Vincent Jost
Juste pour te lire
- Collection Philosophie -
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Table des matières
Juste pour te lire.........................................................................................1
Juste Pour te lire..................................................................................2
Ma proposition.....................................................................................3
Ta genèse.............................................................................................5
Petit point I..........................................................................................7
Peur primale.........................................................................................8
Petit point II.......................................................................................10
Extérieur............................................................................................11
Petit point III......................................................................................13
L'enfance............................................................................................14
Petit point IV.....................................................................................18
Ton Adolescence...............................................................................19
Révélation..........................................................................................20
Formation...........................................................................................22
Petit point V.......................................................................................24
i
Juste pour te lire
Auteur : Vincent Jost
Catégorie : Philosophie
Date de publication originale : EN COURS DE PREPARATION
Et tout ceci juste pour te lire, toi l'homme du XXIème siècle.
C'est un début d'une oeuvre assez ambitieuse. Mais qu'en pensez-vous?
Licence : Art libre (lal)
1
Juste Pour te lire
Je vous invite ici à passer un petit temps avec vous...
Juste Pour te lire 2
Ma proposition
Je ne sais par quel hasard ces lignes se sont retrouvées sous tes yeux.
Peut être m'a-t-on recommandé à toi ?
C'est peut-être un ami qui te veut du bien, ou alors un ennemi qui espère te
voir souffrir qui m'a permis d'être là, avec toi.
Cela en fait, m'importe peu. Seulement, sache que tu ne pourras pas sortir
indemne de ces mots !
Tu as encore la possibilité de ne pas poursuivre cette lecture, tu peux en
effet ne pas encore être prêt à te voir tel que tu es. Et si tel est le cas, mieux
vaut aller chercher d'autres pages à tourner, ou d'autres liens à ouvrir.
Si je ne sais pas pourquoi tu es là, à cet instant et malgré mes prévenances,
je sais par contre qui tu es.
Tu es vivant !
Le fait que tes yeux puissent se poser sur moi, que ton cerveau
transcrive ces signes en mots puis en phrases afin de former quelque chose
de concret dans ton esprit est très révélateur de l'existence de ta vie.
Tu lis, donc tu penses et donc tu es.
Ayant maintenant la conviction profonde de ta réalité, je peux te proposer
d'aller plus en amont de ta présentation. C'est vrai : tu me lis, donc tu es.
Tu penses et tu existes, tu poursuis ta lecture et petit à petit je te cerne de
mieux en mieux. J'ai précédemment dit que tu étais Vivant, oui tu es
Vivant. Mais d'entre tout ce qui vit, tu es de cette race rare des Hommes
qui lisent. Mais n'allons pas si vite.
Tu es Vivant et tu es un Homme.
Je dis bien un Homme avec un grand H, je ne parle pas simplement d'un
ADN de type humain, mais de ce qui nous différencie de l'être dont seuls
les instincts guident son chemin.
Et c'est donc à toi, que j'aie choisi parmi de nombreux autres, à qui je
Ma proposition 3
Juste pour te lire
propose de conter ta préhistoire.
Ma proposition 4
Ta genèse
Ta genèse vient de la rencontre de tes deux moitiés originelles. Il se peut
que cette rencontre n'ait pas été voulue ou qu'au contraire elle soit
l'aboutissement d'une attente plus ou moins longue. Elle peut être
accidentelle ou scientifique, amour ou violence mais en tout état de cause,
cette rencontre s'est produite et cela peu importe la manière. Tu aimes, ou
tu aurais aimé que tout commence par une belle histoire, mais la vie est
ainsi faite et nul ne peut décider de sa provenance.
En général, c'est la sélection naturelle qui va choisir le représentant le
plus capable du donneur mâle. Mais il arrive aussi parfois que ce soit le
hasard au sein d'un prélèvement qui choisisse finalement l'élu fécondateur.
Et que la sélection naturelle ait été remplacée par la sélection scientifique,
cela ne change rien au fait que c'est cette moitié sera la clé de ce que tu
seras aux yeux du monde : Une double X ou un mélange de X et Y.
Et c'est donc cette heureuse partie de toi, qui me lis en partie, qui a permis
de féconder ton autre moitié, qui se trouve devant moi, maintenant.
La réserve génétique des donneuses femelles se plaît en effet à mettre à
disposition de la vie sa contribution une seule fois par mois. Bien sûr, la
capricieuse peut parfois en expulser plusieurs en même temps, mais
généralement cela se produit mois après mois, l'un après l'autre jusqu'à son
ultime don. Une fois que cette invraisemblable rencontre s'est produite,
tes deux moitiés se sont partagées les rôles afin de te définir tel que tu es,
là, maintenant, face à moi.
En effet, au court d'une longue partie de cartes, ils t'ont composé.
Tu as les yeux bleus du mâle ou peut être les verts de la femelle ou bien
sans doute les yeux noirs provenant d'une génération précédente.
Tu as aussi les oreilles un peu rondes ou bien vraiment très longues ou bien
Ta genèse 5
Juste pour te lire
encore le juste croisement des oreilles de tes géniteurs : deux belles oreilles
ovales, mélange des deux.
Voilà le jeu qui se joue, en fonction de la dominance des gènes ou de
leur faculté à se mélanger. Voilà simplement ce qui fait que tu es toi, mais
que tu ES tout de même.
En moyenne, il t'aura fallu neuf mois pour que la partie de cartes s'achève
et que l'on puisse enfin te faire utiliser tes poumons. Je dis bien en général,
car il est aussi probable que tes deux moitiés originelles ne soient pas très
joueuses et décident d'en finir plus rapidement avec la distribution des
sous-ensembles qui te font.
Alors, on dira que tu es né prématurément et il aura donc fallu te
surveiller un peu plus, afin de vérifier que les distributions vitales avaient
bien eu lieu.
La partie de cartes achevée, ton corps va continuer à évoluer. Mais cette
évolution nul ne pourra plus la maîtriser sans passer par de l'artificiel. Tes
gènes sont là et s'exprimeront lorsque leur temps sera venu, ton destin
génétique est fixé et va se poursuivre jusqu'à ta fin.
Ta genèse 6
Petit point I
Tu vois bien, je t'avais dit que je te connaissais. Je pense même te
connaître mieux que tu n'en as conscience. Non que je sache mieux que toi
ce que tu es capable de savoir sur toi, mais seulement moi, j'ose te rappeler
ce que tu feins d'ignorer de toi-même. Alors si tu veux poursuivre ton
introspection avec moi, je te propose de poursuivre.
Mais juste avant, dis-moi, me suis-je trompé jusque-là sur ta
préhistoire ?
Non !
C'est bien ce que je pensais.
Bon maintenant que tu as bien réfléchi sur ta genèse, chose qui fait que tu
sois, il est grand temps que je te parle un peu de ton histoire.
Petit point I 7
Peur primale
Tu as Peur.
Dès ta naissance, et autant que tu l'admettes dès ce stade, jusqu'à ta mort ta
peur ne te quittera pas.
Pourquoi penses-tu avoir crié en arrivant au monde ?
− Parce que tes poumons se sont dilatés une première fois et que cela t'a
fait mal ?
− Parce que l'air qui est passé par ta trachée et qui a rempli tes poumons
t'a fait l'effet d'un gaz irritant en pénétrant ton corps ?
Non, rien de tout cela.
La partie de cartes s'étant achevée, tes deux moitiés se sont diluées pour
te réaliser. Et une première fois te voila seul, séparé du cordon qui
t'alimentait, de la poche qui te protégeait, te voilà seul, nu et vulnérable.
Alors, tes cris, tes pleurs ne sont pas une réponse à une douleur physique,
mais un appel au secours, un appel à l'antisolitude, un cri de rage contre ta
condition Humaine.
Tu es là depuis à peine quelques secondes et tu as déjà tout compris à la
vie qui t'attend : tu es et resteras à tout jamais dépendant de l'autre.
Alors, tu pleures pour que l'on te remarque, pour ne pas rester seul de
peur de mourir sans que personne ne comble ta dépendance.
Et ainsi pendant plusieurs années l'autre, ton géniteur, ton éducateur, ta
mère ou ton père, peu importe comment il se nomme et qui il est pour toi à
présent, l'autre t'a fourni assez d'attention pour que notre rencontre puisse
se réaliser aujourd'hui. Tu te dis « oui, cet autre s'est occupé de moi, mais
tout de même il aurait pu mieux faire ». Car tu es toi, dépendant dès ta
naissance tu crois encore et tu attends toujours que l'on s'occupe de toi, que
l'on réponde à tes attentes qui te sont propres, mais qui ne sont, sans aucun
Peur primale 8
Juste pour te lire
doute, pas le propre de l'autre.
En fait, depuis longtemps tu as jugé celui qui t'a permis de me lire. Tu l'as
jugé pour ce qu'il ne t'a pas fourni et non pour ce qu'il est. Lui aussi attend
de pouvoir me lire, lui aussi est dans un état de dépendance envers son
autre. Comme toi, il a crié lors de sa naissance et comme toi il a jugé celui
ou ceux qui ont fait qu'il soit ton autre : lui aussi a peur, il est ton
semblable.
Et pourtant, tes premiers cris se sont estompés. Ta peur primale s'est
atténuée à tel point que si je ne te l'avais pas rappelé précédemment, tu ne
t'en souviendrais pas à présent.
En fait, ton enfance t'a fait entrer pleinement dans ton état de dépendance.
Une dépendance qui au fil des jours est devenue une normalité. Et que ton
autre soit un monstre t'ayant fait subir toutes sortes d'atrocités, où qu'il soit
ce monstre qui combla tes moindres volontés, il fit en sorte de calmer ta
peur primale pour t'en créer de nouvelles.
Peur primale 9
Petit point II
Alors, voilà, tu commences à te demander pour qui je me prends pour te
parler aussi crûment. Tu as sans doute envie de me zapper, histoire de
retourner dans le petit monde qui s'est construit autour de toi, petit à petit.
Mais en même temps, tu te demandes jusqu'où mon analyse de toi va me
conduire, va te conduire.
En surface, tu te dis que ces nouvelles peurs dont je te parle sont
inexistantes, mais au fond, respire et vois comme tes boyaux te serrent, au
fond, tu sens très bien de quoi je vais te parler !
Oui, c'est bien d'elles dont je te parle, tes peurs de manquer.
A force que l'on réponde à tes cris, ta peur pour ta survie s'est muée en
peur de manque. Tes premiers cris qui appelaient « Au secours !
Maintenant que je vis, je ne veux pas mourir ! Je suis incapable de
m'assumer, il faut que l'on s'occupe de Moi ! » sont devenus ces cris
plus égoïstes du type « C'est l'heure ! J'ai faim ! Je m'ennuie ! J'ai mal !
Que celui qui s'occupe de moi accourt sur-le-champ ! » Dès ton plus jeune
âge et ce, jusqu'à ton adolescence, tes peurs vont s'accroître ainsi au même
rythme que tes besoins. Ta première nouvelle peur fut celle de manquer
ton repas. Puis te sont venues la peur de manquer d'attention, la peur que
celui qui s'occupe de toi ne soit plus là pour toi. Et finalement, après ces
peurs basiques, tu as développé un autre type de peur, la peur de la
non-reconnaissance de Toi qui va se concrétiser en développant de
nouveaux manques, de nouvelles peurs.
Petit point II 10
Extérieur
Là, oui, tu te souviens de ce petit rien à présent et qui représentait tant
pour toi. De ce blouson que portait l'un de tes copains de classe, ce cartable
qu'il avait ou bien encore sa force ou sa grandeur qui en faisait un
adversaire redoutable pendant les petits combats de court d'école.
Tu te souviens bien de tous ces petits riens qui te manquaient, qu'il te
fallait. Et ainsi, tes peurs ont accru en toi ; peur de ne pas avoir
suffisamment pour être valorisé auprès des autres, peur de ne pas être à la
hauteur face à l'autre. Et ces peurs t'ont fait être de plus en plus exigeant
envers ceux qui se sont occupés de toi. Leur impossibilité à répondre à
toutes tes attentes est devenue pour toi des manques d'attention, des
manquements à ton intégrité face à la société extérieure vers laquelle ils
t'avaient eux-mêmes placé : l'école, l'Extérieur.
Et c'est ici, en grande partie, que ta vie actuelle s'est lentement dessinée.
La peur à cela de positif, elle est assimilée dans ton corps, dans ton esprit à
une action. Et comme toute action donne lieu à une réaction, il a bien fallu
que tu réagisses face à tes peurs.
Ta première réaction fut de réagir comme tu avais appris à le faire ; tu te
mis à crier. Crier pour que l'on te remarque, crier pour qu'autour de toi tout
se fasse comme par le passé, que le monde extérieur comble tes
manques.−Et comme tu es de ces pauvres mais très rares personnes à qui le
monde extérieur donne tout ce qu'ils demandent, en lisant ces lignes tu te
demandes comment l'extérieur aurait dû réagir à ce moment clé de ta vie.
−Et comme tu es certainement de ces nombreuses personnes à qui le
monde extérieur donne la chance de réagir autrement, tu as appris à le
faire.
Extérieur 11
Juste pour te lire
Ta découverte forcée de l'extérieur a donc été, pour toi, une nouvelle
source de besoins, une nouvelle source de manques, une nouvelle source
de peurs.
Et que ton enfance ait marqué ta vie à jamais à cause de traumatismes liés
à une maltraitance que t'aurait infligée un Autre, ou qu'elle se soit passée
simplement sans que tu ne puisses plus t'en souvenir précisément, elle t'a
forgé tel que je te vois, tel que je te sens, tel que je t'écris.
En fait, le fond de l'Homme qui se trouve face à moi à présent n'est autre
que le résultat des interactions qui se sont produites entre tes attentes et
leurs gestions par l'extérieur ; ton enfance.
Extérieur 12
Petit point III
De toutes les périodes de la vie, on dit que c'est l'enfance la plus belle.
On le dit, on le croit sincèrement lorsqu'on voit un enfant.
Mais toi, voudrais-tu réellement retourner en enfance ?
Si ta réponse est oui, tu peux alors stopper la lecture, ce qui va suivre n'est
pas pour toi.
Je veux te décrire comment s'est passée ton enfance et si tu veux y
retourner, c'est qu'en fait, tu n'en es pas encore sorti. Et il n'est jamais très
bon de savoir à l'avance son avenir.
Alors si tel est le cas, si vraiment tu es encore psychologiquement bloqué
au stade de l'enfance au point de croire qu'il serait bon d'y retourner, il est
temps de nous séparer. Garde-moi précieusement, marque cette page et
reprends-moi quand tu auras grandi.
À bientôt mon ami.
Petit point III 13
L'enfance
Cela fait bientôt deux secondes, deux minutes, deux heures ou deux ans
que nous ne nous sommes pas vus, alors j'en profite pour te saluer, toi,
l'ex-enfant devenu grand.
Comme j'ai commencé à te l'expliquer auparavant, c'est à ce stade que
les bases de ta personnalité se sont construites. Et je sais à coup sûr
pouvoir te dire que ton enfance s'est tout de même bien passée par rapport
à celle que d'autres que toi ont eue. Non ! Comment ça non ! Tu as ces
lignes sous tes yeux qui te font lire en toi et tu ne sais encore pas
reconnaître que puisque tu es là c'est que ton enfance s'est plutôt bien
passée !
Certes, tous tes besoins n'ont pas été assouvis. Mais tout de même, tes
besoins vitaux t'ont été donnés. Tu as été abreuvé et nourri suffisamment
pour survivre.
Tes maladies ont été soignées, ton corps a été assez armé pour affronter
toutes les agressions extérieures et, puisque tu me lis, je peux aussi
affirmer que l'on a même veillé à ce que tu sois éduqué.
Souviens-toi du quatrième paragraphe de ce livre et ose encore me dire
que ton enfance fût la plus détestable de toutes.
Te voilà revenu ? Non ? Parfois, il est bon de revenir un peu en arrière.
(Aparté) : ici, je vais t'octroyer une légère pause. Jusqu'à présent je n'ai
fait que te lire et, pour te remercier de me laisser faire ainsi, je vais tout de
même te donner une petite astuce qui pourra t'aider un jour, dans ta vie.
Lorsque ce jour il te faudra faire un choix, prendre un tournant pour te
diriger vers les voies de l'avenir, surtout n'oublie jamais de regarder en
arrière. Souvent cela te fera mal, mais cela te permettra de bien repérer les
erreurs à ne plus reproduire. Beaucoup de ceux qui ont lu ce conseil avant
toi m'ont d'abord répondu qu'il ne servait à rien de regarder le passé, qu'il
fallait seulement construire l'avenir. Ils avaient simplement oublié que
L'enfance 14
Juste pour te lire
l'avenir sera un jour passé et que si personne ne regarde en arrière, à quoi
auront servi tous ces avenirs du passé ?
La pause est finie. Oui, c'est cela, tu es Vivant ! Et comme tu vis,
forcément, ton enfance s'est plutôt bien passée.
Les bases de ta personnalité sont en fait issues des réactions que ton
entourage a eues en réponse à tes attentes. Tu les connais ces réactions,
elles sont trois. Et face à ses trois dernières, tu as toi aussi réagi en te
formant, par expérience, une matrice pour ta future personnalité.
La première, que tu redoutais le plus, c'était le non. Le non strict et sans
espoir de pouvoir combler un jour le manque que tu avais exprimé. Ce non
à ta demande d'un petit quelque chose qui représentait tant pour toi. Ce non
qui t'a révolté, qui t'a fait détester ceux qui le prononçaient.
Ce non qui parfois t'a aussi obligé à ne pas y faire attention afin d'obtenir
quand même ce que tu désirais franchissant ainsi la ligne de l'interdit. Et
finalement, ce non que tu redoutais tant, te fit ne plus perdre du temps à
demander.
Ce non pouvait alors te faire réagir de ces deux façons :
− Tu pris, tout simplement, tout ce que tu pouvais prendre et cela,
peu importait la manière, du moment que ton besoin était assouvi. Tu
développais ainsi un caractère plutôt Arriviste.
− Tu finis par admettre ta soumission totale envers l'autre et tu
n'osas plus rien vouloir. Tu ne pris plus que ce que l'on voulait bien te
donner. Tu développais ainsi un caractère plutôt Soumis.
La seconde réponse, celle qui allait te réclamer un effort et que tu
trouvais injuste, était la réciproque. Celui que tu sollicitais voulait bien
consentir à faire en sorte que ton souhait soit réalisé mais seulement en
échange d'un effort de ta part. Il voulait que tu sois le meilleur à l'école, il
te demandait de ranger tes affaires, d'être sage, bref il fallait toujours que
tu donnes pour recevoir. Ce fut pour toi très dur et petit à petit tu finis par
croire que rien ne se donnait, que tout devait forcément avoir un prix. Plus
tard, tu en as payé le prix, n'est-ce pas ? Tu développais ainsi un caractère
L'enfance 15
Juste pour te lire
plutôt Laborieux.
Enfin, la troisième réaction, celle que tu attendais et que tu trouvais, si
ce n'est naturelle, au moins normale, c'était une réponse positive. Tu
demandais, tu avais. Tout allait pour le mieux pour toi lorsque tu te
retrouvais dans cette situation simple. Simple pour tout le monde.
En effet, simple quand elle est possible pour celui qui t'accordait ce que
tu voulais, car ainsi il n'avait pas à s'occuper de ta construction.
Simple pour toi puisqu'aucun effort ni aucune frustration ne venaient
s'associer à tes demandes. Tu développais ainsi un caractère plutôt
Attentiste.
Et là, tu vas me dire que ton cas ne figure totalement dans aucune de ces
formes de réponse. Heureusement pour toi car si l'on t'avait toujours
répondu strictement d'une seule de ces manières, tu serais aujourd'hui trop
formaté pour que je puisse t'aider.
Par contre, de ces trois réactions possibles, il en est une qui a été
prédominante lors de ton enfance et c'est donc elle qui prévaut
inconsciemment en toi.
Or c'est un bon équilibre entre ces trois formes de réactions, ces trois
formes de réponses face à tes recours qui auraient pu t'aider dans la
construction basique de ta personnalité. L'équilibre absolu t'aurait appris
qu'il faut demander ce que l'on veut, et que parfois pour l'obtenir, il faut
aussi donner de soi.Cela t'aurait appris aussi que d'autres choses peuvent
tout simplement être données, données pour rien, par amour, mais données.
Et tu aurais ainsi beaucoup mieux assimilé le sens du non, la nécessité et le
bon droit de l'interdit. Puis finalement, tu aurais aussi appris que parfois, le
franchissement des lignes est nécessaire pour concrétiser un réel besoin.
Comme ta vie serait belle si l'on t'avait équilibré tes demandes, te dis-tu.
Mais parce que l'équilibre parfait n'est pas humain et que tu es un Homme
et que ces autres à qui tu réclamais étaient aussi des Hommes, le
déséquilibre primaire s'est lentement installé en toi comme le ver dans un
L'enfance 16
Juste pour te lire
programme.
C'est donc en état de déséquilibre qu'il t'a fallu entrer dans un nouveau
monde, le monde qui allait définitivement être ton dernier stade d'évolution
avant de devenir un Homme. L'enfant déséquilibré que tu étais devait à
présent affronter sa plus courte période de vie pour beaucoup, la période de
tous les dangers : l'adolescence.
L'enfance 17
Petit point IV
Si tu as bien assimilé l'idée directrice vers laquelle tu m'emmènes depuis
le début de ta lecture, jusqu'à la fin de ton enfance tu auras été dirigé, voire
même contrôlé par tes besoins, tes manques, tes peurs. La première et la
plus vitale fut ta peur pour ta survie, ta peur de mourir : ton premier cri.
Puis, petit à petit, tu compris très vite que ce besoin te serait comblé.
Alors, en même temps que tu as commencé à découvrir, envier l'extérieur,
tu as développé en toi de nouveaux besoins.
Et ce n'est pas la génération de tes besoins qui t'a construit jusque-là,
c'est la réponse, l'action qu'a entrainée ta demande, la corrélation entre ton
nouveau besoin et ta manière de l'obtenir ou de l'abandonner, qui a formé
les fondations de ton mécanisme psychologique. C'est donc avec ces
valises que tu es sorti d'une enfance de dépendance totale pour faire tes
premiers pas vers la liberté espérée de l'adolescence.
Petit point IV 18
Ton Adolescence
Cela a été la période la plus riche et la plus décisive pour réaliser ce que
tu es. C'est donc une période qui reste présente bien clairement à ton esprit,
même si je vois bien que tu essayes de la dissimuler derrière un léger voile.
Je vois bien que tu as oublié toute la richesse de ces années, maintenant
que tu es paisiblement installé dans ta vie.
Mais souviens-toi, il n'y a pas si longtemps, tu rêvais...
Tu te rêvais autrement n'est-ce pas ?
Ton Adolescence 19
Révélation
Étonnant n'est-ce pas comme je te connais ? Mon secret, je peux bien te
l'avouer. À ce stade de ta lecture, mets-toi un peu à ma place et
qu'imagines-tu pouvoir voir ?
Toi, oui simplement toi et tes yeux. Tes yeux où ces lignes se moirent, ces
lignes étant toi ; oui, je suis simplement toi, ou plutôt ton reflet.
Mais maintenant, voyons un peu ton adolescence. Peut-être y es-tu
encore ?
Et à bien lire en toi peut-être que je pourrais t'aider à choisir le chemin
qui te mènera au moins pire Homme que tu es en devenir.
Et si tu es déjà un Homme, sache qu'en regardant en face ton adolescence,
tu pourras trouver le moyen d'y retourner afin de changer l'Homme que tu
es en l'Homme que tu voudrais être.
Souviens-toi de mon aparté !
Jusqu'avant cette période, tes besoins n'étaient concentrés que sur toi. Tu
as bien découvert l'autre et l'extérieur, mais tu n'as pas tout de suite pris
conscience de sa propre individualité, de ses besoins.
Mais ta vie, ton expérience, ton éducation t'ont peu à peu ouvert une
nouvelle porte. Tu pris conscience des choses et des autres. Sans doute
n'avais-tu pas cerné toute la complexité de l'autre, mais tu finis par
admettre que l'autre était un élément à prendre en compte dans
l'élaboration de tes besoins. Tu compris peu à peu la loi dite de
l'action-réaction.
Tu savais qu'il suffisait de modifier un paramètre pour que tout un
Révélation 20
Juste pour te lire
ensemble soit bouleversé. Ton père a quitté ta mère, ton frère est parti de la
maison, on t'a appris des choses que tu ne savais pas sur toi, on t'a changé
d'école... Un paramètre et une vie change !
En tant qu'adolescent, tu as continué à produire de nouveaux besoins,
mais ces derniers n'étaient plus sans conséquence.
Peut être était-ce un jour particulier, ou alors ce sentiment s'est peu à peu
révélé à toi, mais toujours est-il qu'un jour tu pris conscience d'être. Et ce
fut un bouleversement pour toi.
Car en prenant conscience de ton existence, tu pris aussi conscience de
l'existence pleine et entière de l'autre. Très vite, tu compris qu'à présent il
te fallait prendre une place et cette place ne pouvait pas t'être donnée, il te
fallait la construire.
C'est là que ta construction basique a dirigé tes premiers choix. Durant
cette période charnière, à l'orée de ta vie d'adulte, tu fus soit Soumis,
Arriviste, Laborieux ou Attentiste, tu fus et fis selon la force de tes envies
et selon tes possibilités.
Révélation 21
Formation
Parce que personne n'est entièrement rattaché à son enfance, tu n'as pas
été complètement guidé dans tes choix par un seul des caractères
développés pendant cette dernière.
Le plus grand bouleversement de ta vie aura été ta prise de conscience de
l'existence de l'autre.
Et si souvent, comme le dit Sartre : L'enfer, c'est les autres, je pense aussi
pouvoir t'affirmer que parfois, au contraire : le salut vient des autres.
Comme on modèle la pâte, on forme un Homme.
Et c'est durant cette période que s'est ouverte à toi la porte de la
connaissance.
La connaissance universelle, celle qu'on enseigne dans les écoles.
La connaissance de l'autre, celle que l'on ne peut acquérir qu'en le
fréquentant et en l'observant.
C'est aussi la période de la connaissance la plus précieuse qui soit et que
l'on perd très souvent, la connaissance de soi par la formation de soi et le
regard de l'autre.
Avide d'apaiser tes sens, te souviens-tu des expériences faites sur ton
corps, sur les réactions des autres ?
Te remémores-tu tout ce que tu as mangé, bu ou inhalé ?
C'est aussi la saison de ton corps. Il lui fallait être beau pour plaire à
l'autre, plaire à tes yeux et que tu ais été ou non beau, jamais tes yeux ne se
voyaient autrement que laid.À découvrir le monde, te découvrir, découvrir
Formation 22
Juste pour te lire
l'autre et t'apercevoir que l'autre est reconnu, il fallait que toi aussi on te
reconnaisse.
C'est alors que tu as commencé à rêver ailleurs que dans tes rêves ; c'est
alors que tu fus à l'apogée de ton être.
Tu savais enfin pourquoi ta présence était précieuse au monde et il te
suffisait d'agir pour que l'univers change par ton simple battement d'ailes.
Invulnérable et immortel tu commençais ton adolescence avec la certitude
de former au bout un Homme dont tu serais fier et dont l'autre se
souviendrait.
Mais ces promesses d'un avenir hors du commun durent rapidement se
confronter aux réalités humaines et à ton caractère.
Le problème pour un adolescent, c'est que son autre est souvent lui aussi
adolescent. Il possède lui aussi le même désir de reconnaissance, et lui
aussi se croit intouchable. De ce fait, tes rêves se sont pour la plus part
brisés contre les rêves des autres et tu ne pus jamais devenir ce que tu te
croyais être.
Au sortir de ton adolescence, tu n'étais plus l'enfant qui y était entré ni
tout à fait l'Homme qui me lit. Et même si une partie de tes rêves avait
trouvé le terrain sur lequel pousser, ton ambition première te semblait à
jamais perdue !
Tu devenais adulte.
Formation 23
Petit point V
Courte mais si intense cette adolescence. Qu'as-tu donc fait de sa
flamme incandescente ?
Depuis que tu es adulte, bien rangé dans ta vie ou dérangé par ton manque
de rangement, tu souffres de ne pas être un peu plus l'Homme de tes rêves.
Tu mènes parfois ta vie ainsi depuis tant d'années que sans moi tu aurais
presque oublié d'avoir un jour rêvé.
Mais encore une fois, je te somme de tourner les pages. Va, retourne en
arrière et souviens-toi de mon aparté.
Tu n'es pas l'unique stationné de ce parking des rêves oubliés. Ils
n'attendent que toi pour s'élancer, d'une façon différente peut-être, vers la
naissance de l'Homme que tu es.
Enfin, tu me reconnais, je suis ton rêve révolté qui vient pour te libérer...
...
Ferme ce livre et bats des ailes, que notre envol fasse changer le
monde...
Petit point V 24