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L'Internet des Objets, les nouvelles frontières de l'industrie

Communications & PR Manager à Paris
23 Sep 2019
L'Internet des Objets, les nouvelles frontières de l'industrie
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L'Internet des Objets, les nouvelles frontières de l'industrie

  1. vendredi 15 et samedi 16 avril 2016 l’Opinion I Révolution4.0 Robots, machines à assembler, produits industriels et manufacturés… D’ici à 2020, 21 milliards d’objets devraient être connec- tés dans le monde, sans compter les smart- phones et les ordinateurs. L’essor de pla- teformes industrielles risque de bous- culer la face du monde bien plus que ne l’ont fait les géants du Web jusqu’à pré- sent. Un challenge qui demande audace et confiance. Hugo Sedouramane « Le plus grand défaut de la race humaine est son incapacité à comprendre la fonction exponentielle. » La formule du physicien Al- bert A. Bartlett décrit bien notre incapacité à appréhender les effets de réseaux offerts par le numérique, qu’il s’agisse de productivité ou de connectivité. Et en particulier la croissance exponentielle des données. L’appréhender est pourtant une condition nécessaire à la compré- hensiondecequevontvivrelesindustrielsdans les prochaines années.   Pour le grand public, l’Internet des objets se résume souvent à une avalanche de pro- duits ou de gadgets connectés. Pour l’indus- trie, il annonce sa plus importante révolution, sa quatrième. Cette révolution industrielle 4.0 aura des conséquences socio-économiques notables. L’essor des machines communicantes offrira dans un premier temps une meilleure optimisation des actifs et une amélioration de la productivité. Puis les machines deviendront auto-apprenantes, jusqu’à finir par être auto- nomes. Cette perspective repousse les fron- tières de l’industrie. C’est un paradigme difficile à toucher du doigt qui nous attend tant l’Internet industriel n’en est qu’à ses débuts. Un exemple : la notion de temps réel. Car c’est bien le temps réel qui dans les usines ou les réseaux « intelligents » de transport ou d’électricité changera la manière dont seront fabriqués les produits, dont seront maintenues les infrastructures. Avec le temps réel de la donnée, la source du langage n’est pas incarnée par des millisecondes, mais par des microsecondes. Dans ce monde, tout devient données : de la manière dont a été fixée une vis de moteur à la résistance de cette vis lorsque le produit fini est en utilisation, en passant par la température de la salle lors de l’assemblage du moteur. L’idée? Que la connectivité devienne continue, de la conception à l’usage. Les promesses de l’Inter- net des objets industriel sont ainsi immenses : l’alliance des capteurs, du cloud, de l’analyse des données, des algorithmes intelligents ou encore des systèmes de cryptographie associée à des plateformes et des écosystèmes plus ou- verts bouleverseront notre manière de penser une production qui deviendra plus proche du client. Cette convergence technologique va aussi pousser à redéfinir le cycle de vie des produits, à réinventer les métiers de maintenance. Dia- gnostiquerunefailleàdistancepermettraderé- duire déplacements et temps de maintenance. Un produit ne sera d’ailleurs plus regardé comme un produit, mais comme un système. Dans cet univers, l’arme de la compétitivité n’est plus le seul produit. Ce qui fera la diffé- rence, c’est la capacité des industriels à laisser émettre des données, à les exploiter et à en tirer des profits. Place dès lors à la personnalisation : pour chaque produit, un logiciel répondra aux attentes des clients. C’est par exemple l’alliance des logiciels et des capteurs qui permet aux vé- hicules Tesla de devenir autonomes. Un début, car, au final, tous les secteurs seront impactés : énergie, transport, logistique, etc. Avant d’en arriver là, l’Internet des objets industriel devra, pour émerger, passer les obstacles de la sécurité et de la confiance. La plus importantes des contraintes sera, pour l’Europe notamment, l’appréhension cultu- relle face à ces technologies et aux injonctions contradictoires qu’elles impliquent. Depuis les années 1980, automatisation rime souvent avec destructiond’emploi.Etilfaudradutempspour convaincre les plus critiques que ce modèle de pensée est dépassé. C’est vrai, les nouvelles générations de robots changent la manière dont les hommes travaillent, et mais conserver d’anciens modèles sous prétexte de sauvegarde d’emplois n’aura pour conséquence qu’une ac- célération de la délocalisation… Enjeu colossal. En 2014, GE a expliqué avoir réalisé un milliard de dollars de revenus supplémentaires en aidant ses clients à connec- ter davantage leurs machines. Autant dire un milliard de nouvelles capacités d’investisse- ment. L’Allemagne l’a bien compris. Son ambi- tion de soutenir l’industrie 4.0 n’est pas ano- dine : elle associe recherche académique, PME, industriels et gouvernement. C’est un projet national dont les résultats ne pourront se faire ressentir que sur le long terme. De fait, cette transition industrielle ne se fe- ra pas en un jour. Elle sera le résultat de change- ments structurels, progressifs. Nul ne sait si elle aura d’ailleurs une fin : les promesses encore imprécises de l’intelligence artificielle ouvri- ront un jour de nouvelles opportunités. Coauteur du Deuxième âge de la machine : Travail et prospérité à l’heure de la révolution technologique(OdileJacob,2015),ErikBrynjolfs- son explique que lorsque la technologie avance trop vite sans que l’éducation suive, les inégali- tés augmentent rapidement. Il semble cepen- dant trop tard pour être en mesure de ralentir la croissance des technologies. L’enjeu est donc colossal, tant la demande est grande, et l’offre encore trop maigre. Les systèmes éducatifs doivent se réveiller… Progressivement, l’éclosion de systèmes complexes se fait sentir dans les chaînes indus- trielles au point que l’on parle désormais de systèmes de systèmes. De quoi rendre plus dif- ficile encore la formation et l’enseignement. Le risque ? Prendre un retard pour ne pas savoir comment le rattraper. C’est la raison pour la- quelle il est nécessaire de sensibiliser les plus jeunes, dès leurs études et quelles que soient leurs études, à ce changement de paradigme. Ainsi les étudiants en école de commerce ou d’ingénieur doivent se doter d’un nouveau langage : celui de la transformation des mo- dèles économiques et de l’innovation ouverte, condition nécessaire à l’éclosion d’écosystèmes connectés. Il en est de même pour les managers et dirigeants qui doivent faire face à cette transi- tion dont l’enjeu compétitif est sans précédent. Standards de communication, analyse de don- nées et industrie 4.0 doivent devenir le b.a.-ba de nombreuses formations. Réussir cet immense chantier peut amener la France à renouer avec la croissance. A condi- tion de favoriser l’ouverture, avant tout hu- maine. Les grands groupes doivent ouvrir leurs portes à des profils de développeurs, designers ou « intrapreneurs » s’ils veulent réussir ce pari fou. L’organisation dite classique des entre- prises est aujourd’hui remise en cause, tant la structure pyramidale en silos n’est pas adaptée à l’appréhension de l’Internet des objets dans l’industrie. Ce risque à prendre est aussi une opportunité de créations d’emplois. @Indixit t Etsilesobjetsconnectésétaient lechaînonmanquant ?Depuis l’apparitiond’Internet,leséconomistes s’interrogentsurlaréelleportéedela révolutionnumérique.Lespluscritiquent constatentqu’àladifférencedela machineàvapeurdeJamesWatt,dela centraleélectriquedeThomasEdison oudel’« électronique »desautomates programmables,Internetn’apasentraîné debouleversementsfondamentauxdans lafaçondeproduireetdeconsommer.En clair,laquatrièmerévolutionindustrielle seferaittoujoursattendre.Etlanouvelle économieneseraitqu’uneversionrévisée d’uncapitalismepasvraimentchamboulé depuislefordisme. Sansdoutelesexpertsont-ilssures- timélavitessedediffusiondesnouvelles technologies.Etsous-estimélefaitqu’une mutationpeutencacheruneautre.Si laconnexiond’individusentreeux,la circulationaccéléréed’informationsetle boomdesréseauxsociauxn’ontmodifié qu’àlamargelesrègleséconomiques traditionnelles,notammentenmatièrede productivité,lesliaisonsentreobjets,la collecteetl’exploitationdesdonnées–les fameusesdata–ouvrentdesperspectives bienplusrévolutionnaires.Davantage connectéesetrobotisées,lesusinesdeve- nues« smart »serontconstituéesdelignes deproductionintelligentes,capablesde garderlecontactavecleproduitpendant safabrication,maisaussiàl’extérieur,une foiscommercialisé. Cettefois-ci,laconception,la production,letransportouencorela maintenancedesproduitscommencentà êtreréinventésdefondencomble.Cette quatrièmevaguetientdeladéferlante : 200 milliardsd’objetsconnectésavant 2020,prévoitGartner ;6 000milliardsde dollarsd’impactéconomiqued’icià2025, anticipeMcKinsey.Avecl’industrie4.0,la machinedevientintelligente. Rémi Godeau @remigodeaut Lesnouvellesfrontières de l’industrie Editorial L’èredusmart Souventdansl’ombredesgadgetsconnectés,larévolutionprovoquéeparl’Internetdesobjets industrielsseral’undesplusgrandchantierdel’histoireindustrielle Objetsconnectés Lasélectionde sélection DE « L’OPINION » N° 8 – vendredi 15 et samedi 16 avril 2016 L’alliancedescapteurs, ducloud,del’analyse desdonnéesetdes algorithmesintelligents bouleverserontnotre manièredepenserla productionindustrielle Unrobothumanoïde travailleauxcôtés d’employésdansune usinededistributeurs demonnaie,à Kazo, auJapon. Reuters
  2. II l’Opinion vendredi 15 et samedi 16 avril 2016 Transport C’est l’un des marchés les plus importants au monde. Et pourtant, les acteurs his- toriques de l’automobile, malgré leurs démonstrations à l’occasion de grands salons, menacent d’être dépassés. Ils sont soumis à de nouvelles forces qu’ils ne maîtrisent pas et n’ont qu’une obligation : innover. Hugo Sedouramane Dans un monde merveilleux, l’erreur humaine deviendrait une exception sur la route, les embouteillages une rareté et les automobiles moins consommatrices de carburant, le prix des déplacements chuterait, le marché de la lo- gistique serait remodelé, la recherche de place de parking inutile… Un monde imaginaire, vrai- ment ? Avec la convergence des technologies grâce aux systèmes embarqués, de nouvelles voies s’ouvrent : embouteillages, accidents de la route, pollution, fatigue ou sous-exploitation des véhicules, rien ne sera plus comme avant. Même les Etats profiteraient de toutes ces avan- cées pour faire des économies en contrôlant à distance l’activité sur la route. La banque Mor- gan Stanley explique dans un rapport que l’in- dustrie automobile est « disruptée » « bien plus tôt, bien plus rapidement et bien plus puissam- ment que quiconque aurait pu l’imaginer ». Des alliances avec les géants du Web sont pour ces raisons régulièrement annoncées : la puissance de calcul de Google étant difficilement rattra- pable, autant faire appel à ses services pour gagner du temps… Depuis deux à trois ans, c’est moins le sa- lon de Detroit aux Etats-Unis qui fait vibrer les constructeurs automobiles que le Consumer Electronics Show de Las Vegas, temple du gadget et de l’informatique où tous exposent leurs véhicules autonomes. Ces prouesses technologiques sont le résultat de la convergence du savoir faire de deux types d’acteurs, dont la rencontre n’était pas prévisible. Au- jourd’hui, géants du Web et acteurs des nouvelles technologies sont de fait les plus aptes à développer des logiciels pour mettre une voiture à jour, tout comme on est capable de mettre un téléphone à jour à distance. Une réussite déjà vérifiée chez Tesla, où une simple mise à jour logicielle a offert un degré d’autonomie inégalé à toute une flotte de véhicules. La convergence technologique entre constructeurs automobiles et éditeurs de logiciels n’est pas suffisante. Les acteurs des semi-conducteurs et des capteurs sont aussi de la partie. Valeo, Bosch, STMicroelectronics et autres équipementiers comme Mobileye se battent pour ce marché. Ils ne sont pas les seuls à s’investir. Acteurs de la cyber-sécurité, recherche universitaire et start-up veulent tirer profit de ce marché. Le niveau de détail est tel que des sociétés françaises comme IDnomics se repositionnent pour fournir en masse des solu- tions d’identité numérique aux véhicules, tout comme les passeports biométriques ont des identifiants numériques. Goût du risque. Les acteurs du marché de l’automobile seront jugés à leur capacité à tra- vailler de manière plus ouverte. Et les décisions qu’ilsdoiventprendrenesontpassimples :leurs retours sur investissement ont été faibles au coursdesdernièresannéesetlesdépensesenca- pital nécessaires à la production d’une nouvelle génération de véhicule sont incertaines. Reste- ront-ils de simples fabricants ou devront-ils faire évoluer leurs modèles pour, progressivement, devenir des prestataires de services sur lesquels ils sont loin d’avoir le monopole ? La réponse à cette question se trouve dans leur capacité à réinventer leurs organisations, leurs chaînes de production et à intégrer des briques tech- nologiques qu’ils ne peuvent développer seuls. Cette gestion de la complexité est inédite pour l’industrie automobile : il faut inno- ver vite tout en ne sachant pas quelles seront les évolutions réglementaires quant aux véhicules autonomes.Ilssontsoumisaugoûtdurisque. Dans une étude intitulée « Le futur de la mobilité » parue en septembre 2015 et réalisée par Deloitte, quatre scénarios sont à envisager. Le premier suppose que toute innovation soit incrémentale, tenant compte des lourds héri- tages industriels du passé. Dans ce paradigme, le changement sera long et progressif car les modèles économiques peineront à évoluer. Le second scénario met l’accent sur un monde où l’auto-partage et le covoiturage deviennent la norme : le passager ou conducteur devient un usager. Le troisième scénario envisagé par De- loitte n’est autre que « la révolution du véhicule autonome », où le véhicule connecté est fiable et les investissements nécessaires ont été mas- sifs. Ici les automobilistes préfèrent être pro- priétaires de leurs véhicules et les changements chez les constructeurs sont les plus lourds. Un dernier scénario baptisé « le nouvel âge de l’autonomie accessible » promet un savant mélange entre les véhicules autonomes et le partage qui connaîtra un franc succès en zone urbaine où des services à la demande permet- tront par exemple de commander un véhicule autonome à un point A pour se rendre à un point B. Un paradigme dans lequel les flottes automobiles n’appartiennent pas aux construc- teurs, mais à des géants du Web, comme Uber, Google, etc. @Indixit t Véhiculesconnectés:laquêtedel’ultime convergencetechnologique SelonDeloitte,l’avenirdumarchédel’automobileestincertain. UndesscénariosfaitlapartbelleàdenouveauxentrantscommeUber tème de triangularisation par radio. « Le vélo ne consomme pas d’énergie sinon celle produite par sa dynamo, ce qui évite aux villes qui sou- haitent adopter notre système d’investir trop lourdement dans des infrastructures », poursuit l’entrepreneur. Chez Smoove, le succès est au rendez-vous : la start-up dispose aujourd’hui d’un parc de 20 000 vélos dans le monde et a réussi à séduire des villes comme Moscou ou Vancouver. Pro- chaine étape : profiter du renouvellement des flottes dans les grandes villes européennes comme Paris qui devrait bientôt lancer un appel d’offres. Pour autant, le développement de Smoove ne s’est pas fait sans encombre. « Nous avons accepté l’entrée de Transdev à notre capital en C’est une histoire entrepreneuriale hors norme. Après dix années passées en tant que consultant en mobilité durable, Laurent Mercat a décidé de créer Smoove, start-up dont le seul objectifestdedevenirl’undestroisleadersmon- diaux du vélo en libre-service. Et sa recette origi- nale rompt avec les modèles traditionnels bien connus des JCDecaux et consorts. Sa première innovation ? La sécurisation des vélos. Laurent Mercat  explique : « Nos concurrents ont des parcsfragilescarleursvélossefontdésolidariser de leurs supports. Nous avons donc créé un sys- tème anti-vandalisme permettant un contrôle d’accès du vélo, à commencer par un cadenas qui est intégré dans la fourche. Il n’y a donc pas de bornes connectées pour emprunter un vélo car il suffit de passer sa carte de transport sur ce dernier ou d’entrer un code reçu par smart- phonespourl’emprunter. » Le vélo reste géolocalisable grâce à un sys- 2010, mais rien ne s’est réalisé après le rachat du groupe par Veolia, raconte Laurent Mercat. Nous avons donc racheté nos parts en 2010 ». Qu’importe : en 2015, c’est le groupe Mobivia (Nauroto, Midas, etc.) qui a investi dans Smoove. « Ils ont souhaité se diversifier dans l’éco-mobi- lité avec nous, précise le start-upeur. Cet accord capitalistique se traduit quotidiennement par une synergie sur des sujets industriels ou tech- nologiques. Cela nous permet d’utiliser de nou- velles ressources et d’être plus flexibles sans avoiràrecrutermassivement. » Depuis, Smoove a signé avec la ville d’Hel- sinki un contrat de dix ans d’une valeur de 13 millions d’euros. « Ce partenariat a fait évo- luer notre stratégie, car nous sommes deve- nus aussi exploitants avec Citybike Finland. La start-up, qui compte 20 salariés et bientôt 25, a réalisé 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et en prévoit plus de 10 millions à fin 2016. S’attaquant désormais à des projets de taille industrielle, elle travaille sur des dossiers pour lesquels les parcs de vélos pourraient atteindre 20 000 unités, soit près de 10 fois plus qu’à Mos- cou. Sa force concurrentielle réside notamment dans sa vision des objets connectés. Smoove sait contrôler le niveau de batterie, localiser le vélo, le bloquer à distance et même envoyer un mes- sage à l’usager sur son smartphone quand il ne rendpaslevélodanslestemps… H.S. Smoovefaitpédalerlemarchédu vélo Lastart-upareçuuninvestissementdeMobiviaavecquiellepartage dessynergiesindustriellespours’attaqueràl’ensembleduglobe #Pépite Comptant un parc de 20000 vélos connec- tés en libre service, Smoove n’a qu’un rêve: prendre la place de JCDecaux sur le marché du vélo urbain en libre ser- vice. Moscou, Vancouver, Helsinki, Malac- ca, Bangkok… L’Internetdesobjets:unerévolution industrielle encore inachevée Indice de performance sur le marché de l’Internet des objets industriels (sur 100) Revenus générés par l’Internet des objets par secteur En milliards de dollars La valeur estimée du marché de l’Internet des objets devrait atteindre 14 400 milliards de dollars d’ici 2022 L’Internet des objets en plein essor Appareils connectés d’ici 2020, en millions 64 63,9 63,2 62,4 61,8 59 58,8 55 54,4 54,3 54,1 52,2 50,9 47,1 45,7 33 32,4 31,3 29,9 21,3 Etat-Unis Suisse Finlande Suède Norvège Pays-Bas Danemark Royaume-Uni Japon Allemagne Australie Corée du Sud Canada Chine France Espagne Brésil Italie Inde Russie 70 Villes intelligentes Mobiles, montres bracelet... Véhicules connectés Internet industriel 60 50 40 30 20 10 Internet des objets TV Tablettes Smartphones Grâce à l’amélioration de l’expérience du consommateur Grâce à la réduction des délais de commercialisation Grâce aux chaînes d’approvisionnement et la logistique PC 2014 2020 0 2012 2013 2014 2015* (*) Estimation SOURCES : INDUSTRY FORCASTS COMPILATION, 2020 FORECAST FROM IDC, PWC ANALYSIS SOURCE: CISCO SOURCE: IC MARKET DRIVERS 2015 UPDATE SOURCES : ACCENTURE AND FRONTIER ECONOMICS Maisons connectées 3 200 5 000 6 000 5 500 3 300 30 000 4 100 3 700 3 000 2 700 2500 2500 5 400 En réduction de coûts En augmentant la productivité des employés Laurent Mercat, créateur deSmoove. Unesimplemiseàjourde logiciel,effectuéeàdistance parTesla,aoffertundegré d’autonomieinégaléàtoute uneflottedevéhicules Depuis les années 1980, automatisation rimesouventavec destructiond’emploi. Et il faudra du temps pour convaincre les plus critiques que ce modèle de pensée est dépassé. Reuters
  3. vendredi 15 et samedi 16 avril 2016 l’Opinion III Domotique Et s’il était possible de piloter sa maison à distance grâce à une unique application sur son smartphone ? C’est le rêve d’Emmanuel Joumard qui dirige chez Somfy la stratégie du groupe pour développer des solutions rendant l’habitat plus intelligent. Visio- phones, serrures connectées, volets, portails, garages… le leader français veut s’imposer comme un acteur incon- tournable. Réseaux Considérécommeunvisionnaire,LudovicLe Moan a fondé Sigfox en 2009 avec l’idée de fournir une connexion bas débit aux objets connectésetdefairedesastart-uplepremier réseau de télécommunication internatio- nal sur ce marché. Il a réussi une levée de fonds de 100 millions d’euros l’an der- nier et en envisage une autre de 200 à 300 millionsavantuneintroductionenBourse. Interview Hugo Sedouramane Comment Somfy se réinvente pour ré- pondre aux attentes du marché de l’habitat connecté ? Somfy a ouvert une activité dédiée aux objets connectés en juin pour créer des solu- tions globales pour la maison et le bâtiment. Notre précédent plan stratégique actait notre conviction qu’une mutation arrivait dans notre métier et que cette mutation transformerait en profondeur nos solutions, notre métier mais plus globalement l’ensemble de notre filière. Nous développons donc une offre spécifique au marché Europe-Moyen Orient-Afrique, une autre pour le marché Asie-Amérique car nous nous appuyons davantage sur des centres de développement locaux. Enfin, une entité bap- tisée Overkiz, spin off dans le giron de Somfy, développe des solutions pour connecter des équipements dans la maison. Elle travaille avec des partenaires comme Atlantic, Rexel et d’autres acteurs de la maison. Overkiz a en charge la gestion des solutions de connectivité pour ces industriels. A l’horizon de notre plan 2020, notre ambition est de connecter 50 % des équipements vendus de solutions radio, contre environ 10 % aujourd’hui. Qu’elle est votre vision à long terme ? L’ensemble des équipements de la maison sera connecté et les utilisateurs en attendront des nouveaux bénéfices. Nous travaillons pour rendre accessible ces nouveaux usages aux tra- vers de nos solutions. Quand un livreur arri- vera chez vous, vous serez en mesure de lui ou- vrir votre garage à distance où que vous soyez sur la planète. Même chose pour la gestion de l’énergie : votre maison sera capable de s’adap- ter intelligemment aux conditions d’ensoleil- lement, au coût de l’énergie. On peut imaginer dématérialiser les clés sur smartphone grâce à une serrure connectée, sujet sur lequel nous travaillonsavecunesociétécommeOpenways, qui vient d’intégrer le groupe. Etes-vous dans une approche ouverte ou pri- vilégiez-vous des solutions propriétaires ? En 2010, nous avons lancé Tahoma, notre première solution connectée. Cela représente 500 000 équipements connectés principale- ment en France et en Allemagne. Il s’agit d’une box qui intègre des produits de domotique et de sécurité. Au travers des packs Tahoma sere- nity, elle permet aujourd’hui pour moins de 1 000 euros de rendre sa maison intelligente en améliorant le confort, la sécurité et son effi- cacité énergétique. Cette solution très ouverte intègre plus de 15 protocoles et permet de pi- loter des équipements de multiples marques comme les systèmes de chauffage Atlantic ou De Dietrich, les lumières Philips Hue et beau- coup d’autres solutions de partenaires. Pour l’utilisateur, il est essentiel de ne pas être ver- rouillé par une marque et nous travaillons à intégrer à nos plateformes toutes les solutions innovantes dans le monde de la domotique. Nous lançons également une évolution de Ta- homa, plus simple, baptisée Connexoon pour moins de 200 euros. Votre métier de maintenance est-il aussi amené à changer ? La dimension de maintenance est un autre atout. Nous travaillons avec PTC pour propo- ser une plateforme permettant à nos installa- teurs d’améliorer les solutions de maintenance à distance sur l’ensemble d’une installation, à condition bien sûr que le consommateur donne son accord préalable. L’objectif est de fournir des plateformes de maintenance pré- dictives et proactives. Ces solutions sont nou- velles et les besoins évoluent rapidement d’où notre collaboration avec ThingWorx qui per- met une vraie réactivité et d’adaptation dans cette phase d’exploration (ThingWorx est une plateforme permettant la création et l’exécu- tion d’applications pour l’Internet des objets que PTC a racheté fin 2013). Ils ont développé une interface entre les données des produits et les installateurs. Grâce à un tableau de bord, ces derniers ont une vision d’ensemble sur les éléments de maintenance. Interview Hugo Sedouramane Où en est le développement de votre réseau dédié à l’Internet des objets ? Notre réseau est présent dans une quin- zaine de pays et à travers une dizaine de mil- liers d’antennes. Nous comptabilisons environ 7 millions d’objets connectés au réseau auprès d’une centaine de clients, dont une dizaine de très gros clients, comme Engie ou Miche- lin. Certains clients sont petits pour nous au- jourd’hui, mais ils représentent un important potentiel de croissance. Un exemple : La Poste, avec ses boutons connectés qui transforment votre boîte aux lettres en vrai bureau de poste. N’est-il pas difficile de faire face aux diffé- rentes normes internationales ? Nous sommes pour l’instant uniquement concentrés sur le B to B ; le B to C viendra après. Dans notre stratégie de déploiement à l’inter- national, nous sommes confrontés à plusieurs réglementations différentes. En Europe, les étoiles sont plutôt alignées dans le sens où les contraintes techniques et les réalités sont les mêmes. Aux États-Unis, nous devons nous plier à la Federal Communications commis- sion tandis qu’en Asie, le marché est plus flou à ce sujet. Quoi qu’il en soit, Sigfox a sur tous les continents à peu près les mêmes possibilités en matière de déploiement de réseaux. L’alliance LoRa, consortium souhaitant im- poser un autre standard de communication, incarne-t-elle une concurrence sérieuse ? Il y a eu beaucoup de dénigrement de la part des membres de l’alliance LoRa à l’égard de Sigfox. Le problème est qu’elle fait des an- nonces ahurissantes car ils n’ont pas encore de réseau alors que nous commercialisons le nôtre déjà dans plusieurs pays. Et puis nos spécificités techniques nous offrent une flexi- bilité importante. Par exemple, si nous souhai- tons augmenter notre débit par dix, nous ne sommes pas obligés de multiplier le nombre de cellules par dix mais par un facteur de quatre à cinq. En ça, nous sommes différents. Les partenariats avec les opérateurs tradi- tionnels sont-ils nécessaires à votre survie ? Non, il n’est pas obligatoire pour nous d’avoir des relations avec les opérateurs pour assurer notre développement. Si un accord a été signé avec Altice et SFR, c’est parce qu’ils sont malins : ils ont compris que l’Internet des objets n’est pas le prolongement naturel de l’activité traditionnelle des opérateurs. C’est au contraire un faux ami car il s’agit d’un es- pace nouveau avec des contraintes nouvelles. Il faut partir de zéro pour bâtir une stratégie, ce que Sigfox fait. Et Altice a compris que pour que leurs clients soient satisfaits, ce n’est pas la propriété de l’infrastructure qui compte, mais une solution qui fonctionne de bout en bout. Les clients attendent aussi une couche logi- cielle spécifique à leurs métiers… C’est la raison pour laquelle nous annon- çons un partenariat avec Microsoft, qui inté- grera Sigfox dans son cloud Azure, ce qui veut dire que les clients Microsoft pourront bénéficier de notre connectivité tandis que nous allons pouvoir bénéficier de la force de distribution du réseau Microsoft. En somme, Microsoft devient revendeur Sigfox et prend une marge sur le volume d’affaires généré. Ils ont aussi vocation à intégrer des applications plus complexes dédiées à des métiers précis, comme le tracking de palettes ou de contai- ners pour la logistique, la gestion agricole, etc. D’autres acteurs comme SAP envisagent aussi d’intégrer notre offre, tout comme d’autres géants du cloud. « Noussouhaitonsvendre50% d’équipementsconnectésd’icià2020 » « Microsoft va intégrer Sigfox dans son cloud » LudovicLeMoan,fondateur EmmanuelJoumardpilotelastratégiegroupedeSomfy.L’entreprise veuts’imposersurlemarchédelamaisonconnectéeenoffrantdes solutionsdemaintenanceprédictiveàsespartenaires L’opérateurde télécommunication basdébitpoursuitsa percéeinternationale Pour Emmanuel Joumard, « on peut imaginer dématérialiser les clés sur smartphone grâce à une serrure connectée ». Laurent cousin objets dans la gestion des bâtiments, celui qui bénéficie des gains n’est pas forcément celui qui enassumelescoûts »,poursuitlaspécialiste. Maislesgainssemblentcertains :« Grâceaux données,lavaleurdessystèmesseconstruitdans le temps : plus on contrôle des équipements sur la durée, plus ils deviennent intelligents. Tem- pérature, humidité, température extérieure, nombredepersonnesquicirculentdansunbâti- ment… de nombreux capteurs nous permettent d’enrichir ces modèles. Et le machine learning (apprentissage automatique) permet d’appré- hender les comportements des infrastructures etd’empêcherdesdéfectionsoudespannes. » La vraie révolution viendra du renouve- lable.Al’échelled’unpaysetdesstratégiesdéve- loppées par les services publics, le sujet est bien plus complexe. La croissance de la demande en énergie est faible et les fournisseurs subissent une double pression : l’une politique, en faveur d’une baisse des coûts des énergies renouve- lables, et l’autre portant sur l’amélioration de l’efficacité énergétique tout en investissant dans la maintenance et la modernisation des infras- tructures. Cette rupture de modèle est différente de celle que connaissent les acteurs du marché des télécommunications : les producteurs d’énergie voient la demande se réduire et s’ils insistent pour faire croître leurs prix, les consommateurs Energie AMoffettField,enCalifornie,dansleslabo- ratoires de la Nasa, Thomas Chung et son équipe fêtaient il y a quelques semaines leur dernière levée de fonds : 9 millions de dollars ! Un joli pactole pour leur start-up Verdigris et pour une idée simple : la société a développé un système d’analyse de consommation d’énergie pour les grandes infrastructures – usines, hôpitaux, hôtels, etc. Il récolte les données en temps réel de toutes les installations ; l’idée est ensuite de fournir un tableau de bord aux gestionnaires grâce à des capteurs connectés essaimés sur les réseaux électriques et capables de savoir où, par quoi et quelle quantité d’énergie est utilisée. Un exemple très parlant des promesses de l’Inter- net des objets en matière d’optimisation de la consommationénergétique. « La connectivité qui arrive dans l’énergie va impacter la manière dont nous consommons l’énergie dans l’habitat ; et les conséquences sur le business seront exponentielles », explique Christel Heydemann, Senior vice-president cor- porate strategy, alliances development chez Schneider Electric. Il semble facile de perce- voir ce que l’Internet des objets peut changer sur l’analyse énergétique des bâtiments, mais la rupture avec les anciens modèles n’est pas si évidente. « Le premier frein est les organisations elles-mêmes, car quand on parle d’Internet des chercheront des sources alternatives. Pour Christel Heydemann, « il y a une vraie prise de conscience sur les énergies renouvelables et le stockage d’énergie. Les réseaux sont contraints de devenir plus intelligents, notamment grâce à des systèmes de capteurs autonomes qui per- mettent d’optimiser la distribution de l’énergie. Mais la vraie révolution viendra du renouve- lable : l’énergie solaire n’est qu’au début de ce que l’on peut connaître. Dans les pays émer- gents, nous risquons d’assister aux mêmes phé- nomènes que dans les télécoms : il est possible que certaines zones voient l’électricité arriver sansêtreconnectéesàunréseaucentralisé ». Dans les pays développés, ce scénario serait synonyme de catastrophe pour les fournisseurs qui n’ont alors pas d’autres choix que de se réin- venter. L’Internet des objets dans le marché de l’énergie est ainsi le catalyseur de cette rupture par sa capacité à produire de l’information. Les résultats attendus sont triples. D’abord, la rési- lience des réseaux s’améliore grâce au déploie- ment de capteurs. Ensuite intervient l’optimisa- tion :ellenepeutseconcrétisersansuneanalyse précise des data émises sur le réseau. Enfin, une meilleure gestion du réseau peut intervenir, et donc une stratégie d’investissement éclairée, clefdusuccèsdansunenvironnementdeplusen pluscompétitif.Cesontlestroisclésdelarévolu- tionénergétiqueàvenir. H.S. Versunnouveaumodèleénergétique Lacapacitéd’analysedeconsommationsurlesréseauxélectriquesest lapremièrephasederupturepourlemarchédel’énergie « Quandunlivreur arriverachezvous,vous serezenmesuredelui ouvrirvotregarageà distanceoùquevous soyezsurlaplanète »
  4. vendredi 15 et samedi 16 avril 2016 l’Opinion IV Depuis quand PTC est-il installé en France et quel est son métier ? PTC est arrivé en France en 1989, par l’inter- médiaire de solutions de conception assistée par ordinateur (CAO). Ces solutions permettent de créer le modèle numérique d’un produit afin de le tester, le fabriquer et s’assurer que des produits complexes comme des voitures ou plus simples comme des téléphones répondent aux cahiers des charges. De nombreux para- mètres entrent alors en jeu dans l’idée de ré- pondre aux questions suivantes : comment ce téléphone est-il fabriqué ? Avec quelles pièces ? Venant de quels sous-traitants ? Quelles sont les modifications qui interviennent sur le pro- duit ? Est-il conforme aux normes de sécurité ou écologiques, etc. A la fin des années 1980, PTC a introduit une notion révolutionnaire de « paramètres » dans le design des produits. En clair, les formes n’étaient pas de simples formes mais le résultat d’un calcul mathématique basé sur des paramètres. En les modifiant on pouvait modifier simplement les formes et tout ce qui en découlait (programmations des machines, plans…). Aujourd’hui, nous sommes toujours sur le marché de la CAO avec une stratégie ou- verte pour s’assurer que nos clients peuvent utiliser nos solutions ainsi que des solutions concurrentes de la manière la plus neutre et la plus transparente possible. PTC croit pouvoir gagner par la force de ses produits, avec une po- litique de collaboration ouverte. La CAO repré- sente 40 % de notre chiffre d’affaires. Outre la conception assistée par ordinateur, quels sont vos autres métiers ? Nos autres revenus sont générés par le déve- loppement de logiciels qui gèrent les processus de développements (« PLM ») ou bien les pro- cessus de maintenance (« SLM »). Ils permettent à nos clients de collaborer entre les différentes fonctions de l’entreprise, pour les aider par exemple à augmenter le nombre des variantes de produits, offrir plus de customisations sur la basedeplateformescommunes,optimiserleurs stocks de pièces détachées par rapport à un ni- veau de service, ou encore améliorer l’efficacité de leurs opérations de maintenance. Nos outils permettent par exemple de déterminer, dès la conception des produits, quand et comment changer des pièces. L’idée est de raccourcir la durée totale de mise sur le marché d’un pro- duit tout en augmentant sa qualité tout au long de son cycle de vie. Tous les paramètres sur les produits que nous intégrons dans nos logiciels sontdesdonnéesquiserventautantauxchaînes de montage qu’à la maintenance et même aux sous-traitants. Cela doit se faire en collabora- tion avec d’autres éditeurs de progiciels comme Oracle ou SAP, qui eux interviennent sur la par- tie « physique » du produit. Pour résumer, on leur transmet les informations du produit « digi- tal » qu’ils exécutent pour donner naissance au produit physique. Pourquoi l’Internet des objets devient un sujet stratégique ? PTC travaille sur l’Internet des objets (IoT) depuis 2013. C’est devenu notre cœur de straté- gie depuis 2014. Nous avons investi 700 millions de dollars dans ce domaine en dix-huit mois. Nous avons réalisé des rachats de sociétés dans divers domaines de l’IoT, dont ThingWorx, une société spécialisée dans le développement d’ap- plications qui permet de faire remonter dans le cloud des informations provenant de produits physiques et développer des applications pour fournir de nouveaux services. ThingWorx est depuis devenu notre marque IoT. Nous avons racheté d’autres sociétés, comme Coldlight qui édite un outil d’analyse de données et repré- sente notre offre sur les sujets big data et intel- ligence artificielle. Avec Kepware, nous avons investi dans la connectivité afin de pouvoir intégrer à nos plateformes les machines et les produits qui fonctionnent sur des protocoles variés, modernes comme plus anciens. Nous avons enfin racheté Vuforia au géant américain Qualcomm, une plateforme dédiée à la réalité augmentée et réalité virtuelle : il y a une énorme opportunité à combiner la réalité physique et la réalité numérique pour fournir des interfaces sur les objets connectés compréhensibles par l’humain, par exemple en permettant de visua- liser les données émises par des pièces ou des machines. Vous parlez d’intelligence artificielle, de big data. PTC est-il concurrent d’IBM ou de Cisco ? Nous sommes sur des segments différents malgré des zones de recouvrement. Notre solu- tion « Neuron » fait face au Watson d’IBM. Mais si l’on regarde l’ensemble de la plate-forme que PTC développe, on s’aperçoit que nous avons finalement plus de complémentarité avec IBM que de zones de recouvrement. Ces sociétés, commeCiscoadoptentdavantageuneapproche généraliste, avec un focus sur les protocoles de communication. Notre métier se concentre sur lacréationdeplateformesIoT,marchéquenous estimons à plusieurs dizaines de milliards d’eu- ros par an et sur lequel nous souhaitons nous différencier en nous spécialisant sur l’industrie et la gestion des « assets », tandis que Cisco, HP, ou d’autres opérateurs vont aller opérer sur des marchés plus grand public, de volume, poten- tiellement d’ailleurs en intégrant nos technolo- gies dans leurs solutions. Vous êtes donc contraints d’adopter des logiques de partenariats… Dans une perspective de verticalisation des métiers, les partenariats sont clefs. D’ailleurs la plupart de nos clients deviennent des parte- naires quand ils distribuent par exemple une solution de gestion d’un parc automobile. Nous travaillons par exemple avec GE sur un Manu- facturing Execution System (MES), c’est-à-dire unsystèmedegestiondesprocessusindustriels. Avec Bosch, c’est sur les outils intelligents que nous travaillons dans la mesure où le groupe allemand intègre notre technologie dans ses systèmes en open source. Récemment, c’est un accord avec Altice (SFR) et Sigfox qui a été signé. La « coopétition » au sens propre du terme est nécessaire tant notre domaine d’activité est immense, d’où la nécessité de nouer des parte- nariats avec des sociétés qui peuvent être par ailleurs concurrentes sur certains domaines, comme Microsoft ou IBM. Quelles sont les perspectives du marché européen de l’Internet des objets industriel ? En Europe, le dynamisme de ce marché est très fort. Le taux de croissance de nos parts de marché est similaire avec celui que nous avons aux États-Unis. Il est d’ailleurs intéressant de voirquelaFranceestexcessivementdynamique surlapartieIoT :denombreusesstart-upsesont lancées dans ce secteur et le taux d’adoption des grands groupes est élevé. En Allemagne, l’angle de ce marché est davantage industriel et se concentre plus sur les chaînes d’assemblage et de fabrication (Industrie 4.0). Au Royaume- Uni, c’est un habile mélange entre les tendances françaisesetallemandes.L’année2016seramar- quéeparunecroissanceàtroischiffres.PTCvise en Europe une cinquantaine de millions de dol- lars de chiffre d’affaires. Sur le Moyen-Orient et en Afrique, on observe un début de croissance avec des problématiques intéressantes comme la gestion de l’eau, des pipelines connectés, des mines « automatiques ». Les opérateurs souhaitent se lancer dans l’Internet des objets dans un marché pour lequel les centres de com- pétence techniques peuvent être éloignés, ce particulièrement pour le marché militaire ou l’industrie médicale. Nous avons par exemple un partenariat avec Etilasat, qui distribue nos solutions dans la région. Nous voyons aussi des développementsdanslasantéenAfrique. Qui sont vos grands clients en Europe et quels secteurs sont les plus prometteurs ? Dans l’Internet des objets, nous travaillons avec Schneider Electric, Airbus, John Deere, Bosch, MBDA, GE Healthcare etc. Les construc- teurs automobiles comme PSA Peugeot Citroën ou Renault ont aujourd’hui leurs propres initia- tives ;cesontsouventdessociétésdeservicesqui travaillentsurcessujetsaveceux.Celapeutrapi- dement évoluer en fonction des stratégies adop- tées. Il y a aujourd’hui d’importants débats dans l’industrie médicale et l’agriculture pour savoir silesplateformesdéveloppéesparlesindustriels ne seront pas ouvertes à leurs propres concur- rents. C’est en quelque sorte similaire au fait d’ouvrir la plateforme Uber pour les taxis. Pour- quoi Philips ne fournirait-il pas sa plateforme IoT à GE par exemple ? Et est-ce que la commercialisation de ces plateformes ne deviendrait-elle pas une part importante de ces modèles économiques ? C’est quelquechosequel’onvoitaussi dans le monde agricole. Cette industrie est très avancée sur l’Internet des objets, puisqu’in- terviennent satellites, capteurs au sol, systèmes de distribution d’engrais et autres technologies d’ensemencement. D’autres secteurs comme les transports sont concernés : nous travail- lons avec CNH Industrial qui cherche à développer des appli- cationsquipeuventallerau-delà du simple camion connecté, et par exemple permettre de comprendre la manière dont travaillent les chauffeurs les plus efficaces dans l’idée de faire un retour qualitatif capable d’optimiser leur conduite pour réaliser des économies de carburant. Les économies et gainsécologiquessonténormes. Comment les industriels doivent-ils appré- hender le sujet de la propriété des données ? On voit que de plus en plus de nos clients mettre en place des directions digitales. No- tamment parce que les sujets comme la pro- priété des données doivent être traités au ni- veau stratégique. La question est de savoir ce que l’on souhaite faire de ces données issues de différents processus et capteurs. Certaines doivent être partagées, d’autres protégées. Peut-être qu’un industriel peut les vendre à son concurrent, à ses clients, pour en faire une source de revenus supplémentaires. Ce qui semble sûr est que la donnée est un actif stra- tégique, et que les entreprises qui sauront au mieux l’exploiter gagneront. C’est sur ce sujet que l’on pourra voir des ruptures dans les mo- dèles économiques. Interview Hugo Sedouramane @Indixit t « La“coopétition”estnécessairetant notredomained’activitéestimmense » PaulGrenet(PTC) :« Nousavonsinvesti700 millionsdedollars dansl’Internetdesobjetsendix-huitmois,principalement encroissanceexterne » Paul Grenet : « L’Internet des objets est devenu notre coeur de stratégie depuis 2014. Nous avons investi 700 millions de dollars dans ce domaine en dix-huit mois. » Xavier Popy/REA Tribunelibre PascalLaurin Unenouvelle histoireentre l’hommeet lamachine ChezBosch,lesobjetsconnectés incarnentunevisionglobale,que l’onparledelamaisonintelligente, delavoitureintelligente,del’énergie intelligente,delasantéconnectéeoude l’usineintelligente.Celasetraduiraen 14 000prochainesembauchessurles sujetslogicielsetobjetsconnectésdans lemonde,carBoschentenddevenirun acteurmajeurdanslelogiciel.Al’hori- zon2020,onparled’unmilliardd’euros d’économiesgrâceànossystèmes technologiquesindustrie4.0(i4.0) implémentésdansnos 250usines. EnFrance,noussommesengagés danslatransformationnumériquede l’industrieenétantmembredel’Alliance IndustrieduFutur.L’idéeestd’implé- menternotrevisiondel’industrie4.0 dansnosdixusinespourconserver leurcompétitivité.Legroupeveutaussi proposerauxautresindustrielsses technologiesi4.0etgénérerunmilliard d’eurosdeventessupplémentairesd’ici à2020,notammentvianosdivisions commeBoschRexroth,quipropose dessystèmesd’automatisationpour l’industrie. Mi-mars,leCEOdeBosch,Volkmar Denner,aannoncélelancementdu cloudBosch.Cecloudavocationà répondreànospropresbesoinsdans lesdomainestelsquel’industrie,la mobilitéetlesbiensdeconsommation. Nousleproposeronsaussiànosclients. Pourlesopérationsd’assemblagesurles lignesdeproduction,nousproposons desvisseusesconnectées(Nexo) ;elles remontentdesinformationssurle coupleetl’angledeserragedelapièce. Cesdonnéessontensuiteintégréesdans uncloudoùl’ensembledesinformations delapièceassembléesontagrégées. D’autresdispositifscommelerobot APAS,unrobotcollaboratif,facilitele travailhomme-machinesurdeschaînes d’assemblage :ilestdotéd’unepeau hypersensiblequiluipermetdes’arrê- terquandils’approchedel’opérateur àquelquesmillimètres.Danscepara- digme,l’hommeasaplaceaucentrede l’industriedufutur. Avatarnumérique.Notrevision estdecontinueràfairecequel’onsait faireentermesdeproductiondemasse avecunequalitéoptimum,maisen ajoutantdescapacitésdepersonnali- sationdeproduitsetderéponseàdes spécificationsclient.Noussouhaitons aussiaccompagnerleclientdanssa digitalisation.Lecloudnouspermet ainsidecommuniquerauclientun avatarnumériquedelapièceproduite pourqu’ilaitaccèsàtouteslesdonnées : qualité,cotation,performance,etc.Si onlivreàunconstructeurautomobile uninjecteur,cedernierestalorsidenti- fiéviasa« datamatrix ».L’opensource estaussiimportantpourBosch.Nous voulonslepluspossibleouvrirnosappli- cationsànotreécosystème,ycomprisà nosconcurrents. Lamodernisationdenosusinesva avoirunimpactsurnosmodèleséco- nomiquesauniveaudenotrerelation client.ADrancy,usinespécialiséedans lafabricationdeschaudièresgazELM Leblanc,ledéploiementdessolutions industrie4.0vadelaRDauservice après-venteenpassantparlaproduc- tion.Lesdonnéessontremontéestout aulongduprocessusdefabricationdela chaudièregarantissantlatraçabilitédes produits.Quandelleestlivréeauclient final,lachaudièrecommuniqueréguliè- rementsesdonnéesdefonctionnement qui,unefoisanalysée,facilitelesinter- ventionsdestechniciensduSAVetper- mettentaussil’améliorationconstante desproduitsparnosservicesRDetde concevoirainsideschaudièresencore plusperformantes. PascalLaurinestchefdeprojetIndustrie 4.0chezBoschFrance Parcours PaulGrenet a rejoint PTC en 1996 et a occupé diverses fonctions clés dans l’entreprise. Avant d’être nommé à son poste actuel de vice-président de la division EMEA, il était vice-président Europe de l’Ouest et auparavant Responsable de la Division aéronautique et défense pour l’Europe. Entre 1996 et 2008, il a occupé successivement des postes de direction des ventes toujours dans le domaine des grands comptes aéronautique et défense. « Nosoutilspermettent dedéterminer,dèsla conceptiondesproduits, quandetcomment changerdespièces » « Laplupartdenos clientsdeviennentdes partenairesquandils distribuentparexemple unesolutiondegestion d’unparcautomobile »
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