination aux élections présidentielles, en 1984 et en 1988. Pleure d’émotion devant les caméras de CNN lors de l’intronisation de Barak Obama comme président des États-Unis en nov. 2008.
  • 25. Joan Baez Née en 1941. Chanteuse états-unienne. Refuse à l’âge de 16 ans des exercices d’évacuation dans des abris anti-bombes pendant la guerre froide. Engagée dans le mouvement des droits civiques de M.L. King (chante We shall overcome à Washington en 1963), contre la guerre du Vietnam. Militante d’Amnesty International, dénonce les violations des droits de l’homme en Amérique du Sud, au Vietnam, en Chine. Chante à Sarajevo en 1993 dans un hôtel à moitié détruit au milieu des coups de feu dehors. Finance à Palo Alto un centre de recherche sur la non-violence. « Le mot paix est un mot amorphe, détestable en fin de compte. Les Marines sont pour la paix. La Chine est pour la paix. Les gens pensent à la paix comme si elle pouvait tomber du ciel. »
  • 26. Domenico Losurdo (1941-2018), philosophe marxiste italien. Enseigne l’histoire de la philosophie à la Faculté des Sciences de l'Éducation de l'Université d'Urbino « Carlo-Bo »,directeur de ‘l’Institut des Sciences Philosophiques et Pédagogiques Pasquale Salvucci’. Président de la ‘Société internatio- nale Hegel-Marx’. Reprenant les affirmations de Hannah Arendt dans Origines du totalitarisme (1951), pense que le véritable péché originel du XIXe siècle réside dans l’Empire colonial de la fin du XIXe siècle où, pour la première fois dans l’histoire, se manifestent le totalitarisme et l’univers concentra- tionnaire. Dans son ouvrage La non-violenza. Una storia fuori dal mito (2010), parcourt incomplètement et fait l’examen critique des victoires, des dilem- mes et des impasses des mouvements de l’histoire de la non-violence : des organisations chrétiennes qui, au début du 19ème siècle, se proposent aux États-Unis de combattre de façon pacifique le fléau de l’esclavage et de la guerre, jusqu’aux acteurs des mouvements qui, « soit par passion soit par calcul », ont agité le drapeau de la non-violence : Thoreau, Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, le Dalaï Lama et les récents inspirateurs des "révolutions colorées".
  • 27. Vladimir Boukovsky Né en 1942, Russe, dissident du régime soviétique, emprisonné plus de 12 ans, entre 1963 et 1976, dans des camps de rééducation par le travail, hôpitaux psychiatriques et prisons. Avec son compagnon de cellule à la prison de Vladimir, le psychiatre Semvon Glouzman, coécrit un Manuel de psychiatrie pour les dissidents, afin d'aider les autres dissidents à lutter contre les mauvais traitements infligés par les autorités dans les hôpitaux psychiatriques Un des premiers à avoir dénoncé les internements psychia- triques comme moyen de contrôle politique par la dictature. Libéré lors d'un échange de prisonniers politiques sur l’aéroport de Zurich le 18 décembre 1976 contre le communiste chilien Luis Corvalan. Émigre en Angleterre puis en Suisse. ../..
  • 28. Vladimir Boukovsky « Ce n’est pas le fusil, ce ne sont pas les chars, ce n’est pas la bombe atomique qui engendrent le pouvoir, et le pouvoir ne repose pas sur eux. Le pouvoir naît de la docilité de l’homme du fait qu’il accepte d’obéir. » « L’humour est notre moyen de défense et de riposte. Je suis un pessimiste. Vous connaissez l’histoire du pessimiste et de l’optimiste qui se rencontrent ? : « Oh la la, se lamente le pessimiste, nous sommes vraiment dans la merde, ça ne pourrait pas être pire ! ». « Mais si, mais si ! », répond l’optimiste. » À la question d’un journaliste : « À combien estimez-vous le nombre de prisonniers politiques en URSS ? », il répond : « 250 millions ! » À la question : « Que souhaitez-vous à Brejnev pour son anniversaire ?», il répond : « Je lui souhaite d’être échangé contre Pinochet ! »
  • 29. Vincent Roussel Né en 1942, Français, agrégé et professeur de mathématiques à Montargis. Cofondateur du ‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’ (MAN). Coordinateur, dans les années 1970, de l’action nationale de refus-redistribution de l’impôt en soutien aux paysans du Larzac, qui a contribué à la construction illégale de la bergerie de la Blaquière. Président de l’association ‘Non-violence actualité’, éditrice de la revue et gestionnaire d’un centre de ressources du même nom. Impliqué dans la ‘Coordination pour l’éducation à la non-violence et à la paix’. « Si la violence engendre des désirs de revanche et de vengeance, la non-violence laisse toutes ses chances à une réconciliation durable avec l’adversaire. (…) La violence n’est pas une fatalité, elle n’est pas innée. Tout comportement est éducable, et il est notamment de notre devoir d’aider les plus jeunes à adopter une attitude plus pacifique.»
  • 30. Charles Rojzman Né en 1942, Français, fils de juifs polonais émigrés. « Secrétaire particulier d’une princesse égyptienne », viticulteur, instituteur, comédien. A également enseigné la littérature française en Allemagne. Psycho-sociologue, philosophe praticien, formateur en France et aux États-Unis. Crée et développe la “thérapie sociale”, méthode transdisciplinaire qui a trois objectifs principaux : 1 - une psychologie du lien pour prévenir et guérir les violences, 2 - la résolution des problèmes par l’intelligence collective, 3 - une nouvelle éducation à la démocratie. L‘’Institut Charles Rojzman’ est le centre international dédié au développement, à la transmission et à la pratique de la Thérapie Sociale (Transformational Social Therapy – TST) Intervient notamment dans les banlieues sensibles (éducation à la démocratie) et dans les zones de conflits dans le monde (traumatismes collectifs, réconciliation). « Dans les difficultés relationnelles, les responsabilités sont toujours à découvrir. Il n’y a pas forcément un innocent d’un côté, un coupable de l’autre, mais une interaction problématique.»
  • 31. Lech Walesa Né en 1943, Polonais. Ouvrier métallurgiste aux chantiers navals de Gdansk. Principal leader des mouvements revendicatifs de 1980, qui aboutissent à la création du syndicat Solidarnosc, en lutte contre l’État communiste pour les droits des ouvriers et la démocratie. Président de Solidarnosc de 1981 à 1990. Prix Nobel de la paix en 1983. Président de la République de Pologne de 1990 à 1996. « On peut gagner avec des tanks et des missiles, mais on gagne davantage avec la vérité et l’honnêteté. Nous n’avons pas tiré un seul coup de fusil. Je pense que le 20ème et le 21ème siècles devraient se modeler sur une lutte comme celle que nous avons menée. C’est une arme nouvelle. Ou plutôt non, c’est en fait une arme ancienne, mais elle est très efficace, et exactement adpatée aux besoins du 21ème siècle.»
  • 32. Mubarak Awad Palestinien né en 1943. Quand sa maison se retrouve dans un no man's land entre les belligérants en 1948, devient un réfugié dans la vieille ville de Jérusalem. Après ses écoles secondaires, va aux États-Unis, y obtient son doctorat de psychologie, acquiert la nationalité américaine. Crée des programmes de soutien aux enfants handicapés ou abusés. Lors d'un voyage en Palestine en 1985, crée le Palestinian Centre for the Study of Nonviolence. Avant la première Intifada, donne des conférence et publie des articles sur la non-violence comme technique de résistance face à l'occupation israélienne. Expulsé par Israël en juin 1988, retourne aux États-Unis. « Mon grand-père a été tué, mon père a été tué. Ma mère m’a dit “ Ne tue jamais, ne blesse jamais, n’injurie jamais " ».
  • 33. Brigitte Liatard et Babeth Diaz Au cours de l'année scolaire 1992 -1993, B. L. (née en 1943) et B.D., enseignant à des jeunes en difficulté, s’inquiètent de la montée des incivilités. S’inspirant des recherches de Rogers, Gordon, Feuerstein et Rosenberg, proposent à des élèves d’aider d’autres élèves plus jeunes en devenant leurs tuteurs, organisent des ateliers pour aider ces jeunes à développer l’estime d’eux-mêmes. Fondatrices de l’association ‘Génération Médiateurs’, qui depuis 1999 mène un travail de prévention contre la violence dont les jeunes sont souvent les auteurs, les témoins ou les victimes. Elle forme des enseignants qui formeront à leur tour des jeunes à la médiation scolaire pour apprendre à gérer et résoudre les conflits, notamment grâce à une méthode innovante et efficace, la médiation par les pairs. Après 2010, poursuivent leur action au sein de l’association ‘MédiActeurs Nouvelle Génération’ qui se consacre essentiellement à la promotion et la mise en œuvre de la médiation par les pairs dans le domaine scolaire.
  • 34. Christian Mellon Né en 1943, jésuite français. Maîtrise en Peace Studies à l’université de Bradford (GB). Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alternatives non violentes (1973-89). Coauteur du livre sur la défense civile non-violente (1985) commandé par le ministre Charles Hernu à Jean-Marie Muller. Secrétaire de la ‘Commission Justice et Paix’ de l’épiscopat français (1997-2004), membre du ‘Centre de recherche et d’action sociale’ (CERAS). « La vigueur actuelle des idéologies d’exclusion et des fanatismes religieux, la fragilisation du tissu social, le repli sur les égoïsmes nationaux, la montée du populisme, tout interdit de croire en un progrès spontané de nos sociétés vers la démocratie et la résolution non-violente des conflits. La non-violence doit être un projet éducatif, un objet d’enseignement et un enjeu de la recherche ».
  • 35. Moustafa Djemilev Né en 1943, leader des Tatars de Crimée, peuple turcophone et musulman (aujourd’hui 280 000 personnes) déporté en Ouzbékistan par Staline en 1944. Cofondateur de l’’Union de la jeunesse tatare’ en 1961. Entre 1966 et 1986, arrêté à six reprises par les autorités d'URSS pour activités antisoviétiques, purge 10 ans dans les prisons et les camps de travail, puis placé sous surveillance. Obtient en 1986 le retour des Tatars en Crimée. Élu en 1989 président du Mejlis ("assemblée"), organisation politique des Tatars de Crimée. Membre du Parlement ukrainien depuis 1998. Installé à Kiev, dénonce le rattachement de la Crimée à la Russie organisé par les pro- russes de Crimée en 2014. « Une chose essentielle, pour moi, est que j’ai toujours soutenu la non- violence. Nous nous sommes battus durant des décennies pour rentrer chez nous, mais sans jamais verser une seule goutte de sang. » Photo du bas : drapeau des Tatars de Crimée
  • 36. Alfred Bour (1943-2021), prêtre catholique français, ancien président du ‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR). Travaille après 1995 dans le cadre du ‘Bureau pour le service de la non-violence’ du diocèse de Butaré au Rwanda, intervient aussi au Burundi et en République Démocratique du Congo. Œuvre à la réconciliation après le génocide et des massacres de 1994. Dans le cadre du ‘Groupe Jean Goss’, cofondateur de la revue bilingue Ikiguzi Cy’Amahoro - Le Prix de la Paix, traducteur en langue rwandaise du livre La force d’aimer de Martin Luther King. Cofondateur de l‘association rwandaise ‘Famille de Paix - Umuryango w'Amahoro’ qui comprend environ 500 membres engagés pour vivre une culture de la non-violence et de la paix. Délivre plus de 200 certificats habilitant des jeunes de niveau universitaire à être formateurs et formatrices à la non-violence active (deux années de vie de groupe + formation à la non-violence). Plusieurs groupes, comptant entre 30 et 50 personnes, sont nés de ce travail.
  • 37. Christian Führer Allemand né en 1943, pasteur de l’église Sankt Nikolaus de Leipzig. Anime chaque lundi dans l’église des prières pour la paix. Le 9 octobre 1989, deux jours après des émeutes durement réprimées par le régime, défiant une police secrète prise de court, mène après la prière un défilé de 70 000 personnes, en silence, une bougie à la main (photo du bas). Un mois plus tard, le 9 novembre, à Berlin, une manifestation monstre entraîne la chute du mur. En 1991, à l’origine d’une initiative afin de faciliter l’intégration des chômeurs. Sa paroisse met notamment en place un service d’aide avec des cours gratuits de langues et d’informatique. Dénonce les ravages d’une économie de marché centrée sur le seul profit. « Que ce soit dans le mouvement contre le régime commu- niste en 1989, contre la guerre en Irak en 2003 ou la réforme du marché du travail en 2004, notre expérience, c’est que les athées se mélangent avec les croyants. »
  • 38. Rainer Eppelmann Né en 1943, pasteur allemand, militant des droits humains et homme politique. Sa vie est coupée en 2 par la construction du mur de Berlin en 1961 qui l’empêche d’aller aller à son lycée. Apprenti couvreur, puis maçon, suit ensuite des cours de théologie et devient pasteur évangélique. Refuse en 1966 le service militaire et le serment d'allégeance, condamné à 8 mois d' emprisonnement pour insubordination. Co-initiateur en 1982 du Berliner Appel (‘Appel de Berlin’) Frieden schaffen ohne Waffen (‘Bâtir la paix sans les armes’). Dans les années 1980, la Stasi planifie son assassinat et sabote sa voiture. Découvre en 1988 des micros de la Stasi dans son appartement. Fonde le parti Demokratischer Aufbruch (‘Renouveau démo- cratique’) en 1989, à Berlin-Est. Ministre chargé du désarmement, notamment dans le gouvernement de Lothar de Maizières, qui assure la transition entre l'ex-RDA et l'Allemagne unifiée, avant de rejoindre la CDU d'Helmut Kohl où il incarne l’aile sociale. Député au Bundestag.
  • 39. Ibrahim Rugova (1944-2006). Écrivain et homme politique kosovar. 2 ans à Paris à l’’École des hautes études en sciences sociales’ (EHESS). Élu en 1988 président de l’’Association des écrivains du Kosovo’. Quand en 1989 le Serbe Slobodan Milosevic abolit le statut d’autonomie de la province où 90 % des habitants sont Albanais, fonde la ‘Ligue Démocratique du Kosovo’ (LDK). Le 24 mai 1992, après des élections générales clandestines, est élu président de la République non reconnue du Kosovo dont le gouvernement en exil est basé à Genève. Son option non-violente lui vaut le surnom de “Gandhi des Balkans”. La LDK anime la résistance à l’oppression serbe et organise une société parallèle (écoles, dispensaires, Parlement clandestins). Président officiel du Kosovo de mars 2002 à janvier 2006.
  • 40. Maired Corrigan-Maguire Née en 1944. Militante non-violente de l’Ulster. En août 1976, une voiture de militants de l’Irish Republican Army (IRA) poursuivie par des soldats britanniques écrase les 3 enfants de sa sœur. Avec Betty Williams, témoin de l’accident, organise le Women’sPeace Movement pour dénoncer les violences des 2 bords. 35 000 femmes des 2 communautés manifestent dans les rues de Belfast. Prix Nobel de la paix 1976 avec Betty Williams pour ses efforts de réconciliation en Ulster. En 2007, soutient la résistance non-violente des Palestiniens de Bil’in. Fait partie de la flottille de paix contre le blocus maritime de Gaza interceptée par l’armée israélienne en mai 2010.
  • 41. Chico Mendes Francisco Mendes Alves Filho (1944-1988), militant brésilien. Dès l’âge de 11 ans, est seringuiero, ouvrier agricole chargé de recueillir le latex dans les plantations d’hévéas. Mène de nombreux combats pour sauver la forêt amazonienne et les populations qui en vivent, au sein de l’’Union des travailleurs ruraux du Xapuri’, puis du ‘Parti des Travailleurs’. Défend notamment les petits propriétaires ruinés par la chute des cours du latex contre les gros éleveurs de bétail qui rachètent leurs terres. Lors de manifestations non-violentes, désarme pacifiquement les gardes payés par les grands propriétaires. Assassiné en déc. 1988 par des tueurs à gage payés par un riche propriétaire terrien éleveur de bétail. « Au début, j’ai cru que je me battais pour sauver les hévéas. Puis j’ai cru que je me battais pour sauver la forêt amazonienne. Maintenant, je sais que je me bats pour l’humanité »
  • 42. Diana Francis Née en 1944, universitaire et militante britannique. Dès l'âge de 15 ans, milite dans des mouvements pour la paix, la justice économique et les droits humains, plus tard aussi dans le mouvement écologiste. Ex-présidente de l'International Fellowship of Reconciliation (IFOR) et présidente du Committee for Conflict Transformation Support, associée au programme Conciliation Resources, membre du Rethinking Security’s Council, du Movement for the Abolition of War et de la Society of Friends (Quakers). Facilitatrice, formatrice, médiatrice et consultante, travaille sur la transformation des conflits avec des militants locaux en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Doctorat (décerné par l'Université de Bath en 1998) basé sur 4 années de recherche-action liées à sa propre pratique. (Avec le People Power aux Philippines, la chute du mur de Berlin, etc.), nous sommes passés, en quelques années, d'un monde dans lequel Gandhi et Martin Luther King avaient fourni les deux seuls exemples bien connus d'actions non-violentes à grande échelle et efficaces, à un monde dans lequel la politique internationale a été radicalement modifiée par le pouvoir des gens ordinaires. »
  • 43. Jean-Marie Vincent Jean-Pierre Louis Prêtres catholiques haïtiens, parmi tant d’autres… J.-M. V. (1945-1994). Apporte un soutien actif à l’auto émancipation des petits paysans. Directeur Général de Caritas au Cap- Haïtien. Initie des fonds de développement, des coopératives. Participe après le putsch de 1991 à la mise en place du fonds de solidarité pour l’aide d’urgence aux persécutés et réfugiés internes. Assassiné le 28 août 1994 au volant de sa voiture. Photo ci-contre J.-P. L (« Ti Jean", 1944 -1998) Encadre ou fonde plusieurs organisations de jeunes, conduit une véritable lutte pour la réforme de l’état-civil en Haïti. Lutte aux côtés d'organisations de paysans et de femmes. Cofondateur du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés. Tué d’une balle dans la bouche le 3 août 1998.
  • 44. Yelena Osipova Née en 1945, artiste et militante russe. Sa famille survit au blocus de Leningrad par les troupes allemande pendant 872 jours (sept.1941- janv. 44) : 600 000 personnes meurent de famine sur le million de morts déplorés au total.) Études d’arts plastiques à Saint-Pétersbourg. Durant 35 ans, donne des cours d’arts plastiques dans des écoles, notamment auprès d’enfants. Manifeste en 2002 contre la répression et la guerre menée par V. Poutine en Tchétchénie, en 2014 contre le phagocytage de la Crimée par la Russie. En 2020, est retenue 3 heures par les autorités russes alors qu'elle était descendue dans la rue pour commémorer la catastrophe de Tchernobyl. Le 24 mars 2022, après que la Russie a attaqué l'Ukraine, est tellement choquée qu'elle ne mange pas pendant trois jours. Puis, indignée, descend dans la rue pour protester avec des pancartes qu’elle a fabriquées. Elles évoquent entre autres Le Cri, la célèbre œuvre expressionniste de l’artiste norvégien Edvard Munch, qui symbolise l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse et portent l’inscription : «Soldat, laisse tomber ton arme, et tu seras un vrai héros ! » Surnommée la « conscience de Saint-Pétersbourg », devient populaire dans les médias en tant que « grand-mère pour la paix ». Risque 10 ans de prison.
  • 45. Emmanuel Lafont Né en 1945, évêque catholique français. De 1983 à 1994, curé de Soweto, figure importante de l'opposition à l'apartheid en Afrique du Sud. Évêque de Cayenne de 2004 à 2020.* Face à la menace écologique, au vertige de la consommation, aux disparités entre les peuples, aux crises financières, aux violences de toutes sortes, appelle à une insurrection des consciences dans la lignée des prophètes de la Bible. « Je suis convaincu de longue date que l’Évangile et la non- violence sont les deux faces d’une même pièce. (…) Tous les ressorts d’un refus de la violence sont dans le Sermon sur la montagne, qui est la charte du Royaume de Dieu. Jésus y renverse les valeurs de ce monde, en prônant le service, le pardon, la réconciliation, le partage des biens… Plus radical dans l’idéal de paix, on ne trouve pas ! Gandhi lui-même disait que si les chrétiens vivaient réellement les Béatitudes, le monde serait différent. » * Fait l’objet en 2021 de 2 enquêtes judiciaires et d’une enquête canonique pour abus de faiblesse. Dans ses lettres depuis 2017, concluait souvent par « Priez pour moi ! »
  • 46. Bärbel Bohley (née Brosius, 1945-2010), artiste peintre et militante allemande des droits humains. Figure de l'opposition antitotalitaire en RDA. En 1983, expulsée de la fédération des artistes GDR (VBK) et interdite de voyage à l'étranger ou d'exposer son travail en Allemagne de l'Est. En 1985, cofondatrice de Initiative Frieden und Menschen- rechte (Initiative pour la paix et les droits de l'homme’). En 1989, cofondatrice du Neues Forum (‘Nouveau forum’), mouvement de citoyens réclamant des réformes démocratiques. Cosignataire de l'appel Le temps est venu pour un changement social fondamental dans la RDA. Après la réunification de l'Allemagne en 1990, participe à la campagne "Je vais enfin avoir mon dossier personnel", en référence aux archives de la Stasi *. Plus tard, s'investit dans l'aide aux victimes de la guerre des Balkans, en fondant l'organisation ‘Des toits pour Sarajevo’ qui participe à la reconstruction des maisons détruites lors des combats. * Ministerium für Staatssicherheit (‘Ministère pour la sécurité de l’État’) : service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage du régime communiste de la République Démocratique Allemande, créé en février 1950.
  • 47. Aung San Suu Kyi Née en 1945, Birmane. Figure de l’opposition non-violente à la dictature de son pays qui règnait depuis 1962. Mise en résidence surveillée en juillet 1989. Prend en 1990 la tête de la ‘Ligue Nationale pour la Démocratie’. Remporte (59 %) les élections de 1990 sans que l’armée rende le pouvoir aux civils. Prix Nobel de la paix en 1991. Libérée en novembre 2010, élue députée en avril 2012, peut quitter son pays en mai 2012 pour la première fois depuis 28 ans. Ministre, conseillère spéciale de l’État. À partir de 2016, fait l'objet de critiques à travers le monde en raison de son attitude durant les exactions de l'armée birmane envers les Rohingya, groupe ethnique de confession musulmane. « Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’ont, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime. Mais aucune machinerie d’État ne peut empêcher le courage de ressurgir encore et toujours. »
  • 48. David Atwood Né en 1945, États-Unien, mais passe plus de la moitié de sa vie en Europe. Pendant près de 10 ans tuteur en études de la paix au Woodbrooke Quaker Study Centre à Birmingham (GB). De 1988 à 1994, secrétaire général de l'International Fellowship of Reconcilia- tion, basé à Alkmaar (Pays-Bas). Directeur en 1995 du Quaker United Nations Office (QUNO, bureau des Quakers auprès des Nations- Unies) à Genève jusqu'à sa retraite en juin 2011, représentant pour le désarmement et la paix. Conseiller (Senior Advisor) dans The Small Arms Survey, un projet de recherche indépendant auprès de l’’Institut de Hautes Études Internationales et du Développement’, dont le siège est à Genève. « L’incessante remise en cause des gigantesques systèmes d’oppression et de militarisme compte parmi les tâches prioritaires de ceux qui oeuvrent en vue d’un monde plus juste, plus pacifique et durable. Il faut, en outre, apprendre à interpeller de manière plus déterminée et ciblée la nature complexe de la violence armée dans notre monde. »
  • 49. Steve Biko (1946-1977), militant noir d’Afrique du Sud. Cofondateur et premier président de la South African Students Organisation, initiateur du Blak Consciousness Movement. Fait le choix de la non-violence par souci d’efficacité. Détenu, puis banni et assigné à résidence, mis au secret pendant 101 jours. Brave les interdictions de séjour, sillonne le Cap-Oriental. Arrêté le 18 août 1977, torturé, meurt en détention, officiellement des suites d’une grève de la faim. La police reconnaîtra le meurtre à la fin des années 1990. « L’arme la plus puissante dans les mains des oppresseurs, c’est la mentalité des opprimés ! » « Pour commencer, il faut que les Blancs réalisent qu’ils sont seulement humains, pas supérieurs. De même les Noirs doivent réaliser qu’ils sont aussi humains, pas inférieurs... ».
  • 50. Peter Ackerman Né en 1946, États-unien, docteur en relations internationales à la Fletcher School of Law and Diplomacy (études avec Gene Sharp, auteur d’une thèse : Strategic Aspects of Nonviolent Resistance Movements). De 1978 à 1990, directeur dans une banque d’investissement. En 1990, chercheur invité à l’International Institute for Strategic Studies à Londres. Président fondateur de l’International Center on Nonviolent Conflict (ICNC), membre du Council on Foreign Relations. Préside le CA de Freedom House de septembre 2005 à 2009. Membre du CA du Council on Foreign Relations. ../..
  • 51. Peter Ackerman et Jack DuVall J.DV. : officier états-unien de l’US Air Force, ex directeur de télévision, ex-directeur des relations avec les entreprises à l’université de Chicago, conseiller de Présidents des États-Unis. Producteur des films A force more powerful sur la stratégie non- violente, développé dans une série télévisée et en jeux vidéos, et Bringing down a dictator qui étudie notamment la stratégie d’Otpor ! qui a fait chuter Milosevic. Administrateur de l’Albert Einstein Institution fondée par Gene Sharp. Créent en 2001 l’International Center on Nonviolent Conflict (ICNC), qui développe et encourage l’utilisation de stratégies non violentes basées sur l’action des civils, pour résoudre des conflits, mettre en place ou défendre les régimes démocratiques, respectueux des droits de l’homme. ../..
  • 52. Peter Ackerman et Jack DuVall Les principales actions de l’ICNC consistent à : - Sensibiliser le grand public par des conférences, interventions télévisées ou radiophoniques, la publication, la diffusion et la traduction de films, de livres, articles, outils pédagogiques, - Amener les hommes politiques et les média à prendre davantage en compte les mouvements non-violents, - Former les militants aux actions non- violentes dans le cadre de stages. Certains pensent que les « révolutions colorées » des pays de la CEI font avant tout partie d’une stratégie de Washington. Il existe en effet un grand nombre d’ONG américaines plus ou moins liées à la CIA et aux organes d’État des USA (Freedom House, Fondation Soros, Albert Einstein Institution, etc.) qui conseillent et financent les militants en faveur de la démocratie. L’ICNC réfute toute implication la concernant, répondant que les révolutions que l’on a pu observer sont le fait des peuples des pays concernés et d’eux seuls.
  • 53. Adam Michnik Né en 1946, historien polonais d’origine juive, journaliste, essayiste. Cofondateur avec Jacek Kuroń du Comité de défense des ouvriers (KOR) en 1976. Entre 1977 et 1989, rédacteur des publications clandestines, Biuletyn Informacyjny, Zapis, Krytyka et membre de la plus grande maison d'édition clandestine en Pologne, NOWa. À partir de 1980, conseiller du syndicat Solidarnośc. Emprisonné pendant 6 ans du fait de ses activités d'opposant au régime communiste. Directeur de publication de la Gazeta Wyborcza, le plus important quotidien national de Pologne. Définit ainsi la non-violence : « un soupçon de dignité, un soupçon de liberté, un soupçon de fraternité et une gorgée quotidienne de vérité. »
  • 54. Louis Campana Français né en 1946 en Italie, Compagnon de l’Arche de 1970 à 1978, membre de la ‘Communauté de la Théophanie’ jusqu’en 1990, agent commercial jusqu’en 2000. En 2001, crée l’association Shanti pour promouvoir la non- violence à travers des films vidéo. En 2006, crée l’association française ‘Gandhi International’ pour montrer l’actualité des intuitions de Gandhi face aux défis du 3ème millénaire et participer à la mobilisation internationale de 2012 en soutien au mouvement indien Ekta Parishad. En 2007, crée l’association Shanti Orissa qui vise l’autonomie de populations tribales d’Orissa. « Pour se transformer en action, l’indignation face au règne de l’argent et de la guerre économique doit viser aux sources mêmes de la violence, l’égoïsme et l’avidité. Être repu bouche le cœur et mène à la mort spirituelle. »
  • 55. Jeff Halper Né en 1946, anthropologue juif états-unien, auteur, conférencier et militant politique, installé en Israël en 1973. Cofondateur et coordinateur du Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD), pour résister à la politique israélienne de démolition systématique de maisons palestiniennes dans les territoires occupés. Les militants font de l’obstruction devant les bulldozers et récoltent de l’argent pour reconstruire au même endroit les maison démolies. « Sur 28 000 maisons détruites depuis 1997 à Jérusalem- Est et dans la vallée du Jourdain, il y en a peut-être 600 seulement qui ont été détruites pour des raisons de sécurité. (…) La situation empire, mais nous avons fait de la Palestine une question qui concerne le monde entier. Je crois à la possibilité d’un État binational.»
  • 56. Jerzy Popieluszko (1947-1984), prêtre polonais, nommé en août 1980 aumônier des aciéries Huta Warzava à Varsovie. À partir de mars 1982, 3 mois après le coup d’État du général Jaruselski, défie l’état de guerre en célébrant chaque dernier dimanche du mois une "messe pour la patrie" devant des milliers de personnes : fustige les mensonges de la propagande officielle, dénonce les emprisonnements politiques. Gardé à vie et inculpé en décembre 1983. En juin 1984, comme les dirigeants clandestins de Solidarnosc, prône l’abstention aux élections municipales. Enlevé le 19 octobre 1984 par 3 officiers des services de sécurité, frappé à mort et jeté dans la Vistule. Plus de 500 000 personnes assistent à ses obsèques. « L’idée qui a besoin d’armes pour se maintenir est condamnée à disparaître.»
  • 57. Brian Martin Né en 1947, sociologue australien. Doctorat en physique théorique à l'Université de Sydney, en 1976, militant des ‘Amis de la Terre’. Professeur de sciences sociales à la School of Humanities and Social Inquiry de l'Université de Wollongong (Australie). Auteur de 18 livres et de centaines d'articles sur la non-violence, le droit, la résistance, la dissidence, les stratégies contre l'injustice, l'éducation, l’information, la censure et l’autocensure, les controverses scientifiques. Présente, à travers de nombreuses études de cas détaillées (violences policières, invasion de l'Irak en 2003, surveillance de Ralph Nader en 1965), la dynamique du retour de flamme : les agressions et attaques peuvent se retourner contre les agresseurs. « Si les idées soulevées par les dissidents correspondent à des normes largement répandues, telles que l’honnêteté, l’équité, la transparence ou la protection de l’environnement, un changement majeur est possible. Un simple acte de dissidence représente donc potentiellement un défi majeur pour les élites organisationnelles : leur pouvoir et leur monopole sur les idées sont menacés. Cela explique leur hostilité envers la dissidence. » Coauteur avec Jørgen Johansen d’un livre sur la défense civile non-violente.
  • 58. Geneviève Bouchez-Wilson Née en 1947, formatrice française. Licence en droit, maîtrise en anthropologie. Direction d'établissements culturel et socioculturel pendant 15 ans. Formatrice certifiée par le CNVC en communication non-violente selon Marshall Rosenberg, en sociocratie (modèle de management qui favorise la coopération). Gestalt thérapeute, consultante en management. Co-fondatrice, avec Annie Gosselin, de ‘l'École des médiateurs’ formés à la communication non-violente, vice- présidente de ‘l’Association pour la communication non-violente’ (ACNV). « Le conflit peut créer du nouveau. Le fuir, c’est laisser la situation en l’état. La démarche OBSD (Observation de la situation, perception et expression de Besoins, perception des Sentiments, expression d’une Demande) est un outil puissant de transformation personnelle et sociétale, de construction de la paix en nous-mêmes, entre les personnes et dans les systèmes sociaux. » « Au chacal (jugements, préjugés) et à la girafe (interprétation des messages, perception des émotions de l’autre) de Marshall Rosenberg, nous ajoutons la tortue : prendre le temps de répondre. » « Même si le passé est lourd, s’occuper de l’ici et maintenant permet de la dépasser et de le nettoyer. »
  • 59. Richard Pétris Français né en 1947, ‘Sciences po’, coopérant civil au ViêtNam, cadre à la BNP, engagé pour les réfugiés. Crée en 1998 à Grenoble ‘l’École de la paix’ avec la conviction que la paix ne se définit pas seulement par l’absence de guerre, mais qu’elle se construit progressivement et nécessite des compétences spécifiques. L’École a 3 grands pôles : - Éducation : création d’ouvrages et d’outils pédagogiques, expositions itinérantes, formation d’enseignants, intervention dans les établissements. - Médiation internationale: actions de solidarité et coopérations pour la construction de la paix. - Recherche: connaissance des mécanismes de la guerre et de . la paix ; analyses et publications.
  • 60. Carlos Filipe Ximenes Belo, José Ramos-Horta, Xanana Gusmão C.F.X. Belo, né en 1948, évêque catholique de Dili, capitale du Timor Oriental. Porte-parole de la population opprimée, à défaut de responsable politique sur place. Photo du haut J. Ramos-Horta, né en 1949, 2ème président de la République démocratique du Timor Oriental de 2007 à 2012. Photo du centre Lauréats du prix Nobel de la paix de 1996 pour leur action lors de la recherche d’une solution pacifique et équitable du conflit au Timor Oriental. Ramos-Horta a regretté que ce prix n’ait été attribué plutôt à Xanana Gusmão (né en 1946, photo du bas), le leader de la résistance timoraise emprisonné depuis 1992 (et jusqu’en 1999) par le pouvoir indonésien, 1er président du Timor Oriental devenu indépendant en 2002.
  • 61. Eshan Ullah Khan né en 1947, militant non-violent pakistanais contre l’esclavage. Étudie le journalisme à l'université du Pendjab à Lahore. Étudiant, orga- nise les ouvriers dans des fours à briques afin qu'ils se rebellent contre l'esclavage. En 1967, fonde Bhatta Mazdor Mahaz -BMM (ou Brick- workers Front) qui organise des actions et des manifestations contre le système de travail en servitude, et fournit une aide juridique. Emprisonné à 12 reprises en raison de ses activités en faveur des droits de l'homme et de la liberté de la presse, torturé à l'électricité, à l'eau En 1987, mobilise des travailleurs et présente leur cause devant la Cour suprême de justice. En 1988, une loi déclare illégal le peshgi, sys- tème de servitude pour dettes. Président du Bonded Labour Liberation Front - BLLF) (Front de libération contre le travail forcé) au Pakistan. Après le meurtre du jeune Iqbal Masiha, pleure la mort du garçon avec la communauté chrétienne et embrasse son corps, ce que les fondamentalistes considèrent comme une hérésie. En exil en Europe depuis avril 1995, Fonde BLLF Global en 1996 pour lutter contre l'esclavage, notamment celui des enfants, dans le monde entier. Lutte contre le système de castes en Asie. « Le chemin de la libération consiste pour la victime à se lever et exercer sa propre puissance. »
  • 62. Jose Luis (Pepe) Beunza Né en 1948, Espagnol Castillan, ingénieur agricole, appelé familièrement Pepe. En janvier 1971, sous le régime de Franco, réclame un régime légal pour les objecteurs de conscience au service militaire. S’installe dans un quartier ouvrier de la banlieue de Valence pour se consacrer à l’aide et à la promotion de ses habitants les plus défavorisés, comme exemple de l’un des travaux que pourraient effectuer les objecteurs. Deux procès, 2 ans en prison et 15 mois de bataillon disciplinaire dans le Sahara entre 1971 et 1974. Très soutenu notamment par l’Arche, Marie Laffranque, Jean van Lierde. Le premier de près d’un million d’objecteurs et d’insoumis espagnols à se lever contre le service militaire jusqu’à l’abolition de la conscription obligatoire en mai 2002, date où il reçoit un hommage du Parlement espagnol par tous les groupes politiques réunis. « Pour changer la société et atteindre la justice, la non-violence est l’arme la plus puissante. La violence a connu un échec continuel pour construire la justice. »
  • 63. Rajagopal P.V. Rajagopal Puthan Veetil, né en 1948, militant gandhien et altermon- dialiste indien, originaire du Kérala. N'utilise publiquement que son prénom (Rajagopal) et pas son nom (P.V.) en raison de son refus des castes. Danseur de kathakali, puis ingénieur agricole. Dans le train Gandhi Express, qui circule durant un an en Inde à l'occasion du centenaire de la naissance de Gandhi en 1969, est interpellé par de nombreux jeunes et se sent poussé à s'engager dans les luttes non-violentes. De 1970 à 1978, avec son maître Subba Rao, obtient la reddition volontaire de nombreux bandits du Madhya Pradesh, les dacoïts, souvent des paysans ruinés : ils déposent leurs armes devant le portrait de Gandhi. Organise leur soutien par leurs familles pendant leur séjour en prison. ../.. Photos : Rajagopal et son épouse Jill Carr Harris, d’origine canadienne, animatrice du Global Movement, mouvement international non-violent pour la réforme agraire
  • 64. Rajagopal P.V. Dès 1980, forme de nombreux jeunes dans les villages à combattre l’exploitation et la pauvreté de façon non-violente en aidant d’abord chacun à prendre confiance en soi. Nommé en 1985 par la Cour suprême pour enquêter sur le problème des travailleurs asservis. Œuvre ainsi à la réhabilitation de milliers de personnes travaillant dans les carrières de pierres, sur les chantiers de barrages, etc.. Fonde plusieurs institutions et organisations, puis, en 199I, une structure de coordination, Ekta Parishad ("forum de l’unité"). Ce mouvement mobilise les exclus (petits paysans, paysans sans terre, tribaux, Intouchables) dans la lutte pour l’accès à la terre et contre l’accaparement des ressources naturelles (terre, eau, semences, forêts). ../..
  • 65. Rajagopal P.V. En octobre 2007, la marche JanaDesh ("le verdict du peuple") rassemble 25 000 exclus de Gwalior à Delhi. Des lois sont votées, mais leur mise en œuvre est très laborieuse ou presque inexistante. Pendant une année à partir d’octobre 2011, Rajagopal fait un périple de mobilisation à travers l’inde. Une importante mobilisation internationale se met en place. Le 3 octobre 2012, la marche JanSatyagraha ("la force de vérité du peuple") rassemble plus de 45 000 personnes. Le 11 octobre, un accord est signé entre Ekta Parishad et le gouvernement. - La marche JanaDesh en octobre 2007 - L’accord signé le 11 octobre 2012 avec Jairam Ramesh, ministre du Développement rural - La "marche Le Croisic-Paris pour le refus de la misère et pour la souveraineté alimentaire" organisée du 21 septembre au 17 octobre 2012 par l’association française Gandhi International en soutien à la marche JanSatyagraha
  • 66. Rajagopal P.V La marche Jaï Jagat ("Victoire pour le monde") prévue de Delhi à Genève entre oct. 2019 et octobre 2020, adressée à tous les exclus de la mondialisation et celles et ceux pour qui un autre monde est possible, s’est arrêtée en Arménie en mars 2020 en raison de la pandémie Covid 19. Ses 7 objectifs étaient : - Promouvoir les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030 des Nations Unies - Aider les Nations Unies à mettre en oeuvre concrètement sur le terrain ces ODD en faisant participer les populations locales directement concernées - Promouvoir la justice climatique en faveur des populations démunies premières victimes des changements climatiques - Participer à la construction d’un mouvement international pour un nouvel ordre mondial plus juste, plus équitable et non-violent, - Promouvoir la non-violence dans les sphères économique, politique, éducative et culturelle, - Faire émerger une nouvelle génération de décideurs et de leaders de la paix, - Promouvoir une autre politique européenne vis-à-vis des migrants avec l’objectif "zéro mort" aux frontières de l’espace Schengen.
  • 67. Rajagopal P.V. « Nous n’avons pas envie d’aller en prison ou d’être frappés, mais tant que nous n’accepterons pas de sacrifier un peu de notre confort, de nos ressources ou de notre temps, nul changement ne viendra. (…) Nous avons la responsabilité d’agir aujourd’hui, sinon les générations futures ne nous le pardonneront pas. » Bhopal, 03.02.2010 « Gandhi préconisait la simplicité volontaire, le refus de l’accumula- tion. Il préconisait non pas la production de masse, mais la production par les masses, c’est-à-dire le travail manuel par le plus grand nombre. Il demandait que les décisions soient prises d’abord en fonction de leur impact sur les plus pauvres de la société. Toutes ces idées sont à prendre en compte pour créer une économie non- violente, une société non-violente. » Arvillard, 10.09.2011 Photos : Avec Vandana Shiva Avec Pierre Rabhi
  • 68. Christa Blanke Allemande née en 1948. Survit après la guerre grâce aux colis alimentaires distribués par Care USA aux anciens ennemis de la 2ème guerre mondiale. Pasteure luthérienne. En 1986, célèbre un service religieux contre l’expérimentation animale devant les laboratoires pharmaceutiques de ‘Hoechst AG’, collecte 30 000 signatures contre la consommation d’œufs provenant de fermes industrielles dans les institutions d’Église. En 1988, célèbre son premier service religieux en direct avec des animaux sur la chaîne de télévision Züd Deutsche Rundfunk. Avec son mari Michaël, fonde en 1989 Aktion Kirche und Tiere ("Action Église et animaux") et en 1998 Animals’ Angels ("les anges des animaux") contre les transport des animaux vivants. « Il y a 200 ans, l’Église est restée silencieuse sur le commerce des esclaves car ce n’étaient que des Noirs. Il y a 80 ans, elle est restée silencieuse sur l’antisémitisme car ce n’étaient que des Juifs. Aujourd’hui, l’Eglise reste silencieuse sur la maltraitance envers les animaux car ce ne sont que des animaux. »
  • 69. Dominique Boisvert Né en 1948, avocat, écrivain et conférencier québécois. Coopérant volontaire pour le SUCO en Côte d’Ivoire, militant des droits humains et de la solidarité internationale, puis journaliste à la revue mensuelle Relations. Vice-président de ‘Conscience Canada’, organisme voué à la promotion de l’objection de conscience fiscale (refus de payer la partie militaire de ses impôts). Cofondateur du ‘Réseau québécois pour la simplicité volontaire’, élu en 2017 maire de Scotstown, un village de 500 habitants, Dans son ouvrage Nonviolence - Une arme urgente et efficace, défend la non-violence comme le mode d'action le plus efficace. Écrit ‘nonviolence’ pour mettre en valeur le sens beaucoup plus riche du terme que la simple abstention de la violence. « La violence ne peut jamais conduire, à moyen ou à long terme, au résultat politique recherché ; car elle porte, en elle-même, le germe de ce qui va rapidement pervertir même une éventuelle victoire à court terme. (…) Le choix de la nonviolence n’est pas d’abord un choix basé sur la supériorité morale des moyens utilisés, mais un choix basé sur la supériorité stratégique des moyens non-violents. »
  • 70. Hervé Ott Français, né en 1949, maîtrise de théologie protestante. Objecteur de conscience, occupe illégalement en octobre 1975, avec 4 autres objecteurs, la ferme du Cun (acquise par l'État dans le cadre de l'agrandissement du camp militaire du Larzac) pour créer un centre de recherches et de formation sur la résistance non- violente. Expulsée, l'équipe du Cun construit et anime de 1977 à 2001 un nouveau centre d'accueil et de formation équipé en énergies renouvelables : stages, rencontres internationales, démarche communautaire font de ce lieu un laboratoire grandeur nature. Effectue de nombreuses interventions de formation dans des pays en crise (Pacifique-sud, Afrique noire et Afrique du nord, Proche-Orient, et… région parisienne) auprès de mouvements de libération, de défense des droits des humains, de résistance à la guerre civile, de travailleurs sociaux. ../..
  • 71. Hervé Ott En 2001, crée l'Institut Européen Conflits Cultures Coopérations (IECCC) et développe une "Approche et Transformation Constructives des Conflits" (ATCC). Intervient en formation et en accompagnement dans le public et dans le privé, auprès d'institutions et d'individus. Co-anime des formations de formateurs et publie des Cahiers de sensibilisation à la dynamique et transformation des conflits. Les Cahiers de l'IECCC Médiations, démarches citoyennes. Le courage civil. S'entraîner à l'intervention publique dans violence. Les conflits, toujours violents ? Pour une culture de paix. Le mimétisme. De la non-violence à l'Approche et transformation constructives des conflits. Leaders sociaux. Conduite de projets multi-acteurs et transformation des conflits. Pistes pour transformer le sentiment d'impuissance et la violence dans les conflits.
  • 72. Rami Elhanan et Ghazi Briegeith R. E. : Né en 1949, Israélien, graphiste à Jérusalem. En 1997, sa fille Smadar meurt dans un attentat-suicide causé par un kamikaze palestinien. Prend conscience avec sa femme que cet attentat est le résultat de l’occupation, décide de pardonner et adhère à l’association israélo-palestinienne de familles endeuillées Parents Circle. En septembre 2010, fait partie de l’équipage du catamaran Irene qui dénonce le blocus maritime de Gaza. (photo ci-contre) G. B. : électricien palestinien vivant à Hébron. Son frère est tué en 2000 par une jeune soldat israélien à un poste de contrôle. Adhère à Parents Circle. « Il n’est pas besoin de s'aimer pour construire un pont entre les deux nations : il est besoin de respect », dit-il. Les deux font aussi partie de l’association Forgiveness Project.
  • 73. Pierre Rosenzweig (1949-2021), militant non-violent français engagé dans la lutte pour la paix, le respect des droits humains et la préservation de l’environne- ment. Professeur d’histoire au lycée professionnel de Sélestat. Très investi aux côtés d’ICAN pour l’abolition de l’arme atomique et la signature par la France du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), participe durant des années aux jeûnes du 6 au 9 août. Participe aussi à la défense des migrants près de l’Assemblée nationale, à l’action contre l’autoroute du ‘Grand Contournement Ouest’ (GCO) de Strasbourg (photo ci-dessus), pour l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim. Membre des conseils d’administration de l’association ‘Stop Fessenheim’, du ‘Réseau Sortir du Nucléaire’, de ‘Construire et alerter par la non-violence active’ (CANVA de l’Arche de Lanza del Vasto) et du ‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’ (MAN). « Simple et engagée fut sa vie, laborieuses furent ses mains, généreux fut son cœur. » (Ses parents et amis)
  • 74. Patricia Patfoort dite Pat, anthropologue belge née en 1949, a vécu 8 ans en Afrique. Conférencière, formatrice et médiatrice. Cofondatrice et présidente de l’association ‘De Vuurbloem’ (‘La fleur de feu’), centre de prévention, gestion non-violente et transformation des conflits créé à Bruges en 1991 avec Josiane Burrick. Active dans l’éducation à la non-violence en Flandre (enseignants et éducateurs, adolescents, familles, prisonniers, policiers, religieux, etc.). Anime des formations dans des situations de conflits inter-ethniques (Kosovo, Caucase, Rwanda, Congo-Zaïre, Sénégal). Conceptrice du modèle ‘Majeur-mineur-Equivalence (MmE)’. Il permet aux personnes de mieux situer ce qu’est la violence, de voir tout ce qui est contenu dans la violence, et donc comment elles y contribuent aussi elles-mêmes, de déduire clairement à quoi ressemble l’alternative non-violente et il offre un schéma de processus de résolution les conflits. En permettant de clarifier les liens qui existent entre ce qui se passe au niveau personnel et au niveau de la société, ces schémas contribuent se sentir moins impuissant(e)s face aux évènements mondiaux, et à être plus motivé à opérer des changements dans ses propres attitudes, comportements et actions. ../.
  • 75. Pat Patfoort Auteure de Une introduction à la nonviolence. Présentation d’un schéma de raisonnement (1984), de Se défendre sans attaquer. La puissance de la nonviolence (2004) et de Le petit arbre apeuré (2019). « Si les êtres humains font régulièrement du mal les uns aux autres, ce n’est pas parce qu’ils sont mauvais, mais parce qu’ils ne savent pas comment se défendre et se protéger d’une autre façon qu’en attaquant, en agressant. Il est possible de ne pas nous laisser faire, d’agir, mais sans agresser à notre tour. Il n’y a pas que le choix entre être dur et être faible, mais aussi celui d’être fort. Cependant, pour mettre cela en pratique, il faut d’abord être conscient que cette voie existe, et surtout apprendre comment la rendre concrète. Plus nombreux nous serons à nous engager sur cette voie, moins de violence, de souffrances et de tragédies il y aura dans le monde, et plus de bien-être, de bonheur et d’énergie constructive. »
  • 76. Marie-Pierre Bovy Française née en 1949, pianiste de formation, chanteuse, maître de chœur. Membre pendant 25 ans des communautés de l’Arche de Lanza del Vasto avec son mari Pierrot Bovy, sculpteur sur bois, mort d’un cancer. À l’origine de la création de la ‘Coordination de l’action non- violente de l’Arche’ (CANVA), qu’elle anime de 1986 à 1992, et de ‘Stop Essais’, qu’elle anime de 1990 à 2000. Présidente du ‘Mouvement International de la Réconciliation’ (MIR France) de 1986 à 1992 et de l’International Fellowship of Réconciliation (IFOR) de 1992 à 1996. Organisatrice d’un colloque sur Gandhi à Montpellier en janvier 1998. Aujourd’hui accompagnatrice en développement personnel (méthode de libération des cuirasses). « La non-violence gandhienne, grâce à tous ceux qui l'ont portée, défendue et qui ont accepté d'en payer le prix parfois jusqu'à la mort, s'est révélée être un instrument universel d'émancipation et de libération au service de tous les opprimés.»
  • 77. Étienne Godinot Né en 1949, juriste de formation, parcours professionnel dans la gestion des ressources humaines, la formation et la conduite de projets. Membre co-fondateur du ‘Mouvement pour une Alternative Non-violente’ (MAN) depuis 1974 et de l’’Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits’ (IRNC) depuis 1985. « Face à trois défis majeurs de l’humanité aujourd’hui - le défi écologique, celui de la misère et du mal-développement, celui de la défense et des conflits armés - la non-violence apporte des réponses dont la mise en œuvre s’avère de plus en plus urgente. Dans la longue marche de la caravane humaine, la non- violence, en tant que manière d'être avec son prochain et avec la nature, en tant que sagesse de vie et de pensée, mais aussi en tant que philosophie politique et stratégie collective d'action contre l'injustice, est une condition évidente, indispensable et urgente de l'humanisation du monde. »
  • 78. Charles Patterson Né en 1949 ?, historien états-unien, thérapeute, éditeur, professeur d’histoire à la Columbia University de New York. Travaille sur les droits civiques aux États-Unis et sur la destruction de la population juive d'Europe par les nazis. Son livre Un éternel Treblinka traite des rapports de domination que les humains entretiennent avec les animaux. Dénonce la façon dont l’homme s’est arrogé le droit d’exterminer ou de réduire à l’esclavage les autres espèces. Affirme que l’oppression des animaux sert de modèle à toutes forme d’oppression, et que la bestialisation de l’opprimé est une étape obligée sur le chemin de son anéantissement. « L’organisation du travail dans les abattoirs de Chicago a inspiré Henry Ford, admiré par Hitler. Ce modèle se retrouve dans les camps d’extermination nazis où tout était mis en œuvre pour tétaniser les victimes, leur faire perdre leurs repères et découper le meurtre en tâches simples et répétitives pour banaliser le geste des assassins. » ■