Marie joëlle brassard avec la collaboration de marie-paule robichaud
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Des clés de lecture et une stratégie
pour une identité coopérative forte
Marie-Joëlle BRASSARD1 avec la collaboration
de Marie-Paule ROBICHAUD2
Des tensions porteuses d’opportunités3
Dans les trente dernières années, on a vu se dessiner, de plus en plus clairement, des
tensions entre deux grandes approches de développement. D’un côté, certains discours
questionnent le modèle capitaliste, soutenant que la crise est structurelle. Certains
allèguent alors que le système capitaliste, dans sa forme actuelle, a atteint ses limites. Il
met en péril l’avenir de l’Humain, tant par l’usage illimité des ressources naturelles qu’il
oblige, que par les inégalités qu’il génère. Les porteurs d’un changement de modèle
militent en faveur d’une approche écologique, soucieuse de l’environnement et des
ressources naturelles, visant à contrer les inégalités entre pays et entre couches sociales.
D’un autre côté, d’autres prônent la poursuite de la croissance et allèguent que le
système capitaliste contient, en son sein, les capacités d’adaptation et d’ajustements
nécessaires à sa reconduction. Pour ces derniers, la préoccupation environnementale
pourra être récupérée dans une perspective de croissance.
En marge de l’économie dominante, depuis 150 ans, le modèle des entreprises
coopératives s’est constitué avec, comme objectif premier, la réponse aux besoins, plutôt
que celui de générer des profits. Ce modèle répond aux critiques envers le capitaliste
sans toutefois affirmer sa position au plan environnemental. Il y aurait, dans le contexte
de questionnement actuel, une opportunité de valorisation de leurs connaissances, de
leurs savoir-faire et de leurs stratégies expérimentés depuis plus d’un centenaire.
De notre analyse, quatre clés de lecture ressortent, qui correspondent au même nombre
d’orientations des coopératives à s’inscrire dans la société. Nous posons l’hypothèse
selon laquelle les coopératives, comme les réseaux de coopératives, devront connaître
et reconnaitre la contribution de toutes les approches pour agir dans un mouvement
cohésif. De là, nous proposerons une stratégie pour favoriser le renforcement de la
solidarité, tant au sein de la coopérative, qu’entre ces dernières et leurs réseaux. Cet
article établit la base des connaissances pour proposer ensuite l’amorce d’une stratégie
visant le renforcement du mouvement coopératif. En conséquence, on y retrouve deux
parties : Une première, qui examine les recherches réalisées au Canada, pour dégager les
L’étonnant pouvoir des coopératives ...555...
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quatre principales orientations adoptées par les coopératives (tableau 1). Une seconde,
qui s’appuie sur une expérience du Conseil québécois de la coopération et de la
mutualité, Je Coop, pour proposer quatre grandes motivations pour les membres de
s’engager dans les coopératives et plus largement, à s’engager dans le mouvement
coopératif (graphique 1). Enfin, en conclusion, nous invitons les coopératives à adopter
une stratégie pour l’engagement des membres, et des citoyens en général, qui
reconnaîtrait les motivations variables des membres en conformité avec leurs orien-
tations stratégiques. Ce faisant, les coopératives renforceraient à la fois leurs orientations
et l’engagement des membres selon une sorte de cercle vertueux.
Des identités coopératives découlant des orientations différentes
Les clés de lectures que nous présentons résultent d’une démarche visant à répertorier
les infrastructures de recherche au Québec et au Canada4 en lien au domaine d’expertise
coopérative. Nous avons dressé l’inventaire des infrastructures de recherche, ainsi que
des chercheurs, liés au domaine des coopératives. Nous avons ensuite parcouru
l’ensemble de leurs ouvrages. Il en ressort quatre angles d’analyse qui caractérisent les
coopératives en fonction du rôle qu’elles s’attribuent dans la société et des orientations
qui les guident. La grande majorité des chercheurs réfère à une méthodologie de type
participatif, de recherche-action et d’études de cas. Cela nous autorise à aborder les
quatre clés de lecture conformes aux pratiques des acteurs sur le terrain.
À la lumière des travaux réalisés par les chercheurs du Québec et du Canada, les
coopératives se déclinent selon les quatre approches ou contributions qu’elles se
donnent dans la société. Ce sont les suivantes :
I les coopératives pour gérer de façon responsable ;
I les coopératives pour soutenir l’insertion sociale ;
I les coopératives pour changer de modèle dans la société ;
I les coopératives pour vitaliser et dynamiser les territoires.
Les clés de lecture doivent être abordées comme une tendance forte, et ne sont pas
exclusives, la ligne tracée visant à faciliter la compréhension sur le plan de la théorie. Le
tableau 1 : Clés de lecture des coopératives, présente un sommaire des approches
présentées.
Les coopératives pour gérer de façon responsable
Cette clé de lecture porte sur la gestion d’entreprise comme facteur de différenciation
et de contribution des coopératives dans la société. De façon générale, les thèmes de
recherche couramment abordés par les chercheurs universitaires portent sur l’amé-
lioration des compétences, les ressources humaines, sur le changement organisationnel,
...556... L’étonnant pouvoir des coopératives
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la rémunération et la satisfaction au travail, sur la gouvernance et la participation des
travailleurs. Des chercheurs se sont spécialisés sur la question éthique de la gestion des
coopératives principalement dans les institutions financières (Séguin, 2010). Cette orientation
s’inscrit aussi dans les recherches sur les Caisses populaires acadiennes (Leclerc, 2009).
La gestion coopérative dans le secteur agricole a soulevé l’intérêt des chercheurs dans l’Ouest
canadien. Dans un premier temps, lorsqu’un vent de démutualisation heurtait les
coopératives, à partir de la fin des années 1990 (Côté, 2007a et 2007b ; Côté 2009 ; Hailu et
Goddard, 2009 ; Fulton et Hueth, 2009). Soulignons que deux grandes coopératives agricoles,
la Saskatchewan Wheat Poll et la Lilydale, entamaient alors un processus de démutualisation
qui, à terme, a donné lieu à une perte de contrôle par les membres fermiers, au profit des
investisseurs-actionnaires. L’économiste de l’Université de la Saskatchewan, M. Fulton,
alléguait alors que le problème en était un de gestion plutôt que de capitalisation dans un
contexte de crise, comme l’ont laissé entendre des tenants de la démutualisation. En second
lieu, les recherches sur les grandes coopératives agricoles de l’Ouest canadien se sont
concentrées sur le modèle de « deuxième génération ». Dans le contexte d’interna-
tionalisation, des coopératives se sont créées pour assurer au producteur l’écoulement de sa
production et pour s’inscrire dans un marché de la transformation de leur produit. Les parts
sociales sont assorties de droits de livraisons qui engagent le membre à approvisionner la
coopérative alors que cette dernière s’engage à accepter la livraison. Au Manitoba, des
chercheurs associés au Agribusiness chair in co-operatives and marketing — dont Oleson,
Doodley et Blelik — se sont intéressés à cette question.
Toujours au Canada anglophone, c’est du côté de la St-Mary’s University, en partenariat avec
la Nouvelle-Écosse, que s’est développée une expertise en lien à la comptabilité sociale
(Webb, Smith et Robb, 2010) , au sein du Centre of Excellence in Accounting and Reporting
for Co-operatives (CEARC). Du côté francophone, au Québec, le Centre d’étude Desjardins
en gestion des coopératives de services financiers des HEC et la Chaire de coopération Guy-
Bernier de l’Université du Québec à Montréal découlent d’une volonté du mouvement des
caisses populaires Desjardins de soutenir les recherches sur la gestion coopérative. À cela
s’est ajouté l’Institut de recherche et d’éducation sur les coopératives de l’Université de
Sherbrooke.
Des thèmes de recherche en lien aux courants de pensée actuels sur la gestion ont été
approfondis par les spécialistes des coopératives. Soulignons les contributions sur les notions
de responsabilité sociale (Martinez et Tremblay, 2006), et de développement durable
appliquées au sein de l’entreprise en lien aux valeurs coopératives (Lafleur, 2008). Les valeurs
et principes coopératifs d’équité et de gestion démocratique rejoignent le développement
durable, notion reconnue à la suite du Rapport Brundtland (1984). Lafleur (2012) soutient
que les coopératives ont déjà réalisé des avancées en ce sens, qu’elles détiennent des
connaissances et des savoir-faire et qu’elles possèdent donc une longueur d’avance. Le
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4. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page558
chercheur préconise donc d’assurer au sein des coopératives, les connaissances et les
pratiques liées aux préoccupations écologiques et environnementales. Il en est de même de
la notion de « responsabilité sociale de l’entreprise », ou si l’on préfère « d’entreprise
citoyenne », facteur désormais relié à la reconnaissance et la légitimité d’une entreprise dans
la société. Cette dernière aurait des responsabilités éthiques et des devoirs envers les
consommateurs et ses travailleurs. Le Centre interdisciplinaire de recherche et d’information
sur les entreprises collectives (CIRIEC-Canada), dont le siège social est à l’Université de
Sherbrooke. Les chercheurs alors engagés dans la recherche provenaient, tant de l’Université
de Sherbrooke, que de l’Université du Québec à Montréal et de l’ÉNAP.
Les coopératives pour gérer de façon responsable font face à trois enjeux. Le premier
porte sur le maintien de l’identité coopérative au sein de l’entreprise. Le second est le
besoin de s’inscrire dans le courant de responsabilité sociale et le dernier, qui est une
piste de recherche pour l’avenir, est la croissance outre-frontière par l’acquisition
d’entreprises. De grandes coopératives inscrites dans l’économie mondialisée
poursuivent leur essor par-delà leur frontière nationale. Se faisant, elles font face au
paradoxe d’acquérir des entreprises au sein d’autres pays, soustrayant ces mêmes pays
du contrôle démocratique et des retombées locales qu’elles en tireraient. Elles
reproduisent alors un modèle capitaliste. Pour maintenir leurs différences coopératives,
elles devront renouveler leur adhésion aux valeurs et principes coopératifs et agir à
l’échelle mondiale pour mettre en place les conditions permettant d’étendre le modèle
coopératif. Pour contrer ces effets pervers, une approche orientée vers le regroupement
des forces entre les grandes coopératives devra permettre d’harmoniser l’essaimage des
coopératives à l’échelle du globe.
Les coopératives pour changer de modèle de développement
Une seconde clé de lecture réfère à une prise de position critique, alors que certains
chercheurs, principalement du Québec, postulent, avec d’autres chercheurs à une échelle
mondiale, que le capitaliste, dans sa forme néolibérale, a atteint ses limites. Un modèle
de développement pluriel, permettant un espace élargie aux entreprises coopératives au
sein de l’économie, ferait contrepoids et favoriserait une humanisation de l’économie
aux échelles mondiale et locale.
Pour ceux-là, il serait naïf de croire qu’il s’essoufflera de lui-même puisque des intérêts
et des rapports de force sont en jeux. Cette position est principalement soutenue et
approfondie ces dernières années, par Favreau et Molina (Favreau, 2008 ; Favreau et
Molina, 2011 ; Favreau, Fréchette et Lachapelle, 2008). La solution passerait par une
convergence des mouvements sociaux à l’échelle internationale pour changer le modèle
de développement productiviste qui conduit à un accroissement des inégalités. Contrer
les tentatives de privatisation par les pouvoirs qui sont aux mains d’intérêts privés exige
...558... L’étonnant pouvoir des coopératives
5. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page559
une action ferme et un consensus social. Petrella partage ce postulat selon lequel les
crises – énergétique, alimentaire, climatique, économique et démographique, etc. –
seraient les effets néfastes d’une marchandisation étendue à toutes les sphères de la vie.
Les coopératives y sont présentées comme faisant partie de la solution. Le chercheur
postule que les grands enjeux mondiaux actuels seraient liés à la marchandisation de la
vie dans toutes ses facettes ; marchandisation de la santé, de l’eau, de la terre, etc. Ainsi,
certaines sociétés gaspillent, alors que d’autres n’arrivent pas, ou à peine, à répondre à
leurs besoins de base. Selon Petrella (Lopes, 2010), qui abonde en ce sens, les Américains
jettent 35 % de tous les aliments qu'ils achètent. Il s’agit là d’un terrible gaspillage.
Petrella prévient que la marchandisation de la vie en général a contribué et conduira à
un accroissement continu des écarts dans les revenus.
L’intérêt du modèle coopératif réside dans son objectif visant la réponse aux besoins,
plutôt que de cibler la création de profits. Les coopératives seraient porteuses d’une
réponse « avec d’autres » mouvements qui doivent se positionner pour faire valoir un
rapport de force pour changer la société. Un projet de société exigera des convictions et
des positions partagées par des réseaux porteurs de valeurs (Favreau, 2008 ; Favreau et
Molina, 2011 ; Favreau, Fréchette et Lachapelle, 2008 ; Jeantet, 2008). Ainsi en est-il des
mouvements coopératif, mutualiste, associatif, syndical, écologique et environne-
mentaliste, communautaire, etc., appelés à prendre position et à s’unir pour faire
contrepoids. Cette position est partagée et portée aux Rencontres du Mont-Blanc,
organisation qui se veut un Forum international des dirigeants de l’Économie Sociale au
Sommet de Rio ++, alors qu’une proposition construite avec des chercheurs à travers le
monde proposait cinq pistes de sortie de crise. Le document d’orientation, adopté par
les dirigeants de l’économie sociale lors des Rencontres du Mont-Blanc, tenues en 2011,
identifie l’économie sociale comme un acteur incontournable pour humaniser et
transformer la mondialisation. Le document propose de faire mouvement par une action
politique fédérative en alliance avec d’autres organisations et institutions.
Les coopératives qui s’inscrivent dans ce courant allient en leur sein des impératifs
démocratiques et écologiques. Elles sont à l’œuvre dans les secteurs du développement
durable, du tourisme durable, les médias responsables, les technologies vertes, les
énergies, etc.
Les coopératives pour soutenir l’insertion sociale et lutter contre la pauvreté
Les coopératives s’inscrivent aussi comme une alternative pour favoriser l’insertion de
certains groupes ou catégories de personnes aux prises avec des problématiques
d’insertion sociale. En ce sens, le modèle coopératif possède les caractéristiques et
renferme les conditions favorables pour répondre à des situations d’exclusion. Le but
avoué est de résorber les inégalités dont sont victimes ceux et celles qui subissent les
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impacts négatifs, intrinsèques au capitalisme et générés par lui. Ce peut être pour
améliorer l’employabilité, pour lutter contre la pauvreté ou la précarité, pour soutenir
les personnes vivant des limitations (Findlay et al., 2009), pour améliorer les conditions
de vie par le logement social et communautaire en lien à la pauvreté ou la santé mentale
(Boucher, 2008 et 2010) ou pour travailler au renforcement des capacités des minorités
culturelles, immigrantes ou autochtones (Peredo et Chrisman, 2006 ; Peredo et Moore,
2008). L’insertion est l’objectif premier de sorte que le spectre des solutions fait montre
d’une diversité et d’une originalité qui met à profit les contributions de toutes et de tous.
Les chercheurs qui se penchent sur ces questions ne travaillent pas précisément sur les
coopératives. Il y est nommément question d’économie sociale et solidaire, d’économie
associative et coopérative, d’entrepreneuriat social et communautaire. Les chercheurs
anglophones, pour leur part, abordent alors les coopératives comme une composante,
parmi d’autres modèles, du Third sector, non-profit sector and co-operative, ou encore
community development (Quarter, Mook et Armstrong, 2009 ; Mook, Quarter et
Richmond, 2007). La mobilisation et le renforcement des groupes se font par la con-
scientisation en relation aux conditions déjà présentes dans la société, et qui conduisent
à l’exclusion. En ce sens, elle se différencie de l’approche territoriale qui trouve plutôt
sa raison d’être en lien au territoire et au « vivre ensemble ».
Cette approche n’est pas étrangère aux transformations du rôle de l’État, qui ne peut
assurer seul la réponse aux nouveaux besoins découlant, à la fois ; du vieillissement de
la population, des besoins accrus en santé et de la nécessité d’assurer une plus grande
place à la conciliation travail-famille. Des coopératives et des associations marchandes,
et non marchandes, sont alors appelées à participer, avec l’État, à la mise en place de
nouveaux dispositifs publics (Bourque et Moisan-Trahan, 2010). L’État, les coopératives
et les associations se croisent dans les secteurs d’activités favorisant l’insertion à l’emploi
en même temps que la réponse aux besoins d’insertion sociale et de maintien des
populations. Il en découle une offre de services par les associations marchandes et non
marchandes, et par les coopératives dans les secteurs variés tels, notamment, l’aide
domestique pour maintenir les personnes âgées dans leur milieu de vie (Jetté et
Vaillancourt, 2010) ainsi que l’habitation pour aînés soutenue par les communautés et
finalement, les Maisons familiales rurales qui contribuent à raccrocher les jeunes au
milieu scolaire tout en les dotant d’une formation de base.
Les coopératives pour vitaliser et développer les territoires
Certains chercheurs des sciences régionales ont développé une expertise en lien au
domaine de spécialisation des coopératives. Ces dernières y sont abordées comme un
acteur, en interaction avec d’autres, dans la construction de la dynamique locale. Elles
jouent un rôle d’influence sur la nature et la trajectoire du développement d’un territoire.
...560... L’étonnant pouvoir des coopératives
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C’est en ce sens qu’au sein d’un partenariat de recherche portant sur le thème du
Développement des territoires et de la coopération au Québec, l’ARUC DTC, des
chercheurs se sont intéressés à l’étude des relations entre les territoires et les
coopératives. Les règles coopératives, de fonctionnement coopératif fondées sur la
démocratie favorisent une gouvernance de proximité, alors que la notion de redis-
tribution tend à assurer des retombées locales, contribuant à maintenir la vitalité des
communautés, etc. (Brassard, 2009).
La recherche sur les coopératives en lien aux territoires ouvre sur deux dimensions. La
première examine les initiatives locales dans leurs réponses à l’internationalisation,
traduite dans les initiatives de proximité des services et des activités. La seconde couvre
les réponses des grandes coopératives à la dynamique internationale. Ici, c’est l’ancrage
local qui fait l’objet d’un réalignement. Les chercheurs s’attardent principalement sur les
thèmes liés aux dimensions organisationnelles et les moyens mis en œuvre pour la mise
en marché des produits par des grandes coopératives agricoles.
Les initiatives locales de proximité sont abordées par les chercheurs sous l’angle du
développement durable et du développement local. Les recherches mettent en scène
des initiatives qui procèdent des communautés dans les domaines de l’agriculture en
circuits courts, de l’alimentation saine, de l’écologie sociale, de la conservation de
l’énergie et des politiques alimentaires. Les travaux du Center for sustainable community
development, du Simon Fraser University, illustrent cette sphère de recherche,
notamment ceux produits par Hicks, Barbolet, Connely et Wittman. La proximité des
activités et des services prend aussi la forme de coopératives de services multiactivités
(dépanneurs, poste d’essence, garderie, etc.), de cliniques coopératives de santé
présentes au Québec (Brassard, LeBlanc et Étienne, 2009). Finalement, Chouinard et al.
(2009) s’intéresse aux pratiques acadiennes d’aménagement du territoire dans une
optique de gestion et d’appropriation des ressources naturelles.
Les travaux de recherche en contexte urbain insistent sur la dimension sociopolitique
que permettent les coopératives, dans le processus de planification et d’aménagement
du territoire. Les chercheurs se penchent alors sur les processus de prise de décision par
la participation citoyenne dans une démarche de planification d’aménagement du
territoire. C’est ce que proposent Keough, Smirat et Benjamin (2010) de l’Université de
Calgary en Alberta, qui s’est intéressé à l’engagement des citoyens dans la construction
de leur cadre de vie, dont celui de l’habitat. À l’instar de Keough, Smirat et Benjamin
(2010) et Sousa et Quarter (2005) ont contribué de façon intéressante, abordant la
question de la prise de décision collective dans une démarche visant à transformer des
complexes de logements publics en coopératives en Ontario. Il s’agissait de contrer la
criminalité et de soutenir l’insertion des immigrants dans une perspective de justice
L’étonnant pouvoir des coopératives ...561...
8. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page562
sociale. Du côté du Québec, le technopôle Angus à Montréal, un parc urbain d’entre-
prises, situe la contribution d’entreprises collectives dans une démarche d’appropriation
par les populations résidentes (Lévesque et al., 1996). Les études sur le développement
territorial en milieu urbain se posent également en matière de lutte aux inégalités, de
lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale (Klein et Champagne, 2011).
Vers une stratégie pour valoriser les motivations à coopérer : le Je Coop
Notre objectif de départ, nous le rappelons, était de nommer les quatre approches qui
correspondent à autant d’orientations des coopératives, et des réseaux, dans leurs
contributions à la société. Nous avons posé l’hypothèse selon laquelle les coopératives,
comme les réseaux de coopératives, devront connaître et reconnaitre la contribution de
toutes les approches pour agir dans un mouvement cohésif. De là, nous avons annoncé
une proposition de stratégie pour favoriser le renforcement de la solidarité, tant au sein
de la coopérative, qu’entre ces dernières et leurs réseaux.
Dans le cadre d’une table de concertation créée à Montréal par le Conseil québécois de
la coopération et de la mutualité, une campagne de promotion était lancée en référence
au thème Je Coop. Cette approche fait immédiatement apparaître la contribution et
l’engagement personnel au sein de l’entreprise collective. En réalité, le Je Coop est un
nom différent pour exprimer l’engagement du membre envers sa coopérative, traduit en
partie par le lien d’usage à sa coopérative. Le titre de membre-usager, par l’achat d’une
part de qualification est ce geste responsable qui traduit la volonté de solidarité du
membre envers le collectif, et dont découle le pouvoir de participer aux décisions. Il
dispose d’un droit de propriété et il exerce un pouvoir égalitaire : un membre un vote.
Partant de cette base de réflexion, l’engagement et la contribution du membre dans son
entreprise coopérative doivent durer puisque la pérennité repose sur la solidarité. Par le
lien de solidarité, les membres constituent une seule entité économique pour faire face
au marché. Dans un système capitaliste, la seule face visible et reconnue de la production
est économique. Cette situation occulte la différence coopérative qui repose sur la
solidarité vécue dans la vie associative, là où se jouent les pratiques démocratiques. Un
défi se pose alors, comment assurer la cohésion de la coopérative ? Comment maintenir
le lien d’usage et l’engagement qui sont le ciment de la solidarité ?
La face cachée de l’identité coopérative, le Je Coop
Nous alléguons que la force des coopératives, comme un mouvement, découlera de la
reconnaissance légitime des contributions, d’abord, du membre au sein de sa
coopérative, ensuite, entre les coopératives d’approches différenciées et finalement,
entre les réseaux coopératifs qui les représentent.
...562... L’étonnant pouvoir des coopératives
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En poursuivant sur cette lancée, nous faisons l’hypothèse que le membre, dont la
contribution individuelle est valorisée et reconnue, manifestera d’autant plus d’enga-
gement envers sa coopérative qu’il s’y sentira partie prenante solidairement. Bref, un
coopérateur dont la contribution est reconnue renforcera la dimension solidaire de
l’entreprise. De la même façon, reconnaître la contribution de chacune des coopératives
à la construction d’un mouvement coopératif contribue à bâtir une identité coopérative
forte.
Le Je Coop à la jonction des identités collectives
Le graphique 1 illustre la diversité des coopératives et des réseaux coopératifs selon leur
contribution et engagement dans la société. Notre premier objectif était de nommer ou
de connaître les contributions différenciées des coopératives et des réseaux de
coopératives, en référence à de multiples appartenances. C’est ce qu’illustre le graphique.
Sur le plan des contributions coopératives et de leurs réseaux, on obtient la déclinaison
suivante :
I Je Coop pour gérer de façon responsable.
I Je Coop pour changer le modèle de développement.
I Je Coop pour soutenir l’insertion sociale, lutter contre la pauvreté.
I Je Coop pour vitaliser et développer les territoires.
Un renforcement du mouvement coopératif résulterait donc d’une reconnaissance des
rôles différenciés propre à chaque appartenance en commençant par chaque membre
au sein de sa coopérative. En fin de piste, il va sans dire qu’une telle reconnaissance, si
elle était aussi opérée entre les réseaux coopératifs en lien à différentes contributions,
ferait en sorte de cibler des changements de politiques et programmes gouvernementaux
dans un seul mouvement.
Le Je Coop signifie reconnaître les contributions individuelles à la construction de
l’identité coopérative et du succès coopératif comme mouvement. Dans une démarche
de formation et d’éducation coopérative, le Je Coop peut être un outil de première main
pour comprendre et valoriser les contributions et engagements singuliers des membres
dans leur coopérative. De la même façon, la contribution des coopératives peut être
reconnue par l’ensemble des coopératives qui constitue le mouvement coopératif. Il en
est également ainsi de la reconnaissance des différents réseaux de coopératives dont les
contributions diffèrent.
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10. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page564
Conclusion
Notre intention était de deux ordres. En premier lieu, nous voulions dégager, à partir des
productions de recherche réalisées par les chercheurs et au sein des infrastructures de
recherche au Canada, quelles sont les contributions et orientations qui guident les
coopératives dans la société. Une fois posé un éclairage sur quatre approches, illustrant
les rôles différenciés des coopératives, nous nous sommes avancés vers une proposition
de stratégie qui pourrait, selon notre hypothèse, renforcer les coopératives comme un
mouvement. Nous attendons de cette stratégie identitaire qu’elle favorise et maintienne,
à la fois, l’engagement des membres au sein de leur coopérative, et que les coopératives,
et leurs réseaux apparaissent comme une force de proposition marquante dans la société
et auprès des instances publiques. L’impact est réflexif, en ce sens que la reconnaissance
de la contribution du membre à sa coopérative crée de la solidarité. De la même façon,
la reconnaissance des rôles différenciés des coopératives dans la société, et de leurs
réseaux respectifs, crée aussi une solidarité, pour finalement « faire mouvement ».
Nous précisons qu’à l’instar des entreprises capitalistes qui misent sur des valeurs
individualistes, une stratégie de reconnaissance des contributions coopératives devra
reposer sur les distinctions et la cohésion autour d’une identité coopérative forte. De la
même façon, contrairement aux tendances courantes, les coopératives et leurs réseaux,
plutôt que d’insister uniquement sur leurs contributions économiques, devront valoriser
leurs contributions au sein de la société, dans leur rôle et leur apport lié à la participation
démocratique, d’équité et d’égalité.
Il s’agissait là d’une contribution expérimentale et nous serions heureux qu’elle fasse
l’objet de débats au sein des coopératives, comme entre les réseaux qui composent le
mouvement coopératif. Ensuite seulement, d’autres étapes pourront être amorcées,
notamment, le partage des connaissances, des savoir-faire pour, ensuite cibler les actions
en matière de politique publique et de changements dans la société.
...564... L’étonnant pouvoir des coopératives
11. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page565
Tableau 1 : Clés de lecture des coopératives
Graphique 1
Je Coop vu à travers quatre clés de lecture
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12. 37-Brassard_Mise en page 1 12-09-05 15:26 Page566
Notes
1
Directrice de la recherche et du développement, Conseil québécois de la coopération et de la
mutualité (CQCM).
2
Agente de recherche et développement, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
(CQCM).
3
La réflexion présentée ici découle d’un mandat de recherche réalisé par le Conseil québécois de la
coopération et de la mutualité pour la Fédération des Caisses populaires Desjardins.
4
Nous avons répertorié 6 chaires de recherche, 11 centres de recherche, 4 instituts de recherche,
12 réseaux de recherche dont 10 sont des alliances de recherche universités-communautés, soutenues
financièrement par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), et 7 groupes,
laboratoires ou observatoires de recherche
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Résumé
Nous présentons quatre clés de lecture qui correspondent à autant d’orientations et de contributions
caractérisant les coopératives dans la société. De là, nous proposons une hypothèse selon laquelle,
pour construire un mouvement coopératif fort, tant pour chaque coopérative, que pour chaque réseau
de coopératives, les membres devront reconnaître les orientations différentes des coopératives
comme une plus-value de la société en général. De la même façon, les membres devront reconnaître
les contributions au sein de leur coopérative. Nous présentons ensuite une stratégie pour nous diriger
vers la connaissance et la reconnaissance des quatre approches, au sein des coopératives et de leurs
réseaux.
Summary
We present four frames of reference that reflect the motivation and contributions characteristic of
cooperatives in society. From this, we propose the hypothesis that three conditions are necessary to
build a strong cooperative movement, for each individual cooperative as well as each network of
cooperatives, and for added value to society in general. Finally, we present a strategy for achieving
the first condition : knowledge and recognition of the four approaches within cooperatives and their
networks.
Resumen
Nosotros presentamos cuatro claves de lectura que corresponden al mismo número de orientaciones
y de contribuciones que caracterizan a las cooperativas como parte de la sociedad. A partir de esto,
proponemos una hipótesis según la cual, para construir un movimiento cooperativo fuerte, tanto para
cada cooperativa como para cada red de cooperativas, los socios tendrán que reconocer las
orientaciones diferentes de las cooperativas como una plusvalía de la sociedad en general. De la
misma manera, los socios tendrán que reconocer las contribuciones en el seno de su cooperativa.
Enseguida, presentamos una estrategia para dirigirnos hacia el conocimiento y el reconocimiento de
los cuatro enfoques en el seno de las cooperativas y de sus redes.
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