Fruits, légumes, viandes, œufs, boissons, plantes aromatiques et médicinales... Faire pousser ses propres fruits et légumes, produire sa viande et ses œufs, cultiver ses plantes médicinales, conserver ses produits… Ce livre reprend 20 ans d’expériences et de conseils pour atteindre un bon niveau d’autosuffisance alimentaire. Un ouvrage à l’enthousiasme communicatif !
Sally Nex est journaliste horticole en Angleterre. Elle produit la nourriture pour sa famille de 4 personnes depuis 20 ans.
Découvrez-en quelques bonnes pages
AG TWEED-H2O : acteurs, projets et ecosystemes des secteurs de l'energie et d...
Livres. Découvrez l'autosuffisance
1. 35
ADOPTEZ
LE SYSTÈME
DE CULTURE
À TROIS POTS
Pas besoin d’une petite ferme de
10 hectares pour être autosuffisant
en divers légumes. Ni même d’un
jardin. En fait, une poignée de conte-
neurs spacieux suffit à vous les fournir
toute l’année. Je n’achète plus de salade
sous plastique depuis que j’ai fait l’achat de trois
grands et beaux pots d’argile et que j’utilise cette
méthode pour les salades de jeunes feuilles. (Bon,
sauf peut-être une fois ou deux, mais seulement
parce que j’avais un peu négligé le programme.)
Les légumes en pot ne se limitent pas aux
salades. En adaptant la même méthode, vous rem-
plirez votre assiette d’une palette surprenante de
délicieux légumes de saison, tels que petits pois,
haricots, carottes, légumes-feuilles
et herbes, et ce du printemps à
l’automne.
La culture en conteneur présente
des avantages; en fait, bien que j’aie un
jardin, je fais aussi pousser des légumes
en pot chaque année par commodité. Je peux ainsi
maîtriser les apports d’eau et de nutriments ainsi
que la température (les pots étant portables, il suffit
de les rentrer quand il fait froid). On évite aussi
de nombreux problèmes courants au jardin, car
les légumes y sont plus faciles à défendre contre
les ravageurs. De plus, la croissance rapide et le
changement de substrat entre deux semis ôtent
toute chance aux maladies de se propager.
Avec un système simple à
trois pots, un qu’on vient
de semer, un en cours de
croissance et un en cours
de récolte, on peut
cultiver des légumes
en une succession
ininterrompue.
2. Adoptez le système de culture à trois potsL’autosuffisance, c’est possible! —
36
Dans ce chapitre, je décris comment faire fonc-
tionner un système multipot. Pour simplifier, je
présente trois variantes de systèmes à trois pots,
car c’est un nombre suffisant pour la plupart des
légumes précoces (pour une famille de quatre ;
à ajuster en fonction de vos besoins). Pour les
légumes tardifs, quatre pots sont nécessaires pour
un approvisionnement continu (voir exemples
p. 43-44).
Les systèmes à variété unique sont axés sur
la quantité. Les systèmes combinant trois varié-
tés sont moins exigeants en temps, car on utilise
intelligemment trois variétés d’un même légume
pour prolonger la récolte. Enfin, dans les systèmes
mixtes, on associe plusieurs légumes différents.
Dans les pages qui suivent, je vous donne des
«mélanges» pour vous aider à démarrer, mais une
fois que vous aurez le tour de main, vous pourrez
varier les saveurs, les couleurs et les textures en
cultivant vos légumes favoris.
COMMENT ÇA MARCHE ?
Un système à trois pots crée un cycle parfait. Il y
en a toujours un à récolter, un en cours de culture
et un qu’on vient de semer. Cela peut durer indé-
finiment, souvent douze mois sur douze. Et c’est
merveilleusement souple : avec ce système, on
est suffisamment approvisionné ; avec deux ou
trois séries de trois pots, on nourrit une famille.
Faites pousser des combinaisons de légumes
ou d’aromatiques, ou spécialisez-vous dans les
légumes à ratatouille, bref, tout ce qui vous passe
par la tête.
Cette méthode marche mieux avec des légumes
précoces et à croissance rapide, qu’on récolte assez
vite : salades, betteraves, petits pois et haricots.
Évitez les légumes trop robustes : les grands choux,
les choux de Bruxelles et les brocolis ne seront
jamais heureux en pot et j’ai toujours été déçue
par les patates. Ces grandes plantes gourmandes
En pot, on maîtrise mieux les conditions de culture
et il y a une plus grande place pour la créativité.
3. 69
PLANTEZ
UN VERGER
MINIATURE
Je ne vais évidemment pas
vous parler d’un verger dans
une grande surface enherbée,
de vieux pommiers tortueux,
de floraisons bourdonnantes
d’abeilles, mais de vergers du
xxie
siècle, qu’on peut faire entrer
dans un petit jardin citadin ou dans
quelques bacs sur un balcon. Il est temps
de revisiter nos conceptions traditionnelles
de la culture des fruits. Les choses ont changé
depuis les années trente, quand lord de Rothschild
expliquait que «pas un jardin, aussi petit soit-il, ne
doit être dépourvu de son hectare de bois». De nos
jours, vous n’avez même pas besoin d’une cage à
fruits. À la place, faites pousser des groseilliers le
long de vos murs et plantez une haie de pommiers.
Avec leurs foisonnantes floraisons printanières,
leurs fruits charnus et leurs feuillages souvent
jaune et rouge éclatant en automne, on se demande
même pourquoi il faudrait cacher ses arbres frui-
tiers derrière d’épais filets. Exposez-les à l’admira-
tion de tous : plantez des pruniers au milieu de
vos pavots et des pommiers
à côté de vos alstrœmères. Si
vous avez la place pour faire
pousser des plantes, alors vous
avez la place pour des fruits.
C’est aussi simple que ça.
Les vergers que vous découvri-
rez dans ce chapitre seront parfois de
poche, mais ils sont tous productifs. Il
y en a un pour chaque taille de jardin.
J’explique comment caser des fruits si sub-
tilement dans votre jardin qu’on remarquera à
peine leur présence; comment transformer votre
terrasse en un verger sur bacs, foisonnant de fraises
brillantes et de prunes dodues; décorer vos murs et
vos clôtures avec des arbustes verticaux; et même
comment faire pousser des fruits sans jardin.
Les fruits maison sont souvent incroyablement
généreux, la preuve s’il en faut que l’autosuffisance,
c’est faire le choix du luxe. Les framboises ne se
présentent pas en mesquines barquettes plastiques,
mais en grands saladiers pleins à ras bord où les
enfants se servent par poignées pour le goûter.
Une belle récolte de fruits
maison est l’une des meilleures
récompenses de l’autosuffisance.
En plus, ils peuvent pousser
sur une terrasse, contre une
clôture… et même sur
un bord de fenêtre.
4. Plantez un verger miniatureL’autosuffisance, c’est possible! —
70
On peut faire de la gelée de cassis et donner ce
qui reste. Et bien sûr, c’est entièrement biologique
et presque gratuit.
LA PÉRIODE
DE «SOUDURE»
Entre le début du printemps (quand les
fruits de garde touchent à leur fin) et
le début de l’été (quand mûrissent
les premières groseilles à maque-
reau), il n’y a tout simplement
plus beaucoup de fruits frais. À
cette période, la rhubarbe est
la seule, mais aussi délicieuse et
polyvalente soit-elle (le crumble à
la rhubarbe a beaucoup de succès
Pommiers avec tapis de giroflées au manoir de Barrington
Court, dans le Somerset, au sud-ouest de l’Angleterre.
Cessez
de penser
aux arbres et
arbustes fruitiers
en termes utilitaires
et voyez la plante
ornementale qui
se cache en eux.
chez nous), ce n’est pas la même chose que de
cueillir une pomme. Heureusement, la plupart des
petitsfruitssecongèlentbienetsontpresqueaussi
bons que fraîchement cueillis : résignez-vous aux
paquets de framboises, mûres et mûres-fram-
boises congelées pendant quelque mois. Trop
dur, l’autosuffisance, non ?
Outre la congélation voici quelques
astuces pour traverser la période de
soudure :
w Choisissez des variétés tardives ou
« de garde » : ce sont celles qui se
conservent le plus longtemps. C’est
le cas des poires ‘Comtesse de Paris’,
des pommes ‘Reinette du Mans’ et
‘Reinette Clochard’.
w Forcez la rhubarbe : après les der-
nières gelées, couvrez une rhubarbe
5. 157
CONSERVEZ
VOS PRODUITS
À un certain moment de votre
carrière de jardinier (environ
six mois après le début, en fait),
vous allez vous retrouver avec des
montagnes de légumes. Vous serez
l’heureux possesseur de piles de
courgettes, de pommes ou de hari-
cots, dans des proportions dont une
petite ville viendrait difficilement à bout.
Quel que soit le soin que vous apporterez à
programmer vos semis échelonnés et à calibrer
les quantités pour obtenir des récoltes régulières,
certains légumes continueront de vouloir effectuer
leur versement d’un seul coup. Les courgettes sont
connues pour ça : vous attendez les premiers fruits
pendant des semaines et soudain, ils sont là; au
bout d’un mois, vous en cueillez trois par jour et
vous feuilletez fiévreusement les livres de cuisine
en vous demandant si vos enfants voudront bien
de la glace à la courgette.
Dans tous les cas vient un moment où l’au-
tomne fait place à l’hiver et, si vous n’avez pas
rentré tous vos fruits et légumes, les premières
gelées les transformeront en
bouillie brune.
C’est alors que je libère
l’Ukrainienne qui sommeille
en moi. Telle Ludmila dans le
merveilleux roman de Marina
Lewycka, Une brève histoire du
tracteur en Ukraine, je suis poussée
chaque automne par une sorte de pul-
sion instinctive à remplir mes étagères à craquer
de conserves, de pickles et de confitures. J’ai même
dû acheter un second congélateur au cas où l’apo-
calypse nous surprendrait avec un peu moins de
six mois de réserves de haricots.
La famille et les amis peuvent bien sourire, c’est
de l’autosuffisance bien comprise. Prolongez vos
récoltes estivales et faites durer vos légumes d’hiver
plus longtemps. Ainsi, votre jardin vous nourrira
une plus grande partie de l’année que vous ne
l’auriez imaginé.
Cechapitreexpliquecommentfairedesréserves,
un peu comme un écureuil, vous permettant de
savourer les saveurs de l’été au beau milieu de
Congélation, séchage,
confitures, chutneys
et pickles… Avec de
la créativité, vous tirerez
le meilleur parti
de la générosité
de votre jardin.
6. Conservez vos produitsL’autosuffisance, c’est possible! —
158
l’hiver et de ne presque pas remarquer l’absence
de fruits frais, grâce aux pommes de votre cave
et aux framboises du congélateur (sans parler des
pots de confiture maison). Je vous donne aussi les
bases de la conservation à long terme, depuis les
pickles et les chutneys jusqu’aux confitures et aux
conserves en bocaux. Vous pourrez alors profiter
de chaque bouchée offerte par votre jardin.
STOCKEZ LES SURPLUS
L’idéal, ce sont les produits d’été qu’on conserve
aussi près possible de leur état au moment de la
récolte. Ils sont alors presque aussi bons que lors-
qu’on les mange frais. Beaucoup de légumes et de
fruits peuvent se conserver sans modification ou
presque. En hiver, on les utilise exactement comme
s’ils arrivaient droit du potager.
En général, les légumes qui se conservent le
mieux sont ceux à croissance lente et peau épaisse,
comme les courges et potirons, qui mettent toute
la saison à mûrir. Ou les petits pois et les fèves. Les
légumes à peau fine tels que laitue, courgette et
concombrenesegardentpasbienetsetransforment
en bouillie quand on les congèle. La meilleure solu-
tion est de les cuisiner préalablement.
Les variétés de conservation (de garde) sont plus
longues à mûrir et se conservent plus longtemps.
Faites pousser un rang ou un pot de carottes, petits
pois ou pommes de terre de conservation à côté de
vos variétés d’été (nouvelles) et vous en mangerez
encore quand le dernier légume frais ne sera plus
qu’un lointain souvenir.
Faites votre propre livre
de cuisine
Rangez dans un classeur vos
recettes préférées pour les temps
d’abondance : transformez les
légumes qui se conservent mal,
comme les courgettes, en plats
préparés que vous n’aurez plus qu’à
sortir du congélateur.
Conservez vos surplus; quand l’apocalypse arrivera, vous saurez
au moins que vous ne manquerez pas de conserves d’abricots.
7. 217
PRODUISEZ
VOS ŒUFS
ET VOTRE VIANDE
Le jour où les premières poules ont débarqué au
fond de mon jardin (un modeste coin de banlieue
qui abritait aussi une cabane et un trampoline),
c’était un peu comme si j’avais gagné mes galons.
J’avais commencé en cultivant quelques légumes,
et voici que j’en étais à produire mes propres œufs.
C’est par hasard aussi que j’avais
acquis huit bêtes à plumes qui
portaient toutes un nom et me
suivaient partout dans l’espoir
d’un ver de terre. Désormais,
les œufs brouillés et les tomates
sautées du matin venaient de
notre jardin. Il était probable-
ment inévitable que j’en vienne
à songer au bacon.
Maintenant, j’élève des moutons,
des poules et un ou deux cochons
occasionnels et je produis l’essentiel de
la viande que nous mangeons. Pourtant, je
m’occupe de ma petite ferme en même temps
qu’un travail à temps plein et une vie de
famille avec des adolescents. Je possède
Les animaux ne prennent pas
tous beaucoup d’espace
et de temps, et leur offrir
une vie digne est une
satisfaction en soi.
un grand jardin, mais pas d’autre terrain. Avec de
la volonté, il est possible d’augmenter son autosuf-
fisance malgré des ressources limitées.
La première fois où vous vous attablez devant
un rôti dont vous savez exactement comment a été
traité l’animal, c’est un point de non-retour. Vous
avez bouclé la boucle : chaque bouchée du repas est
arrivée sur la table grâce à vous, sans mystère, sans
ingrédient dissimulé,
telle que la nature
l’a voulu. C’est de la
viande honnête. Et
qu’elle est bonne !
Dans ce chapitre,
vous trouverez les por-
traits des animaux qui
s’insèrent facilement
dans un emploi du temps
serré et peuvent se conten-
ter d’un fermier à temps par-
tiel. Fournir autre chose qu’un
résumé des soins exigés par
chaque espèce dépasserait le
8. Produisez vos œufs et votre viandeL’autosuffisance, c’est possible! —
218
Les enfants et les animaux s’entendent à merveille.