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Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité"
Penseurs et acteurs
d’un changement sociétal
11- depuis 1980
É. G.
06.06.2023
Nathanaël Wallenhorst
Né en 1980, enseignant et chercheur français. Docteur en
sciences de l’environnement, en science politique et en sciences de
l’éducation. Professeur d’éducation à l’Université catholique de l’Ouest
(UCO). A publié 22 livres ces 5 dernières années pour alerter sur l’état
d’urgence de notre planète. Appelle à un changement radical de
modèle économique. Directeur de ‘l’IFF-Europe’, institut de formation
lancé par ‘Fondacio’ à Angers dans le champ de la solidarité.
« « Une voiture ne sera jamais verte, sauf si elle est faite en
feuilles de chou, et il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’aucune
solution technique ne pourra nous sortir de là. C’est un mur qui se
dresse devant nous. C’est pourquoi il faut prendre un temps pour
comprendre ce qui se passe plutôt que de lancer des actions qui ne
sont pas à la hauteur des enjeux. »
« J’ai à cœur de montrer que notre modèle économique fondé
sur la croissance ne s’encastre plus dans notre réalité géophysique.
Les politiques menées aujourd’hui sont comme des pansements sur un
cancer : 100 % inefficaces… » ../..
Nathanaël Wallenhorst
« Il faut passer de l’expérience démocratique "Je fais ce que je
veux” à “Je bute contre des limites”. Mais nos démocraties sont fragiles.
Or, rien ne serait pire qu’une autocratie ou une dictature face aux enjeux
de la pérennité de l’aventure humaine sur Terre. »
« J’ai écrit le manifeste intitulé « Vous voulez sauver la planète ?
Faites des gosses ! » car je refuse de vivre dans un monde sans
jeunesse. Je crois fondamentalement dans la natalité et la promesse de
renouvellement dont sont porteurs les enfants. »
« En apprenant aux élèves à s’adapter à la société et non à la
transformer selon des principes de durabilité sociale et environnementale,
nous envoyons dans le mur l’immense majorité d’entre eux. »
« ll en va désormais de la pérennité de la vie humaine en société
de refonder l’éducation, pour que nous puissions vivre ensemble au sein
d’une biosphère durable, prévisible et agréable. Il s’agit d’apprendre, à
l’école, à refuser la domination, la préemption et l’accumulation. Il n’y a
plus d’alternative : soit nous engageons une éducation en anthropocène
profondément renouvelée, sur fonds de résistance à la puissance de
l’argent, soit nous renonçons à l’avenir, et nous en privons nos enfants. »
Sandra Sudhoff
Née en 19??, cartographe et cyber-militante associative. Architecte-
paysagiste de formation, master en Systèmes d’information géographiques
(SIG) et télédétection à l'Université de Cambridge. Fondatrice en 2006, avec
Yann Rebois, de l’association ‘CartONG’ basée à Chambéry (34 salariés),
Responsable de projet en gestion de l'information et Directrice technique.
CartONG est une Organisation non-gouvernementale (ONG)
spécialisée en gestion de l'information qui met la donnée - en particulier la
donnée géographique - au service des projets humanitaires, de développe-
ment et d'action sociale. Son objectif est d'appuyer l'ensemble des acteurs du
secteur de la solidarité internationale dans les défis techniques, stratégiques
et éthiques qu'ils rencontrent avec l’utilisation des technologies numériques.
Elle travaille sur de nombreuses thématiques (protection, réfugiés, eau et
l'assainissement, santé, réduction des risques de catastrophe, développe-
ment urbain, droits humains, etc.) et promeut le partage de données, d’outils
et de méthodologies utilisables et accessibles par et pour toutes et tous.
CartONG organise par ex. des ‘mapathons’, événement durant des volontaires travaillent, en
présentiel ou en distanciel, sur des projets de cartographie de manière collaborative. La cartographie
réalisée lors d'un mapathon consiste à fournir des informations géographiques à la base de données
openstreetmap. Les informations ainsi ajoutées sont libres de droit et accessibles à tous.
Gulistan Sido
Née en 1980 ?, universitaire et militante kurde syrienne.
Études à Alep en littérature et en sciences humaines, dans le départe-
ment de langue et de littérature françaises, puis diplôme en traduction
français-arabe. Master en lettres modernes à Paris 3 à la Sorbonne-
Nouvelle, thèse de doctorat à ‘l’Institut national des langues et des
civilisations orientales’ (INALCO) sur la littérature orale dans la région
d’Afrin. Enseigne le français et l’arabe à l’université d’Alep jusqu’en 2011.
En 2013, le régime d’Afar el Assad bombarde et pulvérise le
quartier kurde d’Alep. Avec des universitaires et professeurs kurdes,
fonde le premier Institut de langue et de littérature kurdes à Qamislo au
Rojava*.
En 2014, le Rojava déclare son auto-administration démocratique :
écriture d’un ‘Contrat social’, gestion de la région par toutes les compo-
santes autour du principe de « fraternité entre les peuples », éducation
multiculturelle et plurilinguistique : les enfants arabes apprennent le
kurde, et les enfants kurdes l’arabe, etc.
../..
* Rojava (« l'ouest » en kurde), ou Kurdistan occidental ou Kurdistan syrien
Images 1 et 3 : Un bâtiment de l’université du Rojava, logo de l’université
Gulistan Sido
Après la création de l’université d’Afrin en 2015, cofonde en
juillet 2016, pendant la guerre, celle du Rojava : médecine, ingénierie
civile et écologique, pétrochimie, jinéologie, mathématiques, langues,
arts et sciences humaines, etc.
Avec la création de cette université, les Kurdes syriens veulent
mettre fin à l’enseignement élitiste qui tend à diviser la société en deux
catégories : une classe d’élites dirigeant la société et l’immense majorité
de la société reléguée au rang d’ignorants incapables de réfléchir aux
problèmes de la société et qui ont besoin des premiers pour être dirigés
à tous les niveaux. ../..
Photos :
- Jinéoloji : La jinéologie (la science des femmes) peut être définie comme une forme de
féminisme, telle que prônée par le leader du ‘Parti des travailleurs du Kurdistan’ (PKK) Abdullah
Öcalan et pratiquée au sein de la lutte des femmes kurdes. Les étudiant.e.s sont sensibilisés sur
de nombreux sujets tels que l’inégalité des sexes, les solutions aux problèmes sociaux, l’injustice
sociale, la violence à l’égard des femmes et le travail non rémunéré des femmes.
- Cérémonie de remise des diplômes, université du Rojava à Kameshli (kurde) ou Quamislo
(arabe).
- « Repenser l’université avec la révolution du Rojava », conférence à Aubervilliers en mars 2022
à l’initiative du ‘Centre de solidarité et de coopération avec les universités du Nord et de l’Est de
la Syrie’ (CSCUNES), de l’université de Paris 8 - St Denis et du ‘Laboratoire d’études de Genre
et de sexualité’ (LEGS) du CNRS
Gulistan Sido et ‘Les Tresses vertes’
Très impliquée avec son université dans le lancement en oct. 2020 du projet
écologique Keziyên kesk, ‘Les tresses vertes’ *: plantation de 4 millions d’arbres dans la
région kurde de Qamishlo pour lutter contre la désertification, en faveur de l’amélioration
de l’air, de la terre et des écosystèmes, de la santé, du repeuplement de la région.
L’initiative s’accompagne d’une campagne de formation agricole et de sensibilisation et
d’éducation aux enjeux écologiques pour la planète.
L’université du Rojava a prêté le terrain qui accueille les 80 000 plants à l’état de
pousses. 95% des arbres plantés ont pris : vigne, figuiers, mûriers, grenadiers, attendent
de grandir pour être plantés dans la région de la Cizrê.
* La dénomination ‘Les Tresses vertes ‘a été adoptée en hommage à la lutte des femmes au Rojava, en particulier
aux femmes Yézidies dont le mari a été tué par Daech, et qui ont coupé leur tresse pour l’attacher à la tombe en symbole
de résistance.
Sylvie Laporte, Sadia Diawara,
Ernesto Novo, Sitou Matt,
Firmine Richard
Sylvie Laporte, née en 1980 ?, citoyenne française d’origine
malgache et britannique. Formée au ‘Conservatoire national supérieur d‘art
dramatique de Paris’, comédienne, compositeur, interprète, présidente d’un
conseil local de la ‘Fédération des parents d’élèves’.
En collaboration avec l’association ‘Dooryder Company’, initie le projet
d’une fresque dans le collège Edmond-Michelet, 70 rue de l'Ourcq, à Paris
(19ème arrondissement), classé en Zone d’éducation prioritaire (ZEP). Plutôt
qu’une fresque consacrée seulement à Edmond Michelet, Sadia Diawara,
directeur du centre d’animation ‘Paris Anim' Curial’, l’invite plutôt à présenter
des personnalités qui prônent la justice, la vérité, la liberté, l’écologie et la non-
violence.
Le projet remporte les subventions en 2016. En mai 2019, des ateliers
se mettent en place : un de peinture, un autre de calligraphie avec le graffeur
Sitou Matt Imagination. Ernesto Novo, street artiste, prend en charge la
maîtrise d’œuvre de la fresque. Les élèves s’impliquent dans les recherches
autour des personnages historiques et décident des citations à inscrire à côté
de chaque portrait. La comédienne Firmine Richard devient marraine du
projet. ../..
Photos : Sylvie Laporte, Ernesto Novo, Sitou Matt, Firmine Richard
Sylvie Laporte, Sadia Diawara,
Ernesto Novo, Firmine Richard
La fresque, longue de 63 mètres, et baptisée ‘Le mur de la
paix’, présente les portraits et des citations de 18 chercheurs
d’humanité. Les portraits seront ceux de Confucius, Averroès,
Olympe de Gouges, Sitting Bull, Jean Jaurès, Gandhi, Charlie
Chaplin, James Baldwin, Joséphine Baker, Edmond Michelet, Aimé
Césaire, Rosa Parks, Martin Luther King, Mère Teresa, Bob Marley.
« Notre objectif était de vaincre la violence en milieu scolaire
par le vecteur de la peinture, de l’art graphique en amenant à une
réflexion des enfants sur l’histoire de l’humanité. Cette œuvre ouvre
la porte sur les thèmes de l’histoire, les professeurs s’en emparent.
C’est devenu l’antisèche de la cour de récréation ! »
Nadège Buquet
Née en 19??, responsable d’organisation française. Mastère de
stratégie publique et politique, ex-conseillère chargée de ‘l’Économie
sociale et solidaire’ au cabinet de la Secrétaire d’État auprès du Ministre
de l’Économie et des Finances.
Déléguée générale de ‘Transparency International France’, Copré-
sidente de la ‘Maison des Lanceurs d’Alerte’ (MLA). Créée en oct. 2018 à
l’initiative de 17 associations et syndicats*, cette association accompagne
les lanceurs d'alerte au quotidien et mobilise les décideurs et l'opinion
publique pour faire évoluer la législation en leur faveur. Elle s’inspire de
Protect au Royaume-Uni, qui articule son activité autour de trois missions :
accompagnement des lanceurs d’alerte, plaidoyer et formation. Elle est
membre du Whistleblower International Network (WIN).
En 2019, la MLA se mobilise pour faire adopter une directive
européenne destinée à améliorer la protection des lanceurs d’alerte dans
tous les pays de l’Union Européenne. Elle intervient auprès du ‘Conseil de
l’Europe’.
*Anticor, Attac, Bloom, Cfdt Cadres, CRIIGEN, Gisti, Greenpeace France, Nothing2Hide, Le
Pacte civique, PPLAAF, Réseau Environnement Santé, Sciences citoyennes, Sherpa, Solidaires,
Syndicat National des Journalistes, Transparency International France, Ugict-CGT.
Marie Peltier
Née en 1980, historienne belge, chercheuse, essayiste, conféren-
cière, spécialiste de la propagande et du complotisme. Militante asso-
ciative, travaille comme chargée de projets pour la section wallonne de
Pax Christi, avec le père Paolo Dall'Oglio sur la défense de la liberté et de
la démocratie en Syrie, sur le racisme et l’antisémitisme.
Enseignante en histoire à ‘l‘Institut supérieur de pédagogie Galilée’
de Bruxelles. Intervient sur ces sujets dans de nombreux médias en tant
que chercheuse.
« Le complotisme est un imaginaire politique de défiance à l’égard
des institutions et de la démocratie. Ces théories du complot ont remis au
goût du jour des discours d'inspiration fasciste et antisémite, leur donnant
une coloration "moderne". Sur fond d'islamophobie et de haine des juifs,
elles sont sous-tendues par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des
problèmes sociopolitiques contemporains. Poser le bon diagnostic est
indispensable car, loin d'être le fait de farfelus ou d'ignorants, le complo-
tisme est le symptôme d'une véritable maladie de société.
Il n’a pas pour ambition de changer la société, mais de désigner
des coupables. Il est dangereux car il discrédite les institutions démocra-
tiques qui seraient un leurre au service d’intérêts cachés, et car il nourrit
la haine de minorités ou de boucs-émissaires. »
Thomas Deltombe
Français né en 1980, diplômé de l'Institut d’Études Politiques de
Paris et titulaire d'un DEA d'histoire contemporaine. Journaliste indépen-
dant et essayiste depuis 2005. Collabore avec Le Monde diplomatique et
les éditions La Découverte.
Ses récentes interventions et articles portent sur les médias et
l'islam, l'Afrique, l'histoire coloniale. Son livre Kamerun ! Une guerre
cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) (2011), écrit avec
Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, est la synthèse la plus complète sur
l'histoire de la décolonisation du Cameroun.
Les auteurs montrent comment la France a écrasé le mouvement
indépendantiste camerounais, porté par l'Union des populations du
Cameroun (UPC), pour garder la mainmise sur ce pays.
Ils racontent comment furent assassinés, un à un, les leaders de l'UPC :
Ruben Um Nyobè en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Ils
montrent comment l'administration et l'armée françaises, avec leurs exécutants
locaux, ont conduit pendant des années une effroyable répression : bombarde-
ments des populations, escadrons de la mort, lavage de cerveau, torture généra-
lisée, etc.
Josef Schovanec
Français né en 1981 de parents tchèques, "personne avec
autisme" victime du syndrome d’Asperger. Enfance et scolarité
"extrêmement chaotiques". Pendant cinq ans sous camisole chimique,
étiqueté schizophrène.
Docteur en philosophie, polyglotte (parle plus de sept langues),
ancien élève de Science Po Paris, docteur de l'EHESS et chercheur
en philosophie et sciences sociales, représentant français des autistes
de haut niveau (ou autistes Asperger).
Séduit ses auditeurs par sa simplicité et son humour. Évoque
avec humour ces "petits" problèmes qui font son quotidien : longues
préparations nécessaires avant de prendre le métro ou de se rendre à
un rendez-vous, angoisse lorsque le téléphone sonne, panique face au
moindre imprévu, difficulté à comprendre les codes sociaux et à nouer
des relations amicales classiques, passion obsessionnelle pour les
livres et les bibliothèques…
« Il est bien triste d’être normal ! »
Antoine Leiris
Né en 1981, journaliste français. DEUG de droit, journaliste culturel.
Réalise pour ‘France Info’ l’émission Tableauscopie consacrée à la
peinture, quitte son poste pour écrire un roman. Auteur du documentaire
Habiter autrement (habitat communautaire, coopératives, etc.)
Son épouse, Hélène Muyal-Leiris, fait partie des 89 personnes
tuées lors des attentats du 13 novembre 2015 au ‘Bataclan’, à Paris, par
un commando se réclamant de l'organisation ‘État islamique’.
Trois jours après les attentats, publie sur ‘Facebook’ un message
intitulé Vous n’aurez pas ma haine qui fait la une du quotidien Le Monde,
publié ensuite sous forme de livre. À la télévision, met en garde contre « la
défaite de la pensée », défendant une réponse culturelle aux attentats,
pour comprendre l’horreur et la contrer. Un an après les attentats, le 13
novembre 2016, ‘France 5’ diffuse un documentaire sur le même thème.
Un téléfilm et une pièce de théâtre sont également créés. Embauché par
Anne Hidalgo comme "plume officielle" de la ville de Paris.
« Alors, non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous
l’avez bien cherché pourtant, mais répondre à la haine par la colère ce
serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes ».
Taren Stinebrickner-Kauffman
Née en 1981, militante australo-étatsunienne. Diplômée en mathé-
matiques de la Duke University.
Fondatrice et directrice jusqu'en 2016 de l'organisation ‘SumOfUs’,
qui surveille l'activité des entreprises et se décrit comme « un mouve-
ment de consommateurs, investisseurs et travailleurs tout autour du
monde, se dressant ensemble pour tenir les entreprises responsables de
leurs actions et forger un chemin nouveau, soutenable et juste pour
notre économie globale ».
L'organisation exerce actuellement ses activités dans 3 langues et
regrouperait 10 millions de membres dans plus de 130 pays, avec des
grandes concentrations aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en
Australie, en France et en Allemagne. Environ 85 % du financement de
‘SumOfUs’ provient de petits dons de ses membres.
Exemple de campagnes : arrêt des énergies fossiles; arrêt de la
thiaclopride, pesticide dangereux pour les abeilles; soutien à la lutte
économique contre l’occupation israélienne en Palestine; lutte contre les
projets d’exploitation de gaz par Total en Arctique; action auprès des
compagnies d'assurance pour ne pas assurer l'oléoduc à risques Trans
Mountain; action auprès de ‘Paribas’ contre la déforestation de l’Amazo-
nie, etc.
Yehuda Shaul
Israélien né en 1982. Issu du milieu juif orthodoxe, fait son
service militaire pendant trois ans au sein d’une unité combattante
dans les Territoires occupés et constate les ravages de l’occupation.
En 2004, avec 65 camarades, vétérans de l’armée
israélienneTsahal, crée l’association Breaking the Silence qui recueille
et publie les témoignages des soldats chargés du "contrôle" des
Palestiniens de Cisjordanie et sensibilise la population, pour la forcer
à savoir, "parce que l’opinion ignore ce qui se passe sur le terrain".
Se bat contre les humiliations, les spoliations, les
expropriations, les démolitions…
« L’occupation est pour Israël une seconde nature, Israël ne
conçoit la possibilité de vivre avec ses voisins qu’en les contrôlant de
façon absolue et obsessionnelle. (…) Si on ne cesse pas l’occupation,
c’est tout Israël qu’on risque à terme de perdre. Pour y mettre fin, il
suffit de le décider. »
Nick Vujicic
Nicholas James Vujicic, né en 1982, prédicateur chrétien évan-
gélique et conférencier australien d’origine serbe. Atteint de la très rare
maladie Tetra-amelia : il lui manque les deux bras ainsi que les deux
jambes. A cependant deux petits pieds, dont l'un avec deux orteils.
Apprend à écrire en utilisant les deux orteils de son pied gauche
ainsi qu'un appareil spécial qui se glisse sur son gros orteil et qu'il
utilise pour saisir les objets. Martyrisé à l'école, extrêmement déprimé
tente de se noyer dans son bain, avant d'y renoncer au dernier moment
en pensant à la peine que sa mort pourrait causer à ses parents.
Apprend à se servir d'un ordinateur et à taper du texte par la méthode
‘talon et orteil’. Qualification en comptabilité et planification financière.
Directeur de Life Without Limbs (la vie sans membres), associa-
tion chrétienne dédiée aux personnes vivant avec un handicap. Donne
régulièrement des conférences sur le handicap, l'espoir et comment
trouver du sens à la vie. Notamment sollicité par les établissements
scolaires états-uniens pour intervenir dans des campagnes de prise de
conscience sur la tyrannie du regard des autres et la persécution de
certains enfants envers leurs camarades.
Iqbal Masih
(1983-1995), jeune Pakistanais. Dans le cadre du système de
la servitude pour dettes, est vendu par ses parents à l’âge de 4 ans
pour travailler dans une fabrique de briques, puis dans un atelier de
tissage minuscule, surchauffé, au milieu de machines bruyantes et
dangereuses. Est battu s’il ralentit la cadence. Apprend à écrire et à
lire grâce à un autre enfant esclave, Maria.
À l’âge de 10 ans, s’échappe et explique sa situation à la police.
Les policiers le ramènent à l’atelier et demandent une récompense au
propriétaire. Est ensuite enchaîné à sa machine.
Prend contact avec le Bonded Labour Liberation Front - BLLF)
(Front de libération contre le travail forcé), qui l’aide à quitter la
servitude.
Pour libérer d’autres enfants esclaves, se glisse dans les
ateliers pour les informer de leurs droits au nom du BLLF. Prend la
parole à des meetings et à des rencontres avec les industriels pour
défendre les droits des enfants. Témoigne en Europe et aux États-
Unis, devient une figure mondialement connue de la lutte contre
l’esclavage moderne.
Assassiné en 1995, à l’âge de 12 ans, probablement par la
"mafia du tapis" pakistanaise.
Mohamed Cheikh Mkhaïtir
Né en 1983, militant mauritanien des droits humains. Mastère
d’économie, chef comptable d’une entreprise.
Dans un texte publié en décembre 2013 sur Facebook, « La
religion, la religiosité et les Maalmines », critique l’instrumentalisation
de la religion pour justifier le racisme à l’encontre des castes méprisées
et ostracisées des Maalmines (artisans), dont il est issu, et des
Haratines, des affranchis, dans une Mauritanie qui n’a jamais vraiment
tourné la page de l’esclavage, dénonce les atteintes aux libertés et le
système de castes qui subsiste dans son pays. Lors de manifestations
haineuses, des centaines de milliers de personnes réclament sa tête.
Incarcéré en janvier 2014 à la prison de Nouadhibou, condamné
à mort en décembre 2014 pour crime d’apostasie. Son mariage est
annulé pour la même raison. « Une bouteille pour faire pipi, une vieille
boîte de conserve pour mes besoins. Je ne me suis lavé que 2 fois en
7 mois. Je ne me suis jamais brossé les dents, jamais coupé les ongles
et les cheveux. On me donnait à manger par la lucarne de la porte. »
Libéré en juillet 2019 sur pression de pays occidentaux et
d’Amnesty International, après 5 ans et 7 mois de prison et exfiltré vers
le Sénégal, arrive en France en août.
Edward Snowden
Né en 1983, lanceur d'alerte étatsunien. Informaticien, ancien
employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National
Security Agency (NSA).
Révèle en juin 2013 par l’intermédiaire des médias, - notamment
The Guardian et The Washington Post* - les détails de plusieurs pro-
grammes de surveillance de masse étatsuniens et britanniques*. Indique
que son « seul objectif est de dire au public ce qui est fait en son nom et
ce qui est fait contre lui ». Inculpé par le gouvernement états-unien
d’espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux.
S'exile à Hong Kong, puis à Moscou, obtient un droit de résidence en
Russie.
En avril 2014, l’édition américaine du Guardian et le Washington
Post* reçoivent le ‘prix Pulitzer’ pour la publication des révélations sur le
système de surveillance de la NSA, rendues possibles grâce aux
documents fournis par Snowden. Les révélations débouchent, en juin
2015, sur l’adoption du USA Freedom Act, qui restreint pour la première
fois les moyens de la NSA.
* la captation des métadonnées des appels téléphoniques aux États-Unis, ainsi que les
systèmes d’écoute sur Internet des programmes de surveillance PRISM, XKeyscore, Boundless
Informant et Bullrun du gouvernement américain et les programmes de surveillance Tempora,
Muscular et Optic Nerve du gouvernement britannique.
* The W P qui en 2016 demande la condamnation de Snowden…
Trevor Noah
Né en 1984, acteur, humoriste et animateur de télévision sud-
africain actif principalement aux États-Unis. Mère sud-africaine
d'ethnie Xhosa, père suisse-allemand.
Grandit à Soweto alors que le régime sud-africain applique la
politique d'apartheid, qui interdit les relations interraciales. Son père
étant reparti en Suisse, est élevé par sa mère et sa grand-mère
maternelle. Fait le DJ* dans les rues avec ses copains pour gagner
un peu d’argent. Même lorsqu’il évoque les moments les plus difficiles
et les plus tristes de son existence, réussit à leur trouver des aspects
comiques. Commence à se produire à travers toute l’Afrique du Sud.
Son ex-beau-père menaçant de le tuer, quitte Johannesburg pour
emménager à Los Angeles.
Parlant anglais, xhosa, zoulou, sotho, tswana, tsonga,
afrikaans, allemand et espagnol, démarre une carrière de comédien,
d’animateur radio et télévision. Présentateur de l'émission satirique
The Daily Show. Dit qu’il doit tout à sa mère qui était déterminée à le
voir sortir de la misère.
« Dans le monde, les femmes étaient ce que je connaissais de
plus puissant. Et ça n’a pas changé ! »
DJ : disc jockey, animateur qui sélectionne, diffuse et mixe de la musique à
destination d'un public.
Hindou Oumarou Ibrahim
Né en 1984, Peule Mbororo tchadienne. En 1999, participe
à la création de l’’Association des Femmes Peuls Autochtones du
Tchad’ (AFPAT) pour améliorer les conditions de vie des Mbororo.
L’AFPAT est la première association à base communautaire qui a
participé aux négociations internationales sur le climat.
Se bat pour faire reconnaître l’importance des connaissances
traditionnelles dans l’adaptation aux changements climatiques et la
nécessité d’unir les forces des sciences modernes météorologiques
et des savoirs traditionnels. Sillonne les sommets internationaux sur
le climat pour plaider la cause des populations autochtones du Tchad,
victimes du réchauffement climatique. Agit pour l’inclusion des
peuples autochtones dans les instance internationales.
Vit auprès de populations vulnérables au Tchad où elle est
retournée après avoir décliné une proposition d’embauche à New-
York au sein du système onusien.
« Le fait de vivre sur le terrain et de constater par moi-
même les dégradations de l’environnement et les difficiles conditions
de vie des populations renforce ma détermination et me donne des
arguments à faire valoir lors des sommets sur le climat.»
Antoine Deltour
Né en 1985, auditeur français. Études de commerce à Bordeaux.
En 2008, est embauché chez ‘PricewaterhouseCoopers’ (PwC), au
Luxembourg. En démissionne en octobre 2010, alors qu'il a été promu
auditeur sénior.
Emporte des documents confidentiels sur des accords fiscaux
entre l’État luxembourgeois et des sociétés multinationales. Le ‘Consor-
tium international des journalistes d'investigation’ (ICIJ) accède aux
documents, les analyse dans leur intégralité et les publie en novembre
2014, ce qui déclenche un scandale international connu sous le nom des
LuxLeaks. Condamné en première instance à 12 mois de prison avec
sursis, puis en appel à 6 mois de prison avec sursis et à 1 500 euros
d'amende. La justice reconnaît ses « nobles motivations, par conviction
que certaines pratiques d’optimisation fiscale agressives sont contraires
à l’intérêt général ». En janvier 2018, relaxé par la Cour de Cassation du
Luxembourg comme lanceur d’alerte. En juin 2015, le Parlement
européen lui décerne le Prix du citoyen européen 2015, qui récompense
des citoyens ayant contribué à la coopération européenne et à la
promotion de valeurs communes.
En 2011, passe des concours de la fonction publique française.
Affecté à la direction régionale de l'Insee Lorraine à partir d'avril 2012
comme chargé d'études.
Aaron Swartz
(1986-2013), informaticien, écrivain, militant politique et
hacktiviste* états-unien né dans une famille d’origine juive.
Fervent partisan de la liberté numérique, consacre sa vie à la
défense de la « culture libre », convaincu que l'accès à la connaissan-
ce est un moyen d'émancipation et de justice. Participe au développe-
ment de plusieurs techniques décisives dans l’essor de l’Internet,
notamment le format flux RSS ou encore celle des licences Creative
Commons (CC). Pour démocratiser l’information sur le web, manifeste
contre des projets de loi tels que la Stop Online Piracy Act (SOPA).
Engagé intellectuellement sur des enjeux sociétaux dont le droit
d'auteur, la liberté d'accès des connaissances et des savoirs dont les
publications scientifiques, la transparence en politique, étend ses
réflexions dans le domaine de la sociologie, l'éducation civique et
politique.
Se suicide à l'âge de 26 ans dans son appartement. Son
procès fédéral en lien avec des accusations de fraude électronique
devait débuter le mois suivant.
* hacktivisme (contraction de hacker et activisme) : forme de militantisme utilisant des
compétences du piratage informatique dans le but de favoriser des changements politiques ou
sociétaux.
Li Wenliang
(1986-2020), ophtalmologue hospitalier et lanceur d'alerte chinois.
Études de médecine à l'université de Wuhan. Travaille ensuite à Xiamen
pendant 3 ans avant de retourner à Wuhan pour travailler en tant
qu'ophtalmologiste à l'hôpital central.
Dès le 30 décembre 2019, alerte ses collègues médecins sur la
messagerie chinoise WeChat, au sujet d’un virus qui lui semble être proche
du SRAS, dont sont atteints plusieurs patients de son hôpital. Il précise :
« ll y a 7 cas confirmés de SRAS au marché de gros de fruits de mer de
Huanan (…) Les dernières nouvelles confirment qu'il s'agit d'infections au
coronavirus, mais le virus exact reste à sous-typer ».
Le 3 janvier 2020, le commissaire de police de Wuhan le met en
garde à vue pour « avoir fait de faux commentaires sur Internet ». Les
policiers au poste lui demandent de signer une lettre d'avertissement
reconnaissant qu'il « perturbe l’ordre social ». Selon le procès-verbal de cet
interrogatoire (photo du bas), il lui est demandé de « cesser ces actions
illégales, sous peine d'être poursuivi par la loi ». Décède du coronavirus le
7 février 2020.
La Cour populaire suprême chinoise a déclare que, « rétrospective-
ment », les huit citoyens de Wuhan lanceurs d’alerte n'auraient pas dû être
punis car leurs propos n'étaient « pas entièrement faux »…
Louis-Xavier Leca
Français né en 1988. Études d’économie du développement à
Santiago du Chili, se lie avec une association d’aide aux sans-abri. Une
année de césure en Australie, stage dans la finance responsable, petits
boulots. Master de gestion, séjour au Sénégal avec les équipes de l’ONG
de microcrédit Planet Finance. À HEC (certificat de Social Business),
rencontre Charles-Édouard Vincent, patron de ’Emmaüs Défi’.
En 2014, fonde l’association ‘La Cloche’, en novembre 2015,
démarre avec 5 ou 6 commerçants de son quartier le premier projet ‘Le
Carillon’ : réseaux locaux d’échanges entre habitants, commerçants et
personnes sans domicile. Réseau désormais implanté dans 15 des
20 arrondissements parisiens, à Nantes, Lyon, Marseille : 567 commer-
çants impliqués, permanence d’accueil, repas, boissons chaudes, coupes
de cheveux, concert, pétanque, karaoké, soupes préparées par des sans-
abri et servies aux passants, etc.
En partenariat avec la mairie de Paris, expérimente un nouveau
projet, les ‘Clochettes’, qui consiste à embarquer des riverains, avec ou
sans abri, dans la végétalisation d’une rue du 10e arrondissement de
Paris. Le projet d’insertion ‘Cloche à biscuits’ donnera du travail à
quelques sans-abri.
Rutger Bregman
Né en 1988, écrivain et historien et conférencier néerlandais,
journaliste pour le magazine en ligne De Correspondent. Auteur de 4
livres sur l'histoire, la philosophie et l'économie. Réfute le discours
ambiant selon lequel l’homme serait naturellement mauvais.
Son livre Utopies réalistes est un bestseller publié dans 23 pays
et traduit en 16 langues en 2017. Appuyé sur les travaux d'Esther Duflo,
Thomas Piketty, David Graeber, etc., cet essai vif, pédagogique et
amusant rouvre plusieurs perspectives : la réduction du temps de travail
à 15 h / semaine, le revenu universel, et plus largement la lutte contre la
pauvreté et la réduction des inégalités, la taxation des flux financiers, et
enfin l'ouverture des frontières.
« Tout progrès de la civilisation - des débuts de la démocratie à
la fin de l'esclavage - fut d'abord considéré comme un fantasme de
doux rêveurs. »
« Je ne prétends que l’être humain est naturellement bon. Nous
avons tous une bonne et une mauvaise jambe ; la question, c’est de
savoir laquelle nous exerçons. Je souhaite simplement montrer que
nous avons toutes et tous, naturellement, depuis l’enfance, une forte
préférence pour notre bonne jambe »
« L’ouvrage de Rutger Bregman m’a fait voir l’humanité sous un nouveau
jour. » Yuval Noah Harari, Israëlien auteur du best-seller Sapiens
Leïla Mustapha
Née en 1988, personnalité politique kurde de Syrie. Ingénieure en
génie civil, major de sa promotion de l’université de Euphrate. Dans un pays
où l’extrémisme religieux grandit, ne porte pas le voile, bien que Musulma-
ne. Après la prise de pouvoir de l’organisation terroriste Daech en 2014, et
suite aux tortures et exécutions, part vivre avec sa famille à Qamishli.
En juin 2017, après la libération de la ville de Raqqa par les Forces
démocratiques syriennes, est désignée maire de la ville. Plongée dans un
monde d’hommes, a pour mission de reconstruire sa ville détruite à plus de
80 %, de réconcilier les gens et d’y instaurer la démocratie. Renomme
‘Place de la Liberté’ la ‘Place Naïm’ où ont été tués plus de 1200 civils,
s’affaire à la reconstruction des infrastructures. Grâce à ces actions, une
large partie de la population de la ville Raqqa revient y vivre (autour de
350 000 personnes).
Son engagement pour son peuple et le retentissement de son livre La
femme, la vie, la liberté, écrit avec Marine de Tilly, permet la parution d’un
film documentaire 9 jours à Raqqa du réalisateur Xavier de Lauzanne.
« Les gens de Raqqa m'ont choisie pour que je leur rende une vie, la
parole, une démocratie, pas pour que j'ajoute mes larmes au torrent des
leurs. »
Hassen Bouchakour et Peyo
Né en 1988, entraîneur équestre français d’origine algérienne,
installé sur la Côte d’Opale. Cavalier, fauconnier, compétiteur, artiste,
danseur, gymnaste, acrobate, contorsionniste. Plusieurs fois champion
de France de dressage artistique, avec Peyo, son cheval, son ami,
issu de Lusitanien et de Barbe né en 2003.
En 2011, Peyo, étalon au caractère difficile, choisit certaines
personnes du public à l’issue de spectacles ou compétitions, s’appro-
che d’elles, passe du temps à leurs côtés, devient doux et protecteur.
Il choisit toujours des personnes affaiblies moralement, physiquement,
psychologiquement, a une capacité instinctive à détecter cancers et
tumeurs chez l’être humain et à accompagner certains patients jusqu’à
leur dernier souffle.
Après des années de compétitions et de spectacles équestres,
le duo quitte le devant de la scène pour rejoindre les hôpitaux et les
EHPAD, le monde de la médecine, de la solidarité et de la dignité
humaine, parcourt la France et la Belgique avec l’appui de l’associa-
tion ‘Les sabots du cœur’.
« On a dû lui apprendre à ne pas faire ses besoins dans les
couloirs. Il dû se familiariser avec l’ascenseur, le parquet, la moquet-
te… C’est deux ans de travail. Quant aux malades dont il s'approche,
c'est Peyo qui les choisit et personne d'autre. »
Lassana Bathily
Né en 1990 au Mali, de confession musulmane. Arrive légalement
en France en 2006, obtient deux CAP (carrelage et peinture). Après un
refus de la Préfecture de Police de Paris de lui délivrer un titre de séjour
en 2009, fait un recours devant le Tribunal administratif en 2010 et
obtient une carte de séjour en 2011.
Multiplie les petits boulots (ménage, plonge, bâtiment, commerce),
devient en 2012 l’homme à tout faire du magasin Hyper Cacher de la
porte de Vincennes à Paris.
Le 9 janvier 2015, avec beaucoup de courage et de présence
d’esprit, sauve la vie de plusieurs otages lors d’une prise d'otages dans
ce magasin. Donne à la police des informations permettant de sauver
d’autres otages. Grâce à ces actes, obtient la nationalité française 11
jours plus tard.
« Nous devons nous souvenir de l'employé de ce supermarché, un
musulman, qui a caché des clients juifs et leur a sauvé la vie. Et quand
on lui a demandé pourquoi il avait fait cela, il a répondu : “Nous sommes
frères.” » Barak Obama
Photo du bas : Cérémonie de remise de la nationalité française avec le Premier Ministre, Manuel
Walls, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve
Ryan Hreljac
Né en 1991, militant canadien. Diplôme de la University of King's
College à Halifax (Nouvelle-Écosse) en 2013.
À l’âge de 6 ans, est choqué en entendant sa maîtresse d’école
expliquer que dans certaines parties de l’Afrique, il est difficile de
trouver de l’eau potable. Effectue des tâches ménagères en vue de
collecter des fonds pour les personnes privées d’eau, les verse à Water
Can, ONG qui creuse des puits et installe de pompes. Son initiative
suscite les dons de nombreuses personnes. Demande que son premier
puits soit construit près d'une école dans le village d'Angolo en
Ouganda.
Crée en 2001 la Ryan's Well Foundation dans le but de construire
des puits et des projets d'assainissement en Afrique et d'éduquer les
enfants sur l'assainissement et l'eau salubre.
La fondation dispose de 3 moyens pour sensibiliser les écoliers
aux problèmes de l’eau : le programme ‘Jeunesse en action’, le
programme ‘Participation’ et le programme ‘Défi scolaire’. La fondation
a fourni de l'eau potable à plus de 900 000 personnes dans 16 pays en
développement, dans le cadre de 1 166 projets.
Stormzy
Michael Ebenazer Kwadjo Omari Owuo Jr., né en 1993, chanteur
britannique d’origine ghanéenne, connu dans le monde du grime* et du
hip-hop*.
Commence à rapper* à l'âge de 11 ans dans son club local de
jeunes. Abandonne des études techniques pour faire de la musique. Fait
un stage dans une ville thermale et travaille 2 ans dans une raffinerie de
pétrole à Southampton, puis se consacrer entièrement à sa musique. Son
premier album grime*, Gang Signs & Prayer (février 2017) se hisse au
premier rang des Albums Charts* du Royaume-Uni. Son album Dreamers
Disease remporte le prix MOBO qui récompense la musique d’origine
noire. Sa chanson Shut up ! est filmée en clip* sur un parking et obtient
un succès considérable.
A pour objectif d’inspirer la jeune génération d’hommes noirs qui
ont le sentiment d’être laissés sur le carreau. Les appelle « les jeunes rois
noirs » et leur passe ce message :
« Vous pouvez faire quelque chose ! Vous valez mieux qu’on ne
vous l’a jamais dit ! Vous avez autant de force que moi ! »
* Le grime est un genre musical ayant émergé dans le quartier de Bow (Londres), au début
des années 2000. Le hip-hop, musique rap ou musique hip-hop est un genre musical caractérisé
par un rythme accompagné de rap et de chants. Le rap est une forme d'expression vocale : il se
caractérise par sa diction très rythmée et en rimes. Les Albums charts (tableaux officiels des
albums) sont des classements d’albums par ventes physiques et numériques. Un clip est un court-
métrage, tourné le plus souvent en vidéo.
Memory Banda
Née en 1996, militante malawienne des droits de l'enfant. Le
mariage forcé de sa sœur Mercy, à l'âge de 11 ans, après être tombée
enceinte lors d'une cérémonie d'initiation, l’incite au combat contre les
mariages forcés de jeunes filles.*
Présente un exposé sur les mariages forcés d’adolescentes
devant la 59ème réunion de la ‘Commission de la condition de la
femme des Nations Unies’ et à Oslo. Son action conjuguée avec
d'autres conduit à ce que la loi soit modifiée pour reconnaître 18 ans
comme l'âge minimum légal du mariage au Malawi. Reste préoccupée
par l'application effective de la loi, continue à plaider pour
l'autonomisation des jeunes filles.
Crée le Girls Empowerment Network (GENET, Réseau pour
l'autonomie des filles) et les Let Girls Lead girls community groups
dans le but de maintenir les filles à l'école et de les sensibiliser à leurs
droits. Collabore également à un projet où des jeunes filles partagent
le récit de leurs expériences, rêves et défis par différentes formes d'art
et de théâtre.
* En 2014, Human Rights Watch signale ainsi qu'une fille sur deux au
Malawi, en moyenne, est mariée avant son 18e anniversaire.
Malala Yousafzai
Née en 1997, militante pakistanaise des droits de la femme (de
langue urdu et anglaise). Son père, directeur d'école et farouche
activiste pour le droit à l'éducation, lui transmet son engagement
militant. Témoigne à l’âge de 11 ans sur un blog de la BBC au sujet
des violences des talibans.
En octobre 2012, grièvement blessée par un taliban lors d'une
tentative d'assassinat dans le bus scolaire. Soignée à l’hôpital de
Birmingham (GB).
En juillet 2013, parle à la tribune de l'ONU de l’accès à
l'éducation pour les filles et lutte contre l'obscurantisme religieux. Prix
Nobel de la paix 2014.
« Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir
de l'éducation les effraie. Nos livres et nos stylos sont nos armes les
plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo, peuvent changer le
monde. »
Emma González
Née en 1999, militante états-unienne pour le contrôle des armes
à feu.
En février 2018, alors qu'elle est en dernière année de lycée,
échappe à la fusillade de Parkland* qui a eu lieu au lycée Marjory
Stoneman Douglas (MSD) en Floride. Quelques jours plus tard,
prononce un discours à Fort Lauderdale (Floride), critique les actions de
la National Rifle Association et les "pensées et prières" du président
Donald Trump, affirme que "la santé mentale n'est qu'une petite partie
du problème". Fait partie du groupe d'étudiants fondateurs du groupe
Never Again MSD pour militer en faveur du contrôle des armes à feu.
Le 24 mars 2018 à Washington D.C., lors de la ‘Marche pour nos
vies’, prononce un discours où, regardant la foule droit dans les yeux,
elle observe 4 minutes de silence complet parmi les 6 minutes et 20
secondes de son temps d'intervention : le temps qu'a duré la fusillade
de Parkland.
Devient ensuite une figure de la jeunesse engagée contre la
prolifération des armes à feu aux États-Unis.
* Perpétrée par un ancien élève de l’établissement, malade psychique hostile aux Juifs et
aux femmes : 17 tués, 15 blessés.
Mohamad Al Jounde
Né en 2001, Syrien. Réfugié au Liban à cause de la guerre
civile*. Avec l’aide de sa famille, crée une école dans leur camp de
réfugiés, dans la vallée de la Bekaa. Âgé de 12 ans, enseigne aux
petits rescapés l’anglais, les mathématiques et sa passion, la
photographie. Aujourd'hui, 200 enfants peuvent accéder à leur droit
à l'éducation.
Récipiendaire de l’International Children’s Peace Prize , qui,
depuis 2005, récompense un mineur pour son engagement pour les
droits des enfants.
Vit désormais en Suède.
« Mon message aux personnes qui ne veulent pas que les
réfugiés soient là est que nous n’avons pas voulu venir non plus.
Mais ça, c’est la guerre. Nous voulons juste que les gens nous
donnent une chance. »
* La guerre civile syrienne à elle seule a abouti à 2,5 millions
d'enfants réfugiés, dont la plupart n'ont pas ou peu accès à l'éducation.
Mahsa Amini
(2000-2022), étudiante iranienne. Arrêtée le 13 sept.
2022 à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la
police des mœurs (Gasht-e Ershad). Meurt 3 jours plus tard à l’hôpital. Sa
mort déclenche des manifestations nocturnes dans les principales villes
d’Iran. L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, fait état de 416
morts à fin nov. 2022. Plus de 15 000 manifestant.e.s sont par ailleurs
arrêtés et emprisonnés.
‘L’Union du peuple de l’Iran islamique’, formée par les proches de
l’ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), dit « exiger »
des autorités qu’elles « préparent les éléments juridiques ouvrant la voie à
l’annulation de la loi sur le hijab obligatoire ». Le parti réclame en outre
que la République islamique annonce « officiellement la fin des activités de
la police des mœurs » et « autorise les manifestations pacifiques ». Il
appelle à la formation d’une commission d’enquête « impartiale » sur la
mort de Mahsa Amini et à la « libération immédiate des personnes
récemment arrêtées ».
Le 13 novembre, un tribunal condamne pour la première fois à mort
un participant de ces manifestations. À fin novembre, l'ONG Iran
Human Rights, basée à Oslo, annonce la mort de 416 personnes,
alors que le régime en reconnaît 300.
Matsuki Kamoshita
Jeune Japonais né en 2003. Sa vie bascule brutalement le 11 mars
2011* lors de la catastrophe de Fukushima. Quand ses parents voient
leurs enfants saigner du nez abondamment sans aucune raison, ils
décident de partir.
En mars 2018, deux mamans de Fukushima plaident à Genève,
auprès du ‘Conseil des droits de l’homme’ de l’ONU, pour leur droit
fondamental de vivre avec leur famille dans un environnement sain.
Matsuki témoigne publiquement pour sensibiliser aux dangers du
nucléaire.
« Pour l’État japonais, nous ne sommes que des témoins gênants.
C’est pourquoi nous subissons la discrimination. Malheureusement, dans
la société japonaise actuelle, les victimes ne peuvent pas vivre en
sécurité sans détourner le regard, sans se boucher les oreilles et sans
fermer la bouche. »
* Un séisme de magnitude 8,9 ébranle la Terre à 130 kilomètres au large de la ville de
Sendai. Un tsunami géant frappe la côte ouest du Japon. Les vagues, hautes jusqu’à 15 mètres,
ravagent maisons et infrastructures. Près de 19 000 habitants de la province sont alors déclarés
morts ou disparus. Les réfugiés se comptent par centaines de milliers. La centrale nucléaire de
Fukushima-Daiichi, propriété de l’énergéticien japonais ‘Tepco’, malgré un mur anti-vagues, est
submergée. Surchauffe du réacteur numéro 1, explosion et diffusion de la radioactivité. ■

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Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 11. Depuis 1980

  • 1. Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité" Penseurs et acteurs d’un changement sociétal 11- depuis 1980 É. G. 06.06.2023
  • 2. Nathanaël Wallenhorst Né en 1980, enseignant et chercheur français. Docteur en sciences de l’environnement, en science politique et en sciences de l’éducation. Professeur d’éducation à l’Université catholique de l’Ouest (UCO). A publié 22 livres ces 5 dernières années pour alerter sur l’état d’urgence de notre planète. Appelle à un changement radical de modèle économique. Directeur de ‘l’IFF-Europe’, institut de formation lancé par ‘Fondacio’ à Angers dans le champ de la solidarité. « « Une voiture ne sera jamais verte, sauf si elle est faite en feuilles de chou, et il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’aucune solution technique ne pourra nous sortir de là. C’est un mur qui se dresse devant nous. C’est pourquoi il faut prendre un temps pour comprendre ce qui se passe plutôt que de lancer des actions qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. » « J’ai à cœur de montrer que notre modèle économique fondé sur la croissance ne s’encastre plus dans notre réalité géophysique. Les politiques menées aujourd’hui sont comme des pansements sur un cancer : 100 % inefficaces… » ../..
  • 3. Nathanaël Wallenhorst « Il faut passer de l’expérience démocratique "Je fais ce que je veux” à “Je bute contre des limites”. Mais nos démocraties sont fragiles. Or, rien ne serait pire qu’une autocratie ou une dictature face aux enjeux de la pérennité de l’aventure humaine sur Terre. » « J’ai écrit le manifeste intitulé « Vous voulez sauver la planète ? Faites des gosses ! » car je refuse de vivre dans un monde sans jeunesse. Je crois fondamentalement dans la natalité et la promesse de renouvellement dont sont porteurs les enfants. » « En apprenant aux élèves à s’adapter à la société et non à la transformer selon des principes de durabilité sociale et environnementale, nous envoyons dans le mur l’immense majorité d’entre eux. » « ll en va désormais de la pérennité de la vie humaine en société de refonder l’éducation, pour que nous puissions vivre ensemble au sein d’une biosphère durable, prévisible et agréable. Il s’agit d’apprendre, à l’école, à refuser la domination, la préemption et l’accumulation. Il n’y a plus d’alternative : soit nous engageons une éducation en anthropocène profondément renouvelée, sur fonds de résistance à la puissance de l’argent, soit nous renonçons à l’avenir, et nous en privons nos enfants. »
  • 4. Sandra Sudhoff Née en 19??, cartographe et cyber-militante associative. Architecte- paysagiste de formation, master en Systèmes d’information géographiques (SIG) et télédétection à l'Université de Cambridge. Fondatrice en 2006, avec Yann Rebois, de l’association ‘CartONG’ basée à Chambéry (34 salariés), Responsable de projet en gestion de l'information et Directrice technique. CartONG est une Organisation non-gouvernementale (ONG) spécialisée en gestion de l'information qui met la donnée - en particulier la donnée géographique - au service des projets humanitaires, de développe- ment et d'action sociale. Son objectif est d'appuyer l'ensemble des acteurs du secteur de la solidarité internationale dans les défis techniques, stratégiques et éthiques qu'ils rencontrent avec l’utilisation des technologies numériques. Elle travaille sur de nombreuses thématiques (protection, réfugiés, eau et l'assainissement, santé, réduction des risques de catastrophe, développe- ment urbain, droits humains, etc.) et promeut le partage de données, d’outils et de méthodologies utilisables et accessibles par et pour toutes et tous. CartONG organise par ex. des ‘mapathons’, événement durant des volontaires travaillent, en présentiel ou en distanciel, sur des projets de cartographie de manière collaborative. La cartographie réalisée lors d'un mapathon consiste à fournir des informations géographiques à la base de données openstreetmap. Les informations ainsi ajoutées sont libres de droit et accessibles à tous.
  • 5. Gulistan Sido Née en 1980 ?, universitaire et militante kurde syrienne. Études à Alep en littérature et en sciences humaines, dans le départe- ment de langue et de littérature françaises, puis diplôme en traduction français-arabe. Master en lettres modernes à Paris 3 à la Sorbonne- Nouvelle, thèse de doctorat à ‘l’Institut national des langues et des civilisations orientales’ (INALCO) sur la littérature orale dans la région d’Afrin. Enseigne le français et l’arabe à l’université d’Alep jusqu’en 2011. En 2013, le régime d’Afar el Assad bombarde et pulvérise le quartier kurde d’Alep. Avec des universitaires et professeurs kurdes, fonde le premier Institut de langue et de littérature kurdes à Qamislo au Rojava*. En 2014, le Rojava déclare son auto-administration démocratique : écriture d’un ‘Contrat social’, gestion de la région par toutes les compo- santes autour du principe de « fraternité entre les peuples », éducation multiculturelle et plurilinguistique : les enfants arabes apprennent le kurde, et les enfants kurdes l’arabe, etc. ../.. * Rojava (« l'ouest » en kurde), ou Kurdistan occidental ou Kurdistan syrien Images 1 et 3 : Un bâtiment de l’université du Rojava, logo de l’université
  • 6. Gulistan Sido Après la création de l’université d’Afrin en 2015, cofonde en juillet 2016, pendant la guerre, celle du Rojava : médecine, ingénierie civile et écologique, pétrochimie, jinéologie, mathématiques, langues, arts et sciences humaines, etc. Avec la création de cette université, les Kurdes syriens veulent mettre fin à l’enseignement élitiste qui tend à diviser la société en deux catégories : une classe d’élites dirigeant la société et l’immense majorité de la société reléguée au rang d’ignorants incapables de réfléchir aux problèmes de la société et qui ont besoin des premiers pour être dirigés à tous les niveaux. ../.. Photos : - Jinéoloji : La jinéologie (la science des femmes) peut être définie comme une forme de féminisme, telle que prônée par le leader du ‘Parti des travailleurs du Kurdistan’ (PKK) Abdullah Öcalan et pratiquée au sein de la lutte des femmes kurdes. Les étudiant.e.s sont sensibilisés sur de nombreux sujets tels que l’inégalité des sexes, les solutions aux problèmes sociaux, l’injustice sociale, la violence à l’égard des femmes et le travail non rémunéré des femmes. - Cérémonie de remise des diplômes, université du Rojava à Kameshli (kurde) ou Quamislo (arabe). - « Repenser l’université avec la révolution du Rojava », conférence à Aubervilliers en mars 2022 à l’initiative du ‘Centre de solidarité et de coopération avec les universités du Nord et de l’Est de la Syrie’ (CSCUNES), de l’université de Paris 8 - St Denis et du ‘Laboratoire d’études de Genre et de sexualité’ (LEGS) du CNRS
  • 7. Gulistan Sido et ‘Les Tresses vertes’ Très impliquée avec son université dans le lancement en oct. 2020 du projet écologique Keziyên kesk, ‘Les tresses vertes’ *: plantation de 4 millions d’arbres dans la région kurde de Qamishlo pour lutter contre la désertification, en faveur de l’amélioration de l’air, de la terre et des écosystèmes, de la santé, du repeuplement de la région. L’initiative s’accompagne d’une campagne de formation agricole et de sensibilisation et d’éducation aux enjeux écologiques pour la planète. L’université du Rojava a prêté le terrain qui accueille les 80 000 plants à l’état de pousses. 95% des arbres plantés ont pris : vigne, figuiers, mûriers, grenadiers, attendent de grandir pour être plantés dans la région de la Cizrê. * La dénomination ‘Les Tresses vertes ‘a été adoptée en hommage à la lutte des femmes au Rojava, en particulier aux femmes Yézidies dont le mari a été tué par Daech, et qui ont coupé leur tresse pour l’attacher à la tombe en symbole de résistance.
  • 8. Sylvie Laporte, Sadia Diawara, Ernesto Novo, Sitou Matt, Firmine Richard Sylvie Laporte, née en 1980 ?, citoyenne française d’origine malgache et britannique. Formée au ‘Conservatoire national supérieur d‘art dramatique de Paris’, comédienne, compositeur, interprète, présidente d’un conseil local de la ‘Fédération des parents d’élèves’. En collaboration avec l’association ‘Dooryder Company’, initie le projet d’une fresque dans le collège Edmond-Michelet, 70 rue de l'Ourcq, à Paris (19ème arrondissement), classé en Zone d’éducation prioritaire (ZEP). Plutôt qu’une fresque consacrée seulement à Edmond Michelet, Sadia Diawara, directeur du centre d’animation ‘Paris Anim' Curial’, l’invite plutôt à présenter des personnalités qui prônent la justice, la vérité, la liberté, l’écologie et la non- violence. Le projet remporte les subventions en 2016. En mai 2019, des ateliers se mettent en place : un de peinture, un autre de calligraphie avec le graffeur Sitou Matt Imagination. Ernesto Novo, street artiste, prend en charge la maîtrise d’œuvre de la fresque. Les élèves s’impliquent dans les recherches autour des personnages historiques et décident des citations à inscrire à côté de chaque portrait. La comédienne Firmine Richard devient marraine du projet. ../.. Photos : Sylvie Laporte, Ernesto Novo, Sitou Matt, Firmine Richard
  • 9. Sylvie Laporte, Sadia Diawara, Ernesto Novo, Firmine Richard La fresque, longue de 63 mètres, et baptisée ‘Le mur de la paix’, présente les portraits et des citations de 18 chercheurs d’humanité. Les portraits seront ceux de Confucius, Averroès, Olympe de Gouges, Sitting Bull, Jean Jaurès, Gandhi, Charlie Chaplin, James Baldwin, Joséphine Baker, Edmond Michelet, Aimé Césaire, Rosa Parks, Martin Luther King, Mère Teresa, Bob Marley. « Notre objectif était de vaincre la violence en milieu scolaire par le vecteur de la peinture, de l’art graphique en amenant à une réflexion des enfants sur l’histoire de l’humanité. Cette œuvre ouvre la porte sur les thèmes de l’histoire, les professeurs s’en emparent. C’est devenu l’antisèche de la cour de récréation ! »
  • 10. Nadège Buquet Née en 19??, responsable d’organisation française. Mastère de stratégie publique et politique, ex-conseillère chargée de ‘l’Économie sociale et solidaire’ au cabinet de la Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances. Déléguée générale de ‘Transparency International France’, Copré- sidente de la ‘Maison des Lanceurs d’Alerte’ (MLA). Créée en oct. 2018 à l’initiative de 17 associations et syndicats*, cette association accompagne les lanceurs d'alerte au quotidien et mobilise les décideurs et l'opinion publique pour faire évoluer la législation en leur faveur. Elle s’inspire de Protect au Royaume-Uni, qui articule son activité autour de trois missions : accompagnement des lanceurs d’alerte, plaidoyer et formation. Elle est membre du Whistleblower International Network (WIN). En 2019, la MLA se mobilise pour faire adopter une directive européenne destinée à améliorer la protection des lanceurs d’alerte dans tous les pays de l’Union Européenne. Elle intervient auprès du ‘Conseil de l’Europe’. *Anticor, Attac, Bloom, Cfdt Cadres, CRIIGEN, Gisti, Greenpeace France, Nothing2Hide, Le Pacte civique, PPLAAF, Réseau Environnement Santé, Sciences citoyennes, Sherpa, Solidaires, Syndicat National des Journalistes, Transparency International France, Ugict-CGT.
  • 11. Marie Peltier Née en 1980, historienne belge, chercheuse, essayiste, conféren- cière, spécialiste de la propagande et du complotisme. Militante asso- ciative, travaille comme chargée de projets pour la section wallonne de Pax Christi, avec le père Paolo Dall'Oglio sur la défense de la liberté et de la démocratie en Syrie, sur le racisme et l’antisémitisme. Enseignante en histoire à ‘l‘Institut supérieur de pédagogie Galilée’ de Bruxelles. Intervient sur ces sujets dans de nombreux médias en tant que chercheuse. « Le complotisme est un imaginaire politique de défiance à l’égard des institutions et de la démocratie. Ces théories du complot ont remis au goût du jour des discours d'inspiration fasciste et antisémite, leur donnant une coloration "moderne". Sur fond d'islamophobie et de haine des juifs, elles sont sous-tendues par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des problèmes sociopolitiques contemporains. Poser le bon diagnostic est indispensable car, loin d'être le fait de farfelus ou d'ignorants, le complo- tisme est le symptôme d'une véritable maladie de société. Il n’a pas pour ambition de changer la société, mais de désigner des coupables. Il est dangereux car il discrédite les institutions démocra- tiques qui seraient un leurre au service d’intérêts cachés, et car il nourrit la haine de minorités ou de boucs-émissaires. »
  • 12. Thomas Deltombe Français né en 1980, diplômé de l'Institut d’Études Politiques de Paris et titulaire d'un DEA d'histoire contemporaine. Journaliste indépen- dant et essayiste depuis 2005. Collabore avec Le Monde diplomatique et les éditions La Découverte. Ses récentes interventions et articles portent sur les médias et l'islam, l'Afrique, l'histoire coloniale. Son livre Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) (2011), écrit avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, est la synthèse la plus complète sur l'histoire de la décolonisation du Cameroun. Les auteurs montrent comment la France a écrasé le mouvement indépendantiste camerounais, porté par l'Union des populations du Cameroun (UPC), pour garder la mainmise sur ce pays. Ils racontent comment furent assassinés, un à un, les leaders de l'UPC : Ruben Um Nyobè en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Ils montrent comment l'administration et l'armée françaises, avec leurs exécutants locaux, ont conduit pendant des années une effroyable répression : bombarde- ments des populations, escadrons de la mort, lavage de cerveau, torture généra- lisée, etc.
  • 13. Josef Schovanec Français né en 1981 de parents tchèques, "personne avec autisme" victime du syndrome d’Asperger. Enfance et scolarité "extrêmement chaotiques". Pendant cinq ans sous camisole chimique, étiqueté schizophrène. Docteur en philosophie, polyglotte (parle plus de sept langues), ancien élève de Science Po Paris, docteur de l'EHESS et chercheur en philosophie et sciences sociales, représentant français des autistes de haut niveau (ou autistes Asperger). Séduit ses auditeurs par sa simplicité et son humour. Évoque avec humour ces "petits" problèmes qui font son quotidien : longues préparations nécessaires avant de prendre le métro ou de se rendre à un rendez-vous, angoisse lorsque le téléphone sonne, panique face au moindre imprévu, difficulté à comprendre les codes sociaux et à nouer des relations amicales classiques, passion obsessionnelle pour les livres et les bibliothèques… « Il est bien triste d’être normal ! »
  • 14. Antoine Leiris Né en 1981, journaliste français. DEUG de droit, journaliste culturel. Réalise pour ‘France Info’ l’émission Tableauscopie consacrée à la peinture, quitte son poste pour écrire un roman. Auteur du documentaire Habiter autrement (habitat communautaire, coopératives, etc.) Son épouse, Hélène Muyal-Leiris, fait partie des 89 personnes tuées lors des attentats du 13 novembre 2015 au ‘Bataclan’, à Paris, par un commando se réclamant de l'organisation ‘État islamique’. Trois jours après les attentats, publie sur ‘Facebook’ un message intitulé Vous n’aurez pas ma haine qui fait la une du quotidien Le Monde, publié ensuite sous forme de livre. À la télévision, met en garde contre « la défaite de la pensée », défendant une réponse culturelle aux attentats, pour comprendre l’horreur et la contrer. Un an après les attentats, le 13 novembre 2016, ‘France 5’ diffuse un documentaire sur le même thème. Un téléfilm et une pièce de théâtre sont également créés. Embauché par Anne Hidalgo comme "plume officielle" de la ville de Paris. « Alors, non, je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant, mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes ».
  • 15. Taren Stinebrickner-Kauffman Née en 1981, militante australo-étatsunienne. Diplômée en mathé- matiques de la Duke University. Fondatrice et directrice jusqu'en 2016 de l'organisation ‘SumOfUs’, qui surveille l'activité des entreprises et se décrit comme « un mouve- ment de consommateurs, investisseurs et travailleurs tout autour du monde, se dressant ensemble pour tenir les entreprises responsables de leurs actions et forger un chemin nouveau, soutenable et juste pour notre économie globale ». L'organisation exerce actuellement ses activités dans 3 langues et regrouperait 10 millions de membres dans plus de 130 pays, avec des grandes concentrations aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Australie, en France et en Allemagne. Environ 85 % du financement de ‘SumOfUs’ provient de petits dons de ses membres. Exemple de campagnes : arrêt des énergies fossiles; arrêt de la thiaclopride, pesticide dangereux pour les abeilles; soutien à la lutte économique contre l’occupation israélienne en Palestine; lutte contre les projets d’exploitation de gaz par Total en Arctique; action auprès des compagnies d'assurance pour ne pas assurer l'oléoduc à risques Trans Mountain; action auprès de ‘Paribas’ contre la déforestation de l’Amazo- nie, etc.
  • 16. Yehuda Shaul Israélien né en 1982. Issu du milieu juif orthodoxe, fait son service militaire pendant trois ans au sein d’une unité combattante dans les Territoires occupés et constate les ravages de l’occupation. En 2004, avec 65 camarades, vétérans de l’armée israélienneTsahal, crée l’association Breaking the Silence qui recueille et publie les témoignages des soldats chargés du "contrôle" des Palestiniens de Cisjordanie et sensibilise la population, pour la forcer à savoir, "parce que l’opinion ignore ce qui se passe sur le terrain". Se bat contre les humiliations, les spoliations, les expropriations, les démolitions… « L’occupation est pour Israël une seconde nature, Israël ne conçoit la possibilité de vivre avec ses voisins qu’en les contrôlant de façon absolue et obsessionnelle. (…) Si on ne cesse pas l’occupation, c’est tout Israël qu’on risque à terme de perdre. Pour y mettre fin, il suffit de le décider. »
  • 17. Nick Vujicic Nicholas James Vujicic, né en 1982, prédicateur chrétien évan- gélique et conférencier australien d’origine serbe. Atteint de la très rare maladie Tetra-amelia : il lui manque les deux bras ainsi que les deux jambes. A cependant deux petits pieds, dont l'un avec deux orteils. Apprend à écrire en utilisant les deux orteils de son pied gauche ainsi qu'un appareil spécial qui se glisse sur son gros orteil et qu'il utilise pour saisir les objets. Martyrisé à l'école, extrêmement déprimé tente de se noyer dans son bain, avant d'y renoncer au dernier moment en pensant à la peine que sa mort pourrait causer à ses parents. Apprend à se servir d'un ordinateur et à taper du texte par la méthode ‘talon et orteil’. Qualification en comptabilité et planification financière. Directeur de Life Without Limbs (la vie sans membres), associa- tion chrétienne dédiée aux personnes vivant avec un handicap. Donne régulièrement des conférences sur le handicap, l'espoir et comment trouver du sens à la vie. Notamment sollicité par les établissements scolaires états-uniens pour intervenir dans des campagnes de prise de conscience sur la tyrannie du regard des autres et la persécution de certains enfants envers leurs camarades.
  • 18. Iqbal Masih (1983-1995), jeune Pakistanais. Dans le cadre du système de la servitude pour dettes, est vendu par ses parents à l’âge de 4 ans pour travailler dans une fabrique de briques, puis dans un atelier de tissage minuscule, surchauffé, au milieu de machines bruyantes et dangereuses. Est battu s’il ralentit la cadence. Apprend à écrire et à lire grâce à un autre enfant esclave, Maria. À l’âge de 10 ans, s’échappe et explique sa situation à la police. Les policiers le ramènent à l’atelier et demandent une récompense au propriétaire. Est ensuite enchaîné à sa machine. Prend contact avec le Bonded Labour Liberation Front - BLLF) (Front de libération contre le travail forcé), qui l’aide à quitter la servitude. Pour libérer d’autres enfants esclaves, se glisse dans les ateliers pour les informer de leurs droits au nom du BLLF. Prend la parole à des meetings et à des rencontres avec les industriels pour défendre les droits des enfants. Témoigne en Europe et aux États- Unis, devient une figure mondialement connue de la lutte contre l’esclavage moderne. Assassiné en 1995, à l’âge de 12 ans, probablement par la "mafia du tapis" pakistanaise.
  • 19. Mohamed Cheikh Mkhaïtir Né en 1983, militant mauritanien des droits humains. Mastère d’économie, chef comptable d’une entreprise. Dans un texte publié en décembre 2013 sur Facebook, « La religion, la religiosité et les Maalmines », critique l’instrumentalisation de la religion pour justifier le racisme à l’encontre des castes méprisées et ostracisées des Maalmines (artisans), dont il est issu, et des Haratines, des affranchis, dans une Mauritanie qui n’a jamais vraiment tourné la page de l’esclavage, dénonce les atteintes aux libertés et le système de castes qui subsiste dans son pays. Lors de manifestations haineuses, des centaines de milliers de personnes réclament sa tête. Incarcéré en janvier 2014 à la prison de Nouadhibou, condamné à mort en décembre 2014 pour crime d’apostasie. Son mariage est annulé pour la même raison. « Une bouteille pour faire pipi, une vieille boîte de conserve pour mes besoins. Je ne me suis lavé que 2 fois en 7 mois. Je ne me suis jamais brossé les dents, jamais coupé les ongles et les cheveux. On me donnait à manger par la lucarne de la porte. » Libéré en juillet 2019 sur pression de pays occidentaux et d’Amnesty International, après 5 ans et 7 mois de prison et exfiltré vers le Sénégal, arrive en France en août.
  • 20. Edward Snowden Né en 1983, lanceur d'alerte étatsunien. Informaticien, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). Révèle en juin 2013 par l’intermédiaire des médias, - notamment The Guardian et The Washington Post* - les détails de plusieurs pro- grammes de surveillance de masse étatsuniens et britanniques*. Indique que son « seul objectif est de dire au public ce qui est fait en son nom et ce qui est fait contre lui ». Inculpé par le gouvernement états-unien d’espionnage, vol et utilisation illégale de biens gouvernementaux. S'exile à Hong Kong, puis à Moscou, obtient un droit de résidence en Russie. En avril 2014, l’édition américaine du Guardian et le Washington Post* reçoivent le ‘prix Pulitzer’ pour la publication des révélations sur le système de surveillance de la NSA, rendues possibles grâce aux documents fournis par Snowden. Les révélations débouchent, en juin 2015, sur l’adoption du USA Freedom Act, qui restreint pour la première fois les moyens de la NSA. * la captation des métadonnées des appels téléphoniques aux États-Unis, ainsi que les systèmes d’écoute sur Internet des programmes de surveillance PRISM, XKeyscore, Boundless Informant et Bullrun du gouvernement américain et les programmes de surveillance Tempora, Muscular et Optic Nerve du gouvernement britannique. * The W P qui en 2016 demande la condamnation de Snowden…
  • 21. Trevor Noah Né en 1984, acteur, humoriste et animateur de télévision sud- africain actif principalement aux États-Unis. Mère sud-africaine d'ethnie Xhosa, père suisse-allemand. Grandit à Soweto alors que le régime sud-africain applique la politique d'apartheid, qui interdit les relations interraciales. Son père étant reparti en Suisse, est élevé par sa mère et sa grand-mère maternelle. Fait le DJ* dans les rues avec ses copains pour gagner un peu d’argent. Même lorsqu’il évoque les moments les plus difficiles et les plus tristes de son existence, réussit à leur trouver des aspects comiques. Commence à se produire à travers toute l’Afrique du Sud. Son ex-beau-père menaçant de le tuer, quitte Johannesburg pour emménager à Los Angeles. Parlant anglais, xhosa, zoulou, sotho, tswana, tsonga, afrikaans, allemand et espagnol, démarre une carrière de comédien, d’animateur radio et télévision. Présentateur de l'émission satirique The Daily Show. Dit qu’il doit tout à sa mère qui était déterminée à le voir sortir de la misère. « Dans le monde, les femmes étaient ce que je connaissais de plus puissant. Et ça n’a pas changé ! » DJ : disc jockey, animateur qui sélectionne, diffuse et mixe de la musique à destination d'un public.
  • 22. Hindou Oumarou Ibrahim Né en 1984, Peule Mbororo tchadienne. En 1999, participe à la création de l’’Association des Femmes Peuls Autochtones du Tchad’ (AFPAT) pour améliorer les conditions de vie des Mbororo. L’AFPAT est la première association à base communautaire qui a participé aux négociations internationales sur le climat. Se bat pour faire reconnaître l’importance des connaissances traditionnelles dans l’adaptation aux changements climatiques et la nécessité d’unir les forces des sciences modernes météorologiques et des savoirs traditionnels. Sillonne les sommets internationaux sur le climat pour plaider la cause des populations autochtones du Tchad, victimes du réchauffement climatique. Agit pour l’inclusion des peuples autochtones dans les instance internationales. Vit auprès de populations vulnérables au Tchad où elle est retournée après avoir décliné une proposition d’embauche à New- York au sein du système onusien. « Le fait de vivre sur le terrain et de constater par moi- même les dégradations de l’environnement et les difficiles conditions de vie des populations renforce ma détermination et me donne des arguments à faire valoir lors des sommets sur le climat.»
  • 23. Antoine Deltour Né en 1985, auditeur français. Études de commerce à Bordeaux. En 2008, est embauché chez ‘PricewaterhouseCoopers’ (PwC), au Luxembourg. En démissionne en octobre 2010, alors qu'il a été promu auditeur sénior. Emporte des documents confidentiels sur des accords fiscaux entre l’État luxembourgeois et des sociétés multinationales. Le ‘Consor- tium international des journalistes d'investigation’ (ICIJ) accède aux documents, les analyse dans leur intégralité et les publie en novembre 2014, ce qui déclenche un scandale international connu sous le nom des LuxLeaks. Condamné en première instance à 12 mois de prison avec sursis, puis en appel à 6 mois de prison avec sursis et à 1 500 euros d'amende. La justice reconnaît ses « nobles motivations, par conviction que certaines pratiques d’optimisation fiscale agressives sont contraires à l’intérêt général ». En janvier 2018, relaxé par la Cour de Cassation du Luxembourg comme lanceur d’alerte. En juin 2015, le Parlement européen lui décerne le Prix du citoyen européen 2015, qui récompense des citoyens ayant contribué à la coopération européenne et à la promotion de valeurs communes. En 2011, passe des concours de la fonction publique française. Affecté à la direction régionale de l'Insee Lorraine à partir d'avril 2012 comme chargé d'études.
  • 24. Aaron Swartz (1986-2013), informaticien, écrivain, militant politique et hacktiviste* états-unien né dans une famille d’origine juive. Fervent partisan de la liberté numérique, consacre sa vie à la défense de la « culture libre », convaincu que l'accès à la connaissan- ce est un moyen d'émancipation et de justice. Participe au développe- ment de plusieurs techniques décisives dans l’essor de l’Internet, notamment le format flux RSS ou encore celle des licences Creative Commons (CC). Pour démocratiser l’information sur le web, manifeste contre des projets de loi tels que la Stop Online Piracy Act (SOPA). Engagé intellectuellement sur des enjeux sociétaux dont le droit d'auteur, la liberté d'accès des connaissances et des savoirs dont les publications scientifiques, la transparence en politique, étend ses réflexions dans le domaine de la sociologie, l'éducation civique et politique. Se suicide à l'âge de 26 ans dans son appartement. Son procès fédéral en lien avec des accusations de fraude électronique devait débuter le mois suivant. * hacktivisme (contraction de hacker et activisme) : forme de militantisme utilisant des compétences du piratage informatique dans le but de favoriser des changements politiques ou sociétaux.
  • 25. Li Wenliang (1986-2020), ophtalmologue hospitalier et lanceur d'alerte chinois. Études de médecine à l'université de Wuhan. Travaille ensuite à Xiamen pendant 3 ans avant de retourner à Wuhan pour travailler en tant qu'ophtalmologiste à l'hôpital central. Dès le 30 décembre 2019, alerte ses collègues médecins sur la messagerie chinoise WeChat, au sujet d’un virus qui lui semble être proche du SRAS, dont sont atteints plusieurs patients de son hôpital. Il précise : « ll y a 7 cas confirmés de SRAS au marché de gros de fruits de mer de Huanan (…) Les dernières nouvelles confirment qu'il s'agit d'infections au coronavirus, mais le virus exact reste à sous-typer ». Le 3 janvier 2020, le commissaire de police de Wuhan le met en garde à vue pour « avoir fait de faux commentaires sur Internet ». Les policiers au poste lui demandent de signer une lettre d'avertissement reconnaissant qu'il « perturbe l’ordre social ». Selon le procès-verbal de cet interrogatoire (photo du bas), il lui est demandé de « cesser ces actions illégales, sous peine d'être poursuivi par la loi ». Décède du coronavirus le 7 février 2020. La Cour populaire suprême chinoise a déclare que, « rétrospective- ment », les huit citoyens de Wuhan lanceurs d’alerte n'auraient pas dû être punis car leurs propos n'étaient « pas entièrement faux »…
  • 26. Louis-Xavier Leca Français né en 1988. Études d’économie du développement à Santiago du Chili, se lie avec une association d’aide aux sans-abri. Une année de césure en Australie, stage dans la finance responsable, petits boulots. Master de gestion, séjour au Sénégal avec les équipes de l’ONG de microcrédit Planet Finance. À HEC (certificat de Social Business), rencontre Charles-Édouard Vincent, patron de ’Emmaüs Défi’. En 2014, fonde l’association ‘La Cloche’, en novembre 2015, démarre avec 5 ou 6 commerçants de son quartier le premier projet ‘Le Carillon’ : réseaux locaux d’échanges entre habitants, commerçants et personnes sans domicile. Réseau désormais implanté dans 15 des 20 arrondissements parisiens, à Nantes, Lyon, Marseille : 567 commer- çants impliqués, permanence d’accueil, repas, boissons chaudes, coupes de cheveux, concert, pétanque, karaoké, soupes préparées par des sans- abri et servies aux passants, etc. En partenariat avec la mairie de Paris, expérimente un nouveau projet, les ‘Clochettes’, qui consiste à embarquer des riverains, avec ou sans abri, dans la végétalisation d’une rue du 10e arrondissement de Paris. Le projet d’insertion ‘Cloche à biscuits’ donnera du travail à quelques sans-abri.
  • 27. Rutger Bregman Né en 1988, écrivain et historien et conférencier néerlandais, journaliste pour le magazine en ligne De Correspondent. Auteur de 4 livres sur l'histoire, la philosophie et l'économie. Réfute le discours ambiant selon lequel l’homme serait naturellement mauvais. Son livre Utopies réalistes est un bestseller publié dans 23 pays et traduit en 16 langues en 2017. Appuyé sur les travaux d'Esther Duflo, Thomas Piketty, David Graeber, etc., cet essai vif, pédagogique et amusant rouvre plusieurs perspectives : la réduction du temps de travail à 15 h / semaine, le revenu universel, et plus largement la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités, la taxation des flux financiers, et enfin l'ouverture des frontières. « Tout progrès de la civilisation - des débuts de la démocratie à la fin de l'esclavage - fut d'abord considéré comme un fantasme de doux rêveurs. » « Je ne prétends que l’être humain est naturellement bon. Nous avons tous une bonne et une mauvaise jambe ; la question, c’est de savoir laquelle nous exerçons. Je souhaite simplement montrer que nous avons toutes et tous, naturellement, depuis l’enfance, une forte préférence pour notre bonne jambe » « L’ouvrage de Rutger Bregman m’a fait voir l’humanité sous un nouveau jour. » Yuval Noah Harari, Israëlien auteur du best-seller Sapiens
  • 28. Leïla Mustapha Née en 1988, personnalité politique kurde de Syrie. Ingénieure en génie civil, major de sa promotion de l’université de Euphrate. Dans un pays où l’extrémisme religieux grandit, ne porte pas le voile, bien que Musulma- ne. Après la prise de pouvoir de l’organisation terroriste Daech en 2014, et suite aux tortures et exécutions, part vivre avec sa famille à Qamishli. En juin 2017, après la libération de la ville de Raqqa par les Forces démocratiques syriennes, est désignée maire de la ville. Plongée dans un monde d’hommes, a pour mission de reconstruire sa ville détruite à plus de 80 %, de réconcilier les gens et d’y instaurer la démocratie. Renomme ‘Place de la Liberté’ la ‘Place Naïm’ où ont été tués plus de 1200 civils, s’affaire à la reconstruction des infrastructures. Grâce à ces actions, une large partie de la population de la ville Raqqa revient y vivre (autour de 350 000 personnes). Son engagement pour son peuple et le retentissement de son livre La femme, la vie, la liberté, écrit avec Marine de Tilly, permet la parution d’un film documentaire 9 jours à Raqqa du réalisateur Xavier de Lauzanne. « Les gens de Raqqa m'ont choisie pour que je leur rende une vie, la parole, une démocratie, pas pour que j'ajoute mes larmes au torrent des leurs. »
  • 29. Hassen Bouchakour et Peyo Né en 1988, entraîneur équestre français d’origine algérienne, installé sur la Côte d’Opale. Cavalier, fauconnier, compétiteur, artiste, danseur, gymnaste, acrobate, contorsionniste. Plusieurs fois champion de France de dressage artistique, avec Peyo, son cheval, son ami, issu de Lusitanien et de Barbe né en 2003. En 2011, Peyo, étalon au caractère difficile, choisit certaines personnes du public à l’issue de spectacles ou compétitions, s’appro- che d’elles, passe du temps à leurs côtés, devient doux et protecteur. Il choisit toujours des personnes affaiblies moralement, physiquement, psychologiquement, a une capacité instinctive à détecter cancers et tumeurs chez l’être humain et à accompagner certains patients jusqu’à leur dernier souffle. Après des années de compétitions et de spectacles équestres, le duo quitte le devant de la scène pour rejoindre les hôpitaux et les EHPAD, le monde de la médecine, de la solidarité et de la dignité humaine, parcourt la France et la Belgique avec l’appui de l’associa- tion ‘Les sabots du cœur’. « On a dû lui apprendre à ne pas faire ses besoins dans les couloirs. Il dû se familiariser avec l’ascenseur, le parquet, la moquet- te… C’est deux ans de travail. Quant aux malades dont il s'approche, c'est Peyo qui les choisit et personne d'autre. »
  • 30. Lassana Bathily Né en 1990 au Mali, de confession musulmane. Arrive légalement en France en 2006, obtient deux CAP (carrelage et peinture). Après un refus de la Préfecture de Police de Paris de lui délivrer un titre de séjour en 2009, fait un recours devant le Tribunal administratif en 2010 et obtient une carte de séjour en 2011. Multiplie les petits boulots (ménage, plonge, bâtiment, commerce), devient en 2012 l’homme à tout faire du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris. Le 9 janvier 2015, avec beaucoup de courage et de présence d’esprit, sauve la vie de plusieurs otages lors d’une prise d'otages dans ce magasin. Donne à la police des informations permettant de sauver d’autres otages. Grâce à ces actes, obtient la nationalité française 11 jours plus tard. « Nous devons nous souvenir de l'employé de ce supermarché, un musulman, qui a caché des clients juifs et leur a sauvé la vie. Et quand on lui a demandé pourquoi il avait fait cela, il a répondu : “Nous sommes frères.” » Barak Obama Photo du bas : Cérémonie de remise de la nationalité française avec le Premier Ministre, Manuel Walls, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve
  • 31. Ryan Hreljac Né en 1991, militant canadien. Diplôme de la University of King's College à Halifax (Nouvelle-Écosse) en 2013. À l’âge de 6 ans, est choqué en entendant sa maîtresse d’école expliquer que dans certaines parties de l’Afrique, il est difficile de trouver de l’eau potable. Effectue des tâches ménagères en vue de collecter des fonds pour les personnes privées d’eau, les verse à Water Can, ONG qui creuse des puits et installe de pompes. Son initiative suscite les dons de nombreuses personnes. Demande que son premier puits soit construit près d'une école dans le village d'Angolo en Ouganda. Crée en 2001 la Ryan's Well Foundation dans le but de construire des puits et des projets d'assainissement en Afrique et d'éduquer les enfants sur l'assainissement et l'eau salubre. La fondation dispose de 3 moyens pour sensibiliser les écoliers aux problèmes de l’eau : le programme ‘Jeunesse en action’, le programme ‘Participation’ et le programme ‘Défi scolaire’. La fondation a fourni de l'eau potable à plus de 900 000 personnes dans 16 pays en développement, dans le cadre de 1 166 projets.
  • 32. Stormzy Michael Ebenazer Kwadjo Omari Owuo Jr., né en 1993, chanteur britannique d’origine ghanéenne, connu dans le monde du grime* et du hip-hop*. Commence à rapper* à l'âge de 11 ans dans son club local de jeunes. Abandonne des études techniques pour faire de la musique. Fait un stage dans une ville thermale et travaille 2 ans dans une raffinerie de pétrole à Southampton, puis se consacrer entièrement à sa musique. Son premier album grime*, Gang Signs & Prayer (février 2017) se hisse au premier rang des Albums Charts* du Royaume-Uni. Son album Dreamers Disease remporte le prix MOBO qui récompense la musique d’origine noire. Sa chanson Shut up ! est filmée en clip* sur un parking et obtient un succès considérable. A pour objectif d’inspirer la jeune génération d’hommes noirs qui ont le sentiment d’être laissés sur le carreau. Les appelle « les jeunes rois noirs » et leur passe ce message : « Vous pouvez faire quelque chose ! Vous valez mieux qu’on ne vous l’a jamais dit ! Vous avez autant de force que moi ! » * Le grime est un genre musical ayant émergé dans le quartier de Bow (Londres), au début des années 2000. Le hip-hop, musique rap ou musique hip-hop est un genre musical caractérisé par un rythme accompagné de rap et de chants. Le rap est une forme d'expression vocale : il se caractérise par sa diction très rythmée et en rimes. Les Albums charts (tableaux officiels des albums) sont des classements d’albums par ventes physiques et numériques. Un clip est un court- métrage, tourné le plus souvent en vidéo.
  • 33. Memory Banda Née en 1996, militante malawienne des droits de l'enfant. Le mariage forcé de sa sœur Mercy, à l'âge de 11 ans, après être tombée enceinte lors d'une cérémonie d'initiation, l’incite au combat contre les mariages forcés de jeunes filles.* Présente un exposé sur les mariages forcés d’adolescentes devant la 59ème réunion de la ‘Commission de la condition de la femme des Nations Unies’ et à Oslo. Son action conjuguée avec d'autres conduit à ce que la loi soit modifiée pour reconnaître 18 ans comme l'âge minimum légal du mariage au Malawi. Reste préoccupée par l'application effective de la loi, continue à plaider pour l'autonomisation des jeunes filles. Crée le Girls Empowerment Network (GENET, Réseau pour l'autonomie des filles) et les Let Girls Lead girls community groups dans le but de maintenir les filles à l'école et de les sensibiliser à leurs droits. Collabore également à un projet où des jeunes filles partagent le récit de leurs expériences, rêves et défis par différentes formes d'art et de théâtre. * En 2014, Human Rights Watch signale ainsi qu'une fille sur deux au Malawi, en moyenne, est mariée avant son 18e anniversaire.
  • 34. Malala Yousafzai Née en 1997, militante pakistanaise des droits de la femme (de langue urdu et anglaise). Son père, directeur d'école et farouche activiste pour le droit à l'éducation, lui transmet son engagement militant. Témoigne à l’âge de 11 ans sur un blog de la BBC au sujet des violences des talibans. En octobre 2012, grièvement blessée par un taliban lors d'une tentative d'assassinat dans le bus scolaire. Soignée à l’hôpital de Birmingham (GB). En juillet 2013, parle à la tribune de l'ONU de l’accès à l'éducation pour les filles et lutte contre l'obscurantisme religieux. Prix Nobel de la paix 2014. « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie. Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo, peuvent changer le monde. »
  • 35. Emma González Née en 1999, militante états-unienne pour le contrôle des armes à feu. En février 2018, alors qu'elle est en dernière année de lycée, échappe à la fusillade de Parkland* qui a eu lieu au lycée Marjory Stoneman Douglas (MSD) en Floride. Quelques jours plus tard, prononce un discours à Fort Lauderdale (Floride), critique les actions de la National Rifle Association et les "pensées et prières" du président Donald Trump, affirme que "la santé mentale n'est qu'une petite partie du problème". Fait partie du groupe d'étudiants fondateurs du groupe Never Again MSD pour militer en faveur du contrôle des armes à feu. Le 24 mars 2018 à Washington D.C., lors de la ‘Marche pour nos vies’, prononce un discours où, regardant la foule droit dans les yeux, elle observe 4 minutes de silence complet parmi les 6 minutes et 20 secondes de son temps d'intervention : le temps qu'a duré la fusillade de Parkland. Devient ensuite une figure de la jeunesse engagée contre la prolifération des armes à feu aux États-Unis. * Perpétrée par un ancien élève de l’établissement, malade psychique hostile aux Juifs et aux femmes : 17 tués, 15 blessés.
  • 36. Mohamad Al Jounde Né en 2001, Syrien. Réfugié au Liban à cause de la guerre civile*. Avec l’aide de sa famille, crée une école dans leur camp de réfugiés, dans la vallée de la Bekaa. Âgé de 12 ans, enseigne aux petits rescapés l’anglais, les mathématiques et sa passion, la photographie. Aujourd'hui, 200 enfants peuvent accéder à leur droit à l'éducation. Récipiendaire de l’International Children’s Peace Prize , qui, depuis 2005, récompense un mineur pour son engagement pour les droits des enfants. Vit désormais en Suède. « Mon message aux personnes qui ne veulent pas que les réfugiés soient là est que nous n’avons pas voulu venir non plus. Mais ça, c’est la guerre. Nous voulons juste que les gens nous donnent une chance. » * La guerre civile syrienne à elle seule a abouti à 2,5 millions d'enfants réfugiés, dont la plupart n'ont pas ou peu accès à l'éducation.
  • 37. Mahsa Amini (2000-2022), étudiante iranienne. Arrêtée le 13 sept. 2022 à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs (Gasht-e Ershad). Meurt 3 jours plus tard à l’hôpital. Sa mort déclenche des manifestations nocturnes dans les principales villes d’Iran. L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, fait état de 416 morts à fin nov. 2022. Plus de 15 000 manifestant.e.s sont par ailleurs arrêtés et emprisonnés. ‘L’Union du peuple de l’Iran islamique’, formée par les proches de l’ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), dit « exiger » des autorités qu’elles « préparent les éléments juridiques ouvrant la voie à l’annulation de la loi sur le hijab obligatoire ». Le parti réclame en outre que la République islamique annonce « officiellement la fin des activités de la police des mœurs » et « autorise les manifestations pacifiques ». Il appelle à la formation d’une commission d’enquête « impartiale » sur la mort de Mahsa Amini et à la « libération immédiate des personnes récemment arrêtées ». Le 13 novembre, un tribunal condamne pour la première fois à mort un participant de ces manifestations. À fin novembre, l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, annonce la mort de 416 personnes, alors que le régime en reconnaît 300.
  • 38. Matsuki Kamoshita Jeune Japonais né en 2003. Sa vie bascule brutalement le 11 mars 2011* lors de la catastrophe de Fukushima. Quand ses parents voient leurs enfants saigner du nez abondamment sans aucune raison, ils décident de partir. En mars 2018, deux mamans de Fukushima plaident à Genève, auprès du ‘Conseil des droits de l’homme’ de l’ONU, pour leur droit fondamental de vivre avec leur famille dans un environnement sain. Matsuki témoigne publiquement pour sensibiliser aux dangers du nucléaire. « Pour l’État japonais, nous ne sommes que des témoins gênants. C’est pourquoi nous subissons la discrimination. Malheureusement, dans la société japonaise actuelle, les victimes ne peuvent pas vivre en sécurité sans détourner le regard, sans se boucher les oreilles et sans fermer la bouche. » * Un séisme de magnitude 8,9 ébranle la Terre à 130 kilomètres au large de la ville de Sendai. Un tsunami géant frappe la côte ouest du Japon. Les vagues, hautes jusqu’à 15 mètres, ravagent maisons et infrastructures. Près de 19 000 habitants de la province sont alors déclarés morts ou disparus. Les réfugiés se comptent par centaines de milliers. La centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, propriété de l’énergéticien japonais ‘Tepco’, malgré un mur anti-vagues, est submergée. Surchauffe du réacteur numéro 1, explosion et diffusion de la radioactivité. ■