L'injustice cognitive et trois stratégies pour la combattre
30 SEPTEMBRE 2015
FLORENCE PIRON, UNIVERSITÉ LAVAL
FLORENCE.PIRON@COM.ULAVAL.CA
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la licence
creative commons attribution 4.0 canada
Trois stratégies de lutte
contre l'injustice
cognitive en milieu
universitaire
Université de Lyon 2
PLAN DU SÉMINAIRE
1. L’injustice cognitive
2. Le projet SOHA
3. Accès savoirs, boutique de sciences
4. Association science et bien commun
UN CONCEPT DU SUD
Le concept de justice cognitive a été énoncé pour la première fois
par un chercheur indien, Shiv Visvanathan, dans un texte de
2007.
Il a été repris ensuite par d’autres chercheurs de pays du Sud afin
de théoriser leur sentiment d’injustice
• face à l’invisibilité de leurs travaux scientifiques dans la
science mondiale
• face à l’incapacité de cette science à s’intéresser aux savoirs
non-scientifiques et à sortir de la rivalité platonicienne entre les
« sachants » qui ont accès à la connaissance et les non-
sachants, prisonniers de la caverne de l’ignorance.
LA JUSTICE COGNITIVE
Exigence de reconnaissance de la pluralité des savoirs dans
la science
• des savoirs produits au sein des universités des pays du
Sud, même s’ils ne sont pas publiés en anglais ou dans
les revues du Web of Science
• des savoirs traditionnels
• des savoirs locaux, liés aux pratiques sociales et aux
innovations sociales locales, dans les pays du Nord ou du
Sud.
Ce concept est donc porteur d’une critique fondamentale
• du cadre normatif dominant de la science contemporaine,
• de ses pratiques générant un déséquilibre entre un centre
angloaméricain et une immense périphérie plurilingue.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE
ENTRE LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ?
Un enjeu épistémologique fondamental : La vérité est
souvent présentée comme un idéal de correspondance
exacte entre les mots (langage) et les choses (le réel, la
réalité) : est-ce possible?
• Oui pour les « positivistes » : la vérité émerge si on fait
de la recherche dans le cadre normatif dominant de la
science actuelle, qui en garantit la scientificité, mais qui
exige l’objectivité et la neutralité
• Non pour les « constructivistes » (ma position) : la
science propose des modèles, des représentations de la
réalité, qui sont toujours construits dans la culture, dans
le langage et qui changent au fil du temps
THÉORIE POSITIVISTE
La vérité est la correspondance exacte entre les mots
(langage) et les choses (le réel, la réalité)
• ambition scientifique classique: trouver un langage qui décrirait le
monde tel qu’il est « en lui-même », hors de tout point de vue ancré
dans une culture, dans l’histoire.
• Il y a une vérité qu’on peut « découvrir » à l’aide de la méthode
scientifique.
• Elle seule permet d’avoir accès à la vérité, car elle ne souffre d’aucun
biais. Son langage doit être « épuré » de tout ce qui est local et culturel.
• Elle est neutre.
MODÈLE DOMINANT
THÉORIE CONSTRUCTIVISTE
La correspondance exacte entre les mots (langage) et
les choses (le réel, la réalité) est impossible : le
langage scientifique reste un langage issu de la
culture.
• Les textes scientifiques (énoncés, démonstrations, etc.), même s’ils
prétendent décrire la vérité font toujours partie des médiations du
langage et de la culture: ils restent une production humaine ancrée
dans l’histoire et l’espace.
• Ce sont des énoncés qui obéissent à des conventions et à une
rhétorique, au même titre que des vers de poésie ou des paragraphes
de romans. Ils font partie de la « construction sociale de la réalité ».
• Un fait scientifique est un artefact (fabriqué par l’humain) pour rendre
compte de manière très précise d’un aspect de la réalité qui intéresse
son auteur (le chercheur ou la chercheuse), tout comme n’importe quel
savoir.
PAS DE DIFFÉRENCE DE NATURE ENTRE
LES SAVOIRS SCIENTIFIQUES ET LES
AUTRES
La science est un savoir humain parmi bien d’autres.
Les autres savoirs sont les savoirs « locaux » (vernaculaires,
profanes, traditionnels, expérientiels, etc.)
- Savoirs issus de la tradition : patrimoine immatériel
- Savoirs issus des pratiques « incorporées » : savoir-faire,
savoir-être (Art, artisanat, parental, etc.)
- Savoirs issus de l’expérience vécue (expérientiels) : savoirs
politiques, savoirs environnementaux, savoirs de la pauvreté,
de la pollution, de la catastrophe, etc.
Dans tous ces savoirs, il peut y avoir de la rigueur, de
l’observation, de l’analyse, de la synthèse, etc.
Mais l’autorité de la science repose sur son statut social
de vérité, de référence, qui lui assure des ressources énormes
et un prestige social très élevé pour ses détenteurs, les
scientifiques.
UN FOSSÉ ABYSSAL ORIGINEL
(POUR LES POSITIVISTES)
Pour les positivistes, la science se définit au contraire par
sa différence de nature avec les savoirs locaux : elle
est universelle et produit des vérités universelles ou
éternelles.
Il y a un fossé abyssal entre les « sachants » (les
scientifiques, qui accèdent à ces vérités) et les « non-
sachants », les non-scientifiques, les ignorants, les
citoyens ordinaires.
Les premiers ont travaillé dur pour entrer dans la
lumière de la connaissance, alors que les autres en
restent à leur savoir spontané et subjectif, prisonniers
des ombres de la caverne.
Caractère structurellement élitiste de la science
LE SAVOIR SCIENTIFIQUE EST SOCIAL
C’est un savoir produit par une institution sociale : le champ scientifique.
Un savoir produit par des scientifiques, selon une méthode scientifique,
dans des institutions scientifiques, publié dans des revues scientifiques,
selon des conventions d’écriture scientifique, pour un public de
scientifiques (et autres) qui présente les traces du processus de
recherche mené par les scientifiques
Ce savoir scientifique n’existe que dans des formes concrètes qui sont
toujours situées : un article dans une revue, un chapitre d’un livre, une
conférence, un cours, etc.: les PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES
Il est orienté par un cadre normatif et des critères de scientificité qui
départagent la (bonne) science de la moins bonne.
Il est intrinsèquement lié à un métier, celui de chercheur, qui s’est
professionnalisé depuis 1945. La carrière professionnelle des
chercheurs est devenue une valeur majeure du champ scientifique, au
détriment du bien commun.
Ce champ est l’objet de contestations et de remises en question,
notamment par le mouvement de la science ouverte.
LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE
LA SCIENCE ACTUELLE
Pour être reconnue comme scientifique, une
recherche doit obéir à ces critères de scientificité
• Viser une dimension universelle : un savoir valide
partout et en tous temps
• Canon d’écriture scientifique (revue de littérature,
question de recherche, résultats, interprétation)
• Publication sous forme d’article évalué par les pairs en
double aveugle dans une revue scientifique cotée, avec
un bon facteur d’impact selon le Web of science : en
anglais
• Effort de déontologie en intégrité scientifique (pas de
plagiat, pas de données falsifiées, honnêteté et rigueur)
• Abandon par les scientifiques de leurs caractéristiques
locales et personnelles
LE CADRE NORMATIF DOMINANT DE
LA SCIENCE ACTUELLE
Absence du lien avec la société
L’auteur ou l’auteure se désintéresse de la diffusion et de
l’accessibilité de son travail en dehors du cercle restreint des
collègues. Il ou elle se dit :
• C’est à la revue ou à l’éditeur de faire la publicité
• Les gens intéressés sauront bien trouver mon texte
• Le seul public qui m’intéresse est celui de mes pairs et
collègues
Origine dans l’histoire de la science, reflet du fossé abyssal
entre les sachants et les non-sachants
Publier en anglais dans un pays francophone ne pose pas de
problème de conscience
LA SCIENCE FERMÉE : UN MODÈLE
D’AFFAIRES LUCRATIF
Les articles scientifiques ne sont accessibles gratuitement
qu’aux chercheurs et étudiants dont l’université est abonnée
aux revues qui publient les articles.
Ces revues pratiquent l’évaluation par les pairs en double
aveugle. Les auteurs ne sont jamais payés pour les articles
qu’ils soumettent pour évaluation.
Ces revues sont classées dans des palmarès mondiaux qui
leur attribuent un facteur d’impact (calcul quantitatif). Elles
appartiennent en majorité à des éditeurs scientifiques
commerciaux, à but lucratif, qui privilégient l’anglais (pour
les fins de classement).
Ces éditeurs ne cessent d’augmenter le coût des
abonnements à leurs revues. Même si les revues sont en
ligne, les éditeurs font payer aux lecteurs non-abonnés
l’accès à chaque article : le mur payant.
Les revues à l’extérieur de ce circuit sont ignorées.
Un exemple de mur payant pour accéder à la science : 38$ pour un pdf!
Quand notre ordinateur n’est pas connecté à une bibliothèque qui
est abonnée à la revue, il faut payer pour avoir accès au texte…
Mais en fouillant
un peu, on découvre
que les auteurs
avaient déposé leur
texte sur un site web,
en libre accès… avant
même sa publication
INJUSTICE COGNITIVE
Le patrimoine scientifique est inégalement accessible selon le
pays ou l’université où on se trouve.
Il est encore plus inaccessible pour les non-scientifiques, (la
population) qui financent pourtant la recherche publique et sont
directement affectés par les innovations.
Le patrimoine scientifique officiel n’intègre pas de manière égale
la contribution, théorique ou empirique, des chercheurs et
chercheures du monde entier.
Il ignore les savoirs locaux, les méprise ou les dévalorise en les
qualifiant de doxa, opinion, superstition, croyances, etc.
Les chercheurs imprégnés du cadre normatif de la science
orthodoxe ne voient même plus cette injustice cognitive.
Ils privilégient leur domaine et leur carrière face au droit collectif
à la science…
UNE AUTRE SCIENCE EST POSSIBLE
Il est possible de remettre en question le cadre normatif
dominant et de proposer un cadre alternatif : la science
ouverte :
• publier en libre accès
• Faire de l’évaluation ouverte
• Partager ses travaux, ses données et ses ressources
sur le web et avec les médias sociaux
• Traduire ses articles pour les rendre accessibles à un
plus large public
• dialoguer, commenter (au lieu du secret et de la peur)
• intégrer des non-scientifiques au processus de
recherche
• Intégrer des savoirs autres que scientifiques : savoirs
locaux traditionnels, expérientiels, politiques, etc.
• Décider de l’agenda de la recherche selon les priorités
de la société, le bien commun
• Privilégier les logiciels libres et les ressources
éducatives libres
LA JUSTICE COGNITIVE
Inspirée par la justice cognitive, un concept qui vient de Shiv
Visvanathan (1997) et qui a inspiré le Knowledge Swaraj
Manifesto: il exige que la science occidentale moderne reconnaisse
comme légitimes et valables différents types de savoirs, liés aux
différents milieux de vie et cultures, accepte la dialogue entre ces
savoirs et refuse que d’autres cultures imposent leur définition de
la réalité au nom de la science.
Cognitive justice recognizes the right of different forms of
knowledge to co-exist but adds that this plurality goes beyond
tolerance or liberalism to an active recognition of the need for
diversity. It demands recognition of knowledge: not just as
method, but also as a culture and a way of life. This pre-supposes
everything this Manifesto has argued for: that we need a pluralistic
view of expertise, of science and technology, of knowledge and
craft; that we recognize that knowledge is embedded in culture,
that every knowledge has its own cosmology; […] that we need
new engagement of civil society to build a social democracy with
the knowledge democracy.
ACCESSIBILITÉ ET VISIBILITÉ DE LA
SCIENCE AU NORD ET AU SUD
• Au nord : domination d’une science normalisée, anglo-saxonne, qui
prétend à l’universel, mais qui répond à la société qui la produit
• Recherches sur les maux des sociétés du Nord
• Recherches sur les innovations commercialisables
• Au sud : une science invisible dans les pays du nord (jamais citée ou
utilisée, sauf quelques rares vedettes) et peu visible ou accessible
dans les pays du Sud, pas toujours connectée aux besoins locaux.
Mais :
• Recherches sur les maux des sociétés du sud
• Recherches sur des innovations sociales
Deux enjeux pour la science ouverte :
- Donner accès à tous à la science des pays du Nord (visible) ET
à celle des pays du Sud (invisible) dans les pays du Sud
- Rendre visible et accessible, grâce au web, la science des pays
du Sud, au Sud comme au nord
ET POURTANT…
• Les publications scientifiques sont de plus en plus
nombreuses, accessibles en ligne de n’importe où dans
le monde
• Des moteurs de recherche puissants, comme Google
Scholar, permettent d’y accéder grâce à la recherche
par mots-clés
• Le web permet de partager un texte à l’infini sans
coûts et sans jamais le perdre
Tout pourrait faire de la science un bien commun, un
patrimoine commun à partager!
• Le mouvement du libre accès et de la science ouverte
s’efforcent de réaliser cette vision depuis les années
1990.
• Déclaration de Budapest en 2002, réaffirmée en 2012
DÉFINITION DU LIBRE
ACCÈS – DÉCLARATION DE
BUDAPEST 2002
Par "accès libre" à la littérature scientifique, nous
entendons sa mise à disposition gratuite sur l'Internet
public, permettant à tout un chacun de lire, télécharger,
copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien
vers le texte intégral de ces articles, les disséquer pour
les indexer, s'en servir de données pour un logiciel, ou
s'en servir à toute autre fin légale, sans barrière
financière, légale ou technique autre que celles
indissociables de l'accès et l'utilisation d'Internet.
La seule contrainte sur la reproduction et la distribution,
et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être
de garantir aux auteurs un contrôle sur l'intégrité de leurs
travaux et le droit à être correctement reconnus et cités.
RECOMMANDATIONS DU RAPPORT DE
L’ONU SUR LE DROIT À LA SCIENCE ET
LE DROIT D’AUTEUR, MARS 2015
Recommandation 112:
Le produit des travaux de création subventionnés par des
gouvernements, des organisations intergouvernementales ou des
entités caritatives devrait être rendu largement accessible. Les États
devraient réorienter leur soutien financier aux modèles de publication
fondés sur la propriété vers des modèles de publication ouverts.
Recommandation 113 :
Les universités publiques et privées, ainsi que les institutions publiques
de recherche devraient adopter des politiques en vue de promouvoir le
libre accès aux travaux de recherche, documents et données ayant fait
l’objet d’une publication, sur la base d’un système ouvert et équitable,
notamment grâce à l’utilisation de licences Creative Commons.
DEUX VOIES PLUS DURABLES
VERS LE LIBRE ACCÈS
Voie dorée
Publier dans une
revue en libre accès
sur le web
(les éditeurs en
proposent , mais
imposent parfois des
frais aux auteurs)
Rôle plus traditionnel
de l’auteur
DEUX VOIES PLUS DURABLES
VERS LE LIBRE ACCÈS
Voie dorée
Publier dans une revue
en libre accès sur le
web
(les éditeurs en
proposent , mais
imposent parfois des
frais aux auteurs)
Rôle passif traditionnel
de l’auteur, à part au
moment de choisir la
revue
Voie verte
Archiver une copie en
libre accès de son
article dans un dépôt
institutionnel
universitaire
Rôle actif essentiel de
l’auteur
AUTO-ARCHIVAGE
Un auteur place lui-même son texte sur le web dans le
but de le rendre accessible au monde entier:
Les internautes pourront:
- Lire son texte en ligne
- Le télécharger en pdf pour lecture ultérieure
- Le citer dans leurs travaux
- Le faire connaître à leurs étudiants dans les recueils de
texte
Conséquences :
- visibilité accrue du travail de recherche, sortie de la tour
d’ivoire
- Seconde vie pour des travaux dormant sur des étagères
ou dans des disques durs, qui ne servent à personne
LES ARCHIVES
NUMÉRIQUES OUVERTES
INSTITUTIONNELLES
• Des sites web qui sont réalisés et gérés par les
bibliothèques universitaires à l’aide de logiciels libres
qui ont été conçus pour ça : Dspace, eprints
• Une volonté de pérenniser l’existence des publications
• L’auteur-e fait le dépôt personnellement, en respectant
la politique éditoriale de la revue
• Les métadonnées permettent un repérage efficace
dans les moteurs de recherche
• L’équipe du dépôt (à la bibliothèque) valide le dépôt
• Il reste difficile de mobiliser les chercheurs qui ne sont
pas habitués à prendre soin de la diffusion de leur
article…
DROIT D’AUTEUR
SCIENCE
CONVENTIONNELLE
• Croire que toutes les
revues exigent la cession
du droit d’auteur ou
interdisent l’auto-
archivage
• Oublier que l’auteur a
toujours des droits
moraux sur son texte,
même s’il a été payé
pour l’écrire
• Ne pas oser diffuser,
publiciser ou mettre
en libre accès ses
propres travaux de peur
de faire quelque chose
d’illégal ou de déplaire
aux revues commerciales
SCIENCE OUVERTE
• Tout auteur d’un texte a le
droit de librement donner
une licence ouverte à son
texte, sans demander de
permission : Creative
commons
Cette famille de licence
autorise la diffusion, la
reproduction et la
réutilisation d’un texte dans
la mesure où l’auteur est
nommé
PARTAGER SES RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES AVEC ZOTERO
SCIENCE
CONVENTIONNELLE
• Fiches
individuelles de
lecture
• Endnote (logiciel
propriétaire) :
fiches
bibliographiques
électroniques
• Ne pas partager
ses références
ailleurs que dans
l’article publié
SCIENCE OUVERTE
Utiliser Zotero.org
Application Web libre et gratuite qui permet de
collecter des références, d’importer les pdf, de
sélectionner les citations à déposer dans son manuscrit,
puis de générer les bibliographies d’un seul clic sous
n’importe quel format (comme Endnote)
capacité de créer des collections de groupe
ouvertes ou fermées : chacun peut puiser dans les
références rassemblées. Ces collections deviennent des
biens communs!
Très utile pour un Centre de recherche, un
département, une revue (demander aux auteurs de
puiser dans Zotero pour simplifier l’édition des
bibliographies)
PUBLICATIONS EN LIBRE ACCÈS : DEUX VOIES POSSIBLES
POUR LES CHERCHEURS ET CHERCHEUSES
Publier dans des
revues en libre
accès
Revues en libre accès de plus en plus
nombreuses (10278)
Repérables dans le Directory of Open
Access Journals (DOAJ)
Environ 25% font payer des frais
aux auteurs (APC) : attention,
dérive possible et revues
prédatrices – la vigilance s’impose.
Nécessité d’un support public pour
ces revues, par exemple de la part
des bibliothèques
Logiciels libres qui servent de
structures de base à des revues en
ligne et partage des services
d’évaluation entre des revues
Un dépôt institutionnel est une archive
numérique ouverte créée par une université
et gérée par la bibliothèque. On y dépose
une copie du contenu de l’article dès qu’il est
accepté.
Les DI peuvent accueillir bien plus que les
articles : chapitres, rapports, conférences
filmées, etc. Ils sont interopérables et
moissonnables par des moteurs de recherche
comme Isidore ou Google scholar.
The Directory of Open Access
Repositories – OpenDOAR : une immense
base de données d’articles en accès libre
À ne pas confondre avec les réseaux sociaux
scientifiques privés à vocation commerciale
comme Research Gate, Academia ou
Mendeley.
Archiver ses publications en
libre accès dans un dépôt
institutionnel
PRÉSENTATION DU PROJET SOHA
Il s’agit d’un projet de recherche-
action intitulé:
La science ouverte comme outil
collectif de développement du pouvoir
d’agir et de la justice cognitive en
Haïti et en Afrique francophone : vers
une feuille de route.
Site : http://projetsoha.org
Projet sous la supervision de deux chercheuses principales :
- Diéyi Diouf, Université Cheikh Anta Diop (Sénégal)
- Florence Piron, Université Laval (Québec)
assistées d’une équipe de conseillers et de co-chercheurs,
disséminés dans plusieurs pays d’Afrique et d’Haïti
Subventionné par OCSDnet, réseau anglophone sur la science
ouverte comme outil de développement http://ocsdnet.org
Parrainé par l’Association science et bien commun
http://scienceetbiencommun.org
Ses objectifs sont les suivants :
• Comprendre les obstacles à l'adoption de la science ouverte par les
étudiantes et étudiants de maîtrise et de doctorat dans ces
universités;
• Appuyer la création d'outils locaux de formation à la science
ouverte par le biais de ressources éducatives libres
• Tester la faisabilité de dépôts institutionnels et de boutiques de
sciences dans ces universités;
• Créer et animer un Réseau interdisciplinaire d'information et
d'échanges sur la science ouverte en Haïti et en Afrique francophone
(le Collectif SOHA et un groupe Facebook)
• Publier une feuille de route en vue de l'adoption généralisée de la
science ouverte dans les universités de ces pays.
UNE VISION DE LA SCIENCE
La science ouverte est une nouvelle façon de
construire et de diffuser le savoir scientifique.
C'est une science qui s'ouvre aux savoirs non
scientifiques (traditionnels, locaux, politiques,
quotidiens, etc.) au lieu de les mépriser ou de les
ignorer.
C'est une science qui s'ouvre à la contribution
des non-scientifiques à la recherche, que ce soit
dans la collecte des données ou la définition du
projet de recherche : ce qu’on appelle aussi la
science citoyenne.
C'est une science qui donne universellement accès
à ses textes et à ses données de recherche, dans
tous les pays du monde et sans barrière financière,
et qui favorise leur réutilisation au service du bien
commun.
C'est une science qui rejette la tour d'ivoire et la
séparation entre les scientifiques et le reste de la
population du pays.
C'est une science qui vise le respect de tous les
savoirs humains, qu'ils viennent des pays du Sud
ou des pays du Nord.
PREMIER PILIER DE LA SCIENCE OUVERTE
: LE LIBRE ACCÈS
Qu’est-ce que le libre accès aux connaissances
scientifiques?
● Depuis l’arrivée d’internet, il y a de plus en plus
de livres et d’articles scientifiques sur Internet :
par exemple, une version en ligne de documents
imprimés
● Certains de ces documents en ligne ne sont
accessibles que sur abonnement ou en payant :
ils sont “fermés”
● D’autres sont gratuits : on dit qu’ils sont en libre
accès.
DEUXIÈME PILIER DE LA SCIENCE OUVERTE :
RAPPROCHER LA SCIENCE DE LA SOCIÉTÉ
Il existe de nombreux lieux ou dispositifs qui
permettent de faire un rapprochement essentiel
entre les universitaires et les populations.
Par exemple, les boutiques de sciences:
Une boutique de sciences est un programme relié à
une université qui réalise des jumelages entre des
étudiantes et étudiants inscrits à un cours et des
projets proposés par des organisations à but non
lucratif actives.
Aussi : la vulgarisation scientifique, l’éducation relative à
l’environnement
DEUXIÈME PILIER (SUITE) : LA SCIENCE
CITOYENNE ET PARTICIPATIVE
1.La « science citoyenne »: la recherche s’ouvre à
la participation de non-scientifiques pour améliorer
les connaissances produites sur différents sujets,
notamment en biologie, en astronomie, en
génomique, en botanique.
2.La « science participative » ou « coopérative » :
Une recherche dont le design inclut les personnes
qui sont l’objet du savoir produit ou qui sont
touchées par le phénomène étudié et dont on
assume l’intelligence, la capacité de comprendre et
de produire la connaissance.
TROISIÈME PILIER DE LA SCIENCE
OUVERTE : LE LOGICIEL LIBRE ET LES
LICENCES LIBRES (CC)
Un logiciel libre est un logiciel qui donne à toute
personne qui en possède une copie le droit de
l'utiliser, de l'étudier, de le modifier et de le
redistribuer. Ce droit est souvent donné par une
licence libre.
QUATRIÈME PILIER DE LA SCIENCE
OUVERTE : LE TRAVAIL COLLABORATIF
La science ouverte encourage les gens à utiliser les outils
du web qui leur permette de:
- partager leur texte avec des collègues pour recevoir
des commentaires
- Partager les références bibliographiques et les données
de recherche
- Écrire ensemble des textes
LE COLLECTIF SOHA
Le Collectif SOHA est un réseau social web (sans existence en
dehors d’Internet) qui rassemble tous les universitaires d’Haïti
et d’Afrique francophone qui s’intéressent à la science ouverte
et veulent participer activement aux activités du projet SOHA
(étudiantes et étudiants, chercheurs et chercheuses, titulaires
de doctorat).
ACTIVITÉS RÉSERVÉES AUX
MEMBRES DU COLLECTIF SOHA
• Possibilité de publier en libre accès dans des livres aux
Éditions science et bien commun ou mentorat pour publier
dans une revue
• MOOC sur l’écriture d’un projet de recherche (en 2016)
• Découverte des concepts de boutiques de science, de dépôt
institutionnel, des outils pour valoriser les savoirs locaux
• Découvrir et apprendre les logiciels libres et les logiciels qui
facilitent le travail collaboratif
• Créer des liens avec des étudiants et étudiantes de toute
l'Afrique francophone
• Participer à des séminaires, des activités
LES DISPOSITIFS DE MÉDIATION
SCIENCE-SOCIÉTÉ
- Des événements : les 24 heures de science, Décoder le monde,
la Nuit des sciences, Science and you, etc.
- Des débats publics rassemblant des chercheurs et des non-
chercheurs : café scientifique, forum, agora, etc. Essentiel pour
faire avancer l’éthique des sciences
- Des revues et magazines de vulgarisation : Science et vie,
Québec science
- Des plateformes virtuelles : Science en jeu
- Des visites de chercheurs à l’école ou au lycée
- Des programmes dans les écoles : Je suis capable
- Des activités de veille : scoop.it, Twitter
- Bloguer : Agence Science-Presse, café des sciences, Sciblogs
- Art et science, pour tous les âges
- Les boutiques de sciences
- Des associations : Fondation sciences citoyennes,
Association science et bien commun
LES BOUTIQUE DE SCIENCES
Un dispositif original qui fait le pont entre
- les organismes de la société civile, les associations,
les organismes communautaires ou d’économie
sociale, mais aussi des organismes para-publics
comme des écoles
- Les étudiants universitaires des 3 cycles
Dans le cadre de leur formation, ces derniers réalisent des
projets qui répondent aux demandes des organismes pour
des produits, des synthèses, mais aussi de la recherche.
La demande vient de l’organisme, les étudiants y répondent
sous la supervision de leur professeur. Ils et elles sont payés
en « crédits d’études ».
Du transfert de connaissances dans les deux sens, du
dialogue, ébranlement du mur entre la société et
l’université.
Accès savoirs, la boutique de sciences de l’Université Laval
LA SCIENCE : UN PATRIMOINE DE
L’HUMANITÉ
• La science est un bien commun de l’humanité, un
PATRIMOINE partagé et transmis de générations en
générations, un commun de la connaissance.
• Qu’est-ce qu’un « Commun de la connaissance »?
• Un commun (air, eau, forêt, jardins communautaires,
Internet, échange de services) est une ressource
• qui n’appartient à personne
• que tout le monde peut utiliser
• dont une collectivité prend soin de manière
coopérative, selon des règles qu’elle fixe elle-même
• La science comme commun : les chercheurs doivent en
prendre soin… un défi!
• Essentiel de l’ouvrir et de la rendre inclusive.
CETTE PRÉSENTATION
Est sous licence Creative Commons:
Vous pouvez l’utiliser, telle quelle ou en la
modifiant, pour vos activités d’enseignement ou de
formation.
Elle fait partie des communs de la connaissance,
elle appartient à tous.
À vous de jouer!