Le plongeur en immersion

1. LE PLONGEUR EN IMMERSION ©AlexVoyer

2. S’il est une discipline sportive dans laquelle la sphère ORL est fréquemment sollicitée, c’est bien la plongée en bouteille ou en apnée : 80% des incidents de plongée y sont liés. Ce domaine fait donc l’objet d’attentions particulières de la part des plongeurs. Nous abordons ici les fondamentaux relatifs aux incidents et accidents fréquemment rencontrés dans ces disciplines. ©AlfredMinnaar

3. L’oreille du plongeur Pour la clarté de l’exposé, nous parlerons des incidents ou accidents qui touchent respectivement : • L’oreille externe, • L’oreille moyenne, • L’oreille interne. Cette distinction est schématique : un incident survenant sur l’oreille externe peut toucher conjointement l’oreille moyenne et il n’est pas rare que cette dernière soit associée à un accident survenant sur l’oreille interne. ©AlexVoyer

4. Rappels anatomiques

5. 2 affections principales : • Otorragie • Dermite de conduit, eczéma L’oreille externe

6. Otorragie Définition : Extériorisation de sang rouge, de l’oreille, après une plongée. Causes : •Grattage, •Otite barotraumatique du conduit. Survenue liée à une pression excessive sur la peau du conduit, lésée ou fragilisée, qui se déchire et saigne. Phénomène indolore qui inquiète peu les plongeurs. ©AlexVoyer

7. Causes : L’eau qui reste dans le conduit après une plongée est désagréablement ressentie par le plongeur qui tente de l’enlever. Or la peau y est fragilisée par l’eau salée : l’introduction du doigt ou de tout autre objet la blesse. Conséquences : Les germes du conduit prolifèrent. Une simple excoriation les fait pénétrer dans le tissu sous cutané, amenant une inflammation et, parfois, une infection locale avec gonflement de la peau du conduit. Traitements : Douleur très vive. Traitement antibiotique et anti- inflammatoire par voie locale et générale. Dermite de conduit, eczéma ©AlexVoyer

8. Prévention AVANT la plongée, instillation : • D’huile d’amande douce, l’huile chassant l’eau • D’un antibiotique auriculaire PENDANT la plongée, utilisation de Doc’s Proplug© ventilés

9. 2 affections principales : • Otite barotraumatique • Blast de l’oreille L’oreille moyenne ©AlexVoyer

10. Lésion pressionnelle sur une oreille où l’équilibrage s’effectue mal. Survient surtout lors de la descente. Cause : Le mécanisme actif d’équilibrage est insuffisant. Douleur croissante, l’eau poussant le tympan vers la caisse où l’équilibrage se fait mal. 5 stades de gravité : • Petite inflammation du tympan, • Rétraction du tympan, • Épanchement rétro tympanique, • Hémotympan, • Déchirure tympanique (+ crise de vertiges). Plus le stade augmente, plus il y a un risque de lésion séquellaire : acouphènes, surdité +/- sévère, perforation tympanique. Peut survenir à la remontée. La diminution de pression dans la caisse se fait automatiquement. L’obstruction d’une trompe entraine une différence de pression entre les caisses, occasionnant un vertige alterno-barique pouvant être violent. Otite barotraumatique ©AlfredMinnaar

11. Blast Lésions provoquées par effet de souffle + traumatisme sonore. Associe souvent une lésion de l’oreille moyenne et interne. En surface, une forte vague peut créer un blast : pression de l’eau dans le conduit + claquement de la vague sur le tympan. Dès l'immersion, contraintes pressionnelles : le plongeur équilibre, sous peine de créer un barotraumatisme. De la violence pressionnelle dépend les dégâts anatomiques de l'oreille. Lésions : • Oreille moyenne : déchirure du tympan, lésions ossiculaires, hémorragie dans la caisse par pression brutale sur le conduit auditif. Douleur vive, perte +/- sévère d’audition, acouphènes, otorragie possible, sensations vertigineuses. • Oreille interne : Arrachement de la cochlée avec vertiges intenses et surdité irrécupérable. Récupération longue, par compensation par le cervelet. Traitements : corticothérapie précoce et forte. ©AlexVoyer

12. Prévention Ne pas plonger si vous êtes enrhumés Ne pas insister si l’équilibrage est difficile Savoir interrompre sa plongée Bannir la Valsalva, privilégier Frenzel et BTV Privilégier les descentes lentes avec temps d’avance dans la compensation Le nombre d’apnéistes présentant des lésions d’oreille interne est plus important que ceux qui n’en présentent aucune.

13. 2 affections principales : • Coup de piston de l’étrier • Accident de décompression (plongée bouteille) L’oreille interne ©AlexVoyer

14. Coup de piston de l’étrier Causes : À la descente, le plongeur et plus particulièrement l'apnéiste, force ses manœuvres d'équilibrage. Les " va et vient" du piston (l'étrier) sur la fenêtre ovale, par à-coups pressionnels, pour amener l'air dans la caisse peuvent altérer de façon définitive les fréquences aigües, proches de la fenêtre ovale. Lésions : à rapprocher de ceux d’un blast. Lésions de l’oreille interne essentiellement, avec participation de l’oreille moyenne. Cette dernière est réversible, ce qui n’est pas toujours le cas de la lésion de l’oreille interne. L’audiogramme montre une lésion auditive touchant les fréquences aigües (de 4000 à 8000Hz). Traitement : corticothérapie à fortes doses le plus tôt possible. ©AlexVoyer

15. Gare à votre 6000Hz ! Pour 25% d’apnéistes suivis, l’atteinte auditive des 6000Hz n’existait pas lors du premier examen et se trouve présente en moins de 3 ans. Les 6000Hz sont prioritairement touchés : anatomiquement la fenêtre ovale, où se trouve la platine de l’étrier, est en regard de la zone des 6000Hz de la cochlée (siège des cellules auditives). Des coups de pression de l’étrier lors des Valsalva répétées lèsent en premier cette fréquence. Par extension en tache d’huile, les fréquences proches sont atteintes (4000Hz et 8000Hz). L’atteinte des 6000Hz touche plus les apnéistes que les plongeurs bouteille. Sur la courbe audiométrique de 32 plongeurs : • 87% des plongeurs bouteille présentent une atteinte des 6000Hz, • Cette atteinte touche 95% des apnéistes purs et plongeurs bouteille, • Moins de 50% de tous les plongeurs confondus présentent une atteinte concomitante des 4000Hz et 8000Hz.

16. Accident de décompression • Palier mal fait / remontée trop rapide : dégazage « in situ » de microbulles d’azote dans les tissus et les liquides endolymphatiques, • Accident immérité : passage de bulles artérielles dans la circulation générale. Foramen ovale perméable suspecté, permettant un shunt droit-gauche avec court-circuitage, à la remontée, de l’émonctoire pulmonaire. Le diagnostic est suspecté sur le tableau clinique décalé. Le vertige survient dès l’arrivée sur le bateau ou dans l’heure. La symptomatologie associée peut être intense et prédomine sur les signes cochléaires purs. Le plongeur mentionne une sensation d’oreilles bouchées. Traitement : surveiller le plongeur qui peut développer d’autres atteintes neurologiques (paralysie des membres inférieurs, hémicorps voire des quatre membres). En attendant les secours, oxygénothérapie à grand débit et aspirine buccal. Passage obligé ultérieur en centre d’oxygénothérapie hyperbare. ©AlfredMinnaar

17. INCIDENTS ACCIDENTS CAUSES SYMPTÔMES DOULEURS TRAITEMENT PRÉVENTION OREILLE EXTERNE OTORRAGIE • Pression sur peau lésée • Grattage • Otite barotraumatique • Extériorisation de sang • Indolore • Huile d’amande douce • Doc’s Proplug© ventilésDERMITE DE CONDUIT ECZÉMA • Blessure du conduit • Contact doigt, germes • Inflammation • Douleur vive • Antibiotique + anti- inflammatoire, voie locale et générale OREILLE MOYENNE OTITE BAROTRAUMATIQUE • Lésion pressionnelle • Mauvais équilibrage • Obstruction de la trompe • Acouphènes, surdité, perforation tympanique, vertiges • Douleur croissante • Risques lésions séquellaires • Pas plonger si rhume • Pas insister si équilibrage difficile • Bannir Valsalva • Privilégier Frenzel et BTV • Descentes lentes + temps d’avance dans la compensation • Savoir interrompre sa plongée si problème BLAST • Effet de souffle + trauma. Sonore • Contraintes de pression • Déchirure du tympan, lésions ossiculaires, perte d’audition, acouphènes, otorragie, vertiges • Douleur vive • Corticothérapie précoce et forte • Récupération pouvant être longue / incomplète OREILLE INTERNE COUP DE PISTON DE L’ÉTRIER • À-coups pressionnels • Compensation agressive • Idem blast • Idem blast • Idem blast ACCIDENT DE DÉCOMPRESSION • Palier mal fait • Remontée trop rapide • FOP • Symptômes parfois décalés • Vertiges, sensations d’oreilles bouchées, atteintes neurologiques progressives • Oxygénothérapie • Aspirine buccal (100mg/20kg max. 500mg) • Centre d’oxygénothérapie hyperbare SYNTHÈSE

18. La trompe d’Eustache Canal faisant communiquer la caisse du tympan – cavité derrière le tympan – avec la partie postérieure des fosses nasales – le rhinopharynx. Elle assure l’équilibre pressionnel entre le monde extérieur (c’est à dire à l’extérieur du tympan) et le monde de l’oreille moyenne (derrière le tympan). En milieu terrestre, la trompe d’Eustache s’ouvre spontanément à chaque déglutition, assurant à tout instant l’équilibre pressionnel, garant d’une bonne écoute. ©AlexVoyer

19. Quelques mots d’introduction La trompe d’Eustache chez l’enfant Courte (environ 18 mm de long), sensiblement horizontale et d’une largeur similaire à celle de l’adulte, ce qui explique pourquoi les affections rhinopharyngées se compliquent fréquemment d’otites. Cependant ce trajet, court et horizontal, met aussi l’enfant à l’abri des tourments de l’équilibrage de caisse. Trompe d’Eustache La trompe d’Eustache chez l’adulte La trompe s’allonge (environ 40 mm), prend une direction oblique en bas, en avant et dedans. Elle ne s’élargit plus et se coude à la jonction des 2 segments (aspect en accent circonflexe plus ou moins ouvert). Une affection nasale affectera plus difficilement l’oreille mais l’ouverture active pourra devenir plus aléatoire (notamment dans la compensation, chez le plongeur et l’apnéiste). Trompe d’Eustache

20. Anatomiquement la trompe d’Eustache se dirige obliquement en avant, en bas et en dedans. Elle comprend deux segments : • Le segment osseux, postérieur • Le segment antérieur, fibro-cartilagineux Rappels anatomiques

21. Segment osseux, postérieur Il représente le 1/3 postérieur de la trompe. Ce segment osseux part de la paroi antérieure de la caisse du tympan et creuse une gouttière sur la paroi inféro-externe du rocher (os du crâne qui abrite une bonne part de l’oreille) Son orifice se rétrécit, d’arrière en avant, jusqu’à la paroi antérieure du conduit osseux.

22. Seul ce dernier est modifiable. Il se poursuit sensiblement dans le prolongement de la trompe osseuse et constitue les 2/3 environ de la longueur totale Il descend en dessous de la base du crâne et sa lumière s’élargit d’arrière en avant jusqu’à l’orifice pharyngien dans le rhinopharynx (partie postérieure du nez). Segment antérieur, fibro-cartilagneux

23. Jonction des 2 segments L’isthme, à la jonction des 2 segments, est le point le plus étroit du canal (sa largeur se résume à une simple fente lorsque les muscles du voile sont au repos). La forme globale dessine un accent circonflexe très ouvert mais, si le sommet est plus fermé, il en découlera une difficulté plus grande pour ouvrir activement l’orifice tubaire • Un angle plus fermé, lié à un visage plus étroit sur un plan transversal, rendra naturellement l’ouverture de la trompe d’Eustache plus difficile, • Un visage large étirera naturellement la trompe, donnant un angle plus obtus à la jonction.

24. Physiologie de la trompe d’Eustache L’ouverture de la trompe se fait : • De façon passive à la déglutition, • De façon active dès que la pression atmosphérique augmente, soit : o Par simple déglutition Si les variations de pression entre la caisse et l’extérieur sont faibles (piscine, descente en avion), o Par diverses manœuvres de compensation, plus ou moins agressives (Valsalva, Frenzel, BTV) Lorsque la pression extérieure augmente rapidement (plongée en scaphandre autonome ou apnée). ©AlexVoyer ©AlexVoyer

25. Exploration de la fonction tubaire Elle est réalisée à l’aide d’un appareil nommé tympanomètre, qui permet d’apprécier l’élasticité du système tympano-ossiculaire de l’oreille moyenne sous l’influence d’une hyperpression ou d’une dépression créée dans le conduit auditif externe. Les variations de mouvement du tympan sont enregistrées sous forme de courbe de compliance avec : • En abscisse, la pression en millimètres d’eau, • En ordonnées, le déplacement du tympan. La compliance maximale : obtenue lorsque les pressions endo et rétro tympaniques sont équilibrées. On obtient ainsi des graphiques types de tympanométrie : Oreille normale avec élasticité normale de la trompe. Trompe non fonctionnelle avec liquide dans la caisse, donnant une courbe plate. Pic déplacé vers les valeurs négatives (dysfonction de trompe).

26. Appareil moteur de la trompe Les muscles moteurs qui interviennent pour l’essentiel dans l’ouverture de la trompe d’Eustache se nomment péristaphylins (interne et externe). La trompe fibro-cartilagineuse est : • Fermée quand les muscles du voile sont au repos, • Ouverte lorsque les muscles péristphylins interne et externe se contractent pour l’ouvrir. ©AlexVoyer

27. Le péristaphylin interne Le péristaphylin interne Prend naissance à la jonction trompe osseuse - trompe cartilagineuse, en avant du trou carotidien, glisse sous la face inférieure de la trompe et se termine au niveau de l’orifice pharyngien de la trompe, en éventail sur le voile du palais. Quand il se contracte, il redresse la courbure du voile et soulève le plancher fibreux de la trompe. En résumé : Il fait bailler l’orifice pharyngien de la trompe et la portion antéro- interne de ce conduit.

28. Le péristaphylin externe Le péristaphylin externe Démarre ses attaches sur la base du crâne ainsi que sur la partie postérieure de la portion fibreuse de la trompe, descend ensuite pour finir par s’épanouir en éventail sur les muscles du voile. Sa contraction tire la paroi antéro-externe du conduit fibro- cartilagineux en bas et en dehors et dilate donc l’orifice pharyngé de la trompe. En résumé : Il dilate la partie postéro-externe. Une contraction du voile ouvre la trompe fibro-cartilagineuse.

29. Dysfonctions tubaires Elles découlent de l’anatomie de la trompe. Celle-ci peut : • Être trop fine et mal s’ouvrir de façon physiologique, sans pathologie retrouvée, si ce n’est une variante anatomique. Bourrelet tubaire exagéré au niveau de l’orifice pharyngien notamment, fermant partiellement l’ouverture, • Former un accent circonflexe d’angle trop aigu avec une lumière trompe osseuse-trompe fibro-cartilagineuse virtuelle. Les dysmorphismes donnent des trompes souvent verticalisées et étroites. ©AlexVoyer

30. Pathologies Ce sont surtout elles qui vont rendre impossible l’équilibrage des pressions de part et d’autre du tympan si on ne les traite pas. On distingue : • Les obstacles mécaniques sur l’orifice pharyngien :  Végétations adénoïdes  Reliquat de végétations  Inflammation chronique de la région (allergie, tabac, environnement)  Inflammation ponctuelle (rhinopharyngite)  Tumeurs bénignes du cavum (autres que végétations ou séquelles fibreuses d’une radiothérapie locale) • Les pathologies de proximité. ©AlexVoyer

31. Les éléments de voisinage L’anatomie de la trompe d’Eustache et ses rapports de proximité avec d’autres éléments anatomiques interviennent chez tous les apnéistes et rendent, parfois, l’équilibrage difficile. • La paroi antérieure de la caisse du tympan présente l’orifice de la trompe en dessous de laquelle se situe l’orifice carotidien où chemine la carotide interne. Cette carotide chemine très prés de la jonction osseuse-fibro- cartilagineuse, dont elle n’est parfois séparée que par une mince cloison osseuse, parfois déhiscente. Une procidence, non exceptionnelle, de la carotide dans la caisse rend les rapports anatomiques carotide – trompe d’Eustache encore plus étroits. Un peu plus en avant et légèrement en dehors, la cavité glénoïde reçoit le condyle articulaire du maxillaire inférieur. • La paroi inférieure de la caisse répond à la fosse jugulaire et particulièrement au golfe de la jugulaire interne. Là encore un golfe de jugulaire saillant peut donner des contacts intimes entre caisse et jugulaire interne. • La paroi interne, elle, n’est pas très loin du complexe cervical et des muscles para vertébraux. ©AlexVoyer

32. Incidences des éléments de voisinage Les éléments de voisinage influent sur la difficulté à équilibrer. • La carotide : procidente ou rigidifiée (artérite), notamment chez le fumeur, elle rend moins déformables les éléments de voisinage, à commencer par la trompe. L’augmentation de la pression aggrave ce phénomène. • Au niveau de la jugulaire interne : il peut y avoir un contact très proche entre la paroi rétro tympanique et le golfe de la jugulaire. La position tête en bas majore la turgescence veineuse et comprime pour partie la trompe. La position tête en hyper extension majore le tout. • Rachis cervical : arthrose cervicale, hyperlordose, jouent sur les muscles para vertébraux, occasionnant inflammation de voisinage et tensions douloureuses pouvant se répercuter sur l’orifice tubaire, assez proche, dans sa partie terminale, des muscles pharyngiens postérieurs et para vertébraux. • Articulé temporo mandibulaire : rétro ou prognathisme jouent sur les tensions des muscles tenseurs de l’articulé temporo mandibulaire, se répercutant directement sur la caisse et le muscle tenseur du marteau, modifiant la tension tympanique, jouant sur la pression de la caisse. ©AlexVoyer

33. Prévention AVANT de se mettre à l’eau : S’aider d’un décongestionnant nasal ou d’un vasoconstricteur nasal, Un Frenzel de surface est souhaitable et facile.

34. Prévention À LA DESCENTE : Descente tête en bas : pas d’hyper extension, garder la tête dans l’axe du corps Répéter fréquemment les Frenzel, ne pas attendre la douleur Le Frenzel peut être remplacé par une BTV Descendre lentement, prendre le temps d’équilibrer régulièrement Si échec d’équilibrage ou descente rapide, se positionner tête en haut Si problèmes d’articulé dentaire, manœuvres de diduction de la mâchoire + ouverture forcée suivie d’une déglutition

35. 2 problèmes peuvent survenir : • Un vertige alterno-barique, • Une douleur vive à une oreille, parfois associée à une émission de sang retrouvée dans le masque. À la remontée ©AlexVoyer

36. Transitoire, isolé et totalement régressif à la sortie de l’eau, il s’accompagne d’une désorientation spatiale totale. Il survient plus fréquemment à la remontée. Causes : en rapport avec une évacuation asymétrique des caisses. À la remontée, la trompe d’Eustache s’ouvre passivement sous l’effet de la pression dans la caisse qui diminue. Si un obstacle gêne l’ouverture, le bâillement passif est asymétrique, occasionnant un syndrome irritatif vestibulaire. Il en va de même si l’on protège unilatéralement une oreille. L’oreille non protégée va être stimulée par l’eau et si celle-ci est plus froide que la température extérieure du corps, on ressentira des vertiges tout le temps de cette stimulation. Un bouchon de cérumen peut réaliser le même phénomène. Si de surcroit, la tête est positionnée en hyper extension, on se retrouve dans les conditions d’une tête inclinée à 60° en arrière par rapport à la position verticale. Cette position est celle utilisée préférentiellement dans la stimulation labyrinthique lors des explorations fonctionnelles quand on souffre des vertiges. Le vertige alterno-barique ©AlexVoyer

37. Prévention À LA REMONTÉE : Garder la tête dans l’axe du corps : pas d’hyper extension Stopper passagèrement la remontée Déglutitions ou manœuvres de Toynbee (inspirer, nez bouché) Fléchir le cou en avant Redescendre éventuellement de quelques mètres En cas de vertige :

38. Douleur parfois associée à une émission de sang retrouvée dans le masque. Cause : Le phénomène est le même, avec évacuation quasi impossible de l’air de la caisse d’un côté. Si aucune cause d’obstruction, notamment au niveau de l’orifice tubaire, on peut évoquer une trompe dysfonctionnelle, qui se collabe lors d’une hyperpression de caisse et qui vient brutalement s’ouvrir sous l’augmentation inexorable de la pression, forçant l’ouverture et entrainant une micro déchirure avec saignement associé. Prévention : Identique au vertige alterno - barique. Douleur vive à l’oreille ©AlexVoyer

39. Méthodes d’équilibrage de caisse ©AlexVoyer

40. Principe : La langue comprime l’air emprisonné sous le palet. La pression force l’air à entrer dans la cavité nasale d’où il tente de s’é́chapper par le nez. Or le nez étant pincé, l’air ne peut s’échapper et, la glotte étant fermée également, il ne peut retourner dans les poumons. L’air ne peut donc aller que dans le seul orifice laissé ouvert : la trompe d’Eustache. Méthode : C’est la pointe de langue, appliquée en arrière des arcades dentaires, qui pousse le voile du palais vers le haut. Un impératif : que la glotte soit fermée. • Fermez votre glotte Gardez la bouche ouverte et essayez de faire sortir l’air des poumons : une contraction de la glotte est spontanément réalisée pour cela. • Maintenez le voile du palais en position neutre Lorsque vous pouvez expirer par votre nez et votre bouche en même temps, le voile est en position neutre. • Piégez de l’air sous le palais en effectuant un « block » avec la langue  T-Block : Dites « T » : le bout de langue se positionne sur l’arrière des dents supérieures.  K-Block : Dites « ka » : le bout de langue se positionne sur l’arrière des dents inférieures. • Déplacer la langue du bas vers le haut, afin qu’elle agisse comme un piston. Technique relativement simple, qui permet de descendre sans créer de barotraumatisme de l’oreille moyenne. Frenzel

41. Frenzel Mouth-Fill Limite du Frenzel et de la Valsalva : Vers les 30 mètres, la méthode de Frenzel devient inefficace : l’air de la bouche, comprimée, est insuffisant en quantité pour équilibrer la caisse. Il en est de même du poumon : l’air y étant trop comprimé, il devient impossible de le déplacer vers la bouche (Valsalva). Principe du Frenzel Mouth-Fill: Cette méthode s’adresse aux plongeurs qui descendent au-delà des 20-25 mètres. Il s’agit de remplir sa bouche d’air avant d’atteindre la profondeur limite des 30 mètres, pour pouvoir ensuite continuer la compensation en Frenzel classique. Méthode : On réalise un « appel d’air » des poumons vers la bouche en modifiant la position de la tête : • Menton levé, • On tente une inspiration de l’air, • Puis on repositionne le menton en position fléchie et l’on bloque sa glotte. On pratique ensuite le Frenzel classique. La quantité d’air ainsi piégée dans la bouche permet de descendre plusieurs dizaines de mètres sans trop de problème (la pression doublant relativement lentement à cette profondeur).

42. Principe : La Béance Tubaire Volontaire est une ouverture active et douce (béance) de la trompe d’Eustache. Méthode : On mobilise l’ouverture des muscles péristaphylins pour ouvrir la trompe d’Eustache. La BTV doit être réalisée fréquemment lors de la descente, une trop grande attente rendant la manœuvre difficile, voire impossible. Ouverture par diduction de la mâchoire : Une ouverture maximale de la bouche avec tentative d’avancer la mâchoire vers l’avant fait claquer les oreilles, témoignant de la sollicitation des muscles péristaphylins. Simple en théorie, la BTV n’est pas si facile à réaliser dans l’eau car elle impose la maitrise des muscles péristaphylins. Une personne sur quatre réalise spontanément des BTV, sans même le savoir. Béance Tubaire Volontaire (B.T.V)

44. Bouchons anatomiques de fabrication américaine (Scott, 1977), initialement créés pour les besoins des plongeurs et des surfeurs. Par extension, les Doc’s Proplug fermés (non-ventilés) sont parfois conseillés médicalement pour les patients porteurs d’aérateurs trans-tympaniques (diabolos mettant en communication l’oreille externe et l’oreille moyenne) ou en cas de perforation tympanique.

45. Les Doc’s Proplug© ventilés Cités par Umberto Pelizzari dans son ouvrage « Apnée, de l’initiation à la performance », les Doc’s Proplug ventilés présentent, à l’extrémité qui pénètre dans le conduit auditif externe, un micro orifice appelé valve de Scott, du nom de leur inventeur. Seuls ces Doc’s Proplug ventilés sont utilisés par les surfeurs ou les plongeurs. Ces valves de Scott garantissent l’équilibre pressionnel entre la partie interne et externe du conduit auditif, de part et d’autre du Doc’s Proplug ventilé.

46. Choix de la taille et mise en place • Choix de la taille Les Doc’s Proplug sont disponibles en 8 tailles. Des sites sont dédiés pour choisir la taille la plus appropriée à celle de votre oreille. Certains ORL fédéraux disposent de modèles de toutes les tailles au cabinet pour réaliser cette mesure. • Mise en place La « virgule » s’insinue en arrière de la racine de l’hélix. Le Doc’s Proplug doit se mouler dans la conque entière. Une petite languette, qui permet de le retirer, crée, lors de la traction, un léger effet de succion qui témoigne d’un bon calibre.

47. Qu’attendre d’un Doc’s Proplug© ? Dès que le plongeur (apnéiste) descend, la pression augmente sur le bouchon qui se plaque sur le conduit. Ainsi : • L’eau pénètre goutte à goutte, puis d’autant plus vite que la pression augmente, à travers la valve de Scott, • L’air ne sort pas ou très peu du conduit. On se trouve dans le cas de figure d’un verre retourné, rempli d’air, que l’on descend dans l’eau : on assiste à une montée du niveau de l’eau sans que l’air ne s’échappe du verre.  À 20 mètres, l’air qui se trouve dans la partie supérieure est à une pression de 3 bars, exactement comme l’eau qui le repousse progressivement.  À la remontée, l’eau s’échappe progressivement, repoussée par la colonne d’air. Autrement dit : l’air du conduit reste dans celui-ci pendant toute la descente bien que de l’eau vienne le comprimer.

48. Intérêts d’un Doc’s Proplug© • Annulation de la circulation d’eau dans le conduit :  L’eau ne refroidit donc pas / peu le tympan,  Diminution des risques d’otites et notamment d’otites externes, favorisés par les mouvements d’eau salée, irritants et créant, lors des descentes répétées, des micro excoriations du conduit, points d’appel des otites externes.  les Doc’s Proplug ventilés peuvent donc être conseillés lors des otites externes répétées ou lors d’irritations fréquentes de conduits, favorisées par le sel, le froid, le vent après les plongées ; • Maintien d’un manchon d’air entre l’eau et le tympan, ce qui laisse préjuger d’une bien plus grande facilité, pour les apnéistes, à compenser. 2 raisons à cela :  Plus grande facilité à repousser une colonne d’air qu’une colonne d’eau lors de l’équilibrage,  Maintien de la température corporelle du tympan lors de la descente, certainement pas étranger à cette plus grande aisance.

50. Il y a quelques années, on pensait que l’œdème d’immersion et le squeeze pulmonaire étaient rares (1% des cas). On sait maintenant que ce sont des accidents récidivants (12% environ) et potentiellement graves. • L’œdème d’immersion : s’adresse aux plongeurs. Peut être grave et mortel. Il est plus fréquent chez l’homme que chez la femme et la moyenne d’âge de sa survenue est de 47 ans. • Le squeeze pulmonaire : s’adresse aux apnéistes. Dans ces 2 pathologies, le résultat est le même : passage du sang des capillaires alvéolaires dans les alvéoles pulmonaires, avec des conséquences immédiates :  Essoufflement (dyspnée)  Crachats sanglants et mousseux (hémoptysies)  Toux (pour évacuer ce liquide)  Signes +/- marquées : cyanose, augmentation de la fréquence respiratoire et cardiaque, malaise. ©AlexVoyer

51. L’œdème d’immersion Causes : Blood shift avec afflux de sang dans la cage thoracique (lié à la vasoconstriction périphérique et à la poussée d'Archimède) ; + Retour veineux vers le thorax (pression négative intra thoracique majorée par une combinaison serrée, croissante avec la profondeur) = blood shift majoré ; + Effort physique soutenu et stress (plongée en eau froide, mauvaise visibilité, courant important) = libération des catécholamines, ce qui crée : • Augmentation de la fréquence cardiaque, • Élévation de la pression intra-artérielle. ©AlfredMinnaar

52. L’œdème d’immersion Conséquences : L’ensemble concourt à créer le gradient de pression suffisant pour que le sang des capillaires alvéolaires diffuse dans l’espace interstitiel alvéolaire et, dans les cas plus sérieux pénètre dans l’alvéole si sa membrane se déchire, permettant le passage du sang dans le poumon réalisant les signes cliniques décrits. ©AlfredMinnaar

53. Prévention Pas d’alarme en amont : sujet sain, en bonne forme physique. Si tension artérielle limite, cela est banal chez un sujet « vieillissant » Importance de la condition physique (éviter les plongées profondes si fatigué) Le mauvais temps, un fort courant sont des facteurs majorants (condition physique) Le froid L’âge : pas de zèle si on n’a pas envie L’expérience est irremplaçable pour gérer stress + conditions climatiques Le matériel (augmentation des résistances respiratoires liées au détendeur  importance des révisions des détendeurs personnels)

54. Causes : À l’immersion : pour tout apnéiste, bradycardie réflexe qui entraine une diminution du débit cardiaque et un premier blood shift avec redistribution sanguine vers le thorax d’environ 700 centimètres cubes  Occasionne : • Une pré charge cardiaque • Une diminution de la compliance (élasticité) des poumons. Au fur et à mesure de la descente : le poumon se ratatine jusqu’à son point ultime (VR = volume pulmonaire total).  Dépression intra thoracique croissante, le poumon ne pouvant se tasser davantage et le thorax ayant atteint ses limites d’élasticité.  Cette dépression crée le second blood shift de nécessité avec déplacement des pressions positives vers les pressions négatives : creusement du diaphragme et tentative de passage des organes abdominaux vers le thorax, attirés par la forte dépression intra thoracique. Le sang périphérique poursuit son déplacement vers le cœur et les artères intra thoraciques. Le squeeze pulmonaire ©AlexVoyer

55. À la remontée : Phénomène inverse : retour progressif du poumon à la normale mais pas assez vite, entrainant un gradient de pression avec expansion des gaz qui crée une surpression pulmonaire sur la barrière alvéolo capillaire même si le volume gazeux n’excède pas celui inhalé au départ. Stress (libérant des catécholamines) + froid majorent la vasoconstriction périphérique et les phénomènes. Le squeeze pulmonaire ©AlexVoyer

56. Dans tous les cas : masque à O2 avec un débit de 15l/minute sauf pour les apnéistes asymptomatiques (très fréquent, qui émettent un crachat mousseux sanguinolent et rien de plus et qui n’en sont pas à leur première aventure semblable). • Ne pas hydrater • Faut-il diminuer le volume circulant ? L’usage des diurétiques (qui diminuent la pression artérielle en faisant uriner) n’ont pas fait, semble-t-il, la preuve de leur efficacité. Traitement d’urgence ? Une question demeure : Quel est le devenir pulmonaire à long terme des apnéistes qui font des « squeezes » à répétition ? ©AlexVoyer

57. Prévention Pas d’alarme en amont : sujet est sain ou considéré comme tel sur le plan santé Importance de la relaxation et de la préparation avant toute apnée en mer Exercices sur muscles respiratoires et travail diaphragmatique Froid et stress sont des facteurs favorisant Importance de l’entrainement en descente, qui permet d’aborder cette discipline sereinement Principe de respiration « carpe » interdit La descente poumons vides est favorisante

58. Nous travaillons en étroite collaboration avec des médecins ORL et des ORL médecins fédéraux, dans le but de proposer une information spécifique qualitative, visant à vous permettre de protéger votre audition dans la pratique de votre sport et de votre vie quotidienne. Tous nos articles sont disponibles sur www.seriniti.fr Crédits photos : Alex Voyer, Alfred Minnaar

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