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04 seigneurs, rois, premiers etats
1.
2.
3. Le sept des ides d’avril, un jeudi, on fit à nouveau des
hommages au comte qui s’accomplirent selon le
rituel suivant. Le comte demanda au futur vassal s’il
voulait devenir son homme sans réserve et celui-ci
répondit « je le veux. » Et, ayant joint les mains que
le comte enveloppa dans les siennes, ils se lièrent par
l’accolade. En second lieu, celui qui avait fait
hommage s’engagea en ces termes : « je m’engage
en ma foi à être fidèle au comte Guillaume et
l’hommage ainsi fait, je l’observerai en bonne foi et
sans fraude, contre tous et entièrement. » Et il jura la
même chose une troisième fois sur les reliques des
saints.
Ensuite, au moyen d’une baguette qu’il tenait en sa
main, le comte donna le fief.
Galbert DE BRUGES, Histoire du meurtre du comte de Flandre, XIIIe siècle.
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5. Celui qui jure fidélité à son seigneur doit
toujours avoir les six mots suivants en mémoire :
inoffensif, sûr, honnête, utile, facile, possible.
Inoffensif, afin qu’il ne fasse pas de mal à son
seigneur. Sûr afin qu’il ne livre pas ses secrets et
ses châteaux forts. Honnête, afin qu’il ne porte
pas atteinte à ses droits de justice. Utile, afin
qu’il ne porte aucun préjudice à ses possessions.
Facile et possible afin que le bien de son
seigneur peut faire ne lui soit pas rendu difficile.
Si le vassal doit s’abstenir de nuire à son maître,
ce n’est pas seulement pour cela qu’il mérite son
fief. Il doit fournir fidèlement à son seigneur aide
[militaire ou financière] et conseil, s’il veut
paraître digne de son fief et se conformer à son
serment de fidélité.
Le vassal qui viendrait à manquer à ses devoirs
serait coupable de perfidie et de parjure.
D’après une lettre de Fulbert DE CHARTRES à Guillaume V, duc d’Aquitaine,
1020.
6. En 1202, Jean sans Terre, roi d’Angleterre est
condamné à la perte de tous ses fiefs français pour
n’avoir pas rempli ses devoirs de vassal.
La cour du roi de France se réunit et jugea
que le roi d’Angleterre devait être privé de
toute la terre que jusque là ses
prédécesseurs et lui avaient tenue des
rois de France, parce que depuis
longtemps,
ils
avaient
négligé
volontairement de fournir presque tous
les services dus pour ces terres, et qu’ils
ne voulaient en rien obéir à leur seigneur.
Radulphus de Coggeshall, Chronicon Anglicanum, XIIIe s.
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23. En l’an de l’incarnation 1214
[en ce temps que le Roi jean
d’Angleterre guerroyait en
Poitou, comme nous l’avons
dit, en espérance de
recouvrer la terre qu’il avait
perdu et qu’il se fut enfuit
lui et tout son ost à
l’approche de Monseigneur
Louis], Otton l’empereur
damné et excommunié, que
le roi Jean d’Angleterre avait
retenu à sa solde contre le
roi Philippe, assembla son
ost en Hainaut au château
de Valenciennes, en la terre
du comte Ferrand, qui a lui
s’était allié contre son
seigneur lige.
Guillaume LE BRETON, La
Philippide, XIIIe s.
Les chevaliers qui étaient dans l’armée du roi
marchèrent en avant et, laissant derrière eux
le roi pour lequel ils concevaient quelque
crainte, s’opposèrent à Otton. Pendant qu’ils
étaient devant et arrêtaient par leur
admirable courage la fureur des Teutons, des
hommes de pied entourèrent le roi et le
jetèrent à bas de son cheval avec des
crochets et des lances minces, et s’il n’eût
pas été protégé par la main de Dieu et par
une armure incomparable, ils l’eussent
certainement tué. Un petit nombre de
chevaliers qui étaient restés avec lui se jeta
devant des coups qui menaçaient le roi,
renversèrent, dispersèrent et tuèrent ces
hommes de pied ; mais le roi lui-même se
relevant plus vite qu’on ne l’espérait, sauta
sur un cheval avec une étonnante légèreté.
Par l’aide de Dieu, les épées des Français et
leur infatigable courage l’emportaient.
Guillaume LE BRETON, La Philippide, XIIIe s.
24. Du tournoi splendide que Bouvines aussi avait été, le roi luimême revenait riche plus qu’aucun roi de France avant lui.
Georges DUBY, Le dimanche de Bouvines,1974
A l’arrivée du Roi, toute la ville de Paris fut illuminée de
flambeaux et de lanternes, retentit de chants,
d’applaudissements, de fanfares et de louanges, le jour et la
nuit qui suivit. Des tapis et des étoffes de soie furent
suspendus aux maisons ; enfin ce fut un enthousiasme
général.
Roger WENDOWER, Chronique, v. 1220
25. Entre un tournoi et un
combat véritable, la seule
différence
est
dans
l’intention : la guerre est
animée par la haine, par
l’appétit de se défendre et
de se venger. Bien conduite,
dans
le
respect
des
interdits,
c’est
une
opération juste. Elle brise un
moment l’ordre mais pour le
mieux restaurer … en
rendant à chacun son
droit. »
Georges DUBY, Le dimanche de
Bouvines,1974
26. Maquette du Louvre médiéval
La muraille de Philippe Auguste, dans un parking.
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