2. Neuville-sur-Vanne & Bourg-de-Partie 1/5
Préface
En 2017, à l’occasion de la réalisation de ma version numérisée de la Notice sur Estissac et Thuisy,
j’avais su que Bruley-Mosle avait aussi écrit un texte sur Neuville sur Vannes, dont j’avais trouvé la
référence dans les archives de l’Aube.
En 2019, en parallèle de mes recherches généalogiques, j’ai cherché à me procurer un exemplaire du
texte sur Neuville, mais mes recherches (internet, famille, et mairie de Neuville …) furent
infructueuses. Quelqu’un de la mairie m’a indiqué (automne 2019) une personne qui œuvrait à
différentes publications sur le pays d’Othe, il s’agissait de Colette Hachen, une ancienne maîtresse
d’école d’Aix-en-Othe.
Colette a recherché un exemplaire auprès de différentes personnes, mais en vain. Finalement, elle a
avec Mathieu Micoulot (un professeur de Paris, originaire de la région et président des Éditions
Armance situées à Neuville) identifié début 2020 que le texte des archives de l’Aube était un
manuscrit et n’avait jamais été publié.
Dès lors, le processus d’édition était engagé, numérisation de l’original, frappe, structuration (le
texte était composé d’une série de notes), recherche d’illustration, relecture … et enfin publication.
À cause du Covid qui a freiné toutes les étapes, la notice n’est parue que deux ans plus tard en mai
2022. La mairie de Neuville a été très contente de cette parution et a remis des médailles aux acteurs
de ce projet : Colette Hachen, Matthieu Micoulot et Ludi Gogin.
La lecture de la Notice m’a amené à lire ou relire d’autres textes sur le pays d’Othe et j’ai synthétisé
dans les pages qui suivent quelques éléments de toutes ces lectures qui m’ont intéressé et qui sont
à voir comme des compléments à la Notice même si certains événements évoqués sont communs.
Bonne lecture
3. Neuville-sur-Vanne & Bourg-de-Partie 2/5
1 - Le territoire et son occupation ancienne
Le nom du pays d’Othe a une origine mal établie, l’historien Théophile Boutiot dit qu’il viendrait du
« mot celtique 'odyn', fourneau, fournaise, forge, peut-être par extension et avec plus de vérité :
minerai de fer » et d’autres sources, dont Wikipédia, rappellent « qu’il est mentionné sous les
formes Utta, Otta au XIIe siècle et que la racine ut / ot préceltique [?] est sans doute liée au caractère
forestier ». Le pays d’Othe (60km de long 20 de large) est à cheval entre les départements de l’Aube
et de l’Yonne, entre Troyes et Sens.
Dans la partie auboise du pays d’Othe où se situe Neuville sur Vanne, on a trouvé des traces
d’habitation très anciennes, datant de 2500 à 2000 ans av. J.-C. De véritables carrières de silex ont été
mises au jour lors de la construction de l'autoroute Paris, Sens, Troyes ainsi que de nombreux artefacts
datant du néolithique, de nombreux polissoirs. Comme celui dit de la Pierre aux dix doigts à Villemaur
sur Vanne.
À Estissac on a trouvé une nécropole celtique circulaire qui comporte plusieurs sépultures, dont une
tombe datant des environs de 450 avant J.C avec un char à deux roues typiques de la Tène ancienne.
À Neuville proprement dit, on a trouvé des Torques datant des Celtes qui sont conservés dans la
collection des bronzes antiques de la Bibliothèque nationale et remontent au IIIe ou IIe siècle av. J.-C.
La civilisation gallo-romaine a laissé dans toute la région des traces d’habitation, toujours aux bords
des rivières comme avec la villa de Loigny qui était implantée en partie à Estissac et Neuville le long de
la Vanne. Elle a aussi laissé de nombreux tronçons de voies romaines comme celle de Troyes à Sens et
d’autres éléments dans la région (oppidum, station de potiers …). Le village de Loigny a été en partie
détruit vers le Ve siècle, mais en 1211 il y avait encore des habitants.
On ne trouve aucune mention du village de Neuville-sur-Vanne antérieure à 1200, cependant des
savants locaux MM. l’abbé Lalite et Boutiot ont identifié des biens cités dans différents textes dès le
VIIIe et XIIe siècle. L’actuel village de Neuville est composé de plusieurs territoires historiquement
séparés : la Seigneurie de Neuville avec les fiefs de Loigny, de Sécheville, de Loiselet et le hameau de
Bourg-de-Partie qui était franc-fief et avait Sa Seigneurie.
2 - Les seigneurs de Neuville
La châtellenie de Neuville, contrairement aux seigneuries voisines, appartenait au Comte de
Champagne et donc est devenue, en 1284, dépendance royale. Le seigneur de Neuville le plus ancien
identifié est Mennassès de Neuville vers 1200 et il y a eu une quinzaine de seigneurs entre lui et Nicolas
Dauquoy (vers 1520), dont la Reine Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X, Jeanne de France,
fille de Philippe V, et Pierre de Rohan, duc de Nemours et maréchal de France.
À la succession de Jean Dauquoy, fils de Nicolas, la seigneurie a été divisée en deux entre : d’un côté
la branche masculine avec Jacques qui a eu les 4/5 de Neuville et de l’autre la branche féminine, avec
sa sœur Ambroise qui a eu 1/5 de Neuville et eu Bourg de Partie. Cette division des biens n’a pas plu à
Jacques qui créa et a entretenu une grande animosité entre les deux branches de la famille.
Branche masculine : Jacques Dauquoy profita du désordre lié aux guerres de religion pour accaparer
une grande partie des biens de la branche féminine. Abraham Dauquoy, fils de Jacques, poussa
Guillaume de Rouxel, son gendre le mari de sa fille unique Gabrielle, a assassiné trois personnes de la
branche féminine. À noter que Rouxel condamné à être rompu vif est mort tranquillement dans son
lit. Finalement Gabrielle, séparée de son assassin de mari, vendit les 4/5 de Neuville à Charles de
4. Neuville-sur-Vanne & Bourg-de-Partie 3/5
Vassan qui fit un échange avec Marie Bouvot de la branche féminine qui put réunir les seigneuries de
Neuville et de Bourg-de- Partie.
Branche féminine : Ambroise Dauquoy épouse Jean Thomelin, un conseiller du roi et trésorier de
France, un de leurs enfants est assassiné par un des enfants de Jacques Dauqoy, leur fille Marie épouse
Louis de Chomedey et a deux enfants Paul Chomedey de Maisonneuve le fondateur de Montréal et
Jacqueline. Jacqueline épouse François Bouvot, ils furent tous les deux assassinés par Guillaume de
Rouxel le gendre d’Abraham Dauqoy (François en 1651 et Jacqueline en 1655). Finalement, Marie
Bouvot (fille de Jacqueline) qui a épousé Bernard Baraillon, réunit en 1664 les seigneuries de Neuville
et de Bourg-de-Partie qui ne furent plus divisées.
De 1664 et Marie Bouvot à 1789 et Antoine-Nicolas Jaillant, avocat au Parlement de Paris, dernier
seigneur de Neuville, il y a eu une dizaine de seigneurs/propriétaires de la seigneurie de Neuville. À
noter que la disparition de la seigneurie de Neuville pendant la Révolution ne s’est accompagnée
d’aucune exaction, le seigneur Antoine Nicolat Jaillant n’étant pas noble.
3 - Les châteaux
Il y a eu deux châteaux à Neuville, l’un ancien à l’Ouest dont Jacques Dauquoy a hérité et l’autre à l’Est
que Demoiselle Ambroise Dauquoy héritière du domaine de Bourg-de-Partie et du cinquième de
Neuville, a fait construire en 1599 et qui a aujourd’hui disparu.
On ne sait pas depuis quand le château à l’ouest de Neuville existait, mais en 1552, Jean Dauquoy,
seigneur de Neuville déclare "chastel et maison fort", ce qui indique qu’une petite forteresse devait
s’y trouver, forteresse qui probablement a dû disparaître en vertu de la déclaration royale de 1621 qui
provoquait la démolition des châteaux forts qui ne se trouvaient pas sur les frontières. Les éléments
restants de l’ancien château à l’ouest de Neuville, soubassements de bâtiments d'exploitation et des
murs extérieurs de séparation ainsi que le pigeonnier sont de 1583.
La petite forteresse de Neuville n’est pas évoquée dans les récits sur les batailles des donjons qui ont
eu lieu pendant la guerre de Cent Ans, batailles qui ont vu la prise en 1416 puis la reprise en 1417 puis
la destruction en 1420 du château de Montaigu près de Troyes, alors que le château d’Aix-en-Othe a
lui changé de mains cinq fois entre Armagnacs, Bourguignons et Français de 1433 à 1438.
4 - Les serfs de Neuville
S’il y avait des seigneurs, il y avait aussi des serfs, comme le montre les dénombrements dans lesquels
les seigneurs déclarent que plusieurs habitants de Neuville sont taillables, corvéables et de morte
main. Quatre déclarations nous sont parvenues : Mme de Maraye 1274, Jean Premierfait 1390, Jean
Dauquoy 1552. Finalement, Abraham Dauquoy sera le dernier a cité une servitude en 1683, les
déclarations suivantes n’en mentionnent plus.
Serf et esclave n’ont pas le même statut juridique, le serf n'est pas assimilé à une chose comme l'était
l'esclave et dispose d'une personnalité juridique. Cependant suivant les lieux et les périodes le serf doit
supporter des contraintes différentes en matière de mariage (besoin d’une autorisation) de
transmission de son état à ses enfants (suivant avec qui il a eu des enfants), d’héritage (transmission
ou pas de ses biens), de travail ou services à rendre (gratuitement, rémunéré, dîme …), généralement
il ne peut être vendu (il y a des exceptions), mais il peut être échangé …
Le servage personnel (différent du servage réel lié à la terre cultivée) a généralement disparu après
la guerre de Cent Ans, car le manque de main-d'œuvre (la grande peste a emporté entre 1/4 et 1/3 de
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la population) a favorisé la concurrence entre nobles et le débauchage des serfs. Cependant, il faudra
attendre un Édit de Louis XVI du 8 août 1779 pour que le servage soit définitivement aboli en France.
5 - Les guerres
Il semble qu’il n’y est pas eu de combat sur le territoire de Neuville qui a été épargné par les guerres.
La bataille contre Attila aux Champs Catalauniques (en 451 – Montgueux est à 20km de Neuville). La
guerre de Cent Ans a touché notamment le fort de Montaigu (20 km) ou Aix-en-Othe (6 km), les guerres
de Religion (1562-1598) ont touché avec la Saint Barthélémy (24 août 1572) Aix-en-Othe, Estissac,
Montgueux, Chamoy. La révolution n’a pas déclenché de grandes violences à Neuville même si des
biens sur le finage de Neuville, appartenant à des communautés religieuses et à l’émigré la
Rochefoucaud Liancourt, duc d’Estissac, ont été confisqués. On notera même que le dernier seigneur
de Neuville, Antoine Nicolas Jaillant, a été élu président de l’administration municipale pendant la
Révolution.
Le 14 février 1814, les Cosaques sont arrivés à Bourg de Partie et ont occupé le village. Ce même jour
Aimée Bruley, une ancêtre de ma famille, née Bordier, est décédée, elle avait 82 ans. Les Cosaques
réquisitionnèrent la maison des Bruley, la dépouille d’Aimée fut sortie de sa chambre mortuaire,
portée sous un poirier où elle passa la nuit et fut inhumée le lendemain au cimetière de Neuville. Le
23 février 1814, les Cosaques se heurtent, près de Fontvannes, à un détachement français et il s’en
suivra des exactions par les Cosaques dans la région des pillages, des viols, des hommes battus, des
vols …
En 1870/1871, il y a eu en Pays d’Othe des francs-tireurs qui régulièrement s’en prenaient aux casques
à pointe. Les Prussiens ont à un moment donné organisé une grande battue qui fut infructueuse, en
représailles notamment à Auxon, Chennegy, Bérulles, Eaux-Puisseaux et Paisy-Cosdon. Le village de
Neuville n’eut à subir que le passage de troupe ou des réquisitions.
La guerre de 14/18 n’a pas touché le village, mais quatorze jeunes gens de Neuville y perdirent la vie.
Pour ce qui est de la Deuxième Guerre mondiale, la forêt d’Othe a été le lieu d’un maquis. Les résistants
de Troyes ont d’abord fait faire des parachutages près de Rouilly-Saint-Loup, mais repérés par les
Allemands, ils ont déporté ces actions à Saint-Mards et Maraye en Othe. Sans avoir un détail complet,
il faut compter sur plus de 18 parachutages, 16 aviateurs récupérés, évacués … et 27 résistants tués
lors d’une attaque des SS au Bois de Villiers.
La ville de Troyes libérée par Patton le 25 août 1944 a été la première ville importante attaquée par
des blindés et la tactique appliquée à cette occasion a été reproduite par la suite et est encore
enseignée dans toutes les écoles de guerre. La bataille a été féroce, car la ville était défendue par la
51e brigade SS forte de 3 500 hommes embusqués dans la ville comme autant de snipers. À noter que
les troupes américaines sont arrivées de Sens via Estissac et ont fait une pose à Montgueux pour
observer l’ennemi avant l’attaque.
6 - Les différents membres de la famille Bruley
La famille Bruley a habité pendant longtemps à Neuville, ses membres y sont tous nés du début du 17e
à pratiquement la fin du 19e
. Le plus connu d’entre eux est Félix Bruley-Mosle du fait de ses publications
d’historien amateur (cf. la Notice sur Estissac et Thuisy qu’il a publiée en 1911 et la Notice sur Neuville-
sur-Vanne et Bourg-de-Partie publiée en 2022 à la suite de mes recherches de ce texte qui était resté
jusque-là à l’état de manuscrit).
6. Neuville-sur-Vanne & Bourg-de-Partie 5/5
En lisant la Notice de Neuville on y retrouve différents membres de la famille, la plus ancienne citée
est Anne Bruslé (née en 1685) boulangère à Bourg-de-Partie, sœur aînée d’un ancêtre. Il y a aussi
Nicolas Joseph Bruley (un ancêtre né en 1764) qui a été président de l’administration municipale de
Neuville en 1795. Zénon Bruley (né en 1842) frère cadet de Bruley-Mosle cité comme détenteur
d’originaux de documents historiques concernant le fief de Bourg-de-Partie où il possédait une maison
(vendue par la famille dans les années 1960). Il y a aussi un autre que je ne situe pas dans la famille :
Nicolas Bruley qui a été maître d’école à Neuville de 1738 à 1789.
Parmi les familles auxquelles nous sommes apparentés, il y en a qui sont aussi citées dans la Notice, il
s’agit des familles : Laliat, Bordier, Menneret, mais il s’agit de descendants des personnes avec qui la
famille a été apparentée.
7 - La notice de Neuville-sur-Vannes et Bourg-de-Partie
Le texte de Bruley-Mosle n’avait pas été finalisé pour être publié. Il se compose d’une série de notes
qui apportent beaucoup d’informations qui permettent de faire un peu revivre le passé. L’édition de
2022 est enrichie de nombreuses illustrations notamment des cartes postales, des photos, des plans
… qui complètent bien le texte.
Dans cet état d’esprit de se plonger dans le passé, on peut aussi lire avec intérêt :
• Le pays d’Othe, qu’il faut sauver, de Marcel Degois
• L’homme de la vieille forêt d’Othe, de Gabriel Groley
8 - Le blason de la ville de Neuville-sur-Vanne
Le blason fait référence à la fois avec les fleurs de Lys à son appartenance aux Rois de France dès le
13e
siècle et avec les 3 flammes de gueules au blason du Seigneur Chomedey de Maisonneuve.