1. Emploi, Justice, Equité
Rapport 2012
sur les progrès
en Afrique
Les opportunités à saisir en période de bouleversements
économiques, politiques et sociaux
2. 32
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
A propos de l’Africa Progress Panel
L’Africa Progress Panel (APP) est un groupe de dix personnalités éminentes issues du secteur privé et public, qui se mobilisent
en faveur de problèmes mondiaux importants pour l’Afrique et le monde. Monsieur Kofi Annan, ancien Secrétaire général des
Nations unies et Prix Nobel de la paix, préside l’APP et est étroitement impliqué dans son travail quotidien.
L’unique pouvoir de mobilisation du Panel lui permet de se concentrer sur les questions complexes qui ont un impact réel, telles
que la gouvernance mondiale, la paix et la sécurité, le changement climatique, la sécurité alimentaire, le développement
économique durable et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Tandis que ces problèmes ont des
conséquences immédiates pour l’Afrique, leurs solutions nécessitent le rassemblement d’un large éventail d’acteurs en
Afrique et en dehors du continent.
L’ expérience des membres du Panel leur donne une formidable capacité d’accès à toutes les sections de la société. Ils sont
bien placés pour influencer les changements qui nécessitent l’engagement de multiples acteurs. L’objectif principal du Panel
est de plaider en faveur d’une responsabilité partagée entre les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux pour
garantir un développement durable et équitable en Afrique.
Remerciements
Caroline Kende-Robb (Africa Progress Panel), Kevin Watkins (Brookings Institution), Peter da Costa (Africa Progress Panel) et
Richard Manning (Université d’Oxford) ont été en charge de la préparation du rapport et des recherches s’y rapportant.
L’Africa Progress Panel voudrait remercier les auteurs-contributeurs suivants : Nicholas Cheeseman (Université d’Oxford),
Hubert Danso (Africa Investor), Shanta Devarajan (Banque mondiale), Roberto Foa (Université d’Harvard), Charles Lwanga-
Ntale (Development Initiatives), Alexandre Marc (Banque mondiale), Stephen N’Degwa (Banque mondiale), Emmanuel
Nnadozie (CENUA), Jurgen Reitmaier (Consultant), Changyong Rhee (Banque asiatique de développement), Guido Schmidt-
Traub (CDC Climat Asset Management).
L’Africa Progress Panel voudrait aussi remercier les personnes suivantes pour leurs précieuses contributions : N’Dri Assié-
Lumumba (Université de Cornell), Nina Behrman (éditrice), Richard Carey (Coprésident fondateur, Groupe d’étude Chine-
CAD), Paul Collier (Université d’Oxford), Jim Cust (Université d’Oxford), Nathalie Delapalme (Fondation Mo Ibrahim), Alan
Doss (Fondation Kofi Annan), Jamie Drummond (ONE), Magnus Ericsson (Raw Material Group), Louise Fox (Banque Mondiale),
Benedikt Franke (Université de Cambridge), Patricia Geli (Banque Mondiale), Barbara Goedde (Fondation Kofi Annan),
Alan Hinman (Task Force for Global Health), Andrew Johnston (éditeur), Elsie Kanza (Forum économique mondial), Karuti
Kanyinga (South Consulting), Michael Keating (Nations unies), Christoph Lakner (Université d’Oxford), Franklyn Lisk (Université
de Warwick), Carlos Lopes (UNITAR), Strive Masiyiwa (Econet), Festus Mogae (Ancien Président de Botswana et Coalition for
Dialogue on Africa), Michael Möller (Consultant), Esther Mwaura (Grassroots Organizations Operating Together in Sisterhood),
l’Archevèque Ndungane (African Monitor), Aloysius Ordu (Banque Mondiale), Patrick Osakwe (CNUCED), Sarah Papineau
(PNUD), Judith Randel (Development Initiatives), Alastair Robb (Département du développement international du Royaume-
Uni - DFID), Valentine Rugwabiza (Organisation mondiale du commerce), Elisabeth Sandor (OCDE), Tesfai Tecle (Alliance pour
une révolution verte en Afrique – AGRA), Carolyn Turk (Banque mondiale), Alyson Warhurst (Maplecroft) et Jiajun Xu (Université
d’Oxford).
L’APP souhaite également remercier la Fondation Bill & Melinda Gates, la Coopération Allemande pour le développement (GIZ)
et le Département du développement international du Royaume-Uni (DFID) pour leur généreux soutien.
AproposduRapportsurlesprogrèsenAfrique
L’Africa Progress Report est la publication phare de l’Africa Progress Panel. Elle a pour objet de fournir une vue d’ensemble des
progrès que l’Afrique a réalisés au cours de l’année qui précède. Le rapport s’appuie sur les meilleures recherches et analyses
disponibles sur l’Afrique et les utilise d’une manière originale et provocatrice. A travers le rapport, le Panel recommande
une série de choix politiques et d’actions à l’attention des décideurs africains - car ce sont eux qui portent la responsabilité
première du progrès en Afrique – et des partenaires internationaux et organisations de la société civile impliqués.
Secrétariat
Caroline Kende-Robb, Directrice exécutive
Violaine Beix
Jared Bloch
Alinka Brutsch
Peter da Costa
Kibrom Mehari
Temitayo Omotola
Carolina Rodriguez
Zelalem Teferra
Conception et mise en forme
Le design de la couverture est inspiré du motif trouvé sur le parchemin magique éthiopien de
Wälättä-Gabriel, datant du 19ième siècle. Les parchemins magiques sont une forme traditionnelle de l’art talismanique et
figuratif de la Corne de l’Afrique.
Les infographies ont été réalisées par Carolina Rodriguez en collaboration avec Blossom Communications (Milan).
Imprimé par Paper Forms à Lausanne, en Suisse, sur du papier recyclé.
Ce rapport peut être reproduit librement, en tout ou partie, à condition que la source d’origine soit indiquée.
Olusegun Obasanjo Linah Mohohlo Robert Rubin Tidjane Thiam Muhammad Yunus
Kofi Annan Michel Camdessus Peter Eigen Bob Geldof Graça Machel
3. 54
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
Avant-Propos par Kofi Annan 6
Introduction 8
Un bilan mitigé 8
Une demande croissante d’équité et de justice 9
PARTIE I: L’essor de l’Afrique - certains Africains bénéficie de cet essor, d’autres non 13
1. Croissance économique : la promotion en première ligue 14
2. Embellie sur le front de la pauvreté assombrie par les inégalités 16
3. Recherche d’emploi: le défi 20
En dépit de la croissance, le marché de l’emploi reste informel 20
4. Disparités iniques: un frein à l’atteinte des OMD 22
Pauvreté et inégalité 22
Faible progression sur le plan de la faim 23
Education et santé – les progrès et les disparités comptent 24
5. Le point de vue du verre “à moitié vide” 25
6. Tirer parti du partenariat mondial 29
PARTIE II : Cinq tendances globales qui façonnent l’Afrique 31
1. Démographie et géographie humaine: se préparer à la hausse du nombre des jeunes 32
Le pouvoir de la démographie 32
L’urbanisation refaçonne la géographie humaine 33
2. La sécurité alimentaire globale: plus de gens sur une planète qui se réchauffe 37
L’agriculture mondiale – une nouvelle ère de pénurie 37
Sur la ligne de front – La sécurité alimentaire africaine 39
Le grand accaparement des terres africaines 40
3. Des mouvements tectoniques dans les domaines économique
et politique l’ascension des puissances émergentes 44
Gérer l’intégration avec les marchés émergents 46
Intégrer les financements chinois dans des objectifs de développement 48
Créer les conditions générales pour la croissance 49
4. Science, technologie et innovation: stimuler la croissance et le développement 51
Vers un programme africain pour la science, la technologie et l’innovation 51
Les TIC continuent à dépasser les attentes 52
5. La marée montante de l’action citoyenne 54
Des protestations sociales mondiales 54
La participation des citoyens au renforcement de la gouvernance démocratique 54
PARTIE III: Une gouvernance pour un avenir meilleur 59
1. L’acceptation des règles de la démocratie multipartite 60
Enseignements tirés des élections truquées 60
2. Le nouveau visage de l’instabilité et des conflits en Afrique 64
Échapper au conflit 66
3. Améliorer la gouvernance de l’activité économique 67
4. La gestion des ressources naturelles pour le bien public 69
table des matières
PARTIE IV : La double crise de l’accès à l’éducation et de la qualité de l’enseignement 73
1. Bilan des progrès en matière d’éducation 75
Les inégalités bloquent les progrès 75
Acquis d’apprentissage: un bilan médiocre 77
Lacunes dans les compétences de la jeunesse africaine 77
Les inégalités d’éducation dans une perspective internationale 78
2. Un programme pour remédier à la crise de l’éducation en Afrique 79
Les premières années 79
Accès et apprentissage: tenir la promesse des OMD 79
Convergence entre éducation, développement de compétences et emploi 80
3. Le rôle déterminant des donateurs 81
PARTIE V : Comment mobiliser et gérer les financements pour le développement 83
1. Les ressources domestiques, clé de la pérennité de la croissance 84
2. Susciter un climat propice aux investissements directs étrangers 88
Améliorer l’environnement des affaires 88
Encourager les investissements hors du secteur des ressources naturelles 89
3. Perspectives du financement concessionnel 90
Évolution de l’aide accordée par les donateurs traditionnels 90
L’aide des économies émergentes 91
4. Économies africaines en croissance et accès aux prêts à conditions moins favorables 92
5. Les gouvernements et les donateurs publics doivent mieux gérer l’aide officielle 94
PARTIE VI : Recommandations and conclusions 95
1. Recommandations 96
2. Conclusion 102
ANNEXES 105
1. Acronymes 106
2. Liste des encadrés 107
3. Liste des figures 107
4. Notes 108
4. 76
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
d’un “coup de collier” en direction des objectifs. Ces plans
d’action devraient inclure des dispositions visant à réduire
les inégalités en matière de survie des enfants, de santé
maternelle et d’éducation. Étant donné le rôle essentiel de
l’éduction dans la réduction de la pauvreté et la création
d’emplois, nous exhortons les gouvernements à respecter
leur promesse de garantir l’éducation pour tous d’ici 2015 –
et à se recentrer sur la réussite scolaire. Nous prions aussi les
gouvernements de s’efforcer d’inclure les femmes et les jeunes
filles dans l’éducation, une mesure essentielle si l’on veut créer
des sociétés plus justes, plus prospères et plus équitables.
La sécurité alimentaire et la nutrition constituent également
des problèmes criants. Nous ne devons plus jamais être les
témoins d’une tragédie humaine comme celle qui s’est
déroulée dans la Corne de l’Afrique. Il est grand temps que les
gouvernements africains et la communauté internationale
se mettent d’accord pour ériger des remparts plus robustes
contre le fléau de l’Afrique. Il est capital d’augmenter la
productivité des petits agriculteurs. C’est pourquoi nous
appelons les gouvernements à ramener ces agriculteurs
de la périphérie vers le centre des stratégies nationales en
faveur de la croissance et de la réduction de la pauvreté.
Le changement climatique représente une grave menace
pour l’agriculture africaine. Pour faire front à cette menace,
nous avons besoin de la coopération internationale. Il est
impératif que les gouvernements des pays du Nord agissent
rapidement pour financer l’adaptation au changement
climatique, notamment parce que plus on investit tôt dans
l’infrastructure, la gestion de l’eau et la conservation des
sols, plus on obtiendra un rendement élevé. Toute stratégie
efficace concernant la sécurité alimentaire et la nutrition
doit comporter des dispositions assorties de filets de sécurité
aussi bien sur le plan national, grâce aux programmes de
protection sociale, qu’international, grâce à un système de
réponse humanitaire plus efficace.
Dans le présent rapport, nous mettons en exergue quelques-
unes des tendances mondiales qui façonneront l’Afrique de
demain. Il est fort probable que le monde évolue en direction
d’une augmentation du prix des denrées alimentaires. Cette
perspective a notamment entraîné un “accaparement
des terres” en Afrique. Les investissements étrangers dans
l’agriculture productive peuvent s’avérer extrêmement
bénéfiques, mais les gouvernements doivent rester vigilants
et se prémunir contre toute activité spéculative et tout risque
de déplacement des petits cultivateurs africains. Étant
donné que le pôle de la croissance économique mondiale
se déplace vers l’Est, l’Afrique a beaucoup à gagner du
resserrement des liens commerciaux avec la Chine et
d’autres marchés émergents. Les gouvernements doivent
absolument mettre en place des politiques commerciales et
d’investissements qui servent d’incitations à participer à des
domaines de production à plus haute valeur ajoutée.
En dépit de la multiplication des ressources nationales
et de l’amélioration des systèmes de gouvernance et
d’administration, les dirigeants africains ne réussiront pas tout
seuls. Ils doivent pouvoir compter sur l’engagement soutenu
de la communauté internationale et la réalisation de ses
nombreuses promesses restées en suspens. À une époque où
de nombreux bailleurs de fonds considèrent leur assistance
au développement comme un poste budgétaire dont ils
peuvent se passer, les leaders africains doivent rappeler à
leurs partenaires qu’il y a une valeur intrinsèque à considérer
cette assistance comme un investissement en faveur d’un
avenir commun. Les donateurs doivent également honorer
les promesses de soutien qu’ils ont souscrites en 2005 et y
donner suite.
Bien évidemment, l’autonomisation des Africains dans leurs
sociétés et leurs économies n’est qu’un côté de la médaille.
L’autonomisation de l’Afrique dans la société et l’économie
mondiales en est le revers, un revers apparemment pas
moins exigeant. En dépit des assurances réitérées affirmant
le contraire, le continent demeure aussi marginalisé dans
le monde que bon nombre de ses citoyens dans leur
propre pays. Le continent reste fortement sous-représenté
au sein des institutions internationales et pris au piège
de règles iniques qu’il n’a pas la capacité de modifier.
Malheureusement, le G20 n’a pas réussi à établir une vision
qui contribue au développement de l’Afrique, ni à offrir aux
nations les plus pauvres de la région une place à la table de
négociation. Ce ne sont pourtant pas les leaders qualifiés
qui manquent en Afrique.
Aussi bien en Afrique que sur le plan international, nous
devons nous centrer davantage sur l’équité, la démocratie,
l’État de droit et le respect des droits humains, car il ne peut
y avoir de sécurité à long terme sans développement, ni de
développement à long terme sans sécurité, or la sécurité et
le développement doivent tous deux s’ancrer dans le droit
et le respect des droits humains. Les événements de l’année
dernière ont mis ce message en évidence, message que les
citoyens d’Afrique et du monde ont bien compris.
L’avenir est incertain, mais ce qui apparaît de plus en plus
comme une évidence, c’est que l’Afrique est en passe de
devenir une destination de choix pour les investissements,
un pôle potentiel de la croissance mondiale, et un lieu
d’innovation et de créativité intenses. Si nous donnons
une réponse courageuse et juste, les sociétés africaines,
surfant sur la vague des nombreuses réussites du continent,
deviendront plus prospères, plus justes et plus équitables.
Telle est la récompense que nous partagerons tous, où que
nous soyons.
Kofi A. Annan
Les rapports annuels commencent souvent par le même
constat : l’année écoulée a été particulièrement riche en
événements ; la formule a rarement été plus appropriée
que cette année. Nous avons été les témoins de
bouleversements dans toute l’Afrique et dans le monde
entier. Nous avons assisté à la progression des révolutions,
à la chute des régimes autocratiques, et à la naissance
de nouvelles démocraties. Nous avons retenu notre
souffle tandis que les pays et les monnaies échappaient
de justesse à l’effondrement et que la dette colossale
menaçait d’étrangler l’économie mondiale. Une fois de
plus, le monde tel que nous le connaissions a changé du
tout au tout au fil des mois.
En 2011, le “Printemps arabe”, allié à la montée de
nouveaux mouvements sociaux dans le monde entier, a pris
tout le monde par surprise. Le dénominateur commun entre
ces mouvements, c’est le sentiment partagé de frustration
et de colère devant l’impassibilité des gouvernements et
le manque d’emplois, de justice et d’équité. J’ai toujours
affirmé qu’il fallait trois conditions indissociables pour
qu’une société fonctionne et prospère : le développement
socio-économique, la paix et la sécurité, et l’État de droit et
le respect des droits de l’homme. Dans les pays balayés par
le “Printemps arabe”, cela fait longtemps que la troisième
condition a pratiquement disparu.
À la grande surprise de certains, l’Afrique, bon an mal an,
a tenu bon pendant toute la crise. La plupart de ses 54
pays a résisté aux tempêtes financières et économiques
récurrentes et a emprunté le chemin de la reprise de
façon impressionnante. Certains ont réussi à se faire une
place parmi les éléments les plus performants de la ligue
de la croissance économique. Des progrès encourageants
ont également été enregistrés sur le front de certains des
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). De
nombreux pays ont engrangé des bénéfices sur le plan de
l’éducation, de la survie des enfants et de la lutte contre
les maladies mortelles comme le VIH/SIDA et le paludisme.
Pour autant, il n’y a pas de quoi se reposer sur ses lauriers.
On ne le dira jamais assez, mais dans l’ensemble, les progrès
sont trop lents et trop inégaux ; trop d’Africains sont pris
au piège de la spirale descendante de la pauvreté, de
l’insécurité et de la marginalisation ; trop peu d’individus
bénéficient de la tendance à la croissance sur le continent
et de son importance géostratégique grandissante ; une
trop grande part des ressources africaines considérables
reste entre les mains de quelques élites et, de plus en plus
souvent, entre les mains d’investisseurs étrangers, sans
engendrer d’avantages tangibles pour la population.
Lorsque l’on passe les nations en revue, on a trop tendance
à se préoccuper de stabilité politique et de croissance
économique aux dépens du développement social, de
l’État de droit et du respect des droits humains.
A l’Africa Progress Panel, nous sommes convaincus qu’il est
temps de reconsidérer le chemin du développement en
Afrique. Toutes les inégalités ne sont pas injustes, mais les
degrés d’inégalité dans une bonne partie de l’Afrique sont
injustifiés et profondément injustes. Les disparités de revenus
extrêmes ralentissent le rythme de la réduction de la pauvreté
et entravent le développement généralisé de la croissance
économique. À la base, la disparité des chances de réussite
dans la vie – du point de vue de la santé, de l’éducation
et de la participation à la société – empêchent des millions
d’Africains de réaliser leur potentiel, ralentissant au passage
le progrès socio-économique. Les inégalités croissantes et le
double problème de la marginalisation et de la privation des
droits remettent en question les perspectives du continent et
sapent les fondements mêmes de son récent succès.
La justice et l’équité ne sont certes pas des concepts
nouveaux. On les entend ici dans leur acception la plus
large. Au triangle des emplois, de la justice et de l’équité,
il faut ajouter le rôle de l’autonomisation et de l’égalité
des chances, indispensables au progrès et donc points
de ralliement particulièrement puissants pour les initiatives
politiques nationales et l’assistance internationale au
développement. Si l’on met l’accent sur les emplois, c’est
parce que c’est grâce à leur moyen de subsistance que
les gens parviennent au progrès social, pour eux-mêmes
et pour les autres, et parce que la nécessité de créer des
emplois pour les jeunes du continent, dont la population se
développe rapidement, apparaît comme l’un des défis les
plus pertinents que devront relever les décideurs en Afrique.
Ne pas réussir à créer des emplois et des opportunités pour
des jeunes de plus en plus nombreux, urbanisés et éduqués,
aura de graves conséquences. Et si l’on met l’accent sur
la justice et l’équité, c’est parce qu’aux yeux de centaines
de millions d’Africains, ce sont deux éléments qui font
cruellement défaut dans leur vie.
C’est sur cette toile de fond que nous présentons quelques
propositions de changement dans notre rapport. Avec
2015 comme date butoir pour les OMD, date dont nous
nous rapprochons à grands pas, nous exhortons tous les
gouvernements d’Afrique à établir un plan d’action en vue
AVANT-PROPOS
PAR KOFI ANNAN
5. 98
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
Les commentaires à propos de l’Afrique sont souvent
l’objet de sautes d’humeur extrêmes, oscillant entre
épisodes de pessimismes et élans d’euphorie. Il y a douze
ans, The Economist a tiré un trait sur l’Afrique, la taxant
de “continent sans espoir”.1
Cette évaluation n’avait
rien d’atypique. Après une décennie de croissance
économique au ralenti et de développement humain
encore plus lent que dans les années 1990, rares étaient les
observateurs qui entrevoyaient un avenir brillant. Comme
les choses changent... L’année dernière, The Economist
publiait un tout autre titre à la une: “L’Afrique se lève,
un continent plein d’espoir” (“Africa rising: the hopeful
continent”).2
D’après le titre d’un rapport abondamment
cité, l’Afrique est aujourd’hui devenue le continent des
“lions de l’économie en mouvement,”3
voie royale vers
la prospérité. L’attention des commentateurs, pour citer
quelques autres rapports, est désormais braquée sur “la
classe moyenne croissante,”4
de l’Afrique, son “marché
de consommation dynamique”5
et “les opportunités de
croissance pour les investisseurs”.6
Le pessimisme extrême qui entourait l’Afrique il y a dix
ans n’était pas justifié. Pas plus que la vague actuelle
d’optimisme borné. On a certes enregistré de réels
bénéfices, mais les gouvernements et leurs partenaires
de développement feraient mieux de s’atteler aux points
faibles, ainsi qu’aux atouts, et aux données les plus
récentes – et d’évaluer les risques et les opportunités qui
nous attendent.
Un bilan mitigé
Les économies africaines continuent de croître plus
rapidement que n’importe quelles autres – et deux fois
plus vite que dans les années 1990.7
L’amélioration de
la gestion économique a contribué à l’explosion de la
croissance. Les exportations sont florissantes, et les marchés
d’exportation se sont diversifiés. L’investissement étranger
direct a été multiplié par six au cours de la dernière
décennie. Les entrepreneurs sont apparus comme un
vecteur dynamique de changement, suscitant l’innovation
et la transformation des modèles commerciaux obsolètes.
Une classe moyenne est en train de voir le jour, dont on
exagère souvent la dimension. Pour la première fois depuis
plus d’une génération, le nombre de personnes vivant dans
la pauvreté a chuté. Moins d’enfants meurent avant leur
cinquième anniversaire, et ils sont plus nombreux à aller
à l’école. Les Africains, jeunes et moins jeunes, adoptent
les nouvelles technologies qui leur permettent d’accéder
à l’information, d’élargir leurs horizons et de se mettre en
contact entre eux et avec le monde extérieur. Il y a bien eu
quelques revers et épisodes de violence politique, mais la
démocratie est bel et bien en train de prendre racines. Et
les normes relatives à la gouvernance s’améliorent.
Le bilan n’est cependant pas sans nuages. Certains pays
africains s’enrichissent, mais des pans entiers de la société
sont laissés pour compte. À l’issue d’une décennie de
croissance soutenue, près de la moitié des Africains vivent
toujours avec moins de 1,25 dollar par jour8
. Ces clivages
dans la richesse sont de plus en plus visibles. Le modèle
actuel de percolation de la croissance confine trop de
gens dans la pauvreté, trop d’enfants dans la faim et
trop de jeunes dans le chômage. Les gouvernements
ne parviennent pas à transformer la vague croissante
de richesse en opportunités pour leurs citoyens les plus
marginalisés. L’accès inégal à la santé, à l’éducation,
à l’eau et aux installations sanitaires creuse encore les
inégalités. Les petites exploitations agricoles n’ont pas
eu leur place dans la croissance ; des populations rurales
restent enlisées dans la pauvreté et la vulnérabilité.
Les inégalités profondes, persistantes et durables qui
transparaissent dans toute l’Afrique ne sont pas sans
conséquences. Elles affaiblissent les liens de confiance et
de solidarité qui constituent le tissu social. À long terme,
elles sapent la croissance économique, la productivité
et le développement des marchés, elles affaiblissent la
confiance dans les gouvernements et les institutions, et
elles donnent à de nombreux Africains le sentiment que
leurs sociétés sont fondamentalement injustes et leurs
gouvernements irresponsables. La croissance économique
ne suffit pas à elle toute seule.
Dans le rapport de cette année, nous nous penchons sur
trois des ingrédients les plus indispensables pour transformer
une reprise économique prometteuse en relance soutenue
et en un développement humain durable : emplois,
justice et équité. Nous mettons en exergue les emplois
car les moyens de subsistance des individus jouent un rôle
fondamental dans leurs chances de réussite – et parce
que l’Afrique doit de toute urgence créer des emplois pour
ses jeunes, de plus en plus nombreux. Nous mettons en
exergue la justice et l’équité, car elles sont manifestement
absentes de la vie de millions d’Africains, ce qui empêche
la croissance actuelle de produire des effets durables sur
la société.
INTRODUCTION
Une demande croissante d’équité
et de justice
Nous vivons dans un monde de transformations rapides et
imprévisibles. Les changements dans la démographie
et dans la géographie humaine façonnent des sociétés
nouvelles, en Afrique aussi bien qu’ailleurs. Le changement
climatique, allié à d’autres pressions, reconfigure les
marchés agricoles. La puissance économique gravite
d’Ouest en Est, et du Nord au Sud. Le rythme de l’innovation
technologique s’accélère, et le visage de la protestation
sociale se transforme.
Les révolutions arabes de 2011 ont pris le monde par
surprise, et les mouvements sociaux ont défié et fait
basculer les chefs d’État autocratiques de toute l’Afrique
du Nord, du Moyen-Orient et de la péninsule arabique.
En Europe et aux États-Unis, la crise financière a engendré
de nouvelles formes de contestation sociale. En Inde,
un mouvement social de masse réclame des mesures
de lutte contre la corruption. Les villageois d’une région
reculée du Sud de la Chine sont parvenus à se mobiliser
contre les responsables autocrates chargés de superviser
les accaparements de terres. Le dénominateur commun
entre tous ces mouvements, c’est un sentiment partagé
de frustration à propos de gouvernements passifs, de
l’inégalité et de l’injustice.
L’Afrique n’est pas à l’abri des courants économiques
et politiques qui sont en train de changer le visage de
la mondialisation. Ses dirigeants doivent trouver leur
place dans l’architecture mondiale de la gouvernance
économique d’un monde multipolaire. La démographie
et la géographie humaine de l’Afrique sont elles-mêmes
en train de changer. Si l’on ne parvient pas à créer des
emplois et des opportunités pour une population croissante
et de plus en plus urbanisée de jeunes éduqués, on
court à la catastrophe, sur le plan social, économique et
politique. Alors qu’ils ont très peu contribué au dangereux
changement climatique, les cultivateurs africains doivent
faire face à quelques-uns des risques les plus graves qui
y sont associés. Et le Printemps arabe n’est pas passé
inaperçu auprès de la jeunesse africaine. Les circonstances
ne sont peut-être pas les mêmes, mais les jeunes Africains se
préoccupent aussi des emplois, de la justice et de l’égalité–
et si les gouvernements font la sourde oreille, c’est à leurs
risques et périls.
6. 1110
RÉUSSITEÉCONOMIQUERÉUSSITESOCIALERÉUSSITEPOLITIQUE
DIFFICULTÉSÉCONOMIQUESDIFFICULTÉSSOCIALESDIFFICULTÉSPOLITIQUES
Les pays africains arrivent en
tête de liste des économies à
forte croissance
Croissance annuelle moyenne du PIB, %
Source : The Economist, 2011 (Données FMI).
Les pays riches en ressources
sont trop fortement
dépendants des flux de
recettes volatiles
Source : Perspectives économiques en Afrique 2012
L’IDE est également
en augmentation en Afrique
60
50
40
30
20
10
-10
-20
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
0
Autre IDE Portefeuille* Total
milliardsdedollarsUS
*L’investissementdeportefeuilleestuntyped’investissementinternationalincluantles
placementsdansdestitresdeparticipationetdecréance,àl’exclusiondesplacementsde
typeinvestissementdirectouavoirsderéserve.
*Productivitédutravail:correspondauPIBsurlabaseduPPA2005(USD)parsalarié.
Exportateursdemineraietdemétal:paysoùlesexportationsdemineraietdemétal
représentaientaumoins50%del’ensembledesexportationsdemarchandisesen2005.
Exportateursdepétrole:paysoùlesexportationsdecombustiblesreprésententaumoins
50%del’ensembledesexportationsdemarchandises.Lesdonnéesconcernantlesexportations
proviennentdesIndicateursdudéveloppementenAfriquedelaBanquemondiale.
Source : FMI, 2011.
Croissance de la productivité du
travail*en Afrique
subsaharienne par structure
d’exportation 1992-2009
Autres pays d’Afrique subsaharienne
Exportateurs de minerai et de métal
Resource taxes
Exportateurs de pétrole
Oil price
Années 1970
6
5
4
3
2
Années 1980 Années 1990 Années 2000 2011-15
Pays d’Asie Pays d’Afrique
Le PI B africain connaît une
croissance régulière*
Source : The Economist, 2011 (Données FMI).
Mali Niger Éthiopie
Les plus riches 20 %
les plus pauvres 20 %
Zambie Mozambique
Les mouvements ill icites de
capitaux ont des conséquences
négatives sur le développement
économique
Taux de survie par année scolaire
(école primaire) en 2008
Les moyennes nationales cachent
des inégalités frappantes
La mortalité maternell e reste
trop élevée
Source : UNESCO, 2011. Source : UNESCO, 2010. Source : OMS, Banque mondiale, Unicef et FNUAP (2010) etThe Lancet (2011).
Risque de décès maternel sur la durée de la vie *
* Le taux de mortalité maternelle et le risque de décès maternel sur la durée
de la vie ont été arrondis selon le principe suivant : <100, aucun arrondi ;
entre 100 et 999, arrondi à 10 et >1 000, arrondi à 100. Les chiffres liés aux
décès maternels ont été arrondis comme suit : <100, aucun arrondi ; entre
100 et 999, arrondi à 10 ; entre 1 000 et 9 999, arrondi à 100 et >10 000,
arrondi à 1 000.
Source : Global Financial Integrity, 2009.
Les mouvements illicites de capitaux créent un
système financier occulte qui « amenuise les
réserves en devises, augmente l’inflation, réduit
l’assiette fiscale, décourage les
investisseurs et porte atteinte au libre-échange. »
Taux de
pauvreté
Sierra Leone
Sénégal
GabonKenya Mali
EgyptGhana
PIB par habitant (PPA)
LA PAUVRETÉ RÉGRESSE
la démocratie se généralise
le nombred’élections est en
augmentation
UN PLUS GRAND NOMBRE
D’ENFANTS VONT À L’ÉCOLE
la gouvernance est globalement
en voie d’amélioration
LE TAUX D’INCIDENCE DU VIH EST
EN FORTE BAISSE
la participation des femmes à
la vie politique augmente
Tauxdepauvreté(pourcentagedelapopulationvivantavecmoins
d’1USDparjour)
PIBparhabitant(dollarsUS)
8%
4%
-4%
-8%
1992 1996 2000 2004 2008 2007 2008 2010
0%
1996
120
90
60
30
2000 2004 2008 2012
0
20
4
8
16
0
%PIB
Prixdupétrole(USDparbaril)
1
100
80
60
40
20
2 3 4 5 6
1980 1987 1994 2001 2008
300050%
00%
180030%
240040%
60010%
120020%
2000 2002 2004 2006 2008 2010
70
60
50
40
30
48
33
49
53
57
62
54
51
48
54
53
57
66
61
Source : ILO, 2011.
Tauxderéussitescolaire
Grade
0
Il reste encore un long chemin
à parcourir pour atteindre
l’égalité des sexes au niveau
juridique et politique
La bonne gouvernance est
entravée par la corruption.
Mais les processus électoraux
restent également délicats.
Source : APP : données fournies par le FMI, Perspectives économiques en Afrique, Social Indicators, la Banque mondiale et Transparency International
2010 2011
0
5
10
15
20
25
30
Numberofpresidentialelections
15
9
Source: USIP, 2010.Source : APP Source : Transparency International, 2011. Source : Site Internet ONU Femmes
A 2008DE 1970
1.8trillion USD
are estimated to
have been lost
to illicit flows
A 2009DE 2001
Source : ONUSIDA 2010
Le taux d’incidence
du VIH a dimin ué
de plus de
25%
dans 22pays
d’Afrique
subsaharienne
Entre 19 et 25 % des élections en Afrique
sont affectées par des violences.
Tous les pays d’Afrique subsaharienne, à
l’exception du Botswana, du Cap-Vert, de la
république de Maurice et du Rwanda (qui
présente un IPC supérieur à 5) se situent dans
la moitié inférieure du tableau de l’indice de
perception de la corruption pour 2011.
La durée moyenne de l’enseignement scolaire
suivi par un enfant nigérian est de près de 7 ans.
Les (20 %) plus riches vont à l’école pendant près
de 10 ans (comme à Cuba ou en Bolivie), tandis
que les (20 %) plus pauvres bénéficient de moins
de 4 ans d’enseignement scolaire, un chiffre plus
proche de la moyenne nationale du Tchad. Les
écarts entre zone urbaine et zone rurale et entre
garçons et filles sont également frappants.
Les pays sortant d’une période de conflit
obtiennent de meilleurs résultats en matière de
protection juridique et constitutionnelle de la
participation des femmes à la vie politique.
La participation des femmes à la vie
politique augmente :
5
7.5
10
2.5
0
IndiceIPC
2femmes présidents
Le Rwanda
est le leader mondial
en termes de participation
des femmes à la vie
parlementaire
A new generation of young
african women with
poweris rising
2Lauréats
du Prix Nobel de
la Paix
Sont africains
82millions d’enfants fréquentant
l’enseignement primaire en 1999
124
millions d’enfants fréquentant
l’enseignement primaire en 2007
19-25%
2001-2010 2011-2015
Angola 11,1 Chine 9,5
Chine 10,5 Inde 8,2
Birmanie 10,3 Éthiopie 8,1
Niger 8,9 Mozambique 7,7
Éthiopie 8,4 Tanzanie 7,2
Kazakhstan 8,2 Vietnam 7,2
Tchad 7,9 Congo 7,0
Mozambique 7,9 Ghana 7,0
Cambodge 7,7 Zambie 6,9
Rwanda 7,6 Nigeria 6,8
Source : Pinkovskiy, MIT, Sala-i-Martin, Université de Columbia et
NBER, 2010.
Source des données : Guide des élections de l’IFES et site Internet de l’EISA.
Source : Index Mo Ibrahim, 2010.
Source : UNESCO, 2010.
nombre moyen
d’années d’études GARÇONS FILLES
ZONE URBAINE 6.5 11 6 9.5
ZONE RURALE 4 10 2.5 9
Afrique du Sud 1 sur 100
Représentation des femmes au
parlement14% 27%
La constitution comprend une clause
s’opposant à toute discrimination fondée
sur le sexe
61% 93%
La constitution mentionne les violences
envers les femmes10% 21%
Initiative budgétaire favorisant l’égalité
entre les sexes39% 50%
Paysne
sortantpas
d’unepériode
deconflit
Payssortant
d’unepériode
deconflit
Libéria
1 sur 14
1 sur 20
* À l’exclusion des pays de moins de 10 millions d’habitants, de l’Irak et
de l’Afghanistan
AFRIQUE
ASIE
1 sur 36
1 sur 230
EUROPE 1 sur 4 200
Tchad et Somalie
AFRIQUE : RÉUSSITES ET DIFFICULTÉS
Figure 1 :
7. 12
Rapport 2012 sur les progrès en Afrique
PART I
L’ESSOR DE L’AFRIQUE
– CERTAINS AFRICAINS
BENEFICIE DE CET ESSOR,
D’AUTRES NON
En 2012, l’Afrique a pour la première fois l’occasion de
tracer la voie de la croissance économique durable et
de la prospérité partagée, et de faire une percée dans
la réduction de la pauvreté. Il ne sera cependant pas
possible d’emprunter cette voie sans mettre en place
des mesures draconiennes et des changements radicaux
pour rendre la croissance plus équitable.
8. 1514
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
Dans la ligue mondiale de la croissance économique,
l’Afrique est passée de la dernière à la première
division. Suite à la récession de 2008, la reprise qui a
succédé à la crise économique mondiale s’est poursuivie
(Figure 2). Quelques-unes des économies qui connaissent
la croissance la plus rapide du monde se trouvent en
Afrique (Figure 3). Dans la région, sept personnes sur
dix vivent dans des pays qui présentent des taux de
croissance économique moyens de plus de 4 pour
cent depuis une décennie. De 2005 à 2009, l’Éthiopie
a enregistré une croissance supérieure à celle de la
Chine, et l’Ouganda a surpassé l’Inde9
. En 1996, 13 pays
présentaient des taux d’inflation supérieurs à 20 pour cent
; depuis le milieu des années 2000, il n’y en a pas eu plus
de deux. Cette croissance et cette reprise s’expliquent en
partie par l’embellie politique. L’encadré n°1 présente les
perspectives de croissance économique par région.
1. Croissance
économique
la promotion en
première ligue
Encadré 1 : Afrique sub-saharienne : une croissance soutenue mais
irrégulière
Le panorama économique de l’Afrique sub-saharienne est très contrasté. En dépit des effets de la sécheresse et de
la famine de 2011, le taux de croissance de l’Afrique de l’Est s’est situé à 5,8 pour cent en 2011, grâce notamment à
l’augmentation des investissements publics dans l’infrastructure (Éthiopie et Tanzanie), à la production minière (Tanzanie),
à l’investissement étranger dans l’énergie (Ouganda) et à la production agricole (Éthiopie).
En Afrique de l’Ouest, la croissance économique s’est essoufflée, passant de 6,9 pour cent en 2010 à 5,6 pour cent en
2011. Ce ralentissement est dû en grande partie au fait que l’économie de la Côte d’Ivoire a subi une contraction de
0,4 pour cent à la suite des violences post-électorales et de l’effondrement des exportations et du secteur financier, mais
un solide processus de reprise a débuté dès la normalisation de la situation politique. La diminution de la production de
pétrole au Nigeria a également contribué à ce ralentissement. L’accélération de la croissance au Ghana (12,2 pour
cent), stimulée par le début de l’exploitation commerciale du pétrole et une croissance robuste dans l’agriculture, le
secteur minier et les services, a rééquilibré le panorama régional.
L’Afrique centrale a continué de déployer une activité économique énergique, en dépit du déclin de la croissance
moyenne du PIB de 5,2 pour cent en 2010 à 4,2 pour cent en 2011. La croissance a été soutenue grâce à l’investissement
public dans l’infrastructure, la forte performance du secteur des services, et l’augmentation des exportations de bois de
construction. La performance générale a camouflé la performance sans éclat du Tchad, où la production de pétrole
a diminué en raison de l’agitation sociale, et où les transferts de fonds des migrants ont chuté, étant donné que de
nombreux Tchadiens de Libye ont perdu leur emploi lorsque le conflit a éclaté.
En Afrique australe, la production a augmenté de 3,8 pour cent en 2011, contre 3,5 pour cent en 2010, avec des
fluctuations importantes. L’Afrique du Sud s’est lentement rétablie, avec une croissance de 3,1 pour cent en 2011,
soit une légère augmentation par rapport aux 2,8 pour cent de 2010. Le retour des dépenses de consommation,
alimenté à son tour par la baisse du loyer du crédit et de l’inflation, a soutenu la performance. De nombreux autres
pays ont cependant bénéficié d’une croissance solide. Le Botswana, le Mozambique et la Zambie ont affiché des taux
de croissance supérieurs à 6 pour cent, de pair avec l’augmentation de la production minière et la forte demande
mondiale de minerais (ainsi qu’une récolte exceptionnelle en Zambie). L’augmentation de la production pétrolière et de
l’investissement en Angola, ainsi que l’embellie politique et économique au Zimbabwe, ont stimulé la croissance dans
les deux pays, à plus de 4 pour cent.
Source:Banquemondiale,Africa’sPulse,2012
Les perspectives économiques de l’Afrique restent
prometteuses. En Afrique sub-saharienne, la croissance
devrait remonter à 5,3 pour cent en 2012 et à 5,6 pour cent
en 201310
, grâce à la fermeté de la demande à l’exportation,
à l’augmentation du prix des produits de base, à la vigueur
de la demande intérieure, et à l’augmentation des dépenses
publiques dans l’infrastructure.
Il n’y a pas que les chiffres généraux qui sont impressionnants.
Le PIB par habitant est également en augmentation. La
croissance est plus diversifiée, plus résiliente – et dans certains
pays, moins dépendante des exportations de produits de
base. Les recettes provenant des ressources naturelles ne
représentent pas plus d’un tiers de la croissance de l’Afrique au
cours de la dernière décennie. Tandis que la flambée des prix
des produits de base a sans aucun doute contribué à la reprise
de l’Afrique, et que les conditions économiques régionales
se sont nettement améliorées en 2010 et 2011, les marches
intérieurs de produits de consommation se développent aussi,
et le secteur privé en Afrique est un moteur de plus en plus
puissant de la croissance.
La diversification des exportations a également joué un
rôle essentiel dans l’augmentation de la croissance. Avant
l’an 2000, le sort de l’Afrique était indissociable de celui de
l’Europe et des États-Unis. Ces marchés revêtent toujours une
importance capitale. Mais le rapprochement avec le Brésil,
la Russie, l’Inde et la Chine – les BRIC – ainsi qu’avec les pays
du Golfe et la Turquie, ont dans un premier temps contribué
à mettre l’Afrique partiellement à l’abri de la récession de
l’économie mondiale, puis à lancer la reprise. L’effet “BRIC” a
surtout opéré par le biais du commerce (voir Partie II, Section
3). Mais les liens économiques vont au-delà du commerce.
L’investissement étranger direct consenti par la Chine en
Afrique s’est rapidement accéléré au cours de la dernière
décennie.
Source:Banquemondiale,Africa’sPulse,2012
Figure 2 : Taux de croissance du PIB africain, 2000–2013
Afrique subsaharienne
PourcentagedecroissanceduPIB
2000 2004 20082002 2006 20102001 2005 20092003 2007 2011 20132012
0
1
6
2
7,0
3
4
5
8
Moyenne d’avant-crise Afrique subsaharienne (sauf Afrique du Sud)
Figure 3 : Économies africaines ayant la plus forte croissance en 2011
Tauxdecroissance
Source:
0
2
12
4
14
6
8
10
16
Ghana
Inde
Ghana
Botswana
Chine
Mozambique
Rép.dém.du
Congo
Tanzanie
Congo
Nigeria
Zimbabwe
Brésil
Éthiopie
Rwanda
Angola
Russie
9. 1716
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
La reprise économique s’est accompagnée d’une
accélération du mouvement en direction de la plupart
des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
L’Afrique a amorcé le virage de la réduction de la pauvreté.
Entre 1999 et 2008, la dernière année pour laquelle des
informations sont disponibles, la part des Africains vivant
avec moins de 1,25 dollar par jour a chuté de 58 à 48 pour
cent. Encore plus encourageant, le rythme de résorption
de la pauvreté semble s’être accéléré. Selon les dernières
estimations de la Banque mondiale, le nombre de pauvres
dans la région sub-saharienne a diminué d’environ neuf
millions entre 2005 et 200811
.
D’autres indicateurs sociaux se sont aussi améliorés. Par
rapport à la situation il y a dix ans, les enfants d’Afrique
courent moins le risque de mourir avant leur cinquième
anniversaire, les femmes risquent moins de mourir des
complications de leur grossesse ou de leur accouchement,
et davantage d’enfants vont à l’école. Le taux moyen
annuel de réduction de la mortalité des moins de cinq ans
s’est accéléré, et a doublé entre 1990–2000 et 2000–201012
.
Sur la base de ce taux de réduction de la pauvreté, six des
14 pays les plus performants du monde – dont l’Éthiopie, le
Ghana, le Malawi et le Niger – se trouvent en Afrique. Le
nombre d’enfants non scolarisés a chuté de 13 millions.
La situation générale sur le front de la pauvreté n’est
cependant pas allée de pair avec la croissance économique
de l’Afrique. Il reste encore 386 millions d’Africains qui luttent
pour survivre avec moins de 1,25 dollar par jour, et l’Afrique
représente une part croissante de la pauvreté dans le monde.
Au début de l’essor de sa croissance en 1999, l’Afrique
représentait 21 pour cent de la pauvreté dans le monde. En
2008, cette part avait atteint 29 pour cent. Et même si l’on a
beaucoup parlé de l’essor de la classe moyenne africaine,
cette catégorie reste limitée (Encadré 2).
Certains des pays jouissant de la plus forte croissance
économique ont connu des fortunes diverses avec la
réduction de la pauvreté. Au Mozambique par exemple,
les données tirées d’un sondage auprès des ménages ne
révèlent aucune diminution de la pauvreté nationale de
2002 à 2008, et dans les régions centrales, on a même
constaté une augmentation marquée de la pauvreté13
. La
Tanzanie a connu l’une des croissances les plus rapides au
monde. Pourtant, de 2000 à 2007, la pauvreté en termes
de revenu n’a baissé que de 35 à 33 pour cent, selon
l’étude du budget des ménages. En tenant compte de
la démographie, cela représente 1 million de Tanzaniens
supplémentaires vivant en dessous du seuil de pauvreté.
La croissance économique a réduit la pauvreté en Afrique,
mais pas autant qu’on aurait pu le prévoir, les pauvres en
Afrique ne recevant qu’une part infime du gâteau de la
nouvelle prospérité.
Les plus grandes disparités en termes de richesse se
trouvent en Afrique. L’une des mesures de l’inégalité les
plus répandues, l’indice Gini, recueille les informations
relatives à la concentration des recettes ou dépenses
des ménages (plus l’indice est élevé, plus l’inégalité est
marquée). En Chine, où les leaders politiques ont fait
savoir que les inégalités croissantes constituaient une
menace pour la stabilité sociale et pour la croissance
future, l’indice Gini est de 42. Vingt-quatre pays d’Afrique
présentent des résultats d’inégalité supérieurs à ceux de la
Chine. Au Mozambique, au Kenya et en Zambie, l’indice
Gini oscille entre 45 et 55, tandis qu’au Botswana et en
Afrique du Sud, il dépasse 6014
.
Les 20 pour cent les plus pauvres de l’Afrique sub-
saharienne encaissent 6 pour cent ou moins du revenu
national ; et les 40 pour cent les plus pauvres touchent
généralement moins de 15 pour cent (Figure 4). Dans de
nombreux pays, la croissance économique a tendance à
renforcer ces inégalités. Selon une évaluation récente de
la pauvreté au Lesotho, qui présentait l’un des niveaux les
plus élevés au monde en termes d’inégalité de revenus,
“Le taux de pauvreté élevé ne s’explique pas par la
lenteur de la croissance économique, mais par le taux
élevé d’inégalité.”15
Ce verdict est encore plus vrai en
Afrique.
2. Embellie sur le front
de la pauvreté
assombrie par les inégalités
Encadré 2 : Lente émergence de la classe moyenne en Afrique
Comme peut le confirmer une visite, aussi brève soit-elle, dans n’importe quelle grande ville africaine, les secteurs de la
vente au détail et du marché du logement haut de gamme sont en plein essor. D’après la Banque mondiale, la croissance
économique “engendre une classe moyenne africaine émergente de centaines de millions de consommateurs.”16
Selon
la Banque africaine de développement, un tiers des Africains appartient déjà à la classe moyenne. De grandes sociétés
de conseil, comme McKinsey et Accenture, se sont également réjouies de l’avènement des marchés de consommation
pour la classe moyenne en Afrique17
.
Il serait prématuré de tirer de telles conclusions. Après une décennie de forte croissance, près de la moitié des Africains
vivent toujours en deçà du seuil de pauvreté, avec moins de 1,25 dollar par jour. Trente autres pour cent – soit 246 millions
de personnes – vivent dans la zone grise de la pauvreté, avec entre 1,25 dollar et 2,50 dollar par jour. Seuls 4 pour cent
des Africains ont un revenu supérieur à 10 dollars par jour (Figure 4). En d’autres termes, la vaste majorité de ce que les
observateurs décrivent comme la classe moyenne africaine, soit vient de dépasser le seuil de 1,25 dollar, soit vit dans la
zone gravitationnelle de la zone de pauvreté.
La Brookings Institution propose une autre analyse. Sur la base d’une fourchette de 10 à 100 dollars par jour pour
déterminer l’appartenance à une “classe moyenne globale,”18
Brookings conclut que l’Afrique ne représente que 2
pour cent de la classe moyenne mondiale, et 1 pour cent du pouvoir d’achat.
Nombre de personnes appartenant à la classe moyenne (en millions)
Afrique subsaharienne
Amérique centrale et Amérique
du Sud
MENA
Amérique du Nord
Asie-Pacifique
Europe
2012
2002
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500
Figure 4 : Une classe moyenne africaine bien modeste*
* Classe moyenne définie
sur la base d’une parité de
pouvoir d’achat (PPA) de 10
à 100 USD
Source:BrookingsInstitution.
10. 1918 19
Rapport 2012 sur les progrès en Afrique
Encadré 3 : La crise de la zone euro nuit à de nombreuses économies
africaines
La crise de la dette souveraine dans la zone euro a donné lieu à un ralentissement de l’économie mondiale en 2011,
ce qui risque fort de nuire à différents degrés aux économies africaines si cette tendance devait se poursuivre en 2012
et au-delà. Cependant, la crise de la zone euro est également porteuse d’opportunités. Les 14 pays membres de la
zone du franc CFA, qui est arrimé à l’euro, ont subi une dépréciation significative de leur monnaie, ce qui a rendu leurs
exportations plus compétitives sur les marchés mondiaux.
Traditionnellement, l’Europe est la principale source de capitaux et la principale destinataire des exportations africaines
; le commerce devrait donc être le principal vecteur de nuisances émanant de la crise de la dette. L’Afrique risque aussi
de recevoir moins d’investissement étranger direct (IED) de l’Union européenne et d’autres régions du monde à court
terme, mais récemment, elle a diversifié ses sources d’IED, ce qui pourrait atténuer les effets les plus négatifs de la crise
de la zone euro. Par exemple, les IED de la Chine en Afrique ont atteint près de 7,5 pour cent des recettes totales du
continent en 2008.
La crise de la zone euro devrait avoir des effets significatifs sur l’aide publique au développement (APD) en Afrique,
car l’UE est le plus grand fournisseur d’aide au continent. Quelques pays, dont la France et l’Italie, ont déjà diminué
leur assistance bilatérale à l’Afrique en raison de la crise économique mondiale. Le ralentissement escompté de l’APD
en Afrique pourrait soumettre les secteurs sociaux à forte pression, en particulier les programmes relatifs à la santé,
l’éducation et la population ainsi que les secteurs de l’eau et des installations sanitaires, sapant ainsi les efforts de
réduction de la pauvreté, en particulier dans les pays fragiles et à faible revenu.
INÉGALITÉS : CHANCES DE SURVIE À LA
NAISSANCE ET DURANT LA PETITE ENFANCE
L’inégalité commence avant la naissance. L’accès aux soins de santé
élémentaires et les chances de survivre après l’âge de cinq ans varient selon
les pays. Mais l’inégalité la plus frappante se situe au sein d’un même pays : entre
les plus riches et les plus pauvres et entre zones urbaines et zones rurales.
Source:APP : donnéesfourniesparlesEnquêtesdémographiquesetdesanté(Demographic&HealthSurveys-DHS).Kenya(DHS2008-09);Mali(DHS2006);Nigeria(DHS2008)etZambie(DHS2007).
Note : Les données indiquées ici sont présentées telles qu’elles apparaissent dans l’enquête DHS et correspondent à différentes enquêtes menées à différentes périodes.
Figure 5 :
Il ne s’agit pas d’en déduire que la croissance n’est pas
importante. Le défi consiste à canaliser la croissance
économique afin de garantir une répartition plus équitable
des opportunités et du revenu. Pour relever ce défi, il va
falloir agir sur deux fronts en termes de politique publique.
En premier lieu, les gouvernements doivent mobiliser les
recettes de la croissance et investir ces revenus dans les
services de base et dans une infrastructure économique
qui offre de meilleures opportunités aux pauvres (voir Partie
V). Deuxièmement, les gouvernements doivent favoriser un
environnement favorable à la création d’emplois et à des
moyens de subsistance plus résilients, afin que les pauvres
puissent contribuer à la croissance économique, “produire”
afin de sortir de la pauvreté et profiter davantage des
retombées de la croissance.
Les deux objectifs de croissance et d’équité ne s’excluent
pas mutuellement. Le but principal devrait être une
croissance économique favorable à l’équité et à la création
d’emplois. En fait, une foule d’éléments démontrent
aujourd’hui que davantage d’équité peut stimuler la
croissance et accélérer le rythme de transformation de
la croissance en diminution de la pauvreté. À l’inverse,
un niveau élevé d’inégalité freine la croissance, limitant
ainsi le potentiel de développement des marchés et de
l’investissement.
La récente expérience du Rwanda est instructive. L’Etude
2011 sur les conditions de vie des ménages au Rwanda
(Household Living Conditions Survey) documente un tiercé
gagnant : la croissance du revenu, la diminution des
inégalités et une chute marquée de la pauvreté19
. De 2005
à 2010, les revenus moyens ont augmenté de 333 à 540
dollars, l’inégalité a diminué (le coefficient Gini ayant chuté
de 0,52 à 0,49) et la pauvreté est passée de 57 à 45 pour
cent, ce qui a permis à un million de personnes d’en sortir20
.
Les gouvernements africains peuvent également s’inspirer
de l’expérience internationale. L’un des pays ayant amorcé
la plus grande réduction de la pauvreté depuis 2000, est le
Brésil – et là aussi, la réussite repose sur une croissance forte
et sur une meilleure répartition du revenu. L’inégalité entrave
la réduction de la pauvreté, et, comme indiqué ci-après,
les disparités sociales freinent également la progression en
direction des autres OMD.
UR
HL
Zone rurale
Les 20% les
pluspauvres
Zone urbaine
Les 20% les
plus riches
INEQUALITY: CHANCESTO SURVIVE BIRTH AND EARLY CHILDHOOD
CHRONOLOGIEDESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Kenya
Source: APP with data from the Demographic and Health Surveys (DHS). Kenya (DHS 2008-09); Mali (DHS
2006); Nigeria (DHS 2008); and Zambia(DHS 2007).
Note: Please note that the data presented here is strictly as provided in the DHS Survey and corresponds to different surveys taken in different years.
Inequality begins before birth. Access to basic healthcare and the chances to survive past the age and of five vary from country to country.
But inequality is even more striking within countries themselves - between the richest and the poorest and between the urban and the rural.
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Avan
tlanaissance.
Naissance.
Nesu
rvitpasau-delàde5ans
Resteen
bonnesanté
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Nigeria
Av
antlanaissance.
Naissance.
Nesur
vitpasau-delàde5ans
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Reste enbonnesa
nté
12%
3%
47%
71%
2%
3%
9%
14%
75%
40%
92%
21%
64% 25%
80% 19%
6359
5766
99
67
95
58
84%
63%
95% 47%
37%30%
39%
30%
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Mali
Avantlanaissance.
Naissanc
e.
Nesu
rvitpasau-delà de 5 ans
Resteen
bonnesanté
13%
7%
34%
37%
65%
20%
68%
15%
83
122
80
124
47%54%
51% 44%
Zambie
U
Urban
R
Rural
H
Richest 20%
L
Poorest 20%
Legend
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Avantlanaissance.
Naissance
.
Nesurv
itpasau-delà de 5ans
Restee
nbonnesanté
1%
2%
3%
4%
68%
20%
72% 8%
69
80
82
74
34%
29%
29%
22%
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances) Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
INEQUALITY: CHANCESTO SURVIVE BIRTH AND EARLY CHILDHOOD
CHRONOLOGIEDESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Kenya
Source: APP with data from the Demographic and Health Surveys (DHS). Kenya (DHS 2008-09); Mali (DHS
2006); Nigeria (DHS 2008); and Zambia(DHS 2007).
Note: Please note that the data presented here is strictly as provided in the DHS Survey and corresponds to different surveys taken in different years.
Inequality begins before birth. Access to basic healthcare and the chances to survive past the age and of five vary from country to country.
But inequality is even more striking within countries themselves - between the richest and the poorest and between the urban and the rural.
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Avan
tlanaissance.
Naissance.
Nesu
rvitpasau-delàde5ans
Resteen
bonnesanté
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Nigeria
Av
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Naissance.
Nesur
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Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
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3%
47%
71%
2%
3%
9%
14%
75%
40%
92%
21%
64% 25%
80% 19%
6359
5766
99
67
95
58
84%
63%
95% 47%
37%30%
39%
30%
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
0-5 ans
1 an
5 ans
Mali
Avantlanaissance.
Naissanc
e.
Nesu
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Resteen
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13%
7%
34%
37%
65%
20%
68%
15%
83
122
80
124
47%54%
51% 44%
Zambie
U
Urban
R
Rural
H
Richest 20%
L
Poorest 20%
Legend
CHRONOLOGIE DESPOSSIBILITÉSPENDANTL'ENFANCE
Gestation
0 an
2 ans
3 ans
0-5 ans
4 ans
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1 an
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Avantlanaissance.
Naissance
.
Nesurv
itpasau-delà de 5ans
Restee
nbonnesanté
1%
2%
3%
4%
68%
20%
72% 8%
69
80
82
74
34%
29%
29%
22%
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances)
Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
Mortalité infantile
(pour 1000 naissances) Possibilitédenepasrecevoir
une vaccination complète
Pourcentage de naissances qui n'avaient
reçu aucun soin prénatal avant l'étude
Probabilité de ne pas naître dans
un établissement de santé
11. 2120
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
L’emploi est le moteur du développement social. C’est
grâce à leur emploi que les gens peuvent dégager un
revenu, planifier leur avenir, et contribuer à la création de
richesse, à la cohésion sociale et au partage de la prospérité
nationale21
. La croissance économique en Afrique créée
des emplois, mais pas à l’échelle souhaitée. Au fur et à
mesure que les pressions démographiques augmentent, il
devient impératif que les gouvernements de toutes l’Afrique
développent des tendances à plus forte intensité d’emploi
en vue d’une croissance à des niveaux de compétences et
de productivité plus élevés.
Tous les ans, 8 à 10 millions de jeunes Africains effectuent la
délicate transition de l’école au travail. Si l’emploi des jeunes
est préoccupant, les taux de participation africains au
marché du travail sont parmi les plus élevés du monde. Cela
s’explique aisément par le fait que, en l’absence de systèmes
de sécurité sociale qui fonctionnent, les jeunes n’ont pas
d’autre choix que de travailler. Non pas que l’emploi soit le
moyen automatique d’échapper à la pauvreté. La plupart
des Africains occupent des emplois instables, mal payés et
souvent dangereux, sans aucune perspective de pouvoir
développer leurs compétences. Au Nigeria, au Mozambique
et au Burundi, par exemple, plus de 60 pour cent des jeunes
qui travaillent gagnent moins de 1,25 dollar par jour.
La création d’emplois dans le secteur formel tombe
nettement en deçà du niveau requis pour absorber les
nouveaux venus sur le marché. De plus, la plupart des
nouveaux entrants n’ont pas les compétences nécessaires
pour être recrutés par des entreprises qui évoluent à des
niveaux supérieurs de productivité et de salaires. Il en résulte
que la vaste majorité des jeunes sont destinés à travailler
dans des exploitations agricoles, des entreprises rurales ou
dans le secteur informel.
En dépit de la croissance, le marché
de l’emploi reste informel
UnedécenniedecroissanceenAfriquen’aguèrecontribué
à modifier les conditions sous-jacentes du marché du
travail. L’agriculture représente toujours près des deux tiers
des moyens de subsistance. Dans presque toute la région,
les gens, pour leur subsistance, dépendent essentiellement
des petites exploitations agricoles, des emplois non agricoles
dans les zones rurales, et des entreprises du secteur informel,
notamment les entreprises familiales et les micro entreprises.
Les petites entreprises et le secteur informel dominent le
secteur industriel. En Éthiopie, par exemple, seuls 5 pour cent
des personnes engagées dans des activités manufacturières
travaillent pour des entreprises de 10 employés ou plus.
Pourprogresser,lesgouvernementsdoiventoffrirlesconditions
propices à la croissance rapide des emplois salariés dans le
secteur formel, essentiellement dans le secteur privé. Même
dans les économies à croissance rapide, comme le Ghana,
le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, l’emploi dans le
secteur formel part de si bas qu’il n’a pas réussi à maintenir le
rythme de la croissance des nouveaux venus sur le marché
de l’emploi. En Ouganda, les emplois salariés ont augmenté
au rythme de 13 pour cent par an entre 2003 et 2006, mais
cela n’a permis d’absorber que moins d’un cinquième des
nouveaux arrivés sur le marché du travail.
Comme l’indiquent les estimations de la Banque mondiale,
même avec les hypothèses les plus optimistes au sujet du
taux de croissance des emplois salariés, la majorité des
Africains resteront dans le secteur informel bien au-delà
de 2020. Compte tenu de la démographie sous-jacente
de l’Afrique, la transformation structurelle vers un marché
du travail dominé par des emplois rémunérés comme dans
le privé prendra plusieurs décennies. Il convient d’en faire
davantage pour faciliter la croissance des emploi rémunérés
comme dans le privé, mais cela ne devrait pas détourner
l’attention de trois secteurs clés pour la croissance à forte
intensité de main d’œuvre :
• Les petites exploitations agricoles et la possibilité
d’augmenter la productivité et l’emploi grâce à une
Révolution verte (nous aborderons le rôle essentiel de
l’agriculture dans la Partie II) ;
• Les entreprises familiales en zone rurale, qui représentent
le secteur de subsistance à la croissance la plus rapide
dans la plupart des pays à faible revenu ;
• Le secteur informel urbain, qui devra absorber une part
croissante des jeunes Africains au fur et à mesure des
changements dans la géographie humaine.
Les stratégies pour promouvoir les
emplois du secteur privé
Les petites entreprises sont au cœur de la création d’emploi
dans le secteur privé. Au Ghana, par exemple, une
écrasante majorité de nouveaux emplois ont été créés dans
de nouvelles entreprises plutôt qu’au moyen de l’expansion
d’entreprises existantes22
. Ces nouveaux emplois ont réduit
la pauvreté en tirant parti des compétences des pauvres23
.
Les emplois créés dans des petites entreprises sont plus
favorables aux pauvres que de nombreux programmes qui,
3. Recherche d’emploi
le défi
Créer des emplois :
les secteurs de croissance à forte intensité de
main-d’œuvre
1 les emplois salariés du privé
2 les petites exploitations agricoles
3 les entreprises familiales rurales
4 le secteur informel
par le passé, dépendaient d’un développement du haut
vers le bas d’un secteur formel à forte intensité de capital.
Les décideurs doivent créer un environnement où les
petites et moyennes entreprises puissent prospérer pour
être compétitives sur un marché intérieur ou international.
Cela nécessite une attention à tout : à l’amélioration
de l’infrastructure (d’après les estimations de la Banque
africaine de développement, le manque d’infrastructure
réduit d’environ 40 pour cent la productivité de l’entreprise
en Afrique sub-saharienne24
), à l’accès au financement (les
études montrent que la disponibilité des banques locales
entraîne une accélération de la croissance des petites
et moyennes entreprises ainsi qu’une augmentation des
investissements, par exemple au Maroc25
), à des politiques
fiscales appropriées, à des procédures transparentes et
justes pour le règlement des différends, et à l’élimination des
obstacles inutiles (et souvent illégaux) au mouvement de
marchandises au sein des juridictions et entre elles. Relevons
par ailleurs l’importance à la fois d’une meilleure intégration
économique régionale en Afrique et, chez les principaux
partenaires commerciaux de l’Afrique, de politique
susceptibles de faciliter le développement de l’Afrique
en tant qu’exportatrice de marchandises manufacturées,
ainsi que la nécessité de créer un environnement dans
lequel des sociétés étrangères puissent mettre en place des
programmes visant à exploiter la pléthore de main d’œuvre
sans emploi en Afrique.
Entreprises non agricoles – un pôle
de croissance pour l’emploi
En Asie du Sud et de l’Est, les entreprises familiales non
agricoles ont joué un rôle déterminant dans la création
d’opportunités d’investissement et d’emploi. Pourtant, les
gouvernements africains – et les bailleurs de fonds – ont eu
tendance à négliger ce secteur. Des données concernant
l’Ouganda expliquent pourquoi cette négligence est
déplacée. Depuis deux décennies, les résultats de
l’Ouganda sur le plan de la croissance économique et de la
réduction de la pauvreté sont impressionnants – l’Ouganda
ayant notamment atteint l’un des objectifs des OMD,
réduire de moitié la pauvreté extrême. Si l’agriculture reste
une source de revenu pour 77 pour cent des ménages en
Ouganda, en 2009/10 près de 40 pour cent des ménages
en zone rurale exploitaient une entreprise non agricole, par
rapport à 24 pour cent en 1992/93. La pauvreté rurale en
Ouganda a chuté, passant de 60 pour cent en 1992 à 27
pour cent en 2009/10, avec le taux de pauvreté chez les
ménages à la tête d’une entreprise non agricole à 6 points
de pourcentage en dessous de ceux qui n’exploitent pas
une telle entreprise26
.
La croissance de l’Ouganda est venue d’en bas, car
les petits exploitants faisant face à une pénurie de terre
sont allés chercher des possibilités d’investissement sur les
marchés récemment libéralisés. Cependant, les entreprises
non agricoles apparaissent à peine dans la stratégie
de développement économique de l’Ouganda, hormis
comme source de revenu provenant des frais de licence.
La croissance des très petites entreprises informelles non
agricoles a joué un rôle essentiel dans la création d’emplois
et la réduction de la pauvreté. Il en va de même dans
d’autres pays. En fonction du modèle sous-jacent de la
croissance économique, 30–60 pour cent des ménages
ruraux en Afrique exploitent aussi une entreprise non
agricole d’une nature ou d’une autre.
Trop souvent, les entreprises familiales sont considérées
comme non pertinentes au motif discutable qu’elles
n’apportent qu’une faible contribution aux recettes
publiques, fonctionnent avec peu de technologie et ont
un faible niveau de productivité. Puisque les niveaux de
productivité sont bas dans bien des cas, c’est justement
l’occasion d’augmenter la productivité – et non pas de
négliger ces entreprises. Il existe un fort potentiel de création
de liens entre les entreprises familiales et des chaînes de
production et de distribution à valeur élevée comme
l’illustrent les pratiques des entreprises de téléphonie mobile
fonctionnant par l’entremise de petits commerçants.
Le secteur informel urbain
Les entreprises familiales du secteur informel urbain font
face, dans une large mesure, aux mêmes problèmes que
celles des zones rurales. Avec un capital limité et un accès
restreint aux nouvelles technologies, ces entreprises se
heurtent à des obstacles majeurs à la croissance. Selon les
indications provenant de pays comme le Ghana, le Kenya
et la Tanzanie, les petites entreprises ont un taux d’échec
beaucoup plus élevé que les grandes. Pourtant, elles
génèrent des emplois. Au Ghana, une écrasante majorité
de nouveaux emplois a été créée par de petites entreprises
qui ont surgi avec la croissance économique.
Vu à travers le prisme des marchés de l’emploi, les emplois
créés dans le secteur informel en font davantage pour
réduire la pauvreté que celles du secteur salarié formel, car
ils engendrent une demande de main d’œuvre relativement
peu qualifiée. De plus, on a parfois tendance à oublier que
la plupart des jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi
reçoivent une formation non pas officiellement par le biais
des institutions publiques ou par l’entremise des grandes
entreprises, mais grâce à un apprentissage sur le tas et à
une formation auprès d’artisans expérimentés.
Dans toute la région, les gouvernements et leurs partenaires
discutent de la meilleure façon de créer des emplois
mieux rémunérés et plus productifs dans le secteur formel,
oubliant d’où partent bon nombre d’Africains en termes
de niveau d’éducation et d’opportunités d’emploi. À
l’avenir, l’Afrique devra acquérir, grâce à l’éducation, les
aptitudes et les compétences porteuses d’une meilleure
productivité. Mais se tourner vers l’avenir ne dispense
pas d’adopter des politiques qui contribuent à créer des
emplois aujourd’hui.
12. 2322
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
Les connaissances factuelles permettant de localiser la
pauvreté et l’inégalité restent partielles et incomplètes.
Seuls 18 des 42 pays couverts par les estimations de la
Banque mondiale ont fait l’objet d’études dont les résultats
sont disponibles à partir de 2007 ou après – et 30 pour cent
de la population de la région n’est pas couverte dans les
estimations de 2008. Les chercheurs du Brookings Institution
ont signalé que si 43 des 49 pays d’Afrique sub-saharienne
ont fait l’objet d’au moins un sondage auprès des ménages,
la moitié ont été entrepris il y a plus de six ans27
. En outre, la
mauvaise comparabilité entre les sondages rend périlleuse
toute tentative de dépister les tendances ou de dresser un
comparatif entre les pays. Même avec le niveau élevé de
compétences techniques dont dispose l’équipe de la Banque
mondiale en charge des études sur la mesure des niveaux
de vie pour procéder à l’analyse de la pauvreté, la qualité
et la couverture des données laissent place à une grande
marge d’erreur. Il est également préoccupant que le panier
de marchandises couvert par les études de consommation
ne reflète peut-être pas les tendances de consommation
fluctuantes des ménages pauvres. Cela explique peut-être
le gros écart entre les estimations de la pauvreté basées
sur les études auprès des ménages et celles fondées sur les
décomptes de revenus nationaux.
Les incertitudes relatives à une telle ampleur ne sont pas
sans conséquences pour les décideurs. Il convient de fonder
des politiques efficaces de lutte contre la pauvreté sur une
connaissance claire du nombre de personnes touchées,
l’ampleur de la pauvreté, et les changements du profil
de la pauvreté nationale. C’est pourquoi, en Amérique
latine, les partenariats entre les gouvernements, la Banque
interaméricaine de développement, et la Commission
économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et
les Caraïbes (ECLAC) a tenté, avec un certain succès,
d’améliorer aussi bien la qualité que l’opportunité des
sondages auprès des ménages. Il est nécessaire de conclure
au plus vite des partenariats de même nature en Afrique et
ailleurs.
Faible progression sur le plan de la
faim
De façon inquiétante, les progrès accomplis sur le plan
de la faim sont restés en deçà des objectifs de 2015.
De 1990–1992 à 2006–2008, la prévalence estimée de sous-
nutrition en Afrique n’a diminué que de 31 à 27 pour cent. Les
progrès accompli en matière de réduction de la malnutrition
chez les enfants ont été douloureusement lents. Pendant
deux décennies, jusqu’à 2009, la proportion d’enfants en
sous-poids et reconnus comme tels a chuté de 27 à 22 pour
cent. Les meilleures données disponibles mettent aussi le
doigt sur les progrès relatifs accomplis dans le domaine du
rachitisme. On estime à 35 pour cent les enfants africains
souffrant de retards de croissance (par rapport à leur âge).
Ce chiffre est inquiétant à plus d’un titre, et surtout parce
que la malnutrition est associée à plus d’un tiers des décès
infantiles. De plus, le rachitisme avant l’âge de 2 ans semble
être irréversible dans la plupart des cas.
Au fur et à mesure que l’échéance de 2015 pour atteindre
les Objectifs du Millénaire pour le développement
approche, les gouvernements, les organisations non
gouvernementales, les agences des Nations Unies, entre
autres, portent leur attention sur le plan d’action après 2015.
Le dialogue à ce sujet est essentiel pour que la communauté
internationale puisse profiter de l’élan de la décennie
écoulée. Mais cela ne doit pas détourner l’attention
politique de l’importance de s’acquitter des promesses
souscrites à propos des OMD dans le but de créer un monde
plus équitable. Les gouvernements doivent se concentrer sur
leurs affaires inachevées. Si l’on ne parvient pas à progresser
plus rapidement en direction des OMD, cela reviendra
à saper la crédibilité de tout engagement souscrit après
2015. C’est pourquoi les gouvernements africains et leurs
partenaires de développement devraient de toute urgence
donner un “coup de collier” en faveur des objectifs de 2015,
à commencer par cette année. Tous les pays d’Afrique ne
pourront pas atteindre tous les objectifs – mais ils peuvent
tous aller plus loin, plus vite.
Le rapport de cette année ne présente pas d’évaluation
détaillée, objectif par objectif, de la situation en Afrique.
Il analyse plutôt certains des principaux défis à relever. On
dénombre quelques réussites remarquables. De nombreux
paysontenregistrédesprogrèsquiauraientétéinimaginables
il y a dix ans. Ces réussites démontrent ce qu’il est possible
d’accomplir lorsque l’on allie bonnes politiques, leadership
politique efficace et partenariats internationaux cohérents.
Parallèlement, il conviendra de réfléchir au chemin qu’il
reste à parcourir – car le test de performance ultime, ce sera
notre capacité de nous rapprocher des objectifs de 2015.
Pauvreté et inégalité
Les progrès en direction du double objectif de réduction
de moitié de la pauvreté extrême et de la faim reflètent
le résultat mitigé des objectifs en matière d’OMD au cours
de la dernière décennie. Ils attirent également l’attention
sur une préoccupation qui n’en a pas reçue suffisamment
: le trou béant des données manquantes, qui diluent les
rapports sur les OMD.
Les informations tirées des sondages auprès des ménages
révèlent que certains pays – comme le Kenya et la Tanzanie
– n’ont réduit la pauvreté que marginalement, en dépit de
la forte croissance économique reflétée dans les évaluations
du revenu national. D’autres pays – dont l’Éthiopie et
le Sénégal – ont de meilleurs antécédents. Les chiffres
provenant du Rwanda démontrent qu’une croissance
économique robuste, alliée à la réduction des inégalités,
peut faire office d’accélérateur puissant de la réduction de
la pauvreté. Cependant, les tendances au Nigeria, le pays
le plus peuplé d’Afrique, sont difficiles à tirer au clair : on
estime à deux tiers le nombre de Nigérians vivant en dessous
du seuil de pauvreté. Parfois, le faible effet de percolation
explique en partie les disparités de revenu extrêmes. Au
Nigeria, les 20 pour cent les plus pauvres ne touchent que 4
pour cent du revenu national, tandis que les 20 pour cent les
plus riches en encaissent 53 pour cent.
4. Disparités iniques
un frein à l’atteinte des OMD
Figure 6 : Inégalité de revenus
Part de la consommation par rapport aux revenus par déciles (%)
Côte d’Ivoire
Les 10 % les plus pauvres
2,23 %
14,2
16,1
19,4
18,9
21,8
20,3
11,7
10,5
15,4
29,8
44,2
31,75 %
32,75 %
37,99 %
36,73 %
38,23 %
43,22 %
30,14 %
51,69 %
29,61 %
36,1 %
43,14 %
2,03 %
1,96 %
1,94 %
1,75 %
2,13 %
2,54 %
1,17 %
2,82 %
2,35 %
1,45 %
Les 10 % les plus riches Rapport entre riches et pauvres
Ghana
Kenya
Mozambique
Nigeria
Rwanda
Sénégal
Afrique du Sud
Tanzanie
Ouganda
Zambie
Sourcedesdonnées:PovcalNet:OutilenlignedemesuredelapauvretéélaboréparleGroupede
recherchesurledéveloppementdelaBanquemondiale,http://iresearch.worldbank.org
13. 2524
Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociauxRapport 2012 sur les progrès en Afrique
En dépit de ce constat maussade à propos de la malnutrition,
il y a tout de même eu quelques réussites. Aussi bien le Ghana
que le Mozambique sont parvenus à réduire de façon
significative la malnutrition chez les enfants, en partie grâce à
des programmes ciblés et l’introduction de nouvelles souches
de plantes nourrissantes. La cassave et le maïs, riches en
vitamine A, ont été introduits au Mozambique et en Zambie, et
le Rwanda a introduit des haricots riches en fer28
. On connaît
les éléments constitutifs d’une intervention efficace. Des
suppléments vitaminiques et des micronutriments peuvent
être proposés à un prix raisonnable et de façon efficace par
le biais des systèmes de soins de santé primaires. Renforcer
les programmes de santé maternelle et infantile, enseigner
les bonnes pratiques en matière d’alimentation, identifier les
ménages vulnérables, et mesurer et superviser le problème
peut aboutir rapidement à des avantages significatifs. Le
problème, c’est que toute intervention, si l’on veut qu’elle
soit efficace, passe par la prise de mesures simultanées sur
plusieurs fronts. Le modèle Faim Zéro, qui a réussi au Brésil,
fonctionne à travers 90 programmes différents gérés par 19
ministères. À l’inverse, les politiques nationales mises en place
dans de nombreux pays africains sont souvent fragmentées,
mal coordonnées et dépourvues de leadership politique.
La crise de la faim que traverse l’Afrique actuellement est
liée aux inégalités abordées dans le présent rapport. Sans
surprise, les enfants de familles pauvres sont bien plus exposés
au rachitisme que ceux des familles riches. Mais il existe aussi
des disparités marquées entre la ville et la campagne. Les
enfants vivant dans les zones rurales d’Afrique risquent
deux fois plus d’être rachitiques que leurs homologues des
villes. Cela met en exergue l’interaction mutuelle entre la
malnutrition et l’abandon actuel de l’agriculture. Save the
Children estime que les trois quarts des enfants africains
souffrant de malnutrition vivent dans de petites exploitations
agricoles. Il en résulte que l’investissement dans ce type
d’exploitation, le renforcement de leur productivité et la mise
en place des conditions nécessaires à l’emploi en-dehors de
l’exploitation agricole sont les conditions sine qua non d’une
croissance plus équitable et d’une diminution des taux de
malnutrition infantile.
Education et santé – les progrès et
les disparités comptent
L’Afrique a enregistré des progrès significatifs en direction
des OMD dans les domaines de l’éducation, de la survie
des enfants, du VIH/SIDA, du paludisme et de la tuberculose
et – dans une moindre mesure – de la survie maternelle.
Pourtant, dans tous les cas, la plupart des pays seront
empêchés d’atteindre ces objectifs en raison des inégalités
profondément ancrées.
Certains progrès très significatifs ont été enregistrés. Après la
“décennie perdue”29
des années 1990, lorsque les niveaux
de recrutement stagnaient et qu’il y avait de plus en plus
d’enfants non scolarisés, l’Afrique a spectaculairement facilité
l’accès à l’éducation primaire (voir Partie IV). Le nombre de
décès d’enfants de moins de cinq ans a chuté de 4 millions
en 2000 à 3,7 millions en 2010, avec un taux annualisé de
diminution de la mortalité infantile passant de 1 pour cent
dans la décennie précédant l’an 2000 à 2,5 pour cent
pendant la dernière décennie. Selon des estimations récentes
de la mortalité maternelle, des réductions significatives sont
intervenues depuis 2000, aboutissant à une inversion de la
tendance par rapport à la décennie précédente. En Afrique
de l’Est et en Afrique australe, les taux de déclin estimés se
situent à 4 pour cent et 9 pour cent respectivement.
Les progrès accomplis dans la lutte contre les principales
maladies infectieuses sont encore plus impressionnants. Il y
a dix ans, l’Afrique était sans l’ombre d’un doute en train de
perdre la bataille contre le VIH/SIDA. La région est encore loin
d’avoirgagné;23millionsdepersonnesviventtoujoursavecle
VIH, les femmes étant touchées de façon disproportionnées.
Pourtant, le taux de couverture de la thérapie antirétrovirale
(ART), qui représentait moins de 2 pour cent il y a dix ans, se
situait à 49 pour cent à fin 2010. Environ la moitié des femmes
enceintes vivant avec le VIH reçoivent un traitement pour
prévenir la transmission de la mère à l’enfant. Et 21 pour cent
des enfants dans le besoin peuvent obtenir des traitements
pédiatriques contre le VIH30
. Selon certaines estimations, les
progrès dans la lutte contre le paludisme sont encore plus
remarquables. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé
signalait une diminution d’un tiers du nombre de décès dus
au paludisme depuis la fin des années 199031
.
Au cours des 10 dernières années, on a constaté une
augmentation massive de l’investissement global dans
la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/
SIDA, ce qui a permis aux pays africains de renforcer leurs
interventions visant à prévenir et traiter ces trois maladies. Par
exemple, grâce à son programme efficace de lutte contre
le paludisme, le Sénégal a distribué près de 6 millions de
moustiquaires imprégnées d’insecticide entre 2005 et 2010.
En 2009, 86 pour cent des patients se présentant avec une
suspicion de paludisme ont été testés au moyen de tests
de diagnostic rapide. L’élargissement de la couverture des
principales interventions de lutte contre le paludisme a permis
de réduire les cas de maladie et de décès dus au paludisme
et a contribué à la réduction de 30 pour cent de la mortalité
des enfants de moins de 5 ans au Sénégal entre 2005 et 2009.
Comme pour la pauvreté extrême et la faim, la pénurie
de données fait que ces rapports sur les progrès accomplis
doivent être interprétés avec prudence. Les estimations
régionales sur la mortalité maternelle pour l’Afrique se fondent
essentiellement sur des extrapolations provenant d’un
éventail d’études souvent obsolètes. Il existe aussi de grandes
divergences dans les données relatives à la mortalité infantile.
Quels que soient les objectifs qui seront adoptés pour
l’après-2015, les gouvernements doivent sans plus attendre
consolider leurs systèmes nationaux de reddition de rapports
qui permettent de superviser les progrès accomplis. La
supervision des OMD est l’un des secteurs ayant connu
une expansion au cours des décennies passées, avec la
contribution de dizaines d’agences des Nations Unies,
institutions financières internationales, banques régionales
de développement, organisations non gouvernementales
et instituts universitaires de recherche. Pourtant, il nous
manque toujours une trousse d’outils de base nécessaires
à l’élaboration d’un panorama opportun et précis des
changements survenus dans la vie et le milieu des personnes
pour la protection desquelles les OMD ont été créés.
Leaving aside the data constraints, even the most positive
interpretation of the MDG progress report leaves no room
for complacency. Here, we consider that report from the
vantage point not of progress made but of distance from
the 2015 targets.
• Surviedesenfants:letauxdemortalitéinfantilerégionaleen
Afrique a chuté de 174 à 121 décès pour 1,000 naissances
vivantes depuis 1990 – loin de l’objectif de l’OMD d’une
réduction de deux tiers. Tandis que l’Afrique représentait
un tiers des décès en dessous de l’âge de cinq ans dans le
monde il y a vingt ans, elle est désormais passée à la moitié
de ces décès. Au rythme actuel de progression, seul un
pays (Madagascar) est en passe de parvenir à l’objectif
de l’OMD d’ici 2015, huit autres sont sur une voie qui leur
permettra d’atteindre l’objectif d’ici 2025, et 23 pays n’y
parviendront pas avant 2040. Sur les 31 pays du monde
présentant des taux de mortalité avant l’âge de cinq ans
supérieurs à 100 décès pour 1 000 naissances vivantes,
tous, sauf un, sont situés en Afrique sub-saharienne. Il est
possible d’accélérer le rythme de progression, mais cela
nécessitera des mesures concertées afin de s’attaquer à
la malnutrition et aux trois maladies les plus mortelles– le
paludisme, la diarrhée et la pneumonie – responsables de
la moitié des décès d’enfants.
• Santé maternelle : les taux de décès maternels semblent
être en train de chuter en Afrique sub-saharienne – mais
beaucoup plus lentement que dans d’autres régions en
développement. Selon les estimations de l’ONU, le taux
de mortalité maternelle a diminué de 26 pour cent en
Afrique de 1990 à 2008, par rapport à une réduction de 53
pour cent en Asie du Sud32
. Et selon l’OMS, le nombre de
décès maternels en Afrique sub-saharienne a augmenté
en passant de 200 000 par an en 1990 à 204 000 en 2008.
La majorité de ces décès est causée par des hémorragies
obstétriques, des éclampsies, des septicémies, des
complications des suites d’avortements hasardeux, et
de facteurs indirects tels que le paludisme et le VIH/SIDA.
Pas un seul pays en Afrique n’est en mesure d’atteindre
l’OMD sur la mortalité maternelle.
• Maladies tueuses : Chaque élément du rapport
périodique sur le VIH/SIDA et le paludisme comporte
un aspect négatif. La moitié des Africains vivant avec
le VIH n’a pas accès aux ART ; et la moitié des femmes
enceintes séropositives n’a pas accès aux médicaments
de prévention de la transmission de la mère à l’enfant.
L’Afrique sub-saharienne compte 1,3 millions de
femmes enceintes nécessitant un traitement. De même,
l’écrasante majorité du million de personnes tuées
chaque année par le paludisme vit en Afrique – et les
femmes enceintes et les enfants représentent la majorité
des victimes. La maladie coûte à la région 30 milliards de
dollars par an, selon les estimations33
. La prévention du
VIH/SIDA doit être la priorité absolue (sans elle, les coûts
du traitement deviendront encore moins accessibles).
Les solutions devront viser les facteurs culturels et
comportementaux comme l’inégalité des genres et la
condition d’infériorité des femmes. Les progrès accomplis
dans la lutte contre le paludisme restent fragiles et
nécessiteront des investissements constants afin de
prévenir une résurgence de la maladie.
• Education : En dépit de l’augmentation du taux de
scolarisation au cours des dix dernières années, l’Afrique
compte toujours 30 millions d’enfants déscolarisés. Pire
encore,lesprogrèspourfairediminuerlenombred’enfants
non scolarisés se sont ralentis. En outre, trop d’enfants en
Afrique sont incapables de remplir les conditions les plus
basiques des critères d’évaluation des acquis – même
après avoir passé quatre ans ou davantage à l’école
primaire. Nous aborderons l’éducation de façon détaillée
dans la Partie IV.
5. Le point de vue du
verre “à moitié vide”
14. 2726
AFRICA PROGRESS REPORT 2012 Emploi, Justice, Equité: Les opportunités à saisir en période de bouleversements économiques, politiques et sociaux
Quel est le rapport entre l’inégalité et cet état de fait?
La Figure 5 donne une partie de la réponse. Prenons les
données relatives à la survie des enfants. Les taux de
mortalité infantile des 20 pour cent les plus pauvres en
Zambie sont près de 50 pour cent supérieurs à ceux des 20
pour cent les plus riches, et dans de nombreux pays, le fait
de vivre en zone rurale multiplie le risque de décès infantile.
L’inégalité des résultats reflétés à la Figure 5 sont
symptomatiques des disparités plus larges dans l’accès
aux services de base. Les femmes pauvres ont moins de
possibilités de recevoir des soins prénatals et d’être prises
en charge par du personnel qualifié dans des installations
de santé lors de leur accouchement. En Éthiopie, les
femmes vivant dans les zones urbaines ont deux fois plus de
chances de recevoir des soins prénatals que celles vivant
dans les zones rurales. Et les enfants de familles pauvres sont
moins susceptibles d’être totalement immunisés contre les
maladies infectieuses. Au Nigeria, les enfants les plus pauvres
(qui courent le plus de risques) ont des taux de vaccination
de moins de 10 pour cent des niveaux de couverture pour
les enfants provenant des familles les plus riches. (Figure 5).
Tout le monde aurait à gagner de la réduction des inégalités
dans les domaines de la santé et de l’éducation – ce serait
positif pour l’équité et cela agirait comme moteur d’une
progression plus rapide en direction des OMD.
Pour surmonter de telles disparités, les gouvernements
doivent identifier les échecs de la politique et des prestations
et cibler les interventions politiques en conséquence.
Dans certains cas, l’irrégularité des dépenses publiques
empêchent l’accès aux installations de santé de base.
Dans d’autres cas, les services existent peut-être, mais
les femmes pauvres ne sont pas toujours en mesure de
pouvoir s’acquitter des frais pour la prestation de soins de
santé destinés aux enfants et aux femmes ; ou alors, la
qualité des services peut être si mauvaise qu’elles ne sont
pas disposées à y avoir recours. Souvent, le modèle de
services de santé ne répond pas aux besoins des femmes.
Par exemple, l’Afrique sub-saharienne est la région où l’on
trouve le niveau le plus élevé de demandes non satisfaites
de planification familiale. Un quart des femmes âgées de 15
à 49 ans ont exprimé le souhait de retarder ou d’éviter toute
grossesse, mais n’utilisent aucune forme de contraception
– et ce chiffre n’a pas changé depuis 1990. En dehors du
fait de nier aux femmes le droit de contrôler leur fertilité et
de gérer leur santé reproductive, restreindre leur accès à la
planification familiale expose de nombreuses femmes aux
risques associés à un avortement hasardeux, au VIH/SIDA,
et à un espacement insuffisant des naissances34
.
Il est peu probable que l’on puisse obtenir un résultat plus
positif sur le plan de la mortalité maternelle sans offrir des
services de santé de qualité aux personnes qui en ont besoin,
en particulier les plus pauvres, les plus marginalisés et ceux
qui vivent dans des contextes difficiles d’accès ou fragiles.
On a besoin de travailleurs de santé qualifiés et motivés,
suffisamment équipés des outils propres à leur profession
(médicaments, diagnostics et équipement médical) dans
toute l’Afrique. Il faudra s’engager politiquement en faveur
d’une redistribution des ressources afin qu’elles parviennent
à ceux qui en ont besoin, et s’atteler aux causes structurelles
et sociales de l’iniquité qui affecte la santé et le bien-être
des individus.
Les incertitudes relatives au financement international
de la santé ont incité les leaders africains, Ellen Johnson
Sirleaf notamment, à s’engager à sevrer leur pays de l’aide
étrangère. Madame Johnson Sirleaf réclame des politiques
saines, un vrai leadership, et des partenariats fiables de
la part du reste du monde, pour que l’Afrique puisse se
dégager de son besoin d’assistance au développement
d’ici la prochaine génération. Il faudra pour cela un
engagement collectif en faveur de la mise en œuvre de
plans nationaux pour la santé qui soient crédibles et qui
puissent aboutir à des résultats en Afrique. Si l’on dispose de
données solides, on en aura davantage pour son argent :
en identifiant les interventions efficaces du point de vue des
coûts, en améliorant la prestation de services, en facilitant
un changement de comportement positif (par exemple,
un recours accru aux moustiquaires et une diminution
des comportements à risque) ; et en gérant les risques
émergents, par exemple la résistance aux médicaments.
La santé maternelle et infantile
au cœur des progrès réalisés
grâce aux OMD
Figure 7 :
1. Prévenir les grossesses non désirées
2. GARANTIR UNE GROSSESSE ET UN ACCOUCHEMENT SANS RISQUE
3. PRÉVENIR LE DÉCÈS DES BÉBÉS ET DES ENFANTS EN BAS ÂGE
Proportion de femmes de 15 à 49 ans, mariées ou vivant en couple, et utilisant une méthode de contraception (en pourcentage), en 1990, 2000 et 2008
Décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, en 1990, 2000, 2008
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, 1990 et 2009 (Décès pour 1 000 naissances vivantes)
0
20
40
60
80
100
Afrique
septentrionale
Asie
occidentale
Océanie Caucase
et Asie
centrale
Asie
du Sud
Afrique
septentrionale
Caraïbes Asie
du Sud-
Est
Amérique
latine
Asie
orientale
13
20 22
29 32 37 40
47
54
44
51
55
44
59 61
54
60
56 54
60 62
48
57
62 63
72 74
78
86 84
0
0
200
40
400
80
600
120
800
160
1 000
200
Afrique
septentrionale
CaraïbesAsie
du Sud
Asie
du Sud-
Est
Océanie Afrique
septentrionale
Amérique
latine
Asie
occidentale
Caucase
et Asie
centrale
Asie
orientale
870
790
640
Afrique
septentrionale
180
129
Caucase
et Asie
centrale
78
37
Afrique
septentrionale
80
26
Asie
du Sud
122
69
Asie
du Sud-
Est
73
36
Amérique
latine
et Caraïbes
52
23
Océanie
76
59
Asie
occidentale
68
32
Asie
orientale
45
19
590
420
280 290
260
230
320
230
170
380
230
160
1990
1990
1990
2000
2000
2008
2008
2009
Objectif
OMD
Objectif
OMD
230
92
120 130
8099
140
7098 70 5469
110
4163
Source:Nationsunies,2011.Rapport2011surlesObjectifsduMillénairepourledéveloppement.