Quels sont les enjeux liés à la participation des femmes sur le marché du travail ? Cerner les enjeux, c’est à la fois définir les dangers possibles et les opportunités à saisir.
1. Quels sont les enjeux liés à la participation des femmes sur le marché du travail ? Cerner
les enjeux, c’est à la fois définir les dangers possibles et les opportunités à saisir.
1. Parce qu’elles ont une situation précaire sur le marché de l’emploi, les femmes seront
victimes des mesures d’austérité prises par le gouvernement belge : la perte de leur autonomie
financière sera bien réelle !
- Pourquoi ont-elles une situation précaire sur le marché de l’emploi ?
Une des raisons pour lesquelles la femme se trouve dans cette position dangereuse est notamment
liée à son rôle de mère. Selon les chiffres de l’ONEM, plus de trois-quarts des congés thématiques
(congé parental, assistance médicale et soins palliatifs) sont pris par des femmes; cette proportion
atteint 78% en ce qui concerne le congé parental.
Comme notre politique d’accueil de l’enfance n’est pas assez efficace pour offrir à chaque parent la
possibilité de travailler, l’un des parents doit souvent prendre des dispositions pour s’occuper des
enfants. Si culturellement la femme a la plupart du temps été celle qui sacrifiait sa vie professionnelle
pour assumer son rôle de mère, il y a aussi, derrière ce choix, un choix économique de la part
du couple puisque l’homme a généralement un emploi mieux rémunéré et/ou hiérarchiquement
plus élevé, l’écart salarial moyen étant de 23%. Malgré notre lutte pour l’égalité des genres, cette
tendance est difficile à renverser, ce qui explique que 4/5 des travailleurs à temps partiel soient des
femmes.
Or les mesures d’austérité touchent principalement le statut de cohabitant et les emplois à temps
partiel. Dès lors, nous pouvons parler de mesures discriminatoires mettant à mal l’autonomie
financière des femmes puisque ce sont elles qui détiennent le plus souvent le statut de cohabitant et
qui occupent, en grande partie, les emplois à temps partiel. Ainsi, elles sont en première ligne pour
être touchées par les mesures qui ont été prises par le gouvernement belge. On pense notamment
à la dégressivité des allocations de chômage, à la définition plus sévère de l’emploi convenable et
aux restrictions sur le crédit-temps.
2. 2. Il y a aussi un réel danger de voir se renforcer les
stéréotypes liés aux rôles de la femme.
Les stéréotypes sexistes sont omniprésents dans notre société, dans les médias, dans la publicité,
dans les manuels scolaires… Qui joue à la poupée et qui joue aux voitures ? Qui fait le repassage
à la maison ? Qui élabore la construction des ponts et qui scanne les courses à la caisse du
supermarché ? Qui consacre le plus de temps à s’occuper des enfants ?
Acausedudémantèlementprogressifdesservices
publics et du recul des prestations sociales
et familiales, les femmes seront contraintes
d’assurer des tâches qui étaient prises en charge
par la collectivité. La femme devra donc passer
plus de temps à la maison au détriment du travail
rémunéré, de son autonomie, voire de sa santé.
Une étude récente de l’OCDE (l’Organisation de
Coopération et de Développement Économiques)
en arrive à la conclusion suivante : l’égalité
des femmes et des hommes risque bien de se
dégrader suite à la crise économique. Elle pointe
notamment le fait que la crise du secteur public
touchera davantage les femmes puisque les
emplois publics sont majoritairement occupés par
les femmes.
Par exemple, en Belgique, les SPF (Services
publics fédéraux) comptaient 37.394 hommes
et 41.742 femmes en 2012. Les effectifs du
personnel fédéral ne cessent de diminuer en 2012
; entre 2008 et 2012, le nombre de fonctionnaires
fédéraux est passé de 83783 à 79.136 personnes.
L’OCDE rappelle aussi que si les femmes
travaillent, cela entraine un impact positif sur la
productivité et sur la croissance économique.
3. La dégressivité des allocations de chômage est une mesure prise par le gouvernement en 2012:
les allocations diminuent plus rapidement jusqu’au niveau minimal. Diverses raisons font que les
femmes seront plus touchées par cette mesure. Tout d’abord, les cohabitant(e)s passent plus vite
aux allocations les plus basses, notamment au forfait de 484€ par mois, or ce sont davantage les
femmes qui ont ce statut de cohabitant (une chômeuse sur deux contre un chômeur sur trois). Ensuite,
cette mesure sera plus lourde pour les travailleurs à temps partiel, or ceux-ci sont principalement
des femmes.
L’emploi « convenable » s’apprécie sur base de critères qui sont l’horaire de travail, la
distance domicile-travail et la rémunération. Avant, si la distance domicile-travail ne dépassait pas
25 km, il n’était pas tenu compte de la durée des déplacements. Depuis les nouvelles mesures,
cette distance est passée à 60 km. Il est désormais impossible de refuser, dans un rayon de 60
km, des emplois impliquant une absence de plus de 12 heures ou des déplacements de plus de 4
heures entre le domicile et le lieu de travail. Dans cette optique, comment un travailleur pourra-t-
il encore concilier vie de famille et travail ? Rappelons qu’un travailleur qui devient chômeur suite
à l’abandon ou au refus d’un emploi convenable peut être exclu du bénéfice des allocations de
chômage. L’avenir professionnel de la femme se retrouve donc fragilisé puisque lorsqu’un parent
doit arrêter de travailler, le choix se porte généralement sur la femme pour des raisons culturelles et
économiques.
Le crédit-temps est une solution qui existe pour réduire notre temps de travail ou arrêter de
travailler pendant une période déterminée sans perdre nos droits. Depuis le 1er septembre 2012,
un nouveau régime de crédit-temps est d’application. Les conditions sont devenues plus sévères,
une carrière plus longue est exigée et le droit aux allocations pendant cette période fait l’objet
d’une nouvelle restriction dans le temps. Tous les travailleurs des secteurs privé et public peuvent
bénéficier de congés thématiques (congé parental, assistance médicale et soins palliatifs). Dans le
privé, on parle de « crédit-temps » et, dans le public, d’ «interruption de carrière». Rappelons les
chiffres de l’ONEM : plus de trois-quarts des congés thématiques sont pris par des femmes et cette
proportion atteint 78% en ce qui concerne le congé parental.
Nous sommes bien conscients que le crédit-temps tel qu’il existe n’est pas une mesure bénéfique
pour l’égalité homme-femme puisqu’il incite les femmes à ne pas travailler. Cependant,
si les restrictions sur le crédit-temps ne sont pas contrebalancées par d’autres mesures
ou par la création de places d’accueil pour les enfants, la situation des femmes s’en fera
ressentir avec une perte d’autonomie financière toujours plus importante.
4. Même si, au 21e siècle, l’égalité est avant tout un combat pour un changement culturel,
le politique a un rôle important à jouer puisque, au final, c’est lui qui a les cartes en main
pour renforcer ou réduire les inégalités.
Travailler ou chômer ? Dans notre système actuel, il existe de nombreux pièges à
l’emploi, qui incitent à ne pas travailler. Lorsqu’on tient compte des frais liés au travail
(déplacements, garde des enfants) et des avantages liés au statut social (allocations
familiales majorées), la différence entre le salaire net reçu en échange d’un travail et
l’allocation de chômage est parfois minime. Ainsi, beaucoup de femmes ne travaillent
pas car, en raison de leur situation familiale, elles bénéficient de droits sociaux et
d’avantages fiscaux importants. On appelle cela un piège à l’emploi. En Belgique, les
pièges à l’emploi sont possibles car notre sécurité sociale actuelle fonctionne selon
une conception familialiste. La réforme viserait à l’individualisation des droits sociaux et
fiscaux. Evidemment, il faudra veiller à ce que les personnes ayant fait certains choix de
vie dans le passé ne soient pas pénalisées par le nouveau système. Enfin, cette réforme
nécessite un important changement de mentalité, et c’est là tout l’enjeu des politiques
d’égalité.
Les Jeunes Socialistes s’engagent
dans le combat féministe du 21e
siècle. Ils ont des revendications et
des propositions à faire.
Prochainement disponible : Fiche-
info « Le combat féministe du 21e
siècle : nos propositions»
«We Can Do It!» ou
«Rosie the Riveter»
J. Howard Miller, 1943.