16 |MERCREDI 11 MARS 2015| LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
THONON-LES-BAINS
P
resque l’effet d’une bom-
be dans le milieu plutôt
conservateur du fret rou-
tier… Six entreprises, dont
deux haut-savoyardes, Ma-
gnin à Perrignier et Mége-
vand Frères à Sillingy, ont dé-
cidé d’expérimenter le biogaz
en lieu et place du bon vieux
gasoil. Cette révolution de ve-
loursdanslesréservoirsnere-
lève pas d’une douce utopie,
mais d’une double constata-
tion. D’abord, un déficit de
rentabilité qui conduit à un
« effritement continuel et à
une limite sur la baisse des
coûts », explique Pascal Mé-
gevanddel’entrepriseépony-
me qui a porté ce projet. Sans
oublier la concurrence du
transport low-cost, mais qui a
aussi ses limites, sachant que
les transporteurs des pays qui
lepratiquent« augmententde
10 % les salaires, ce qui se ré-
percutesurleursprix ».
Ensuite, la réelle volonté de
sortir du circuit de l’énergie
fossile « parce que, finale-
ment, nous respirons tous le
mêmeair ».
Lafilièrebois,source
d’inspiration
Ce fameux gasoil qui repré-
sente30%descoûtspourune
entreprise présente « une ca-
pacité inflationniste très im-
portante que l’on ne contrôle
pas ».
Déjà en 2009, Magnin, Mé-
gevand, Prabel et Marmeth
s’étaient regroupées pour ali-
gner une même offre aux
clients.« Mais,celan’apasété
suffisant », rapporte Pascal
Mégevand.
C’estens’inspirantdelafiliè-
re bois, notamment la produc-
tiondegranuléspourlechauf-
fage, que ce chef d’entreprise
estarrivéàimaginerunealter-
nativeaugasoil,« uneénergie
qui, de toute façon, va coûter
de plus en plus chère ». Et
d’ajouter : « Le gaz naturel ne
pose pas de problème sur le
plan de l’approvisionnement.
D’ailleurs,c’estaussiunesolu-
tion pour réinjecter de la con-
currence entre les différentes
énergies », soutient Pascal
Mégevand. Le défi est auda-
cieux et relevé par des PME à
l’image des transports Ma-
gnin à Perrignier tandis que
l’on trouve à l’opposé deux
gros groupes, Transalliance et
JackyPerrenot(lireci-contre).
Pour être pris très aux sé-
rieux, les transporteurs impli-
qués s’appuient sur une mé-
thodescientifique.
Lecoût :100000euros
parentreprise
« Pour le moment, nous som-
mesdanslaphasededéploie-
ment », relève Pascal Mége-
vand. Pour l’heure, une dizai-
n e d e p o i d s l o u r d s
fonctionnant au gaz naturel
-soit entre un ou deux véhicu-
les par entreprise- sont en
cours d’acquisition. L’investis-
sementétantde100 000€par
entreprise. Ces véhicules se-
ront équipés d’instruments de
mesures de précisions capa-
bles d’enregistrer les taux de
CO2 et de NOx, la pollution
produite et la consommation.
« Ceci dans une utilisation
quotidienne », assure le chef
d’entreprise. Cette première
étapedevraitprendre18mois,
plus 12 mois supplémentaires
pour l’analyse des résultats.
Une approche scientifique
« pour être crédibles », tant
vis-à-vis des partenaires que
des confrères, ceux plus réti-
centsàselancerdanscetteex-
périence.
Car ce sont des partenaires
de tailles à l’image de l’indus-
triel Gazier GNVert (Groupe
GDF-Suez), mais aussi l’opé-
rateur de l’État, l’Agence de
l’environnement et de la maî-
trisedel’énergie(Ademe),qui
suivent de très près ce projet
Équilibre. Pour ainsi dire, au
microscope.
Jean-JacquesBERCHEMIN
À Sillingy, l’entreprise de transport Mégevand Frères s’est lancée dans l’expérience du biogaz. Comme Magnin à Perrignier. Photo DR.
L’INFOEN +
SIX ENTREPRISES
Mégevand Frères dont le
siège est à Sillingy : 18
salariés, 12 camions et un
CA de 2,2 M€.
Sotradel à Sainte-
Euphémie (Ain) : 150
salariés, 40 camions et un
CA de 21 M€.
Magnin à Perrignier : 40
salariés, 30 camions et un
CA de 5M€.
Prabel à Saint-Pierre-en-
Faucigny : 37 salariés, 30
camions, et un CA de 5 M€.
Transalliance à Paris :
4000 salariés, 2 200
camions et un CA de
600 M€.
Jacky Perrenot à Saint-
Donat-sur-l’Herbasse
(Drôme) : 4 000 salariés,
2 800 camions et un CA de
500 M€.
GNVert : 100 stations, 40
salariés et un CA de 31 M€.
ENVIRONNEMENT | Dans le cadre du projet Équilibre, six transporteurs veulent passer à l’énergie propre pour en démontrer la faisabilité
Des routiers testent le biogaz selon une
méthode scientifique pour être crédibles
Le biométhane pour réduire
les émissions à effet de serre
Le biométhane est une source d’énergie alternative, re-
nouvelable et propre. Il contribuera à porter à 23 % la
part des énergies renouvelables dans la consommation
totale d’énergie, objectif que s’est fixé la France pour 2020.
Ilestdirectementissudesdéchetsprésentssurunterritoire.
Produit à partir de la fermentation de déchets agricoles,
ménagers, industriels ou encore des boues de station
d’épuration, le biométhane est un biogaz épuré jusqu’à la
qualitédugaznaturel.Unefoisodorisé,contrôlé,compté,et
sa pression régulée, il est injecté dans le réseau de distribu-
tion. La production de biométhane s’inscrit dans un cycle
vertueux dans lequel les déchets deviennent des ressour-
ces pour produire une énergie locale et renouvelable qui se
substitue aux énergies conventionnelles. L’objectif est de
réduire les émissions de gaz à effet de serre : les déchets
organiques produisent naturellement du méthane en se
dégradant. La collecte et le traitement des déchets évitent
ces émissions dans la nature et les transforment en énergie
propre. Le bilan d’émissions de gaz à effet de serre à
l’utilisation de cette énergie est donc quasiment neutre car
le CO2 produit par la valorisation du biométhane a préala-
blement été capté par les matières organiques dégradées.
Source : GrDF
Terragr’Eau sur le plateau de Gavot :
le biogaz produit sera directement injecté dans le réseau de ville
Verra-t-on un jour des ca-
mions roulés avec du
biogaz produit par le mé-
thaniseur qui sera installé
sur le plateau de Gavot ?
Pourquoi pas ? Si cette
éventualité n’est pas enco-
re devenue réalité, le projet
Terrag’Eau avance à grand
pas.
Ainsi, les travaux de-
vraient débuter cette an-
née, cette structure de pro-
tection de l’environnement
par méthanisation devant
être opérationnelle en
2016.
9,3 millions d’euros
Son objectif : rendre com-
patible l’activité agricole
avec la préservation de la
qualité des eaux d’infiltra-
tion du plateau qui compte
35 captages pour l’alimen-
tation en eau potable et
l’impluvium du gisement
hydrominéral.
Ce méthaniseur produira
une énergie renouvelable à
partir de la dégradation des
déchets organiques. Ce
biogaz, résultat de cette
transformation, sera injecté
directement dans le réseau
du gaz de ville.
Terragr’Eau prévoit éga-
lement une unité de com-
postage à proximité de la
déchetterie de Vinzier. Ain-
si, l’installation sera capa-
ble de traiter 30000 tonnes
de déchets par an, issus des
effluents d’élevage, des dé-
chets de la filière fromagè-
re et des déchets verts.
Coût estimé : 9,3 millions
d’euros (M€) qui seront fi-
nancés par l’Ademe, la Ré-
gion, le Département, le
délégataire Serpol et les
partenaires, Danone et la
communauté de commu-
nes du Pays d’Évian (CC-
PE).
J.-J.B. avec C.B.
Le choix du délégataire de service public s’est porté en novembre 2014 sur le groupement
Serpol/Biovalis/Methanergy qui assurera l’exploitation pour une durée de 15 ans. Photo CCPE.
Un budget global de 800000€
Pour mener à bien ce projet,
le groupe GNVert va cons-
truire trois stations publiques
de distribution du gaz acces-
sibles à tous les usagers. Ces
trois points de vente sont pré-
vus à Saint-Pierre-en-Fauci-
gny (ouverture en septem-
bre),àNîmesetdanslarégion
lyonnaise. « Pour autant, ce
n’est pas parce que nous rou-
lerons au gaz naturel que
nous baisserons les prix de
nos prestations », souligne
Pascal Mégevand. D’une
part, les transporteurs concer-
nés ne peuvent pas aller en
deçà des prix pratiqués ac-
tuellement eu égard à la con-
currencelow-costetauxchar-
ges auxquelles ils sont sou-
mis ; d’autre part, le budget
global de 800 000 €, même si
une partie sera subvention-
née, représente une côte part
pesante dans la trésorerie
d’une petite entreprise. Sur
ces800 000€,l’Étatdoitinter-
venir à hauteur de 400 000 €,
le reste étant partagés entre
les partenaires privés et les
professionnels du transport.
Pour l’heure, 600 projets de
ce type sont prêts à sortir des
tiroirs. « De sorte que l’on
pourrait faire circuler 200 000
camions au gaz sur toute la
France », relève Pascal Mé-
gevand. Reste que si la distri-
bution apparaît technique-
ment simple, la décision de
construire l’est moins. Il faut
au minimum une flotte de 15
camions pour que le gazier
sorte de terre cet équipement
qui coûte un million d’euros.
Le projet fait appel aussi à
l’Institut français du pétrole et
des énergies nouvelles (If-
pen), le Centre de recherche
en machine thermique (CR-
MT), l’Institut français des
sciences et technologies des
transports, de l’aménage-
mentetdesréseaux(Ifsttar)et
le Laboratoire d’économie
des transports (Let).
J.-J.B.
David Proisy, artisan dans le bâtiment :
« D’abord réduire la consommation en pétrole »
À Champanges, David
Proisy gère une PME spé-
cialiséedanslaCharpente,la
couverture et la ferblanterie.
Il utilise au quotidien deux
voituresettroiscamionsdont
un poids lourd. S’il trouve
l’expérience biogaz conduite
parlesentreprises« trèsinté-
ressante »,ilavoueuncertain
scepticisme quant à la renta-
bilité. « Cela reste une expé-
rience scientifique. Sur le
plandelaconnaissancetech-
nologique actuelle, je vois
malcommentonpourraituti-
lisercetteénergiesanssepo-
serlaquestiondelarentabili-
té »,relève-t-il.
Pourtant d’accord pour le
développementdesénergies
renouvelables, ce chef d’en-
treprise préfère pour le mo-
ment « privilégier la techni-
que visant à réduire la con-
sommation des moteurs à
essence. »
Et d’ajouter : « Dans 40 ans,
les gisements de pétrole se-
ront épuisés. Il faut donc ré-
duire notre consommation
pour laisser du temps aux
chercheursdetravaillersurle
gaz naturel. Aujourd’hui, les
déchets que produit l’Être
humainnesontpassuffisants
pour généraliser l’utilisation
du gaz naturel. Ce qui signi-
fie que l’on devrait sacrifier
des terres cultivables pour y
planterparexempleducolza.
Le résultat serait catastrophi-
que et aurait des répercus-
sions sur l’alimentation, sa-
chant que la démographie
augmente. »
Sans oublier l’aspect finan-
cier : « Si je voulais équiper
mon matériel d’un système
detransitiongasoil/gaz,ilme
faudrait débourser entre
6000 et 8000 € par véhicule.
Pour le moment, ce n’est pas
rentable. D’ailleurs, nous ne
récupérons pas la TVA sur le
gaz ».
J.-J.B.
David Proisy. Photo Le DL/J.-J.B.
» Près de 1 200 athlètes vétérans ont pris part aux championnats de France indoor qui
se sont disputés au Palais des sports de Nantes le week-end dernier. Parmi eux,
Bernard Mermet au saut en longueur chez les plus de 60 ans et Jean-Pierre Metz à la
hauteur catégorie M50. Blessé au tendon d’Achille lors de son premier essai à 1,68 m,
Jean-Pierre Metz n’a pu défendre ses chances comme il le souhaitait. Il réalise
néanmoins un saut à 1,65 m qui lui offre la médaille de bronze dans sa catégorie.
De son côté, Bernard Mermet remporte le concours à son ultime essai mesuré à 4,73 m.
Ce qui lui offre et le titre et la médaille d’or dans sa catégorie. Les deux vétérans vont
préparer maintenant les championnats d’Europe qui se dérouleront fin mars en Pologne.
IATHLÉTISMEI
De l’or et du bronze pour les vétérans
IFOOTBALLI
Les jeunes de l’ETG sont efficaces
» AprèsleuréliminationsurlefilenCoupeGambardellafaceàMonaco,lesmoinsde19ansdel’ETG
reprenaientlechampionnatdimancheavecundéplacementdélicatàDijon.Pasdanslecoup,les
Rosessesontinclinés3-0faceauxBourguignons.Aprèsdeuxvictoiresderangdepuislareprise,à
StrasbourgpuiscontreÉpinal,l’équipeU19eststoppéedanssonélanetreculeàla10e placedu
classementdugroupeBdeNationalU19.Lesautreséquipesdejeunesengagéesenchampionnat
régionalsesontenrevancheimposées :lesmoinsde15ansÉliteontgagné5-1contreBourg-
Péronnasalorsquel’équipe2estallées’imposer6-1àVillefranche,l’équipeAdesmoinsde17ansl’a
emporté3-0contreAnnecyFCetl’équipeBagagné2-1àOyonnax.Enfin,ducôtédesseniors3,
grossevictoiresurlescorede5-2àCruseilles.