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MARS 2016 - N° 264
Revuedel’APPRR
AssociationNationaledesParents
dePrêtres,ReligieuxetReligieuses
Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, souverain prêtre,
tu es le modèle de chacun et chacune d’entre nous.
Conduis-nous vers ton Fils
pour que nous puissions témoigner de son amour
et apporter la lumière de sa parole.
Nous te prions pour nos enfants
afin qu’ils soient de vrais témoins des appels de Dieu.
Nous te prions pour les prêtres, religieux et religieuses
et tous les consacrés qui se sont engagés à la suite du Christ ;
pour ceux et celles qui sont parfois débordés ou harassés,
qui sont isolés ou découragés,
qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme.
Inspire-nous des pensées, des paroles et des ac ons
qui les aident et les sou ennent.
Aide-nous à susciter de nouvelles voca ons
de consacrés et de chré ens engagés.
Fais qu’en union avec nos enfants,
nous par cipions à l’extension du règne de Dieu.
Amen.
Prière de l’associa on
apprr.catholique.fr
Les Ateliers de Frileuse - Carmel - 91640 Briis-sous-Forges
Dépôt légal : 1er
trimestre 2016 - N° 264
Couverture : vitrail de l’Annonciation de frère Eric (église de la Réconciliation à Taizé)
Dos : logo de l’association sculpté par CA Vairon (photo : JC Chatillon)
Le Lien, trimestriel d’information édité et administré par l’APPRR
(Association Nationale des Parents de Prêtres, Religieux et Religieuses)
Maison de la CEF - 58 avenue de Breteuil - 75007 Paris - www.apprr.catholique.fr
Directeur de publication : Bernard de Vaugiraud.
Rédacteur en chef : Fernand Dervaux.
Secrétaire de rédaction, conception graphique : Jean-Claude Chatillon.
Impression : Ateliers de Frileuse 91640 Briis-sous-Forges.
contact : courriel@apprr.cef.fr
CPPAP : 0918G83496. ISSN : 1766-9634.
Abonnement annuel : 20 € ; tarif préférentiel adhérent : 15 €
Sommaire
Edito : Ouvrir notre association (Bernard de Vaugiraud)...................................... 1
Matière à réflexion :
Jublé extraordinaire de la Miséricorde (Mgr Bernard Mollat du Jourdin)..........2
Actualités :
Les journées mondiales de la jeunesse (Mgr Bernard Mollat du Jourdin)...........12
Universalité de l’Église en Allemagne (Père Karl Endisch)........................16
Rencontre avec l’Ordre des Clarisses (Régis Duriez).........................................21
Prier avec Sainte Colette.............................................................................24
Le courrier des lecteurs.................................................................................25
Plaisir de lire (Denise Dumolin)........................................................................26
Vivre ensemble
Notre évêque accompagnateur (Bernard de Vaugiraud)................................31
Conseil d’administration du 23 novembre 2015..................................................32
Vie des groupes.............................................................................................33
Bulletin d’abonnement......................................................................................40
À Dieu.................................................................................................................41
Edito
ous voici en cette année de la Miséricorde tournés tout
particulièrement vers les autres parents de consacrés. Nous
cherchons avec le conseil d’administration comment mieux
ouvrir notre association et notre cœur pour accueillir tous ceux qui
partagent la joie d’une vocation, mais aussi ceux qui rencontrent
des difficultés dans l’acceptation de ce choix.
Il nous faut privilégier toutes les occasions d’aller à la rencontre
FRATERNELLE de ces familles, elles sont parfois tout près de
nous et nous ne savons pas qu’un fils ou une fille est entré dans
une communauté religieuse. Donc à l’occasion de vœux et d’ordi-
nation, il nous faut aller à leur rencontre.
Nous mettons notre prière dans le cœur tout aimant de Jésus, afin
qu’Il nous aide à recevoir FRATERNELLEMENT ces familles.
Paix et Bien
Bernard de Vaugiraud
Président de l’APPRR
le lien - mars 2016 - n° 264 1
2 le lien - mars 2016 - n° 264
JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE
« Un programme de vie aussi exigeant que riche de
joie et de paix ! » (§13)
Lorsque fut connue la décision du Pape François de faire de
l’année à venir une année sainte de la miséricorde, quelques
remous se firent entendre. En effet le mot « miséricorde » n’a
pas l’heur de plaire, semble-t-il, aujourd’hui. Du reste, il n’y a
pas que le mot miséricorde qui n’enthousiasme guère, mais tout
ce qui est pardon, réconciliation, indulgence. Comment com-
prendre cela ?
Nous sommes dans une société très légaliste où l’on cherche
en toute circonstance un responsable légal. Il faut trouver un
responsable afin de le faire payer, de se faire rembourser ou
d’indemniser les victimes.
Cela vient du fait que nous sommes dans une société de com-
pétition, de rivalité, il faut gagner, voire écraser le concurrent
qui devient un ennemi à combattre, voire à abattre. Il faut trou-
ver en l’autre les raisons de sa défaite, de son erreur pour qu’il
ne puisse pas faire appel. Il faut le mettre « K.O. ». Alors, com-
ment pouvoir parler de miséricorde, de pardon ? Oui cela fait
vieillot, mais est-ce pour autant dépassé ?
De plus, un individualisme forcené envahit la société. Chacun
a ses principes moraux. « Moi seul peut juger de ce qui est bien
ou mal ». On évacue très vite par là même toute notion de faute,
de responsabilité et de péché. On n’a de compte à rendre à per-
sonne sinon à soi-même. Je vis comme je l’entends, ce qui est
premier, c’est « ma liberté ». En quoi tel ou tel peut-il être blessé
par mon agir puisque nous ne fonctionnons pas dans le même
système de références morales ?
À cela s’ajoute que pour nos contemporains, tout ce qui est
légal est devenu, à leurs yeux, moral.
Matière à réflexion
Une vie réussie pour nos contemporains se confond souvent
avec la conquête réussie du pouvoir, que ce soit dans l’ordre fi-
nancier, aussi bien que dans le culte du corps. Tout est centré
sur son « moi ».
Comment dès lors, dans une société où Dieu est absent, pou-
voir cesser de culpabiliser ? On fait appel au « psy ». Mais de
pardon et de miséricorde, il n’en est pas question !
Dans la « bulle d’indiction », à cette année de la miséricorde, le
Pape cite saint Jean Paul II : « La mentalité contemporaine sem-
ble s’opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de
la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde.
Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise
l’homme qui est devenu maître de la terre qu’il a soumise et do-
minée ». (§ 11)
Précisément, François, le Pape, vise très à propos ce qui est à
convertir dans nos vies : « Nous sommes invités à vivre de mi-
séricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde ». (§ 9)
Que cela plaise ou non, il faut que le monde contemporain re-
trouve le sens de la miséricorde : aux chrétiens de retrouver le
sens et la pratique de la miséricorde : « … L’Église catholique,
en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se mon-
trer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine
d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ». (§ 4)
Le Pape s’adresse au monde entier :
« La valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Eglise.
Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent
comme un des attributs les plus significatifs de Dieu. Israël a
d’abord reçu cette révélation qui demeure dans l’histoire comme
le point de départ d’une richesse incommensurable à offrir à
toute l’humanité. (§23)
Miséricordieux comme le Père, c’est donc la “devise” de l’Année
Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont
Dieu aime. (§14)
le lien - mars 2016 - N° 264 3
4 le lien - mars 2016 - N° 264
Du jubilé prescrit par le Lévitique au Jubilé de la miséricorde
Le jubilé dans l’Ancien Testament
Le mot jubilé, (en hébreu yôbel), signifie la corne de bélier : en effet
l’ouverture de ce temps se faisait au son de la corne de bélier. Le
jubilé est une année sainte décrite dans le livre du Lévitique au cha-
pitre 25, 8-17 ; 23-55.
Tous les cinquante ans (v.10-11), après « sept semaines d’années »
(v.8), le jour des Expiations (v.9 ; 23-27 ; 32), le son de la trompe
marque le début de l’année du jubilé. Pendant cette année du jubilé
tous les habitants du pays sont affranchis, chacun retourne dans son
clan (v.10) ; les terres restent en jachère (v.11) ; chacun retrouve sa
propriété (v.10 ; 13). On récupère les terrains (v.28), les maisons ; les
esclaves sont libérés (v.39, 41, 54). « C’est moi, le Seigneur, votre
Dieu, qui vous ai fait sortir d’Egypte pour vous donner le pays de
Canaan, afin que pour vous je sois Dieu » (v. 38)
Tout cela est proposé pour des raisons religieuses (v.23, 55), mais
était-ce pour autant applicable ? Des calculs ont été faits et ont
montré que pour faire coïncider Jubilé et année sabbatique… il fau-
drait laisser en jachère les terres pendant deux années consécu-
tives ! D’autre part, comment récupérer son patrimoine après
cinquante années ! Est-ce que cela fut réellement vécu ? On ne
peut l’affirmer avec certitude. Selon des exégètes, cette loi du Ju-
bilé serait tardive et d’origine sacerdotale. Le but était de rendre
plus efficace la loi sabbatique.
Que retenir de ce jubilé instauré par le Lévitique ? Tous les cin-
quante ans on remet « tout à zéro », on repart sur un nouveau pied,
on se convertit : on reprend conscience que c’est Yahvé qui a libéré
son peuple et que c’est à Lui que l’on doit tout. Il convient donc de
se libérer, de se désengluer et c’est là une très belle attitude reli-
gieuse : tout vient de Dieu.
Le Jubilé dans le Nouveau Testament
Saint Luc reprend la prophétie messianique d’Isaïe (Luc 4, 16-30).
Il nous montre Jésus dans la synagogue de Nazareth, lisant
Isaïe 61 et reprenant les paroles du prophète à son compte. Il a
le lien - mars 2016 - N° 264 5
été envoyé pour « évangéliser les pauvres » : bénéficiaires du
Jubilé, « remettre en liberté les opprimés ». C’est en Lui que s’ac-
complit cette prophétie destinée à tous les hommes.
Ceux qui croient en Jésus Christ sont libérés et leurs fautes par-
données (Eph. 1, 7-18). Ils deviennent « héritiers du Royaume »
(Jc 2,5).
La libération des esclaves lors du jubilé est opérée par Jésus Christ
qui libère les croyants de l’esclavage du péché ; « C’est pour que
nous soyons libres, que Jésus Christ nous a libérés » (Gal.5.1). «
L’année de grâce » (Luc 4,19) citée par Isaïe (61,2), et prescrite
par Lévitique 25, se trouve accomplie par la venue du Messie.
Le Jubilé à travers l’histoire
Alors que les croisades avaient permis de prolonger durant deux
siècles le pèlerinage en Terre Sainte, la défaite militaire devant les
musulmans (chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291) lui porta un coup
très dur. Le voyage de Jérusalem devenant de plus en plus hasar-
deux et risqué, bon nombre de pèlerins devront y renoncer. Plutôt
que d’aller en Terre Sainte, les pèlerins s’en vont à Rome.
En 1300, alors qu’une foule immense de fidèles accourut vers
Rome, le pape Boniface VIII statua par la bulle Antiquorum habet
que désormais, au commencement de chaque siècle, tous ceux et
celles qui, après s’être confessés et avoir communié, visiteraient
les tombeaux des saints apôtres, gagneraient une indulgence plé-
nière. C’est donc à cette date que le jubilé fut authentiquement ins-
titué. Face aux haines et aux violences qui prédominaient à cette
époque, un courant de pardon, de fraternité se fit jour. Il fut proposé
que durant l'année du centenaire, les visiteurs de la Basilique Saint-
Pierre recevraient une "rémission très complète de leurs péchés".
Le Pape Boniface VIII accordera l'indulgence pendant toute l'année
300. A l'avenir, tous les cent ans puis tous les 50 ans. Le Pape Martin V
convoqua l'Année Sainte pour 1425 et introduisit deux nouveautés :
la frappe d'une médaille commémorative et l'ouverture de la Porte
Sainte à Saint Jean de Latran. En 1500, Alexandre VI voulut que
les Portes Saintes des quatre basiliques soient ouvertes en même
temps, tout en se réservant l'ouverture de la Porte Sainte de Saint-
Pierre. La situation difficile de l'Église au temps de l'hégémonie de
Napoléon ne permit pas à Pie VII de convoquer un jubilé pour 1800.
Il revint à Léon XIII de convoquer le vingt-deuxième Jubilé pour le
début du XXème siècle de l'ère chrétienne. En 1950, quelques an-
nées après la fin de la deuxième guerre mondiale, Pie XII promul-
gua le nouveau Jubilé en indiquant ses buts : la sanctification des
âmes par la prière et la pénitence, et par la fidélité indéfectible au
Christ et à son Église ; action pour la paix, et protection des Lieux
Saints. Durant cette Année, il y eut la proclamation du dogme de
l'Assomption de la Vierge Marie (1er novembre 1950). En 1975
fut convoqué par Paul VI un nouveau jubilé qu’il présenta de ma-
nière synthétique : "Renouveau" et "Réconciliation". Le dernier ju-
bilé a été célébré en l'an 2000 par le pape Jean-Paul II. La
dernière Année Sainte extraordinaire avait été célébrée par le
même pape en 1983.
On peut dire que le jubilé ou « année sainte » est une période de
pardon, de conversion et d'efforts spirituels qui a lieu, d'abord tous
les 50 ans, puis tous les 25 ans à partir de 1400, consacrée à la
rémission des péchés par la pénitence des peines temporelles
dues aux conséquences du péché et accompagnée par l'octroi à
la pratique du jeûne, de l'aumône et de la prière, spécialement la
confession et la communion sacramentelle. Il a été institué pour
consolider la foi, favoriser les œuvres de solidarité et la communion
fraternelle au sein de l’Église et dans la société, pour rappeler et
encourager les croyants à une profession de foi plus sincère et plus
cohérente dans le Christ unique Sauveur.
Le Jubilé de la miséricorde :
La même démarche nous est proposée, mais celle-ci est bien plus
réalisable que ce que demandait le Lévitique ! Tout vient de
Dieu, c’est Lui qui en Jésus Christ nous a montré son visage
miséricordieux ; nous avons été libérés par le Christ; à nous de
vivre en hommes libérés, à nous de faire miséricorde car Il nous
a fait miséricorde.
6 le lien - mars 2016 - N° 264
le lien - mars 2016 - N° 264 7
Qu’est-ce que la miséricorde ?
Le vocabulaire
Si en français ce mot signifie sensibilité à la misère, au malheur
d’autrui, ou pitié par laquelle on pardonne au coupable, la notion bi-
blique est infiniment plus riche.
Dans l’Ancien Testament, le mot miséricorde traduit habituellement
les mots hébraïques < hesed et rahamim >.
Rahamim : (pluriel) signifie les entrailles. Le Sémite dans son lan-
gage très concret sait que c’est là que se trouve le siège de tous
les sentiments. En effet, les entrailles sont censées s’émouvoir
sous le coup de la douleur ou d’une violente affliction (Ct 5,4). Ce
terme évoque surtout l’attachement qui unit Dieu à l’homme,
comme si les entrailles de Dieu (cf. Is 63,15) frémissaient en pensant
à l’homme (Is 9, 16 ; 14,1 ; 49,10-13 ; Jr 31, 20 ; 33, 26 ; Ps 69, 17)
Hesed : recouvre une signification encore plus large. Sa significa-
tion première est « bienveillance » au sens de « disposition favora-
ble de la volonté » d’un homme envers un autre (Gn 47, 29. Jos 2,
12-14. 1 S 20, 14-15)
Son emploi le plus fréquent désigne la bienveillance de Dieu pour
l’homme. Beaucoup de mots français correspondent à ce terme : « mi-
séricorde », « bienveillance », « pitié », « grâce », « faveur », « loyauté ».
Hesed peut être employé seul (Ps 62, 13 ; 66, 20 ; 120 - psaume
qui est le psaume de la miséricorde divine et de l’amour éternel de
Yahvé-). Ce mot de hesed est souvent accompagné : (cf. Ex 34, 6 :
« Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en bonté et
fidélité… »).
Hesed peut être joint à rahamim (Is 63,7) mais fréquemment à
« emet » qui exprime fidélité et fermeté de la tendresse de Dieu
(Gn 24, 27 ; Ps 25, 10 ; 86,15 ; 138, 2). C’est pourquoi ce terme se
trouve souvent accompagné de l’idée d’alliance (berith) (Dt 7, 9, 12 ;
Ps 89, 29 ; 106, 45). On constate que le hesed de Dieu est puissant
(Ps 103, 11 ;117, 2) éternel (Ps 25, 6 ; 100, 5 ;103, 17 ; 136) bon
(Ps 69, 17 ; 109, 21) précieux (Ps 36, 8) ; grand (Ps 86, 13) meilleur
que la vie (Ps 63, 4), merveilleux (Ps 31, 22).
Dans le Nouveau Testament, l’amour et la miséricorde de Dieu
sont chantés en permanence par Jésus, lui qui se tournera
constamment vers les pauvres et les petits. C’est d’abord la béati-
tude sur la miséricorde (Mt 5, 7), mais aussi la reprise du prophète
Osée 6 ,6 en Mt 9,13 ; 12,7 (absente dans les //). Zacharie, en
chantant le Benedictus rappelle l’attribut que Dieu s’était donné
dans Ex 34, 6 (Luc 1, 72-78) « grâce aux entrailles de miséricorde
de notre Dieu » ; l’expression rahamim étant transposée par le grec
splagchna et hesed par eleos. Marie, dans son Magnificat rappelle
la miséricorde de Dieu (Lc 1,50-54). C’est pourquoi notre miséri-
corde prend modèle du Père (Lc6, 36 ; cf. Mt 18, 33)
Paul exhorte les Colossiens à se revêtir d’entrailles de miséricorde
(3,12) ; il fait appel à la tendresse (entrailles) et à la miséricorde
des Philippiens (Ph 2,1), plusieurs fois, il parle de Dieu riche en mi-
séricorde (Ep2,4) pour tous les hommes (Rm 9,16-18 ; 11, 30-32 ;
15,9 ; 1 Co 7, 25 ; 2 Co 1,3 ; 2 Tm1,2 ; Tt 3, 5) les mêmes expres-
sions se retrouvent souvent dans les épîtres catholiques (1 P 1, 3
; 2,10 ; 2 Jn 3 ; Jude 2,.21 ; Jc 5, 11 et l’auteur des Hébreux nous
montre qu’en la personne de Jésus, nous avons un « grand prêtre
miséricordieux » (He 2, 17 ; 4, 16)
Enfin, il faut relever le binôme « grâce » et « vérité » de Jean (1,
14-17) où l’on peut voir un nouveau rappel de la théophanie de Ex
34, 6 mais la miséricorde et la pitié de Dieu dans l’A.T. est devenue
tendresse et plus encore amour (1 Jn ; Jn3,16).
La réalité de la miséricorde définie par le Pape François
« La miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile »
(Les numéros de paragraphes renvoient à la bulle d’indiction du Jubilé
Misericordiae Vultus )
« La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu
vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale
qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le
frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le
chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espé-
rance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché ».
(§1-2)
8 le lien - mars 2016 - N° 264
Le Pape nous souhaite de « faire l’expérience de l’amour de Dieu
qui console, pardonne et donne l’espérance ». (§ 3)
« La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance
consiste justement à faire miséricorde. La miséricorde de Dieu n’est
pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle
Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se
laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est
juste de parler d’un amour « viscéral ». (§ 6)
« Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre
que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses inter-
locuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds. Lorsqu’il
rencontra la veuve de Naïm, il éprouva une profonde compassion
pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna
son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc 7, 15). La miséricorde, c’est
l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre ».
(§ 8)
« Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de
Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à
ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et
la miséricorde. La miséricorde est, dans l’Écriture, le mot-clé pour
indiquer l’agir de Dieu envers nous ». (§ 9)
« La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église ». (§10)
Comment vivre le Jubilé de la miséricorde ?
« Pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non,
comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde
corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux
qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister
les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’ou-
blions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux
qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pé-
cheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter pa-
tiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et
pour les morts ». (§15)
le lien - mars 2016 - N° 264 9
« Remettons au centre le sacrement de la Réconciliation, puisqu’il
donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde. Pour
chaque pénitent, ce sera une source d’une véritable paix intérieure. »
(§17)
« Voici le temps de se laisser toucher au cœur. Face au mal com-
mis, et même aux crimes graves, voici le moment d’écouter pleurer
les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur af-
fection, de leur vie même. » (§ 19)
« La miséricorde n’est pas contraire à la justice, mais illustre le com-
portement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle pos-
sibilité de se repentir, de se convertir et de croire. (….) Si Dieu
s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu ; il serait comme tous
les hommes qui invoquent le respect de la loi. » (§21)
+L’indulgence : qu’en dit le Pape François ?
« Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence. Elle revêt une im-
portance particulière au cours de cette Année Sainte. Le pardon de
Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans le sacrement de la
Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement ef-
facés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés
dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu
est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père
qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Épouse du Christ, et le
libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant
d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber
dans le péché. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de
l’Église qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemp-
tion du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux
extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons inten-
sément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et
l’étendue de son indulgence miséricordieuse. Au cours de ce Jubilé,
laissons-nous surprendre par Dieu. Il ne se lasse jamais d’ouvrir la
porte de son cœur pour répéter qu’il nous aime et qu’il veut partager
sa vie avec nous ». (§ 22)
10 le lien - mars 2016 - N° 264
Ce n’est pas un bon point que distribue l’Église, c’est goûter la mi-
séricorde de Dieu de manière extrême : toutes les conséquences
du péché sont remises pour le pécheur pardonné que nous
sommes, si nous avons reçu la grâce de la réconciliation, mais éga-
lement toutes les conséquences du péché peuvent être remises
pour un autre que nous-même.
« Quelle preuve d’amour, de tendresse ; en un mot de miséricorde !
Voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de
se laisser toucher au cœur ». (§19)
C‘est ce que dit le Code de droit canon (c. 992), dans un autre lan-
gage : « L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine tem-
porelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée,
rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions
déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispen-
satrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le
trésor des satisfactions du Christ et des saints ». Le Catéchisme
de l’Église Catholique (CEC n° 1471) précise aussi ce qu’est l’in-
dulgence.
J’espère que ce long développement sur le Jubilé et sur la miséri-
corde vous a éclairés sur cette démarche à laquelle nous invite le
Saint Père. Pour ma part, je vous souhaite un excellent Jubilé. A
l’appel de notre Pape soyons tous « miséricordieux comme le Père »,
c’est la devise du Jubilé !
Gardons première l’attention aux autres
Vivons la prévenance vis-à-vis du prochain
Ayons toujours un a priori favorable sur autrui
Rendons grâce au Seigneur pour sa miséricorde.
Monseigneur Bernard Mollat du Jourdin
Aumônier national de l’APPRR
le lien - mars 2016 - N° 264 11
Actualité
Les Journées Mondiales de la Jeunesse 2016
12 le lien - mars 2016 - N° 264
Le Père Olivier Scache a été nommé par le
Cardinal Vingt Trois délégué adjoint des
JMJ Cracovie. Comme nous avons l’occa-
sion de nous côtoyer souvent, je me suis
permis de lui poser quelques questions sur
les JMJ 2016 qui se dérouleront du 26 au
31 juillet prochain.
Question : Depuis un certain nombre d’an-
nées, on entend parler de JMJ, pourriez-vous
nous dire ce que sont en réalité des Journées Mondiales ?
O.S. : Les JMJ ont été créées en 1986 par le Pape Jean Paul II.
Les JMJ sont une « fête de la foi » au cours de laquelle des jeunes
de tous horizons et de tous pays se rencontrent pour faire l’expé-
rience de l’amour de Dieu. Ne croyez pas que les JMJ se résument
à une rencontre tous les deux ou trois ans dans une grande métro-
pole. Les jeunes, partout dans le monde se réunissent en paroisse
ou en diocèse et réfléchissent au thème durant l’année.
Lors de la rencontre internationale, les pèlerins, croyants ou non,
appartenant à toutes confessions sont d’abord accueillis en famille
pendant les « journées en diocèse ». Ils convergent ensuite vers la
métropole pour une semaine d’événements culturels et spirituels,
le point culminant de cette semaine étant la messe de clôture pré-
sidée par le Pape. Les JMJ sont devenues le plus grand événe-
ment mondial destiné à la jeunesse. Elles rassemblent plus d’un
million de participants de tous pays et de toutes langues. Aux der-
nières JMJ, à Rio de Janeiro on a dénombré 3 millions de partici-
pants dont 5.000 Français. A Cracovie sont attendus deux millions
et demi de jeunes dont 60.000 Français.
le lien - mars 2016 - N° 264 13
Question : Pourquoi, à votre avis avoir choisi l’ancienne capitale
de la Pologne, Cracovie, pour cette rencontre internationale ?
O.S. : C’est la seconde fois que les JMJ se déroulent en Pologne.
La figure emblématique de Cracovie, c’est Jean Paul II. Il en fut l’ar-
chevêque avant de devenir Pape ! Son ancien secrétaire Monsei-
gneur Stanislas Dziwisz est actuellement l’archevêque de cette ville
considérée comme le centre culturel et scientifique du pays avec
l’Université Jagellonne (1816). Cracovie fut capitale européenne de
la culture en 2000.
Question : Pourriez-vous nous révéler le thème retenu pour ces
prochaines JMJ ?
O.S. : Choisi par le Pape François dès 2014, c’est le thème de la
miséricorde. Ce thème a pris une nouvelle dimension avec l’an-
nonce du Jubilé de la Miséricorde. Le Président du Conseil pour
les laïcs, le Cardinal Rylko a parlé des futures JMJ comme d’« un
véritable Jubilé des jeunes au niveau mondial. Ils seront appelés à
réfléchir sur le thème de la miséricorde comme idéal de vie et
comme critère de crédibilité pour notre foi. »
Question : Vous nous avez dit tout à l’heure que la première partie
des Journées se passait en diocèse. Les diocèses français n’iront
donc pas toute de suite à Cracovie. Où iront-ils ? Que se passera-
t-il donc entre le 20 et le 25 juillet ?
O.S. : Je voudrais vous donner quelques chiffres avant de répondre
à votre question. Comme je vous l’ai déjà dit, la France sera la
Deuxième délégation étrangère avec 60.000 jeunes Français. 96
diocèses seront représentés. Une équipe nationale de coordina-
tion composée d’une trentaine de personnes travaille en lien avec
le Service National pour l’Évangélisation des Jeunes et le Service
des Vocations. Cette équipe a pour but de soutenir et de coordon-
ner les projets des groupes français avec le comité organisateur
local des JMJ. Pour l’instant, cette équipe prépare des projets per-
mettant aux délégués diocésains d’animer la préparation des JMJ
d’ici juillet prochain.
Je réponds maintenant à votre question : la semaine du 20 au 25
juillet est prévue dans les différents diocèses de Pologne pour fa-
ciliter l’intégration des jeunes dans le pays d’accueil et de permettre
aux jeunes de découvrir une Église locale dans ses dynamismes
et ses défis. De nombreux groupes français vivront des projets sin-
guliers et originaux sur l’ensemble du territoire polonais. Des caté-
chèses seront données : prédication faite par l’évêque,
témoignages divers, temps d’échange. Chaque jeune sera invité à
écouter une parole de foi, l’invitant à entrer dans une relation per-
sonnelle avec le Christ, en communion avec d’autres.
Question : Une fois arrivés à Cracovie, les jeunes se verront pro-
poser différentes activités ; pouvez-vous évoquer quelques aspects
de ces propositions ?
O.S. : Bien entendu une fois arrivés à Cracovie, les jeunes se ver-
ront proposer et le « festival de la jeunesse » et le « forum des vo-
cations ».
Je m’explique : le « festival de la jeunesse » a pour objectif de fa-
voriser la rencontre entre les hommes et Dieu à travers la beauté
de l’art et les richesses naturelles et culturelles de Pologne. Spec-
tacles, concerts représentations théâtrales mettront en avant la pré-
sence de l’Église dans la société. Expositions, projections de films,
découverte du patrimoine religieux de Cracovie.
« Le forum des vocations » se tiendra dans un stade, proche de
Cracovie. Ce forum permettra aux pèlerins de découvrir les diffé-
14 le lien - mars 2016 - N° 264
rents chemins de vocation dans l’Église. De nombreux échanges
permettront aux jeunes de découvrir la présence du Christ dans
leur choix de vie. Nombreuses seront présentes les communautés
religieuses.
Je vous remercie Père Olivier Scache de vous être prêté à ce jeu
de questions/réponses qui nous a permis de comprendre l’enjeu et
le défi de pareilles rencontres, tout cela bien entendu suppose
nombre de réunions, de problèmes à résoudre tant dans des do-
maines spirituels que matériels.
Soyez assuré de la prière des parents de prêtres, religieux et reli-
gieuses pour vous-même et pour toute l’équipe de préparation ainsi
que pour tous les jeunes participants aux JMJ prochaines.
En Juillet, nous serons de cœur avec vous !
Merci !
Propos recueillis par Monseigneur Bernard Mollat du Jourdin
le lien - mars 2016 - N° 264 15
16 le lien - mars 2016 - N° 264
en Allemagne
par Karl Endisch curé de Bammental, Wiesenbach et Gaiberg près
de Heidelberg
Permettez-moi de commencer par quelques
notes personnelles. J’ai 66 ans, je suis prê-
tre du diocèse de Freiburg in Brisgau, or-
donné en 1975 ! Après une année d’études
(1970/71) à l’institut catholique de Paris, je
suis resté en relation avec des amis fran-
çais. Interrogé par Jean-Claude Chatillon –
engagé dans le jumelage Donnery-Wiesen-
bach – j’écris mon premier article dans un
journal français.
Bien sûr, c’est surtout un point de vue personnel que je vais vous
transmettre, également une vue de l’Église du diocèse de Fribourg,
qui contient les pays de Bade et de Hohenzollern en Bade-Würtemberg !
Les chrétiens en Allemagne vivent dans les mêmes conditions de
vie qu’en France. Notre société est sécularisée et multi religieuse.
La foi chrétienne est donc touchée par les mêmes problèmes qu’en
France : libéralisation, individualisation, sectorisation. Je vais donc
décrire ce que je considère comme spécifique à l’Allemagne.
L’Église de la Réforme
Dans tous les changements de l’histoire, la France - fille aînée de
l’Église – est toujours restée catholique. L’Église en Allemagne est
l’Église de la réforme. Si on parle avec quelqu’un qui se considère
comme chrétien, il faut toujours lui demander : « es-tu catholique
ou évangélique ? » ; dans certaines régions, on dit : protestant, dans
d’autres : luthérien, en Suisse : réformé. Alors en Allemagne il
n’existe pas une Église, mais plusieurs ! D’une façon générale, on
vit bien avec ces traditions liturgiques et religieuses différentes. On
envisage des projets communs, travailler ensemble, faire des célé-
brations œcuméniques plusieurs fois au cours de l’année. On s’est
Universalité de l’Église...
le lien - mars 2016 - N° 264 17
rendu compte que nous prêchions à nos fidèles la même Bonne
Nouvelle du Christ. Actuellement on est en train de préparer la cé-
lébration de l’année 2017, qui marquera le 500ème anniversaire
des 95 Thèses de Luther. L’Église catholique se prépare à y parti-
ciper et à s’y associer. On veut faire comprendre que la Réforme
concerne tous les chrétiens – pas seulement les protestants luthé-
riens – et rappeler les dons que le catholicisme a reçus de la Ré-
forme, à commencer par l’usage des langues vernaculaires pour la
liturgie !
L’Église en Allemagne se présente comme les Allemands
Comme les Allemands, l’Église en Allemagne est riche, bien ordon-
née et bien organisée. Elle jouit d’une assise financière et institu-
tionnelle garantie par la loi fondamentale et assume une mission
publique, notamment dans les domaines sanitaire et social. De
nombreuses organisations ecclésiales différentes gèrent une mul-
titude d’hôpitaux, d’instituts pour handicapés, de cliniques, d’épice-
ries solidaires, sans parler des jardins d’enfants et des centres de
conseil conjugal.
Comme curé d’une unité pastorale de 7 paroisses avec environ
11.000 catholiques, 3 prêtres, un diacre, 4 assistants pastoraux, j’ai
aussi sous ma responsabilité les employés de 7 jardins d’enfants,
soit 100 personnes. Bien sûr, je suis assisté d’un gestionnaire ad-
ministratif. Souvent je ressens cette lourde charge, mais c’est aussi
une grande chance que les enfants puissent se familiariser avec
les traditions chrétiennes : Noël ou Pâques, Saint Martin ou Saint
Nicolas. Néanmoins on constate souvent chez les employés un
fossé entre leur engagement social professionnel et leur participa-
tion à la vie liturgique et à la prière.
Les Églises : collectivités de droit public - Le denier de l’Église
ou les impôts d’Église
L’Église en Allemagne a un statut de collectivité de droit public.
L’Église et l’État sont séparés, mais une coopération très étroite
existe entre eux. L’État prélève pour l’Église les impôts d’Église (en-
viron 10% de l’impôt sur le revenu). Ce système de coopération a
des origines historiques. L’Église protestante s’est organisée très
tôt après la réforme dans les “Landeskirchen”. Le duc, le comte ou
le roi était le plus haut représentant de son Église et le garant de
sa vie – comme aujourd’hui la reine d’Angleterre pour les Anglicans.
Au XIXème siècle, la population catholique a revendiqué les mêmes
droits que les protestants. Au début du XXème siècle, quand on a
mis en place en France le système de laïcité, les états allemands
ont institué les impôts d’Église. Beaucoup d’Allemands acceptent
de payer leur impôt ecclésial, sachant que celui-ci va aux services
sociaux et pastoraux de l’Église. Pourtant, parmi les gens qui quit-
tent l’Église, un nombre important le font pour des raisons finan-
cières. En 2014, on a enregistré 217.716 sorties de l’Église, mais
aussi 4.000 demandes de réintégration.
Ce système est loin du modèle français de laïcité. Notre histoire,
l’influence de la théologie protestante, la théologie enseignée dans
les facultés d’État, les cours d’instruction religieuse dispensés
jusqu’au baccalauréat ont façonné une Église allemande qui tient
à sa liberté de pensée et de parole.
grande rue de Wiesenbach :
l’église évangélique à gauche, l’église catholique à droite
18 le lien - mars 2016 - N° 264
Je peux compter mes fidèles !
Mes amis français sont parfois étonnés qu’en Allemagne on puisse
compter ses fidèles. Quand j’étais curé à Fribourg en Brisgau, on
se rencontrait chaque année avec les prêtres du diocèse de Besan-
çon. Nos confrères français souriaient toujours, quand nous parlions
de trois ou cinq mille catholiques dans nos paroisses. Les Français
pouvaient seulement dire : oui dans notre quartier ou dans nos vil-
lages il y a environ tant d’habitants, tant de baptêmes, tant de fa-
milles qui prennent part à la vie paroissiale, peut-être aussi tant de
musulmans.
Chez nous, chaque paroisse reçoit de la mairie la liste des membres
inscrits. Si quelqu’un est baptisé, la paroisse informe la mairie des
baptêmes et le nouveau-né, l’adolescent ou l’adulte est ainsi inscrit
comme romain-catholique (r.k.) ou protestant (ev.).
Repères chiffrés
Dans toute l’Allemagne il y a selon la statistique de la conférence
épiscopale de juillet 2015, 80 millions d’habitants, dont environ 24
millions de catholiques (30%) et 23 millions de protestants. Un tiers
des Allemands est sans confession ou d’une autre religion. Il y a 4
millions de musulmans, surtout des Turcs, la communauté juive
compte environ 100.000 personnes. La majorité des catholiques vit
au sud et à l’ouest de l’Allemagne. Ils sont répartis dans 27 dio-
cèses. De grandes différences existent entre les 8 diocèses de l’Est
(correspondant à l’ex-RDA) où le taux de catholiques est entre 3 et
5% de la population et les diocèses de l’Ouest (l’ex-RFA) où ce taux
peut atteindre 89% (diocèse de Passau)
L’Église compte 66 évêques, environ 15.000 prêtres et 3.000 dia-
cres, 3.000 référents pastoraux (laïcs salariés en responsabilité
ayant un diplôme universitaire de théologie) et 5.000 assistants pas-
toraux (laïcs salariés ayant un diplôme de catéchèse ou de liturgie).
Le nombre des prêtres diminue comme partout en Europe. Mais
grâce, aux salariés laïcs, il y a quand même une grande qualité pro-
fessionnelle dans la catéchèse et dans tout le travail pastoral. La
Caritas, financée d’une part par l’impôt ecclésial et d’autre part par
le lien - mars 2016 - N° 264 19
l’État et les collectivités territoriales, compte environ 500.000 salariés
(contre 430.000 salariés pour le Diakonisches Werk, la « caritas »
de l’Église protestante).
La Pastorale et son organisation !
Comme en France, de nombreuses paroisses étaient trop petites
pour pouvoir répondre aux nécessités de l’activité pastorale. Ces
dernières années, on a formé dans les diocèses des unités pasto-
rales. Déjà beaucoup d’activités ont dépassé largement le cadre de
la paroisse : par exemple les préparations au mariage et au baptême,
la confirmation, les mouvements et les associations, la Caritas ! Notre
diocèse de Freiburg avec 1,9 million de catholiques compte environ
1.000 paroisses, on a ainsi formé 224 unités pastorales avec des
configurations variées. Chacune a un conseil pastoral élu, qui ré-
fléchit, coordonne et décide des questions concernant tous les pa-
roissiens. Dans les différents lieux, les équipes pastorales sont
responsables de l’organisation et du développement de la vie sur
place. Ce changement de structure ouvre également des perspec-
tives œcuméniques et facilite des célébrations communes en fonc-
tion des besoins locaux.
Dans tous les changements de structure je tiens toujours à dire :
« L’Église reste dans le village, en ville ou dans le quartier ».
L’Église ne vit pas de structures, même bien faites, ni seulement
d’unité de la pastorale aussi nécessaire soit-elle. Elle est d’abord
un tissu de relations créées par la foi en Jésus Christ. Elle est
d’abord un groupe d’hommes et de femmes unis et rassemblés par
la même convocation du Christ ressuscité pour vivre de cette Bonne
Nouvelle et d’en témoigner auprès de leurs frères.
20 le lien - mars 2016 - N° 264
le lien - mars 2016 - N° 264 21
L’ORDRE DES CLARISSES
Al'occasion d'un pèlerinage àAssise
en avril dernier, nous avons pu ren-
contrer sœur Marie de l'Unité, de
l'ordre des Clarisses, au monastère
français Sainte-Colette. Voici son
témoignage.
Le Lien : Pouvez-vous, ma Sœur,
nous présenter l'Ordre des
Clarisses ?
Sœur Marie : Actuellement, l'Ordre est répandu dans une centaine
de pays et compte environ 15.000 clarisses, réparties dans à peu
près mille monastères. Les communautés sont autonomes et sont
réunies en fédérations (actuellement quatre fédérations en France).
Nous n'avons pas d'apostolat au sens strict du terme, contrairement
aux sœurs franciscaines, mais nous menons une vie analogue à
celle des sœurs Carmélites : nous sommes consacrées à la prière
et à la vie fraternelle. Nous intégrons une communauté pour notre
vie entière.
Être Clarisses, c'est vivre ensemble, simplement. C'est prendre
soin de l'autre, c'est s'entraider, en sœurs. C'est aussi accueillir
ceux qui frappent à la porte.
Pour moi, chaque vocation représente une facette de la vie du
Christ... Nous, c'est Cana et encore la vie à Nazareth, le Calvaire,
la Pentecôte, là où Marie était présente.
Notre vocation s'inspire du message de saint François et de sainte
Claire, tous deux nés à Assise. Dans la lettre aux Hébreux, il est
dit de Moïse que « il tint ferme comme s'il voyait Celui qui est invi-
sible » (Heb 11,27). Voici la vocation et la mission prophétique
d'une communauté contemplative comme la nôtre, dans un
Rencontre avec
22 le lien - mars 2016 - N° 264
monde liquide, où tout est fragile : la solidité du roc, de ce roc
qu'est le Christ lui-même.
LL : Mais pourquoi donc un monastère de sœurs Clarisses françaises
à Assise ?
SM : Tout d'abord, savez-vous que François s'exprimait en français
quand il laissait jaillir sa louange ?
Ensuite, il faut relire l'histoire de notre fondation : notre monastère
a été fondé il y a 100 ans par des sœurs de Paray-le-Monial, heu-
reuses de venir s'implanter sur la terre de saint François et de
sainte Claire. Nous en avons gardé la particularité de célébrer en
français.
LL : Pourquoi le monastère Sainte-Colette ?
SM : Sainte Colette *(1381-1447), née dans le pays picard, a été ap-
pelée par le pape Benoît XIII à réformer l'ordre des Clarisses. Elle
a eu une vie très active, avec la fondation de pas moins de 18 mo-
nastères en France et en Belgique. C'est donc tout naturellement
que notre monastère porte son nom.
Par ailleurs, l'hospitalité attenante au monastère permet aux pèlerins
de toutes nationalités, dont de nombreux Français, de bénéficier
de la sérénité du lieu.
Présentes, mais en retrait, nous invitons nos visiteurs à s'abreuver
aux sources de la liturgie : eucharistie quotidienne, chant des
psaumes, adoration.
LL : Qu'aimeriez-vous dire de particulier aux parents de consacrés ?
SM : Le Seigneur est vrai. Le Seigneur est fidèle. Il nous attend
tous, là où nous serons unis pour toujours. Pourquoi ai-je tant reçu ?
Le temps est trop court pour lui dire merci. En méditant sur ma vo-
cation, ma maman a élargi son cœur. Elle dit « je suis la grand-
mère de tous les enfants du monde ». Sachons accueillir au-delà
de notre famille.
le lien - mars 2016 - N° 264 23
Enfin, dites bien à vos enfants prêtres qu'ils sont plus que bienvenus
chez nous, pour un temps d'aumônerie : assurer une présence au-
près des touristes et pèlerins, inviter les bénévoles de l'Hospitalité
à une expérience concrète de fraternité dans le service.
Et bien entendu, nous apporter le pain de la Parole et des sacre-
ments.
En rentrant chez lui, l'aumônier aura été un témoin privilégié de
notre charisme, et pourra mieux en parler aux personnes qu'il cô-
toie, et plus particulièrement aux jeunes.
Propos recueillis par Marie-Claude et Régis Duriez
* Née sur le tard (sa mère Marguerite avait 60 ans), sainte Colette
est souvent invoquée lorsque l'enfant se fait par trop désirer. Elle
est invoquée aussi par les mamans qui attendent une naissance.
Monastère Sainte Colette
Clarisses Françaises
Borgo San Pietro 3
06081 ASSISI
Site Internet : http://www.clarissesdassise.com
24 le lien - mars 2016 - N° 264
Prier avec...
SAINTE COLETTE
Sois béni, Seigneur,
pour cette Heure unique dans l’histoire,
qui a vu naître Ton Fils, JÉSUS,
vrai Dieu et vrai Homme.
Sois béni, Seigneur,
pour Ton Esprit Créateur,
qui l’a engendré,
dans le sein de la Vierge Marie.
Sois béni, Seigneur,
pour la glorieuses Vierge Marie
qui a donné chair
à Ton Fils, JÉSUS, vrai Dieu et vrai Homme.
Seigneur,
par l’intercession de la Vierge Marie,
et en mémoire de cette Heure sainte
qui a vu naître ton Fils, exauce mes prières,
et accomplis mon désir de vrai Bonheur.
O JÉSUS-CHRIST, notre Sauveur,
Source de la Foi et de toute tendresse,
pour la gloire de Ton Nom,
comble mon désir du Souverain Bien,
Ta Vie Éternelle.
Amen.
le lien - mars 2016 - N° 264 25
De Lien en Lien
EN 2009, j'avais accepté de prendre la rédaction en chef du Lien
(intitulé bien pompeux mais voilà c'est le terme consacré) succédant
ainsi à Guy de Chaignon.
Depuis, avec le comité de rédaction, nous avons assuré la parution
des 4 numéros annuels.
Vos encouragements, après le lancement de la nouvelle formule,
ont conforté notre enthousiasme et notre désir d’être toujours
davantage attentifs à la transmission de nos diversités et de notre
unité et de permettre ce lien entre les lecteurs et l'association, entre
les lecteurs eux-mêmes.
Du travail, bien sûr, mais surtout beaucoup de joie, de connivence
et d'amitié !
Merci au Père Mollat du Jourdin, à Jean-Philippe puis à Bernard, à
Jean-Claude, Régis et Jean-Pierre de m'avoir ainsi supportée (dans
les deux sens du terme) trimestre après trimestre.
Merci à Denise Dumolin d’avoir tenu avec persévérance la rubrique
Plaisir de lire.
Merci à chacun d’entre vous pour les participations diverses d’écri-
ture et de contributions.
Merci aussi aux religieuses du Carmel de Frileuse, toujours dispo-
nibles pour la réalisation et l’expédition de nos numéros.
Aujourd’hui vous avez entre les mains le n°264 !
Ce qui veut dire que, depuis près de 70 ans, des équipes successives
ont œuvré pour que notre Lien arrive avec régularité chez chacun.
Vient avec ce numéro mon tour de passer la main.
Fernand Dervaux prend le relais aujourd'hui : qu'il en soit remercié.
Grâce à lui, le comité de rédaction peut continuer son œuvre.
Le Lien a de bien beaux jours devant lui !
Trimestre après trimestre, ligne après ligne, qu’il nous aide, au fil
de ses pages, encore et toujours, à chercher et trouver le visage
du Christ crucifié et souriant, présent et aimant !
Odile de Sinety
Le courrier des lecteurs
26 le lien - mars 2016 - N° 264
Plaisir de lire
LOURDES DANS L’HISTOIRE
Mgr Jacques PERRIER (L’Harmattan)
Il en fut le « gardien de la Grotte » (ainsi qu’il se définit lui-même)
pendant 15 ans et il lui a consacré six livres, sans compter le guide
des sanctuaires : Monseigneur Jacques PERRIER, évêque émérite
de Tarbes et Lourdes, nous livre là une véritable encyclopédie sur
Lourdes et son évolution au fil des ans.
Avec son style – vif, précis, alerte- il ouvre ce grand dossier, de près
de 400 pages, sur l’apologétique et les polémiques. Au terme : la
tradition qui regarde l’avenir.
Passionnant, tant pour le croyant que le simple curieux. Un judicieux
index permet de « picorer » au gré des thèmes abordés.
Indiscutablement, « le » livre de Lourdes !
LE NOM DE DIEU EST MISÉRICORDE
Pape FRANCOIS (Robert Laffont / Presses de la Renaissance)
Lors du lancement -le 12 janvier à Rome- du dernier livre du Pape
François, l’inimitable Roberto BENIGNI a souligné qu’il n’y avait que
ce pape pour « faire présenter son livre par un cardinal vénitien, un
détenu chinois et un comique toscan ». Et d’ajouter : « ce pape ne
s’arrête jamais ; il marche, il conduit toute l’Église vers un certain
lieu : le christianisme ».
Avec cette conclusion : « la joie est le grand, le gigantesque secret
du christianisme ».
On ne saurait plus joliment résumer les mots du Pape François :
« la miséricorde, c’est l’attitude divine qui consiste à ouvrir les bras.
C’est Dieu qui se donne et qui accueille et qui se penche pour par-
donner ».
le lien - mars 2016 - N° 264 27
GUIDE DU JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE
A Rome, dans son diocèse et chez soi
Michel COOL (Salvator)
Pour vivre cette Année Sainte 2015-2016, voici justement un livret,
d’une cinquantaine de pages. Il permet de vivre le Jubilé de la Mi-
séricorde aussi bien en pèlerinage à Rome que dans son propre
diocèse et même à domicile.
Avec, entre autres, les 5 mystères du Rosaire spécifiques. Même
ceux ou celles qui ne peuvent pas se déplacer peuvent, ainsi, vivre
pleinement ce temps extraordinaire.
JOIE DE LA RÉSURRECTION
Olivier CLÉMENT (Salvator)
L’immense théologien orthodoxe, Olivier Clément, endormi dans le
Seigneur voici six ans, a toujours eu des accents exceptionnels
pour nous faire vivre le sommet de notre foi, du Grand Vendredi-
Saint à la Résurrection. Ces quelques textes - essentiellement iné-
dits - nous guideront pour participer pleinement à cet affrontement
de la Mort et de la Vie.
Écrivain, philosophe et passeur entre Orient et Occident, Olivier
Clément est aussi un poète…
RIEN QUE L’AMOUR
Martin STEFFENS (Salvator)
Mon (jeune) curé me l’a fait découvrir : Martin Steffens, agrégé de
philo, qui enseigne à Metz, avait obtenu le prix « Humanisme chré-
tien 2013 » avec son petit Traité de la Joie.
« Rien que l’amour », sous-titré : « repères pour le martyre qui vient »,
en est le prolongement. Bien –hélas- dans l’actualité !
« Il faut reconnaître le mal quand il s’abat sur nous ». Et il ne s’agit
pas de baisser les bras : « notre vocation c’est d’aimer… Comment
inventer aujourd’hui l’amour dont demain a besoin ? »
Citant Henri POURRAT (un écrivain d’Auvergne trop oublié) à pro-
pos de Charles de FOUCAULD : « il y a toujours la croisade. Elle
ne se fait plus par l’épée… c’est la croisade quasi-silencieuse qui
demande des chrétiens exemplaires ».
28 le lien - mars 2016 - N° 264
TERRORISTES , LES 7 PILIERS DE LA DÉRAISON
Marc TRÉVIDIC (Le Livre de Poche)
Excellente idée d’avoir réédité, en poche, ce livre -sorti en 2013-
d’un grand juge de la lutte anti-terroriste. Il reste d’une troublante
et tragique actualité.
De façon subtile et percutante tout ensemble, Marc Trévidic, à travers
des parcours individuels significatifs, réalise un glaçant patchwork.
La nouvelle qui illustre l’épilogue est saisissante.
CENT ANS C’EST PASSÉ SI VITE
Gisèle CASADESUS (J’ai Lu)
En poche également, réédition (encore) d’un petit bijou. Le récit,
par ordre alphabétique et sous forme de courtes confidences à Eric
Denimal, de plus d’un siècle de vie : celle de la lumineuse Gisèle
CASADESUS.
D’entrée : « je suis faite pour la paix, l’Amour avec un grand A et la
lumière d’en haut. Il y a, pour moi, un Ailleurs plus puissant encore
que la vie ».
Famille d’artistes talentueux et brillants mais, surtout, sens des valeurs :
« celles que j’ai voulu transmettre à mes enfants sont si évidentes
que je doute qu’il faille les rappeler : l’amour, l’honnêteté, la simplicité,
le travail. Qui peut dire que ces choses ne sont pas essentielles ? »
« J’ai été élevée dans une famille où l’amour du prochain est une
mission. Rendre service est une attitude simple qui permet d’ac-
complir facilement cette mission ».
Y a-t’il plus beau résumé de vie ?
JE DIRAI, MALGRÉ TOUT, QUE CETTE VIE FUT BELLE
Jean d’ORMESSON (Gallimard)
Après le triptyque précédent, aux titres déjà puisés dans les poèmes
d’’Aragon, Jean d’ORMESSON se livre à un « auto-procès ».
« Je ne me mets pas très haut mais je ne suis pas tombé assez
bas pour vous livrer ce qu’on appelle des mémoires », estime le
brillant écrivain-journaliste, qui avoue avoir aimé le bonheur et le
le lien - mars 2016 - N° 264 29
plaisir. Mais porte un regard « plus grave sur le drame qui ne cesse
de se jouer entre le temps et l’éternité et qui nous emportera ».
Bossuet, Racine, Raymond Aron ou Paul Morand sont revisités. De
la vraie littérature !
VOYAGE DANS LA ROME BAROQUE
Le Vatican, les princes et les fêtes musicales
Patrick BARBIER (Grasset)
Professeur à la Catho d’Angers, Patrick BARBIER est un passionné
d’Italie et de musique.
Après « la Venise de Vivaldi » et « Naples en fête », la Rome ba-
roque ne pouvait que suivre…
« À chaque pas surgit un passé musical que l’on croit lointain et qui
est en fait si proche de nous. Tout est encore là pour exciter notre
imagination et nous ramener vers ces deux siècles où les arts, la
musique et la fête ont atteint leur zénith. Rome n’a pas fini de nous
envoûter ».
Bien résumé !
ENQUÊTE D’AILLEURS
Frontières du corps et de l’esprit
Philippe CHARLIER ( Balland / Arte éditions)
J’ai découvert Philippe CHARLIER, quasiment par hasard, sur Arte.
Épatée (comme dirait Jean d’Ormesson) par la qualité et l’originalité
de ses « enquêtes d’ailleurs », j’ai appris qu’il était… médecin-légiste.
Anthropologue (et, en prime, docteur ès-Lettres) il nous livre 30 regards
sur les lieux marquants qui ont un lien avec les rites et les mythes,
le corps humain et la mort.
Des chevaliers Teutoniques aux mystérieux étrusques, ou des Chré-
tiens des premiers temps en Ethiopie, aux esprits du Japon…un ex-
traordinaire voyage !
30 le lien - mars 2016 - N° 264
Au moment du bouclage de ce numéro, on apprend la mort, à 91
ans,de Michel TOURNIER.
Prix Goncourt, à l'unanimité, en 1970., pour " le Roi des aulnes",
son "Vendredi ou les limbes du Pacifique" a régalé autant d'adoles-
cents que de parents.
Un honnête homme, un grand écrivain français et une belle écriture
classique.
Il aurait désiré pour épitaphe : « je t'ai adorée. Tu me l'as bien rendu.
Merci la Vie ! »
Belles et bonnes lectures !
et, surtout, allez visiter les (bons) libraires !
Denise Dumolin
Journaliste
le lien - mars 2016 - N° 264 31
Monseigneur Michel Coloni nous quitte.
Depuis 2008, Monseigneur Michel Coloni arche-
vêque émérite de Dijon, nous a accompagnés
dans notre conseil d’administration, mais aussi à
nos pèlerinages de Tours, Dax et Lyon. J’ai le
souvenir de son accueil chaleureux à l’entrée de
la salle à manger le soir de l’arrivée à Dax.
Son aide nous a toujours été précieuse quand
des questions délicates se présentaient à nous.
Nous le remercions vivement pour cette fruc-
tueuse collaboration.
En septembre dernier, il nous a demandé de bien vouloir le déchar-
ger de cette mission qui devenait bien lourde pour lui. Tout en le
regrettant vivement, nous ne pouvions qu’accepter son souhait.
Nous lui souhaitons une bonne « deuxième » retraite.
Monseigneur Yves Patenôtre nous rejoint.
Comme nous l’avons annoncé au pèlerinage,
Monseigneur Yves Patenôtre, archevêque émé-
rite de Sens et de la Mission de France, a accepté
de nous accompagner dans la mission qui nous
est confiée de présence, d’écoute et de prière
pour tous les parents de consacrés.
Il est originaire de Troyes, mais a fait ses études
à Paris où ses parents étaient installés pour leur
profession, mais il choisit son diocèse d’origine
pour son incardination. Il est donc prêtre du diocèse de Troyes,
avant d’être évêque de Saint Claude, puis de Troyes.
Il nous rejoint pour notre prochain conseil d’administration du 12
mars, et j’espère que vous viendrez nombreux à notre prochaine
Assemblée Générale le samedi 1er octobre chez les Lazaristes,
nous fêterons à cette occasion nos 90 ans !
Bernard de Vaugiraud, président
Vivre ensemble
Conseil d’administration du 28 novembre 2015
Nous avons décidé d’avoir désormais deux conseils d’administra-
tion dans l’année, un qui se situe en mars et l’autre une journée
après l’assemblée générale (pour limiter les déplacements).
En novembre nous avons réfléchi sur « comment parlons-nous de
l’APPRR ? » Qu’est-ce que nous voudrions voir changer ou améliorer ?
Comment et à qui en parlons-nous ?
Nous nous sommes mis en petits groupes, une fois le matin et une
autre fois l’après-midi.
• Nous avons pensé qu’il fallait en parler sans limite (un admi-
nistrateur en parlait en covoiturage le matin !), à nos prêtres, aux
paroissiens….
• Il nous faut vivre une vraie « FRATERNITÉ » entre nous,
dans la relation amicale, mais aussi dans la prière.
• Il nous faut au-delà de nos réunions organiser des rencon-
tres ouvertes aux parents qui ont des enfants en discernement, ani-
mer des prières pour les vocations ou pour les consacrés ouvertes
à tous.
L’après-midi, nous avons porté notre réflexion sur les besoins de
nos groupes pour qu’ils soient plus attractifs.
• Ouvrir nos groupes, nous rendre plus visibles.
• Établir des bourses d’échange entre les groupes.
• Que chacun fasse vivre notre site internet en donnant des
informations récentes sur nos activités régionales.
• Favoriser des rencontres inter-groupes.
• Inciter tous les adhérents à être abonnés au LIEN.
Nous cherchons en conseil d’administration à être « invitant » pour
tout parent de consacré pour répondre au souhait du Cardinal SU-
HARD : « Afin qu’aucun parent ne reste isolé spirituellement ».
Nous nous fixons pour objectif d’inviter tout parent de consacré à
nous rejoindre, il nous faut donc aller au-devant d’eux et leur ré-
server un accueil toujours plus FRATERNEL dans nos groupes.
Bernard de Vaugiraud
32 le lien - mars 2016 - N° 264
le lien - mars 2016 - N° 264 33
VIE DES GROUPES
Groupe du diocèse du Puy-en-Velay
Rencontre du 24 novembre, à la maison Nazareth
Notre réunion d'automne s'est tenue comme à
l'accoutumée, à la Maison Nazareth qui accueille
des prêtres retraités ainsi que des religieuses et
des résidents laïcs âgés.
Une dizaine de parents étaient présents. Nous
avions la joie d'accueillir notre nouveau Conseil-
ler Spirituel en la personne de Mgr Claude
FEIDT, évêque émérite d'Aix en Provence, retiré
au Puy depuis quelques années.
Mgr FEIDT se présenta en quelques mots suivi d'un tour de table
des participants. Comme thème retenu pour son entretien, notre
conseiller avait choisi de nous parler de ce que peut être un par-
cours d'évêque, en l'occurence le sien.
Originaire du diocèse du Puy, ayant connu la seconde guerre mon-
diale et la guerre d'Algérie où il servit dans les djebels, il exerça
après son séminaire diverses responsabilités diocésaines. Appelé
comme évêque auxiliaire à Chambéry, il succéda à l'évêque titulaire
puis, quelques années plus tard, il fut nommé archevêque d'Aix en
Provence.
Son épiscopat à Aix fut marqué par la guérison miraculeuse d'une
petite sœur des Maternités Catholiques : Sœur Marie Simon-Pierre
atteinte à l'âge de 46 ans par la maladie de Parkinson. Le couvent
de cette religieuse est situé à côté d'Aix en Provence.
Le 3 juin 2005, sœur Marie Simon-Pierre est guérie. Mgr Feidt ouvre
alors une enquête dans son diocèse pour savoir si la guérison est
miraculeuse. Elle est inexplicable selon la conclusion des spécia-
listes.
En 2009, la congrégation pour la cause des saints conclue à l'hé-
roicité des vertus de JEAN PAUL II, béatifié le 1er Mai 2011 puis
canonisé le 21 avril 2014. Tout le monde se souvient de la cérémo-
nie de canonisation de JEAN PAUL II sur la place Saint-Pierre au
cours de laquelle sœur Marie Simon-Pierre déposait auprès de l'au-
tel une ampoule contenant le sang de JEAN PAUL II.
Il convient de préciser que JEAN PAUL II était atteint de la maladie
de Parkinson, comme sœur Marie Simon-Pierre. Jean Paul II est
décédé le 2 avril 2005 et sœur Marie Simon-Pierre est guérie le 3
juin 2005, soit tout juste deux mois plus tard. Elle attribue sa guéri-
son à Jean Paul II.
« C'est un événement assez exceptionnel dans une vie d'évêque
d'avoir une miraculée dans son diocèse » conclue Mgr FEIDT !...
La messe du Christ Roi fut célébrée dans la chapelle de Nazareth
avec tous les résidents. Le repas pris en commun fut très chaleu-
reux, à l'issue duquel nous avons évoqué, photos à l'appui, le pèle-
rinage à Caen. Chapelet à l'oratoire et prière de l'Association ont
conclu notre journée.
Michel Alizard
Groupe du diocèse de Nantes
Rencontre du 16 janvier 2016.
En ce début d’année, l’APPRR de Nantes s’est
retrouvée dans la salle paroissiale de St Dona-
tien. Nous y avons célébré la messe, présidée
par notre aumônier, le Père Emprou. Puis, Mme
du Rusquec, la responsable de notre groupe,
nous a donné des nouvelles des membres de
notre association qui n’avaient pu se déplacer.
Ensuite, nous avons projeté un montage de pho-
tos prises lors de notre pèlerinage à Bayeux,
Caen et Lisieux. Nous y avons ajouté un témoignage personnel que
je relate ici.
Quel témoignage vous retransmettre de ces journées ?
En premier lieu, je dirai, la joie de se retrouver pour vivre un pèleri-
34 le lien - mars 2016 - N° 264
le lien - mars 2016 - N° 264 35
nage riche et dense. Les échanges et les discussions ont été cha-
leureux pour partager tout ce que l’on vit, nous parents, avec nos
enfants.
Ensuite, j’ai été frappée par les homélies et les conférences que
nous avons entendues et dont certaines paroles résonnent en-
core…
Monseigneur Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux, nous a parlé
des parents de sainte Thérèse : Zélie et Louis Martin qui allaient
être canonisés : « … deux chrétiens pour qui Dieu est premier dans leur
vie. Ils ont fait de leur vie de couple un chemin de sainteté, dans l’humble
réalité quotidienne de leur vie…Cette famille… un modèle, ... » dira-t-il.
La conférence du père Jahan, directeur de l’Apostolat de la prière,
interpelle quand il déclare : « La prière transforme le monde, c’est
dès maintenant qu’il faut agir, on y va avec les moyens dont nous
disposons – un moyen : c’est la prière de chacun, de chacune, la
prière nous ouvre le cœur… ».
Pour clore notre pèlerinage, Mgr Mollat du Jourdin nous a rappelé
que nous avons trouvé des témoins des appels de Dieu et il est re-
venu sur la prière en disant : « La prière , c’est la rencontre du Christ
avec chacun, chacune d’entre nous…se savoir aimer par un Dieu
qui est AMOUR ».
Il nous a tracé la route à suivre : prier pour le monde, annoncer
l‘Amour, la Miséricorde du Seigneur et être, à notre tour, de vrais
témoins, témoins de l’AMOUR de Dieu, courageux et persévérants
par notre témoignage.
Je voudrais souligner un dernier point : les différents lieux dans les-
quels nous avons prié : la cathédrale de Bayeux, Notre-Dame de la
Délivrande, L’Abbaye aux Hommes, l ‘Abbaye aux Dames, l’Abbaye
Saint-Martin de Mondaye (abbaye de l’ordre des Prémontrés), la
Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux…Ces différents bâtiments sont
immenses. Comme nous l’a dit notre guide « Ces bâtiments ser-
vaient « la gloire de Dieu » et « l’élévation des voûtes est, pour le vi-
siteur, un appel à la spiritualité…à la prière ».
Ce mot « prière » est revenu, souvent, dans les propos de plusieurs
de nos prêtres ou conférenciers. La prière est importante dans nos
36 le lien - mars 2016 - N° 264
vies, comme pour les témoins que nous avons découverts au cours
de ce pèlerinage : les parents Martin et la petite Thérèse, en parti-
culier.
En 1897, dans « l’Histoire d’une âme » Thérèse dira ce qu’est la
prière : « Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple
regard jeté ver le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour,
au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin, c’est quelque
chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ».
Faisons nôtres les paroles de Thérèse, avec courage et persévé-
rance, comme nous y avons été invités au cours de ce pèlerinage.
Enfin, nous avons terminé cet agréable moment en partageant la Ga-
lette des ROIS.
Agnès Laganier
Groupe de Rouen
Rencontre du 26 novembre 2015 à Notre Dame d’Alet
L’automne 2015 fut vraiment riche de rencontres
au sein de l’APPRR, puisqu’il a commencé avec
ce beau pèlerinage national, qui, en plus, fut nor-
mand !
La qualité des relations humaines d’amitié et de
complicité qui s’établissent entre les participants
permet d’ouvrir notre vision vers l’Église univer-
selle riche de la variété de ses visages. Il est tou-
jours impressionnant de constater que, d’un pèlerinage à l’autre, on
reprend facilement nos conversations entre pèlerins, là où on les
avait laissées deux années auparavant ! Nous apprenons à chemi-
ner ensemble, en Église, grâce à la diversité de nos sensibilités spi-
rituelles et de nos histoires humaines. Les liens amicaux qui
s’établissent entre nous sont portés par la grâce que le Seigneur
le lien - mars 2016 - N° 264 37
déverse à profusion dans ces moments-là.
« J’ai pris conscience que l’APPRR n’était pas seulement une as-
sociation ... mais une vraie communauté qui aidait un chemin spi-
rituel à chacun » (dit une pèlerine).
En ce qui concerne le groupe du diocèse de Rouen, la proximité a
permis qu’un plus grand nombre de membres puisse y participer :
nous étions 20 pèlerins et le pèlerinage de désir y associait tous
ceux qui ne pouvaient pas faire cette démarche.
La demande de notre Pape François de consacrer l’année litur-
gique à La Miséricorde Divine, nous invite, de façon privilégiée, à
choisir ce thème de réflexion et d’échanges à l’occasion de notre
rencontre automnale.
« Que notre prière s’étende aussi à tant de
Saints et de Bienheureux qui ont fait de la
miséricorde la mission de leur vie. Cette pen-
sée s’adresse en particulier à la grande apô-
tre de la miséricorde, Sainte Faustine
Kowalska. Elle qui fut appelée à entrer dans
les profondeurs de la miséricorde divine,
qu’elle intercède pour nous et nous obtienne
de vivre et de cheminer toujours dans le par-
don de Dieu et dans l’inébranlable confiance
en son amour ».
Pape François « Misericordiae Vultus »
Jean-Marie et Anne Vachon, membres d’un groupe de prière de-
vant l’icône de La Miséricorde Divine (cette icône qui fut peinte par
sœur Marie-Faustine, selon une vision qu’elle reçut le 22 février
1931), sont venus nous parler de sainte Faustine. Ils connaissent
parfaitement son « Petit journal », ces notes intimes qu’elle rédigea
durant les quatre dernières années de sa vie. Leur intervention fut
passionnante, nous permettant de connaître sa vie et de décou-
vrir son message annonçant plus spécifiquement La Miséricorde
Divine.
Enrichis par cet enseignement, puis nourris par l’Eucharistie célé-
brée par le père Jacques Gaimard, nous nous sommes ensuite ré-
partis en trois groupes, afin de partager nos réflexions personnelles
au sujet de la Miséricorde. Afin de rentrer plus rapidement dans le
vif du sujet, nous avions conseillé à chacun de lire, avant la réunion,
la Bulle du Pape, "Misericordiae Vultus".
Quelques questions guidaient nos par-
tages :
- Qu’est-ce que la miséricorde ? Pourquoi
une telle année....
- La miséricorde : elle est d’abord pour
chacun d’entre nous à vivre.
Nous avons besoin de la miséricorde du
Seigneur. Se reconnaitre pécheur.
- Réaliser avec force l’amour infini et éter-
nel du Père, quel que soit notre péché
- Nous sommes appelés à une vie nou-
velle et envoyés en mission pour faire
connaitre cette miséricorde (et cette
année de la miséricorde) autour de nous.
- Nous prenons Marie comme guide...
Après ce très riche moment de partage, nous avons accueilli le père
Sébastien Savarin, responsable dans notre diocèse, du service des
vocations.
Quelle chance de découvrir, grâce à son exposé clair, la réalité des
réflexions et activités menées au sein du SDV ! En outre, sa venue
dans notre groupe local A.P.P.R.R., nous fait l’effet d’être désormais
connus et reconnus comme cellule particulière d’Église au sein du
diocèse. Nous guettions depuis longtemps cette opportunité qui
s’ajoute à la participation du vicaire général, le père Maheut, lors
de notre dernière réunion (mai 2015). Nous en sommes ravis !
Le SDV des 6 diocèses qui constituent la région apostolique de
Normandie a choisi de privilégier, cette année, une réflexion sur le
thème de la vocation. Il formule pour le jeudi de l’Ascension 5 mai
38 le lien - mars 2016 - N° 264
2016, ce projet : dans chaque diocèse* une marche-pèlerinage sera
organisée sur le thème : « Donne-nous la Joie d’avoir des prêtres ».
Un questionnaire guidera la réflexion des pèlerins qui seront ac-
compagnés par des personnes précises. A nous, parents dont les
enfants sont déjà adultes et engagés dans une vie consacrée, le
père Savarin nous demande de participer et d’assurer ce service
d’accompagnement. Être là auprès de ces personnes qui question-
nent, confient, espèrent ou craignent qu’une telle situation se dé-
roule chez elles. Il est question de sensibiliser les familles à cette
réalité qu’elles sont le premier terreau de l’émergence des vocations
propres à chaque jeune, quelles que soient ces vocations, orientées
vers le sacerdoce, vers la vie religieuse, mais aussi vers la vie
conjugale ou bien vers une vie célibataire choisie. Voici donc un
projet concret demandé par l’Église qui va nous mobiliser, nous de-
mander d’utiliser toutes ces richesses que nous recevons person-
nellement parce que l’un de nos enfants a été appelé à se
consacrer au service du Seigneur, d’une façon ou d’une autre. A
cette occasion, nous proposerons à tous ceux que nous accompa-
gnerons le livre « Paroles de Parents… »
Pour conclure le récit de cette rencontre-là, autant évoquer la parole
de l’une d’entre nous, au moment de se séparer : « L'APPRR est
vraiment comme une famille et il est bon de s'y retrouver ».
Nous avons gouté à ces trois dimensions qui font la richesse de
nos « liens » :
Amitié, Prière, Partage.
*Notre région apostolique de Normandie comprend 6 diocèses : Bayeux-Lisieux,
Coutances, Evreux, Le Havre, Rouen et Séez.
le lien - mars 2016 - N° 264 39
40 le lien - mars 2016 - N° 264
BULLETIN d’ABONNEMENT au LIEN
et/ou d’ADHÉSION à l'ASSOCIATION
Période du 1er septembre 2015 au 31 août 2016
M. et/ou Mme : ........................................... Prénom(s) : ..................................
Adresse : ………………………………..............………Tél : ……………………..
Code postal : .................. Commune : .............................................................
Adresse mail : ................................................@...............................................
Nom, diocèse, congrégation de votre enfant (s) ordonné ou consacré(e) :
....................................................................................................
souscrit(vent) ou renouvelle(nt) son (leur) abonnement au Lien
(bulletin trimestriel de liaison), soit 20 € ou, si adhérent 15 € : ...... €
verse(nt) la cotisation nationale 2015-2016 de membre de l'Association : 4 €
souhaite(nt) participer au soutien de l'Association en versant : €
Ci-joint, règlement par chèque à l'ordre de : "A.P.P.R.R." de : €
A remettre, SVP, à votre responsable diocésain, à l'occasion d'une réunion,
Ou à adresser au Trésorier national de l'Association :
Jean PÉNAUD, 7 rue Philippe Lebon, 37000 Tours
À Dieu
Le lien - mars 2016 - n° 264 41
Une messe est célébrée le premier dimanche de chaque
mois aux intentions de tous les membres de notre association
et plus particulièrement des défunts récemment signalés.
Nous sommes tous invités à nous y associer par la prière.
Monsieur Philippe BOIDOT, 14430 HOTOT EN AUGE
Madame Geneviève DECHERF, 59220 DENAIN
Madame Huguette DEPECKER, 60200 COMPIEGNE
Monsieur Bruno de GARIDEL, 03210AGONGES
Madame Suzanne PIMPANEAU, 75016 PARIS
MARS 2016 - N° 264
Revuedel’APPRR
AssociationNationaledesParents
dePrêtres,ReligieuxetReligieuses
Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, souverain prêtre,
tu es le modèle de chacun et chacune d’entre nous.
Conduis-nous vers ton Fils
pour que nous puissions témoigner de son amour
et apporter la lumière de sa parole.
Nous te prions pour nos enfants
afin qu’ils soient de vrais témoins des appels de Dieu.
Nous te prions pour les prêtres, religieux et religieuses
et tous les consacrés qui se sont engagés à la suite du Christ ;
pour ceux et celles qui sont parfois débordés ou harassés,
qui sont isolés ou découragés,
qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme.
Inspire-nous des pensées, des paroles et des ac ons
qui les aident et les sou ennent.
Aide-nous à susciter de nouvelles voca ons
de consacrés et de chré ens engagés.
Fais qu’en union avec nos enfants,
nous par cipions à l’extension du règne de Dieu.
Amen.
Prière de l’associa on
apprr.catholique.fr
Les Ateliers de Frileuse - Carmel - 91640 Briis-sous-Forges
Dépôt légal : 1er
trimestre 2016 - N° 264

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Le lien 264rd

  • 1. MARS 2016 - N° 264 Revuedel’APPRR AssociationNationaledesParents dePrêtres,ReligieuxetReligieuses Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, souverain prêtre, tu es le modèle de chacun et chacune d’entre nous. Conduis-nous vers ton Fils pour que nous puissions témoigner de son amour et apporter la lumière de sa parole. Nous te prions pour nos enfants afin qu’ils soient de vrais témoins des appels de Dieu. Nous te prions pour les prêtres, religieux et religieuses et tous les consacrés qui se sont engagés à la suite du Christ ; pour ceux et celles qui sont parfois débordés ou harassés, qui sont isolés ou découragés, qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme. Inspire-nous des pensées, des paroles et des ac ons qui les aident et les sou ennent. Aide-nous à susciter de nouvelles voca ons de consacrés et de chré ens engagés. Fais qu’en union avec nos enfants, nous par cipions à l’extension du règne de Dieu. Amen. Prière de l’associa on apprr.catholique.fr Les Ateliers de Frileuse - Carmel - 91640 Briis-sous-Forges Dépôt légal : 1er trimestre 2016 - N° 264
  • 2. Couverture : vitrail de l’Annonciation de frère Eric (église de la Réconciliation à Taizé) Dos : logo de l’association sculpté par CA Vairon (photo : JC Chatillon) Le Lien, trimestriel d’information édité et administré par l’APPRR (Association Nationale des Parents de Prêtres, Religieux et Religieuses) Maison de la CEF - 58 avenue de Breteuil - 75007 Paris - www.apprr.catholique.fr Directeur de publication : Bernard de Vaugiraud. Rédacteur en chef : Fernand Dervaux. Secrétaire de rédaction, conception graphique : Jean-Claude Chatillon. Impression : Ateliers de Frileuse 91640 Briis-sous-Forges. contact : courriel@apprr.cef.fr CPPAP : 0918G83496. ISSN : 1766-9634. Abonnement annuel : 20 € ; tarif préférentiel adhérent : 15 € Sommaire Edito : Ouvrir notre association (Bernard de Vaugiraud)...................................... 1 Matière à réflexion : Jublé extraordinaire de la Miséricorde (Mgr Bernard Mollat du Jourdin)..........2 Actualités : Les journées mondiales de la jeunesse (Mgr Bernard Mollat du Jourdin)...........12 Universalité de l’Église en Allemagne (Père Karl Endisch)........................16 Rencontre avec l’Ordre des Clarisses (Régis Duriez).........................................21 Prier avec Sainte Colette.............................................................................24 Le courrier des lecteurs.................................................................................25 Plaisir de lire (Denise Dumolin)........................................................................26 Vivre ensemble Notre évêque accompagnateur (Bernard de Vaugiraud)................................31 Conseil d’administration du 23 novembre 2015..................................................32 Vie des groupes.............................................................................................33 Bulletin d’abonnement......................................................................................40 À Dieu.................................................................................................................41
  • 3. Edito ous voici en cette année de la Miséricorde tournés tout particulièrement vers les autres parents de consacrés. Nous cherchons avec le conseil d’administration comment mieux ouvrir notre association et notre cœur pour accueillir tous ceux qui partagent la joie d’une vocation, mais aussi ceux qui rencontrent des difficultés dans l’acceptation de ce choix. Il nous faut privilégier toutes les occasions d’aller à la rencontre FRATERNELLE de ces familles, elles sont parfois tout près de nous et nous ne savons pas qu’un fils ou une fille est entré dans une communauté religieuse. Donc à l’occasion de vœux et d’ordi- nation, il nous faut aller à leur rencontre. Nous mettons notre prière dans le cœur tout aimant de Jésus, afin qu’Il nous aide à recevoir FRATERNELLEMENT ces familles. Paix et Bien Bernard de Vaugiraud Président de l’APPRR le lien - mars 2016 - n° 264 1
  • 4. 2 le lien - mars 2016 - n° 264 JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE « Un programme de vie aussi exigeant que riche de joie et de paix ! » (§13) Lorsque fut connue la décision du Pape François de faire de l’année à venir une année sainte de la miséricorde, quelques remous se firent entendre. En effet le mot « miséricorde » n’a pas l’heur de plaire, semble-t-il, aujourd’hui. Du reste, il n’y a pas que le mot miséricorde qui n’enthousiasme guère, mais tout ce qui est pardon, réconciliation, indulgence. Comment com- prendre cela ? Nous sommes dans une société très légaliste où l’on cherche en toute circonstance un responsable légal. Il faut trouver un responsable afin de le faire payer, de se faire rembourser ou d’indemniser les victimes. Cela vient du fait que nous sommes dans une société de com- pétition, de rivalité, il faut gagner, voire écraser le concurrent qui devient un ennemi à combattre, voire à abattre. Il faut trou- ver en l’autre les raisons de sa défaite, de son erreur pour qu’il ne puisse pas faire appel. Il faut le mettre « K.O. ». Alors, com- ment pouvoir parler de miséricorde, de pardon ? Oui cela fait vieillot, mais est-ce pour autant dépassé ? De plus, un individualisme forcené envahit la société. Chacun a ses principes moraux. « Moi seul peut juger de ce qui est bien ou mal ». On évacue très vite par là même toute notion de faute, de responsabilité et de péché. On n’a de compte à rendre à per- sonne sinon à soi-même. Je vis comme je l’entends, ce qui est premier, c’est « ma liberté ». En quoi tel ou tel peut-il être blessé par mon agir puisque nous ne fonctionnons pas dans le même système de références morales ? À cela s’ajoute que pour nos contemporains, tout ce qui est légal est devenu, à leurs yeux, moral. Matière à réflexion
  • 5. Une vie réussie pour nos contemporains se confond souvent avec la conquête réussie du pouvoir, que ce soit dans l’ordre fi- nancier, aussi bien que dans le culte du corps. Tout est centré sur son « moi ». Comment dès lors, dans une société où Dieu est absent, pou- voir cesser de culpabiliser ? On fait appel au « psy ». Mais de pardon et de miséricorde, il n’en est pas question ! Dans la « bulle d’indiction », à cette année de la miséricorde, le Pape cite saint Jean Paul II : « La mentalité contemporaine sem- ble s’opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise l’homme qui est devenu maître de la terre qu’il a soumise et do- minée ». (§ 11) Précisément, François, le Pape, vise très à propos ce qui est à convertir dans nos vies : « Nous sommes invités à vivre de mi- séricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde ». (§ 9) Que cela plaise ou non, il faut que le monde contemporain re- trouve le sens de la miséricorde : aux chrétiens de retrouver le sens et la pratique de la miséricorde : « … L’Église catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se mon- trer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ». (§ 4) Le Pape s’adresse au monde entier : « La valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Eglise. Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu. Israël a d’abord reçu cette révélation qui demeure dans l’histoire comme le point de départ d’une richesse incommensurable à offrir à toute l’humanité. (§23) Miséricordieux comme le Père, c’est donc la “devise” de l’Année Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. (§14) le lien - mars 2016 - N° 264 3
  • 6. 4 le lien - mars 2016 - N° 264 Du jubilé prescrit par le Lévitique au Jubilé de la miséricorde Le jubilé dans l’Ancien Testament Le mot jubilé, (en hébreu yôbel), signifie la corne de bélier : en effet l’ouverture de ce temps se faisait au son de la corne de bélier. Le jubilé est une année sainte décrite dans le livre du Lévitique au cha- pitre 25, 8-17 ; 23-55. Tous les cinquante ans (v.10-11), après « sept semaines d’années » (v.8), le jour des Expiations (v.9 ; 23-27 ; 32), le son de la trompe marque le début de l’année du jubilé. Pendant cette année du jubilé tous les habitants du pays sont affranchis, chacun retourne dans son clan (v.10) ; les terres restent en jachère (v.11) ; chacun retrouve sa propriété (v.10 ; 13). On récupère les terrains (v.28), les maisons ; les esclaves sont libérés (v.39, 41, 54). « C’est moi, le Seigneur, votre Dieu, qui vous ai fait sortir d’Egypte pour vous donner le pays de Canaan, afin que pour vous je sois Dieu » (v. 38) Tout cela est proposé pour des raisons religieuses (v.23, 55), mais était-ce pour autant applicable ? Des calculs ont été faits et ont montré que pour faire coïncider Jubilé et année sabbatique… il fau- drait laisser en jachère les terres pendant deux années consécu- tives ! D’autre part, comment récupérer son patrimoine après cinquante années ! Est-ce que cela fut réellement vécu ? On ne peut l’affirmer avec certitude. Selon des exégètes, cette loi du Ju- bilé serait tardive et d’origine sacerdotale. Le but était de rendre plus efficace la loi sabbatique. Que retenir de ce jubilé instauré par le Lévitique ? Tous les cin- quante ans on remet « tout à zéro », on repart sur un nouveau pied, on se convertit : on reprend conscience que c’est Yahvé qui a libéré son peuple et que c’est à Lui que l’on doit tout. Il convient donc de se libérer, de se désengluer et c’est là une très belle attitude reli- gieuse : tout vient de Dieu. Le Jubilé dans le Nouveau Testament Saint Luc reprend la prophétie messianique d’Isaïe (Luc 4, 16-30). Il nous montre Jésus dans la synagogue de Nazareth, lisant Isaïe 61 et reprenant les paroles du prophète à son compte. Il a
  • 7. le lien - mars 2016 - N° 264 5 été envoyé pour « évangéliser les pauvres » : bénéficiaires du Jubilé, « remettre en liberté les opprimés ». C’est en Lui que s’ac- complit cette prophétie destinée à tous les hommes. Ceux qui croient en Jésus Christ sont libérés et leurs fautes par- données (Eph. 1, 7-18). Ils deviennent « héritiers du Royaume » (Jc 2,5). La libération des esclaves lors du jubilé est opérée par Jésus Christ qui libère les croyants de l’esclavage du péché ; « C’est pour que nous soyons libres, que Jésus Christ nous a libérés » (Gal.5.1). « L’année de grâce » (Luc 4,19) citée par Isaïe (61,2), et prescrite par Lévitique 25, se trouve accomplie par la venue du Messie. Le Jubilé à travers l’histoire Alors que les croisades avaient permis de prolonger durant deux siècles le pèlerinage en Terre Sainte, la défaite militaire devant les musulmans (chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291) lui porta un coup très dur. Le voyage de Jérusalem devenant de plus en plus hasar- deux et risqué, bon nombre de pèlerins devront y renoncer. Plutôt que d’aller en Terre Sainte, les pèlerins s’en vont à Rome. En 1300, alors qu’une foule immense de fidèles accourut vers Rome, le pape Boniface VIII statua par la bulle Antiquorum habet que désormais, au commencement de chaque siècle, tous ceux et celles qui, après s’être confessés et avoir communié, visiteraient les tombeaux des saints apôtres, gagneraient une indulgence plé- nière. C’est donc à cette date que le jubilé fut authentiquement ins- titué. Face aux haines et aux violences qui prédominaient à cette époque, un courant de pardon, de fraternité se fit jour. Il fut proposé que durant l'année du centenaire, les visiteurs de la Basilique Saint- Pierre recevraient une "rémission très complète de leurs péchés". Le Pape Boniface VIII accordera l'indulgence pendant toute l'année 300. A l'avenir, tous les cent ans puis tous les 50 ans. Le Pape Martin V convoqua l'Année Sainte pour 1425 et introduisit deux nouveautés : la frappe d'une médaille commémorative et l'ouverture de la Porte Sainte à Saint Jean de Latran. En 1500, Alexandre VI voulut que les Portes Saintes des quatre basiliques soient ouvertes en même
  • 8. temps, tout en se réservant l'ouverture de la Porte Sainte de Saint- Pierre. La situation difficile de l'Église au temps de l'hégémonie de Napoléon ne permit pas à Pie VII de convoquer un jubilé pour 1800. Il revint à Léon XIII de convoquer le vingt-deuxième Jubilé pour le début du XXème siècle de l'ère chrétienne. En 1950, quelques an- nées après la fin de la deuxième guerre mondiale, Pie XII promul- gua le nouveau Jubilé en indiquant ses buts : la sanctification des âmes par la prière et la pénitence, et par la fidélité indéfectible au Christ et à son Église ; action pour la paix, et protection des Lieux Saints. Durant cette Année, il y eut la proclamation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie (1er novembre 1950). En 1975 fut convoqué par Paul VI un nouveau jubilé qu’il présenta de ma- nière synthétique : "Renouveau" et "Réconciliation". Le dernier ju- bilé a été célébré en l'an 2000 par le pape Jean-Paul II. La dernière Année Sainte extraordinaire avait été célébrée par le même pape en 1983. On peut dire que le jubilé ou « année sainte » est une période de pardon, de conversion et d'efforts spirituels qui a lieu, d'abord tous les 50 ans, puis tous les 25 ans à partir de 1400, consacrée à la rémission des péchés par la pénitence des peines temporelles dues aux conséquences du péché et accompagnée par l'octroi à la pratique du jeûne, de l'aumône et de la prière, spécialement la confession et la communion sacramentelle. Il a été institué pour consolider la foi, favoriser les œuvres de solidarité et la communion fraternelle au sein de l’Église et dans la société, pour rappeler et encourager les croyants à une profession de foi plus sincère et plus cohérente dans le Christ unique Sauveur. Le Jubilé de la miséricorde : La même démarche nous est proposée, mais celle-ci est bien plus réalisable que ce que demandait le Lévitique ! Tout vient de Dieu, c’est Lui qui en Jésus Christ nous a montré son visage miséricordieux ; nous avons été libérés par le Christ; à nous de vivre en hommes libérés, à nous de faire miséricorde car Il nous a fait miséricorde. 6 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 9. le lien - mars 2016 - N° 264 7 Qu’est-ce que la miséricorde ? Le vocabulaire Si en français ce mot signifie sensibilité à la misère, au malheur d’autrui, ou pitié par laquelle on pardonne au coupable, la notion bi- blique est infiniment plus riche. Dans l’Ancien Testament, le mot miséricorde traduit habituellement les mots hébraïques < hesed et rahamim >. Rahamim : (pluriel) signifie les entrailles. Le Sémite dans son lan- gage très concret sait que c’est là que se trouve le siège de tous les sentiments. En effet, les entrailles sont censées s’émouvoir sous le coup de la douleur ou d’une violente affliction (Ct 5,4). Ce terme évoque surtout l’attachement qui unit Dieu à l’homme, comme si les entrailles de Dieu (cf. Is 63,15) frémissaient en pensant à l’homme (Is 9, 16 ; 14,1 ; 49,10-13 ; Jr 31, 20 ; 33, 26 ; Ps 69, 17) Hesed : recouvre une signification encore plus large. Sa significa- tion première est « bienveillance » au sens de « disposition favora- ble de la volonté » d’un homme envers un autre (Gn 47, 29. Jos 2, 12-14. 1 S 20, 14-15) Son emploi le plus fréquent désigne la bienveillance de Dieu pour l’homme. Beaucoup de mots français correspondent à ce terme : « mi- séricorde », « bienveillance », « pitié », « grâce », « faveur », « loyauté ». Hesed peut être employé seul (Ps 62, 13 ; 66, 20 ; 120 - psaume qui est le psaume de la miséricorde divine et de l’amour éternel de Yahvé-). Ce mot de hesed est souvent accompagné : (cf. Ex 34, 6 : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en bonté et fidélité… »). Hesed peut être joint à rahamim (Is 63,7) mais fréquemment à « emet » qui exprime fidélité et fermeté de la tendresse de Dieu (Gn 24, 27 ; Ps 25, 10 ; 86,15 ; 138, 2). C’est pourquoi ce terme se trouve souvent accompagné de l’idée d’alliance (berith) (Dt 7, 9, 12 ; Ps 89, 29 ; 106, 45). On constate que le hesed de Dieu est puissant (Ps 103, 11 ;117, 2) éternel (Ps 25, 6 ; 100, 5 ;103, 17 ; 136) bon (Ps 69, 17 ; 109, 21) précieux (Ps 36, 8) ; grand (Ps 86, 13) meilleur que la vie (Ps 63, 4), merveilleux (Ps 31, 22).
  • 10. Dans le Nouveau Testament, l’amour et la miséricorde de Dieu sont chantés en permanence par Jésus, lui qui se tournera constamment vers les pauvres et les petits. C’est d’abord la béati- tude sur la miséricorde (Mt 5, 7), mais aussi la reprise du prophète Osée 6 ,6 en Mt 9,13 ; 12,7 (absente dans les //). Zacharie, en chantant le Benedictus rappelle l’attribut que Dieu s’était donné dans Ex 34, 6 (Luc 1, 72-78) « grâce aux entrailles de miséricorde de notre Dieu » ; l’expression rahamim étant transposée par le grec splagchna et hesed par eleos. Marie, dans son Magnificat rappelle la miséricorde de Dieu (Lc 1,50-54). C’est pourquoi notre miséri- corde prend modèle du Père (Lc6, 36 ; cf. Mt 18, 33) Paul exhorte les Colossiens à se revêtir d’entrailles de miséricorde (3,12) ; il fait appel à la tendresse (entrailles) et à la miséricorde des Philippiens (Ph 2,1), plusieurs fois, il parle de Dieu riche en mi- séricorde (Ep2,4) pour tous les hommes (Rm 9,16-18 ; 11, 30-32 ; 15,9 ; 1 Co 7, 25 ; 2 Co 1,3 ; 2 Tm1,2 ; Tt 3, 5) les mêmes expres- sions se retrouvent souvent dans les épîtres catholiques (1 P 1, 3 ; 2,10 ; 2 Jn 3 ; Jude 2,.21 ; Jc 5, 11 et l’auteur des Hébreux nous montre qu’en la personne de Jésus, nous avons un « grand prêtre miséricordieux » (He 2, 17 ; 4, 16) Enfin, il faut relever le binôme « grâce » et « vérité » de Jean (1, 14-17) où l’on peut voir un nouveau rappel de la théophanie de Ex 34, 6 mais la miséricorde et la pitié de Dieu dans l’A.T. est devenue tendresse et plus encore amour (1 Jn ; Jn3,16). La réalité de la miséricorde définie par le Pape François « La miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile » (Les numéros de paragraphes renvoient à la bulle d’indiction du Jubilé Misericordiae Vultus ) « La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espé- rance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché ». (§1-2) 8 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 11. Le Pape nous souhaite de « faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne et donne l’espérance ». (§ 3) « La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde. La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». (§ 6) « Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses inter- locuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds. Lorsqu’il rencontra la veuve de Naïm, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc 7, 15). La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre ». (§ 8) « Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. La miséricorde est, dans l’Écriture, le mot-clé pour indiquer l’agir de Dieu envers nous ». (§ 9) « La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église ». (§10) Comment vivre le Jubilé de la miséricorde ? « Pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’ou- blions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pé- cheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter pa- tiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts ». (§15) le lien - mars 2016 - N° 264 9
  • 12. « Remettons au centre le sacrement de la Réconciliation, puisqu’il donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde. Pour chaque pénitent, ce sera une source d’une véritable paix intérieure. » (§17) « Voici le temps de se laisser toucher au cœur. Face au mal com- mis, et même aux crimes graves, voici le moment d’écouter pleurer les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur af- fection, de leur vie même. » (§ 19) « La miséricorde n’est pas contraire à la justice, mais illustre le com- portement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle pos- sibilité de se repentir, de se convertir et de croire. (….) Si Dieu s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu ; il serait comme tous les hommes qui invoquent le respect de la loi. » (§21) +L’indulgence : qu’en dit le Pape François ? « Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence. Elle revêt une im- portance particulière au cours de cette Année Sainte. Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement ef- facés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Épouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de l’Église qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemp- tion du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons inten- sément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et l’étendue de son indulgence miséricordieuse. Au cours de ce Jubilé, laissons-nous surprendre par Dieu. Il ne se lasse jamais d’ouvrir la porte de son cœur pour répéter qu’il nous aime et qu’il veut partager sa vie avec nous ». (§ 22) 10 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 13. Ce n’est pas un bon point que distribue l’Église, c’est goûter la mi- séricorde de Dieu de manière extrême : toutes les conséquences du péché sont remises pour le pécheur pardonné que nous sommes, si nous avons reçu la grâce de la réconciliation, mais éga- lement toutes les conséquences du péché peuvent être remises pour un autre que nous-même. « Quelle preuve d’amour, de tendresse ; en un mot de miséricorde ! Voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au cœur ». (§19) C‘est ce que dit le Code de droit canon (c. 992), dans un autre lan- gage : « L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine tem- porelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispen- satrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ». Le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC n° 1471) précise aussi ce qu’est l’in- dulgence. J’espère que ce long développement sur le Jubilé et sur la miséri- corde vous a éclairés sur cette démarche à laquelle nous invite le Saint Père. Pour ma part, je vous souhaite un excellent Jubilé. A l’appel de notre Pape soyons tous « miséricordieux comme le Père », c’est la devise du Jubilé ! Gardons première l’attention aux autres Vivons la prévenance vis-à-vis du prochain Ayons toujours un a priori favorable sur autrui Rendons grâce au Seigneur pour sa miséricorde. Monseigneur Bernard Mollat du Jourdin Aumônier national de l’APPRR le lien - mars 2016 - N° 264 11
  • 14. Actualité Les Journées Mondiales de la Jeunesse 2016 12 le lien - mars 2016 - N° 264 Le Père Olivier Scache a été nommé par le Cardinal Vingt Trois délégué adjoint des JMJ Cracovie. Comme nous avons l’occa- sion de nous côtoyer souvent, je me suis permis de lui poser quelques questions sur les JMJ 2016 qui se dérouleront du 26 au 31 juillet prochain. Question : Depuis un certain nombre d’an- nées, on entend parler de JMJ, pourriez-vous nous dire ce que sont en réalité des Journées Mondiales ? O.S. : Les JMJ ont été créées en 1986 par le Pape Jean Paul II. Les JMJ sont une « fête de la foi » au cours de laquelle des jeunes de tous horizons et de tous pays se rencontrent pour faire l’expé- rience de l’amour de Dieu. Ne croyez pas que les JMJ se résument à une rencontre tous les deux ou trois ans dans une grande métro- pole. Les jeunes, partout dans le monde se réunissent en paroisse ou en diocèse et réfléchissent au thème durant l’année. Lors de la rencontre internationale, les pèlerins, croyants ou non, appartenant à toutes confessions sont d’abord accueillis en famille pendant les « journées en diocèse ». Ils convergent ensuite vers la métropole pour une semaine d’événements culturels et spirituels, le point culminant de cette semaine étant la messe de clôture pré- sidée par le Pape. Les JMJ sont devenues le plus grand événe- ment mondial destiné à la jeunesse. Elles rassemblent plus d’un million de participants de tous pays et de toutes langues. Aux der- nières JMJ, à Rio de Janeiro on a dénombré 3 millions de partici- pants dont 5.000 Français. A Cracovie sont attendus deux millions et demi de jeunes dont 60.000 Français.
  • 15. le lien - mars 2016 - N° 264 13 Question : Pourquoi, à votre avis avoir choisi l’ancienne capitale de la Pologne, Cracovie, pour cette rencontre internationale ? O.S. : C’est la seconde fois que les JMJ se déroulent en Pologne. La figure emblématique de Cracovie, c’est Jean Paul II. Il en fut l’ar- chevêque avant de devenir Pape ! Son ancien secrétaire Monsei- gneur Stanislas Dziwisz est actuellement l’archevêque de cette ville considérée comme le centre culturel et scientifique du pays avec l’Université Jagellonne (1816). Cracovie fut capitale européenne de la culture en 2000. Question : Pourriez-vous nous révéler le thème retenu pour ces prochaines JMJ ? O.S. : Choisi par le Pape François dès 2014, c’est le thème de la miséricorde. Ce thème a pris une nouvelle dimension avec l’an- nonce du Jubilé de la Miséricorde. Le Président du Conseil pour les laïcs, le Cardinal Rylko a parlé des futures JMJ comme d’« un véritable Jubilé des jeunes au niveau mondial. Ils seront appelés à réfléchir sur le thème de la miséricorde comme idéal de vie et comme critère de crédibilité pour notre foi. » Question : Vous nous avez dit tout à l’heure que la première partie des Journées se passait en diocèse. Les diocèses français n’iront donc pas toute de suite à Cracovie. Où iront-ils ? Que se passera- t-il donc entre le 20 et le 25 juillet ?
  • 16. O.S. : Je voudrais vous donner quelques chiffres avant de répondre à votre question. Comme je vous l’ai déjà dit, la France sera la Deuxième délégation étrangère avec 60.000 jeunes Français. 96 diocèses seront représentés. Une équipe nationale de coordina- tion composée d’une trentaine de personnes travaille en lien avec le Service National pour l’Évangélisation des Jeunes et le Service des Vocations. Cette équipe a pour but de soutenir et de coordon- ner les projets des groupes français avec le comité organisateur local des JMJ. Pour l’instant, cette équipe prépare des projets per- mettant aux délégués diocésains d’animer la préparation des JMJ d’ici juillet prochain. Je réponds maintenant à votre question : la semaine du 20 au 25 juillet est prévue dans les différents diocèses de Pologne pour fa- ciliter l’intégration des jeunes dans le pays d’accueil et de permettre aux jeunes de découvrir une Église locale dans ses dynamismes et ses défis. De nombreux groupes français vivront des projets sin- guliers et originaux sur l’ensemble du territoire polonais. Des caté- chèses seront données : prédication faite par l’évêque, témoignages divers, temps d’échange. Chaque jeune sera invité à écouter une parole de foi, l’invitant à entrer dans une relation per- sonnelle avec le Christ, en communion avec d’autres. Question : Une fois arrivés à Cracovie, les jeunes se verront pro- poser différentes activités ; pouvez-vous évoquer quelques aspects de ces propositions ? O.S. : Bien entendu une fois arrivés à Cracovie, les jeunes se ver- ront proposer et le « festival de la jeunesse » et le « forum des vo- cations ». Je m’explique : le « festival de la jeunesse » a pour objectif de fa- voriser la rencontre entre les hommes et Dieu à travers la beauté de l’art et les richesses naturelles et culturelles de Pologne. Spec- tacles, concerts représentations théâtrales mettront en avant la pré- sence de l’Église dans la société. Expositions, projections de films, découverte du patrimoine religieux de Cracovie. « Le forum des vocations » se tiendra dans un stade, proche de Cracovie. Ce forum permettra aux pèlerins de découvrir les diffé- 14 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 17. rents chemins de vocation dans l’Église. De nombreux échanges permettront aux jeunes de découvrir la présence du Christ dans leur choix de vie. Nombreuses seront présentes les communautés religieuses. Je vous remercie Père Olivier Scache de vous être prêté à ce jeu de questions/réponses qui nous a permis de comprendre l’enjeu et le défi de pareilles rencontres, tout cela bien entendu suppose nombre de réunions, de problèmes à résoudre tant dans des do- maines spirituels que matériels. Soyez assuré de la prière des parents de prêtres, religieux et reli- gieuses pour vous-même et pour toute l’équipe de préparation ainsi que pour tous les jeunes participants aux JMJ prochaines. En Juillet, nous serons de cœur avec vous ! Merci ! Propos recueillis par Monseigneur Bernard Mollat du Jourdin le lien - mars 2016 - N° 264 15
  • 18. 16 le lien - mars 2016 - N° 264 en Allemagne par Karl Endisch curé de Bammental, Wiesenbach et Gaiberg près de Heidelberg Permettez-moi de commencer par quelques notes personnelles. J’ai 66 ans, je suis prê- tre du diocèse de Freiburg in Brisgau, or- donné en 1975 ! Après une année d’études (1970/71) à l’institut catholique de Paris, je suis resté en relation avec des amis fran- çais. Interrogé par Jean-Claude Chatillon – engagé dans le jumelage Donnery-Wiesen- bach – j’écris mon premier article dans un journal français. Bien sûr, c’est surtout un point de vue personnel que je vais vous transmettre, également une vue de l’Église du diocèse de Fribourg, qui contient les pays de Bade et de Hohenzollern en Bade-Würtemberg ! Les chrétiens en Allemagne vivent dans les mêmes conditions de vie qu’en France. Notre société est sécularisée et multi religieuse. La foi chrétienne est donc touchée par les mêmes problèmes qu’en France : libéralisation, individualisation, sectorisation. Je vais donc décrire ce que je considère comme spécifique à l’Allemagne. L’Église de la Réforme Dans tous les changements de l’histoire, la France - fille aînée de l’Église – est toujours restée catholique. L’Église en Allemagne est l’Église de la réforme. Si on parle avec quelqu’un qui se considère comme chrétien, il faut toujours lui demander : « es-tu catholique ou évangélique ? » ; dans certaines régions, on dit : protestant, dans d’autres : luthérien, en Suisse : réformé. Alors en Allemagne il n’existe pas une Église, mais plusieurs ! D’une façon générale, on vit bien avec ces traditions liturgiques et religieuses différentes. On envisage des projets communs, travailler ensemble, faire des célé- brations œcuméniques plusieurs fois au cours de l’année. On s’est Universalité de l’Église...
  • 19. le lien - mars 2016 - N° 264 17 rendu compte que nous prêchions à nos fidèles la même Bonne Nouvelle du Christ. Actuellement on est en train de préparer la cé- lébration de l’année 2017, qui marquera le 500ème anniversaire des 95 Thèses de Luther. L’Église catholique se prépare à y parti- ciper et à s’y associer. On veut faire comprendre que la Réforme concerne tous les chrétiens – pas seulement les protestants luthé- riens – et rappeler les dons que le catholicisme a reçus de la Ré- forme, à commencer par l’usage des langues vernaculaires pour la liturgie ! L’Église en Allemagne se présente comme les Allemands Comme les Allemands, l’Église en Allemagne est riche, bien ordon- née et bien organisée. Elle jouit d’une assise financière et institu- tionnelle garantie par la loi fondamentale et assume une mission publique, notamment dans les domaines sanitaire et social. De nombreuses organisations ecclésiales différentes gèrent une mul- titude d’hôpitaux, d’instituts pour handicapés, de cliniques, d’épice- ries solidaires, sans parler des jardins d’enfants et des centres de conseil conjugal. Comme curé d’une unité pastorale de 7 paroisses avec environ 11.000 catholiques, 3 prêtres, un diacre, 4 assistants pastoraux, j’ai aussi sous ma responsabilité les employés de 7 jardins d’enfants, soit 100 personnes. Bien sûr, je suis assisté d’un gestionnaire ad- ministratif. Souvent je ressens cette lourde charge, mais c’est aussi une grande chance que les enfants puissent se familiariser avec les traditions chrétiennes : Noël ou Pâques, Saint Martin ou Saint Nicolas. Néanmoins on constate souvent chez les employés un fossé entre leur engagement social professionnel et leur participa- tion à la vie liturgique et à la prière. Les Églises : collectivités de droit public - Le denier de l’Église ou les impôts d’Église L’Église en Allemagne a un statut de collectivité de droit public. L’Église et l’État sont séparés, mais une coopération très étroite existe entre eux. L’État prélève pour l’Église les impôts d’Église (en- viron 10% de l’impôt sur le revenu). Ce système de coopération a
  • 20. des origines historiques. L’Église protestante s’est organisée très tôt après la réforme dans les “Landeskirchen”. Le duc, le comte ou le roi était le plus haut représentant de son Église et le garant de sa vie – comme aujourd’hui la reine d’Angleterre pour les Anglicans. Au XIXème siècle, la population catholique a revendiqué les mêmes droits que les protestants. Au début du XXème siècle, quand on a mis en place en France le système de laïcité, les états allemands ont institué les impôts d’Église. Beaucoup d’Allemands acceptent de payer leur impôt ecclésial, sachant que celui-ci va aux services sociaux et pastoraux de l’Église. Pourtant, parmi les gens qui quit- tent l’Église, un nombre important le font pour des raisons finan- cières. En 2014, on a enregistré 217.716 sorties de l’Église, mais aussi 4.000 demandes de réintégration. Ce système est loin du modèle français de laïcité. Notre histoire, l’influence de la théologie protestante, la théologie enseignée dans les facultés d’État, les cours d’instruction religieuse dispensés jusqu’au baccalauréat ont façonné une Église allemande qui tient à sa liberté de pensée et de parole. grande rue de Wiesenbach : l’église évangélique à gauche, l’église catholique à droite 18 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 21. Je peux compter mes fidèles ! Mes amis français sont parfois étonnés qu’en Allemagne on puisse compter ses fidèles. Quand j’étais curé à Fribourg en Brisgau, on se rencontrait chaque année avec les prêtres du diocèse de Besan- çon. Nos confrères français souriaient toujours, quand nous parlions de trois ou cinq mille catholiques dans nos paroisses. Les Français pouvaient seulement dire : oui dans notre quartier ou dans nos vil- lages il y a environ tant d’habitants, tant de baptêmes, tant de fa- milles qui prennent part à la vie paroissiale, peut-être aussi tant de musulmans. Chez nous, chaque paroisse reçoit de la mairie la liste des membres inscrits. Si quelqu’un est baptisé, la paroisse informe la mairie des baptêmes et le nouveau-né, l’adolescent ou l’adulte est ainsi inscrit comme romain-catholique (r.k.) ou protestant (ev.). Repères chiffrés Dans toute l’Allemagne il y a selon la statistique de la conférence épiscopale de juillet 2015, 80 millions d’habitants, dont environ 24 millions de catholiques (30%) et 23 millions de protestants. Un tiers des Allemands est sans confession ou d’une autre religion. Il y a 4 millions de musulmans, surtout des Turcs, la communauté juive compte environ 100.000 personnes. La majorité des catholiques vit au sud et à l’ouest de l’Allemagne. Ils sont répartis dans 27 dio- cèses. De grandes différences existent entre les 8 diocèses de l’Est (correspondant à l’ex-RDA) où le taux de catholiques est entre 3 et 5% de la population et les diocèses de l’Ouest (l’ex-RFA) où ce taux peut atteindre 89% (diocèse de Passau) L’Église compte 66 évêques, environ 15.000 prêtres et 3.000 dia- cres, 3.000 référents pastoraux (laïcs salariés en responsabilité ayant un diplôme universitaire de théologie) et 5.000 assistants pas- toraux (laïcs salariés ayant un diplôme de catéchèse ou de liturgie). Le nombre des prêtres diminue comme partout en Europe. Mais grâce, aux salariés laïcs, il y a quand même une grande qualité pro- fessionnelle dans la catéchèse et dans tout le travail pastoral. La Caritas, financée d’une part par l’impôt ecclésial et d’autre part par le lien - mars 2016 - N° 264 19
  • 22. l’État et les collectivités territoriales, compte environ 500.000 salariés (contre 430.000 salariés pour le Diakonisches Werk, la « caritas » de l’Église protestante). La Pastorale et son organisation ! Comme en France, de nombreuses paroisses étaient trop petites pour pouvoir répondre aux nécessités de l’activité pastorale. Ces dernières années, on a formé dans les diocèses des unités pasto- rales. Déjà beaucoup d’activités ont dépassé largement le cadre de la paroisse : par exemple les préparations au mariage et au baptême, la confirmation, les mouvements et les associations, la Caritas ! Notre diocèse de Freiburg avec 1,9 million de catholiques compte environ 1.000 paroisses, on a ainsi formé 224 unités pastorales avec des configurations variées. Chacune a un conseil pastoral élu, qui ré- fléchit, coordonne et décide des questions concernant tous les pa- roissiens. Dans les différents lieux, les équipes pastorales sont responsables de l’organisation et du développement de la vie sur place. Ce changement de structure ouvre également des perspec- tives œcuméniques et facilite des célébrations communes en fonc- tion des besoins locaux. Dans tous les changements de structure je tiens toujours à dire : « L’Église reste dans le village, en ville ou dans le quartier ». L’Église ne vit pas de structures, même bien faites, ni seulement d’unité de la pastorale aussi nécessaire soit-elle. Elle est d’abord un tissu de relations créées par la foi en Jésus Christ. Elle est d’abord un groupe d’hommes et de femmes unis et rassemblés par la même convocation du Christ ressuscité pour vivre de cette Bonne Nouvelle et d’en témoigner auprès de leurs frères. 20 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 23. le lien - mars 2016 - N° 264 21 L’ORDRE DES CLARISSES Al'occasion d'un pèlerinage àAssise en avril dernier, nous avons pu ren- contrer sœur Marie de l'Unité, de l'ordre des Clarisses, au monastère français Sainte-Colette. Voici son témoignage. Le Lien : Pouvez-vous, ma Sœur, nous présenter l'Ordre des Clarisses ? Sœur Marie : Actuellement, l'Ordre est répandu dans une centaine de pays et compte environ 15.000 clarisses, réparties dans à peu près mille monastères. Les communautés sont autonomes et sont réunies en fédérations (actuellement quatre fédérations en France). Nous n'avons pas d'apostolat au sens strict du terme, contrairement aux sœurs franciscaines, mais nous menons une vie analogue à celle des sœurs Carmélites : nous sommes consacrées à la prière et à la vie fraternelle. Nous intégrons une communauté pour notre vie entière. Être Clarisses, c'est vivre ensemble, simplement. C'est prendre soin de l'autre, c'est s'entraider, en sœurs. C'est aussi accueillir ceux qui frappent à la porte. Pour moi, chaque vocation représente une facette de la vie du Christ... Nous, c'est Cana et encore la vie à Nazareth, le Calvaire, la Pentecôte, là où Marie était présente. Notre vocation s'inspire du message de saint François et de sainte Claire, tous deux nés à Assise. Dans la lettre aux Hébreux, il est dit de Moïse que « il tint ferme comme s'il voyait Celui qui est invi- sible » (Heb 11,27). Voici la vocation et la mission prophétique d'une communauté contemplative comme la nôtre, dans un Rencontre avec
  • 24. 22 le lien - mars 2016 - N° 264 monde liquide, où tout est fragile : la solidité du roc, de ce roc qu'est le Christ lui-même. LL : Mais pourquoi donc un monastère de sœurs Clarisses françaises à Assise ? SM : Tout d'abord, savez-vous que François s'exprimait en français quand il laissait jaillir sa louange ? Ensuite, il faut relire l'histoire de notre fondation : notre monastère a été fondé il y a 100 ans par des sœurs de Paray-le-Monial, heu- reuses de venir s'implanter sur la terre de saint François et de sainte Claire. Nous en avons gardé la particularité de célébrer en français. LL : Pourquoi le monastère Sainte-Colette ? SM : Sainte Colette *(1381-1447), née dans le pays picard, a été ap- pelée par le pape Benoît XIII à réformer l'ordre des Clarisses. Elle a eu une vie très active, avec la fondation de pas moins de 18 mo- nastères en France et en Belgique. C'est donc tout naturellement que notre monastère porte son nom. Par ailleurs, l'hospitalité attenante au monastère permet aux pèlerins de toutes nationalités, dont de nombreux Français, de bénéficier de la sérénité du lieu. Présentes, mais en retrait, nous invitons nos visiteurs à s'abreuver aux sources de la liturgie : eucharistie quotidienne, chant des psaumes, adoration. LL : Qu'aimeriez-vous dire de particulier aux parents de consacrés ? SM : Le Seigneur est vrai. Le Seigneur est fidèle. Il nous attend tous, là où nous serons unis pour toujours. Pourquoi ai-je tant reçu ? Le temps est trop court pour lui dire merci. En méditant sur ma vo- cation, ma maman a élargi son cœur. Elle dit « je suis la grand- mère de tous les enfants du monde ». Sachons accueillir au-delà de notre famille.
  • 25. le lien - mars 2016 - N° 264 23 Enfin, dites bien à vos enfants prêtres qu'ils sont plus que bienvenus chez nous, pour un temps d'aumônerie : assurer une présence au- près des touristes et pèlerins, inviter les bénévoles de l'Hospitalité à une expérience concrète de fraternité dans le service. Et bien entendu, nous apporter le pain de la Parole et des sacre- ments. En rentrant chez lui, l'aumônier aura été un témoin privilégié de notre charisme, et pourra mieux en parler aux personnes qu'il cô- toie, et plus particulièrement aux jeunes. Propos recueillis par Marie-Claude et Régis Duriez * Née sur le tard (sa mère Marguerite avait 60 ans), sainte Colette est souvent invoquée lorsque l'enfant se fait par trop désirer. Elle est invoquée aussi par les mamans qui attendent une naissance. Monastère Sainte Colette Clarisses Françaises Borgo San Pietro 3 06081 ASSISI Site Internet : http://www.clarissesdassise.com
  • 26. 24 le lien - mars 2016 - N° 264 Prier avec... SAINTE COLETTE Sois béni, Seigneur, pour cette Heure unique dans l’histoire, qui a vu naître Ton Fils, JÉSUS, vrai Dieu et vrai Homme. Sois béni, Seigneur, pour Ton Esprit Créateur, qui l’a engendré, dans le sein de la Vierge Marie. Sois béni, Seigneur, pour la glorieuses Vierge Marie qui a donné chair à Ton Fils, JÉSUS, vrai Dieu et vrai Homme. Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, et en mémoire de cette Heure sainte qui a vu naître ton Fils, exauce mes prières, et accomplis mon désir de vrai Bonheur. O JÉSUS-CHRIST, notre Sauveur, Source de la Foi et de toute tendresse, pour la gloire de Ton Nom, comble mon désir du Souverain Bien, Ta Vie Éternelle. Amen.
  • 27. le lien - mars 2016 - N° 264 25 De Lien en Lien EN 2009, j'avais accepté de prendre la rédaction en chef du Lien (intitulé bien pompeux mais voilà c'est le terme consacré) succédant ainsi à Guy de Chaignon. Depuis, avec le comité de rédaction, nous avons assuré la parution des 4 numéros annuels. Vos encouragements, après le lancement de la nouvelle formule, ont conforté notre enthousiasme et notre désir d’être toujours davantage attentifs à la transmission de nos diversités et de notre unité et de permettre ce lien entre les lecteurs et l'association, entre les lecteurs eux-mêmes. Du travail, bien sûr, mais surtout beaucoup de joie, de connivence et d'amitié ! Merci au Père Mollat du Jourdin, à Jean-Philippe puis à Bernard, à Jean-Claude, Régis et Jean-Pierre de m'avoir ainsi supportée (dans les deux sens du terme) trimestre après trimestre. Merci à Denise Dumolin d’avoir tenu avec persévérance la rubrique Plaisir de lire. Merci à chacun d’entre vous pour les participations diverses d’écri- ture et de contributions. Merci aussi aux religieuses du Carmel de Frileuse, toujours dispo- nibles pour la réalisation et l’expédition de nos numéros. Aujourd’hui vous avez entre les mains le n°264 ! Ce qui veut dire que, depuis près de 70 ans, des équipes successives ont œuvré pour que notre Lien arrive avec régularité chez chacun. Vient avec ce numéro mon tour de passer la main. Fernand Dervaux prend le relais aujourd'hui : qu'il en soit remercié. Grâce à lui, le comité de rédaction peut continuer son œuvre. Le Lien a de bien beaux jours devant lui ! Trimestre après trimestre, ligne après ligne, qu’il nous aide, au fil de ses pages, encore et toujours, à chercher et trouver le visage du Christ crucifié et souriant, présent et aimant ! Odile de Sinety Le courrier des lecteurs
  • 28. 26 le lien - mars 2016 - N° 264 Plaisir de lire LOURDES DANS L’HISTOIRE Mgr Jacques PERRIER (L’Harmattan) Il en fut le « gardien de la Grotte » (ainsi qu’il se définit lui-même) pendant 15 ans et il lui a consacré six livres, sans compter le guide des sanctuaires : Monseigneur Jacques PERRIER, évêque émérite de Tarbes et Lourdes, nous livre là une véritable encyclopédie sur Lourdes et son évolution au fil des ans. Avec son style – vif, précis, alerte- il ouvre ce grand dossier, de près de 400 pages, sur l’apologétique et les polémiques. Au terme : la tradition qui regarde l’avenir. Passionnant, tant pour le croyant que le simple curieux. Un judicieux index permet de « picorer » au gré des thèmes abordés. Indiscutablement, « le » livre de Lourdes ! LE NOM DE DIEU EST MISÉRICORDE Pape FRANCOIS (Robert Laffont / Presses de la Renaissance) Lors du lancement -le 12 janvier à Rome- du dernier livre du Pape François, l’inimitable Roberto BENIGNI a souligné qu’il n’y avait que ce pape pour « faire présenter son livre par un cardinal vénitien, un détenu chinois et un comique toscan ». Et d’ajouter : « ce pape ne s’arrête jamais ; il marche, il conduit toute l’Église vers un certain lieu : le christianisme ». Avec cette conclusion : « la joie est le grand, le gigantesque secret du christianisme ». On ne saurait plus joliment résumer les mots du Pape François : « la miséricorde, c’est l’attitude divine qui consiste à ouvrir les bras. C’est Dieu qui se donne et qui accueille et qui se penche pour par- donner ».
  • 29. le lien - mars 2016 - N° 264 27 GUIDE DU JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE A Rome, dans son diocèse et chez soi Michel COOL (Salvator) Pour vivre cette Année Sainte 2015-2016, voici justement un livret, d’une cinquantaine de pages. Il permet de vivre le Jubilé de la Mi- séricorde aussi bien en pèlerinage à Rome que dans son propre diocèse et même à domicile. Avec, entre autres, les 5 mystères du Rosaire spécifiques. Même ceux ou celles qui ne peuvent pas se déplacer peuvent, ainsi, vivre pleinement ce temps extraordinaire. JOIE DE LA RÉSURRECTION Olivier CLÉMENT (Salvator) L’immense théologien orthodoxe, Olivier Clément, endormi dans le Seigneur voici six ans, a toujours eu des accents exceptionnels pour nous faire vivre le sommet de notre foi, du Grand Vendredi- Saint à la Résurrection. Ces quelques textes - essentiellement iné- dits - nous guideront pour participer pleinement à cet affrontement de la Mort et de la Vie. Écrivain, philosophe et passeur entre Orient et Occident, Olivier Clément est aussi un poète… RIEN QUE L’AMOUR Martin STEFFENS (Salvator) Mon (jeune) curé me l’a fait découvrir : Martin Steffens, agrégé de philo, qui enseigne à Metz, avait obtenu le prix « Humanisme chré- tien 2013 » avec son petit Traité de la Joie. « Rien que l’amour », sous-titré : « repères pour le martyre qui vient », en est le prolongement. Bien –hélas- dans l’actualité ! « Il faut reconnaître le mal quand il s’abat sur nous ». Et il ne s’agit pas de baisser les bras : « notre vocation c’est d’aimer… Comment inventer aujourd’hui l’amour dont demain a besoin ? » Citant Henri POURRAT (un écrivain d’Auvergne trop oublié) à pro- pos de Charles de FOUCAULD : « il y a toujours la croisade. Elle ne se fait plus par l’épée… c’est la croisade quasi-silencieuse qui demande des chrétiens exemplaires ».
  • 30. 28 le lien - mars 2016 - N° 264 TERRORISTES , LES 7 PILIERS DE LA DÉRAISON Marc TRÉVIDIC (Le Livre de Poche) Excellente idée d’avoir réédité, en poche, ce livre -sorti en 2013- d’un grand juge de la lutte anti-terroriste. Il reste d’une troublante et tragique actualité. De façon subtile et percutante tout ensemble, Marc Trévidic, à travers des parcours individuels significatifs, réalise un glaçant patchwork. La nouvelle qui illustre l’épilogue est saisissante. CENT ANS C’EST PASSÉ SI VITE Gisèle CASADESUS (J’ai Lu) En poche également, réédition (encore) d’un petit bijou. Le récit, par ordre alphabétique et sous forme de courtes confidences à Eric Denimal, de plus d’un siècle de vie : celle de la lumineuse Gisèle CASADESUS. D’entrée : « je suis faite pour la paix, l’Amour avec un grand A et la lumière d’en haut. Il y a, pour moi, un Ailleurs plus puissant encore que la vie ». Famille d’artistes talentueux et brillants mais, surtout, sens des valeurs : « celles que j’ai voulu transmettre à mes enfants sont si évidentes que je doute qu’il faille les rappeler : l’amour, l’honnêteté, la simplicité, le travail. Qui peut dire que ces choses ne sont pas essentielles ? » « J’ai été élevée dans une famille où l’amour du prochain est une mission. Rendre service est une attitude simple qui permet d’ac- complir facilement cette mission ». Y a-t’il plus beau résumé de vie ? JE DIRAI, MALGRÉ TOUT, QUE CETTE VIE FUT BELLE Jean d’ORMESSON (Gallimard) Après le triptyque précédent, aux titres déjà puisés dans les poèmes d’’Aragon, Jean d’ORMESSON se livre à un « auto-procès ». « Je ne me mets pas très haut mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des mémoires », estime le brillant écrivain-journaliste, qui avoue avoir aimé le bonheur et le
  • 31. le lien - mars 2016 - N° 264 29 plaisir. Mais porte un regard « plus grave sur le drame qui ne cesse de se jouer entre le temps et l’éternité et qui nous emportera ». Bossuet, Racine, Raymond Aron ou Paul Morand sont revisités. De la vraie littérature ! VOYAGE DANS LA ROME BAROQUE Le Vatican, les princes et les fêtes musicales Patrick BARBIER (Grasset) Professeur à la Catho d’Angers, Patrick BARBIER est un passionné d’Italie et de musique. Après « la Venise de Vivaldi » et « Naples en fête », la Rome ba- roque ne pouvait que suivre… « À chaque pas surgit un passé musical que l’on croit lointain et qui est en fait si proche de nous. Tout est encore là pour exciter notre imagination et nous ramener vers ces deux siècles où les arts, la musique et la fête ont atteint leur zénith. Rome n’a pas fini de nous envoûter ». Bien résumé ! ENQUÊTE D’AILLEURS Frontières du corps et de l’esprit Philippe CHARLIER ( Balland / Arte éditions) J’ai découvert Philippe CHARLIER, quasiment par hasard, sur Arte. Épatée (comme dirait Jean d’Ormesson) par la qualité et l’originalité de ses « enquêtes d’ailleurs », j’ai appris qu’il était… médecin-légiste. Anthropologue (et, en prime, docteur ès-Lettres) il nous livre 30 regards sur les lieux marquants qui ont un lien avec les rites et les mythes, le corps humain et la mort. Des chevaliers Teutoniques aux mystérieux étrusques, ou des Chré- tiens des premiers temps en Ethiopie, aux esprits du Japon…un ex- traordinaire voyage !
  • 32. 30 le lien - mars 2016 - N° 264 Au moment du bouclage de ce numéro, on apprend la mort, à 91 ans,de Michel TOURNIER. Prix Goncourt, à l'unanimité, en 1970., pour " le Roi des aulnes", son "Vendredi ou les limbes du Pacifique" a régalé autant d'adoles- cents que de parents. Un honnête homme, un grand écrivain français et une belle écriture classique. Il aurait désiré pour épitaphe : « je t'ai adorée. Tu me l'as bien rendu. Merci la Vie ! » Belles et bonnes lectures ! et, surtout, allez visiter les (bons) libraires ! Denise Dumolin Journaliste
  • 33. le lien - mars 2016 - N° 264 31 Monseigneur Michel Coloni nous quitte. Depuis 2008, Monseigneur Michel Coloni arche- vêque émérite de Dijon, nous a accompagnés dans notre conseil d’administration, mais aussi à nos pèlerinages de Tours, Dax et Lyon. J’ai le souvenir de son accueil chaleureux à l’entrée de la salle à manger le soir de l’arrivée à Dax. Son aide nous a toujours été précieuse quand des questions délicates se présentaient à nous. Nous le remercions vivement pour cette fruc- tueuse collaboration. En septembre dernier, il nous a demandé de bien vouloir le déchar- ger de cette mission qui devenait bien lourde pour lui. Tout en le regrettant vivement, nous ne pouvions qu’accepter son souhait. Nous lui souhaitons une bonne « deuxième » retraite. Monseigneur Yves Patenôtre nous rejoint. Comme nous l’avons annoncé au pèlerinage, Monseigneur Yves Patenôtre, archevêque émé- rite de Sens et de la Mission de France, a accepté de nous accompagner dans la mission qui nous est confiée de présence, d’écoute et de prière pour tous les parents de consacrés. Il est originaire de Troyes, mais a fait ses études à Paris où ses parents étaient installés pour leur profession, mais il choisit son diocèse d’origine pour son incardination. Il est donc prêtre du diocèse de Troyes, avant d’être évêque de Saint Claude, puis de Troyes. Il nous rejoint pour notre prochain conseil d’administration du 12 mars, et j’espère que vous viendrez nombreux à notre prochaine Assemblée Générale le samedi 1er octobre chez les Lazaristes, nous fêterons à cette occasion nos 90 ans ! Bernard de Vaugiraud, président Vivre ensemble
  • 34. Conseil d’administration du 28 novembre 2015 Nous avons décidé d’avoir désormais deux conseils d’administra- tion dans l’année, un qui se situe en mars et l’autre une journée après l’assemblée générale (pour limiter les déplacements). En novembre nous avons réfléchi sur « comment parlons-nous de l’APPRR ? » Qu’est-ce que nous voudrions voir changer ou améliorer ? Comment et à qui en parlons-nous ? Nous nous sommes mis en petits groupes, une fois le matin et une autre fois l’après-midi. • Nous avons pensé qu’il fallait en parler sans limite (un admi- nistrateur en parlait en covoiturage le matin !), à nos prêtres, aux paroissiens…. • Il nous faut vivre une vraie « FRATERNITÉ » entre nous, dans la relation amicale, mais aussi dans la prière. • Il nous faut au-delà de nos réunions organiser des rencon- tres ouvertes aux parents qui ont des enfants en discernement, ani- mer des prières pour les vocations ou pour les consacrés ouvertes à tous. L’après-midi, nous avons porté notre réflexion sur les besoins de nos groupes pour qu’ils soient plus attractifs. • Ouvrir nos groupes, nous rendre plus visibles. • Établir des bourses d’échange entre les groupes. • Que chacun fasse vivre notre site internet en donnant des informations récentes sur nos activités régionales. • Favoriser des rencontres inter-groupes. • Inciter tous les adhérents à être abonnés au LIEN. Nous cherchons en conseil d’administration à être « invitant » pour tout parent de consacré pour répondre au souhait du Cardinal SU- HARD : « Afin qu’aucun parent ne reste isolé spirituellement ». Nous nous fixons pour objectif d’inviter tout parent de consacré à nous rejoindre, il nous faut donc aller au-devant d’eux et leur ré- server un accueil toujours plus FRATERNEL dans nos groupes. Bernard de Vaugiraud 32 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 35. le lien - mars 2016 - N° 264 33 VIE DES GROUPES Groupe du diocèse du Puy-en-Velay Rencontre du 24 novembre, à la maison Nazareth Notre réunion d'automne s'est tenue comme à l'accoutumée, à la Maison Nazareth qui accueille des prêtres retraités ainsi que des religieuses et des résidents laïcs âgés. Une dizaine de parents étaient présents. Nous avions la joie d'accueillir notre nouveau Conseil- ler Spirituel en la personne de Mgr Claude FEIDT, évêque émérite d'Aix en Provence, retiré au Puy depuis quelques années. Mgr FEIDT se présenta en quelques mots suivi d'un tour de table des participants. Comme thème retenu pour son entretien, notre conseiller avait choisi de nous parler de ce que peut être un par- cours d'évêque, en l'occurence le sien. Originaire du diocèse du Puy, ayant connu la seconde guerre mon- diale et la guerre d'Algérie où il servit dans les djebels, il exerça après son séminaire diverses responsabilités diocésaines. Appelé comme évêque auxiliaire à Chambéry, il succéda à l'évêque titulaire puis, quelques années plus tard, il fut nommé archevêque d'Aix en Provence. Son épiscopat à Aix fut marqué par la guérison miraculeuse d'une petite sœur des Maternités Catholiques : Sœur Marie Simon-Pierre atteinte à l'âge de 46 ans par la maladie de Parkinson. Le couvent de cette religieuse est situé à côté d'Aix en Provence. Le 3 juin 2005, sœur Marie Simon-Pierre est guérie. Mgr Feidt ouvre alors une enquête dans son diocèse pour savoir si la guérison est miraculeuse. Elle est inexplicable selon la conclusion des spécia- listes. En 2009, la congrégation pour la cause des saints conclue à l'hé- roicité des vertus de JEAN PAUL II, béatifié le 1er Mai 2011 puis
  • 36. canonisé le 21 avril 2014. Tout le monde se souvient de la cérémo- nie de canonisation de JEAN PAUL II sur la place Saint-Pierre au cours de laquelle sœur Marie Simon-Pierre déposait auprès de l'au- tel une ampoule contenant le sang de JEAN PAUL II. Il convient de préciser que JEAN PAUL II était atteint de la maladie de Parkinson, comme sœur Marie Simon-Pierre. Jean Paul II est décédé le 2 avril 2005 et sœur Marie Simon-Pierre est guérie le 3 juin 2005, soit tout juste deux mois plus tard. Elle attribue sa guéri- son à Jean Paul II. « C'est un événement assez exceptionnel dans une vie d'évêque d'avoir une miraculée dans son diocèse » conclue Mgr FEIDT !... La messe du Christ Roi fut célébrée dans la chapelle de Nazareth avec tous les résidents. Le repas pris en commun fut très chaleu- reux, à l'issue duquel nous avons évoqué, photos à l'appui, le pèle- rinage à Caen. Chapelet à l'oratoire et prière de l'Association ont conclu notre journée. Michel Alizard Groupe du diocèse de Nantes Rencontre du 16 janvier 2016. En ce début d’année, l’APPRR de Nantes s’est retrouvée dans la salle paroissiale de St Dona- tien. Nous y avons célébré la messe, présidée par notre aumônier, le Père Emprou. Puis, Mme du Rusquec, la responsable de notre groupe, nous a donné des nouvelles des membres de notre association qui n’avaient pu se déplacer. Ensuite, nous avons projeté un montage de pho- tos prises lors de notre pèlerinage à Bayeux, Caen et Lisieux. Nous y avons ajouté un témoignage personnel que je relate ici. Quel témoignage vous retransmettre de ces journées ? En premier lieu, je dirai, la joie de se retrouver pour vivre un pèleri- 34 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 37. le lien - mars 2016 - N° 264 35 nage riche et dense. Les échanges et les discussions ont été cha- leureux pour partager tout ce que l’on vit, nous parents, avec nos enfants. Ensuite, j’ai été frappée par les homélies et les conférences que nous avons entendues et dont certaines paroles résonnent en- core… Monseigneur Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux, nous a parlé des parents de sainte Thérèse : Zélie et Louis Martin qui allaient être canonisés : « … deux chrétiens pour qui Dieu est premier dans leur vie. Ils ont fait de leur vie de couple un chemin de sainteté, dans l’humble réalité quotidienne de leur vie…Cette famille… un modèle, ... » dira-t-il. La conférence du père Jahan, directeur de l’Apostolat de la prière, interpelle quand il déclare : « La prière transforme le monde, c’est dès maintenant qu’il faut agir, on y va avec les moyens dont nous disposons – un moyen : c’est la prière de chacun, de chacune, la prière nous ouvre le cœur… ». Pour clore notre pèlerinage, Mgr Mollat du Jourdin nous a rappelé que nous avons trouvé des témoins des appels de Dieu et il est re- venu sur la prière en disant : « La prière , c’est la rencontre du Christ avec chacun, chacune d’entre nous…se savoir aimer par un Dieu qui est AMOUR ». Il nous a tracé la route à suivre : prier pour le monde, annoncer l‘Amour, la Miséricorde du Seigneur et être, à notre tour, de vrais témoins, témoins de l’AMOUR de Dieu, courageux et persévérants par notre témoignage. Je voudrais souligner un dernier point : les différents lieux dans les- quels nous avons prié : la cathédrale de Bayeux, Notre-Dame de la Délivrande, L’Abbaye aux Hommes, l ‘Abbaye aux Dames, l’Abbaye Saint-Martin de Mondaye (abbaye de l’ordre des Prémontrés), la Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux…Ces différents bâtiments sont immenses. Comme nous l’a dit notre guide « Ces bâtiments ser- vaient « la gloire de Dieu » et « l’élévation des voûtes est, pour le vi- siteur, un appel à la spiritualité…à la prière ». Ce mot « prière » est revenu, souvent, dans les propos de plusieurs de nos prêtres ou conférenciers. La prière est importante dans nos
  • 38. 36 le lien - mars 2016 - N° 264 vies, comme pour les témoins que nous avons découverts au cours de ce pèlerinage : les parents Martin et la petite Thérèse, en parti- culier. En 1897, dans « l’Histoire d’une âme » Thérèse dira ce qu’est la prière : « Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté ver le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour, au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin, c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». Faisons nôtres les paroles de Thérèse, avec courage et persévé- rance, comme nous y avons été invités au cours de ce pèlerinage. Enfin, nous avons terminé cet agréable moment en partageant la Ga- lette des ROIS. Agnès Laganier Groupe de Rouen Rencontre du 26 novembre 2015 à Notre Dame d’Alet L’automne 2015 fut vraiment riche de rencontres au sein de l’APPRR, puisqu’il a commencé avec ce beau pèlerinage national, qui, en plus, fut nor- mand ! La qualité des relations humaines d’amitié et de complicité qui s’établissent entre les participants permet d’ouvrir notre vision vers l’Église univer- selle riche de la variété de ses visages. Il est tou- jours impressionnant de constater que, d’un pèlerinage à l’autre, on reprend facilement nos conversations entre pèlerins, là où on les avait laissées deux années auparavant ! Nous apprenons à chemi- ner ensemble, en Église, grâce à la diversité de nos sensibilités spi- rituelles et de nos histoires humaines. Les liens amicaux qui s’établissent entre nous sont portés par la grâce que le Seigneur
  • 39. le lien - mars 2016 - N° 264 37 déverse à profusion dans ces moments-là. « J’ai pris conscience que l’APPRR n’était pas seulement une as- sociation ... mais une vraie communauté qui aidait un chemin spi- rituel à chacun » (dit une pèlerine). En ce qui concerne le groupe du diocèse de Rouen, la proximité a permis qu’un plus grand nombre de membres puisse y participer : nous étions 20 pèlerins et le pèlerinage de désir y associait tous ceux qui ne pouvaient pas faire cette démarche. La demande de notre Pape François de consacrer l’année litur- gique à La Miséricorde Divine, nous invite, de façon privilégiée, à choisir ce thème de réflexion et d’échanges à l’occasion de notre rencontre automnale. « Que notre prière s’étende aussi à tant de Saints et de Bienheureux qui ont fait de la miséricorde la mission de leur vie. Cette pen- sée s’adresse en particulier à la grande apô- tre de la miséricorde, Sainte Faustine Kowalska. Elle qui fut appelée à entrer dans les profondeurs de la miséricorde divine, qu’elle intercède pour nous et nous obtienne de vivre et de cheminer toujours dans le par- don de Dieu et dans l’inébranlable confiance en son amour ». Pape François « Misericordiae Vultus » Jean-Marie et Anne Vachon, membres d’un groupe de prière de- vant l’icône de La Miséricorde Divine (cette icône qui fut peinte par sœur Marie-Faustine, selon une vision qu’elle reçut le 22 février 1931), sont venus nous parler de sainte Faustine. Ils connaissent parfaitement son « Petit journal », ces notes intimes qu’elle rédigea durant les quatre dernières années de sa vie. Leur intervention fut passionnante, nous permettant de connaître sa vie et de décou- vrir son message annonçant plus spécifiquement La Miséricorde Divine. Enrichis par cet enseignement, puis nourris par l’Eucharistie célé-
  • 40. brée par le père Jacques Gaimard, nous nous sommes ensuite ré- partis en trois groupes, afin de partager nos réflexions personnelles au sujet de la Miséricorde. Afin de rentrer plus rapidement dans le vif du sujet, nous avions conseillé à chacun de lire, avant la réunion, la Bulle du Pape, "Misericordiae Vultus". Quelques questions guidaient nos par- tages : - Qu’est-ce que la miséricorde ? Pourquoi une telle année.... - La miséricorde : elle est d’abord pour chacun d’entre nous à vivre. Nous avons besoin de la miséricorde du Seigneur. Se reconnaitre pécheur. - Réaliser avec force l’amour infini et éter- nel du Père, quel que soit notre péché - Nous sommes appelés à une vie nou- velle et envoyés en mission pour faire connaitre cette miséricorde (et cette année de la miséricorde) autour de nous. - Nous prenons Marie comme guide... Après ce très riche moment de partage, nous avons accueilli le père Sébastien Savarin, responsable dans notre diocèse, du service des vocations. Quelle chance de découvrir, grâce à son exposé clair, la réalité des réflexions et activités menées au sein du SDV ! En outre, sa venue dans notre groupe local A.P.P.R.R., nous fait l’effet d’être désormais connus et reconnus comme cellule particulière d’Église au sein du diocèse. Nous guettions depuis longtemps cette opportunité qui s’ajoute à la participation du vicaire général, le père Maheut, lors de notre dernière réunion (mai 2015). Nous en sommes ravis ! Le SDV des 6 diocèses qui constituent la région apostolique de Normandie a choisi de privilégier, cette année, une réflexion sur le thème de la vocation. Il formule pour le jeudi de l’Ascension 5 mai 38 le lien - mars 2016 - N° 264
  • 41. 2016, ce projet : dans chaque diocèse* une marche-pèlerinage sera organisée sur le thème : « Donne-nous la Joie d’avoir des prêtres ». Un questionnaire guidera la réflexion des pèlerins qui seront ac- compagnés par des personnes précises. A nous, parents dont les enfants sont déjà adultes et engagés dans une vie consacrée, le père Savarin nous demande de participer et d’assurer ce service d’accompagnement. Être là auprès de ces personnes qui question- nent, confient, espèrent ou craignent qu’une telle situation se dé- roule chez elles. Il est question de sensibiliser les familles à cette réalité qu’elles sont le premier terreau de l’émergence des vocations propres à chaque jeune, quelles que soient ces vocations, orientées vers le sacerdoce, vers la vie religieuse, mais aussi vers la vie conjugale ou bien vers une vie célibataire choisie. Voici donc un projet concret demandé par l’Église qui va nous mobiliser, nous de- mander d’utiliser toutes ces richesses que nous recevons person- nellement parce que l’un de nos enfants a été appelé à se consacrer au service du Seigneur, d’une façon ou d’une autre. A cette occasion, nous proposerons à tous ceux que nous accompa- gnerons le livre « Paroles de Parents… » Pour conclure le récit de cette rencontre-là, autant évoquer la parole de l’une d’entre nous, au moment de se séparer : « L'APPRR est vraiment comme une famille et il est bon de s'y retrouver ». Nous avons gouté à ces trois dimensions qui font la richesse de nos « liens » : Amitié, Prière, Partage. *Notre région apostolique de Normandie comprend 6 diocèses : Bayeux-Lisieux, Coutances, Evreux, Le Havre, Rouen et Séez. le lien - mars 2016 - N° 264 39
  • 42. 40 le lien - mars 2016 - N° 264 BULLETIN d’ABONNEMENT au LIEN et/ou d’ADHÉSION à l'ASSOCIATION Période du 1er septembre 2015 au 31 août 2016 M. et/ou Mme : ........................................... Prénom(s) : .................................. Adresse : ………………………………..............………Tél : …………………….. Code postal : .................. Commune : ............................................................. Adresse mail : ................................................@............................................... Nom, diocèse, congrégation de votre enfant (s) ordonné ou consacré(e) : .................................................................................................... souscrit(vent) ou renouvelle(nt) son (leur) abonnement au Lien (bulletin trimestriel de liaison), soit 20 € ou, si adhérent 15 € : ...... € verse(nt) la cotisation nationale 2015-2016 de membre de l'Association : 4 € souhaite(nt) participer au soutien de l'Association en versant : € Ci-joint, règlement par chèque à l'ordre de : "A.P.P.R.R." de : € A remettre, SVP, à votre responsable diocésain, à l'occasion d'une réunion, Ou à adresser au Trésorier national de l'Association : Jean PÉNAUD, 7 rue Philippe Lebon, 37000 Tours
  • 43. À Dieu Le lien - mars 2016 - n° 264 41 Une messe est célébrée le premier dimanche de chaque mois aux intentions de tous les membres de notre association et plus particulièrement des défunts récemment signalés. Nous sommes tous invités à nous y associer par la prière. Monsieur Philippe BOIDOT, 14430 HOTOT EN AUGE Madame Geneviève DECHERF, 59220 DENAIN Madame Huguette DEPECKER, 60200 COMPIEGNE Monsieur Bruno de GARIDEL, 03210AGONGES Madame Suzanne PIMPANEAU, 75016 PARIS
  • 44. MARS 2016 - N° 264 Revuedel’APPRR AssociationNationaledesParents dePrêtres,ReligieuxetReligieuses Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, souverain prêtre, tu es le modèle de chacun et chacune d’entre nous. Conduis-nous vers ton Fils pour que nous puissions témoigner de son amour et apporter la lumière de sa parole. Nous te prions pour nos enfants afin qu’ils soient de vrais témoins des appels de Dieu. Nous te prions pour les prêtres, religieux et religieuses et tous les consacrés qui se sont engagés à la suite du Christ ; pour ceux et celles qui sont parfois débordés ou harassés, qui sont isolés ou découragés, qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme. Inspire-nous des pensées, des paroles et des ac ons qui les aident et les sou ennent. Aide-nous à susciter de nouvelles voca ons de consacrés et de chré ens engagés. Fais qu’en union avec nos enfants, nous par cipions à l’extension du règne de Dieu. Amen. Prière de l’associa on apprr.catholique.fr Les Ateliers de Frileuse - Carmel - 91640 Briis-sous-Forges Dépôt légal : 1er trimestre 2016 - N° 264