1. Direction des Affaires Economiques 1
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L’ATTRACTIVITE DE LA FRANCE
1. Qu’est-ce que l’attractivité ?
Lorsqu’un investisseur choisit de localiser un projet au
sein d’une zone géographique, il aura tendance à analyser
l’ensemble des coûts, des risques et
des avantages qu’importe chacun des
territoires au sein de cette zone.
Les territoires sont fortement intéres-
sés par ces investissements car ils sont
créateurs d’emplois et de valeur ajou-
tée. Leur rôle, alors, est de proposer les
meilleures conditions d’accueil, et no-
tamment de rendre l’environnement
fiscal et juridique aussi favorable que
possible, afin de répondre aux besoins
et aux objectifs des investisseurs.
Ainsi, l’attractivité (hors tourisme et flux migratoires) peut
être définie par la capacité d’un territoire à attirer des res-
sources (facteurs de production, nouvelles activités) pro-
venant d’investisseurs étrangers.
2. Quels sont les atouts et handicaps de la
France ?
La taille du marché français est un attrait pour les
investisseurs étrangers, du fait d’une population et d’un
pouvoir d’achat par habitant significatifs. Par ailleurs, le
pays constitue une porte d’entrée pour les investisseurs
sur le marché européen, l’Union Européenne étant en
effet le premier marché mondial, devant les Etats-Unis.
Au niveau européen, la France dispose du premier réseau
routier et du second réseau ferroviaire (derrière l’Alle-
magne). De plus, l’aéroport Paris Charles de Gaulle est à
la première place pour le fret et à la seconde place pour
le transport de passagers en Europe1
. Ces infrastructures
sont cruciales pour les entreprises car elles permettent
une meilleure circulation des marchandises. Cependant,
si la France truste les premières places au niveau euro-
péen, cela est dû à la spécificité de son territoire. En effet,
le pays est, de loin, le plus étendu de l’Union Européenne.
1 La logistique en France ; Agence française pour les
investissements internationaux.
La mise en place du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et du
Crédit d’Impôt Innovation (CII) sont également des incita-
tions fortes pour les investisseurs car ils permettent de
déduire les coûts de recherche et de développement.
Ainsi entre 2008 et 2013, 250 investis-
sements nouveaux dans la R&D ont été
décidés par des entreprises étrangères2
.
Inversement, l’attractivité de la France
est pénalisée par son coût du travail et
sa fiscalité sur les entreprises. Le coût
horaire français dans l’industrie et les
services marchands est en effet le
deuxième plus élevé dans la zone euro,
et ce malgré l’instauration du Crédit
d’impôt pour la compétitivité et l’emploi
(CICE).
Les recettes totales provenant des impôts et cotisations
sociales sont également élevées. Avec un taux de 47,3 %
du PIB en 2013, la France se situe en troisième position au
sein de l’Union européenne (UE), derrière le Danemark et
la Belgique. A titre de comparaison, le taux global dans
l’UE est de seulement 39,9 %.
3. Comment les investisseurs étrangers
perçoivent-ils l’attractivité française ?
En adéquation avec les atouts et handicaps mentionnés
ci-dessus, les investisseurs louent la qualité des infra-
structures de transport et logistiques, ainsi que celles de
communication. La formation et la qualification des sala-
riés sont également vues comme des forces de notre pays.
A contrario, le droit et le coût du travail, la fiscalité sur les
entreprises sont clairement identifiées comme des fai-
blesses (voir figure 1).
L’attractivité de la France, liée aux infrastructures de
transport, risque cependant de faiblir à l’avenir. Alors que
la France était classée au premier rang mondial en 2011
et 2012 pour la qualité de ses routes, le pays ne se
retrouve plus qu’au septième rang en 2015. Par ailleurs,
l’Agence de financement des infrastructures de transport
2 Investir en France ; Agence Française pour les
investissements internationaux.
12 577
emplois ont été créés en
2014 suite aux investisse-
ments étrangers.
Novembre 2015
# 02
Le point sur …
2. 2 Direction des Affaires Économiques
jnormand@cgpme.fr - 01 47 62 73 30
DEFINITIONS
- Facteurs de production : travail, capital techni-
que (installations, machines, outillages), capi-
taux engagés, consommations intermédiaires,
savoir-faire accumulé.
de France (AFITF) verra une baisse de 37 % de ses dota-
tions en 2016, selon le Projet de loi de finances.
Fig. 1 : Attractivité de la France par rapport aux autres
pays européens
Par ailleurs, une majorité d’investisseurs étrangers estime
que la France est une localisation satisfaisante. En revan-
che, près des deux tiers pensent que le pays ne met pas
en œuvre une politique efficace de promotion de ses
atouts à l’international. Dès lors, des efforts supplémen-
taires, de la part de l’Etat, des collectivités et des
entreprises, sont nécessaires afin d’attirer davantage
d’investissements étrangers3
.
4. Combien d’entreprises et d’emplois ont-ils été
créés en 2014 suite à ces investissements ?
L’année dernière, le nombre de projets d’investissements
étrangers en France s’est élevé à 608, ce qui positionne le
pays à la troisième place en Europe, derrière le Royaume-
Uni (887) et l’Allemagne (763). Dès lors, la progression par
rapport à 2013 est de 18 %, soit une croissance supérieure
à celle des pays européens pris dans leur ensemble (+ 10
%).
Parallèlement, la France demeure la première destination
européenne concernant les projets industriels, avec 231
implantations en 2014 (+ 39 % par rapport à 2013). Par
secteurs manufacturiers, le nombre de projets s’est forte-
ment accru dans l’automobile et la fabrication de métaux.
En revanche, depuis une décennie, la France est en perte
de vitesse vis-à-vis de ses partenaires européens dans
l’attraction des investissements étrangers. Alors qu’en
3 Baromètre de l’attractivité du site France 2015,
Ernst & Young.
2005, le pays attirait autant de projets que le Royaume-
Uni et le triple de l’Allemagne, la situation est bien diffé-
rente en 2014. En effet, la France affiche cette année-là
un déficit de 31 % de projets d’investissements étrangers
vis-à-vis du Royaume-Uni, et de 20 % vis-à-vis de l’Alle-
magne.
De plus, cette progression du nombre de projets d’inves-
tissements étrangers en 2014 ne s’est pas traduite par
une hausse des emplois créés dans notre pays. Ceux-ci
s’élèvent à 12 577 l’année dernière, soit une baisse de 11
% par rapport à 2013. La France recule alors à la qua-
trième place dans le classement des pays européens.
Ce problème est d’autant plus significatif que le nombre
d’emplois créés pour chaque projet d’investissements
étrangers est faible en France par rapport à la moyenne
européenne (21 emplois contre 43). Le pays représente
dès lors 14 % des projets européens liés aux implantations
internationales, mais seulement 7 % des emplois créés.
5. Quelle est la position de la CGPME ?
La principale priorité de la CGPME est de s’attaquer au
niveau trop élevé de l’Impôt sur les Sociétés (IS). Une
baisse du taux serait attractive pour les investisseurs
internationaux désireux de s’implanter en Europe.
En s’appliquant à l’ensemble des entreprises présentes
sur le territoire, la diminution de l’IS aurait également un
effet sur les entreprises locales. Celles-ci auraient alors la
capacité d’investir en France, au lieu de rester dans l’im-
mobilisme ou de réserver les investissements au sein de
pays plus accueillants fiscalement.
Le passage du taux sous les 30 % serait un signal fort pour
toutes les entreprises, d’autant que la taxe à 75 % sur les
hauts salaires a été perçue négativement.
Enfin, un taux réduit de l’IS à 19 %, appliqué aux PME qui
s’engageraient à incorporer dans leur capital une partie
de leurs bénéfices, les soutiendrait dans leur activité. Ce
traitement spécial, accordé aux PME, leur permettrait de
compenser un taux de marge inférieur à celui des entre-
prises de plus grandes tailles.
76 72 72
58
6 5 5
9 11 18 18
81 83 85
0
20
40
60
80
100
Forces Equivalent Faiblesses NSP
Source:Enquêted’opinionSofres-AAFII,2014