Justice, pardon et réconciliation. — 05b. L’Algérie et la France depuis 1962
1. Diaporamas ‘ De l’offense à la réconciliation’
Série 2 - Justice, pardon et réconciliation
5.2 - L’Algérie et la France
Depuis 1962
Étienne Godinot
.24.05.2023
2. La série de diaporamas
‘De l’offense à la réconciliation’
Sommaire - Rappel
Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé
1 - Introduction
2 - La mémoire de l’esclavage
3 - La mémoire du colonialisme
4 - La mémoire du génocide des Arméniens
5 - La mémoire de la Shoah
6 - La mémoire des crimes du communisme
7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis
8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge
9 - La mémoire du génocide du Rwanda
10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie
11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
12 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses
Série 2 : Justice, pardon et réconciliation
1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus
2 - Pardon et réconciliation entre personnes
3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains
4 - La réconciliation franco-allemande
5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962
5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962
6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est
7 - La Chine. Une volonté de revanche ?
8 - Institutions en faveur de la justice et des droits humains.
9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
3. L’Algérie et la France
depuis 1962
Sommaire
La dictature et la violence en Algérie depuis 50 ans, conséquences de la guerre ?
Le parti unique, l’absence de liberté de la presse
L’armée au pouvoir
1992-2002 : 10 années de guerre civile :
Quelques Français dans la tourmente de la guerre civile algérienne : Henri Teissier, les
moines de Tibhirine, Pierre Claverie
La décennie 1999-2019
Le Hirak
Le mal-être de ceux qui ont pratiqué la torture - 4ACG
Le contentieux radioactif
L’affaire Maurice Audin. F. Hollande, puis E. Macron
La mission d’évaluation confiée à des historiens
Images :
- Les drapeaux de l’Algérie et de la France, y compris sur une colombe, symbole de la paix
- Le numéro 161 (déc. 2011) de la revue trimestrielle Alternatives non-violentes sur le sujet
4. La dictature et la violence en Algérie depuis 50 ans,
conséquences de la guerre ?
À force de vanter la violence des combattants durant la guerre
de libération, les dirigeants politiques ont perpétué une "culture de
guerre" qui a généré des automatismes redoutables dans la police,
l’armée, chez les profiteurs de la manne pétrolière, et même dans une
partie des jeunes générations qui n’ont pas connu cette guerre.
On ne peut pas impunément vanter que la méthode de la lutte
armée est centrale dans l’édification d’une nation et s’étonner ensuite
de son emprise dans la réalité sociale et politique.
Qu’en est-il de la violence en Algérie depuis son indépendance ?
Qu’a vécu ce si beau pays, dont la jeunesse est débordante de vitalité ?
Pour les historiens Benjamin Stora et Gilbert Grandguillaume, depuis
l’indépendance en 1962, rarement une société aura vécu si longtemps
en dehors du droit. La violence de la guerre de libération s’est mue en
une oppression contre le peuple algérien tout en servant quelques
bénéficiaires qui, avec l’aide de l’armée, se sont érigés en représentants
politiques de la société.
5. Le FLN, parti unique
À croire que seule la violence permet d’obtenir satisfaction à une
revendication, l’Algérie a connu le drame d’une guerre civile dans les
années 1990, les meurtres commis par l’armée et son DRS (‘Dépar-
tement renseignement et sécurité’, ex-Sécurité militaire), par l’AIS
(‘Armée islamique du salut’) et le GIA (‘Groupe islamique armé’)
Depuis 1962, l’État-Parti unique FLN exerçait un monopole
exclusif sur tous les médias. Le journalisme créé pendant l’occupation
coloniale puis pendant la guerre d’indépendance distillait la rhétorique
révolutionnaire et la sophistique socialiste de l’époque.
Sous la pression de la rue et de journalistes courageux, les
médias publics, en 1989, sortent de la langue de bois autocensurée
pour passer à la liberté d’expression.
La nouvelle constitution de février 1989 vient garantir la liberté
d’expression et d’association.
Images : logos du DRS et du FLN
6. Quelle liberté de la presse ?
La loi d’avril 1990 a encadré la liberté de la presse, de telle sorte
que des journalistes aux ordres du pouvoir sont restés intimement liés
aux services de la police politique. Malgré le foisonnement des
publications, les généraux algériens continueront de surveiller la
presse, en plaçant dans les rédactions des journalistes agents du
DRS.
En 50 ans d’indépendance, l’Algérie n’aura finalement connu que
3 années de réelle liberté de la presse entre 1989 et 1991. Les
journalistes de l’unique télévision nationale ont animé avec talent le
duel télévisé entre le leader démocrate et berbériste Saïd Saadi face
au leader islamiste Abassi Madani.
Photos :
- Saïd Saadi, né en 1947, médecin de formation, membre fondateur de la première ‘Ligue
algérienne des droits de l'homme’, ex-président du ‘Rassemblement pour la culture et la
démocratie’ (RCD) et député d'Alger. Son parti, qui se veut de centre gauche et affiche un
profil social-démocrate, a pour préoccupations essentielles la défense de la langue et de la
culture berbères, la laïcité de l'État et la lutte contre le courant islamiste.
- Abassi Madani (1931-2019) participe à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie dans les
années 1950. Arrêté en novembre 1954, il passe toute la durée de la guerre en prison.
Cofondateur en fév. 1989 et président du ‘Front islamique du salut’, il est incarcéré de juin
1991 à juillet 1997 pour « complot contre l’autorité de l’État, sabotage économique et
distribution de tracts de nature à nuire à l’intérêt national ». Il lance un appel à la fin de la lutte
armée en août 2003.
7. L’armée algérienne au pouvoir
Les "Janviéristes", appelés parfois les "Décideurs" sont les généraux de l'armée algérienne (ANP) qui
décident, le 11 janvier 1992, d'interrompre le second tour des élections, prévu pour le 16 janvier. Ce second tour
aurait permis une victoire écrasante du parti islamiste, le ‘Front islamique du salut’ (FIS). Ce dernier a remporté
188 sièges au premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991. Cette décision majeure sera suivie
par une longue décennie noire de violence, les islamistes, frustrés de leur victoire, s’étant lancés dans des
actions armées avec constitution de maquis.
Photo : Mohamed Mediène, dit "Toufik", général ‘janviériste ‘ et patron du DRS lors de l'interruption du
processus électoral, en poste jusqu'en septembre 2015
La victoire du ‘Front islamique du salut’ (FIS) au 1er tour des
élections législatives de décembre 1991 sonne le glas de la liberté
de la presse.
En destituant le président Chadli Bendjedid et en annulant les
élections, les généraux de l’armée algérienne, le 11 janvier 1992,
durcissent le ton et mettent en marche le rouleau compresseur de la
violence politique. La répression vise d’abord les membres et
sympathisants du FIS, s’étend à sa base sociale, puis à toute la
population. Les jeunes algériens soumis aux mauvais traitements,
craignant d’être arrêtés et torturés par les agents du DRS forment
des ‘Groupes islamiques armés’ (GIA).
8. 10 années de guerre civile
La guerre civile algérienne (‘décennie noire’, ‘décennie du
terrorisme’, ‘années de plomb’, ‘années de braise’) est une guerre
civile qui oppose le gouvernement algérien, disposant de ‘l’Armée
nationale populaire’ (ANP), et divers groupes islamistes à partir de
1991.
Le conflit s'achève par la victoire des forces gouvernemen-
tales avec la reddition de ‘l'Armée islamique du salut’ (AIS) et la
défaite en 2002 du ‘Groupe islamique armé’ (GIA).
En dix ans, les violences ont fait entre 60 000 et 150 000
morts, ainsi que des milliers de disparus, un million de personnes
déplacées, des dizaines de milliers d'exilés et plus de vingt
milliards de dollars de dégâts.
Images : Logo de l’ANP, de l’AIS et du GIA
9. Quelques Français dans la tourmente de la guerre civile algérienne
Henri Teissier
« L’Algérie perd l’un de ses dignes fils, le pleure et partage pleinement la
douleur de sa famille et de tous ceux qui comptaient pour lui et
l’appréciaient, lui, l’inlassable berger de la foi catholique chrétienne, épris
d’humanité et pour qui les hommes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils
proviennent, étaient d’égale valeur. »
Mohamed Antar Daoud, ambassadeur d’Algérie à Paris
« Je garde l’image d’un pasteur, marqué par la violence des années noires.
Très souvent, quand il effleurait cette blessure lors d’une homélie ou d’une
intervention, il s’arrêtait, les larmes coulaient, et il reprenait doucement son
propos. » Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran
Henri Teissier (1929-2020) effectue un stage d’un an en 1951 dans une
usine de planchers préfabriqués et dans la paroisse de Hussein Dey. Il
acquiert la nationalité algérienne en 1965. Il est évêque d'Oran de 1972 à
1980, évêque coadjuteur d'Alger, puis archevêque d'Alger de 1988 à 2008.
Profondément attaché à l'Algérie, parlant arabe, admirateur d’Abd el-
Kader, il traverse avec l'Église la terrible crise terroriste que connaît le pays
dans les années noires, durant lesquelles 19 religieux et religieuses sont
assassinés. Malgré les épreuves et les menaces, il reste en Algérie avec
comme unique ambition de découvrir et de susciter des frères.
10. Quelques Français dans la tourmente de la guerre civile algérienne
Les moines de Tibhirine
Le 24 décembre 1993, un groupe armé de l'AIS fait irruption dans le
monastère. L’émir Sayad Attiya exige l'impôt révolutionnaire pour sa cause
et veut emmener le médecin de la communauté, frère Luc. Christian de
Chergé, prieur du monastère refuse, tout en rappelant que frère Luc reste
disponible pour tous les malades qui viendront au monastère. L'émir repart
alors sans leur faire de mal.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, un groupe d'une
vingtaine d'individus pénètre de force dans le monastère et enlève
7 moines. Le 30 mai, le Gouvernement algérien annonce la
découverte des dépouilles des moines, près de Médéa.
Fondé en 1938, le monastère trappiste Notre-Dame de l'Atlas
est situé dans un domaine agricole. Les moines s'y consacrent à la
prière, vivent du travail de la terre et sont au service de la popula-
tion locale alentour.
Le 14 décembre 1993, douze ouvriers croates sont égorgés à
quelques kilomètres du monastère. Les moines décident de rester
en solidarité avec leurs voisins algériens.
11. Christian de Chergé, prieur de Tibhirine
Christian de Chergé (1937-1996), pendant la guerre d’Algérie, est
protégé de la mort par un garde champêtre algérien père de 10 enfants,
Mohamed, retrouvé assassiné le lendemain. Il parle arabe, a une con-
naissance approfondie et une grande estime pour l’islam et la culture
arabe.
En 1979, il fonde avec Claude Rault, Père Blanc devenu évêque
du Sahara, le groupe Ribât-el-Salâm ("Le lien de la paix"), qui échange
sur la tradition et la spiritualité musulmanes. Il a un dialogue intense en
1982 avec Jacques et Simone de Bollardière en visite à Tibhirine.
« S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui - d’être
victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les
étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon
Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et
à ce pays. (...)
Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu
faisais, oui, pour toi aussi je le veux, ce Merci, et cet A-Dieu envisagé
pour toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux,
en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. »
12. Quelques Français dans la tourmente de la guerre civile algérienne
Pierre Claverie
Pierre Claverie (1938-1996), Français né en Algérie, prêtre
dominicain, est évêque catholique d'Oran après 1981. Il parle l'arabe,
c’est un excellent connaisseur de l'Islam.
Pendant la guerre civile à partir de 1992, il se considère comme
un Algérien et refuse d'abandonner un peuple auquel son destin est
indisso-lublement lié.
En janvier 1992, échange longuement avec Jean-Marie Muller et
veut l’inviter en Algérie pour parler de résolution non-violente des
conflits.
Le 1er août 1996, il est assassiné par une bombe, ainsi que son
chauffeur Mohamed.
« La coexistence implique une connaissance vraie, objective et
exigeante. Mais elle est aussi un rapport de force qu’il faut sans cesse
négocier sous peine de le voir dégénérer en oppression, en exclusion et
en violence.(…) On ne possède pas la vérité, et j’ai besoin de la vérité
des autres. »
13. La décennie 1999-2019
La décennie suivante (ère du Président Abdelaziz Bouteflika qui
prend ses fonctions en 1999) est caractérisée par une violence directe
moins intense, mais par une violence structurelle : pauvreté, régression
des services publics tels que la santé, l’éducation, le logement, corrup-
tion généralisée.
Le régime algérien n’aurait pas réussi à garder le contrôle sur la société
algérienne sans les diverses formes de soutien (politique, diplomatique, militaire, de
renseignement, économique, etc.) de l’Europe et des États-Unis. Des vastes
territoires dans le sud algérien sont confiés aux compagnies pétrolières étrangères
et presque interdits aux citoyens algériens. L’Algérie exporte en Occident son savoir
faire dans la « lutte contre le terrorisme ». La lutte contre ‘Al-Qaïda au Mahhreb
islamique’ (AQMI) sert à la fois les intérêts du régime algérien qui l’utilise comme
alibi pour supprimer les libertés, et les intérêts des États-Unis qui veulent contrôler
l’Afrique du Nord et le Sahel.
L'Algérie est peu concernée par le ‘Printemps arabe’ : seul, de 2011 à
2014, un mouvement contestataire aboutit à la levée de l'état d'urgence
en vigueur depuis 1992.
Photos :
- Abdelaziz Bouteflika, né en 1937, président de la République algérienne démocratique et
populaire d’avril1999 à avril 2019.
- Logo d’AQMI
14. 2019 : le Hirak
Le Hirak (en arabe, ‘mouvement’) désigne une série de manifes-
tations sporadiques qui ont lieu depuis le 16 février 2019 en Algérie
pour protester dans un premier temps contre la candidature d'Abde-
laziz Bouteflika à un 5ème mandat présidentiel, puis contre son projet,
également contesté par l'armée, de se maintenir au pouvoir à l'issue
de son 4ème mandat dans le cadre d'une transition et de la mise en
œuvre de réformes. Par la suite, les protestataires réclament la mise
en place d'une Deuxième République.
Jean-Pierre Filiu, spécialiste du monde arabe, analyse : « En
Algérie, la contestation non-violente est parvenue à désarmer un
régime surarmé. »
Le 13 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune, vainqueur de
l'élection présidentielle au premier tour, déclare tendre la main au Hirak
et prône le dialogue.
En février 2020, à l'approche du premier anniversaire du déclenchement
des manifestations le 22 février 2019, le président Tebboune déclare que « le
Hirak est un phénomène salutaire », que « ce mouvement populaire a épargné
au pays une catastrophe ». Il décrète que le 22 février sera désormais fêté tous
les ans en tant que "Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le
peuple et son armée pour la démocratie".
Images : - Manifestants le 22 février 2019 à Alger.
- Abdelmadjid Tebboune, né en 1945, président de la République depuis
déc. 2019
15. Le devoir et le travail de mémoire,
préalable à la demande pardon et à la réconciliation
Le 31 octobre 2000 est publié dans le journal L’Humanité
‘l’Appel à la condamnation de la torture pendant la guerre
d’Algérie’, signé par Henri Alleg, Josette Audin, Simone de
Bollardière, Nicole Dreyfus, Noël Favrelière, Gisèle Halimi, Alaban
Lichti, Madeleine Rebérioux, Laurent Schwartz, Germaine Tillion,
Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet.
Ce texte sera ensuite appelé ‘l’appel des douze’.
En voici des extraits :
« Des deux côtés de la Méditerranée, la mémoire française
et la mémoire algérienne resteront hantées par les horreurs qui
ont marqué la guerre d’Algérie tant que la vérité n’aura pas été
dite et reconnue. (…)
La torture, mal absolu, pratiquée de façon systématique par
une armée de la République et couverte en haut lieu à Paris, a
été le fruit empoisonné de la colonisation et de la guerre,
l’expression de la volonté du dominateur de réduire par tous les
moyens la résistance du dominé. ../..
16. ‘L’appel des douze’
Avec cette mise au jour, il ne s’agit pas seulement de vérité
historique, mais aussi de l’avenir des générations issues des
diverses communautés qui vivent avec ce poids, cette culpabilité et
ce non-dit. (…)
Dans cet esprit, et dans cet esprit seulement, tourné vers un
rapprochement des personnes et des communautés et non vers
l’exacerbation de leurs antagonismes, nous demandons à M.
Jacques Chirac, Président de la République, et à M. Lionel Jospin,
Premier ministre, de condamner ces pratiques par une déclaration
publique. Et nous invitons les témoins, les citoyens, à s’exprimer sur
cette question qui met en jeu leur humanité ».
Photos :
Henri Alleg (1921-2013),
Madeleine Rebérioux (1920-2005)
Simone de Bollardière ( 1922-2020) avec l’amiral Antoine Sanguinetti (1917-2004)
17. Le mal-être de ceux qui ont pratiqué la torture
À la fin des séances de dédicace ou des conférences qu’il faisait à la suite de la
parution de son livre Soldat, peut-être…, Tortionnaire, jamais ! , Jacques Inrep
échange avec un grand nombre d’ex-appelés du contingent. Certains l’agressent
verbalement ou physiquement, l’insultent, le qualifient de « traître à la patrie ».
D’autres lui racontent leur guerre d’Algérie. Ces grands-pères chenus et blanchis par
la vie, tout à coup, se mettent à pleurer devant un frère de combat, un "curé laïque",
un psychanalyste, parce qu’ils savent qu’il ne les jugera pas, bien qu’il ait refusé de
tourner la génène.
En 2001 à Lyon, à l’occasion de la présentation d’une émission sur la
guerre d’Algérie pour Arte, le psychanalyste Jacques Inrep fait la connais-
sance du psychanalyste Bernard Sigg. Ils constatent que ni le ministère
de la Défense, ni celui de la Santé ne possèdent de statistiques sur le
nombre d’ex-appelés souffrant de troubles psychiques suite à leur parti-
cipation à la guerre en Algérie.
Après avoir fait rapidement des calculs en comparant les États-Unis
et la France, les guerres d’Indochine et d’Algérie, ils arrivent à un chiffre
de 250 à 300 000 hommes souffrant de troubles psychiques, souvent
sans s’en douter. Ils apprendront ensuite que l’évaluation était de 350 000
dans un article paru dans Le Monde du 28 novembre 2000.
18. L’association 4ACG
Ils soutiennent des actions en Algérie, en Palestine et au
Maroc, avec des objectifs précis : agriculture biologique, création
de microentreprises, éducation et formation, centre de santé, etc.
4ACG participe à des débats publics en faveur de la paix et veut
promouvoir la réconciliation entre les peuples algérien et français :
« La guerre ne sème que malheur et désordre, elle engendre la
barbarie. Seule une résolution non-violente des inévitables conflits
peut l’éviter ».
En janvier 2004, quatre paysans du Tarn et de l’Aveyron, ex-
appelés en Algérie, font le choix de reverser leur retraite
d’ancien combattant à des actions de paix, et créent l’association ‘Anciens appelés
en Algérie et leurs ami(e)s contre la guerre’ (4ACG).
« À cette époque, nous n’avons rien dit. Nous n’avons pas eu le courage de
hurler notre désaccord au monde. Aujourd’hui, bien que percevant de modestes
retraites, nous avons décidé de refuser pour nous-mêmes la retraite du combattant
et de la reverser à des populations qui souffrent de la guerre ou à des organismes
qui oeuvrent pour la paix ».
19. Le contentieux radioactif
108 000 km² au sud-ouest de Reggane, l’équivalent d’1/5ème de la surface de l’Hexa-
gone, ont été classés ‘terrain militaire’ afin d’y construire le centre d’expérimentation des
armes nucléaires. Au printemps de 1960, l’ensemble des installations du ‘Centre algérien
d’expérimentation militaire’ représente 82 000 m² de bâtiments, 7 000 m² d’ouvrages
souterrains, une production d’eau de 1 200 mètres cubes par jour, 3 centrales électriques,
7 000 mètres cubes de béton armé, et même une piscine olympique pour les 3 000
personnes en permanence et les 1300 personnes de passage.
Il faut y ajouter les ‘Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux’ de Colomb-
Béchar et Hammagir pour tester les missiles indispensables au transport des armes
nucléaires et pour fabriquer des armes chimiques, et les installations construites à flanc de
montagne à In Ekker pour les essais souterrains, qui renferment encore des matières
radioactives.
Plutôt que tout déménager et nettoyer les lieux, l’armée française, après l’indépen-
dance, creuse de grands trous pour y enfouir déchets, voitures, avions contaminés. Tous
les documents relatifs aux armes de destruction massive, et donc les archives de cette
période, ont été frappés en 2007 d’ « incommunicabilité absolue ».
Photos : Les essais nucléaires à Reggane et à In Ekker
Une demande de pardon de la France, pour être complète, devrait
intégrer les regrets et les réparations de la puissance coloniale pour les
conséquences des 17 explosions de bombes atomiques dans le Sahara
algérien, 4 atmosphériques et 13 souterraines.
Le contentieux "radioactif" continue d’empoisonner non seulement
les relations entre la France et l’Algérie, mais le quotidien de nombreu-
ses personnes sur les deux rives de la Méditerranée.
20. Le contentieux radioactif
La ‘loi Morin’ de janvier 2010 « relative à la reconnaissance et à
l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français » au
Sahara et en Polynésie permet de déposer des dossiers de demande
d’indemnisation.
À la date de mai 2018, 1 310 demandes d’indemnisation ont été
déposées : 1092 émanant de métropolitains, 44 d’Algériens et 169 de
Polynésiens. Sur ce total, 130 indemnisations ont été versées et 75
expertises sont en cours de réalisation. Au 7 septembre 2018, seules
121 personnes ont été indemnisées en raison des essais nucléaires
français.
En décembre 2007 lors de sa visite à Alger, le président Sarkozy a
annoncé la mise en place d’une commission chargée d’établir un état
des lieux et de faire des propositions pour la réhabilitation des sites. À
fin 2011, cette commission n’a toujours pas rendu ses conclusions.
Photos : - Bruno Barrillot (1940-2017), lanceur d'alerte spécialisé dans le suivi des
armes et du nucléaire. Il est cofondateur de l'Observatoire des armements en 1984.
- et un des rapports qu’il a établis.
21. L’affaire Audin
Maurice Audin (1932-1957), était un Français assistant de
mathématiques à l’université d’Alger, membre du Parti communiste
algérien et militant de la cause anticolonialiste. Il est arrêté le 11 juin
1957 par des membres du 1er régiment étranger de parachutistes.
L’armée a longtemps prétendu qu’il se serait évadé en sautant de la
jeep qui le menait à son lieu de détention.
Selon les membres de sa famille et selon Pierre Vidal-Naquet,
auteur d’un livre sur le sujet, Maurice Audin est mort le 21 juin 1957 au
cours d’une séance de torture conduite par le lieutenant André
Charbonnier, officier de renseignement servant sous les ordres du
général Massu.
Le général Aussaresses avouera par la suite avoir donné l'ordre de
l’achever au couteau pour faire croire à un meurtre par des Algériens.
En juin 2007, Josette Audin demande au président de la République que soit
éclairci le mystère de la disparition de son mari. En janvier 2009, la mathémati-
cienne Michèle Audin, fille de Maurice et Josette Audin, refuse le grade de chevalier
de la Légion d’honneur au motif que le chef de l’État n’a pas donné suite à la
demande de sa mère ni même répondu à sa lettre.
22. La reconnaissance de la responsabilité de l’armée française
dans la mort de Maurice Audin : François Hollande
Fin 2012, le président François Hollande en visite à
Alger veut « faire de ce cas une illustration des nouvelles
relations entre la France et l'Algérie ».
Il souligne « l'importance de la vérité sur la colonisation,
sur la guerre, sur les mémoires blessées », en annonçant que
le ministre de la Défense va recevoir la veuve de Maurice
Audin « afin de [lui] remettre en mains propres l'ensemble des
archives sur la disparition de [son] mari ».
François Hollande se rend ensuite devant la stèle élevée
à la mémoire de Maurice Audin à Alger. (photo)
23. La reconnaissance de la responsabilité de l’armée française
dans la mort de Maurice Audin : Emmanuel Macron
Le 13 septembre 2018, le président Emmanuel Macron
reconnaît officiellement les responsabilités de l'État français
et de l'armée française dans cet assassinat.
« Le Président de la République, Emmanuel Macron, a par conséquent décidé qu’il était temps
que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République
française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient
arrêté à son domicile.
Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins
été rendue possible par un système légalement institué : le système "arrestation-détention", mis en
place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale aux forces armées à
cette période.
Le Président de la République souhaite que toutes les archives de l’État qui concernent les
disparus de la guerre d’Algérie puissent être librement consultées et qu’une dérogation générale soit
instituée en ce sens.
L’approfondissement de ce travail de vérité doit ouvrir la voie à une meilleure
compréhension de notre passé, à une plus grande lucidité sur les blessures de notre
histoire, et à une volonté nouvelle de réconciliation des mémoires et des peuples français
et algérien. »
Photo : Emmanuel Macron avec Josette Audin à Bagnolet le 13 septembre 2018
24. La mission d’évaluation confiée à des historiens
Le 24 juillet 2020, Emmanuel Macron a reçoit l’historien
Benjamin Stora et lui confie une mission sur « la mémoire de la
colonisation et de la guerre d’Algérie », en vue de favoriser « la
réconciliation entre les peuples français et algérien ».
Cette mission, dont les conclusions sont attendues à la fin de
l’année, « permettra de dresser un état des lieux juste et précis du
chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la
guerre d’Algérie, ainsi que du regard porté sur ces enjeux de part et
d’autre de la Méditerranée », explique la présidence.
Dans une démarche parallèle, le président algérien Abdel-
madjid Tebboune annonce avoir nommé le docteur Abdelmadjid
Chikhi, directeur général du Centre national des archives algériennes
Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre national des archives
algériennes, pour mener un travail de « vérité » sur les questions
mémorielles entre les deux pays.
Photos :
- Né à Constantine en 1950, Benjamin Stora et sa famille se sont exilés en France en 1962
où ils ont débarqué en même temps que les familles juives et les Harkis.
- Abdelmadjid Chikhi. Ancien combattant de la guerre d’indépendance, l’historien dirige le
Centre national des archives algériennes et conseille le président Tebboune.
25. Des gestes symboliques forts
Signe fort d’un dégel dans les relations entre
l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale, Paris a
remis début juillet 2020 les restes de 24 combattants
algériens tués au début de la colonisation française au
XIXe siècle. Un geste considéré comme « un grand
pas » par Alger.
« À travers ce genre de geste, la France
redécouvre son histoire », estime Benjamin Stora
dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP).
Pour lui, « il y a un mouvement mondial de réappro-
priation de l’histoire des peuples, et la France ne peut
pas passer à côté de ça ».
26. La France reconnaît sa responsabilité
dans la tragédie des harkis
Les harkis sont ces anciens combattants - jusqu’à 200 000 hommes -
recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant le conflit qui opposa
de 1954 à 1962 les indépendantistes algériens à la France.
À la fin de la guerre, environ 42 000 harkis, accompagnés parfois de
leurs femmes et enfants, sont évacués en France par l’armée et transitent par
des camps aux conditions de vie souvent indignes. Près de 40 000 autres y
parviennent par des filières semi-clandestines ou clandestines. Au total, entre
80 000 et 90 000 personnes arrivent en France selon certaines estimations,
pour la majorité entre 1962 et 1965. Les autres, désarmés, sont livrés à leur
sort en Algérie. Considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ils
sont victimes avec leurs familles de sanglantes représailles.
Ces dernières années, les gouvernements français qui se sont suc-
cédé ont tenté de commémorer les harkis et de reconnaître les souffrances
subies.
Au cours d’une journée d’hommage, le président Jacques Chirac
déclare en 2001 que « les massacres commis en 1962, frappant les militaires
comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours
l’empreinte de la barbarie. Ils doivent être reconnus .»
27. Reconnaissance de la responsabilité de la France
dans la tragédie des harkis
En 2005, une loi est adoptée prévoyant une allocation de reconnaissance
pour « les harkis, leurs orphelins et les rapatriés d’origine européenne ».
En 2016, le président François Hollande reconnaît solennellement les
« responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les
massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines des
familles transférées dans les camps en France ».
Le 20 sept. 2021, le président Emmanuel Macron demande pardon aux
harkis au nom de la France et met à l’honneur « trois porteurs symboliques » de la
mémoire des harkis : Salah Abdelkrim, combattant lors de la guerre d’Algérie, le général
français François Meyer, qui avait désobéi à sa hiérarchie et organisé le rapatriement en France
de 350 harkis, Bornia Tarall, fille de harki, militante de l’égalité des chances et de la diversité.
« L’histoire des harkis est grande et douloureuse. (…) C’est l’histoire de
déchirures : déchirure de deux pays, déchirure avec vos terres natales, déchirure
entre Français. C’est la tragédie d’une fidélité bafouée plusieurs fois par les
massacres en Algérie, par l’exclusion en France, puis par le déni et le refus de
reconnaissance. Votre histoire, c’est la nôtre. (…)
Après la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses
devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants. »
28. La France ouvre les archives
sur les enquêtes judiciaires
Le 10 décembre 2021, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture
en charge des archives nationales, annonce l’ouverture, avec 15 ans
d’avance, des « archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et
de police qui ont rapport avec la guerre d’Algérie »
« On a des choses à reconstruire avec l’Algérie, elles ne
pourront se reconstruire que sur la vérité. Je veux que sur cette
question – qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de
l’histoire à l’œuvre – je veux qu’on puisse la regarder en face. On ne
construit pas un roman national sur un mensonge.
« C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les
troubles et toutes les haines. À partir du moment où les faits sont sur la
table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c’est à partir de ce
moment-là qu’on peut construire une autre histoire, une réconcilia-
tion. »
Photos : Roselyne Bachelot
Bâtiment des Archives nationales d’outre-mer (ANOM) à Aix-en-Provence
29. Janvier 2022 : La France fait un geste
envers les Pieds-noirs
Le 26 janvier 2022, devant des rapatriés réunis à l’Élysée,
Emmanuel Macron, fait un geste fort envers les rapatriés d’Algérie en
qualifiant d’« impardonnable pour la République » la fusillade de la rue
d’Isly, à Alger, en mars 1962, et en estimant que le « massacre du
5 juillet 1962 » à Oran doit être « reconnu ».
Le 26 mars 1962, des Français, civils non armés, favorables à l'Algérie
française, manifestent et sont décidés à forcer les barrages des forces de l'ordre qui
exerçaient un blocus du quartier de Bab El-Oued en état de siège et fouillaient avec
violence les habitations (saccages, morts) à la suite de la mort de 7 appelés du
contingent tués par des éléments de l'OAS au cours d'un accrochage. La foule des
manifestants est mitraillée durant une quinzaine de minutes par des tirailleurs
algériens de l'armée française. Le bilan est de 80 morts et 200 blessés.
Le massacre du 5 juillet 1962 à Oran a lieu deux jours après la reconnaissan-
ce officielle de l’indépendance. Les témoignages font état de la présence d’éléments
de l'Armée de libération nationale algérienne (ALN), en violation des accords
d'Évian, de policiers et de civils algériens, commettant des exactions à l’encontre de
pieds-noirs et d'Algériens pro-français. Les forces armées françaises attendent
plusieurs heures avant de s’interposer. Les estimations du nombre de victimes du
massacre vont de 95 tués (dont 20 pieds-noirs et 75 musulmans) à près de 700
Européens morts et disparus et une centaine de musulmans morts et disparus.
30. Janvier 2022 : La France fait un geste
envers les Pieds-noirs
« Votre arrivée en métropole est un soulagement, leur dit
Emmanuel Macron, car vous vous savez ici en sécurité, mais elle n’est
pas une consolation, car vous vous sentez vite incompris, méprisés
pour vos valeurs, votre langue, votre accent, votre culture.
Le chef de l’Etat déplore que « la plupart » se soient « heurtés à
l’indifférence quand ce n’était pas aux préjugés ». « Il y a soixante ans,
les rapatriés d’Algérie ne furent pas écoutés. Il y a soixante ans, ils ne
furent pas reçus avec l’affection que chaque citoyen français en
détresse mérite. (…) Désormais, le chemin qu’il nous revient de faire
est celui de cette réconciliation ».
31. Août 2022 : nouvelle étape
Lors de sa visite de 3 jours en Algérie en août 2022,
Emmanuel Macron annonce la création d'une commission d'historiens
français et algériens sur la colonisation et la guerre d'Algérie. Cette
commission doit permettre de « regarder l'ensemble de cette période
historique, qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la
guerre de Libération, sans tabou. (…) Nous avons un passé commun » qui
« est complexe, douloureux. Le passé, nous ne l'avons pas choisi, nous en
héritons, c'est un bloc, il faut le regarder, le reconnaître, mais nous avons
une responsabilité, c'est de construire notre avenir pour nous-mêmes et
nos jeunesses. » Cela doit être fait « sans tabous, avec une volonté de
travail libre, historique, d'accès complet à nos archives ».
Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron signent le 27 août à
Alger une déclaration commune appelant à une « nouvelle dynamique
irréversible » dans les relations bilatérales, 60 ans après la fin de la guerre
d'Algérie. Il s'agit de la concrétisation d'un « partenariat renouvelé,
concret et ambitieux ». Pour « réhausser leurs concertations politiques »,
Paris et Alger vont instaurer un ‘Haut conseil de coopération’ au niveau
des chefs d'État, afin "d'approfondir dans un esprit de confiance et respect
mutuels, des réponses adaptées aux questions bilatérales, régionales et
internationales. »
32. Février 2023 : Patrick Bruel
Le chanteur français Patrick Bruel, né Benguigui en 1959 et élevé
dans la tradition juive, arrive en Algérie 1er février 2023 pour un voyage de
5 jours sur ses terres d’origine. En compagnie de sa mère, Augusta, il visite
Tlemcen, sa ville natale, capitale de l’art andalou en Algérie, puis Oran où
est né son père, puis Alger.
Il a écrit la chanson Je reviens quand ce voyage n’était qu’un rêve
qu’il espérait réaliser. « L’avion va bientôt atterrir… / Tu caches tes larmes
dans un sourire. / J’avais quel âge… 3 ans à peine, / et nous voilà tous les
deux à Tlemcen ». À cette période, l’ambassadeur Saïd Moussy lui fit
savoir que cela ferait plaisir aux autorités algériennes qu’il revienne en
Algérie avec sa maman.
« C'est une grande émotion, je suis très heureux d'avoir fait ce
voyage et je sais que cela touche plein de gens. J’ai reçu des témoignages
d'affection des gens que j'ai rencontrés sur mon chemin tous les jours, avec
cette phrase qui revient en boucle dans toutes les bouches: "Soyez les
bienvenus chez vous !" ».
Patrick Bruel est très engagé dans plusieurs causes politiques et
humanitaires qui lui tiennent à cœur, comme la lutte contre le racisme, la
famine ou encore la liberté d’expression, ■