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rants en Suisse romande fournissent ainsi
leurs HVU à la PME d’Etoy.
A l’heure actuelle, il existe cinq produc-
teurs en Suisse qui, ensemble, commer-
cialisent environ 20 millions de litres de
biocarburant issus d’HVU sur un marché
national potentiel de 200 millions de litres.
Aujourd’hui, les compagnies pétrolières
peuvent incorporer 7% de biocarburant
dans le diesel, sans rien devoir indiquer
aux consommateurs. Par ailleurs, certains
modèles de camion peuvent désormais
rouler avec 100% de biocarburant. A ce
propos, de nombreux dépôts pétroliers
sont désormais en train de s’équiper pour
permettre l’incorporation de biocarburant
dans le diesel.
«Nous vendons à perte»
«Nous avons de l’huile domestique à
valoriser, principalement en provenance
de la restauration, et des producteurs
suisses comme Leman Bio Energie ou des
compagnies pétrolières prêtes à jouer le
jeu. Mais la Confédération ne semble pas
avoir compris les enjeux, s’insurge Vincent
Chapel, président d’Helvetia
Environnement. A l’heure actuelle, nous
vendons notre biocarburant à perte et cela
ne pourra pas durer. Certains de nos
confrères alémaniques sont en train de
fermer boutique. Le problème est que la
Fondation pour la protection du climat et
la compensation de CO2
, baptisée Klik,
redistribue environ 125 millions de francs
par année (couvrant la période 2013 à
2020) indistinctement aux producteurs
locaux et aux importateurs de biocarbu-
rant, sans tenir compte du bilan carbone
pour fabriquer du biodiesel à partir d’HVU.
C’est absurde!» Alors que la Confédération
est censée présenter pour fin juin 2016 son
plan de transition énergétique, le pro-
blème du recyclage des huiles usagées
domestiques est symptomatique d’un
certain illogisme.
Rappelons qu’Helvetia Environnement
a vu le jour en 2005, principalement dans
la collecte des déchets pour les collectivi-
tés, les commerces et les industries. Elle
est présente sur Genève, Vaud et Fribourg
où elle emploie plus de 200 personnes. A
la mi-décembre 2015, UBS Clean Energy
Infrastructure Switzerland a pris 26,5% du
capital du groupe. L’idée était
alors de permettre à Helvetia
Environnement de «franchir
une nouvelle étape dans le
développement du groupe, en
particulier pour le développe-
ment du pôle valorisation
énergétique des déchets
(waste to energy)».
Lebiodieselromand
risquededisparaître
PAR SERGE GUERTCHAKOFF Un producteur vaudois tire la
sonnette d’alarme. Si Berne ne prend pas de mesures
pour soutenir les acteurs suisses, le recyclage
des huiles usagées va s’éteindre. Explications.
P
de
Leman Bio Energie, Jean-
Pierre Passerat peste: «La
Suisse devrait soutenir la
production de biocarburant
local au lieu de financer son importation.»
Sa petite PME, basée à Etoy (VD), produit
dans une usine 2,5 millions de litres de
biocarburant de deuxième génération. Ce
dernier est obtenu à partir d’huiles végé-
tales usagées (HVU) et non plus à partir de
colza de culture. En effet, la Suisse a
interdit, à partir du 1er
janvier 2014, l’utili-
sation de colza pour fabriquer
un biocarburant. Leman Bio
Energie, en partenariat avec sa
société sœur Transvoirie
(toutes deux appartiennent au
groupe Helvetia
Environnement), a développé
son propre réseau de collecte
d’HVU. Plus de 2000 restau-
DÉCRYPTAGE ÉNERGIE
«LAFONDATION
DISTRIBUEDESMILLIONS
SANSTENIRCOMPTE
DUBILANCARBONEPOUR
FABRIQUERDUBIODIESEL.
C’ESTABSURDE!»
PHOTO:DRL’usine de
biocarburant
Leman Bio Energie
à Etoy.