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Michel Bruley
Michel BruleyMarketing Director à Michel Bruley

Il s'agit d'une compilation sur la famille Bruley, avec la généalogie, l'origine du nom, les métiers exercés et les lieux ...

Compilation sur la famille
Michel Bruley
Novembre 2015
Compilation sur la famille 1/77
Novembre 2015
Préface
Dans ce document, j’ai regroupé différents textes ou photos relatifs à la famille, sa
généalogie, l’origine et l’orthographe de son nom, les métiers que certains de ses membres
ont exercés et les lieux du pays d’Othe qu’elle a habités.
1 – Généalogie
 Texte de Bruley-Mosle …………………………………………………………………………………………..2
 Origine & orthographe du nom ……………………………………………………………………………..9
 Arbres généalogiques ………………………………………………………………………………………….14
2 – Métiers
 Paysans au 17ème
& 18ème
siècle …………………………………………………………………………..19
 Autres métiers au 18ème
& 19ème
siècle ………………………………………………………………..27
 Fabricants au 19ème
& 20ème
siècle ……………………………………………………………………….31
 Un ancêtre aventurier …………………………………………………………………………………………48
3 – Lieux
 Extrait de la notice sur Estissac & Thuisy ……………………………………………………………..52
 Village de Bruley ………………………………………………………………………………………………….65
 Lieux cités dans différents textes …………………………………………………………………………69
Bonne lecture,
Michel Bruley
Compilation sur la famille 2/77
Généalogie de la famille
Bruley
Par Bruley-Mosle
Compilation sur la famille 3/77
Préface
Bruley-Mosle a écrit un court texte qu’il a intitulé Généalogie de la famille Bruley Félix
Bonaventure, dit Bonnot Bruley marié à Virginie Darce en janvier 1832. J’ai repris ici ce
texte dans sa totalité, en adaptant juste quelques fois la mise en page pour en faciliter la
lecture.
D’autre part, j’ai rajouté en annexe des éléments sur l’histoire du village de Neuville sur
Vanne, dont la famille est originaire, ainsi qu’un index de tous les lieux cités dans le texte.
Bonne lecture,
Michel Bruley
Compilation sur la famille 4/77
Généalogie de la famille Bruley Félix Bonaventure,
dit Bonnot Bruley, marié à Virginie Darce en janvier 1832
Le premier ascendant de la famille auquel on peut remonter est Jean Bruslé, dont nous n’avons pas
la date de naissance, pour cause que l’état ecclésiastique de Neuville ne remonte qu’à 1677.
Ensuite viennent :
 Jean Bruslé (2ème
) né à Neuville en 1686,
 Louis Bruley né à Aix-en-Othe en 1723,
 Nicolas Joseph Bruley né à Neuville en 1764,
 Félix Bonaventure Bruley né à Neuville le 27 Brumaire de l’an IX, 18/11/1800.
Historique de la famille
Jean Bruslé, dont nous n’avons pas la date de naissance est certainement né à Neuville où il s’est
marié en premières noces à Marie Vasselin en 1682, et en secondes noces, aussi à Neuville, à Anne
Carillon en 1694.
Note : Dans l’acte de mariage de Jean Bruslé, les noms de ses père et mère ne sont pas mentionnés,
il est dit qu’il était de Neuville, mais son âge et sa date de sa naissance n’y sont pas indiqués. Marie
Vasselin, sa première femme, était de Villemaur. Mariage en 1682. Anne Carillon, sa seconde femme
était de la paroisse de ‘Sciant’-en-Othe. Les bans ont aussi été publiés à St. Benoist-sur-Vanne.
Pourquoi ? Mariage en 1694.
De ces deux mariages sont nés cinq enfants, dont trois garçons et deux filles :
 Anne Bruslé née à Neuville le 24 février 1685,
 Jean Bruslé né à Neuville en 1686,
 Catherine Bruslé née à Neuville en 1692,
 Charles Bruslé né à Neuville en 1697,
 Claude Bruslé né à Neuville en 1698.
Du mariage des enfants de Jean Bruslé 1er
nous ne connaissons que deux dates :
1. Jean Bruslé (2ème
) marié à Neuville en 1706 à Marie Menneret,
2. Catherine Bruslé mariée à Neuville en 1713 avec Nicolas Dusset, elle avait 21 ans et Nicolas
Dusset 26 ans.
Anne Bruslé s’est mariée à Louis Mussin, boulanger à Bourg de Partie. Le mariage n’eut pas lieu à
Neuville, mais probablement à Aix-en-Othe. Nous ne connaissons pas la date. Des deux autres
garçons de Jean Bruslé 1° qui sont Charles et Claude Bruslé, nous ne savons où ils se sont mariés.
De Neuville, où il habitait, Jean Bruslé 1°, marié en premières noces à Marie Vasselin et en secondes
noces à Anne Carillon, est allé être fermier au Mont d’Aix-en-Othe. Mais quand il y est allé, un de ses
fils Jean Bruslé (2ème
) était déjà marié à Marie Menneret en 1706 à Neuville, et il est probable
qu’après la mort de Jean Bruslé (1°) ce soit son fils Jean Bruslé 2ème
qui lui succéda à la ferme.
Après la mort de leurs père et mère, les cinq enfants de Jean Bruslé (1°) se partagèrent la succession,
l’acte de partage est en date du 1° octobre 1723, et les signatures des enfants apposées à l’acte sont
d’une orthographe différente. Suivent leurs signatures :
 Jean Bruslé avec un beau paraphe,
 Charles Brusley sans paraphe, mal écrit,
Compilation sur la famille 5/77
 Claude Bruley avec paraphe, écriture passable,
 Les deux filles ont déclaré ne pas savoir signer.
Les deux filles de Jean Bruslé 1°, Anne Bruslé, mariée à Louis Mussin et Catherine Bruslé, mariée à
Nicolas Dusset, sont mortes à Neuville en 1726 sans enfants, les trois frères firent le partage des
biens de leurs sœurs en 1727, et leurs signatures à l’acte de partage sont orthographiées telles qu’à
l’acte de 1723.
Nous ne pouvons savoir pour quel motif le nom primitif a varié d’orthographe. Jusqu’en 1695, on
écrivait Bruslé, puis ensuite Brulé jusqu’en 1732, et maintenant on écrit Bruley. Ce qu’il y a de
surprenant, c’est que toutes les familles de Bruslé qui habitaient Neuville, et elles étaient
nombreuses, puisque de 1677 à 1844, on peut compter sur les états civils et ecclésiastiques quatre-
vingt-une naissances d’enfants portant le nom de Bruslé, Brulé ou Bruley, ont toutes et en même
temps, opéré le même changement d’orthographe. Il est probable que toutes ces familles
descendaient de la même branche, dont les ancêtres depuis longtemps habitaient Neuville.
Jean Bruslé (2ème
) marié à Neuville en 1706 avec Marie Menneret, succéda probablement à son père
comme fermier au Mont, et s’ils ont eu plusieurs enfants, nous ne connaissons que Louis Bruley,
cependant la famille Bruley qui habite Aix-en-Othe, doit être issue de l’union de Jean Bruslé (2ème
) et
de Marie Menneret. Des renseignements à ce sujet demandés à Aix ne m’ont pas été fournis.
Louis Bruley étant garçon majeur est venu habiter Bourg de Partie, et avant de se marier il fit des
acquisitions de terres et de sa maison qui est encore dans la famille, et appartient actuellement à
Bruley Zénon.
Louis Bruley fit ces acquisitions en 1749 et 1750, et se maria le 27 novembre 1752 à Aimée Bordier, il
avait 29 ans. Louis Bruley est décédé à Neuville en 1783 âgé de 60 ans, et sa femme Aimée Bordier,
est décédée le 14 février 1814, le même jour que les cosaques sont arrivés à Bourg de Partie, ils la
sortirent de la maison, pour s’y installer eux-mêmes, la portèrent sous un poirier et allèrent
l’inhumer le lendemain dans le cimetière de Neuville. Elle avait 82 ans. Ils eurent trois enfants :
 Etienne Louis Bruley,
 Nicolas Joseph Bruley,
 Pierre Bruley.
Le premier Étienne Louis né à Neuville le 6 mars 1761 est décédé en 1766.
Le deuxième, Nicolas Joseph Bruley, né à Neuville le 16 août 1764, s’est marié en premières noces à
Aix-en-Othe avec Madeleine Lange, et en secondes noces à Marianne Darce, veuve Lange, qui était
sa belle-sœur. Il est mort à Villemaur vers 1840. De son premier mariage avec Madeleine Lange, il est
né huit enfants, dont 6 garçons et deux filles qui sont :
 Pierre Bruley né à Neuville,
 Joseph Théodore Bruley né à en 1793 et décédé en 1797,
 François Bruley né à Neuville en 1790,
 Étienne Gabriel Abraham Bruley né à Neuville le 24 Frimaire an IV (15 décembre 1795),
 Madeleine Bruley née à Neuville en 1798,
 Felix Bonaventure Bruley né à Neuville le 27 Brumaire de l’an IX (18 novembre 1800),
 Marie Joseph Bruley née le IX Ventôse an XII (29 février 1804), décédée la même année,
 Apollinaire Bruley né probablement à Villemaur, son acte de naissance n’est pas à l’état civil de
Neuville.
Compilation sur la famille 6/77
Nicolas Joseph Bruley marié à Madeleine Lange, habitait Bourg de Partie et vers 1803 il fit
l’acquisition du moulin du haut de Villemaur et vint s’y établir, et en 1814, lors de la retraite de la
bataille de Montereau les ennemis mirent le feu au moulin sous prétexte, disaient-ils, d’éclairer leur
ligne de retraite, et grâce à un serviteur dévoué, nommé Farot Lasnier, qui put éteindre le foyer de
l’incendie, le moulin fut préservé.
Le propriétaire Nicolas Joseph Bruley, ne pouvait porter secours pour éteindre l’incendie, car étant
averti du passage de l’ennemi, il avait sauvé son mobilier et ses bestiaux dans la forêt, ainsi que sa
famille, et la garde du moulin était confiée à Farot Lasnier qui, étant seul, s’en est courageusement
acquitté. Mais avant d’aller s’établir au moulin de Villemaur, Nicolas Joseph Bruley avait vu se
dérouler les phases de la Révolution française, il fut même nommé en l’an III de la république (1795),
président de l’administration du conseil général du canton de Neuville.
Les enfants de Nicolas Joseph Bruley sont :
 Pierre Bruley, marié à Sophie Bussin, eut quatre enfants, 1 garçon et 3 filles,
 François Bruley, marié à Gertrude Bonnet, eut huit enfants, dont 4 garçons et 4 filles,
 Étienne Gabriel Abraham Bruley, marié à Léonie Champenois, eut deux garçons qui sont Ernest et
Alphonse Bruley,
 Félix Bonaventure Bruley, marié à Virginie Darce, eut cinq enfants, quatre garçons et une fille,
 Appolinaire Bruley, marié avec sa nièce fille de Pierre Bruley, eut une fille,
 Madeleine Bruley, mariée à Fortier, eut huit enfants, dont cinq garçons et trois filles.
Félix Bonaventure Bruley, marié à Virginie Darce en janvier 1832, sont tous deux décédés à Estissac,
Virginie Darce en 1882 et Bruley Bonaventure en 1884. Ils eurent cinq enfants qui sont :
 Félix Bonaventure Bruley, né à Neuville le 23 octobre 1832, marié à Irma Eriphile Mosle
(Cléophine) en 1858, il n’eut pas d’enfant,
 Polixène Bruley, née à Neuville en 1834, mariée à Louis Cuissard en 1855, eut une fille Blanche
Cuissard mariée à Bourgeon Félix,
 Ernest Bruley, né à Neuville en 1838 et décédé en 1852,
 Zénon Jules Bruley, né à Neuville en 1842, est resté célibataire,
 Jules Léon Bruley, né à Neuville en 1844, marié à Marie Ormancey, eut deux enfants, Georges et
Léon Bruley. Jules Léon Bruley est décédé à Estissac le 4 août 1913.
Le troisième fils de Louis Bruley, Pierre Bruley né à Neuville en 1769 et marié à Edmée Charlotte
Maudier en 1796, est décédé à Neuville en 1813, âgé de 43 ans. De leur mariage, ils eurent cinq
enfants dont trois garçons et deux filles, qui sont :
 Pierre Bruley, né à Neuville en 1798, décédé en 1864, il était célibataire,
 Jacques Frédéric Bruley, né à Neuville en 1801 et décédé aussi à Neuville, il était célibataire,
 Marie Angélique Bruley, née à Neuville en 1803, mariée à Louis Blanchet en 1828, eut deux
enfants Céline et Louis Blanchet,
 Charles Abraham Bruley, né le 16 avril 1808, mort le 19 avril suivant,
 Reine Céline Bruley, née à Neuville en 1809, mariée à Jean Charles Colard, en 1834, eut un
enfant, Ovide Colard, décédé en 1898.
Compilation sur la famille 7/77
Remarque sur les familles Bruley de Neuville
Les familles portant le nom de Bruley étaient nombreuses à Neuville. Depuis l’année 1677 jusqu’à
1844, il y eut 81 naissances d’enregistrées dans les actes ecclésiastiques et civils portant le nom de
famille : Bruslé, Brulé, Bruley.
Les registres ecclésiastiques ne remontaient au plus loin qu’à 1677, et font connaître les naissances.
Des familles Bruslé étaient antérieures à cette date, et il est probable qu’elles ont dû être
nombreuses. Ce qui est admissible, c’est que toutes ces familles doivent sortir de la même branche,
et que la plus grande partie des enfants se mariaient à Neuville et y résidaient, et ce qu’on peut
constater, c’est tous et en même temps ont suivi le mouvement du changement de l’orthographe du
nom de famille qui d’abord s’écrivait Bruslé jusque vers 1695, puis Brulé jusqu’en 1732, et ensuite
Bruley tel qu’on l’écrit maintenant.
Pour suivre ce mouvement d’ensemble pour ce changement d’orthographe, il faut croire que les
familles restaient toujours en bonne relation, car comme parenté, au bout de deux ou trois siècles,
elle devait être bien éloignée, mais il faut voir que ce même nom de famille leur rappelait qu’ils
étaient issus de la même branche.
D’où viennent les premiers Bruslé qui ont habité Neuville, rien ne nous l’apprend, cependant on
trouve ce nom dans un manuscrit écrit par Chème de la Charmotte curé de Villemaur avant la
révolution, une partie de ce manuscrit se trouve chez Madame Simonet Rouzet, à Estissac, transcrit
sous le N° 2254 à la bibliothèque de Troyes, et à la page 563 on lit ceci : « l’épitaphe d’un Edmé
Bruley, notaire au bailliage de Villemaur et procureur fiscal à Bercenay-le-Hayer (Brecenay à
l’époque) mort en 1585, nous apprend que la famille a occupé ces places pendant des siècles entiers
de père en fils. Il n’est pas dit où se trouve cette épitaphe.
Comme on le voit, les familles portant le nom de « Bruley » étaient nombreuses à Neuville, et, plus
une seule n’y habite aujourd’hui.
Estissac 1920
Bruley-Mosle
Compilation sur la famille 8/77
Annexe : Éléments sur la famille d’Edme Bruley ( …. / 1585)
Edme Bruley, notaire au bailliage de Villemaur et procureur fiscal de Bercenay-le-Hayer, meurt le jour
de Pâques 1585.
Un registre domestique tenu vraisemblablement par Jehan Bruley, son petit-fils, mentionne Edme
Bruley comme originaire de Sézanne. Le tombeau d'Edme Bruley se voit encore dans l'église de
Bercenay-le-Hayer dans l'Aube devant le maître autel, à gauche, dans le chœur. Claude Bruley lui
succède dans ses charges. Il épouse, en secondes noces, Claude Tusan, et meurt le 9 août 1610,
assassiné par Jacques de Madeuil, son seigneur, lequel fut condamné par le Parlement, le 8 janvier
1625, à avoir la tête tranchée. L'exécution a eu lieu le jour même en place de Grève à Paris. Claude
Bruley. Claude Tusan, sa veuve, est inhumée près de lui en 1637.
Jehan Bruley naît à Bercenay-le-Hayer, le 15 novembre 1596. Il épouse, le 31 mai 1621, Marguerite
Simon, dont il a onze enfants. Aux charges qu'il tenait de son père, Jehan Bruley ajoute, comme
l'indique son tombeau, celle de procureur fiscal à Pouy sur Vannes. Il est aussi maire du Mothoy. Il
meurt en novembre 1668, à l'âge de 72 ans. Sa femme aussi repose auprès de lui dans l'église
paroissiale. Ils ont fondé à perpétuité deux messes qui se célébraient encore à la fin du XIXe siècle à
Bercenay-le-Hayer, les 20 juillet et 9 août de chaque année.
Paul Bruley, né à Bercenay-le-Hayer le 4 février 1625. Il hérite de la charge de procureur fiscal à
Bercenay-le-Hayer et meurt en février 1670.
Anne Bruley (1631-1671) épouse en 1657 Adrian Bourgis (-1699)
Jean Bruley (1635-1722).
Marguerite Bruley (1641- )
Louise Bruley (1646-1695) épouse en 1665 Charles Nioré (1639-1681).
Trois branches ont été formées par le fils aîné Paul et par les deux filles, qui se sont mariées dans les
environs ; leurs descendants se sont dispersés à Paris et en Champagne. Quant à Jean, veuf, en
premières noces, de Noémie de Cyris, il épouse le 17 avril 1684, Marie Rivot (1650-1722), à Saint-
Maurice-aux-Riches-Hommes. L'acte de mariage indique qu'il était procureur fiscal général de
Trancault, Charmoy et autres lieux. Il est aussi notaire et procureur en justice de Villeneuve-Saint-
Maurice, grâce au cumul qu'on autorisait alors pour les offices publics. Il meurt en 1722.
Compilation sur la famille 9/77
Origine & orthographe du
nom de Bruley
Compilation sur la famille 10/77
Origine & orthographe du nom de Bruley
Lors de ses recherches généalogiques, Bruley-Mosle a découvert que le nom des ancêtres en ligne
directe a eu plusieurs orthographes différentes, comme Bruslé, Brulé, Brusley et Bruley. Mieux les
trois fils, de l’ancêtre connu le plus ancien, n’écrivaient pas leur nom de la même manière, ils ont
signé dans deux actes de successions respectivement Bruslé, Brusley et Bruley. Enfin il a constaté que
toutes les familles Bruslé, Brulé, Brusley et Bruley de Neuville sur Vanne ont toutes entre 1677 et
1844, opéré le même changement d’orthographe pour la forme Bruley. Il conclut cependant en
disant qu’il ne sait pas pour quel motif le nom primitif a varié d’orthographe.
Origine des noms de famille Brulé, Bruslé, Brusley & Bruley
Pour le site Généalogie.com :
 Brulé (5487 naissances entre 1891 & 1990) est un nom de famille qui représente un nom
topographique désignant un terrain brulé défriché par le feu, la caractéristique de la propriété
est devenue le nom de l'habitant,
 Bruslé (94 naissances en un siècle) est une forme ancienne de Brulé,
 Bruley (1228 naissances en un siècle) a les mêmes origines que le nom de famille Brulé, mais se
trouve dans l'est de la France, principalement en Côte d’Or, Aube, Yonne & Haute-Saône (voir
tableau de localisation ci-dessous),
 Brusley est très peu répandu (14 naissances en un siècle).
De tout temps les hommes ont défriché pour mettre le sol en culture ou le transformer en pâturage
ou l'urbaniser. Par exemple la population européenne est passée de 38 millions au début du Xe
siècle
à plus de 75 millions au début du XIVe
siècle, engendrant des besoins de défrichements importants
qui se sont poursuivis plus ou moins constamment jusqu’au XIXème siècle. En de nombreux endroits
des personnes se sont vues attribué le nom de Brulé, aujourd’hui on en trouve dans 94
départements.
Compilation sur la famille 11/77
Origine du nom du village de Bruley
En Lorraine, plus précisément en Meurthe-et-Moselle, un village à 6 km de Toul (Toul est à 25 km à
l’ouest de Nancy), porte le nom de Bruley (code postal 54200). C’est un village très ancien, il compte
aujourd’hui ~600 habitants, on y produit du vin, appellation contrôlée « Gris de Toul ». Depuis des
temps immémoriaux, le vignoble a existé à Bruley. On trouve des traces historiques en 800 du temps
de Charlemagne, en 1197 sous Philippe Auguste, en 1309 sous Philippe le Bel, en 1570 pendant les
guerres de religion, avec un point culminant des surfaces cultivées en vigne à la fin du XIXème siècle.
L’origine du nom de Bruley ne proviendrait pas d’un village brûlé, réduit en cendres au cours des
tragédies de l’histoire, mais dériverait de l’aspect général que présentait primitivement la colline.
Celle-ci était sans doute couverte de bruyères (Buera), et ce qui aurait frappé les Toulois dès l’origine,
lorsqu’ils considéraient, au nord, les environs de leur ville, c’était cette longue côte hérissée de
landes et de broussailles. La Côte des Bruyères, Brueriacum, dont les altérations successives du mot
au cours des siècles ont donné Bruereium , Brurey, Brusley … et enfin Bruley. À noter que la
terminaison « ey » est fréquente dans la région, puisque trois villages proches s’appellent
respectivement : Pagney, Lucey et Lagney.
Il existe des traces très anciennes concernant le village, par exemple vers 610, Bruley faisait partie
des biens de la Cathédrale de Toul. Bruley eut même ses seigneurs particuliers. Parmi ceux-ci, on
peut citer les sires de Bourlémont et les princes de la Maison de Joinville qui relevait du Comte de
Champagne et de celui du Roi de France, et pas au duché de Lorraine. Au XVII & XVIIIème siècle la
seigneurie de Bruley passa à une famille plus modeste, les Le Brun, anoblis récemment, qui portaient
le titre de Seigneurs de Bruley … et signaient parfois « de Bruley » ou « Monsieur de Bruley ». En
1713, le château (en fait une maison bourgeoise) et les dépendances furent achetés par une
congrégation religieuse, et à la révolution tout cela fut classé biens nationaux et fut vendu aux
enchères.
Origine des noms de famille en France
En France, le phénomène des noms de famille héréditaires s’étend à toute la population à partir du
XIIème siècle, quand une hausse de la démographie ne permet plus de différencier les individus par
leur simple prénom. Jusqu'à cette époque, les prénoms, qui s'appelaient d'ailleurs noms, suffisaient à
l'identification individuelle dans l'espace restreint de cette société d'interconnaissance que
Compilation sur la famille 12/77
constituait le village. Au Moyen Âge, on prit l'habitude d'ajouter une caractéristique distinctive pour
résoudre les homonymies. Les différentes personnes portant le même prénom furent distinguées en
leur associant un surnom (nom attribué) ou un pseudonyme (nom choisi) : le nom du père (le Martin
de Jean ou de Luc), son lieu de résidence ou de provenance (du chêne ou l'Angevin), une singularité
liée au physique ou au caractère (le grand, le bon, joly ou encore Martineau – le petit Martin), son
métier (le marchand ou boucher). Aussi, au moment de fixer pour chacun un nom de famille, a-t-on
naturellement conservé ces appellations qui devinrent héréditaires.
En 1474, Louis XI interdit de changer de nom sans une autorisation royale ; à partir de cette époque,
aucun changement de nom ne pourra se faire sans des lettres patentes enregistrées au parlement, et
par la suite un décret pris en Conseil d'État publié au Journal officiel.
En 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts impose l'obligation d'inscrire dans un registre relié, coté,
paraphé, et tenu en double, tous les actes de baptême, de mariage et de sépulture. Elle en charge le
curé dans chaque paroisse, ce qui n'a rien d'étonnant à une époque où le clergé est un élément
constitutif de la fonction publique de l'État, celle des clercs qui savent écrire. Cette ordonnance
généralise l'enregistrement par écrit des noms de famille et tend à en fixer l'orthographe. C'est en
avril 1667, dans l'« ordonnance touchant réformation de la justice » (ou « Code Louis ») que la tenue
des registres en double exemplaire est rendue obligatoire par Louis XIV. Cela permet de constituer
des séries moins lacunaires depuis le milieu du XVIIème siècle (à noter que les registres
ecclésiastiques de Neuville sur Vanne ne remontent pas au-delà de 1677).
Après la Révolution française, avec la création des communes, l'inscription sur les registres d'état civil
sera confiée aux maires qui la délèguent à un officier d'état civil. La Révolution fixera également les
noms de famille par la loi du 6 fructidor an II. Cependant de légères variations orthographiques
seront encore observées jusqu'entre 1875 et 1877, à l'occasion de l'émission des premiers livrets de
famille. L'arrivée d'une informatisation mal maîtrisée dans les années 1980 fera également varier
quelques orthographes en supprimant indûment les signes diacritiques (accent, tréma, cédille).
Conclusion
Ainsi le nom de Bruley pourrait venir du défrichage par le feu ou du village de Bruley & de bruyère, il
était en effet fréquent que les personnes qui « migraient » d’une région à l’autre, portent le nom de
leur ville ou village d’origine. Quel que soit le scénario, il reste des questions. Si l’on part de
défrichage, il faut expliquer pourquoi on est passé de Bruslé à Bruley (peut-être parce beaucoup de
villages du Pays d’Othe se terminent avec un y : Chailley, Bucey, Dierrey, Macey, Bercenay, Bouilly,
Prugny, Thuisy …, peut-être pour se relier au notaire mort en 1585 – cf. texte sur la généalogie). Si
l’on part du village de Bruley, il faut expliquer pourquoi on a écrit pendant un temps le nom sous la
forme de Bruslé.
Compilation sur la famille 13/77
Compilation sur la famille 14/77
Arbres de la famille Bruley
Compilation sur la famille 15/77
Compilation sur la famille 16/77
Compilation sur la famille 17/77
Compilation sur la famille 18/77
Compilation sur la famille 19/77
Les Bruley, au 17ème siècle,
une famille de paysans
Compilation sur la famille 20/77
Préface
L’ancêtre de la famille le plus ancien identifié par Bruley-Mosle, lors de ses recherches
généalogiques, est un certain Jean Bruslé, dont on ignore la date de naissance, mais qui
s’est marié en premières noces à Neuville sur Vanne, avec Marie Vasselin le 14 septembre
1682, puis en secondes noces en 1694, avec Anne Carillon. Jean Bruslé a eu en tout cinq
enfants qui après la mort de leur père et mère se partagèrent la succession, l’acte est en
date du 1° octobre 1723.
Jean Bruslé étant fermier au Mont d’Aix-en-Othe, j’ai voulu dans ce texte essayer de
caractériser ce que pouvaient être les conditions de vie des paysans au XVIIème siècle.
Pour cela j’ai extrait des éléments d’un Larousse intitulé « La vie des Français à travers
l’histoire de France ».
Bonne lecture,
Michel Bruley
Compilation sur la famille 21/77
Qu’est-ce qu’être paysan aux XVII et début du XVIIIème siècle
Au XVIIème siècle la France est à 80% composée de paysans, mais très peu d’entre eux possèdent la
terre qu’ils cultivent. Il n’existe pas un type unique de paysan, mais une diversité de situations, de
statuts et de mode de vie.
Le plus pauvre des paysans est le manœuvre, simple ouvrier agricole qui possède une chaumière, un
petit jardin qui lui donne des choux, des pois, du chanvre et des pommes, quelques poules et
exceptionnellement un porc. Il va nu-pieds, ses vêtements sont de chanvre et tout usés. La plupart
du temps, il mange sa soupe sur ses genoux dans une écuelle de terre avec une cuillère de bois. Pour
survivre, il se loue à un laboureur au moment des moissons et des vendanges. Il est alors employé à
faucher, faner, moissonner, vendanger … et pendant la mauvaise saison, il se fait tisserand, peigneur
de chanvre, cardeur, charbonnier ou émigre à la ville vendre sa force de travail. Toujours endetté,
toujours pauvre, il meurt très souvent avant quarante ans, sans même avoir de quoi payer les frais
d’enterrement.
Le laboureur est bien loti. Il peut être propriétaire de sa terre, une dizaine à une vingtaine d’hectares,
possède une charrue et une paire de bœufs ou de chevaux. Un bon cheval de labour a alors la valeur
de trois vaches ou de vingt moutons. Le laboureur vit mieux que la majorité des paysans, il mange
dans une vaisselle d’étain, souvent disposé sur une nappe, ses armoires sont garnies de draps et de
serviettes, ses vêtements sont faits de serge solide, son épouse porte une petite croix d’or autour du
cou et se couvre de jupons et de jupes aux couleurs vives quand vient la fête.
Les 10% des paysans les plus riches sont les fermiers. Un fermier peut par exemple posséder une
centaine d’hectares de terres, dont douze en prairie, deux en bois et quelques arpents de vigne. Il
entretient douze chevaux de labour, élève vingt-cinq vaches, six cochons et deux cents poules. Il se
fait aider par une abondante main-d’œuvre saisonnière. La moitié du village lui doit de l’argent, avec
intérêt bien sûr. Sachant lire et écrire, il fait le coq de paroisse. Il fait aussi parfois office de receveur
des droits seigneuriaux et des dîmes locales.
Compilation sur la famille 22/77
Les constructions
Dans le monde rural, le plus grand nombre élève sa masure de ses mains. Dans les campagnes, les
murs sont faits de bauge, des cailloux scellés de torchis, un mélange de terre grasse argileuse et de
paille hachée. On utilise aussi du plâtre renforcé de lattes de bois entrecroisées, encadré par une
charpente de poutres posée sur des pierres de socle enfoncées dans le sol.
Cependant dans certaines villes, l’usage de la pierre se répand dans les constructions privées, mais
seule l’armature du bâtiment est faite de pierre de taille, tandis que les murs sont de briques, de
moellons couverts d’un revêtement de plâtre, de chaux ou d’un crépi de sable.
Si le sol est encore très souvent de simple terre battue dans le logement des humbles, dès que cela
est possible, on le couvre de carreaux. Dans les pièces communes, où il faut quelque chose de solide,
la pierre est privilégiée.
Pour la toiture, on utilise avant tout du chaume ou des tuiles de bois. Mais, de plus en plus, le
chaume est remplacé dans les villes par des bardeaux, des tuiles, plates et carrées, ou des ardoises à
la manière des belles demeures.
La ferme
Les plus humbles n’ont pour se loger qu’une cabane, dans laquelle il n’y a le plus souvent qu’une
seule pièce où on prépare les repas, on mange, on travaille à la veillée et on dort. Plus confortable
est la masure, une maisonnette où la pièce à vivre est prolongée par une petite étable, seulement
séparée par une claie, qui sert à abriter une ou deux vaches , un cochon … Sous le toit de chaume, un
fenil permet de rentrer le foin. Ici il fait meilleur, car les animaux participent à la chaleur ambiante et
leur réserve de nourriture renforce l’isolation.
Viennent ensuite les véritables fermes, aux dimensions parfois imposantes, pour certaines la salle
commune peut atteindre vingt-cinq mètres sur dix. Il faut dire que peuvent vivre là des familles
élargies, ainsi que plusieurs domestiques agricoles. Dans les étages, il y a des chambres, et tout
autour, des bâtiments annexes.
Compilation sur la famille 23/77
Si les plus pauvres n’ont pour dormir qu’une planche doublée d’une paillasse et posée sur des
tréteaux, pour tous les autres, le lit est alors le meuble par excellence, c’est d’ailleurs dans le lit qu’on
investit le plus. Si la table des repas est le plus souvent un plateau de bois que l’on pose sur des
tréteaux quand vient l’heure de manger, il existe aussi des tables fixes massives. Les plus modestes
se contentent de bancs et de tabourets à trois pieds. Pour les autres il y a des chaises le plus souvent
simplement paillées, cannées, tressées de lanières d’orme ou de frêne.
Aucune habitation ne dispose alors de l’eau courante, pour les besoins domestiques, il faut aller la
chercher à l’extérieur. Cette contrainte limite les quantités et les usages. S’éclairer et se chauffer
sont des combats quotidiens. Si les plus pauvres ne s’éclairent qu’à la lueur du foyer, tous les autres
utilisent des chandelles de suif pour éclairer leur intérieur.
La famille
L’aristocratie se définit en maison, c’est-à-dire en lignage, suite de gens venue de la même souche, la
bourgeoisie et la noblesse de robe, en famille qui inclut les domestiques, pour les autres on parle de
ménage, réunion de plusieurs personnes unies par les liens du sang et vivant sous le même toit
(parfois plusieurs générations).
Au XVII siècle, la femme est dans une position de complète infériorité, comme on le voit dans la
définition de famille dans un dictionnaire de l’époque : « ménage composé d’un chef et de ses
domestiques, soit femmes, enfants ou serviteurs ». Juridiquement, la femme est assimilée à un
enfant mineur, elle n’échappe à la tutelle de son père que pour passer sous celle de son mari.
Pour éviter de morceler le bien, il est de règle d’avantager l’aîné. Chaque enfant pourtant reçoit une
part d’héritage, la légitime, mais l’aîné a le privilège de pouvoir racheter ces parts. Plutôt que
d’emprunter ou d’aliéner une partie de son patrimoine, il s’efforce de faire un bon mariage, et de
bénéficier de la dot de la mariée. En général, c’est à la mort du père que l’on voit l’aîné se marier.
Les repas
Si les pauvres mangent quand ils peuvent, les autres font entre trois et cinq repas par jour. Tout
commence avec le « desjeuné » qui se prend au lever du soleil dans les campagnes, c’est un véritable
repas (pâtés, saucisses … équivalent d’un déjeuner d’aujourd’hui), puis vient le « dîner », repas du
milieu du jour. Dans l’après-midi on prend une légère collation froide, surnommée « goûter » par les
enfants qui permet de tenir jusqu’au souper. Ce dernier se prend au coucher du soleil pour tous ceux
qui travaillent, la noblesse moque les soupers de sept heures. Enfin les oisifs prennent encore un
solide repas au milieu de la nuit, par exemple après le spectacle, associant viandes et fruits, c’est à la
fois une collation et un souper, d’où son nom d’ « ambigu ».
L’usage des couverts reste limité, la fourchette à trois dents se répand très lentement dans le
royaume. La vaisselle en étain est courante, l’or est réservé au roi, l’argent et le vermeil aux plus
riches, la faïence et la porcelaine sont en vogue. Quant aux verres, ce sont là objets d’exception, ils
sont quasiment inconnus dans les campagnes.
Le pain
Pour la grande majorité des sujets du roi, et d’abord dans les campagnes, les céréales constituent
l’aliment de base avec les légumes. Transformées en pain, en galettes, en bouillies, les céréales
représentent jusqu’à 80% de l’apport calorique.
Compilation sur la famille 24/77
D’une manière générale, on fait soi-même le « pain de ménage » : les paysans le font cuire au four
seigneurial tandis que les plus riches possèdent leur four à pain. Pour tous les autres, habitants des
villes, il faut l’acheter chez le boulanger.
L’école
À la ville ou à la campagne, les enfants, ou plus précisément les garçons qui le peuvent vont à l’école.
Il n’en existe pas partout et ce n’est qu’à la fin du XVIIème siècle que des décrets royaux pousseront
à leur création dans toutes les paroisses. L’éducation des filles reste, à quelques exceptions, négligée.
Pour trois sous et quelques œufs qui payent le droit d’écolage, le maître apprend aux élèves de six à
douze ans, le catéchisme, la politesse et la lecture. Moyennant quelques sols de plus, les enfants
apprennent à compter avec des jetons ou des encoches sur des bâtons et s’initient à l’écriture. En
dehors de l’apprentissage domestique, les filles ne reçoivent pratiquement aucun enseignement.
À treize ans, après sa communion solennelle, l’enfant devient un jeune homme. C’est le temps du
collège pour l’élite. Uniquement urbain il accueille de jeunes garçons pour y faire leurs humanités. Le
recrutement est relativement populaire, ce qui ne sera plus le cas au siècle suivant. Des fils
d’artisans, plus rarement de riches laboureurs, peuvent y côtoyer les fils de la petite bourgeoisie et
de la noblesse. C’est le temps de l’apprentissage pour les autres. Il rejoint les « bachelleries » ou le
royaume de jeunesse, surnom des groupes de jeunes chargés d’organiser les réjouissances de la
communauté : veillées, fêtes, bals … À côté de l’amusement, il y a l’apprentissage du travail qui se
fait le plus souvent au côté des parents, mais on place aussi les enfants pour apprendre un métier.
Compilation sur la famille 25/77
Le parler françois
Au XVIIème siècle, le royaume de France est un pays immense, le plus grand d’Europe. Mais le
territoire est en fait très peu unifié et se morcelle en une multiplicité de pays réunis dans des
provinces au particularisme prononcé.
Pour le plus grand nombre, le monde connu se réduit à sa paroisse, là où il est né, à son pays, que
l’on peut parcourir à pied en une journée, soit environ un rayon de vingt-cinq kilomètres. À l’occasion
d’un voyage à Uzès en 1661, Racine se plaint de ne plus comprendre ses interlocuteurs dès qu’il
dépasse Valence. Un quart des habitants du royaume seulement parlent véritablement le français, la
langue de la capitale et des élites provinciales, pour le reste le peuple parle le patois (picard, poitevin,
bourguignon …) ou au-delà des zones des parlers français, le breton, l’alsacien, le basque, l’occitan …
Les veillées
Dans une société où quatre-vingts pour cent des habitants ne savent pas même signer de leur nom,
la parole et, plus largement, l’oral tiennent une place essentielle. De novembre à mars, c’est l’époque
des veillées. Il s’agit de regrouper pour économiser le chauffage et la lumière en travaillant
ensemble. Au village on va à la veillée pour filer, tricoter, réparer les outils. On y prépare les
mariages, on cause, on échange des nouvelles, on boit, on rit, on chante, on lit l’almanach, on
raconte des histoires.
La propreté
D’une manière générale, la toilette du matin se fait rapidement avec un peu d’eau froide. Pour
autant la pratique des bains, soit pour se laver, soit pour se rafraîchir n’est pas rejetée par tous, on
voit fréquemment les gens se baigner dans les rivières et même dans la Seine à Paris. Pour tous ceux
qui se méfie de l’eau, la « toilette sèche » est la norme, c’est-à-dire enfiler une chemise propre et
immaculée, qu’on renouvelle le plus souvent possible, après s’être étrillé avec le linge sec. Par
exemple une femme d’artisan peut se changer tous les jours de la semaine avec une simple réserve
de cinq chemises.
Compilation sur la famille 26/77
Les épidémies et les famines
Le faible encadrement médical, le manque de connaissance et de traitements laissent la majorité des
sujets du roi sans défense face aux maladies, aux épidémies. Il y en a de toutes sortes, favorisées par
les mauvaises conditions de vie, d’alimentation, d’hygiène.
Cependant le plus terrible reste le fléau de famine. Par suite des mauvaises récoltes, au début des
années 1690, le blé vient à manquer dans plusieurs régions. Au final, en associant les épidémies et la
famine, on estime que plus d’un million trois cent mille sujets du roi meurent en 1693-1694. Dans le
Massif central, zone la plus touchée, vingt-cinq pour cent de la population disparaît. La France de
Louis XIV a connu treize famines, sans compter les disettes locales.
La médecine
Pour soigner le corps, la grande majorité des sujets du roi fait appel aux « empiriques », dames
charitables, curés mais aussi guérisseurs et rebouteux. À la fin du XVIIème, on ne compte dans tout le
royaume que deux cents docteurs en médecine.
Les transports et communications
Pour l’époque, le royaume de France est un pays immense, le plus grand d’Europe. Mais le territoire
est en fait très peu unifié et se morcelle en une multiplicité de « pays » réunis dans des provinces au
particularisme prononcé. Si le royaume est quadrillé par une infinité de chemins, se déplacer n’est
pas aisé, surtout à la mauvaise saison. Les voies d’eau jouent alors un rôle essentiel.
La grande majorité des gens vont à pied, aussi bien quand ils mènent des convois de mules ou des
chariots de vivres. Seuls les plus riches voyagent à cheval ou mieux, en carrosse. Le moindre voyage
représente une expédition éprouvante. Pourtant, routes et rivières sont très fréquentées, que ce soit
par des artisans, des paysans itinérants ou des professionnels du transport. Se déplacer est avant
tout une affaire d’homme et l’on rencontre en chemin très peu de femmes.
Enfin l’immense majorité des sujets du roi, qui vit dans les bourgs et les villages, ne sait pas écrire. La
transmission des nouvelles est d’abord orale. Mais pour les autres le courrier reste le meilleur moyen
de s’informer.
Le climat
À partir du dernier quart du XVIIème siècle, le climat se dégrade. Par exemple, en 1692, il pleut à
Paris, sans interruption du 7 juin au 11 juillet et dans la nuit du 5 au 6 janvier 1709, une vague de
froid sans précédent s’abat sur le royaume, la température chute brutalement de 20°, même la mer
gèle dans le port de Marseille. De janvier à mars 1709, il meurt au moins cent mille personnes de plus
qu’en temps normal.
Les animaux sauvages
La présence la plus immédiate du monde sauvage dans la vie des hommes est celle des animaux :
cerfs et biches, daims, sanglier, oiseaux, lynx et ours sur les contreforts montagneux. Mais il en est un
qui est particulièrement craint : le loup. On évalue alors son nombre à quelques dizaines de milliers
dans tout le royaume. Véritable fléau pour les paysans dont il dévore le bétail, il n’hésite pas à
s’attaquer aux enfants, pour la seule année 1691, dans les paroisses autour d’Orléans, les loups en
tuent soixante, âgés de dix à quatorze ans.
Compilation sur la famille 27/77
Autres métiers exercés
par des ancêtres au 18ème &
19ème
siècle
Emplacement du moulin du haut, sur la Vanne en amont de Villemaur
Compilation sur la famille 28/77
Deux autres métiers que paysan ou fabricant ont été exercés par des ancêtres Bruley : boulanger et
meunier. L’aînée de « Jean Bruslé 1° », Anne née en 1685 à Neuville sur Vanne, s’est mariée à Louis
Mussin, boulanger à Bourg de Partie et plus tard Nicolas Joseph Bruley qui habitait aussi ce village fit
l’acquisition vers 1803 du moulin du haut de Villemaur sur Vanne.
Anne boulangère au 18ème siècle
À cette époque, pour la grande majorité des sujets du roi Louis XIV, et d’abord dans les campagnes,
les céréales constituent l’aliment de base avec les légumes. Transformées en pains, en galettes, en
bouillies, les céréales représentent jusqu’à 80% de l’apport calorique. Le pain quotidien prend la
forme d’une grosse boule que l’on mange pendant une semaine ou plus, souvent trempé dans la
soupe. À la base de la nourriture, le pain occupe une place quasi mythique dans la société. La
corporation forte ancienne des boulangers en tire une considération exceptionnelle. Le métier est
pourtant victime de l’autorité, des assauts populaires et de conditions de travail déplorables.
Les premiers boulangers, ou talemeliers, apparaissent dans les villes entre le VIème siècle et le
VIIème siècle, mais, jusqu’à la fin du XIIème siècle, ils sont obligés de cuire au four banal et de payer
une redevance au seigneur propriétaire du four. Peu à peu, l’usage se répand de faire cuire le pain
chez le talemelier, du moins dans les villes, car dans les campagnes la fabrication domestique se
poursuit jusqu’au début du XXème siècle. C’est saint Louis qui affranchit totalement les villes de la
banalité des fours et, en 1226, sont publiés les statuts de la corporation des boulangers, alors
nommés talemeliers, tamisiers ou panetiers. Ils sont chargés de l’approvisionnement des villes en blé
et de la fabrication du pain.
Compilation sur la famille 29/77
L’apprentissage débute vers dix ans et dure quatre ans. L’accès à la maîtrise est marqué par toute
une cérémonie. Au XVIIIème siècle, le métier de boulanger est très fermé. Pour passer maître, il faut
avoir vingt-deux ans accomplis, être de religion catholique, présenter un certificat de bonnes vie et
mœurs et n’être atteint d’aucune maladie contagieuse. Il faut avoir trois années d’apprentissage,
trois années de compagnonnage et exécuter un chef-d’œuvre qui consiste à convertir en diverses
sortes de pâtes et de pains une quantité définie de farine. Des contraintes techniques et financières
s’ajoutent si l’on n’est pas fils de boulanger.
Mais Anne n’était que la femme du boulanger et au XVIIème siècle, la femme est dans une position
de complète infériorité : le mot « famille »est ainsi défini dans un dictionnaire de l’époque : « un
ménage composé d’un chef et de ses domestiques, soit femmes, enfants ou serviteurs ».
Juridiquement, la femme est assimilée à un enfant mineur. Elle échappe à la tutelle de son père que
pour passer sous celle de son mari. Dans tous les milieux, l’antiféminisme est de mise : on a beau dire
la femme douce, modeste, vertueuse, on la voit imparfaite, autoritaire, excessive, maléfique. La
différence de nature est un état de fait que les femmes elles-mêmes reconnaissent : « Nous avons
autant de mémoires, mais moins de jugement que les hommes ; nous sommes plus folles, plus
légères, moins portées aux choses solides », écrit madame de Maintenon. Les précieuses,
caricaturées par Molière, tentent de remettre en question la position de la femme dans la société ; et
certains hommes également, tel Poullain de la Barre qui en 1673 publie quatre ouvrages sur l’égalité
des sexes.
Nicolas Joseph meunier au 19ème siècle
Le pain étant l’aliment de base de la société d’autrefois, le moulin jouait donc un rôle primordial.
Moulin à eau ou moulin à vent ? À côté des moulins de l’Antiquité mus par la force animale, les
moulins à eau se multiplient à l’époque carolingienne. Les moulins à vent, si beaux dans nos
paysages, ne se généralisent qu’à partir du XIIème siècle. Dans tous les cas, leur création représente
un investissement tellement important que seuls les seigneurs locaux ou les religieux peuvent en
financer la construction. Jusqu’à la Révolution, le meunier n’est donc qu’un "utilisateur" du moulin : il
doit reverser au seigneur une partie du grain qu’on lui apporte. Il a en contrepartie l’exclusivité de la
fabrication de farine sur tout le territoire appelé la "banlieue" du moulin, c’est-à-dire une surface
ayant pour rayon la distance qu’un âne chargé peut parcourir en une demi-journée. En paiement de
son travail, il prélève 1/24ème de la farine moulue – en théorie du moins, car la tradition l’accuse
d’avoir souvent la main lourde…
La Révolution met fin aux monopoles seigneuriaux sur les moulins, qui deviennent autant
d’entreprises privées. Les constructions se multiplient au point qu’on peut considérer le XIXème
siècle comme l’âge d’or des moulins ! Une embellie avant leur disparition : les machines à vapeur
apparaissent vers 1850, les cylindres commencent à remplacer les meules à partir de 1872 et les
minoteries industrielles fabriquant du pain blanc (par opposition au pain bis réalisé avec la farine
traditionnelle) se généralisent à la fin du XIXème siècle. Les meuniers ont beau dénoncer jusqu’en
1910 les méfaits du pain blanc, le combat est perdu : les minoteries ont désormais fait disparaître de
nos campagnes et de nos paysages les moulins d’autrefois.
Compilation sur la famille 30/77
Annexe : 1 – Moulins sur la Vanne
Les moulins sur la Vanne – Eguebaude & haut de Villemaur
Le moulin d’Eguebaude à Estissac
Compilation sur la famille 31/77
Les Bruley, une famille de
fabricants au 19ème
& 20ème siècle
Compilation sur la famille 32/77
Préface
Si historiquement les Bruley étaient fermiers, un peu avant la moitié du XIXème siècle ils
ont été dans la bonneterie, pendant quatre générations et 135 ans. En fait de cette longue
histoire il ne reste pas beaucoup de traces, la marque Bestiss pour Bruley d’Estissac, existe
toujours en 2015 et un métier donné par mon père est exposé au musée de la bonneterie
de Troyes.
Dans ce fascicule, j’ai regroupé différents éléments pour évoquer cette partie de l’histoire
familiale : quelques mots sur les origines de la bonneterie troyenne, sur les débuts des
activités de fabricant de Félix Bonaventure Bruley, mon arrière arrière-grand-père, sur
l’usine telle qu’elle était à la fin des années 50, et sur la fin de ces activités dans les années
70. En annexe j’ai regroupé des notes et des illustrations pour compléter le texte.
Bonne lecture,
Michel Bruley
Compilation sur la famille 33/77
Histoire de la bonneterie dans la région Troyenne
Le monde rural de la Champagne sèche (quelquefois appelée aussi pouilleuse) est au 17ème
siècle très
pauvre. Pour compléter leurs revenus, certains se font ouvriers à domicile et font du tricotage, au
début à la main avec des aiguilles à tricoter. La production est faible, les ventes se font
essentiellement sur les marchés locaux.
Cependant avec l’arrivée des métiers Lee en bois (voir annexe 1), la bonneterie se développe
beaucoup dans la région, en particulier selon le « système de la fabrique » : les travailleurs, dispersés
dans la campagne, assurent la production à domicile et vendent leurs produits à des négociants
appelés « fabricants », et non directement à la clientèle. Le « fabricant » confie le matériel et vend la
matière première aux travailleurs, puis il leur achète leurs produits finis pour les revendre dans les
villages et les villes, au début uniquement dans la région, et au XIXème siècle dans la France entière,
voir dans ses colonies.
Dans ce système de production dispersée, les ouvriers n’ont besoin que d’un pécule très limité, pour
acheter la matière première, mais le négociant appelé « fabricant » lui doit posséder un capital plus
conséquent pour acheter des métiers. De nombreux historiens voient dans ce système une des
premières étapes du développement du capitalisme industriel.
Dans sa Notice sur Estissac et Thuisy, Bruley-Mosle écrivait qu’avant 1754, il ne pouvait y avoir de
bonneterie à Estissac, ni même dans le département de l’Aube, sauf pour quelques petites
exceptions.
Longtemps on ne connut en France d’autres bas que ceux d’étoffes ; au XVIème siècle, on s’imagina
d’en tricoter à la main ; les statuts de la corporation des bonnetiers de Troyes, datant de 1554, disent
que c’est le seul procédé. Ce n’est que vers le milieu du XVIIème siècle que le métier à bas fit son
apparition ; c’était le métier à mailles unies, dit « Métier français », de son vrai nom, c’est le métier
« William Lee », nom de son inventeur, qui était pasteur protestant anglais, qui en fit l’invention à
Calverston, en Angleterre, en 1539.
Ce sont des métiers de ce système qui furent introduits en France vers 1656, et renfermés dans un
local du bois de Boulogne, et n’étaient visibles que pour un petit nombre. Ce n’est qu’en 1672, que le
privilège du fabricant du 1° métier étant expiré, que l’usage de cette fabrication devint général, et, en
peu de temps, s’étendit dans de grandes proportions, car il fut permis d’employer pour le métier à bas
la soie, la laine, le fil, le poil, le coton, ce qui fit tomber le bas de tricot à la main et le bas d’étoffe.
Mais un arrêt de 1700, du Conseil des ministres, arrêta l’essor de la fabrication, en la restreignant à
quelques villes ; et, dans toute la Champagne, il n’y eut que Reims qui eut le droit de posséder des
métiers à bas ; les quelques métiers qui existaient à Troyes durent cesser de fonctionner. Cependant, il
y eut quelques dérogations à la sévérité du règlement ; les administrateurs des maisons hospitalières
de Troyes, sous prétexte d’occuper des pauvres valides, obtinrent quelques métiers. Le seigneur
d’Arcis obtint aussi la même faveur en 1733.
Enfin, en 1754, parut un arrêt du Conseil des ministres permettant la libre fabrication de la
bonneterie. Dès lors, cette industrie prit un grand essor dans la Champagne méridionale, et le nombre
des métiers de la maison hospitalière, qui était de 7, s’éleva bientôt à 70, et comme il n’y avait pas
assez d’hospitalisés pour faire mouvoir les métiers, on dut prendre des ouvriers libres, puis ceux-ci ne
tardèrent pas à s’établir et à former de nouveaux élèves, qui propagèrent l’industrie à Troyes et dans
les environs.
Compilation sur la famille 34/77
Ce n’est donc qu’après 1754 que le métier dit « Français » a fait son apparition à Estissac, car les
premiers métiers employés dans le pays étaient de ce système, ainsi que ceux signalés dans la
statistique de 1787. Mais le métier dit « Français », employé à cette époque dans notre localité, fut
bientôt abandonné et remplacé par le métier d’un autre système appelé le « Métier anglais » : c’est
celui qui eut la préférence, et le seul employé en grand nombre dans le pays.
Le métier « Anglais » ou métier à double fonture, et aussi « Métier à côtes », fut inventé en Angleterre
en 1755 par l’anglais Jélédiat Strutt, et fut importé en France en 1770 par un nommé Sarazin, qui
établit une petite fabrique à Paris et ensuite à Lyon. Ces métiers ne se propagèrent que plus tard, et
furent utilisés à Troyes et dans quelques pays d’Othe. Ce sont ces métiers qui ont eu la faveur dans le
pays, et leur nombre, allant toujours en progressant dans le village, y attira de la population, y amena
l’aisance et même la richesse, d’où l’ère d’une belle prospérité. Bientôt, on y construisit de
nombreuses et coquettes maisons ; de nouvelles rues furent tracées, qui rappellent même la
bonneterie : « rue des mitaines », ce qui indiquait que ces constructions appartenaient à des
bonnetiers.
La fabrique Bruley à Estissac
Dans ses mémoires « Enfance Champenoise » Simone Langlois/Bruley/Graven écrit :
Mon arrière-grand-père s’appelait Bonaventure Bruley, Il avait fondé en 1840, à Estissac, à 20 km de
Troyes, une des premières fabriques de bonneterie de la région, industrie qui devait prendre tant
d'essor par la suite.
Bonaventure avait dû édifier une belle fortune, car il laissa ses enfants forts à leur aise. Félix ne
travailla jamais, du moins à la fabrique. C'était un intellectuel et un dilettante, il s’adonnait à
l'astronomie, l'astrologie et à la généalogie. Par les registres paroissiaux, il trouva l'origine de notre
famille jusqu'au 17e siècle.
Bonaventure a donc eu une activité de fabricant, mais les établissements Bruley frères ont été créés
en 1865, par ses fils les trois frères Félix, Zénon, Jules qui avaient respectivement 33, 23 et 21 ans, à
ce moment-là leur père Félix-Bonaventure Bruley avait 65 ans. Toujours dans ses mémoires Simone
parle de la fabrique à différents moments, j’ai repris ci-dessous quelques extraits.
La fabrique, c'était surtout un grand entrepôt de laine, fil et coton, un atelier mécanique de
réparation, de grands rayons d'ouvrages finis à expédier par caisses et cartonnages. Il n'y avait que
deux ateliers de couseuses et remmailleuses. Les métiers se trouvaient répartis dans des maisons, au
village et aux environs, et où il y avait un ou deux métiers par maison. Cela nécessitait beaucoup
d’allers et venues, d’où le cheval et la voiture, et les petites camionnettes Citroën dites
« boulangères » dès qu’elles furent sur le marché.
Dans la cour de la fabrique, il y avait un cube de ciment aux murs intérieurs de croûte jaune ; on y
blanchissait, sur des claies, des chaussettes de laine blanche, à la vapeur du soufre qui brûlait dans
des chaudrons de fonte. Aussi tôt le soufre allumé, on appliquait des portes épaisses solidement
coincées par des barres de fer. On ne les enlevait que 48 heures après. Malgré cela, tous ceux qui s'en
approchaient toussaient et leurs yeux larmoyaient.
Jules voyageait beaucoup pour la fabrique ; il s'était réservé la place de Paris, la maison prenait part à
des expositions en France et à l'étranger, leur papier à lettres commercial était orné en haut à gauche
de reproductions de médailles et palmes gagnées à ces manifestations. Une rumeur tardive me fit
comprendre qu’à Paris et ailleurs, mon grand-père menait la bonne vie joyeuse correspondant à son
tempérament.
Compilation sur la famille 35/77
Article sur l’usine Bruley à Estissac paru dans l’OFFICIEL en 1959
La fondation de l’usine remonte à 1865. À l’origine l’entreprise consistait en un vaste magasin où se
rassemblait la production disséminée au bourg et dans les hameaux avoisinants. C’est à domicile que
les maîtres ouvriers et leurs aides conduisaient les métiers (fournis par l’entreprise) travaillant la
laine ou en partie moindre le coton. Les allées venues étaient incessantes pour l’approvisionnement,
les livraisons, les envois et retours de teinture, etc.
Naturellement, pendant l’entre-deux-guerres il fallut procéder au renouvellement des métiers et
s’adapter aux nouvelles techniques : plus question de monter des machines doubles cylindres à
domicile ! Le magasin devint donc manufacture dans de nouveaux locaux agrandis et spécialement
adaptés pour répondre à toutes les opérations.
Ce principe de concentration est toujours en vigueur, mais le parc de métiers, lui, a bien évolué : les
machines ne pouvant produire que des articles Derby sont devenues des machines dites à maille
fantaisie, puis des machines type jacquard deux couleurs et même des machines trois couleurs.
En voici le détail :
 80 machines environ à maille fantaisie dont la plus ancienne date de 1942,
 15 machines genre jacquard de modèle récent pouvant faire des articles bicolores très
demandés,
 15 machines dites C.P., produisant des articles très fantaisies, et particulièrement recherchés,
 20 machines environ genre Derby à double chute et de types divers,
 enfin, une première batterie de métiers circulaires « 420-aiguilles, double-chute » a permis de
débuter la production de bas sans couture, en mousse et en voile.
La majorité de ces machines est de marques anglaises dont la réputation est mondiale. Également
quelques machines italiennes qui donnent entière satisfaction. La mise en service des métiers
circulaires « 420 – aiguilles, double-chute » dans les manufactures françaises de bonneterie est toute
récente. Ces machines permettent de réaliser des bas sans couture en voile « et en mousse » de
présentation impeccable, d’une solidité améliorée et moulant parfaitement la jambe.
Il est à noter que tout ce matériel est très délicat et demande une grande surveillance, ainsi qu’un
parfait entretien. Des appareils électroniques avec enregistrement sur bandes permettent de suivre
directement depuis les bureaux de direction la régularité de fonctionnement de chaque machine. Ces
bandes sont remises régulièrement au chef d’atelier et lui permettent d’intervenir utilement auprès
de chaque équipe.
Il faut souligner le parfait état constant de ce parc. C’est là, la condition première et indispensable
pour obtenir une production régulière impeccable. C’est l’élément numéro un de l’excellente
réputation de la maison. Un ingénieur A&M, ainsi qu’un contremaître technicien sont constamment
affectés à cette tâche essentielle.
Ce furent d’importants investissements de modernisation. Ils permettent d’assurer à l’heure actuelle
une production régulière, compétitive, donnant toute satisfaction à la clientèle des grossistes : c’est-
à-dire à celle qui sait le mieux juger, apprécier et reconnaître la qualité et les efforts du fabricant.
La réputation du département de l’Aube est mondiale. Elle résulte pour une grande partie de la
qualité et de la dextérité de sa main-d’œuvre traditionnellement attachée et entraînée à toutes les
façons et opérations parfois très délicates, particulière à la bonneterie. Cette main-d’œuvre a suivi
Compilation sur la famille 36/77
l’évolution générale, en adaptant ses qualités propres à la spécialité technique exigée par les
nouvelles conditions de la production. Dans un bourg – Estissac n’est-il pas éloigné de 20 kilomètres
d’un centre important ? Il est impératif d’assurer du travail au personnel de l’usine, d’un bout de
l’année à l’autre. En cas d’arrêt les ouvriers et ouvrières se déplaceraient : il deviendrait alors difficile
de les remplacer. Un planning rigoureux doit donc être établi pour l’année entière. Heureusement, la
qualité de la production, les efforts avisés de la direction, la fidélité de la clientèle permettent de
faire tourner deux ou trois équipes chaque jour, de 100 à 120 personnes selon la saison.
Au cours de la visite, nous avons remarqué à quel point les locaux sont bien adaptés à leur fonction
et noté les cheminements aisés ménagés aux chariots d’approvisionnement et de manutention. Ils
desservent le hall des métiers qui s’étend sur 1500 m² pour les « Komet », et sur 500 m² pour les
services et annexes. De vastes baies vitrées favorisent un bon éclairage hiver comme été.
L’excellente aération est fournie par des ventilateurs bien disposés. Les thermostats de contrôle de la
chaudière à mazout veillent à la régularité de la chaleur distribuée par les circuits de vapeur.
Nous assistons aux prélèvements effectués régulièrement aux divers stades de la fabrication afin
d’être envoyés au laboratoire pour vérification. Mesure de prudence puisque toute erreur ou
malfaçon est ainsi détectée rapidement et corrigée. Mesure de garantie pour répondre à la confiance
de la clientèle.
Nous entrons ensuite dans l’atelier d’apprêt. Là, c’est encore le règne de l’automatisme et aussi celui
de la vapeur haute pression provenant d’une chaudière à mazout fonctionnant sans aucune
intervention humaine. Des horloges électroniques règlent même les heures de marche. Dans cet
atelier d’apprêt clair et bien ventilé, nous trouvons des machines ultra-modernes travaillant de façon
continue et pouvant traiter chacune environ 350 douzaines par huit heures avec deux ouvriers. Voici
le premier qui enfile, l’un après l’autre des mi-bas : chaque pièce est montée sur un pied
d’aluminium pris dans la chaîne qui l’entraîne vers l’étuve où le mi-bas sera vaporisé, réglé en
longueur, puis « fixé » par un procédé s’inspirant du « pressing » ; ensuite séché lors du passage dans
un long tunnel. Les voilà maintenant au deuxième ouvrier qui les récupère, les empile par douzaines,
enfin les dépose sur les plateaux qui les achemineront jusqu’à l’atelier de finissage. Là nous voyons
les ouvrières s’affairer pour procéder au visitage, à l’appairage, à l’étiquetage et finalement au
conditionnement.
Voici à présent un hall donnant sur le quai : c’est le service « Expédition ». Caisses et cartons aux
marques des grossistes des quatre coins de la France sont gerbés prêts à partir, ainsi que les
emballages « export » à destination d’Alger, Constantine, Dakar, Casablanca ; d’autres pour le
Canada, la Suède, la Norvège et déjà même l’Allemagne. Tout à l’heure la camionnette de l’usine en
portera une partie à la gare d’Estissac, le reste sera enlevé dans la soirée par le camion-remorque
« rail-route » des transports rapides.
Après être monté à l’étage supérieur, la visite se poursuit par un coup d’œil aux rayonnages du stock.
Ici se trouvent rassemblés des milliers de douzaines de bas, mi-bas, chaussettes, socquettes en laine,
fil de coton, nylon, rilsan, classés par numéros, tailles et coloris. Chaque référence de la collection y
est représentée pour répondre aux demandes urgentes des clients. On comprendra l’importance de
cet entrepôt puisque la firme s’attache à pratiquer les « réassortiments express » pour toute la
gamme de sa production ; nous y reviendrons tout à l’heure.
Enfin nous sommes de retour dans les bureaux après être passés par le petit salon de réception que
tant de grossistes – tant d’amis de la maison – connaissent bien. Au cours de l’entretien que vont
nous accorder MM. Jacques Bruley et Pierre Lairé-Bruley, gérants de la maison, nous avons noté
certaines indications précieuses pour les lecteurs de l’OFFICIEL.
Compilation sur la famille 37/77
« Vous venez de voir nos installations dans une usine en plein travail. Vous avez remarqué nos efforts
et nos soucis en faveur de la qualité. Nous avons voulu y adjoindre notre « garantie » et l’avons
concrétisé par l’adoption d’une « marque ». C’est en 1950 qu’abandonnant l’anonymat nous avons
choisi « BESTISS » comme label, en le complétant du slogan « je suis doux – je suis fort »
caractérisant bien (avec l’agneau et le lion illustrant notre écusson) la qualité de nos articles : « doux
à porter – résistant à l’usage ».
Précisons qu’une partie appréciable de notre production est présentée au consommateur sous le
label personnalisé de certains de nos clients : par exemple « SANEB, SELDIS, SERMO, etc. ». En la
circonstance vous jugerez de « l’esprit d’équipe » que nous manifestons en raison des lourdes
sujétions qui résultent pour nous de l’observation simultanée des trois obligations du domaine de la
fabrication, du stockage, de la productivité.
 Fabrication : un simple changement d’étiquette est une source d’erreur et de rupture dans la
cadence, à l’encontre de l’idéal : « un seul article d’un bout de l’année à l’autre ».
 Stocks : l’incidence est encore plus grave. Cartonnages spéciaux commandés à l’avance.
Fabrication en série de bout en bout de la totalité de l’ordre ; cela dès avant l’entrée de saison
pour des livraisons qui seront forcément échelonnées. La commande sera naturellement
exécutée pour la quantité prévue initialement ; d’où impossibilité de la réduire, encore moins de
l’augmenter. Mais les difficultés ne nous effraient pas et nous avons réussi à satisfaire les plus
compliquées.
 Productivité : il faut ici souligner que tous les problèmes de standardisation et de normalisation
nous intéressent particulièrement. Tout progrès à cet égard est un facteur de réduction des frais,
des heures, des stocks ; pour le conditionnement seul un rabais appréciable sur les cartonnages
serait possible. Toutefois, la tendance naturelle s’oriente au contraire vers la personnalisation. Il
est encore prématuré de faire un choix entre ces oppositions.
Par contre nous avons adopté les nouveaux filés modernes et en sommes satisfaits. Purs ou
mélangés, filés ou texturés les synthétiques nous ont permis de sortir d’excellents articles Nylon,
Hélanca, d’abord, puis Rilsan que nous avons été parmi les premiers à utiliser, sont des matières
agréables à façonner – une fois surmontées la période de mise en route et les difficultés de teinture.
Ils autorisent une grande variété de mélange heureux et de modèles attrayants répondant
parfaitement à notre devise « je suis doux – je suis fort ».
Compilation sur la famille 38/77
Les collections sont variées, trop peut-être, mais les goûts, les besoins, les habitudes varient avec
chaque région, et puis les Français sont individualistes et il faut un grand choix. Passons un peu en
revue nos fabrications : deux collections annuelles l’une d’été, l’autre d’hiver.
 Bas : nous fabriquons encore de gros articles de campagne en laine et en coton, mais la grande
production est représentée par les articles de mousse de Nylon et de Rilsan, et tous titrages avec
ou sans couture.
 Mi-bas, socquettes, jarrettes, chaussettes : c’est là notre grosse production – dans différentes
matières telles que la laine, le coton, le nylon, le rilsan. Les mélanges dits intimes de laine et
nylon, laine et rilsan et aussi les mélanges de fil coton avec mousse de nylon ou de rilsan, laine
avec mousse de nylon ou de rilsan.
Chaque référence correspond bien entendu à un dessin et à une présentation, elle doit comporter en
outre une gamme étendue de coloris. Nous produisons aussi des slips diminués, et des collants en
mousse de nylon ou de rilsan. Ces articles font actuellement l’objet d’une très grande vogue.
Est-il nécessaire de dire que ces collections recueillent la faveur des Grossistes ? Car c’est vers eux
que nous nous sommes toujours orientés et nous leur réservons la quasi-totalité de notre
production. Nous apprécions mieux chaque jour l’agrément de nos relations avec cette excellente
clientèle. C’est une clientèle variée, qui nous assure de « bons paquets », qui nous connaît bien, qui
nous est fidèle, qui à l’estime de nos banquiers. Les rapports sont directs, humains. Pour nous, ce ne
sont pas des clients … « ce sont des amis ».
Aussi nous nous efforçons de reconnaître leurs difficultés, l’étroitesse de leurs marges, l’étendue de
leurs risques. Nous savons que pour eux les réassortiments constituent une servitude préjudiciable à
leur productivité, tout comme elle est préjudiciable à notre productivité. Mais nous en avons compris
l’absolue nécessité. Vous avez vu tout à l’heure nos équipements spéciaux. Ils nous permettent de
répondre à toutes les demandes dans les meilleures conditions et sans délai. Sans délai, puisque
nous nous appliquons à expédier de l’usine dans les vingt-quatre heures – dans les deux heures si
nécessaire – tous les ordres de réassortiments.
Allons-nous encore parler de notre réputation ? Précisons que nous ne négligerons aucun effort pour
la défendre. Aussi notre premier soin – vous l’avez constaté – est-il d’éviter toute source d’incident.
S’il se présente un cas exceptionnel, nous l’aborderons aussitôt avec toute notre compréhension et
toute notre diligence afin d’y remédier et de l’aplanir.
Faut-il conclure ? Alors s’impose à nous cette évidence : producteurs et grossistes ne font vraiment
qu’une seule famille : amitié et loyauté réciproques en constituent les bases essentielles.
La fin des activités industrielles dans les années 1960
Vers la fin des années 50, pour diversifier les productions, les Établissements Bruley frères rachètent
la société et la marque Lafitte pour faire des pull-overs et des maillots de bain. Cette nouvelle activité
se développe bien, et la marque s’installe bien sur le marché devenant même le fournisseur des
équipes de France de ski et de natation. Des champions comme Jean Claude Killy ou Kiki Caron
portent alors en compétition des articles de la marque. C’est à cette époque que Bestiss met sur le
marché les premières chaussettes à bouclettes, d’abord pour le ski, puis pour d’autres sports.
Malheureusement cette innovation qui est un grand succès n’est pas brevetable.
Pendant mes études à Dauphine dans les années 70, j’ai fait un mémoire de fin d’année sur l’usine et
j’ai donc d’interrogé mon père sur la fin de l’usine revendue fin 1969. En fait le début des années 60
est très bon, la marque Lafitte en plein lancement correspond aux attentes du marché, et Bestiss
profite à plein du retour des rapatriés d’Algérie qui cherchent à s’équiper avec des articles de qualité.
Compilation sur la famille 39/77
Dans ce contexte les dirigeants ne voient venir une évolution du marché du chaussant, qui amène les
clients à considérer les chaussettes comme des articles de consommation, quasiment jetables, et
donc à délaisser les articles de qualité. Les rapatriés s’alignent rapidement sur le comportement des
métropolitains et dès 64 les ventes de Bestiss commencent à chuter. Quant à Lafitte, positionnée
avec des articles de mode, le succès est de courte durée, il faut renouveler les collections ce qui est
toujours aléatoire et les nouvelles collections sont moins appréciées.
L’usine subit un incendie en 1968, un après-midi le feu prend au dernier étage dans les stocks au-
dessus des bureaux, des pompiers viennent même de Troyes, mais au final les dégâts sont très
importants. Le dernier étage est entièrement brûlé et les autres sont inondés. Une grande partie des
stocks sont réduits à néant du fait du feu, de l’eau ou des fumées, de grands travaux sont nécessaires
et pour mieux positionner l’entreprise face aux évolutions du marché, il est aussi souhaitable
d’investir dans de nouveaux matériels. Or la Société « Établissements Bruley Frères », société à
Responsabilité limitée dont le siège est à Estissac, au capital de 1,8 million de Francs, divisé en 5000
parts sociales de 360 francs, appartient à onze associés :
 Mme André Lambert-Daverdoing, 1245 parts,
 Mme Pierre Lairé, 1244 parts,
 Madame Jean Graven, 588 parts,
 Mr Jacques Bruley, 588 parts,
 Mr Jean Bruley, 588 parts,
 Madame Jean Dargouge, 588 parts,
 Madame Jean-Pierre Mouscadet 138 parts,
 Mr Georges Bruley, 10 parts,
 Mr Robert des Abbayes, 5 parts,
 Succession Lecerf, 5 parts,
 Mr Pierre Lairé, 1 part.
Seul Jacques Bruley et Pierre Lairé travaillent à l’usine, ils représentent 1833 parts, et sont intéressés
à continuer l’activité, mais les autres ne sont pas séduits par l’idée d’investir. Au final il est décidé de
vendre les bâtiments et les matériels à Doré Doré (marque DD) qui reprend le personnel, Jacques
Bruley conservant la marque Bestiss et Pierre Lairé la marque Lafitte. La liquidation de la société fait
apparaître un solde positif de 242,09 francs par part (~272€).
Mon père crée les « Etablissement Jacques Bruley » à Troyes le 4 février 1969 (siège social 26 rue
Bégand), dont l’objet est le négoce, courtage, importation, exportation, vente à la commission de
tous articles textiles et de bonneterie. Les premières années la société importe principalement des
articles de Hollande, mais cette organisation manque de flexibilité et la rentabilité est souvent très
affectée par des problèmes de change. Finalement la société s’appuie sur des sous-traitants locaux
qui répondent plus vite et ne présentent aucun risque de change. Globalement l’activité est
modeste, elle permet cependant à mon père de travailler jusqu’à sa retraite à l’été 1974.
La marque Bestiss est reprise par un des sous-traitants, qui conserve les quelques personnes de la
société. En 2015 elle existe toujours et il est facile de trouver sur internet des chaussettes de cette
marque, le logo, les slogans, les illustrations (lion, mouton, chat) et les couleurs créées dans les
années 50 sont toujours utilisées. Il est aussi possible d’acquérir sur internet des buvards
promotionnels de l’époque. La marque Bestiss est une invention de mon père qui m’a plusieurs fois
raconté qu’il avait passé une après-midi entière à réfléchir, et que finalement il avait pondu BESTISS,
qui à la fois était une contraction de « Bruley d’Estissac » et exprimait bien l’activité. Le logo, les
slogans, les illustrations, les couleurs ont été créés par Jean Dargouge (voir annexe 3).
Compilation sur la famille 40/77
Au final, de 135 ans d’activité dans la bonneterie, il ne reste qu’un métier donné au musée de la
bonneterie de Troyes et la marque Bestiss qui continue d’être utilisée.
Ci-dessous des articles trouvés sur internet en 2015 : des chaussettes bouclettes et des collants, le
mouton, le chat et le lion sont toujours là.
Compilation sur la famille 41/77
Annexe 1 : Reliefs de la Fabrique
Facture de la Fabrique
Plaque des représentants
Compilation sur la famille 42/77
Annexe 2 : Ateliers de bonneterie
Atelier à Estissac au début du XXème siècle
Atelier des établissements Bruley en 1958 (bâtiment D, voir emplacement annexe suivante)
Compilation sur la famille 43/77
Annexe 3 : Commentaires sur les bâtiments de l’usine
Le premier et plus ancien bâtiment de l’usine est le A, un atelier de réparation des machines qui au
départ était le seul bâtiment de la fabrique, du temps où toute la production était faite dans des
maisons ou des fermes d’Estissac. Cet atelier a brûlé au début du XXème siècle et a été reconstruit.
Les deux autres plus anciens bâtiments sont le B et le C. Je crois qu’il y a d’abord eu le B qui servait à
l’entreposage, puis le C qui a dû au départ abriter des ateliers, et après des bureaux et des stocks. Le
C a brûlé en 1968 et on lui a rajouté un étage. Le bâtiment D (le hall des machines, cf. photo de 1958
annexe : 3) date de l’entre-deux guerre, peut-être les années 20, quand toute la production a été
rapatriée sur un seul site. Le bâtiment E est un petit hangar de stockage d’emballage, où nous jouions
à cache-cache à la fin des années 50.
Compilation sur la famille 44/77
Annexe 4 : La marque BESTISS
Les premières étiquettes à la marque
Un buvard promotionnel signé J. Dargouge (1958) et l’étiquette standard des années 60
Compilation sur la famille 45/77
Annexe 5 : Participations à des manifestations commerciales
A partir de la gauche, Pierre Lairé et Jacques Bruley lors d’une manifestation pour Bestiss dans les
années 1950
Nicky et Jacques Bruley, lors d’une manifestation pour Lafitte, à New York en mai 1962, le
mannequin en maillot de bain est Danièle Bruley ma sœur ainée.
Compilation sur la famille 46/77
Annexe 6 : Histoire de la bonneterie
Colbert serait à l’initiative de l’introduction des métiers Lee en France
M. Colbert voulait rendre le pays supérieur à tout autre en opulence, abondant en marchandises,
riche en arts, et fécond en biens de toutes sortes. Il ne négligea rien pour acclimater en France les
industries des autres pays, ce qui se fabriquait de particulier en Angleterre. Pour la confection de
certains produits, il est allé jusqu’à donner aux ouvriers amenés d’Angleterre la demeure royale de
Madrid, transformant ainsi un palais en atelier pour y accueillir les premiers métiers Lee. (Source
Musée de la Bonneterie – Troyes)
Honoré de Balzac parle de la bonneterie de la région troyenne (1847)
Presque toute la bonneterie de France, commerce considérable, se fabrique autour de Troyes. La
campagne, dans un rayon de dix lieues est couverte d’ouvriers dont les métiers s’aperçoivent par les
portes ouverte quand on passe dans les villages. Ces ouvriers correspondent à des facteurs, lesquels
aboutissent à un spéculateur appelé fabricant. Ce fabricant traite avec des maisons de Paris ou
souvent avec de simples bonnetiers au détail qui, les uns et les autres, ont une enseigne où se lisent
ces mots : fabrique de bonneterie. Ni les uns, ni les autres ne font un bas, ni un bonnet, ni une
chaussette. (Source Musée de la Bonneterie – Troyes)
William Lee inventeur du premier métier à tricoter les bas
Le révérend William Lee ou Lea (vers 1550 – 1614) est un ecclésiastique anglais, inventeur de la
machine à tricoter les bas. C'était une machine à tricoter manuelle dont la forme rappelait les
métiers à tisser de l'époque. William Lee vit à Calverton près de Nottingham. En 1589, il invente la
machine à tricoter les bas et permet à la bonneterie de devenir la principale activité des Midlands.
Le tricot pose des problèmes techniques qui restent longtemps sans réponse. Ce tissage à un fil
semble être apparu au XVème siècle. Avec l’invention de Lee, on passe rapidement du tricotage
manuel à une machine dont l’automatisme est déjà avancé et qui doit encore faire l’admiration de
Diderot au milieu du XVIIIème siècle. William Lee se voit refoulé de partout, voire menacé, tant son
invention bouleverse la production et donne de crainte à la population ouvrière. Avec les grèves
d’imprimeurs du milieu du XVIème siècle, ce sont les premières manifestations ouvrières et
destructions de machines.
En 1666, la machine de William Lee est introduite en France par Jean Hindret qui fonde la
manufacture du château de Madrid à Neuilly-sur-Seine.
Jedediah Strutt inventeur du métier à côtes de Derby
Jedediah Strutt (1726 - 7 mai 1797) ou Jedidiah Strutt, comme lui-même l'écrivait, est un bonnetier
et fileur de coton originaire de Belper en Angleterre. Strutt et son beau-frère William Woolat mirent
au point un accessoire au métier à bas (stocking frame) qui permettait la production de bas côtelés.
Leur machine devint connue sous le nom de la « machine à côtes de Derby » ("Derby Rib Machine"),
et les bas qu'elle produisait devinrent rapidement très prisés.
Jedediah Strutt est né à South Normanton, près d'Alfreton dans le Derbyshire d'une famille
d'agriculteurs, en 1726. En 1740, il devint apprenti charron à Findern. En 1754, il hérita d'un petit
troupeau de bétail venant d'un oncle, et épousa Elizabeth Woolatt en 1755 dans le Derbyshire. Il
Compilation sur la famille 47/77
déménagea à Blackwell où il avait hérité d'une ferme d'un de ses oncles et y développa une
entreprise de transport du charbon de Denby à Belper et Derby.
Le beau-frère de Strutt, William Woolat, employa un certain Mr. Roper de Locko qui avait conçu une
idée pour un accessoire au métier à bas pour tricoter des bas côtelés. Il en fit un ou deux spécimens
qu'il montra à ses amis, mais il n'était pas intéressé par le développement de son idée et n'en avait
d'ailleurs pas les moyens. Woolatt se concerta avec Strutt, qui vendit un cheval et offrit 5£ à Roper
en échange de son invention. Strutt et Woolatt transformèrent le dispositif en une machine viable et
obtinrent un brevet en 1759. Leur machine se fit connaître sous le nom de « machine à côtes de
Derby », et les bas qu'ils produisaient avec devinrent rapidement très populaires. Le coton était
moins cher que la soie et plus confortable que la laine, mais la demande était beaucoup plus
importante que l'offre.
Strutt et l'autre fileur, Samuel Need, furent présentés à Richard Arkwright qui était arrivé à
Nottingham vers 1768, et y installa sa machine à filer qui fonctionna grâce à la force des chevaux,
mais cette source d'énergie était loin d'être satisfaisante. À Derby, John Lombe avait construit un
moulin à soie très efficace qui utilisait l'énergie hydraulique. Strutt et Need se joignirent à Arkwright
pour concevoir une manufacture de coton à Cromford, en utilisant ce qui fut dorénavant appelé le
water frame d'Arkwright. C'était le premier de la sorte dans le monde entier, et il marqua le
commencement de la Révolution industrielle.
Métier en bois
Compilation sur la famille 48/77
Un ancêtre aventurier
Compilation sur la famille 49/77
Légende familiale : un parent aurait participé à la découverte du Canada et laissé son nom à un lac
Dans le document que Léon a rédigé sur son voyage aux États-Unis, il parle à un moment d’un lac qui
porte le nom de Brulé. Il écrit :
« Un lac près de Montréal porte le nom de Brulé – et trois villages – nous avons passé près du lac,
mais nous n’avons pas visité les villages. Est-ce un ancêtre ? Notre famille est originaire de Neuville-
sur-Vanne – avant 1675, il n’y avait pas d’état civil. Donc, on ignore la date de naissance de
Maisonneuve et celle de Jean Brulé, qui est le plus ancien du nom. Nous savons que Jean Brulé, notre
ancêtre, s’est marié à Neuville-sur-Vanne en 1682.
Dans les archives de l’Aube, Mr Durétaille a trouvé que Maisonneuve était imposé à Neuville
s/Vanne, et ne payait pas d’impôts – parce qu’il était parti au Canada. Quant à l’orthographe du nom
de Brulé, elle est variable – dans des actes en notre possession, dans un partage, les trois frères ont
orthographié leur nom d’une façon différente – c’était sans doute une habitude à cette époque.
Il est possible qu’il y ait eu des Brulé à Neuville au moment du départ de Maisonneuve – Nous
l’ignorons, puisqu’il n’y avait pas d’état civil – D’ailleurs, parmi les premiers pionniers, il y avait un
Brulé – C’est Étienne Brulé, le premier coureur des bois, qui a découvert le lac Ontario – sur lequel
est construite la ville de Toronto – Il était parti de Montréal. Au Canada français, nous sommes
presque en famille ».
Le Lac Brûlé vu par Wikipédia
Le lac Brûlé (en anglais : Burnt Lake) est une étendue d'eau du Québec dont la rive orientale délimite
la frontière entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Le lac s'étend en longueur dans une
direction nord-sud. Son principal émissaire est la Romaine dont les eaux se jettent dans le golfe du
Saint-Laurent.
Le lac Brûlé est l'un des 90 lacs de ce nom au Québec. Il apparaît sous le nom de « L. Brûlé » sur une
carte de 1898 et sous le nom anglais de Burnt Lakes sur une carte de 1911. Il est connu au XIXe
siècle
sous le nom des lacs Brûlés et on distinguait ses parties les lacs Brûlé, Lavoie et Anderson. Il est
connu par les Amérindiens sous le nom de Apuabushkau ou Apuabushkash. Il doit son nom
probablement à un ou des incendies qui ont ravagé le territoire environnant.
Le lac a une superficie de 89 km², une longueur de 34 km, une largeur de 5,7 km, une altitude de 485
m. Il est alimenté par La Romaine qui est aussi son principal émissaire.
Étienne Brûlé vu par Wikipédia
Étienne Brûlé est un aventurier Français né vers 1592, à Champigny-sur-Marne, à l'est de Paris, mort
vers juin 1633 au Canada.
Parti très jeune pour la Nouvelle-France, sans doute dès 1608, il fut le premier truchement
(interprète) de Samuel de Champlain en langue huronne. Menant une vie de coureur des bois, il
séjourna chez les Amérindiens de 1611 jusqu'à sa fin tragique dont il est impossible de préciser la
date, postérieure à 1630 selon toute vraisemblance.
Travaillant pour le compte de compagnies des fourrures qui le rémunéraient pour persuader les
tribus d'amener leurs peaux à la traite, il n'en demeura pas moins très indépendant, et sa vie reste
entourée de mystères. Véritable personnage de romans d'aventures, il partagea la vie des Hurons,
Compilation sur la famille 50/77
s'habillant comme eux, prenant femmes indiennes, adoptant leurs mœurs, leur morale et leur mode
de vie.
Durant toutes ces années, il visita de nombreuses contrées, allant vers les Grands Lacs canadiens
(Lac-Supérieur, lac Érié…), se rendant plus au sud vers l'actuel État de Pennsylvanie, poussant
également vers le nord du pays Huron. Étienne Brûlé fut le premier Européen à s'aventurer dans ces
contrées : un périple cependant difficile à définir, car, peut-être analphabète, il n'a laissé aucune
trace écrite, aucune carte de ses pérégrinations. En fait il voyagea dans des lieux dont la paternité de
la découverte fut plus tard attribuée à d'autres.
En 1629, après la reddition de Québec aux Anglais, il se met au service des frères Kirke. Dans le
dernier écrit de Champlain, il est dit qu'il a trahi le roi et la patrie. Ces mots ne sont pas de
Champlain, mais de « troisième main », probablement de missionnaires jésuites. Accusé, il ne subit
jamais de procès ni n'eut l'occasion de se défendre : on doit donc le considérer comme innocent de
cette accusation. Accusé de trahison, il repartit alors pour le pays des Hurons. Aucun Européen ne
devait le revoir vivant. Il est assassiné par un (ou plusieurs) membre(s) de la tribu huronne de l'Ours,
pour un motif inconnu, et mangé par ceux-là mêmes dont il avait partagé la vie pendant plus de vingt
ans.
Il est souvent considéré comme le premier Européen franco-ontarien. Un parc et une école publique
francophone de Toronto portent son nom. Les historiens croient également qu'il est le premier
Européen à avoir visité ce qui est maintenant l'état américain du Michigan (en 1622).
Épilogue
Étienne Brûlé serait donc arrivé en Nouvelle France vers 1608, au tout début des premiers contacts
avec les Amérindiens, pour mémoire le premier voyage de Champlain date de 1603 et Pocahontas
s’est mariée avec John Rolfe en 1614. Maisonneuve qui est né le 15 février 1612, est arrivé en
Nouvelle France qu’en 1641, soit plusieurs années après la mort d’Étienne Brûlé, ils ne peuvent donc
pas être partis ensemble de Neuville sur Vanne pour aller au Canada.
Compilation sur la famille 51/77
Annexe
Une plaque, commémorant le passage d'Étienne
Brûlé sur la rivière Humber, dans le parc Etienne
Brûlé à Toronto vers le lac Ontario, situe sa date de
naissance en 1595.
Le lac Brûlé est une étendue d'eau du Québec, dont la
rive orientale délimite la frontière entre le Québec et
Terre-Neuve-et-Labrador. Le lac Brûlé s'étend en
longueur sur 34km dans une direction Nord-Sud.
Monument à Maisonneuve, par Louis Philippe
Hébert, à la Place d’Armes de Montréal.
Neuville-sur-Vanne, est une commune située dans le
département de l'Aube, au cœur du Pays d’Othe
aubois à 5km au nord-est d'Aix en Othe (généralement
vu comme la "capitale" du Pays d'Othe) et 25km au
sud-ouest de Troyes, la commune est traversée par la
Vanne. En 2011, la commune comptait 421 habitants.
Compilation sur la famille 52/77
Extrait de la Notice sur
Estissac et Thuisy
Par Bruley-Mosle
Compilation sur la famille 53/77
Préface,
Félix Bruley (1832 – 1923), le frère aîné de Jules le père de Georges et Léon, aimait faire
des recherches historiques. C’est lui qui a établi l’arbre généalogique de la famille. Il était
marié à Eriphile Mosle (1839 – 1930), ils n’eurent pas d’enfant. Simone en parle plusieurs
fois dans « Enfance Champenoise ».
Félix a publié, en 1911, un ouvrage qui a été honoré d’une récompense par la Société
Académique de l’Aube, intitulé « Notice sur Estissac et Thuisy » qu’il a signé Bruley-Mosle.
En introduction de cet ouvrage, il dit avoir écrit cette notice pour faire revivre quelque peu
le passé et payer un tribut de reconnaissance aux ancêtres.
J’ai fait le présent extrait de cette notice, pour permettre de découvrir facilement
quelques éléments de l’histoire d’Estissac, et je tiens à disposition un exemplaire de la
notice complète, pour qui voudrait approfondir le sujet.
Bonne lecture,
Michel Bruley
Compilation sur la famille 54/77
L’origine du nom d’Estissac
Jusqu’au XVIIIème siècle, le village d’Estissac s’appelait Saint-Liébault. La plus ancienne mention
retrouvée est datée de 1189 (Sanctus Lebaudus). Il semblerait donc que le village ne soit pas très
ancien, ce nom ne pouvant exister avant l’établissement du Christianisme, au plus tôt à partir du
IIIème siècle, et de plus il ne figure pas dans la liste des pays habités avant l’an 1000. Le nom a eu
diverses orthographes selon les textes (Sanctus ou Saint, Lebaudus ou Leobaudus, Liebaudus,
Leobaldus, Liébault, Liébaut, Lyébaut), à des époques où la langue française est en formation et où
on faisait peu de cas de l’orthographe des noms propres.
Au mois d’août 1758, Louis-Armand-François de La Rochefoucauld obtient de Louis XV, l’érection de
la baronnie de Villemaur et de Saint-Liébault en duché pairie héréditaire, sous le nom de Duché
d’Estissac. Cette appellation aurait été choisie en souvenir d’une terre de ce nom que possédait, en
Périgord, la famille de La Rochefoucauld. Saint-Liébault s’appela désormais « Estissac », sauf sous la
Révolution, qui le nomma successivement « le Val libre » et « Liébault-sur-Vanne ».
Concernant des traces anciennes d’occupation dans le pays, il est à noter qu’entre Estissac et
Neuville, distant de 2,6 km, il y a eu une villa gallo-romaine qui fut détruite au Vème siècle, et qu’un
village, portant le nom de Loigny, existait encore à cet endroit en 1280. Dans Histoire de Champagne
de M. Boutiot, Saint-Liébault figure dans la liste des localités où furent découvertes des
substructions, cimetières, armes, monnaies et autres objets de l’époque gallo-romaine, mais ces
découvertes doivent provenir de Loigny.
Les rattachements seigneuriaux
Il n’y a pas dans la Notice la liste exhaustive des seigneurs de Saint-Liébault, mais l’histoire de ce
village est intimement liée à celle de la Châtellenie ou Prévoté de Villemaur, dont il fit partie jusqu’en
1615, époque à laquelle les seigneurs de Saint-Liébault devinrent les barons de Villemaur. La
Châtellenie de Villemaur a été possédée de :
 1127 à 1202, par la famille de Villemaur,
 1202 à 1219 par Geofroi de Villehardouin puis son fils Érard et sa fille mariée à Fromont de
Corroy qui vendirent leurs biens à Blanche de Navarre comtesse de Champagne et son fils mineur
Thibaut IX,
 1219 à 1328, par les comtes de Champagne et passa à la couronne de France par le mariage de
Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, avec le roi Philippe le Bel, mais plus tard Philippe VI
de Valois céda la Châtellenie en 1328.
 1328 à 1349, par le Duc de Bourgogne Eudes IV,
 1350 à 1384, par les contes de Flandre,
 1384 à 1522, par les ducs de Bourgogne de la Maison de Valois,
 1522 à 1549, par la Maison de Foix,
 1549 à 1598, par la Maison de Clèves ou ducs de Nevers. C’est François de Clèves, duc de Nevers
qui érigea la Châtellenie en Baronnie de Villemaur en 1549,
 1598 à 1615, la famille de Villemort,
 1615 à 1647, la famille Vignier (les seigneurs de Saint Liébault devenant barons de Villemaur),
 1647 à 1732, la famille Pierre Séguier,
 1732 à 1793, la famille de La Rochefoucauld.
Compilation sur la famille 55/77
Le château
Saint-Liébault prit probablement quelques proportions au moment de la guerre de Cent Ans du fait
qu’il y avait un château fort parfois aussi dénommée maison forte ou maison close de fossés selon les
textes. Il est possible que cette forteresse ait été construite par les comtes de Champagne entre le 10
et le 12ème
siècle, peut-être par les hommes qui étaient en servitude à Saint-Liébault. Il reste
toutefois très admissible que le château fort a été élevé à l’initiative des populations rurales pour
leur servir de refuge pendant ces temps de guerre féodale. Les canaux creusés étaient alimentés par
les eaux de la Vanne.
Nous n’avons pas la liste exhaustive des seigneurs du lieu, même si des noms de nombreuses
personnes peuvent être successivement identifiés dans des documents divers (hommages, rapports
de dénombrement, successions …), il est la plupart du temps difficile de définir précisément les biens
qu’ils possèdent.
Au début du 14ème
siècle, au moment de la bataille d’Azincourt par exemple, une partie des châteaux
de la champagne méridionale étaient occupés par le parti Bourguignon, allié aux Anglais. Troyes
même était du camp des Anglo-Bourguignons, et ne prit le parti du Roi Charles VII qu’au passage de
Jeanne d’Arc, en juillet 1429. « Le château de Saint-Liébault était occupé par le parti du duc de
Bourgogne ; en 1430, il fut assiégé et pris par Barbazan capitaine français, qui le fit démanteler ; mais
Marguerite de Fontenay, dame de Saint-Liébault, le fit relever de sa propre autorité, tant pour sa
sûreté personnelle que pour celle des gens de Sa Seigneurie ». À noter qu’il fut redémoli en 1432,
reconstruit en 1440, et un peu plus tard possédé par la famille de Montmorency, dont le Connétable
Anne de Montmorency, puis en 1613 par Henri de Bourbon, prince de Condé.
Dans un dénombrement fait par l’amiral Charles de Montmorency en 1602 il est dit : « Il y avait au
dict Saint-Liébault un chastel revêtu de plusieurs bâtiments, tours, pont-levis, clos de murailles et
fossés ; une basse-cour et colombier de pierre, avec tout le pourpris, jardins et circuit du dict chastel,
situé joignant la rivière, qui furent ruinés, démolis et brûlez la dicte année 1590 ; depuis laquelle
nous avons faict rebastir les murailles, tours et ponts-levis, avec certains bâtiments et granges dans
l’enclos des dites murailles ».
En 1615, Jacques Vignier ayant acquis de la terre et la seigneurie de Saint-Liébault, fit élever une
nouvelle construction, d’une grande magnificence, qui n’était plus un château fort, mais qui n’en
porta pas moins le nom de « château de Saint-Liébault ». Il était composé de « deux grands corps
d’hôtel, avec deux pavillons aux deux coins, et dôme servant d’escalier par le milieu. Tous les dits
corps d’hôtel et pavillons à trois étages, toutes les couvertures en ardoises. Voûtes et murs de
pierres blanches taillées et ouvragées en bonne partie de sculptures. Côté de la cour deux grandes
galeries. La maison, entourée de grands fossés pleins d’eau, est accessible par des ponts-levis. Il y a
aussi un colombier, un étang, un grand parterre, un potager».
Devenu propriétaire du château, Pierre Séguier y fit des réfections et des embellissements, le
sculpteur Girardon travailla au château, et au dix-septième siècle c’était une des plus belles
résidences de Champagne méridionale. Le roi Louis XIV, se rendant en Franche-Comté, y fut reçu par
Pierre Séguier et y coucha le 4 février 1668. Mais en 1726, le château était en si mauvais état que
Stanislas de Pologne, beau-père de Louis XV, de passage à Saint-Liébault dû coucher à la « Recette »,
une propriété seigneuriale située au bout du parc du château, sur la route de Troyes.
À la révolution le château, propriété de la famille de La Rochefoucauld, fut confisqué, le mobilier fut
vendu, moins les œuvres d’art, notamment des tableaux de Lebrun, de Rigaud, qui furent rapportées
à Troyes. Le château fut dégarni des plombs et des métaux qui entraient dans sa construction, ils
furent portés à Troyes, en vertu des instructions des armées de la convention. Finalement, le parc,
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  • 3. Compilation sur la famille 2/77 Généalogie de la famille Bruley Par Bruley-Mosle
  • 4. Compilation sur la famille 3/77 Préface Bruley-Mosle a écrit un court texte qu’il a intitulé Généalogie de la famille Bruley Félix Bonaventure, dit Bonnot Bruley marié à Virginie Darce en janvier 1832. J’ai repris ici ce texte dans sa totalité, en adaptant juste quelques fois la mise en page pour en faciliter la lecture. D’autre part, j’ai rajouté en annexe des éléments sur l’histoire du village de Neuville sur Vanne, dont la famille est originaire, ainsi qu’un index de tous les lieux cités dans le texte. Bonne lecture, Michel Bruley
  • 5. Compilation sur la famille 4/77 Généalogie de la famille Bruley Félix Bonaventure, dit Bonnot Bruley, marié à Virginie Darce en janvier 1832 Le premier ascendant de la famille auquel on peut remonter est Jean Bruslé, dont nous n’avons pas la date de naissance, pour cause que l’état ecclésiastique de Neuville ne remonte qu’à 1677. Ensuite viennent :  Jean Bruslé (2ème ) né à Neuville en 1686,  Louis Bruley né à Aix-en-Othe en 1723,  Nicolas Joseph Bruley né à Neuville en 1764,  Félix Bonaventure Bruley né à Neuville le 27 Brumaire de l’an IX, 18/11/1800. Historique de la famille Jean Bruslé, dont nous n’avons pas la date de naissance est certainement né à Neuville où il s’est marié en premières noces à Marie Vasselin en 1682, et en secondes noces, aussi à Neuville, à Anne Carillon en 1694. Note : Dans l’acte de mariage de Jean Bruslé, les noms de ses père et mère ne sont pas mentionnés, il est dit qu’il était de Neuville, mais son âge et sa date de sa naissance n’y sont pas indiqués. Marie Vasselin, sa première femme, était de Villemaur. Mariage en 1682. Anne Carillon, sa seconde femme était de la paroisse de ‘Sciant’-en-Othe. Les bans ont aussi été publiés à St. Benoist-sur-Vanne. Pourquoi ? Mariage en 1694. De ces deux mariages sont nés cinq enfants, dont trois garçons et deux filles :  Anne Bruslé née à Neuville le 24 février 1685,  Jean Bruslé né à Neuville en 1686,  Catherine Bruslé née à Neuville en 1692,  Charles Bruslé né à Neuville en 1697,  Claude Bruslé né à Neuville en 1698. Du mariage des enfants de Jean Bruslé 1er nous ne connaissons que deux dates : 1. Jean Bruslé (2ème ) marié à Neuville en 1706 à Marie Menneret, 2. Catherine Bruslé mariée à Neuville en 1713 avec Nicolas Dusset, elle avait 21 ans et Nicolas Dusset 26 ans. Anne Bruslé s’est mariée à Louis Mussin, boulanger à Bourg de Partie. Le mariage n’eut pas lieu à Neuville, mais probablement à Aix-en-Othe. Nous ne connaissons pas la date. Des deux autres garçons de Jean Bruslé 1° qui sont Charles et Claude Bruslé, nous ne savons où ils se sont mariés. De Neuville, où il habitait, Jean Bruslé 1°, marié en premières noces à Marie Vasselin et en secondes noces à Anne Carillon, est allé être fermier au Mont d’Aix-en-Othe. Mais quand il y est allé, un de ses fils Jean Bruslé (2ème ) était déjà marié à Marie Menneret en 1706 à Neuville, et il est probable qu’après la mort de Jean Bruslé (1°) ce soit son fils Jean Bruslé 2ème qui lui succéda à la ferme. Après la mort de leurs père et mère, les cinq enfants de Jean Bruslé (1°) se partagèrent la succession, l’acte de partage est en date du 1° octobre 1723, et les signatures des enfants apposées à l’acte sont d’une orthographe différente. Suivent leurs signatures :  Jean Bruslé avec un beau paraphe,  Charles Brusley sans paraphe, mal écrit,
  • 6. Compilation sur la famille 5/77  Claude Bruley avec paraphe, écriture passable,  Les deux filles ont déclaré ne pas savoir signer. Les deux filles de Jean Bruslé 1°, Anne Bruslé, mariée à Louis Mussin et Catherine Bruslé, mariée à Nicolas Dusset, sont mortes à Neuville en 1726 sans enfants, les trois frères firent le partage des biens de leurs sœurs en 1727, et leurs signatures à l’acte de partage sont orthographiées telles qu’à l’acte de 1723. Nous ne pouvons savoir pour quel motif le nom primitif a varié d’orthographe. Jusqu’en 1695, on écrivait Bruslé, puis ensuite Brulé jusqu’en 1732, et maintenant on écrit Bruley. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que toutes les familles de Bruslé qui habitaient Neuville, et elles étaient nombreuses, puisque de 1677 à 1844, on peut compter sur les états civils et ecclésiastiques quatre- vingt-une naissances d’enfants portant le nom de Bruslé, Brulé ou Bruley, ont toutes et en même temps, opéré le même changement d’orthographe. Il est probable que toutes ces familles descendaient de la même branche, dont les ancêtres depuis longtemps habitaient Neuville. Jean Bruslé (2ème ) marié à Neuville en 1706 avec Marie Menneret, succéda probablement à son père comme fermier au Mont, et s’ils ont eu plusieurs enfants, nous ne connaissons que Louis Bruley, cependant la famille Bruley qui habite Aix-en-Othe, doit être issue de l’union de Jean Bruslé (2ème ) et de Marie Menneret. Des renseignements à ce sujet demandés à Aix ne m’ont pas été fournis. Louis Bruley étant garçon majeur est venu habiter Bourg de Partie, et avant de se marier il fit des acquisitions de terres et de sa maison qui est encore dans la famille, et appartient actuellement à Bruley Zénon. Louis Bruley fit ces acquisitions en 1749 et 1750, et se maria le 27 novembre 1752 à Aimée Bordier, il avait 29 ans. Louis Bruley est décédé à Neuville en 1783 âgé de 60 ans, et sa femme Aimée Bordier, est décédée le 14 février 1814, le même jour que les cosaques sont arrivés à Bourg de Partie, ils la sortirent de la maison, pour s’y installer eux-mêmes, la portèrent sous un poirier et allèrent l’inhumer le lendemain dans le cimetière de Neuville. Elle avait 82 ans. Ils eurent trois enfants :  Etienne Louis Bruley,  Nicolas Joseph Bruley,  Pierre Bruley. Le premier Étienne Louis né à Neuville le 6 mars 1761 est décédé en 1766. Le deuxième, Nicolas Joseph Bruley, né à Neuville le 16 août 1764, s’est marié en premières noces à Aix-en-Othe avec Madeleine Lange, et en secondes noces à Marianne Darce, veuve Lange, qui était sa belle-sœur. Il est mort à Villemaur vers 1840. De son premier mariage avec Madeleine Lange, il est né huit enfants, dont 6 garçons et deux filles qui sont :  Pierre Bruley né à Neuville,  Joseph Théodore Bruley né à en 1793 et décédé en 1797,  François Bruley né à Neuville en 1790,  Étienne Gabriel Abraham Bruley né à Neuville le 24 Frimaire an IV (15 décembre 1795),  Madeleine Bruley née à Neuville en 1798,  Felix Bonaventure Bruley né à Neuville le 27 Brumaire de l’an IX (18 novembre 1800),  Marie Joseph Bruley née le IX Ventôse an XII (29 février 1804), décédée la même année,  Apollinaire Bruley né probablement à Villemaur, son acte de naissance n’est pas à l’état civil de Neuville.
  • 7. Compilation sur la famille 6/77 Nicolas Joseph Bruley marié à Madeleine Lange, habitait Bourg de Partie et vers 1803 il fit l’acquisition du moulin du haut de Villemaur et vint s’y établir, et en 1814, lors de la retraite de la bataille de Montereau les ennemis mirent le feu au moulin sous prétexte, disaient-ils, d’éclairer leur ligne de retraite, et grâce à un serviteur dévoué, nommé Farot Lasnier, qui put éteindre le foyer de l’incendie, le moulin fut préservé. Le propriétaire Nicolas Joseph Bruley, ne pouvait porter secours pour éteindre l’incendie, car étant averti du passage de l’ennemi, il avait sauvé son mobilier et ses bestiaux dans la forêt, ainsi que sa famille, et la garde du moulin était confiée à Farot Lasnier qui, étant seul, s’en est courageusement acquitté. Mais avant d’aller s’établir au moulin de Villemaur, Nicolas Joseph Bruley avait vu se dérouler les phases de la Révolution française, il fut même nommé en l’an III de la république (1795), président de l’administration du conseil général du canton de Neuville. Les enfants de Nicolas Joseph Bruley sont :  Pierre Bruley, marié à Sophie Bussin, eut quatre enfants, 1 garçon et 3 filles,  François Bruley, marié à Gertrude Bonnet, eut huit enfants, dont 4 garçons et 4 filles,  Étienne Gabriel Abraham Bruley, marié à Léonie Champenois, eut deux garçons qui sont Ernest et Alphonse Bruley,  Félix Bonaventure Bruley, marié à Virginie Darce, eut cinq enfants, quatre garçons et une fille,  Appolinaire Bruley, marié avec sa nièce fille de Pierre Bruley, eut une fille,  Madeleine Bruley, mariée à Fortier, eut huit enfants, dont cinq garçons et trois filles. Félix Bonaventure Bruley, marié à Virginie Darce en janvier 1832, sont tous deux décédés à Estissac, Virginie Darce en 1882 et Bruley Bonaventure en 1884. Ils eurent cinq enfants qui sont :  Félix Bonaventure Bruley, né à Neuville le 23 octobre 1832, marié à Irma Eriphile Mosle (Cléophine) en 1858, il n’eut pas d’enfant,  Polixène Bruley, née à Neuville en 1834, mariée à Louis Cuissard en 1855, eut une fille Blanche Cuissard mariée à Bourgeon Félix,  Ernest Bruley, né à Neuville en 1838 et décédé en 1852,  Zénon Jules Bruley, né à Neuville en 1842, est resté célibataire,  Jules Léon Bruley, né à Neuville en 1844, marié à Marie Ormancey, eut deux enfants, Georges et Léon Bruley. Jules Léon Bruley est décédé à Estissac le 4 août 1913. Le troisième fils de Louis Bruley, Pierre Bruley né à Neuville en 1769 et marié à Edmée Charlotte Maudier en 1796, est décédé à Neuville en 1813, âgé de 43 ans. De leur mariage, ils eurent cinq enfants dont trois garçons et deux filles, qui sont :  Pierre Bruley, né à Neuville en 1798, décédé en 1864, il était célibataire,  Jacques Frédéric Bruley, né à Neuville en 1801 et décédé aussi à Neuville, il était célibataire,  Marie Angélique Bruley, née à Neuville en 1803, mariée à Louis Blanchet en 1828, eut deux enfants Céline et Louis Blanchet,  Charles Abraham Bruley, né le 16 avril 1808, mort le 19 avril suivant,  Reine Céline Bruley, née à Neuville en 1809, mariée à Jean Charles Colard, en 1834, eut un enfant, Ovide Colard, décédé en 1898.
  • 8. Compilation sur la famille 7/77 Remarque sur les familles Bruley de Neuville Les familles portant le nom de Bruley étaient nombreuses à Neuville. Depuis l’année 1677 jusqu’à 1844, il y eut 81 naissances d’enregistrées dans les actes ecclésiastiques et civils portant le nom de famille : Bruslé, Brulé, Bruley. Les registres ecclésiastiques ne remontaient au plus loin qu’à 1677, et font connaître les naissances. Des familles Bruslé étaient antérieures à cette date, et il est probable qu’elles ont dû être nombreuses. Ce qui est admissible, c’est que toutes ces familles doivent sortir de la même branche, et que la plus grande partie des enfants se mariaient à Neuville et y résidaient, et ce qu’on peut constater, c’est tous et en même temps ont suivi le mouvement du changement de l’orthographe du nom de famille qui d’abord s’écrivait Bruslé jusque vers 1695, puis Brulé jusqu’en 1732, et ensuite Bruley tel qu’on l’écrit maintenant. Pour suivre ce mouvement d’ensemble pour ce changement d’orthographe, il faut croire que les familles restaient toujours en bonne relation, car comme parenté, au bout de deux ou trois siècles, elle devait être bien éloignée, mais il faut voir que ce même nom de famille leur rappelait qu’ils étaient issus de la même branche. D’où viennent les premiers Bruslé qui ont habité Neuville, rien ne nous l’apprend, cependant on trouve ce nom dans un manuscrit écrit par Chème de la Charmotte curé de Villemaur avant la révolution, une partie de ce manuscrit se trouve chez Madame Simonet Rouzet, à Estissac, transcrit sous le N° 2254 à la bibliothèque de Troyes, et à la page 563 on lit ceci : « l’épitaphe d’un Edmé Bruley, notaire au bailliage de Villemaur et procureur fiscal à Bercenay-le-Hayer (Brecenay à l’époque) mort en 1585, nous apprend que la famille a occupé ces places pendant des siècles entiers de père en fils. Il n’est pas dit où se trouve cette épitaphe. Comme on le voit, les familles portant le nom de « Bruley » étaient nombreuses à Neuville, et, plus une seule n’y habite aujourd’hui. Estissac 1920 Bruley-Mosle
  • 9. Compilation sur la famille 8/77 Annexe : Éléments sur la famille d’Edme Bruley ( …. / 1585) Edme Bruley, notaire au bailliage de Villemaur et procureur fiscal de Bercenay-le-Hayer, meurt le jour de Pâques 1585. Un registre domestique tenu vraisemblablement par Jehan Bruley, son petit-fils, mentionne Edme Bruley comme originaire de Sézanne. Le tombeau d'Edme Bruley se voit encore dans l'église de Bercenay-le-Hayer dans l'Aube devant le maître autel, à gauche, dans le chœur. Claude Bruley lui succède dans ses charges. Il épouse, en secondes noces, Claude Tusan, et meurt le 9 août 1610, assassiné par Jacques de Madeuil, son seigneur, lequel fut condamné par le Parlement, le 8 janvier 1625, à avoir la tête tranchée. L'exécution a eu lieu le jour même en place de Grève à Paris. Claude Bruley. Claude Tusan, sa veuve, est inhumée près de lui en 1637. Jehan Bruley naît à Bercenay-le-Hayer, le 15 novembre 1596. Il épouse, le 31 mai 1621, Marguerite Simon, dont il a onze enfants. Aux charges qu'il tenait de son père, Jehan Bruley ajoute, comme l'indique son tombeau, celle de procureur fiscal à Pouy sur Vannes. Il est aussi maire du Mothoy. Il meurt en novembre 1668, à l'âge de 72 ans. Sa femme aussi repose auprès de lui dans l'église paroissiale. Ils ont fondé à perpétuité deux messes qui se célébraient encore à la fin du XIXe siècle à Bercenay-le-Hayer, les 20 juillet et 9 août de chaque année. Paul Bruley, né à Bercenay-le-Hayer le 4 février 1625. Il hérite de la charge de procureur fiscal à Bercenay-le-Hayer et meurt en février 1670. Anne Bruley (1631-1671) épouse en 1657 Adrian Bourgis (-1699) Jean Bruley (1635-1722). Marguerite Bruley (1641- ) Louise Bruley (1646-1695) épouse en 1665 Charles Nioré (1639-1681). Trois branches ont été formées par le fils aîné Paul et par les deux filles, qui se sont mariées dans les environs ; leurs descendants se sont dispersés à Paris et en Champagne. Quant à Jean, veuf, en premières noces, de Noémie de Cyris, il épouse le 17 avril 1684, Marie Rivot (1650-1722), à Saint- Maurice-aux-Riches-Hommes. L'acte de mariage indique qu'il était procureur fiscal général de Trancault, Charmoy et autres lieux. Il est aussi notaire et procureur en justice de Villeneuve-Saint- Maurice, grâce au cumul qu'on autorisait alors pour les offices publics. Il meurt en 1722.
  • 10. Compilation sur la famille 9/77 Origine & orthographe du nom de Bruley
  • 11. Compilation sur la famille 10/77 Origine & orthographe du nom de Bruley Lors de ses recherches généalogiques, Bruley-Mosle a découvert que le nom des ancêtres en ligne directe a eu plusieurs orthographes différentes, comme Bruslé, Brulé, Brusley et Bruley. Mieux les trois fils, de l’ancêtre connu le plus ancien, n’écrivaient pas leur nom de la même manière, ils ont signé dans deux actes de successions respectivement Bruslé, Brusley et Bruley. Enfin il a constaté que toutes les familles Bruslé, Brulé, Brusley et Bruley de Neuville sur Vanne ont toutes entre 1677 et 1844, opéré le même changement d’orthographe pour la forme Bruley. Il conclut cependant en disant qu’il ne sait pas pour quel motif le nom primitif a varié d’orthographe. Origine des noms de famille Brulé, Bruslé, Brusley & Bruley Pour le site Généalogie.com :  Brulé (5487 naissances entre 1891 & 1990) est un nom de famille qui représente un nom topographique désignant un terrain brulé défriché par le feu, la caractéristique de la propriété est devenue le nom de l'habitant,  Bruslé (94 naissances en un siècle) est une forme ancienne de Brulé,  Bruley (1228 naissances en un siècle) a les mêmes origines que le nom de famille Brulé, mais se trouve dans l'est de la France, principalement en Côte d’Or, Aube, Yonne & Haute-Saône (voir tableau de localisation ci-dessous),  Brusley est très peu répandu (14 naissances en un siècle). De tout temps les hommes ont défriché pour mettre le sol en culture ou le transformer en pâturage ou l'urbaniser. Par exemple la population européenne est passée de 38 millions au début du Xe siècle à plus de 75 millions au début du XIVe siècle, engendrant des besoins de défrichements importants qui se sont poursuivis plus ou moins constamment jusqu’au XIXème siècle. En de nombreux endroits des personnes se sont vues attribué le nom de Brulé, aujourd’hui on en trouve dans 94 départements.
  • 12. Compilation sur la famille 11/77 Origine du nom du village de Bruley En Lorraine, plus précisément en Meurthe-et-Moselle, un village à 6 km de Toul (Toul est à 25 km à l’ouest de Nancy), porte le nom de Bruley (code postal 54200). C’est un village très ancien, il compte aujourd’hui ~600 habitants, on y produit du vin, appellation contrôlée « Gris de Toul ». Depuis des temps immémoriaux, le vignoble a existé à Bruley. On trouve des traces historiques en 800 du temps de Charlemagne, en 1197 sous Philippe Auguste, en 1309 sous Philippe le Bel, en 1570 pendant les guerres de religion, avec un point culminant des surfaces cultivées en vigne à la fin du XIXème siècle. L’origine du nom de Bruley ne proviendrait pas d’un village brûlé, réduit en cendres au cours des tragédies de l’histoire, mais dériverait de l’aspect général que présentait primitivement la colline. Celle-ci était sans doute couverte de bruyères (Buera), et ce qui aurait frappé les Toulois dès l’origine, lorsqu’ils considéraient, au nord, les environs de leur ville, c’était cette longue côte hérissée de landes et de broussailles. La Côte des Bruyères, Brueriacum, dont les altérations successives du mot au cours des siècles ont donné Bruereium , Brurey, Brusley … et enfin Bruley. À noter que la terminaison « ey » est fréquente dans la région, puisque trois villages proches s’appellent respectivement : Pagney, Lucey et Lagney. Il existe des traces très anciennes concernant le village, par exemple vers 610, Bruley faisait partie des biens de la Cathédrale de Toul. Bruley eut même ses seigneurs particuliers. Parmi ceux-ci, on peut citer les sires de Bourlémont et les princes de la Maison de Joinville qui relevait du Comte de Champagne et de celui du Roi de France, et pas au duché de Lorraine. Au XVII & XVIIIème siècle la seigneurie de Bruley passa à une famille plus modeste, les Le Brun, anoblis récemment, qui portaient le titre de Seigneurs de Bruley … et signaient parfois « de Bruley » ou « Monsieur de Bruley ». En 1713, le château (en fait une maison bourgeoise) et les dépendances furent achetés par une congrégation religieuse, et à la révolution tout cela fut classé biens nationaux et fut vendu aux enchères. Origine des noms de famille en France En France, le phénomène des noms de famille héréditaires s’étend à toute la population à partir du XIIème siècle, quand une hausse de la démographie ne permet plus de différencier les individus par leur simple prénom. Jusqu'à cette époque, les prénoms, qui s'appelaient d'ailleurs noms, suffisaient à l'identification individuelle dans l'espace restreint de cette société d'interconnaissance que
  • 13. Compilation sur la famille 12/77 constituait le village. Au Moyen Âge, on prit l'habitude d'ajouter une caractéristique distinctive pour résoudre les homonymies. Les différentes personnes portant le même prénom furent distinguées en leur associant un surnom (nom attribué) ou un pseudonyme (nom choisi) : le nom du père (le Martin de Jean ou de Luc), son lieu de résidence ou de provenance (du chêne ou l'Angevin), une singularité liée au physique ou au caractère (le grand, le bon, joly ou encore Martineau – le petit Martin), son métier (le marchand ou boucher). Aussi, au moment de fixer pour chacun un nom de famille, a-t-on naturellement conservé ces appellations qui devinrent héréditaires. En 1474, Louis XI interdit de changer de nom sans une autorisation royale ; à partir de cette époque, aucun changement de nom ne pourra se faire sans des lettres patentes enregistrées au parlement, et par la suite un décret pris en Conseil d'État publié au Journal officiel. En 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts impose l'obligation d'inscrire dans un registre relié, coté, paraphé, et tenu en double, tous les actes de baptême, de mariage et de sépulture. Elle en charge le curé dans chaque paroisse, ce qui n'a rien d'étonnant à une époque où le clergé est un élément constitutif de la fonction publique de l'État, celle des clercs qui savent écrire. Cette ordonnance généralise l'enregistrement par écrit des noms de famille et tend à en fixer l'orthographe. C'est en avril 1667, dans l'« ordonnance touchant réformation de la justice » (ou « Code Louis ») que la tenue des registres en double exemplaire est rendue obligatoire par Louis XIV. Cela permet de constituer des séries moins lacunaires depuis le milieu du XVIIème siècle (à noter que les registres ecclésiastiques de Neuville sur Vanne ne remontent pas au-delà de 1677). Après la Révolution française, avec la création des communes, l'inscription sur les registres d'état civil sera confiée aux maires qui la délèguent à un officier d'état civil. La Révolution fixera également les noms de famille par la loi du 6 fructidor an II. Cependant de légères variations orthographiques seront encore observées jusqu'entre 1875 et 1877, à l'occasion de l'émission des premiers livrets de famille. L'arrivée d'une informatisation mal maîtrisée dans les années 1980 fera également varier quelques orthographes en supprimant indûment les signes diacritiques (accent, tréma, cédille). Conclusion Ainsi le nom de Bruley pourrait venir du défrichage par le feu ou du village de Bruley & de bruyère, il était en effet fréquent que les personnes qui « migraient » d’une région à l’autre, portent le nom de leur ville ou village d’origine. Quel que soit le scénario, il reste des questions. Si l’on part de défrichage, il faut expliquer pourquoi on est passé de Bruslé à Bruley (peut-être parce beaucoup de villages du Pays d’Othe se terminent avec un y : Chailley, Bucey, Dierrey, Macey, Bercenay, Bouilly, Prugny, Thuisy …, peut-être pour se relier au notaire mort en 1585 – cf. texte sur la généalogie). Si l’on part du village de Bruley, il faut expliquer pourquoi on a écrit pendant un temps le nom sous la forme de Bruslé.
  • 14. Compilation sur la famille 13/77
  • 15. Compilation sur la famille 14/77 Arbres de la famille Bruley
  • 16. Compilation sur la famille 15/77
  • 17. Compilation sur la famille 16/77
  • 18. Compilation sur la famille 17/77
  • 19. Compilation sur la famille 18/77
  • 20. Compilation sur la famille 19/77 Les Bruley, au 17ème siècle, une famille de paysans
  • 21. Compilation sur la famille 20/77 Préface L’ancêtre de la famille le plus ancien identifié par Bruley-Mosle, lors de ses recherches généalogiques, est un certain Jean Bruslé, dont on ignore la date de naissance, mais qui s’est marié en premières noces à Neuville sur Vanne, avec Marie Vasselin le 14 septembre 1682, puis en secondes noces en 1694, avec Anne Carillon. Jean Bruslé a eu en tout cinq enfants qui après la mort de leur père et mère se partagèrent la succession, l’acte est en date du 1° octobre 1723. Jean Bruslé étant fermier au Mont d’Aix-en-Othe, j’ai voulu dans ce texte essayer de caractériser ce que pouvaient être les conditions de vie des paysans au XVIIème siècle. Pour cela j’ai extrait des éléments d’un Larousse intitulé « La vie des Français à travers l’histoire de France ». Bonne lecture, Michel Bruley
  • 22. Compilation sur la famille 21/77 Qu’est-ce qu’être paysan aux XVII et début du XVIIIème siècle Au XVIIème siècle la France est à 80% composée de paysans, mais très peu d’entre eux possèdent la terre qu’ils cultivent. Il n’existe pas un type unique de paysan, mais une diversité de situations, de statuts et de mode de vie. Le plus pauvre des paysans est le manœuvre, simple ouvrier agricole qui possède une chaumière, un petit jardin qui lui donne des choux, des pois, du chanvre et des pommes, quelques poules et exceptionnellement un porc. Il va nu-pieds, ses vêtements sont de chanvre et tout usés. La plupart du temps, il mange sa soupe sur ses genoux dans une écuelle de terre avec une cuillère de bois. Pour survivre, il se loue à un laboureur au moment des moissons et des vendanges. Il est alors employé à faucher, faner, moissonner, vendanger … et pendant la mauvaise saison, il se fait tisserand, peigneur de chanvre, cardeur, charbonnier ou émigre à la ville vendre sa force de travail. Toujours endetté, toujours pauvre, il meurt très souvent avant quarante ans, sans même avoir de quoi payer les frais d’enterrement. Le laboureur est bien loti. Il peut être propriétaire de sa terre, une dizaine à une vingtaine d’hectares, possède une charrue et une paire de bœufs ou de chevaux. Un bon cheval de labour a alors la valeur de trois vaches ou de vingt moutons. Le laboureur vit mieux que la majorité des paysans, il mange dans une vaisselle d’étain, souvent disposé sur une nappe, ses armoires sont garnies de draps et de serviettes, ses vêtements sont faits de serge solide, son épouse porte une petite croix d’or autour du cou et se couvre de jupons et de jupes aux couleurs vives quand vient la fête. Les 10% des paysans les plus riches sont les fermiers. Un fermier peut par exemple posséder une centaine d’hectares de terres, dont douze en prairie, deux en bois et quelques arpents de vigne. Il entretient douze chevaux de labour, élève vingt-cinq vaches, six cochons et deux cents poules. Il se fait aider par une abondante main-d’œuvre saisonnière. La moitié du village lui doit de l’argent, avec intérêt bien sûr. Sachant lire et écrire, il fait le coq de paroisse. Il fait aussi parfois office de receveur des droits seigneuriaux et des dîmes locales.
  • 23. Compilation sur la famille 22/77 Les constructions Dans le monde rural, le plus grand nombre élève sa masure de ses mains. Dans les campagnes, les murs sont faits de bauge, des cailloux scellés de torchis, un mélange de terre grasse argileuse et de paille hachée. On utilise aussi du plâtre renforcé de lattes de bois entrecroisées, encadré par une charpente de poutres posée sur des pierres de socle enfoncées dans le sol. Cependant dans certaines villes, l’usage de la pierre se répand dans les constructions privées, mais seule l’armature du bâtiment est faite de pierre de taille, tandis que les murs sont de briques, de moellons couverts d’un revêtement de plâtre, de chaux ou d’un crépi de sable. Si le sol est encore très souvent de simple terre battue dans le logement des humbles, dès que cela est possible, on le couvre de carreaux. Dans les pièces communes, où il faut quelque chose de solide, la pierre est privilégiée. Pour la toiture, on utilise avant tout du chaume ou des tuiles de bois. Mais, de plus en plus, le chaume est remplacé dans les villes par des bardeaux, des tuiles, plates et carrées, ou des ardoises à la manière des belles demeures. La ferme Les plus humbles n’ont pour se loger qu’une cabane, dans laquelle il n’y a le plus souvent qu’une seule pièce où on prépare les repas, on mange, on travaille à la veillée et on dort. Plus confortable est la masure, une maisonnette où la pièce à vivre est prolongée par une petite étable, seulement séparée par une claie, qui sert à abriter une ou deux vaches , un cochon … Sous le toit de chaume, un fenil permet de rentrer le foin. Ici il fait meilleur, car les animaux participent à la chaleur ambiante et leur réserve de nourriture renforce l’isolation. Viennent ensuite les véritables fermes, aux dimensions parfois imposantes, pour certaines la salle commune peut atteindre vingt-cinq mètres sur dix. Il faut dire que peuvent vivre là des familles élargies, ainsi que plusieurs domestiques agricoles. Dans les étages, il y a des chambres, et tout autour, des bâtiments annexes.
  • 24. Compilation sur la famille 23/77 Si les plus pauvres n’ont pour dormir qu’une planche doublée d’une paillasse et posée sur des tréteaux, pour tous les autres, le lit est alors le meuble par excellence, c’est d’ailleurs dans le lit qu’on investit le plus. Si la table des repas est le plus souvent un plateau de bois que l’on pose sur des tréteaux quand vient l’heure de manger, il existe aussi des tables fixes massives. Les plus modestes se contentent de bancs et de tabourets à trois pieds. Pour les autres il y a des chaises le plus souvent simplement paillées, cannées, tressées de lanières d’orme ou de frêne. Aucune habitation ne dispose alors de l’eau courante, pour les besoins domestiques, il faut aller la chercher à l’extérieur. Cette contrainte limite les quantités et les usages. S’éclairer et se chauffer sont des combats quotidiens. Si les plus pauvres ne s’éclairent qu’à la lueur du foyer, tous les autres utilisent des chandelles de suif pour éclairer leur intérieur. La famille L’aristocratie se définit en maison, c’est-à-dire en lignage, suite de gens venue de la même souche, la bourgeoisie et la noblesse de robe, en famille qui inclut les domestiques, pour les autres on parle de ménage, réunion de plusieurs personnes unies par les liens du sang et vivant sous le même toit (parfois plusieurs générations). Au XVII siècle, la femme est dans une position de complète infériorité, comme on le voit dans la définition de famille dans un dictionnaire de l’époque : « ménage composé d’un chef et de ses domestiques, soit femmes, enfants ou serviteurs ». Juridiquement, la femme est assimilée à un enfant mineur, elle n’échappe à la tutelle de son père que pour passer sous celle de son mari. Pour éviter de morceler le bien, il est de règle d’avantager l’aîné. Chaque enfant pourtant reçoit une part d’héritage, la légitime, mais l’aîné a le privilège de pouvoir racheter ces parts. Plutôt que d’emprunter ou d’aliéner une partie de son patrimoine, il s’efforce de faire un bon mariage, et de bénéficier de la dot de la mariée. En général, c’est à la mort du père que l’on voit l’aîné se marier. Les repas Si les pauvres mangent quand ils peuvent, les autres font entre trois et cinq repas par jour. Tout commence avec le « desjeuné » qui se prend au lever du soleil dans les campagnes, c’est un véritable repas (pâtés, saucisses … équivalent d’un déjeuner d’aujourd’hui), puis vient le « dîner », repas du milieu du jour. Dans l’après-midi on prend une légère collation froide, surnommée « goûter » par les enfants qui permet de tenir jusqu’au souper. Ce dernier se prend au coucher du soleil pour tous ceux qui travaillent, la noblesse moque les soupers de sept heures. Enfin les oisifs prennent encore un solide repas au milieu de la nuit, par exemple après le spectacle, associant viandes et fruits, c’est à la fois une collation et un souper, d’où son nom d’ « ambigu ». L’usage des couverts reste limité, la fourchette à trois dents se répand très lentement dans le royaume. La vaisselle en étain est courante, l’or est réservé au roi, l’argent et le vermeil aux plus riches, la faïence et la porcelaine sont en vogue. Quant aux verres, ce sont là objets d’exception, ils sont quasiment inconnus dans les campagnes. Le pain Pour la grande majorité des sujets du roi, et d’abord dans les campagnes, les céréales constituent l’aliment de base avec les légumes. Transformées en pain, en galettes, en bouillies, les céréales représentent jusqu’à 80% de l’apport calorique.
  • 25. Compilation sur la famille 24/77 D’une manière générale, on fait soi-même le « pain de ménage » : les paysans le font cuire au four seigneurial tandis que les plus riches possèdent leur four à pain. Pour tous les autres, habitants des villes, il faut l’acheter chez le boulanger. L’école À la ville ou à la campagne, les enfants, ou plus précisément les garçons qui le peuvent vont à l’école. Il n’en existe pas partout et ce n’est qu’à la fin du XVIIème siècle que des décrets royaux pousseront à leur création dans toutes les paroisses. L’éducation des filles reste, à quelques exceptions, négligée. Pour trois sous et quelques œufs qui payent le droit d’écolage, le maître apprend aux élèves de six à douze ans, le catéchisme, la politesse et la lecture. Moyennant quelques sols de plus, les enfants apprennent à compter avec des jetons ou des encoches sur des bâtons et s’initient à l’écriture. En dehors de l’apprentissage domestique, les filles ne reçoivent pratiquement aucun enseignement. À treize ans, après sa communion solennelle, l’enfant devient un jeune homme. C’est le temps du collège pour l’élite. Uniquement urbain il accueille de jeunes garçons pour y faire leurs humanités. Le recrutement est relativement populaire, ce qui ne sera plus le cas au siècle suivant. Des fils d’artisans, plus rarement de riches laboureurs, peuvent y côtoyer les fils de la petite bourgeoisie et de la noblesse. C’est le temps de l’apprentissage pour les autres. Il rejoint les « bachelleries » ou le royaume de jeunesse, surnom des groupes de jeunes chargés d’organiser les réjouissances de la communauté : veillées, fêtes, bals … À côté de l’amusement, il y a l’apprentissage du travail qui se fait le plus souvent au côté des parents, mais on place aussi les enfants pour apprendre un métier.
  • 26. Compilation sur la famille 25/77 Le parler françois Au XVIIème siècle, le royaume de France est un pays immense, le plus grand d’Europe. Mais le territoire est en fait très peu unifié et se morcelle en une multiplicité de pays réunis dans des provinces au particularisme prononcé. Pour le plus grand nombre, le monde connu se réduit à sa paroisse, là où il est né, à son pays, que l’on peut parcourir à pied en une journée, soit environ un rayon de vingt-cinq kilomètres. À l’occasion d’un voyage à Uzès en 1661, Racine se plaint de ne plus comprendre ses interlocuteurs dès qu’il dépasse Valence. Un quart des habitants du royaume seulement parlent véritablement le français, la langue de la capitale et des élites provinciales, pour le reste le peuple parle le patois (picard, poitevin, bourguignon …) ou au-delà des zones des parlers français, le breton, l’alsacien, le basque, l’occitan … Les veillées Dans une société où quatre-vingts pour cent des habitants ne savent pas même signer de leur nom, la parole et, plus largement, l’oral tiennent une place essentielle. De novembre à mars, c’est l’époque des veillées. Il s’agit de regrouper pour économiser le chauffage et la lumière en travaillant ensemble. Au village on va à la veillée pour filer, tricoter, réparer les outils. On y prépare les mariages, on cause, on échange des nouvelles, on boit, on rit, on chante, on lit l’almanach, on raconte des histoires. La propreté D’une manière générale, la toilette du matin se fait rapidement avec un peu d’eau froide. Pour autant la pratique des bains, soit pour se laver, soit pour se rafraîchir n’est pas rejetée par tous, on voit fréquemment les gens se baigner dans les rivières et même dans la Seine à Paris. Pour tous ceux qui se méfie de l’eau, la « toilette sèche » est la norme, c’est-à-dire enfiler une chemise propre et immaculée, qu’on renouvelle le plus souvent possible, après s’être étrillé avec le linge sec. Par exemple une femme d’artisan peut se changer tous les jours de la semaine avec une simple réserve de cinq chemises.
  • 27. Compilation sur la famille 26/77 Les épidémies et les famines Le faible encadrement médical, le manque de connaissance et de traitements laissent la majorité des sujets du roi sans défense face aux maladies, aux épidémies. Il y en a de toutes sortes, favorisées par les mauvaises conditions de vie, d’alimentation, d’hygiène. Cependant le plus terrible reste le fléau de famine. Par suite des mauvaises récoltes, au début des années 1690, le blé vient à manquer dans plusieurs régions. Au final, en associant les épidémies et la famine, on estime que plus d’un million trois cent mille sujets du roi meurent en 1693-1694. Dans le Massif central, zone la plus touchée, vingt-cinq pour cent de la population disparaît. La France de Louis XIV a connu treize famines, sans compter les disettes locales. La médecine Pour soigner le corps, la grande majorité des sujets du roi fait appel aux « empiriques », dames charitables, curés mais aussi guérisseurs et rebouteux. À la fin du XVIIème, on ne compte dans tout le royaume que deux cents docteurs en médecine. Les transports et communications Pour l’époque, le royaume de France est un pays immense, le plus grand d’Europe. Mais le territoire est en fait très peu unifié et se morcelle en une multiplicité de « pays » réunis dans des provinces au particularisme prononcé. Si le royaume est quadrillé par une infinité de chemins, se déplacer n’est pas aisé, surtout à la mauvaise saison. Les voies d’eau jouent alors un rôle essentiel. La grande majorité des gens vont à pied, aussi bien quand ils mènent des convois de mules ou des chariots de vivres. Seuls les plus riches voyagent à cheval ou mieux, en carrosse. Le moindre voyage représente une expédition éprouvante. Pourtant, routes et rivières sont très fréquentées, que ce soit par des artisans, des paysans itinérants ou des professionnels du transport. Se déplacer est avant tout une affaire d’homme et l’on rencontre en chemin très peu de femmes. Enfin l’immense majorité des sujets du roi, qui vit dans les bourgs et les villages, ne sait pas écrire. La transmission des nouvelles est d’abord orale. Mais pour les autres le courrier reste le meilleur moyen de s’informer. Le climat À partir du dernier quart du XVIIème siècle, le climat se dégrade. Par exemple, en 1692, il pleut à Paris, sans interruption du 7 juin au 11 juillet et dans la nuit du 5 au 6 janvier 1709, une vague de froid sans précédent s’abat sur le royaume, la température chute brutalement de 20°, même la mer gèle dans le port de Marseille. De janvier à mars 1709, il meurt au moins cent mille personnes de plus qu’en temps normal. Les animaux sauvages La présence la plus immédiate du monde sauvage dans la vie des hommes est celle des animaux : cerfs et biches, daims, sanglier, oiseaux, lynx et ours sur les contreforts montagneux. Mais il en est un qui est particulièrement craint : le loup. On évalue alors son nombre à quelques dizaines de milliers dans tout le royaume. Véritable fléau pour les paysans dont il dévore le bétail, il n’hésite pas à s’attaquer aux enfants, pour la seule année 1691, dans les paroisses autour d’Orléans, les loups en tuent soixante, âgés de dix à quatorze ans.
  • 28. Compilation sur la famille 27/77 Autres métiers exercés par des ancêtres au 18ème & 19ème siècle Emplacement du moulin du haut, sur la Vanne en amont de Villemaur
  • 29. Compilation sur la famille 28/77 Deux autres métiers que paysan ou fabricant ont été exercés par des ancêtres Bruley : boulanger et meunier. L’aînée de « Jean Bruslé 1° », Anne née en 1685 à Neuville sur Vanne, s’est mariée à Louis Mussin, boulanger à Bourg de Partie et plus tard Nicolas Joseph Bruley qui habitait aussi ce village fit l’acquisition vers 1803 du moulin du haut de Villemaur sur Vanne. Anne boulangère au 18ème siècle À cette époque, pour la grande majorité des sujets du roi Louis XIV, et d’abord dans les campagnes, les céréales constituent l’aliment de base avec les légumes. Transformées en pains, en galettes, en bouillies, les céréales représentent jusqu’à 80% de l’apport calorique. Le pain quotidien prend la forme d’une grosse boule que l’on mange pendant une semaine ou plus, souvent trempé dans la soupe. À la base de la nourriture, le pain occupe une place quasi mythique dans la société. La corporation forte ancienne des boulangers en tire une considération exceptionnelle. Le métier est pourtant victime de l’autorité, des assauts populaires et de conditions de travail déplorables. Les premiers boulangers, ou talemeliers, apparaissent dans les villes entre le VIème siècle et le VIIème siècle, mais, jusqu’à la fin du XIIème siècle, ils sont obligés de cuire au four banal et de payer une redevance au seigneur propriétaire du four. Peu à peu, l’usage se répand de faire cuire le pain chez le talemelier, du moins dans les villes, car dans les campagnes la fabrication domestique se poursuit jusqu’au début du XXème siècle. C’est saint Louis qui affranchit totalement les villes de la banalité des fours et, en 1226, sont publiés les statuts de la corporation des boulangers, alors nommés talemeliers, tamisiers ou panetiers. Ils sont chargés de l’approvisionnement des villes en blé et de la fabrication du pain.
  • 30. Compilation sur la famille 29/77 L’apprentissage débute vers dix ans et dure quatre ans. L’accès à la maîtrise est marqué par toute une cérémonie. Au XVIIIème siècle, le métier de boulanger est très fermé. Pour passer maître, il faut avoir vingt-deux ans accomplis, être de religion catholique, présenter un certificat de bonnes vie et mœurs et n’être atteint d’aucune maladie contagieuse. Il faut avoir trois années d’apprentissage, trois années de compagnonnage et exécuter un chef-d’œuvre qui consiste à convertir en diverses sortes de pâtes et de pains une quantité définie de farine. Des contraintes techniques et financières s’ajoutent si l’on n’est pas fils de boulanger. Mais Anne n’était que la femme du boulanger et au XVIIème siècle, la femme est dans une position de complète infériorité : le mot « famille »est ainsi défini dans un dictionnaire de l’époque : « un ménage composé d’un chef et de ses domestiques, soit femmes, enfants ou serviteurs ». Juridiquement, la femme est assimilée à un enfant mineur. Elle échappe à la tutelle de son père que pour passer sous celle de son mari. Dans tous les milieux, l’antiféminisme est de mise : on a beau dire la femme douce, modeste, vertueuse, on la voit imparfaite, autoritaire, excessive, maléfique. La différence de nature est un état de fait que les femmes elles-mêmes reconnaissent : « Nous avons autant de mémoires, mais moins de jugement que les hommes ; nous sommes plus folles, plus légères, moins portées aux choses solides », écrit madame de Maintenon. Les précieuses, caricaturées par Molière, tentent de remettre en question la position de la femme dans la société ; et certains hommes également, tel Poullain de la Barre qui en 1673 publie quatre ouvrages sur l’égalité des sexes. Nicolas Joseph meunier au 19ème siècle Le pain étant l’aliment de base de la société d’autrefois, le moulin jouait donc un rôle primordial. Moulin à eau ou moulin à vent ? À côté des moulins de l’Antiquité mus par la force animale, les moulins à eau se multiplient à l’époque carolingienne. Les moulins à vent, si beaux dans nos paysages, ne se généralisent qu’à partir du XIIème siècle. Dans tous les cas, leur création représente un investissement tellement important que seuls les seigneurs locaux ou les religieux peuvent en financer la construction. Jusqu’à la Révolution, le meunier n’est donc qu’un "utilisateur" du moulin : il doit reverser au seigneur une partie du grain qu’on lui apporte. Il a en contrepartie l’exclusivité de la fabrication de farine sur tout le territoire appelé la "banlieue" du moulin, c’est-à-dire une surface ayant pour rayon la distance qu’un âne chargé peut parcourir en une demi-journée. En paiement de son travail, il prélève 1/24ème de la farine moulue – en théorie du moins, car la tradition l’accuse d’avoir souvent la main lourde… La Révolution met fin aux monopoles seigneuriaux sur les moulins, qui deviennent autant d’entreprises privées. Les constructions se multiplient au point qu’on peut considérer le XIXème siècle comme l’âge d’or des moulins ! Une embellie avant leur disparition : les machines à vapeur apparaissent vers 1850, les cylindres commencent à remplacer les meules à partir de 1872 et les minoteries industrielles fabriquant du pain blanc (par opposition au pain bis réalisé avec la farine traditionnelle) se généralisent à la fin du XIXème siècle. Les meuniers ont beau dénoncer jusqu’en 1910 les méfaits du pain blanc, le combat est perdu : les minoteries ont désormais fait disparaître de nos campagnes et de nos paysages les moulins d’autrefois.
  • 31. Compilation sur la famille 30/77 Annexe : 1 – Moulins sur la Vanne Les moulins sur la Vanne – Eguebaude & haut de Villemaur Le moulin d’Eguebaude à Estissac
  • 32. Compilation sur la famille 31/77 Les Bruley, une famille de fabricants au 19ème & 20ème siècle
  • 33. Compilation sur la famille 32/77 Préface Si historiquement les Bruley étaient fermiers, un peu avant la moitié du XIXème siècle ils ont été dans la bonneterie, pendant quatre générations et 135 ans. En fait de cette longue histoire il ne reste pas beaucoup de traces, la marque Bestiss pour Bruley d’Estissac, existe toujours en 2015 et un métier donné par mon père est exposé au musée de la bonneterie de Troyes. Dans ce fascicule, j’ai regroupé différents éléments pour évoquer cette partie de l’histoire familiale : quelques mots sur les origines de la bonneterie troyenne, sur les débuts des activités de fabricant de Félix Bonaventure Bruley, mon arrière arrière-grand-père, sur l’usine telle qu’elle était à la fin des années 50, et sur la fin de ces activités dans les années 70. En annexe j’ai regroupé des notes et des illustrations pour compléter le texte. Bonne lecture, Michel Bruley
  • 34. Compilation sur la famille 33/77 Histoire de la bonneterie dans la région Troyenne Le monde rural de la Champagne sèche (quelquefois appelée aussi pouilleuse) est au 17ème siècle très pauvre. Pour compléter leurs revenus, certains se font ouvriers à domicile et font du tricotage, au début à la main avec des aiguilles à tricoter. La production est faible, les ventes se font essentiellement sur les marchés locaux. Cependant avec l’arrivée des métiers Lee en bois (voir annexe 1), la bonneterie se développe beaucoup dans la région, en particulier selon le « système de la fabrique » : les travailleurs, dispersés dans la campagne, assurent la production à domicile et vendent leurs produits à des négociants appelés « fabricants », et non directement à la clientèle. Le « fabricant » confie le matériel et vend la matière première aux travailleurs, puis il leur achète leurs produits finis pour les revendre dans les villages et les villes, au début uniquement dans la région, et au XIXème siècle dans la France entière, voir dans ses colonies. Dans ce système de production dispersée, les ouvriers n’ont besoin que d’un pécule très limité, pour acheter la matière première, mais le négociant appelé « fabricant » lui doit posséder un capital plus conséquent pour acheter des métiers. De nombreux historiens voient dans ce système une des premières étapes du développement du capitalisme industriel. Dans sa Notice sur Estissac et Thuisy, Bruley-Mosle écrivait qu’avant 1754, il ne pouvait y avoir de bonneterie à Estissac, ni même dans le département de l’Aube, sauf pour quelques petites exceptions. Longtemps on ne connut en France d’autres bas que ceux d’étoffes ; au XVIème siècle, on s’imagina d’en tricoter à la main ; les statuts de la corporation des bonnetiers de Troyes, datant de 1554, disent que c’est le seul procédé. Ce n’est que vers le milieu du XVIIème siècle que le métier à bas fit son apparition ; c’était le métier à mailles unies, dit « Métier français », de son vrai nom, c’est le métier « William Lee », nom de son inventeur, qui était pasteur protestant anglais, qui en fit l’invention à Calverston, en Angleterre, en 1539. Ce sont des métiers de ce système qui furent introduits en France vers 1656, et renfermés dans un local du bois de Boulogne, et n’étaient visibles que pour un petit nombre. Ce n’est qu’en 1672, que le privilège du fabricant du 1° métier étant expiré, que l’usage de cette fabrication devint général, et, en peu de temps, s’étendit dans de grandes proportions, car il fut permis d’employer pour le métier à bas la soie, la laine, le fil, le poil, le coton, ce qui fit tomber le bas de tricot à la main et le bas d’étoffe. Mais un arrêt de 1700, du Conseil des ministres, arrêta l’essor de la fabrication, en la restreignant à quelques villes ; et, dans toute la Champagne, il n’y eut que Reims qui eut le droit de posséder des métiers à bas ; les quelques métiers qui existaient à Troyes durent cesser de fonctionner. Cependant, il y eut quelques dérogations à la sévérité du règlement ; les administrateurs des maisons hospitalières de Troyes, sous prétexte d’occuper des pauvres valides, obtinrent quelques métiers. Le seigneur d’Arcis obtint aussi la même faveur en 1733. Enfin, en 1754, parut un arrêt du Conseil des ministres permettant la libre fabrication de la bonneterie. Dès lors, cette industrie prit un grand essor dans la Champagne méridionale, et le nombre des métiers de la maison hospitalière, qui était de 7, s’éleva bientôt à 70, et comme il n’y avait pas assez d’hospitalisés pour faire mouvoir les métiers, on dut prendre des ouvriers libres, puis ceux-ci ne tardèrent pas à s’établir et à former de nouveaux élèves, qui propagèrent l’industrie à Troyes et dans les environs.
  • 35. Compilation sur la famille 34/77 Ce n’est donc qu’après 1754 que le métier dit « Français » a fait son apparition à Estissac, car les premiers métiers employés dans le pays étaient de ce système, ainsi que ceux signalés dans la statistique de 1787. Mais le métier dit « Français », employé à cette époque dans notre localité, fut bientôt abandonné et remplacé par le métier d’un autre système appelé le « Métier anglais » : c’est celui qui eut la préférence, et le seul employé en grand nombre dans le pays. Le métier « Anglais » ou métier à double fonture, et aussi « Métier à côtes », fut inventé en Angleterre en 1755 par l’anglais Jélédiat Strutt, et fut importé en France en 1770 par un nommé Sarazin, qui établit une petite fabrique à Paris et ensuite à Lyon. Ces métiers ne se propagèrent que plus tard, et furent utilisés à Troyes et dans quelques pays d’Othe. Ce sont ces métiers qui ont eu la faveur dans le pays, et leur nombre, allant toujours en progressant dans le village, y attira de la population, y amena l’aisance et même la richesse, d’où l’ère d’une belle prospérité. Bientôt, on y construisit de nombreuses et coquettes maisons ; de nouvelles rues furent tracées, qui rappellent même la bonneterie : « rue des mitaines », ce qui indiquait que ces constructions appartenaient à des bonnetiers. La fabrique Bruley à Estissac Dans ses mémoires « Enfance Champenoise » Simone Langlois/Bruley/Graven écrit : Mon arrière-grand-père s’appelait Bonaventure Bruley, Il avait fondé en 1840, à Estissac, à 20 km de Troyes, une des premières fabriques de bonneterie de la région, industrie qui devait prendre tant d'essor par la suite. Bonaventure avait dû édifier une belle fortune, car il laissa ses enfants forts à leur aise. Félix ne travailla jamais, du moins à la fabrique. C'était un intellectuel et un dilettante, il s’adonnait à l'astronomie, l'astrologie et à la généalogie. Par les registres paroissiaux, il trouva l'origine de notre famille jusqu'au 17e siècle. Bonaventure a donc eu une activité de fabricant, mais les établissements Bruley frères ont été créés en 1865, par ses fils les trois frères Félix, Zénon, Jules qui avaient respectivement 33, 23 et 21 ans, à ce moment-là leur père Félix-Bonaventure Bruley avait 65 ans. Toujours dans ses mémoires Simone parle de la fabrique à différents moments, j’ai repris ci-dessous quelques extraits. La fabrique, c'était surtout un grand entrepôt de laine, fil et coton, un atelier mécanique de réparation, de grands rayons d'ouvrages finis à expédier par caisses et cartonnages. Il n'y avait que deux ateliers de couseuses et remmailleuses. Les métiers se trouvaient répartis dans des maisons, au village et aux environs, et où il y avait un ou deux métiers par maison. Cela nécessitait beaucoup d’allers et venues, d’où le cheval et la voiture, et les petites camionnettes Citroën dites « boulangères » dès qu’elles furent sur le marché. Dans la cour de la fabrique, il y avait un cube de ciment aux murs intérieurs de croûte jaune ; on y blanchissait, sur des claies, des chaussettes de laine blanche, à la vapeur du soufre qui brûlait dans des chaudrons de fonte. Aussi tôt le soufre allumé, on appliquait des portes épaisses solidement coincées par des barres de fer. On ne les enlevait que 48 heures après. Malgré cela, tous ceux qui s'en approchaient toussaient et leurs yeux larmoyaient. Jules voyageait beaucoup pour la fabrique ; il s'était réservé la place de Paris, la maison prenait part à des expositions en France et à l'étranger, leur papier à lettres commercial était orné en haut à gauche de reproductions de médailles et palmes gagnées à ces manifestations. Une rumeur tardive me fit comprendre qu’à Paris et ailleurs, mon grand-père menait la bonne vie joyeuse correspondant à son tempérament.
  • 36. Compilation sur la famille 35/77 Article sur l’usine Bruley à Estissac paru dans l’OFFICIEL en 1959 La fondation de l’usine remonte à 1865. À l’origine l’entreprise consistait en un vaste magasin où se rassemblait la production disséminée au bourg et dans les hameaux avoisinants. C’est à domicile que les maîtres ouvriers et leurs aides conduisaient les métiers (fournis par l’entreprise) travaillant la laine ou en partie moindre le coton. Les allées venues étaient incessantes pour l’approvisionnement, les livraisons, les envois et retours de teinture, etc. Naturellement, pendant l’entre-deux-guerres il fallut procéder au renouvellement des métiers et s’adapter aux nouvelles techniques : plus question de monter des machines doubles cylindres à domicile ! Le magasin devint donc manufacture dans de nouveaux locaux agrandis et spécialement adaptés pour répondre à toutes les opérations. Ce principe de concentration est toujours en vigueur, mais le parc de métiers, lui, a bien évolué : les machines ne pouvant produire que des articles Derby sont devenues des machines dites à maille fantaisie, puis des machines type jacquard deux couleurs et même des machines trois couleurs. En voici le détail :  80 machines environ à maille fantaisie dont la plus ancienne date de 1942,  15 machines genre jacquard de modèle récent pouvant faire des articles bicolores très demandés,  15 machines dites C.P., produisant des articles très fantaisies, et particulièrement recherchés,  20 machines environ genre Derby à double chute et de types divers,  enfin, une première batterie de métiers circulaires « 420-aiguilles, double-chute » a permis de débuter la production de bas sans couture, en mousse et en voile. La majorité de ces machines est de marques anglaises dont la réputation est mondiale. Également quelques machines italiennes qui donnent entière satisfaction. La mise en service des métiers circulaires « 420 – aiguilles, double-chute » dans les manufactures françaises de bonneterie est toute récente. Ces machines permettent de réaliser des bas sans couture en voile « et en mousse » de présentation impeccable, d’une solidité améliorée et moulant parfaitement la jambe. Il est à noter que tout ce matériel est très délicat et demande une grande surveillance, ainsi qu’un parfait entretien. Des appareils électroniques avec enregistrement sur bandes permettent de suivre directement depuis les bureaux de direction la régularité de fonctionnement de chaque machine. Ces bandes sont remises régulièrement au chef d’atelier et lui permettent d’intervenir utilement auprès de chaque équipe. Il faut souligner le parfait état constant de ce parc. C’est là, la condition première et indispensable pour obtenir une production régulière impeccable. C’est l’élément numéro un de l’excellente réputation de la maison. Un ingénieur A&M, ainsi qu’un contremaître technicien sont constamment affectés à cette tâche essentielle. Ce furent d’importants investissements de modernisation. Ils permettent d’assurer à l’heure actuelle une production régulière, compétitive, donnant toute satisfaction à la clientèle des grossistes : c’est- à-dire à celle qui sait le mieux juger, apprécier et reconnaître la qualité et les efforts du fabricant. La réputation du département de l’Aube est mondiale. Elle résulte pour une grande partie de la qualité et de la dextérité de sa main-d’œuvre traditionnellement attachée et entraînée à toutes les façons et opérations parfois très délicates, particulière à la bonneterie. Cette main-d’œuvre a suivi
  • 37. Compilation sur la famille 36/77 l’évolution générale, en adaptant ses qualités propres à la spécialité technique exigée par les nouvelles conditions de la production. Dans un bourg – Estissac n’est-il pas éloigné de 20 kilomètres d’un centre important ? Il est impératif d’assurer du travail au personnel de l’usine, d’un bout de l’année à l’autre. En cas d’arrêt les ouvriers et ouvrières se déplaceraient : il deviendrait alors difficile de les remplacer. Un planning rigoureux doit donc être établi pour l’année entière. Heureusement, la qualité de la production, les efforts avisés de la direction, la fidélité de la clientèle permettent de faire tourner deux ou trois équipes chaque jour, de 100 à 120 personnes selon la saison. Au cours de la visite, nous avons remarqué à quel point les locaux sont bien adaptés à leur fonction et noté les cheminements aisés ménagés aux chariots d’approvisionnement et de manutention. Ils desservent le hall des métiers qui s’étend sur 1500 m² pour les « Komet », et sur 500 m² pour les services et annexes. De vastes baies vitrées favorisent un bon éclairage hiver comme été. L’excellente aération est fournie par des ventilateurs bien disposés. Les thermostats de contrôle de la chaudière à mazout veillent à la régularité de la chaleur distribuée par les circuits de vapeur. Nous assistons aux prélèvements effectués régulièrement aux divers stades de la fabrication afin d’être envoyés au laboratoire pour vérification. Mesure de prudence puisque toute erreur ou malfaçon est ainsi détectée rapidement et corrigée. Mesure de garantie pour répondre à la confiance de la clientèle. Nous entrons ensuite dans l’atelier d’apprêt. Là, c’est encore le règne de l’automatisme et aussi celui de la vapeur haute pression provenant d’une chaudière à mazout fonctionnant sans aucune intervention humaine. Des horloges électroniques règlent même les heures de marche. Dans cet atelier d’apprêt clair et bien ventilé, nous trouvons des machines ultra-modernes travaillant de façon continue et pouvant traiter chacune environ 350 douzaines par huit heures avec deux ouvriers. Voici le premier qui enfile, l’un après l’autre des mi-bas : chaque pièce est montée sur un pied d’aluminium pris dans la chaîne qui l’entraîne vers l’étuve où le mi-bas sera vaporisé, réglé en longueur, puis « fixé » par un procédé s’inspirant du « pressing » ; ensuite séché lors du passage dans un long tunnel. Les voilà maintenant au deuxième ouvrier qui les récupère, les empile par douzaines, enfin les dépose sur les plateaux qui les achemineront jusqu’à l’atelier de finissage. Là nous voyons les ouvrières s’affairer pour procéder au visitage, à l’appairage, à l’étiquetage et finalement au conditionnement. Voici à présent un hall donnant sur le quai : c’est le service « Expédition ». Caisses et cartons aux marques des grossistes des quatre coins de la France sont gerbés prêts à partir, ainsi que les emballages « export » à destination d’Alger, Constantine, Dakar, Casablanca ; d’autres pour le Canada, la Suède, la Norvège et déjà même l’Allemagne. Tout à l’heure la camionnette de l’usine en portera une partie à la gare d’Estissac, le reste sera enlevé dans la soirée par le camion-remorque « rail-route » des transports rapides. Après être monté à l’étage supérieur, la visite se poursuit par un coup d’œil aux rayonnages du stock. Ici se trouvent rassemblés des milliers de douzaines de bas, mi-bas, chaussettes, socquettes en laine, fil de coton, nylon, rilsan, classés par numéros, tailles et coloris. Chaque référence de la collection y est représentée pour répondre aux demandes urgentes des clients. On comprendra l’importance de cet entrepôt puisque la firme s’attache à pratiquer les « réassortiments express » pour toute la gamme de sa production ; nous y reviendrons tout à l’heure. Enfin nous sommes de retour dans les bureaux après être passés par le petit salon de réception que tant de grossistes – tant d’amis de la maison – connaissent bien. Au cours de l’entretien que vont nous accorder MM. Jacques Bruley et Pierre Lairé-Bruley, gérants de la maison, nous avons noté certaines indications précieuses pour les lecteurs de l’OFFICIEL.
  • 38. Compilation sur la famille 37/77 « Vous venez de voir nos installations dans une usine en plein travail. Vous avez remarqué nos efforts et nos soucis en faveur de la qualité. Nous avons voulu y adjoindre notre « garantie » et l’avons concrétisé par l’adoption d’une « marque ». C’est en 1950 qu’abandonnant l’anonymat nous avons choisi « BESTISS » comme label, en le complétant du slogan « je suis doux – je suis fort » caractérisant bien (avec l’agneau et le lion illustrant notre écusson) la qualité de nos articles : « doux à porter – résistant à l’usage ». Précisons qu’une partie appréciable de notre production est présentée au consommateur sous le label personnalisé de certains de nos clients : par exemple « SANEB, SELDIS, SERMO, etc. ». En la circonstance vous jugerez de « l’esprit d’équipe » que nous manifestons en raison des lourdes sujétions qui résultent pour nous de l’observation simultanée des trois obligations du domaine de la fabrication, du stockage, de la productivité.  Fabrication : un simple changement d’étiquette est une source d’erreur et de rupture dans la cadence, à l’encontre de l’idéal : « un seul article d’un bout de l’année à l’autre ».  Stocks : l’incidence est encore plus grave. Cartonnages spéciaux commandés à l’avance. Fabrication en série de bout en bout de la totalité de l’ordre ; cela dès avant l’entrée de saison pour des livraisons qui seront forcément échelonnées. La commande sera naturellement exécutée pour la quantité prévue initialement ; d’où impossibilité de la réduire, encore moins de l’augmenter. Mais les difficultés ne nous effraient pas et nous avons réussi à satisfaire les plus compliquées.  Productivité : il faut ici souligner que tous les problèmes de standardisation et de normalisation nous intéressent particulièrement. Tout progrès à cet égard est un facteur de réduction des frais, des heures, des stocks ; pour le conditionnement seul un rabais appréciable sur les cartonnages serait possible. Toutefois, la tendance naturelle s’oriente au contraire vers la personnalisation. Il est encore prématuré de faire un choix entre ces oppositions. Par contre nous avons adopté les nouveaux filés modernes et en sommes satisfaits. Purs ou mélangés, filés ou texturés les synthétiques nous ont permis de sortir d’excellents articles Nylon, Hélanca, d’abord, puis Rilsan que nous avons été parmi les premiers à utiliser, sont des matières agréables à façonner – une fois surmontées la période de mise en route et les difficultés de teinture. Ils autorisent une grande variété de mélange heureux et de modèles attrayants répondant parfaitement à notre devise « je suis doux – je suis fort ».
  • 39. Compilation sur la famille 38/77 Les collections sont variées, trop peut-être, mais les goûts, les besoins, les habitudes varient avec chaque région, et puis les Français sont individualistes et il faut un grand choix. Passons un peu en revue nos fabrications : deux collections annuelles l’une d’été, l’autre d’hiver.  Bas : nous fabriquons encore de gros articles de campagne en laine et en coton, mais la grande production est représentée par les articles de mousse de Nylon et de Rilsan, et tous titrages avec ou sans couture.  Mi-bas, socquettes, jarrettes, chaussettes : c’est là notre grosse production – dans différentes matières telles que la laine, le coton, le nylon, le rilsan. Les mélanges dits intimes de laine et nylon, laine et rilsan et aussi les mélanges de fil coton avec mousse de nylon ou de rilsan, laine avec mousse de nylon ou de rilsan. Chaque référence correspond bien entendu à un dessin et à une présentation, elle doit comporter en outre une gamme étendue de coloris. Nous produisons aussi des slips diminués, et des collants en mousse de nylon ou de rilsan. Ces articles font actuellement l’objet d’une très grande vogue. Est-il nécessaire de dire que ces collections recueillent la faveur des Grossistes ? Car c’est vers eux que nous nous sommes toujours orientés et nous leur réservons la quasi-totalité de notre production. Nous apprécions mieux chaque jour l’agrément de nos relations avec cette excellente clientèle. C’est une clientèle variée, qui nous assure de « bons paquets », qui nous connaît bien, qui nous est fidèle, qui à l’estime de nos banquiers. Les rapports sont directs, humains. Pour nous, ce ne sont pas des clients … « ce sont des amis ». Aussi nous nous efforçons de reconnaître leurs difficultés, l’étroitesse de leurs marges, l’étendue de leurs risques. Nous savons que pour eux les réassortiments constituent une servitude préjudiciable à leur productivité, tout comme elle est préjudiciable à notre productivité. Mais nous en avons compris l’absolue nécessité. Vous avez vu tout à l’heure nos équipements spéciaux. Ils nous permettent de répondre à toutes les demandes dans les meilleures conditions et sans délai. Sans délai, puisque nous nous appliquons à expédier de l’usine dans les vingt-quatre heures – dans les deux heures si nécessaire – tous les ordres de réassortiments. Allons-nous encore parler de notre réputation ? Précisons que nous ne négligerons aucun effort pour la défendre. Aussi notre premier soin – vous l’avez constaté – est-il d’éviter toute source d’incident. S’il se présente un cas exceptionnel, nous l’aborderons aussitôt avec toute notre compréhension et toute notre diligence afin d’y remédier et de l’aplanir. Faut-il conclure ? Alors s’impose à nous cette évidence : producteurs et grossistes ne font vraiment qu’une seule famille : amitié et loyauté réciproques en constituent les bases essentielles. La fin des activités industrielles dans les années 1960 Vers la fin des années 50, pour diversifier les productions, les Établissements Bruley frères rachètent la société et la marque Lafitte pour faire des pull-overs et des maillots de bain. Cette nouvelle activité se développe bien, et la marque s’installe bien sur le marché devenant même le fournisseur des équipes de France de ski et de natation. Des champions comme Jean Claude Killy ou Kiki Caron portent alors en compétition des articles de la marque. C’est à cette époque que Bestiss met sur le marché les premières chaussettes à bouclettes, d’abord pour le ski, puis pour d’autres sports. Malheureusement cette innovation qui est un grand succès n’est pas brevetable. Pendant mes études à Dauphine dans les années 70, j’ai fait un mémoire de fin d’année sur l’usine et j’ai donc d’interrogé mon père sur la fin de l’usine revendue fin 1969. En fait le début des années 60 est très bon, la marque Lafitte en plein lancement correspond aux attentes du marché, et Bestiss profite à plein du retour des rapatriés d’Algérie qui cherchent à s’équiper avec des articles de qualité.
  • 40. Compilation sur la famille 39/77 Dans ce contexte les dirigeants ne voient venir une évolution du marché du chaussant, qui amène les clients à considérer les chaussettes comme des articles de consommation, quasiment jetables, et donc à délaisser les articles de qualité. Les rapatriés s’alignent rapidement sur le comportement des métropolitains et dès 64 les ventes de Bestiss commencent à chuter. Quant à Lafitte, positionnée avec des articles de mode, le succès est de courte durée, il faut renouveler les collections ce qui est toujours aléatoire et les nouvelles collections sont moins appréciées. L’usine subit un incendie en 1968, un après-midi le feu prend au dernier étage dans les stocks au- dessus des bureaux, des pompiers viennent même de Troyes, mais au final les dégâts sont très importants. Le dernier étage est entièrement brûlé et les autres sont inondés. Une grande partie des stocks sont réduits à néant du fait du feu, de l’eau ou des fumées, de grands travaux sont nécessaires et pour mieux positionner l’entreprise face aux évolutions du marché, il est aussi souhaitable d’investir dans de nouveaux matériels. Or la Société « Établissements Bruley Frères », société à Responsabilité limitée dont le siège est à Estissac, au capital de 1,8 million de Francs, divisé en 5000 parts sociales de 360 francs, appartient à onze associés :  Mme André Lambert-Daverdoing, 1245 parts,  Mme Pierre Lairé, 1244 parts,  Madame Jean Graven, 588 parts,  Mr Jacques Bruley, 588 parts,  Mr Jean Bruley, 588 parts,  Madame Jean Dargouge, 588 parts,  Madame Jean-Pierre Mouscadet 138 parts,  Mr Georges Bruley, 10 parts,  Mr Robert des Abbayes, 5 parts,  Succession Lecerf, 5 parts,  Mr Pierre Lairé, 1 part. Seul Jacques Bruley et Pierre Lairé travaillent à l’usine, ils représentent 1833 parts, et sont intéressés à continuer l’activité, mais les autres ne sont pas séduits par l’idée d’investir. Au final il est décidé de vendre les bâtiments et les matériels à Doré Doré (marque DD) qui reprend le personnel, Jacques Bruley conservant la marque Bestiss et Pierre Lairé la marque Lafitte. La liquidation de la société fait apparaître un solde positif de 242,09 francs par part (~272€). Mon père crée les « Etablissement Jacques Bruley » à Troyes le 4 février 1969 (siège social 26 rue Bégand), dont l’objet est le négoce, courtage, importation, exportation, vente à la commission de tous articles textiles et de bonneterie. Les premières années la société importe principalement des articles de Hollande, mais cette organisation manque de flexibilité et la rentabilité est souvent très affectée par des problèmes de change. Finalement la société s’appuie sur des sous-traitants locaux qui répondent plus vite et ne présentent aucun risque de change. Globalement l’activité est modeste, elle permet cependant à mon père de travailler jusqu’à sa retraite à l’été 1974. La marque Bestiss est reprise par un des sous-traitants, qui conserve les quelques personnes de la société. En 2015 elle existe toujours et il est facile de trouver sur internet des chaussettes de cette marque, le logo, les slogans, les illustrations (lion, mouton, chat) et les couleurs créées dans les années 50 sont toujours utilisées. Il est aussi possible d’acquérir sur internet des buvards promotionnels de l’époque. La marque Bestiss est une invention de mon père qui m’a plusieurs fois raconté qu’il avait passé une après-midi entière à réfléchir, et que finalement il avait pondu BESTISS, qui à la fois était une contraction de « Bruley d’Estissac » et exprimait bien l’activité. Le logo, les slogans, les illustrations, les couleurs ont été créés par Jean Dargouge (voir annexe 3).
  • 41. Compilation sur la famille 40/77 Au final, de 135 ans d’activité dans la bonneterie, il ne reste qu’un métier donné au musée de la bonneterie de Troyes et la marque Bestiss qui continue d’être utilisée. Ci-dessous des articles trouvés sur internet en 2015 : des chaussettes bouclettes et des collants, le mouton, le chat et le lion sont toujours là.
  • 42. Compilation sur la famille 41/77 Annexe 1 : Reliefs de la Fabrique Facture de la Fabrique Plaque des représentants
  • 43. Compilation sur la famille 42/77 Annexe 2 : Ateliers de bonneterie Atelier à Estissac au début du XXème siècle Atelier des établissements Bruley en 1958 (bâtiment D, voir emplacement annexe suivante)
  • 44. Compilation sur la famille 43/77 Annexe 3 : Commentaires sur les bâtiments de l’usine Le premier et plus ancien bâtiment de l’usine est le A, un atelier de réparation des machines qui au départ était le seul bâtiment de la fabrique, du temps où toute la production était faite dans des maisons ou des fermes d’Estissac. Cet atelier a brûlé au début du XXème siècle et a été reconstruit. Les deux autres plus anciens bâtiments sont le B et le C. Je crois qu’il y a d’abord eu le B qui servait à l’entreposage, puis le C qui a dû au départ abriter des ateliers, et après des bureaux et des stocks. Le C a brûlé en 1968 et on lui a rajouté un étage. Le bâtiment D (le hall des machines, cf. photo de 1958 annexe : 3) date de l’entre-deux guerre, peut-être les années 20, quand toute la production a été rapatriée sur un seul site. Le bâtiment E est un petit hangar de stockage d’emballage, où nous jouions à cache-cache à la fin des années 50.
  • 45. Compilation sur la famille 44/77 Annexe 4 : La marque BESTISS Les premières étiquettes à la marque Un buvard promotionnel signé J. Dargouge (1958) et l’étiquette standard des années 60
  • 46. Compilation sur la famille 45/77 Annexe 5 : Participations à des manifestations commerciales A partir de la gauche, Pierre Lairé et Jacques Bruley lors d’une manifestation pour Bestiss dans les années 1950 Nicky et Jacques Bruley, lors d’une manifestation pour Lafitte, à New York en mai 1962, le mannequin en maillot de bain est Danièle Bruley ma sœur ainée.
  • 47. Compilation sur la famille 46/77 Annexe 6 : Histoire de la bonneterie Colbert serait à l’initiative de l’introduction des métiers Lee en France M. Colbert voulait rendre le pays supérieur à tout autre en opulence, abondant en marchandises, riche en arts, et fécond en biens de toutes sortes. Il ne négligea rien pour acclimater en France les industries des autres pays, ce qui se fabriquait de particulier en Angleterre. Pour la confection de certains produits, il est allé jusqu’à donner aux ouvriers amenés d’Angleterre la demeure royale de Madrid, transformant ainsi un palais en atelier pour y accueillir les premiers métiers Lee. (Source Musée de la Bonneterie – Troyes) Honoré de Balzac parle de la bonneterie de la région troyenne (1847) Presque toute la bonneterie de France, commerce considérable, se fabrique autour de Troyes. La campagne, dans un rayon de dix lieues est couverte d’ouvriers dont les métiers s’aperçoivent par les portes ouverte quand on passe dans les villages. Ces ouvriers correspondent à des facteurs, lesquels aboutissent à un spéculateur appelé fabricant. Ce fabricant traite avec des maisons de Paris ou souvent avec de simples bonnetiers au détail qui, les uns et les autres, ont une enseigne où se lisent ces mots : fabrique de bonneterie. Ni les uns, ni les autres ne font un bas, ni un bonnet, ni une chaussette. (Source Musée de la Bonneterie – Troyes) William Lee inventeur du premier métier à tricoter les bas Le révérend William Lee ou Lea (vers 1550 – 1614) est un ecclésiastique anglais, inventeur de la machine à tricoter les bas. C'était une machine à tricoter manuelle dont la forme rappelait les métiers à tisser de l'époque. William Lee vit à Calverton près de Nottingham. En 1589, il invente la machine à tricoter les bas et permet à la bonneterie de devenir la principale activité des Midlands. Le tricot pose des problèmes techniques qui restent longtemps sans réponse. Ce tissage à un fil semble être apparu au XVème siècle. Avec l’invention de Lee, on passe rapidement du tricotage manuel à une machine dont l’automatisme est déjà avancé et qui doit encore faire l’admiration de Diderot au milieu du XVIIIème siècle. William Lee se voit refoulé de partout, voire menacé, tant son invention bouleverse la production et donne de crainte à la population ouvrière. Avec les grèves d’imprimeurs du milieu du XVIème siècle, ce sont les premières manifestations ouvrières et destructions de machines. En 1666, la machine de William Lee est introduite en France par Jean Hindret qui fonde la manufacture du château de Madrid à Neuilly-sur-Seine. Jedediah Strutt inventeur du métier à côtes de Derby Jedediah Strutt (1726 - 7 mai 1797) ou Jedidiah Strutt, comme lui-même l'écrivait, est un bonnetier et fileur de coton originaire de Belper en Angleterre. Strutt et son beau-frère William Woolat mirent au point un accessoire au métier à bas (stocking frame) qui permettait la production de bas côtelés. Leur machine devint connue sous le nom de la « machine à côtes de Derby » ("Derby Rib Machine"), et les bas qu'elle produisait devinrent rapidement très prisés. Jedediah Strutt est né à South Normanton, près d'Alfreton dans le Derbyshire d'une famille d'agriculteurs, en 1726. En 1740, il devint apprenti charron à Findern. En 1754, il hérita d'un petit troupeau de bétail venant d'un oncle, et épousa Elizabeth Woolatt en 1755 dans le Derbyshire. Il
  • 48. Compilation sur la famille 47/77 déménagea à Blackwell où il avait hérité d'une ferme d'un de ses oncles et y développa une entreprise de transport du charbon de Denby à Belper et Derby. Le beau-frère de Strutt, William Woolat, employa un certain Mr. Roper de Locko qui avait conçu une idée pour un accessoire au métier à bas pour tricoter des bas côtelés. Il en fit un ou deux spécimens qu'il montra à ses amis, mais il n'était pas intéressé par le développement de son idée et n'en avait d'ailleurs pas les moyens. Woolatt se concerta avec Strutt, qui vendit un cheval et offrit 5£ à Roper en échange de son invention. Strutt et Woolatt transformèrent le dispositif en une machine viable et obtinrent un brevet en 1759. Leur machine se fit connaître sous le nom de « machine à côtes de Derby », et les bas qu'ils produisaient avec devinrent rapidement très populaires. Le coton était moins cher que la soie et plus confortable que la laine, mais la demande était beaucoup plus importante que l'offre. Strutt et l'autre fileur, Samuel Need, furent présentés à Richard Arkwright qui était arrivé à Nottingham vers 1768, et y installa sa machine à filer qui fonctionna grâce à la force des chevaux, mais cette source d'énergie était loin d'être satisfaisante. À Derby, John Lombe avait construit un moulin à soie très efficace qui utilisait l'énergie hydraulique. Strutt et Need se joignirent à Arkwright pour concevoir une manufacture de coton à Cromford, en utilisant ce qui fut dorénavant appelé le water frame d'Arkwright. C'était le premier de la sorte dans le monde entier, et il marqua le commencement de la Révolution industrielle. Métier en bois
  • 49. Compilation sur la famille 48/77 Un ancêtre aventurier
  • 50. Compilation sur la famille 49/77 Légende familiale : un parent aurait participé à la découverte du Canada et laissé son nom à un lac Dans le document que Léon a rédigé sur son voyage aux États-Unis, il parle à un moment d’un lac qui porte le nom de Brulé. Il écrit : « Un lac près de Montréal porte le nom de Brulé – et trois villages – nous avons passé près du lac, mais nous n’avons pas visité les villages. Est-ce un ancêtre ? Notre famille est originaire de Neuville- sur-Vanne – avant 1675, il n’y avait pas d’état civil. Donc, on ignore la date de naissance de Maisonneuve et celle de Jean Brulé, qui est le plus ancien du nom. Nous savons que Jean Brulé, notre ancêtre, s’est marié à Neuville-sur-Vanne en 1682. Dans les archives de l’Aube, Mr Durétaille a trouvé que Maisonneuve était imposé à Neuville s/Vanne, et ne payait pas d’impôts – parce qu’il était parti au Canada. Quant à l’orthographe du nom de Brulé, elle est variable – dans des actes en notre possession, dans un partage, les trois frères ont orthographié leur nom d’une façon différente – c’était sans doute une habitude à cette époque. Il est possible qu’il y ait eu des Brulé à Neuville au moment du départ de Maisonneuve – Nous l’ignorons, puisqu’il n’y avait pas d’état civil – D’ailleurs, parmi les premiers pionniers, il y avait un Brulé – C’est Étienne Brulé, le premier coureur des bois, qui a découvert le lac Ontario – sur lequel est construite la ville de Toronto – Il était parti de Montréal. Au Canada français, nous sommes presque en famille ». Le Lac Brûlé vu par Wikipédia Le lac Brûlé (en anglais : Burnt Lake) est une étendue d'eau du Québec dont la rive orientale délimite la frontière entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Le lac s'étend en longueur dans une direction nord-sud. Son principal émissaire est la Romaine dont les eaux se jettent dans le golfe du Saint-Laurent. Le lac Brûlé est l'un des 90 lacs de ce nom au Québec. Il apparaît sous le nom de « L. Brûlé » sur une carte de 1898 et sous le nom anglais de Burnt Lakes sur une carte de 1911. Il est connu au XIXe siècle sous le nom des lacs Brûlés et on distinguait ses parties les lacs Brûlé, Lavoie et Anderson. Il est connu par les Amérindiens sous le nom de Apuabushkau ou Apuabushkash. Il doit son nom probablement à un ou des incendies qui ont ravagé le territoire environnant. Le lac a une superficie de 89 km², une longueur de 34 km, une largeur de 5,7 km, une altitude de 485 m. Il est alimenté par La Romaine qui est aussi son principal émissaire. Étienne Brûlé vu par Wikipédia Étienne Brûlé est un aventurier Français né vers 1592, à Champigny-sur-Marne, à l'est de Paris, mort vers juin 1633 au Canada. Parti très jeune pour la Nouvelle-France, sans doute dès 1608, il fut le premier truchement (interprète) de Samuel de Champlain en langue huronne. Menant une vie de coureur des bois, il séjourna chez les Amérindiens de 1611 jusqu'à sa fin tragique dont il est impossible de préciser la date, postérieure à 1630 selon toute vraisemblance. Travaillant pour le compte de compagnies des fourrures qui le rémunéraient pour persuader les tribus d'amener leurs peaux à la traite, il n'en demeura pas moins très indépendant, et sa vie reste entourée de mystères. Véritable personnage de romans d'aventures, il partagea la vie des Hurons,
  • 51. Compilation sur la famille 50/77 s'habillant comme eux, prenant femmes indiennes, adoptant leurs mœurs, leur morale et leur mode de vie. Durant toutes ces années, il visita de nombreuses contrées, allant vers les Grands Lacs canadiens (Lac-Supérieur, lac Érié…), se rendant plus au sud vers l'actuel État de Pennsylvanie, poussant également vers le nord du pays Huron. Étienne Brûlé fut le premier Européen à s'aventurer dans ces contrées : un périple cependant difficile à définir, car, peut-être analphabète, il n'a laissé aucune trace écrite, aucune carte de ses pérégrinations. En fait il voyagea dans des lieux dont la paternité de la découverte fut plus tard attribuée à d'autres. En 1629, après la reddition de Québec aux Anglais, il se met au service des frères Kirke. Dans le dernier écrit de Champlain, il est dit qu'il a trahi le roi et la patrie. Ces mots ne sont pas de Champlain, mais de « troisième main », probablement de missionnaires jésuites. Accusé, il ne subit jamais de procès ni n'eut l'occasion de se défendre : on doit donc le considérer comme innocent de cette accusation. Accusé de trahison, il repartit alors pour le pays des Hurons. Aucun Européen ne devait le revoir vivant. Il est assassiné par un (ou plusieurs) membre(s) de la tribu huronne de l'Ours, pour un motif inconnu, et mangé par ceux-là mêmes dont il avait partagé la vie pendant plus de vingt ans. Il est souvent considéré comme le premier Européen franco-ontarien. Un parc et une école publique francophone de Toronto portent son nom. Les historiens croient également qu'il est le premier Européen à avoir visité ce qui est maintenant l'état américain du Michigan (en 1622). Épilogue Étienne Brûlé serait donc arrivé en Nouvelle France vers 1608, au tout début des premiers contacts avec les Amérindiens, pour mémoire le premier voyage de Champlain date de 1603 et Pocahontas s’est mariée avec John Rolfe en 1614. Maisonneuve qui est né le 15 février 1612, est arrivé en Nouvelle France qu’en 1641, soit plusieurs années après la mort d’Étienne Brûlé, ils ne peuvent donc pas être partis ensemble de Neuville sur Vanne pour aller au Canada.
  • 52. Compilation sur la famille 51/77 Annexe Une plaque, commémorant le passage d'Étienne Brûlé sur la rivière Humber, dans le parc Etienne Brûlé à Toronto vers le lac Ontario, situe sa date de naissance en 1595. Le lac Brûlé est une étendue d'eau du Québec, dont la rive orientale délimite la frontière entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Le lac Brûlé s'étend en longueur sur 34km dans une direction Nord-Sud. Monument à Maisonneuve, par Louis Philippe Hébert, à la Place d’Armes de Montréal. Neuville-sur-Vanne, est une commune située dans le département de l'Aube, au cœur du Pays d’Othe aubois à 5km au nord-est d'Aix en Othe (généralement vu comme la "capitale" du Pays d'Othe) et 25km au sud-ouest de Troyes, la commune est traversée par la Vanne. En 2011, la commune comptait 421 habitants.
  • 53. Compilation sur la famille 52/77 Extrait de la Notice sur Estissac et Thuisy Par Bruley-Mosle
  • 54. Compilation sur la famille 53/77 Préface, Félix Bruley (1832 – 1923), le frère aîné de Jules le père de Georges et Léon, aimait faire des recherches historiques. C’est lui qui a établi l’arbre généalogique de la famille. Il était marié à Eriphile Mosle (1839 – 1930), ils n’eurent pas d’enfant. Simone en parle plusieurs fois dans « Enfance Champenoise ». Félix a publié, en 1911, un ouvrage qui a été honoré d’une récompense par la Société Académique de l’Aube, intitulé « Notice sur Estissac et Thuisy » qu’il a signé Bruley-Mosle. En introduction de cet ouvrage, il dit avoir écrit cette notice pour faire revivre quelque peu le passé et payer un tribut de reconnaissance aux ancêtres. J’ai fait le présent extrait de cette notice, pour permettre de découvrir facilement quelques éléments de l’histoire d’Estissac, et je tiens à disposition un exemplaire de la notice complète, pour qui voudrait approfondir le sujet. Bonne lecture, Michel Bruley
  • 55. Compilation sur la famille 54/77 L’origine du nom d’Estissac Jusqu’au XVIIIème siècle, le village d’Estissac s’appelait Saint-Liébault. La plus ancienne mention retrouvée est datée de 1189 (Sanctus Lebaudus). Il semblerait donc que le village ne soit pas très ancien, ce nom ne pouvant exister avant l’établissement du Christianisme, au plus tôt à partir du IIIème siècle, et de plus il ne figure pas dans la liste des pays habités avant l’an 1000. Le nom a eu diverses orthographes selon les textes (Sanctus ou Saint, Lebaudus ou Leobaudus, Liebaudus, Leobaldus, Liébault, Liébaut, Lyébaut), à des époques où la langue française est en formation et où on faisait peu de cas de l’orthographe des noms propres. Au mois d’août 1758, Louis-Armand-François de La Rochefoucauld obtient de Louis XV, l’érection de la baronnie de Villemaur et de Saint-Liébault en duché pairie héréditaire, sous le nom de Duché d’Estissac. Cette appellation aurait été choisie en souvenir d’une terre de ce nom que possédait, en Périgord, la famille de La Rochefoucauld. Saint-Liébault s’appela désormais « Estissac », sauf sous la Révolution, qui le nomma successivement « le Val libre » et « Liébault-sur-Vanne ». Concernant des traces anciennes d’occupation dans le pays, il est à noter qu’entre Estissac et Neuville, distant de 2,6 km, il y a eu une villa gallo-romaine qui fut détruite au Vème siècle, et qu’un village, portant le nom de Loigny, existait encore à cet endroit en 1280. Dans Histoire de Champagne de M. Boutiot, Saint-Liébault figure dans la liste des localités où furent découvertes des substructions, cimetières, armes, monnaies et autres objets de l’époque gallo-romaine, mais ces découvertes doivent provenir de Loigny. Les rattachements seigneuriaux Il n’y a pas dans la Notice la liste exhaustive des seigneurs de Saint-Liébault, mais l’histoire de ce village est intimement liée à celle de la Châtellenie ou Prévoté de Villemaur, dont il fit partie jusqu’en 1615, époque à laquelle les seigneurs de Saint-Liébault devinrent les barons de Villemaur. La Châtellenie de Villemaur a été possédée de :  1127 à 1202, par la famille de Villemaur,  1202 à 1219 par Geofroi de Villehardouin puis son fils Érard et sa fille mariée à Fromont de Corroy qui vendirent leurs biens à Blanche de Navarre comtesse de Champagne et son fils mineur Thibaut IX,  1219 à 1328, par les comtes de Champagne et passa à la couronne de France par le mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, avec le roi Philippe le Bel, mais plus tard Philippe VI de Valois céda la Châtellenie en 1328.  1328 à 1349, par le Duc de Bourgogne Eudes IV,  1350 à 1384, par les contes de Flandre,  1384 à 1522, par les ducs de Bourgogne de la Maison de Valois,  1522 à 1549, par la Maison de Foix,  1549 à 1598, par la Maison de Clèves ou ducs de Nevers. C’est François de Clèves, duc de Nevers qui érigea la Châtellenie en Baronnie de Villemaur en 1549,  1598 à 1615, la famille de Villemort,  1615 à 1647, la famille Vignier (les seigneurs de Saint Liébault devenant barons de Villemaur),  1647 à 1732, la famille Pierre Séguier,  1732 à 1793, la famille de La Rochefoucauld.
  • 56. Compilation sur la famille 55/77 Le château Saint-Liébault prit probablement quelques proportions au moment de la guerre de Cent Ans du fait qu’il y avait un château fort parfois aussi dénommée maison forte ou maison close de fossés selon les textes. Il est possible que cette forteresse ait été construite par les comtes de Champagne entre le 10 et le 12ème siècle, peut-être par les hommes qui étaient en servitude à Saint-Liébault. Il reste toutefois très admissible que le château fort a été élevé à l’initiative des populations rurales pour leur servir de refuge pendant ces temps de guerre féodale. Les canaux creusés étaient alimentés par les eaux de la Vanne. Nous n’avons pas la liste exhaustive des seigneurs du lieu, même si des noms de nombreuses personnes peuvent être successivement identifiés dans des documents divers (hommages, rapports de dénombrement, successions …), il est la plupart du temps difficile de définir précisément les biens qu’ils possèdent. Au début du 14ème siècle, au moment de la bataille d’Azincourt par exemple, une partie des châteaux de la champagne méridionale étaient occupés par le parti Bourguignon, allié aux Anglais. Troyes même était du camp des Anglo-Bourguignons, et ne prit le parti du Roi Charles VII qu’au passage de Jeanne d’Arc, en juillet 1429. « Le château de Saint-Liébault était occupé par le parti du duc de Bourgogne ; en 1430, il fut assiégé et pris par Barbazan capitaine français, qui le fit démanteler ; mais Marguerite de Fontenay, dame de Saint-Liébault, le fit relever de sa propre autorité, tant pour sa sûreté personnelle que pour celle des gens de Sa Seigneurie ». À noter qu’il fut redémoli en 1432, reconstruit en 1440, et un peu plus tard possédé par la famille de Montmorency, dont le Connétable Anne de Montmorency, puis en 1613 par Henri de Bourbon, prince de Condé. Dans un dénombrement fait par l’amiral Charles de Montmorency en 1602 il est dit : « Il y avait au dict Saint-Liébault un chastel revêtu de plusieurs bâtiments, tours, pont-levis, clos de murailles et fossés ; une basse-cour et colombier de pierre, avec tout le pourpris, jardins et circuit du dict chastel, situé joignant la rivière, qui furent ruinés, démolis et brûlez la dicte année 1590 ; depuis laquelle nous avons faict rebastir les murailles, tours et ponts-levis, avec certains bâtiments et granges dans l’enclos des dites murailles ». En 1615, Jacques Vignier ayant acquis de la terre et la seigneurie de Saint-Liébault, fit élever une nouvelle construction, d’une grande magnificence, qui n’était plus un château fort, mais qui n’en porta pas moins le nom de « château de Saint-Liébault ». Il était composé de « deux grands corps d’hôtel, avec deux pavillons aux deux coins, et dôme servant d’escalier par le milieu. Tous les dits corps d’hôtel et pavillons à trois étages, toutes les couvertures en ardoises. Voûtes et murs de pierres blanches taillées et ouvragées en bonne partie de sculptures. Côté de la cour deux grandes galeries. La maison, entourée de grands fossés pleins d’eau, est accessible par des ponts-levis. Il y a aussi un colombier, un étang, un grand parterre, un potager». Devenu propriétaire du château, Pierre Séguier y fit des réfections et des embellissements, le sculpteur Girardon travailla au château, et au dix-septième siècle c’était une des plus belles résidences de Champagne méridionale. Le roi Louis XIV, se rendant en Franche-Comté, y fut reçu par Pierre Séguier et y coucha le 4 février 1668. Mais en 1726, le château était en si mauvais état que Stanislas de Pologne, beau-père de Louis XV, de passage à Saint-Liébault dû coucher à la « Recette », une propriété seigneuriale située au bout du parc du château, sur la route de Troyes. À la révolution le château, propriété de la famille de La Rochefoucauld, fut confisqué, le mobilier fut vendu, moins les œuvres d’art, notamment des tableaux de Lebrun, de Rigaud, qui furent rapportées à Troyes. Le château fut dégarni des plombs et des métaux qui entraient dans sa construction, ils furent portés à Troyes, en vertu des instructions des armées de la convention. Finalement, le parc,