Tout plaquer, pour (re)construire sa vie loin de la capitale. Beaucoup y songent depuis longtemps, la nouveauté c’est que de plus en plus sautent le pas. Les confinements ont nourri les rêves d'évasion, et le télétravail rend l'exode urbain plus accessible que jamais. Les territoires sont en ordre de bataille et font valoir leurs atouts pour attirer les candidats à une meilleure qualité de vie. Mais Paris n’a pas dit son dernier mot ! La capitale est bien décidé à se transformer pour être plus vivable. Paris, je te re-aime ?
Au menu de ce supplément :
Page 2-3 – Enquête : Paris, tu l’aimes ou tu la quittes
Page 4 – Avis aux Parisiens : les campagnes vous attendent
+ Tribune « Jeunes diplômés et jeunes actifs : osons le retour dans nos territoires ! » Bixente Etcheçaharreta, Président de l’association Des territoires aux grandes écoles
Page 5 - “Ils adorent travailler à La Défense”
Page 6 - Infographie Les villes les plus attractives sont... 4ème édition du Baromètre d'attractivité des métropoles françaises d’Arthur Loyd
Page 7 - Fuir Paris, un nouveau business pour les start-up
+ Entreprendre en région, le bon filon ?
Page 8 - Ils ont quitté Paris, et n'avaient pas anticipé toutes ces galères
Page 9 – Vivre en régions tout en travaillant à Paris, LA bonne idée ?
Le commerce à Pont-Scorff. Diagnostic et enjeux. Communication AudéLor n°98, ...
Fuir Paris ? Ou pas // Supplément des Echos START du 23 novembre 2020
1. LUNDI 23 NOVEMBRE 2020 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 23332 | ISSN 0.153.4831
WWW.LESECHOSSTART.FR
ENQUÊTE
Paris, pas si mal aimée
DÉCRYPTAGE
Le marketing territorial drague les urbains
INFOGRAPHIE
Le baromètre exclusif des villes les plus attractives
FuirParis?
Oupas.
TÉMOIGNAGES
Ils n’avaient pas anticipé les galères de la mobilité
TENDANCES
L’exil parisien, nouveau business pour les start-up
DÉBAT
La double vie capitale / campagne, fausse bonne idée ?
Illustration:BrunoMangyokupour«LesEchos»
2. ment de quartier) voire jette
l’éponge et change de région.
Celasignifie-t-ilqueleursparents
partent élever des moutons au
milieudenullepart ?Danslesfaits,
la mobilité s’effectue surtout vers la
région francilienne, en petite ou
grandecouronne.« L’imageducita-
dinquiparts’installeràlacampagne
est une image d’Epinal, tranche le
statisticiendel’Insee.Lespersonnes
sont tenues par leur travail. »
Et quand les fuyards débarquent
en province, c’est généralement
pourretournersurlesterresdeleur
enfance. Ils choisissent générale-
ment de s’implanter dans une ville
moyenne ou le plus souvent dans
une grande métropole. C’est ce der-
nier choix qu’a fait Marjorie Breille,
en 2016. Cette directrice commer-
cialechezGymglish,unestart-up,a
ENQUÊTE « Gilets jaunes »,
grèves, confinement,
reconfinement… Vivre à Paris
n’a jamais été aussi anxiogène.
Depuis plusieurs années
maintenant, les Parisiens
ont amorcé leur départ, et
les rêves d’exode se renforcent
à la faveur de la crise sanitaire.
Pour autant, la Ville Lumière
n’a pas dit son dernier mot.
prise,dontlesiègeestàParis.Ilfaut
dire que la région francilienne con-
centre à elle seule un tiers des nou-
vellescréationsd’emploidepuisdix
ans, selon les chiffres compilés par
Arthur Loyd et dévoilés en exclusi-
vité par « Les Echos START ». Mais
pour l’entrepreneuse, il n’y a pas de
fatalité : après le confinement, elle
et 17 de ses salariés ont ouvert un
nouveau bureau à Aix-en-Pro-
vence.
« On assiste de plus en plus à une
France à deux vitesses, entre Paris et
le reste, surtout dans la tech. Je suis
convaincuequ’onpeutagirpourréé-
quilibrerlaproductiond’emploietde
richesse en France », assure l’entre-
preneuse. Depuis, quatre nouvelles
recrues les ont rejoints dans les
Bouches-du-Rhône. LiveMentor
est loin d’être un cas à part dans la
ruée vers la région. D’autres socié-
tés technologiques, souvent des
scale-upvoiredeslicornes,s’yattel-
lent depuis peu. Doctolib et Alan
viennentainsides’implanteràNan-
tes, ManoMano à Bordeaux.
The « great migration »
La Ville Lumière n’est pas la seule à
perdre de son éclat. Le « Washing-
ton Post » décrivait dès fin mars
« TheGreatAmericanMigrationof
2020 » qui a affecté les grandes
métropoles outre-Atlantique au
profit des villes moyennes. Alors
qu’un tiers des salariés américains
travaillent désormais totalement à
distance, selon l’institut Gallup, on
voit se développer à une ou deux
heures de la grande métropole des
« zoomtowns »,dunomdelaplate-
forme de visioconférence qui a
connuunbondde1.135 %desesuti-
lisateurs entre février et mai.
Le constat du ras-le-bol de la
grande métropole n’est cependant
pas nouveau. Pour Bruno Marzloff,
sociologue et président de la Fabri-
que des Mobilités, « il y a eu ces der-
nièresannéesunemontéedes“trop” :
trop de bruit, trop de pollution, trop
de voitures, trop de bouchons, trop
d’accidents, trop de métros bondés ;
bref trop de temps perdu, de perte de
productivité,etauplanpersonnel,du
stress, des dissensions familiales, des
burn-out. Cette masse de rejets
résonnebeaucoupavecdesexigences
croissantes en matière de santé et de
nature, et se conclut par un désir de
quitter la ville ».
Résultat : entre 2012 et 2017, la
capitale a perdu 11.000 habitants
chaque année, alors qu’elle en
gagnait presque 10.000 entre 2007
et2012.« Parisestunevilleatypique.
C’est le plus fort déficit migratoire
apparent de tous les départements
français.Desurcroît,lanatalitédimi-
nue », détaille Mustapha Touahir,
directeur adjoint de l’Insee Ile-de-
France. Et du côté des petits Pari-
siens, on compte 3.723 écoliers de
moinsquel’annéedernièredansles
écoles primaires publiques, soit
une baisse de 3 % des effectifs. Une
courbedescendanteelleaussicons-
tante depuis une décennie.
S’ilfallaitrésumer,ondébarqueà
Parispourlesétudesouunpremier
travail, avant de vouloir prendre le
large, surtout lorsqu’on fonde une
famille. La population parisienne
est en effet plutôt jeune, les
15-29 ans représentent 63 % de ces
arrivants. Et c’est à l’âge de 27 ans,
note l’Insee, que la région devient
déficitaire,avecplusdedépartsque
d’arrivées.
L’exode urbain,
une image d’Epinal
La question des migrations tient
dans les tensions qui animent le
triangle logement/travail/trans-
port. Si l’une de ces variables subit
une trop forte pression (logement
tropcher,travailtropéloigné,trans-
ports saturés), l’habitant ou le
ménage passe à l’action (télétravail,
utilisation du deux-roues, change-
Camille Wong
Des rues désertes,
des oiseaux qui
roucoulent,un
calme olym-
pien. C’était au
p r i n t e m p s
2020. Une ville
transfigurée, vidée de
ses habitants, de ses travailleurs, et
de ses touristes. Quelque 450.000
résidents avaient pris la poudre
d’escampette. Un Paris idéal, tacle-
ront certains. Six mois plus tard,
c’estlamêmerengaine,oupresque.
Le 29 octobre, à la veille du reconfi-
nement, on relève 700 km de bou-
chons, dans le sens des départs
mais aussi des retours – cette fois,
les enfants n’échapperont pas à
l’école. Crise sanitaire oblige,
l’enfermementforcémetànouveau
les urbains devant l’évidence : des
logements petits, sans espace vert,
pour des prix souvent astronomi-
ques. Pire, la capitale n’est jamais
apparue aussi anxiogène – voire
dangereuse – dans les esprits.
Laville,jusque-làperçuecomme
un paradis médical avec la
meilleure offre de spécialistes qu’il
soit (a contrario du désert médical
des campagnes), devient une pesti-
férée. La distanciation sociale
paraîtimpossibledansunecapitale
qui compte plus de 20.000 habi-
tants au kilomètre carré.
Avec des alertes rouges successi-
ves, le masque obligatoire, les res-
trictions de circulation, une vie cul-
turelle et sociale au point mort –
atout majeur de la grande ville – la
perspective d’un retour à la vie
« normale » s’éloigne pour les Pari-
siens. Même chez les avocats les
plus chevronnés de la capitale, le
doutes’installe,l’attachementàleur
ville est mis à rude épreuve.
Le télétravail,
la nouvelle donne
Il faut dire que le travail à distance
expérimentéparquelque5millions
d’actifs durant le premier confine-
ment a nourri ou fait naître des
rêvesd’évasion.« Jemesuisditqueje
n’allaisjamaisretrouvermaviepari-
sienne avec le Covid, je préfère être
près des miens à Lyon », témoigne
Léa Seppi, community manager
chezD-AIM,unesociétéspécialisée
dans le ciblage marketing.
Dès le mois de juin, la jeune
femmede26ansestretournéevivre
dans la capitale des Gaules, à cinq
minutes de la gare, et a doublé la
superficie de son logement. Désor-
mais, elle télétravaille et, avant le
reconfinement, venait deux jours
par semaine au bureau parisien.
« Le plus gros inconvénient finale-
ment, c’est de me lever à 5 h 20 pour
prendre le train de 6 h 04 », sourit-
elle. Un changement de vie à mar-
che forcée, qu’elle était loin d’avoir
imaginé.
« Quandcertainssalariésontémis
lesouhaitdepartirenprovince,nous
avons accepté plus de flexibilité afin
qu’ils puissent mettre en place cet
équilibreentreleurviepersonnelleet
professionnelle », indique Marilyn
Courtois-Perin, son employeur.
Désormais, entre 15 et 20 % des
75 salariés du site parisien sont
domiciliés hors de la région franci-
lienne.« Ilestnéanmoinsimportant
pour nous qu’ils reviennent réguliè-
rement au bureau pour entretenir la
culture d’entreprise », poursuit la
cheffe d’entreprise.
Anaïs Prétot, la cofondatrice de
LiveMentor,unesociétéspécialisée
dans la formation des entrepre-
neurs, confirme : « Le confinement
a été extraordinaire en ceci qu’il a
accéléré les réflexions. Avant, il était
impensable,parexemple,defairedes
boards meeting en visioconférence
avec nos investisseurs. » La « régio-
nalisation » des emplois fait partie
des objectifs portés par son entre-
posé ses valises avec son compa-
gnon et leurs deux garçons, à Bor-
deaux, la métropole qui fait le plus
rêver les Franciliens candidats au
départ selon la dernière étude de
Cadremploi. « On voulait changer
d’airet nepas fairetoutenotrevie au
même endroit », témoigne-t-elle.
En attendant, il a fallu garder un
piedàParisplutôtquedelâcherson
job. Le deal ? Venir au bureau pari-
sien trois jours toutes les deux
semaines.C’estplustardquelabas-
cule s’est faite, en réussissant à con-
vaincre son employeur d’ouvrir un
bureau à Bordeaux, qu’elle dirige
aujourd’hui, avec désormais
six employés à ses côtés. De son
aveu,pasgrand-chosedelacapitale
ne lui manque, tant la belle endor-
mie offre tous les avantages de la
ville, avec en prime, une facilité
pour s’évader vers l’océan ou la
montagne.Surtout,lapetitefamille
jouitdésormaisd’un110m²aucœur
de Bordeaux, deux fois plus grand
qu’avant.
Del’avisdetouslesspécialistes,le
coût du logement est la principale
raisonquipousselesfamillesàquit-
ter la capitale. Le mètre carré a été
multiplié par quatre ou cinq ces
vingt dernières années à Paris et sa
petite couronne. « La capitale a peu
de marge de manœuvre en termes de
construction. Structurellement,
Paris ne peut que perdre des habi-
tants », explique Paul Lecroart,
urbaniste à l’Institut Paris Région.
Et le haussmannien, aussi beau
soit-il, ne suffit pas quand il est
capté par les bureaux. Mais là, qui
sait, avec la montée du télétravail,
l’histoire peut s’écrire différem-
ment dans le futur. En revanche,
selonl’urbaniste,difficile–maispas
impossible – d’empêcher la finan-
ciarisation de l’immobilier pari-
sien, davantage perçu comme une
valeur d’investissement qu’une
valeur d’usage.
Le poids du déséquilibre
logement/emploi
L’explosion des logements Airbnb
dansl’hypercentredelacapitalequi
concentrentlemarchélocatifenest
la meilleure preuve. La crise du
Covid-19 a néanmoins donné un
répit sur ce front à la Mairie de
Paris.Avecladisparitiondestouris-
tes, les locations meublées ont fait
un boom de 66 % cette année, note
l’agence immobilière SeLoger. « On
a assisté à un phénomène de trans-
ferts de biens Airbnb, pour une
Entre 2012 et 2017, la capitale a perdu 11.000 habitants chaque année, alors qu’elle en gagnait presque 10.000 en
représentent 63 % de ces arrivants. Et c’est à l’âge de 27 ans, selon l’Insee, que la région devient déficitaire, avec
Paris,tul’aimes,outul
02//START Les Echos Lundi 23 novembre 2020
3. reprise de location dans la longue
durée. Mais en face, le marchélocatif
s’effondre aussi et la demande
peine »,expliqueSéverineAmate,la
porte-parole du groupe.
Du côté de l’achat, c’est un autre
bond qui se fait ressentir : 23 % des
futurs acquéreurs franciliens
recherchent un bien en province,
alors qu’ils n’étaient que 14 % en
février. « C’est historique, poursuit
Séverine Amate. On note une forte
appétencepourlesvillesmoyenneset
les régions proches comme la Nor-
mandie ou la Bretagne pour permet-
tre aux acquéreurs de garder un lien
avec l’activité professionnelle. » Les
millennials, eux, privilégient
encore l’Ile-de-France (87 %), mais
Paris apparaît toujours comme un
rêve inaccessible : seuls deux sur
dix visent un achat intra-muros.
Reste que les confinements succes-
sifs ont freiné ces projets, avec des
reports de démarche et de signa-
ture. Une période qui, en somme,
fige dans l’attentisme.
Le déséquilibre logement/
emploi pousse les urbains vers la
sortie :lavilleconcentrelamajorité
de ses bureaux à l’ouest de la capi-
tale ou dans des ensemblescomme
la Défense, pauvres en habitations.
« A vouloir accaparer les emplois, à
les concentrer sans ménager les loge-
ments afférents, on se condamne à
hypertrophier les transports dans
unecourseinflationnistestructurelle
où la croissance de la demande
appelle une augmentation infinie de
l’offre, avec l’issue évidente de ses
impossibilités ; on se condamne
aussi à réduire la qualité de vie »,
tonnelesociologueBrunoMarzloff.
ment a été un « accélérateur » dans
les prises de conscience. Elle fait
désormais face à une « énorme
demande », et se développe sur la
formation professionnelle. Récem-
ment, Veni Verdi a organisé une
réunion d’information à Pôle
emploi et s’attendait à recevoir une
vingtaine de personnes. En deux
heures, elles étaient plus de 200 à
s’être inscrites, raconte la fonda-
trice. A Paris, il y a les amoureux de
la capitale, engagés pour œuvrer
dans ses transformations. Et puis il
yalesautres,qui,lasd’attendre,ont
déjà fait leurs cartons. n
MÉTRO -
BOULOT -
DODO
15minutes
C’est le temps qu’il faudra
pour relier Olympiade et
l’aéroport d’Orly, grâce
au Grand Paris Express.
Un projet de réseau
de transport public de
quatre lignes de métro
automatique autour de
Paris, et de l’extension
de deux lignes
existantes.
84minutes
Soit 1 h 24. C’est la durée
moyenne quotidienne
passée dans les
transports par les actifs
Franciliens pour les
allers-retours sur leur lieu
de travail, selon une
étude de l’Institut
d’aménagement et
d’urbanisme d’Ile-de-
France publiée en 2017.
ntre 2007 et 2012. La population parisienne est plutôt jeune, les 15-29 ans
c plus de départs que d’arrivées. @plainpicture/Marion Barat
Parisest-ellevraimentunevillesi
« invivable » ? D’aucuns pointent
l’immobiliertropcher,lesattentats,
les grèves, les manifestations,
d’autres les nuisances sonores, un
sentiment d’insécurité ou encore,
une densité insupportable. Pour-
tant,lavilleinnoveetsetransforme
peu à peu, en particulier avec le
développement des mobilités dou-
ces et de la réorganisation de
l’espace.Entrelesgrèvesetledécon-
finement,levéloabattudesrecords
d’utilisation, aidé par la mise en
placedes« corona-pistes »,etleser-
viceVélibquiadépasséles400.000
abonnés à la rentrée de septembre,
soitunehaussede60 %surunan.A
l’image des grandes villes du Nord
de l’Europe, la maire socialiste
Anne Hidalgo, confortablement
réélueenjuin,veuttordrelecouàla
voitureenréduisantde50 %sespla-
ces de stationnement, à la faveur
despiétons,descyclesetdesterras-
ses de café.
« Onobserveaussiuneffetdegéné-
ration. Les plus jeunes sont moins
attachés à l’automobile. Néanmoins,
la ville reste organisée autour : on
continue de construire des grandes
surfaces commerciales et des routes
en grande couronne, indique Paul
Lecroart de l’Institut Paris Région.
La voiture sera encore là demain. La
question désormais c’est de trouver
un moyen pour privilégier les dépla-
cementsquiontungrandintérêtéco-
nomique et désinciter les autres usa-
ges. » Le bilan des transports est
pourtant en demi-teinte. Le trafic
automobile a reflué de 19 % au
cours du précédent mandat de
l’édile socialiste (et 52 % depuis
1992)maisParisrestelavillelaplus
embouteillée de France, en raison
notamment des travaux.
Selon l’indice du Oliver Wyman
Forum réalisé avec l’université de
Berkeley, Paris s’en tire à la 9e
place
sur 50 villes étudiées et se démar-
que par la qualité de ses infrastruc-
tures et sur l’innovation. Mais elle
pèche par « de mauvaises con-
nexions entre le cœur de ville et la
périphérie, une gouvernance très
fragmentée entre le local, le régional
etlenational,lapollution,etuneges-
tiondutraficdéficientedanssacapa-
cité à gérer les flux en temps réel », a
expliqué Guillaume Thibaut, asso-
cié au bureau parisien, dans « Les
Echos ».
LaréponsedelaMairiedeParis ?
Développer la « ville du quart
d’heure », théorisée par le profes-
seur franco-colombien Carlos
Moreno.Asavoir :recréerdesservi-
cesdeproximité,éviterlesdéplace-
ments domicile-travail et l’encom-
brement des transports. Bref, la
ville« oùl’ontrouvetoutcedontona
besoinàmoinsde15minutesdechez
soi », arguait dans la dernière ligne
droite des élections municipales
Anne Hidalgo.
Capitaliser sur les jeunes
pousses
« On peut commander à manger à
n’importe quelle heure, faire nos
courses le dimanche et jusqu’à tard,
on a accès aux aéroports internatio-
naux, la culture ne s’arrête jamais et
ilyatoujoursuneactivitédedernière
minute que l’on peut faire ! », veut
défendreJuliette,unejeuneactiveà
Paris depuis deux ans, qui apprécie
aussi de se promener à la coulée
verte, une allée verdoyante de
4,5 kilomètres dans le 12e
arrondis-
sement. Car Paris a aussi pris des
couleurs, vertes en l’occurrence. La
Mairie,quientendencoreaccélérer
surl’écologieavecsonsecondman-
dat,aplantéquelque20.000arbres,
et ouvert aux Parisiens 30,3 ha
d’espace verts, comme le jardin
Marielle-Franco dans le 10e
, le parc
Cesária-Evora dans le 19e
, ou le jar-
dindel’impassedelaChapelledans
le 18.e
Pour transformer la ville, la
maire reconduite, qui s’est alliée
aux écologistes lors des dernières
élections municipales, a notam-
ment su capitaliser sur les jeunes
pousses. Chez Paris & Co, agence
d’innovationdeParisetdelamétro-
pole, on incube chaque année une
centaine de start-up sur les sujets
d’innovation urbaine. « De plus en
plus, nous travaillons sur les sujets
d’économie circulaire, de mobilités
douces,dematériauxbas-carboneou
encoredetiers-lieux.L’idéeestd’insé-
rer une logique de ville durable dans
lesprojetsdeceuxquiconstruisentla
ville », explique Michaël Knaute, le
directeur Ville durable de Paris &
Co. Aujourd’hui, 80 % des start-up
qui postulent chez Paris & Co ont
un projet lié à la transition écologi-
que,alorsqu’ellesn’étaientque40 %
il y a cinq ans.
L’incubateur a vu naître les
start-up anti-gaspillage à succès
Too Good To Go ou encore Phenix,
quiontd’abordexpérimentéàParis
avant de se déployer en région. Les
jeunes pousses de Paris & Co s’atta-
quent à l’énergie, à la lutte contre la
pollution,àlamobilité,àl’habitat,à
lalogistique,aucomportementres-
ponsable, etc. « On observe une évo-
lution positive des mentalités indivi-
duelles et du système de manière
générale, des réglementations ou des
stratégies des entreprises. Il y a une
quinzaine d’années, les personnes
qui travaillaient sur le développe-
ment durable avaient un peu
l’impression de prêcher dans le
désert, aujourd’hui c’est beaucoup
mieux », rappelle Michaël Knaute.
De quoi booster la motivation des
Parisiens engagés, de plus en plus
nombreux, dans ce mouvement,
notamment au travers des associa-
tions de la capitale. Il existe entre
70.000 et 80.000 associations acti-
ves à Paris, dont la moitié a moins
de dix ans. Certaines œuvrent pour
améliorer le paysage, recréer du
lien social ou développer l’agricul-
ture. « Un matin, je ramassais des
haricots jaunes dans un jardin par-
tagé. Un enfant m’a regardée et m’a
dit : “Je ne savais pas que les frites
poussaient comme cela”. Ce jour-là,
j’aiprisconsciencequ’unegénération
n’avaitjamaisvulanatureetsavaità
peine commentpoussaitnotrenour-
riture », se souvient Nadine
Lahoud,lafondatricedeVeniVerdi,
une association dédiée à l’agricul-
ture urbaine sociale et participa-
tive, notamment dans les collèges.
Apporter du rural
dans les villes
La végétalisation ou les fermes
urbaines sont des formes de rurali-
sation de la ville, avec une volonté
decréerunmonderuralsansyaller.
« C’est s’inspirer des valeurs rurales
pour y trouver la qualité de vie que
l’on y associe », analyse Paul-Ma-
thieu Caitucoli, qui effectue une
thèse sur l’attractivité des territoi-
res ruraux à Dauphine.
Après plus de dix ans, l’associa-
tion Veni Verdi salarie 18 person-
nes. Pour sa fondatrice, le confine-
À PODCASTER
Avec Ciao Paris,
la journaliste Valérie
Bauhain accueille
des urbains un vendredi
sur deux qui ont décidé
ou qui s’apprêtent
à quitter la capitale.
A travers l’expérience
des autres (et les ratés !),
ce podcast
vous accompagne
dans votre projet d’exode
et explique les craintes,
les joies, et les espoirs
de chacun.
laquittes
À CHACUN
SON AMBITION,
À CHACUN
SON PARCOURS
Opter pour l’ISG après le bac, c’est décider de choisir l’un des programmes
qui correspond le mieux à ses aspirations, à ses ambitions.
Et ce, dans une pluralité de villes pour la majorité d’entre eux.
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Les Echos Lundi 23 novembre 2020 START//03
4. Depuis le mois de juin, une quarantaine de territoires se sont offert une campagne de publicité dans le métro parisien, selon les chiffres de Metrobus, responsable
de la régie des transports de la RATP. Ici, une publicité de l’Indre à la station Richelieu-Drouot du métro de Paris. @MediaTransports
Osons le retour
dans nos
territoires !
« A nous deux Paris ! »,
la phrase du personnage de
Balzac, Eugène de Rastignac,
témoigne à elle seule de ce qui
a longtemps demeuré comme
une évidence : la capitale était
le lieu de tous les espoirs de
réussite, de dynamisme et
d’entreprises audacieuses.
Si la crise actuelle a dévoilé les
failles d’un système trop cen-
tralisé, elle a aussi été le révéla-
teur d’une autre réalité : nos
territoires regorgent de possi-
bilités. A nous, jeunes diplô-
més et actifs, de les saisir !
L’heure des territoires a sonné.
Cette nouvelle étape révèle une
véritable envie d’entreprendre,
hors de l’écosystème parisien
ou des grandes métropoles,
trop souvent synonymes d’uni-
formité et de standardisation
des compétences. La digitalisa-
tion des activités, le recours au
télétravail sont aujourd’hui les
preuves que les territoires ont
leur rôle à jouer dans l’avenir
économique du pays.
Au-delà de ces invitations à un
temps partagé entre capitale et
régions, les territoires sont
aussi l’occasion de vivre une
carrière professionnelle exi-
geante et exaltante. Ils regor-
gent d’opportunités et sont
souvent les creusets d’une
culture entrepreneuriale
ancienne et féconde : PME
familiales côtoient laboratoires
de recherche, incubateurs et
pépinières locales.
« Tout renouveau est
avant tout un retour
aux sources »
Pourtant, le retour en région
peut encore susciter certaines
appréhensions ou questionne-
ments. Le manque d’informa-
tions sur le tissu économique
local, les incertitudes ou la
peur de l’isolement sont autant
de freins à une installation sur
les territoires.
Dans ces derniers, la préserva-
tion des savoir-faire et des
emplois passe par une double
exigence : une montée en
gamme des productions et la
capacité à toucher une clien-
tèle mondiale. Ce nouveau
paradigme souligne l’impor-
tance de pouvoir compter sur
une main-d’œuvre suffisam-
ment formée pour réaliser ce
saut qualitatif. Forts des expé-
riences acquises ailleurs, les
talents sauront apporter une
nouvelle vision, à même d’aider
les entreprises à répondre aux
défis économiques qui leur
font face.
Les opportunités ouvertes par
l’Etat à la faveur des program-
mes Action Cœur de Ville ou
du Volontariat Territorial en
Entreprise font naître un
environnement favorable.
A condition d’y trouver les
compétences nécessaires, la
relocalisation des industries
essentielles à la France passera
également par les territoires.
Comme l’écrivait, visionnaire,
Romain Gary, « tout renou-
veau est avant tout un retour
aux sources ».
* Président de l’association Des
territoires aux grandes écoles.
LACHRONIQUE
par Bixente
Etcheçaharreta*
Florent Vairet
Si vous êtes usager du métro pari-
sien, impossible d’être passé à côté.
L’Oise, l’Orne,leCher,laville d’Alès,
la Sarthe ont fait leur pub dans le
métro de la capitale durant l’été.
Dernièrement, c’est la Mozelle qui
proposait de rembourser 100 euros
aux Franciliens qui passeraient un
week-end dans la région. L’agglo-
mération de La Roche-sur-Yon
sort, elle, la carte du déménage-
ment en jouant sur le ras-le-bol :
« Manque de place, besoin
d’espace ! » ou encore « Marre de
béton,soifdenouveauxhorizons!»
Depuislemoisdejuin,unequaran-
taine deterritoires sesont payéune
campagne de publicité dans le
métroparisien,selonleschiffresde
Metrobus, responsable de la régie
des transports de la RATP.
Ce phénomène est la dernière
manifestation du boom du marke-
ting territorial. Cette expression
barbare ne vous dit peut-être rien
mais sachez que les collectivités
locales utilisent désormais les
mêmes stratégies que L’Oréal ou
Carrefour pour promouvoir leurs
atouts. Et avec la crise sanitaire liée
au Covid, elles ont compris que
c’était le moment pour vous char-
mer, et pas seulement pour la visite
ont mis en place un dispositif
d’accompagnement pour vous
aider à vous installer. C’est le cas de
Laval Agglomération ou Château-
roux Métropole et son cursus pour
nouvel arrivant. « Nous les aidons
pourlarechercheimmobilière,lacrè-
che, l’école des enfants, ou un méde-
cin », détaille Caroline Forestier,
coordinatrice de la prestation des
nouveaux arrivants dans l’Indre.
« Et surtout, nous avons un coach
emploipouraccompagnerlescadres
en mobilité ou en recherche
d’emploi. »
La vie sociale n’est pas non plus
laissée de côté. Hors pandémie, des
soirées rassemblent les nouveaux
venus tous les deux mois. « Nous
leur faisons découvrir un lieu, puis il
yauncocktail.Ilssecréentainsileur
réseaulocal»,ajoute-t-elle.Lenom-
bre de personnes accompagnées a
été multiplié par trois depuis 2012.
En 2020, la tendance est même à la
hausse.
« Un monde urbain
aliénant » versus « un
monde rural libérateur »
A Orthez, le maire bichonne les
internesquipassentparl’hôpitalde
la ville. Un cadeau de bienvenue
leur est offert, avec dix entrées gra-
tuites pour la piscine municipale,
une place de spectacle, une dégus-
tation de produits locaux, une pré-
sentation des activités des quelque
170 associations locales. « Et je leur
dis : “Si vous avez apprécié votre
stage, pensez à ce territoire quand
vous chercherez à ouvrir un cabi-
net“ » , rapporte l’édile. « Hélas, pas
assezdeterritoiressontengagésdans
cette voie » , commente Paul-Ma-
thieu Caitucoli, qui effectue une
thèse sur l’attractivité des territoi-
res ruraux. « Il faudrait que chaque
conseilmunicipaldésigneundélégué
dédié à l’intégration des nouveaux
habitants. » Il prend l’exemple
d’Arvieu, commune de l’Aveyron,
quienplusdesonréférentorganise
un repas de quartier pour intégrer
les nouveaux arrivants, leur distri-
bue un guide…
Gare néanmoins au marketing
trop vendeur ! « Le confinement a
révélé la représentation d’un monde
urbainaliénant,etd’unmonderural
idylliqueetlibérateur,maisaussifra-
giled’unpointdevuesocial,économi-
que et numérique » , analyse ce doc-
torant de Paris-Dauphine. « Et
n’oublions pas non plus qu’un terri-
toirequiseportebiennevapasforcé-
ment chercher des habitants pour se
redynamiser », estime Camille Cha-
mard,maîtredeconférencesàl’uni-
versitédePauetspécialistedumar-
keting territorial. n
d’un château ou une randonnée
incroyable dans leur parc régional.
Elles veulent que vous veniez vous
installer, quitte à ce que vous frag-
mentiez votre semaine entre Paris
et la province, grâce au télétravail.
«Lesterritoiresontcomprisqu’ils
étaient en concurrence pour attirer
les entrepreneurs et les porteurs de
projets » , analyse Gilles N’Goala,
responsable du master en marke-
ting,innovationetterritoiresàl’uni-
versité Montpellier Management.
On ne voit ainsi plus seulement des
régions ou des départements, mais
aussi des métropoles et même de
toutes petites communes se mettre
à l’heure du marketing territorial,
avec pour modèle la pionnière du
genre:NewYorkCityetsonfameux
« I Love NY ».
Tout nouvel habitant n’est
pas bon à prendre
Les collectivités s’évertuent à trou-
verleursmeilleursargumentspour
pousser les Parisiens (et si possible
leurssalaires)àlesrejoindre.«Nous
concernant, nous tirons notre épin-
gle du jeu grâce à la proximité avec
Paris », avance Michel Legarle,
chargé de mission au sein de
l’agenced’attractivitédel’Indre.Les
2 h 15 en train seulement qui les
séparentdelacapitalepeuventfaire
mouche auprès de familles ou de
salariés voulant continuer à tra-
vailler dans la capitale un ou deux
joursparsemaine.«PourlesFranci-
liensquifontdéjàuneheuredetrans-
port en public chaque matin, ce n’est
pas grand-chose » , ajoute-t-il.
Asavoirquedanscetteopération
séduction, tout nouvel habitant
n’est pas forcément bon à prendre.
Ce sont en priorité les entrepre-
neurs, les porteurs de projets et les
particuliers (avec une résidence
principale!)quisontvisés.«Concer-
nant les moyennes métropoles, elles
recherchentmoinsunehaussequan-
titative que qualitative, avec des per-
sonnes qui vont créer des emplois » ,
explique le professeur Gilles
N’Goala.
Endixans,ledéclindémographi-
que du département de l’Indre a
atteint 4,5 %, soit 10.000 habitants
de perdus. A Châteauroux, sa pré-
fecture, on espère faire venir des
actifs pour pallier le manque de
talents. « Nous avons des besoins en
recrutements non pourvus dans
l’aéronautique, le luxe… », lance
MichelLegarle.Depuisleurcampa-
gne dans le métro en mars dernier,
une trentaine de familles ont pris
contactaveceux.«Aucunpourl’ins-
tant n’a concrétisé son installation,
mais des projets sont en cours pour
2021 » , assure-t-on.
Pourlesvillespluspetites,l’enjeu
est plus la survie du centre-ville ou
desécoles.Danslapetitecommune
d’Orthez,danslesPyrénées-Atlanti-
ques, on commence tout juste à se
lancerdanslemarketingterritorial.
La raison est simple : les services
publics de la ville sont taillés pour
15.000 habitants alors qu’elle en
compte 11.500. « Nous avons donc
réalisé un diagnostic d’image pour
comprendrenospointsforts»,expli-
que Emmanuel Hanon, le maire.
Metrobus, qui gère aussi la régie
publicitaire des métros de Lille,
Marseille et Rennes, assure que les
campagnes de ce type restent con-
centrées sur Paris. Une interroga-
tion surgit alors naturellement :
pourquoi donc emmener sur leur
territoire ces Parisiens qu’on dit si
peu chaleureux ? Car l’exode de la
capitale n’est pas à exclure. Selon
une étude du courtier Empruntis,
46%desParisiensveulentquitterla
capitale.Unetendancequin’estpas
nouvelle : Paris a perdu 53.000
habitants entre 2012 et 2017, selon
l’Insee. Un autre chiffre fait l’affaire
de nos territoires : plus de la moitié
de ceux qui partent d’Ile-de-France
ne sont pas nés dans la région et
repartent rejoindre leur région
d’origineouunlieudevacancessur
lequel ils ont flashé.
Un cursus d’accompagne-
ment pour les nouveaux
arrivants
Et il n’y a pas que les familles déses-
pérées de ne pas pouvoir offrir une
chambre à chacun de leurs enfants
que les territoires peuvent séduire.
En effet, même les couples sans
enfants sont de plus en plus nom-
breux à partir (27 % des départs de
Parisen2016,contre23%en2008).
«Attirertouscesactifsestlechevalde
bataille de pas mal de départements
ruraux » , reconnaît Michel Legarle
de l’Indre.
Maisbouclersesvalisesetquitter
le 11e arrondissement pour l’Indre
oulaVendéen’estpassanssoulever
quelques craintes. Pour les Pari-
siens sur le départ, sachez que les
collectivités les plus avancées dans
la stratégie de marketing territorial
DÉCRYPTAGE Le confinement a fait naître des
envies d’ailleurs. Les collectivités locales l’ont bien
compris : elles rivalisent de marketing pour attirer
les nouveaux actifs en mal de verdure.
Avisaux
Parisiens:
lescampagnes
vousattendent
EN
PLUS
Prix d’une
campagne
dans le métro
Les tarifs sont
confidentiels mais
d’après « Le Parisien »,
le département de
la Sarthe a déboursé
120.000 euros
pour sa campagne
d’affichage dans
le métro. A savoir que
si les collectivités ont
été si nombreuses,
c’est qu’elles ont pu
bénéficier de tarifs
préférentiels dus
aux dates de soldes
décalées.
Les annonceurs se sont
alors réduits et
les afficheurs ont
baissé les prix.
04//START Les Echos Lundi 23 novembre 2020
5. déménagé leur siège parisien dans
descommuneslimitrophes,àMon-
trouge ou à Saint-Denis, « mais c’est
moinsbiendesservi»,jugeMathilde.
Et d’ajouter : « Je ne me vois pas tra-
vailler autre part qu’à la Défense. »
Et pour le procès en « glauqui-
tude », Paris-La Défense organise
des événements sur le parvis : con-
cert de jazz, Urban Week, des
dégustations ou des ateliers, offerts
à tous. En juillet dernier, le premier
quartier d’affaires européen a
accueilli la chanteuse Suzane, pour
un premier concert gratuit à ciel
ouvert, à 150 mètres de hauteur,
perchésurlerooftopdelatourAlto.
Une alternative à la Garden Parvis,
le plus grand événement estival du
quartier, annulé en raison de la
crise sanitaire. Cette stratégie de
divertissementfaitdesheureux.«Il
estagréabledepouvoirprofiterdeces
événements à la fin d’une journée de
travail », confie Safae.
« Une forme de fierté »
Plus largement, cette jeune active
batenbrèchel’idéeselonlaquellele
cadre de vie serait triste. « Il y a pas
mal de verdure, d’endroits pour
déjeuner au calme », explique celle
qui aime se balader autour du plan
d’eau,justeàcôtédel’arrêtdemétro
Esplanade de la Défense. En début
d’année,aétélivréelapremièrepar-
tie du projet de « Parc de l’Espla-
nade », qui représentera, à terme,
7hectaresdesuperficievégétalisée.
Un quartier d’affaires champê-
tre ? La marge est encore grande
tant le béton est présent. Mais
quand même, 35 % de l’espace pié-
tonnierestvégétalisé.EtGuillaume
d’ajouter : « N’oublions pas que c’est
un quartier sans voiture. Un détail
mais un détail que j’aime. »
Et puis comme elles vont quand
même à la Défense pour travailler,
les personnes interrogées tiennent
à souligner l’émulation qui règne
dans le quartier. Mathilde aime la
modernitédeslieux,etdesatouren
particulier, avec des vues imprena-
blessurtoutParis.Lessallesderéu-
nion dernier cri qu’elle compare
aux vieux bâtiments haussman-
niens où « il y a une prise pour cinq
personnes et un radiateur qui par-
vient à peine à chauffer la pièce » .
La Défense tient à son rang de
4e quartier d’affaires mondial*,
comptabilisant 180.000 salariés,
souvent cadres, en costumes, par-
fois très bien payés. « Tout le monde
est ici pour travailler, j’aime cette
énergie », confie Guillaume, qui se
rappelle avoir été impressionné
lors de ses premiers jours. « Toutes
ces tours que j’ai toujours vues au
loin, je nourrissais un fantasme de
vie d’adulte. Maintenant que j’y tra-
vaille,jeressensuneformedefierté.»
Et il ne serait pas le seul. Selon
l’étude BVA, 92 % des salariés sont
fiers de travailler à la Défense.
Hélas, « fiers » ne veut pas dire
« joyeux » et on le sait, le quartier
n’est pas réputé pour sa jovialité.
« Maisjenesaispassic’estspécifique
à la Défense, répond Romain.
Quand on sort du métro dans Paris
intra-muros, les gens passent aussi
sans regarder les uns ou les autres.
C’estunpeupartoutpareil… ».Alors
pourquoi ces critiques persistantes
envers la Défense ? Mathilde y voit
en creux une autre critique. « J’ai
souvent l’impression que ces juge-
mentsnégatifssurlequartiersonten
réalitéuneattaquedumodèlecapita-
liste », conclut-elle. n
* Baromètre EY-ULI 2020 d’attracti-
vité des quartiers d’affaires mon-
diaux.
«Jesuisfier
detravailler
danslequartier
delaDéfense»
Pause-déjeuner sur les marches de l’arche de la Défense pendant le reconfinement, le 12 novembre.
Glauque la Défense ? Pas pour tout le monde. @Laurent Hazgui
Florent Vairet
Critiquer la Défense est
devenu un lieu com-
mun. « Glauque »,
« trop de béton », « des
transports bondés »,
« pas central »… Les critiques vont
bontrain.D’ailleurs,ellesnesesont
pasfaitesattendrelorsquej’aiposté
sur les réseaux sociaux un appel à
témoignagesdesalariésappréciant
travaillerdanslequartierd’affaires.
« Bon courage », m’a tout de suite
lancé l’un d’eux, récoltant au pas-
sage des dizaines de « J’aime ». Et
pourtant, une étude BVA comman-
dée par Paris-La Défense et publiée
en 2019 m’avait interpellé : 93 % des
salariés considèrent le quartier
comme un lieu où il fait bon tra-
vailler. En hausse de 7 points par
rapport à 2018.
Quand on s’entretient avec ces
satisfaits de la Défense (parce que
oui, j’en ai trouvé), le premier argu-
mentestlacommoditédulieu.«Un
environnementtrèsarrangeantpour
les cadres qui n’ont pas beaucoup de
temps.Ilyatoutcedontonabesoin»,
témoigne Safae. La jeune femme
cite les restaurants, les médecins,
les pharmacies et les magasins. Le
centrecommercialdes4Tempsest
quasiment dédié aux salariés.
« Hier encore (interview réalisée
avant le deuxième confinement,
NDLR), j’ai commandé un livre sur
Internet et je suis allé le récupérer en
magasin. Tous mes achats, je les fais
entre midi et 14 heures, c’est hyper-
pratique ! », raconte pour sa part
Guillaume, qui ne fait plus aucune
course durant son week-end.
Un accès direct de Paris
Mêmelepointtantdécriédestrans-
ports fait partie des arguments de
commodité, avec un accès depuis
Paris et l’Ile-de-France très satisfai-
sant, selon eux. « La ligne 1 fonc-
tionne très bien », assure Romain,
qui reconnaît que la situation peut
être plus compliquée sur le RER.
Néanmoins, il faut comparer avec
les autres options. Ces dernières
années, plusieurs entreprises ont
EN CHIFFRES
20.000mètres carrés
C’est la surface qui
devrait être réaménagée,
entre la place Basse et
la place de La Défense,
sous l’Axe historique,
d’après le projet présenté
par Paris La Défense,
en mai dernier. L’enjeu :
transformer le quartier
d’affaires en un lieu
de vie. Il devrait y avoir
une promenade
souterraine et
une programmation
sportive et culturelle.
TÉMOIGNAGES Commode, agréable, prestigieux…
Le quartier d’affaires de la Défense semble apprécié
par beaucoup plus de salariés qu’il n’y paraît.
Néanmoins, fierté ne rime pas forcément avec jovialité.
Les Echos Lundi 23 novembre 2020 START//05
6. Palmarès des levées de fonds La France de 2020 VS 2000
EXCLUSIVITÉ Crise ou pas crise, la régionalisation est bien en marche, confirme le 4e
baromètre Arthur Loyd
sur le dynamisme des villes et leur attractivité. Au total, 45 aires urbaines ont été scrutées à partir de 75 paramètres
statistiques. Alors lesquelles tirent leur épingle du jeu en 2020 ?
Montants levés par les startups En millions d'€, en 2019
Grenoble Rennes
Nice Montpellier
Lyon Lille Bordeaux
Marseille -
Aix-en-
Provence
Toulouse
Saint-Etienne
Nantes Stras-
bourg
Tours
Angers
Metz
Reims
Total hors Paris : 892 M€
Paris : 2.331 M€
Populationdes six plus grandes aires urbainesrégionales*
2000 2020
Coûtdel'acquisition de l'immobilier résidentielàParis
Nombre de lignes de tramways horsIDF
Kilomètres de lignesLGV
+17 %
× 3,6
× 5
× 2,2
Les villes les plus attractives sont...
Quelques indicateurs de la montée en puissance des régions
* Lyon, Aix-Marseille,
Toulouse,Bordeaux, Lille et Nice.
Villes de plus de 1 million d’habitants 500.000 à 1 million 200.000 à 500.000
Nombre d’habitants
Plus de 1 million
Indice d’attractivité de 0 à 1
(75 critères analysés)
500.000 à 1 million
200.000 à 500.000
100.000 à 200.000
Xxxx Ville avec le meilleur indice
en fonction de sa population
99,4 83,3
71,2 69,8
67,1 57,6 57,3
46,0
28,2
25,5
23,8
14,7
14,7
11,7
10,7
10,0
Métropolisation : les grandes gagnantes
0,43
0,54
0,42
0,50
0,49
0,57
0,29
0,55
0,51
0,43
0,40
0,39
0,38
0,32
0,31
0,45
0,48
0,46
0,31
0,41
0,39
0,45
0,44
0,44
0,42
0,42
0,53
0,53
0,61
0,60
0,57
0,50
0,49
0,38
0,37
0,26
0,39
0,39
0,62
0,38
0,35
0,58
0,51
LLLLaaaavvvvaaaallll
Nantes
Toulouse Monnnnttttpellier
NNNiort
Orléannns
Breeeest
BBBBoooorrrrdddeaux
Anggggooooooulême
Strasbouuuurg
Clermont-
FFFFeeeerrand
GGGrenobbbllle
DDDDiiijjjon
Bayonne
Anggggerssss
RRRReeeeiiimmmmsssss
Leeee Maaaannnns
Nancy
Amiens
Lille
CCChalon-suuurrrr-SSSSaaaône
CCCaaaeeennn
PPPPooooitiers
Metz
LLLiiiimogessss
Chartrrrres
Nîmes
SSSSaaaaaiiiinnnt-Etiiiienneeee
La Rochelle
Beauvaaaais
Aviiigggnon
Aix-Marseille
Toulon
Blois
Rouen
NNNiiice
Saint QQQuentin
Valenciennes
Bouuuurges
Crrrreil
DDDDoooouuuuai-Lens
Lyon
Rennes
Tours
Valence
€/m2
2.960
€/m2
10.6901.200 2.60014 707,6M 8,9M
... Qualité de vie
départements dans lesquels se
trouvent les 14 aires urbaines les
plus peuplées, après Paris (Bouches
du Rhône, Haute- Garonne, etc.)
Départements dans lesquels se
trouvent une aire urbaine de
plus de 200 000 hab. (Haute-
savoie, Gard, Doubs)
25,5
28,9
25,9
19,6
Ile-de-France
14 grandes
métropoles(hors Paris)
Grandes villes
Villes moyennes
et rurales
Destruction d’emplois :
tous les territoires touchés
Répartition au 1er
semestre 2020, en %
0,39
... Capital humain et innovation
... Performances économiques
0,47
Par Julia
Lemarchand
et Geneviève
Thibaud.
Infographie:
Maïlys Glaize.
Marseille - Aix-en-Provence
Avignon
Dijon
Angoulême
Lyon
Montpellier
Clermont-Ferrand
Valence
Toulouse
Nantes
Brest
Niort
Les premières de leur classe
dans la catégorie…
638.000
emplois
détruits
SOURCE:ARTHURLOYD,D’APRÈSTRENDEO
06//START Les Echos Lundi 23 novembre 2020
7. Ariane Blanchet
« Tout le monde parle de fuir Paris à
la pause café, mais personne ne sait
comment faire », s’amuse Kelly
Simon, cofondatrice avec Aurélie
de Cooman de la plateforme Paris
Je te quitte, lancée en 2015. Elle
raconte : « Aurélie venait d’avoir un
enfant. Elle réfléchissait à une plus
grande surface. Naturellement, elle a
pensé à quitter Paris. » En parallèle
deleuremploi,lesdeuxjeunestren-
tenaires, anciennes collègues chez
Withings, lancent alors un blog qui
metenrelationParisiensetcitadins
exilés en région.
« Changer de vie nécessite du cou-
rage.Lepartaged’expériencedeceux
qui ont sauté le pas, mais aussi les
conseilsd’expertsquiconnaissentles
régions, sont précieux ! », insiste
KellySimon.Lesite,devenuofficiel-
lement start-up en 2017 face à
l’afflux des demandes, englobe tou-
tes les étapes de la mobilité : du
choix de la ville à la recherche
d’emploi, en passant par le loge-
ment et des services de coaching.
Le confinement,
accélérateur de demandes
Pour les candidats à l’exode urbain,
les services sont gratuits. Le chiffre
d’affaires est généré par les territoi-
res et les entreprises qui cherchent
à attirer des talents. C’est avec eux
que la plupart des start-up de ce
marché prometteur travaillent
pour offrir un accompagnement
personnalisé aux candidats.
« C’est seulement une fois qu’on a
la promesse d’embauche qu’on par-
vientàs’imaginerailleurs;etensuite,
tout reste à faire », estime Aurore
Thibaud, fondatrice de Laou. Créée
en2017etforted’unelevéedefonds
de 550.000 euros deux ans plus
tard,cettestart-upaidelesprofilsIT
à trouver le job idéal en fonction de
leurs préférences personnelles
(« Des racines quelque part ? Vous
aimez la rando ? » …). Elle promet
aussi de trouver un travail pour le
conjoint, un logement et la société
de déménagement. Le tout en un
mois et demi.
PourAuroreThibaud,leconfine-
ment a agi comme « un déclencheur
psychologiquetrèsfort».Lalassitude
deParisn’estpasnouvelle,selonelle.
Mais avec la crise « le travail tend à
occuper une place moins centrale
danslesmodesdevie,etsurtout,peut
se faire en distanciel ». Entre les prix
de l’immobilier parisien qui flam-
bent depuis plusieurs années et
l’offre culturelle et économique de
plusenplusattractivedanslesvilles
moyennes, celles-ci sont peut-être
en train de prendre leur revanche.
Entoutcas,cesstart-upconnaissent
unecroissancefulgurante,quelegel
des recrutements des entreprises
clientes depuis le confinement ne
semble pas trop mettre à mal. Laou
voit son chiffre d’affaires doubler
chaque année, et espère bien deve-
nir rentable l’année prochaine.
QuantàParisJetequitte,letraficdu
site est en forte hausse depuis la fin
du confinement (+86 %), et surtout
le passage à l’action est plus net : les
dépôts de CV et les demandes de
logements ont ainsi été multipliés
partrois.
Plus de jeunes actifs
candidats au départ
« L’objectif est de retirer toutes les
barrières qui peuvent faire craindre
ledépartdeParis:lelogement,l’école
des enfants, le transfert des contrats
d’eau et d’électricité, tout y passe »,
assure de son côté Jacques Rey-
naud, chief revenue officer du cabi-
net de recrutement Cooptalis. La
jeune pousse, créée en 2012, est
devenue un géant de la mobilité
professionnelle à l’international,
avec un chiffre d’affaires de 45 mil-
lions d’euros en 2019, soit une
hausse de 80 % par rapport à 2018,
avec en moyenne 3000 mobilités
réalisées par an.
Dans le sillage de ces généralis-
tes, les nouvelles plateformes de
déménagementmettentenconcur-
rence des centaines de sociétés en
proposant par ailleurs des services
de conciergerie : leur marché
explose.Utilyavusesactivitésdou-
bler depuis mars. Perspectives de
croissance florissantes que partage
Nextories avec une hausse des
déménagements de 60 %.
Le profil des candidats au départ
a aussi évolué : « Avant la crise, nos
clients avaient autour de 40 ans,
50 ans ou plus. Aujourd’hui, on voit
unpeuplusdetrentenaires,toujours
des CSP+, et ceux-ci n’hésitent plus à
partir dans des villes moyennes à
500 kilomètres de Paris, contre 200
en moyenne avant le confinement »,
note Mike Dejardin, fondateur
d’Utily.
Unedemanded’unnouveautype
a donc explosé, celle des jeunes
actifs, aux motivations nouvelles :
« Depuis mars, les requêtes priori-
sent le choix de la région à l’opportu-
nité professionnelle », explique Isa-
belle Prémont, directrice de la
relocation chez Cooptalis. Et elles
proviennentdeplusenplusdefree-
lance, qu’aucun travail ne retient à
Paris : elles ont été multipliées par
cinq auprès d’Izyfree, filiale de
Cooptalis. Le nombre de profes-
sionnels qui décident de s’installer
enrégionenconservantleurtravail
à Paris a aussi augmenté, sans
doute favorisé par la hausse des
lignes à grandes vitesses françaises
quisontpasséesde1.200kilomètres
en 2000 à 2.600 en 2020.
En comparaison aux Etats-Unis,
aux pays nordiques et à l’Allema-
gne, où la mobilité des travailleurs
est beaucoup plus fluide, la France
semble à la traîne, ses collectivités
Entreprendre en région,
le bon filon ?
et entreprises en région peinent
encore à trouver des talents. Mais
l’arrivée de start-up de relocation
montre que le train est pris.
Si le mouvement s’accélère, que
représentera le marché de la mobi-
lité professionnelle ? Aux Etats-
Unis, les entreprises et travailleurs
n’hésitent pas à déménager (même
dansunautreEtat)àcausedeloyers
exorbitants dans les grandes villes.
D’aprèslecabinetIDC,pasmoinsde
60 % des travailleurs américains
seront mobiles en 2024, soit 15 mil-
lionsdeplusqu’aujourd’hui.Defait,
lesgéantsdelarelocationpullulent
aux Etats-Unis, comme BGRS qui
réalise 60.000 mobilités par an en
moyenne, dans 180 pays. n
TENDANCE Recherche d’emploi, de logement,
déménagement… Pour quitter Paris, on a souvent
besoin de soutien. Les start-up l’ont bien compris,
aidées par les territoires et entreprises qui cherchent
à attirer des actifs.
FuirParis,un
nouveaubusiness
pourlesstart-up
initiatives, tant à l’échelle locale
que nationale. Sur ce dernier
point, citons le label French
Tech, créé en 2013 et qui
concerne désormais 13 capitales
et 38 communautés reconnues
pour leur écosystème start-up,
et les 32 Pôles étudiants pour
l’innovation, le transfert et
l’entrepreneuriat (Pépite).
Grenoble, en tête du
palmarès régional
« L’attractivité des territoires est
l’aboutissement de politiques
publiques qui viennent booster
l’écosystème », insiste Cevan
Torossian, directeur du pôle
études et recherche chez Arthur
Loyd. Son cabinet, expert en
immobilier d’entreprise, a
compilé des données de
Trendeo, l’observatoire de
l’emploi et de l’investissement,
pour faire un état des lieux du
financement de l’écosystème
en région.
Sans surprise, la capitale reste
le point névralgique, avec
2,3 milliards d’euros levés l’an
dernier. Mais les régions se
défendent bien : 892 millions
d’euros. « Le nombre de levées
de fonds a augmenté de 26 % en
région sur un an pour atteindre
459 opérations », précise Cevan
Torossian. L’augmentation est
seulement de 7 % en Ile-de-
France (356 levées de fonds en
2019). En tête du palmarès
régional ? La ville de Grenoble,
qui a réussi à capter 99 millions
d’euros, devant Rennes
(83 millions d’euros) et Nice
(71 millions d’euros). n
Fabiola Dor
« Après huit ans dans la capitale,
ma compagne et moi avons décidé
de quitter Paris pour améliorer
notre qualité de vie », confie
François Deprez, fondateur
de Sparkl Trade, une plateforme
de négoce spécialisée dans les
pierres précieuses, lancée en
juin 2019. La start-up, incubée
par l’Edhec et installée à
Station F, s’apprête à déménager
à Angers, la ville natale de
François. Pour préparer sa
délocalisation, l’entrepreneur de
trente ans a noué des liens avec
le tissu local. Il a notamment
candidaté à l’antenne du Maine-
et-Loire du Réseau Entreprendre
qui accompagne environ
1.500 start-up chaque année
partout en France, et leur
accorde un prêt à taux zéro
de 29.000 euros en moyenne.
Laurent Blandin, délégué
territorial de la structure,
rappelle que « l’accompagnement
local offre un accès direct aux
décideurs. Nous aidons les
entrepreneurs sélectionnés à
trouver de nouveaux leviers
de développement ».
Cette proximité facilite la prise
de décision et impacte aussi le
développement des projets.
Après avoir fait chou blanc dans
sa recherche de fonds à Paris,
Sébastien Célestine, cofondateur
d’All Mol, une marketplace
lancée en 2009, a délocalisé son
entreprise et posé ses valises en
Guadeloupe, en 2013. Un an plus
tard, sa structure devient une des
premières start-up ultramarines
à obtenir la bourse French Tech
de la BPI (Banque publique
d’investissement) et empoche
une aide de 30.000 euros. Et en
janvier 2020, l’entreprise a été
sélectionnée dans le programme
French Tech 120, sur les start-up
françaises les plus prometteuses.
« Les entrepreneurs en région
n’ont rien à envier à la capitale.
Les collectivités territoriales ont
beaucoup investi pour bien les
accueillir », analyse Thibault
Beucher, président du Réseau
Entreprendre Maine & Loire. Ce
changement de cap passe par le
développement en région des
incubateurs, tiers-lieux, espaces
de co-working, quartiers « gare »
comme à Nantes ou à Lille avec
des centres d’affaires à cinq
minutes à pied du train…
Pour tous les experts, le boom
de l’entrepreneuriat en région est
le résultat de multiples
Jusqu’à récemment, il
était fortement conseillé
de lancer sa boîte à Paris.
Désormais, les régions
ne sont plus en reste.
Pour les experts,
le boom de
l’entrepreneuriat en
région résulte de
multiples initiatives,
tant à l’échelle locale
que nationale.
Rejoignez les entreprises
qui prennent soin de leurs salariés,
stagiaires, alternants et candidats
Des start-up comme Laou accompagnent des Franciliens motivés par une mobilité en région.
Elles promettent d’aider à trouver le job idéal, un logement et la société de déménagement. @iStock
Les Echos Lundi 23 novembre 2020 START//07
8. DANS L’ENFER DE… Certains Parisiens, las de la capitale, ont préféré quitter la Ville Lumière. Mais, entre
problématiques professionnelles et difficultés d’intégration, ce changement de vie ne se passe pas toujours
comme prévu. D’où l’importance de bien anticiper reconnaissent ceux qui en ont fait l’expérience.
IlsontquittéParis,etn’avaientpas
anticipétoutescesgalères
Quelques conseils d’anciens Parisiens pour les aspirants à l’exil en région, afin de ne pas déchanter à l’arrivée : ne pas partir sur un coup de tête, prendre le temps de trouver un endroit dans lequel on se sent
bien, s’y rendre à différentes périodes de l’année et assurer ses arrières professionnellement. @Getty Images
surtout, un confort de vie qu’ils
n’avaient pas à Paris. « On a
aujourd’hui une vie paisible, et nos
enfants vivent leur meilleure vie »,
s’enthousiasme Julie. « On prend
enfin le temps de vivre, ajoute
Camilla.Lerythmes’estassoupli,les
journéessemblents’êtreallongées…»
« Pour que ça se passe bien, il ne
faut pas avoir peur de vraiment
changer de vie, préconise Julie. Il
faut prendre conscience que l’herbe
n’est pas toujours plus verte ailleurs.
On quitte des inconvénients à Paris,
mais on en rencontre d’autres
ailleurs. » Ses recommandations ?
Ne pas partir sur un coup de tête,
prendre le temps de trouver un
endroit dans lequel on se sent bien,
s’y rendre à différentes périodes de
l’année et assurer ses arrières pro-
fessionnellement. Pour elle, la
recette semble porter ses fruits :
« Paris ne me manque pas du tout »,
sourit Julie. n
EN
PLUS
Ces cadres
franciliens
qui veulent
fuir Paris
Huit cadres sur dix
envisagent de quitter
la capitale, selon
la dernière étude
de Cadremploi publiée
en août 2020. Un chiffre
relativement stable par
rapport aux autres années.
En revanche, un tiers
des sondés recherche
activement un poste ou
a demandé une mutation
(+3 points en un an).
Les trois villes les plus
attractives auprès
des Franciliens : Bordeaux
(51 %), Nantes (44 %)
et Lyon (31 %), toutes
à 2 heures en TGV.
2018, selon l’Association pour
l’emploi des cadres), et ces derniers
connaissent traditionnellement un
faible taux de chômage, inférieur à
5 %.
« En dehors de Paris, et dans une
moindre mesure des grandes métro-
poles,iln’ya p a r f o i s p a s d e
“marché du travail”, alors
quand on a un job, on fait
toutpourlegarder»,
analyse le sociolo-
gue Jean Viard, qui
travaille notamment
sur la mobilité et
l’aménagement du
t e r r i t o i r e . E t
d’ajouter:«LaVen-
dée est un territoire
qui se développe très
bienautourd’unepay-
sannerie devenue entre-
preneuriale. La plupart des
acteurs se connaissent depuis la
maternelle. Quand on débarque, ce
n’est pas par le CV qu’on va trouver
un job, mais par les liens d’amitié. »
Finalement, Camilla profite de
cettepériodederecherched’emploi
et de son temps libre pour raconter
son quotidien, en dessins, sur son
compte Instagram. Au fil des mois,
elle gagne des abonnés, jusqu’à
recevoir des commandes d’illustra-
tions. « J’ai fini par devenir illustra-
trice, en travaillant depuis chez moi.
Activité dont je tire mes revenus
aujourd’hui. »
Du temps pour s’intégrer
Autredifficulté:créerdevraisliens
d’amitié. « Les Vendéens sont adora-
bles, hyper gentils, cordiaux et cha-
leureux, constate Camilla. Mais on
reste bloqué à l’étape de la franche
cordialité. C’est difficile de passer le
pas de la porte. » Cette mère de
famille avait l’impression que les
relations étaient plus spontanées
danslacapitale.«AParis,quandon
s’entendait bien avec quelqu’un, au
bout de trois-quatre discussions, on
s’invitaitàboireunverrechezl’unou
chez l’autre. »
« A la campagne, on dit souvent
que lorsque quelqu’un vient s’instal-
lerprèsdechezsoi,onneluiparlepas
la première année, explique Jean
Viard, auteur notamment du livre
“C’est quoi la campagne ?” Pour-
quoi ? Car beaucoup de citadins
emménagentaveclavisiondelacam-
pagnesympaenété,maisnesuppor-
tentpasl’hiveretrepartentaprèsseu-
lement un an. Les locaux, qui ont pu
s’habituer à la solitude, n’ont pas
envie de s’attacher à des gens qui
repartent. Ils attendent l’année sui-
vante pour être sympas. »
Julien, 43 ans, installé dans un
bourg en périphérie de Lyon, a lui
aussi eu du mal à nouer des liens
d’amitié. Lui a quitté Paris en 2016
pour suivre sa conjointe, qui a
grandidanslacapitaledesGauleset
trouvéunemploilà-bas.«LesLyon-
nais ont leurs potes d’enfance, qui
habitent à côté. Ils n’ont pas besoin
d’élargir leur cercle au-delà des gens
du cru. Si on n’est pas nés dans le
coin, on les intéresse beaucoup
moins », constate-t-il. Ce père de
deux enfants a fini par se faire des
amis, au bout de trois ans, en
s’investissant dans une association
de parents d’élèves.
Professionnellement, ce change-
ment de vie n’a pas été facile. Au
départ, il garde son poste d’archi-
tecteàParis,etfaitlesallers-retours
trois fois par semaine en train.
«Assezcrevant»,dit-il.Puisildécro-
che un poste dans une grosse
agence d’architectes à Lyon. Son
salaire est divisé par deux. « Cer-
tainsdirontquecen’estpasgravecar
le coût de la vie est moins élevé en
région,maisçaresteàprouver!»lan-
ce-t-il. Et d’énumérer ses dépenses :
« J’ai dû acheter une voiture, il faut
payer l’assurance, le stationnement,
l’essence… Tandis qu’à Paris mon
employeur me payait ma carte de
transport en commun et j’avais un
scooter. Et puis les gardes d’enfants
sontplusgalèreàtrouver.Etlanour-
riture ne coûte pas moins cher. » Ce
qui lui manque le plus depuis son
départ ? Lui qui aimait passer son
temps dans les musées et aller voir
des concerts regrette surtout l’offre
culturelle de la capitale.
« Prendre le temps
de vivre »
Pour Julie, Camille et Julien, s’ins-
taller en région n’a pas été de tout
repos. Mais ils y vivent encore. Car
eux et leurs enfants y ont aussi
trouvé de nombreux avantages. Et
qu’enunesemainejeperdaisenviron
douzeheuresdanslestransports,soit
une journée, ça a été un choc » , se
rappelle-t-elle.Etpuis,unsoir,alors
qu’elle couche sa fille, celle-ci lui
glisse : « C’est dommage qu’on voie
plus la maîtresse que toi » . « Ça a été
compliqué dans mon cœur
demaman»,révèle Camilla.
L’idée de quitter la V i l l e
Lumière fait son
chemin.
En 2018, son mari
se voit proposer un
poste de responsa-
ble technique à La
Roche-sur-Yon, en
V e n d é e , q u ’ i l
accepte. « On a vécu
ça comme une fuite,
raconte la trentenaire.
Ons’estditqu’ilfallaitsai-
sir cette opportunité car
l’occasion ne se représenterait peut-
être pas, et que ça pourrait être une
étape.»Lafamilles’installe,avecses
deux enfants alors âgés de 8 et 11
ans, dans une grande maison de
180m2 avecunjardind’unpeuplus
d’unhectare,dansunhameauentre
L a R o c h e - s u r - Y o n e t L e s
Sables-d’Olonne. « On est arrivés la
fleur au fusil dans un département
dans lequel je n’avais jamais mis les
pieds », résume Camilla.
Trouver un emploi,
pas une mince affaire
Sur place, cette ancienne directrice
de communication dans une
agencesemetenquêted’unemploi.
Elle envoie une cinquantaine de CV
pour des postes dans son domaine,
la communication, « avec moins de
responsabilités que le job que j’avais
avant ». Mais à sa grande surprise
elle ne reçoit aucune réponse,
mêmeaprèsdesmoisderecherche.
« J’avais toujours bossé sans diffi-
culté et je n’avais pas anticipé cela,
révèle-t-elle. Je me suis sentie vexée
et me suis beaucoup remise en ques-
tion. Ça a été très difficile à vivre. Il a
falluserendreàl’évidence:jenetrou-
verais pas dans mon domaine. »
Ilfautdirequ’àParislemarchéde
l’emploi est unique en France, et
particulièrement dynamique. L’Île-
de-France est la région qui compte
le plus de cadres (1,4 million en
Chloé Marriault
« Lorsque j’ai appris que mon mari
avait décroché une promotion et
qu’on quittait Paris pour déménager
àMarseille,j’aisautédejoie!»sesou-
vient Julie, 40 ans. Cela faisait quel-
ques années que cette Parisienne
d’originesongeaitàpartirdelacapi-
tale. En cause : le manque de ver-
dure, le coût de la vie, la grisaille…
« Les attentats de 2015 ont été le
déclic. Je ne voulais pas rester dans
cette ville où je ne me sentais plus en
sécurité », confie-t-elle. Partir s’ins-
taller dans le Sud est un soulage-
ment, pour elle et son conjoint, ori-
ginaire d’Avignon.
Le couple ne connaît pas Mar-
seille, et s’imagine y vivre comme à
Paris, mais en mieux, avec le soleil
et les calanques. « En cherchant
notre futur lieu de vie, nous avons
essayé de recréer notre environne-
ment parisien, relate Julie. Un
appartement en centre-ville, proche
d’unPicardetd’unMonoprix,avecle
métro pas loin. » En 2016, ils emmé-
nagent avec leurs deux enfants, à
l’époque âgés de 5 et 8 ans. « Sur le
papier, ça semblait idyllique, avance
la mère de famille. En fait, nous
avons complètement idéalisé ce
changement de vie et on a très vite
déchanté. »
Ne pas se sentir
la bienvenue
D’abord, professionnellement.
Cette blogueuse lifestyle, qui vit de
partenariats avec des agences, voit
ces dernières la lâcher petit à petit,
au profit d’autres blogueuses res-
tées à Paris. « C’est un problème que
rencontrent souvent les indépen-
dants qualifiés, comme les graphis-
tes,lesdéveloppeurs,lesjournalistes,
les artistes, etc., quand ils quittent la
capitale et télétravaillent », observe
Élie Guéraut, sociologue, postdoc-
torant à l’Université de Strasbourg,
quitravailleentreautressurlestra-
jectoires sociales, professionnelles
et résidentielles des diplômés de
l’enseignement supérieur. Au
départ, ils arrivent à maintenir leur
activité. Mais, en raison de la dis-
tance, ils ne vont plus aux soirées,
aux événements. « La sociabilité
qu’ils entretenaient là-bas leur per-
mettaitdesoignerleurréseauprofes-
sionnel, poursuit le sociologue.
Quand ils s’en vont, le carnet de
clients ou de collaborateurs s’ame-
nuise peu à peu. »
Socialement, aussi. Julie s’atten-
dait à ce que les gens du quartier
soient heureux de les voir débar-
quer et que la famille se ferait de
nouveaux amis facilement. Finale-
ment non. La Parisienne ne se sent
pasbienvenue:«J’aisouvenird’une
fois où j’ai demandé mon chemin
dans la rue et où on m’a répondu
“vous avez l’accent parisien, donc
pour vous, ce sera à gauche”, alors
que la destination était à droite. »
Quitter Paris, une erreur ?
Julie, pour qui la solitude com-
mence à peser, se rend compte que
l’image de carte postale qu’elle
s’était imaginée ne correspond pas
à la réalité. « Le bruit, la saleté dans
les rues, le trafic routier, le mistral…
Marseille n’était tout simplement
pas pournous. Ilm’estarrivéd’avoir
l’impression d’avoir fait la plus
grosse erreur de ma vie en quittant
Parisetdemedemanders’ilnevalait
pas mieux y retourner. »
Après trois années dans la cité
phocéenne, son conjoint obtient
une mutation pour Nice. La famille
pliebagage,directionAntibes,làoù
Julie et lui ont étudié pendant qua-
tre ans et passé tous leurs étés
depuis. Une ville qu’ils connaissent
etaffectionnent.Cettefois-ci,lecou-
ple opte pour une maison dans une
zonerésidentielle,avecjardinetpis-
cine,à1kmdelamer.«Unpetitcoin
de paradis » pour la famille. Là-bas,
Juliealancésaboutiqueenlignede
vêtements et accessoires. Et sem-
ble, cette fois, arrivée à bon port !
Arriver « la fleur au fusil »
Comme elle, Camilla, 38 ans, a
quitté Paris pour une région qu’elle
neconnaissaitpas.Ellequiagrandi
en Seine-et-Marne et habitait à
Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne)
enavaitmarredurythmeeffrénéde
sa vie en banlieue. Marre de passer
quotidiennement entre 1 heure 30
et 2 heures 30 dans les transports.
Idem pour son conjoint, coincé
dans les bouchons matin et soir.
« Quand je me suis rendu compte
La
mobilité
à l’épreuve
de la réalité
08//START Les Echos Lundi 23 novembre 2020
9. Lauriane, designer
de 26 ans, partage sa vie
entre La Rochelle et Paris.
« Etudiante aux Beaux-Arts
d’Angers, je suis partie en juin 2018
effectuer un stage à Paris. J’ai pu
faire de nombreuses expositions,
rencontrer du monde, sortir avec
mes amis… Une fois diplômée, à
l’été 2019, j’ai lancé mon autoentre-
prise en tant que designer et j’ai
cherché un studio à Paris. Cinq
moisplustard,toujoursrien,aucun
propriétaire ne voulait de moi en
raison de mon activité.
Jevivaisentrechezmesparentsà
Rennes, chez mon compagnon à
La Rochelle, et chez une amie à
Paris, dans son 25 mètres carrés. Il
était temps de trouver une stabilité.
Alors, je suis partie à La Rochelle, à
2h30enTGVdelacapitale.Là-bas,
pour 600 euros, à peine le prix d’un
studio à Paris, je peux avoir un
appartement suffisamment grand
pour y installer mon atelier. Autre
avantage:jesuisàcôtédel’océanet
peux me balader en pleine nature.
Hors période de confinement, je
passe trois jours par semaine à
Paris. Je dors chez des amis ou je
trouveunelocationsurWeekAway,
laplateformedédiéeàcellesetceux
qui travaillent dans une autre ville.
Cela a un coût mais ça a un intérêt
pour mon travail. Etre autoentre-
preneur est un métier de relations
et de contacts. Après mes journées
detravail,j’enprofitepourallervoir
des expos, réseauter, passer du
temps avec mes collègues autour
d’un verre ou d’un dîner… Le reste
du temps, à La Rochelle, je me con-
centre sur mes projets.
J’adorelavieàParis,jenemever-
rais pas passer 100 % du temps à
La Rochelle. Habiter en province et
passer une partie de la semaine
dans la capitale est complémen-
taire. » n
LE MATCH Pour améliorer leur qualité de vie, certains choisissent de mener une double vie : résider et vivre
loin de Paris… tout en y gardant un pied, travail oblige. Une vie ponctuée d’allers-retours. Ce qui plaît ou pas.
Par Chloé Marriault
Vivreenrégionstoutentravaillant
àParis,LAbonneidée?
Xavier, consultant manager
de 42 ans, vit entre Le Mans
et Paris.
« Ma compagne et moi partagions
l’envie de partir en province pour
gagner en qualité de vie. En 2005,
alors étudiante en médecine, elle a
obtenu une place à l’internat
d’Angers. Nous y avons déménagé,
ravis, mais j’ai gardé mon poste de
chef de projet dans des services
informatiques à Paris.
Pendantdeuxansetdemi,j’aifait
les allers-retours Angers-Paris. Je
partaisà5h30,pourêtreà8heures
au boulot, et le quittais à 17 h 30,
pour être de retour à 20 heures
Désormais “navetteur” [ceux qui
transitent chaque jour entre une
régionetParis,NDLR],jenepouvais
plusrestertardlesoiretrefusaisde
faire des réunions à 18 heures.
Je ne profitais pas d’Angers en
semaine mais le week-end, c’était
unplaisird’êtrelà-basmêmeavecla
fatigue de la semaine. En 2008,
nousavonseunotrepremierenfant
et j’ai trouvé un emploi à Angers.
Quel bonheur ! Mon salaire était
nettement plus bas mais je mettais
cinq minutes en voiture pour aller
au travail, je pouvais rentrer man-
gerchezmoilemidi,passerplusde
temps avec mes proches…
Hélas, j’ai perdu mon travail en
juin 2009. Après avoir travaillé à
Nantes, j’ai décroché un emploi à
Paris en 2012. Je fais du conseil en
stratégie informatique, impossible
d’être loin de la capitale. Un
deuxième enfant arrivait et on s’est
dit qu’on ne pouvait pas rester à
Angers avec le rythme d’avant.
Nous avons déménagé au Mans,
villeàseulementuneheuredeParis
en TGV. Je ne fais pas les allers-re-
tours par plaisir. Je loupe des
moments en famille, je ne peux pas
emmener mes quatre enfants à
l’école, ni aller les chercher. » n
Habiter
en province
et passer
une partie
de la semaine
dans la capitale
est complé-
mentaire. »
LAURIANE
Je loupe
des moments
en famille,
je ne peux pas
emmener
mes quatre
enfants à
l’école, ni aller
les chercher. »
XAVIER
Les Echos Lundi 23 novembre 2020 START//09
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