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DOSSIER D'HISTOIRE DES ARTS




     Dossier: De l'internationalisation de l'art à sa mondialisation
                          Thème: La musique
   Problématique: Le Jazz: Exportation de la culture américaine ou
                        langage international ?




Le Jazz: Exportation de la culture américaine ou langage
international ?
SOMMAIRE


Introduction: Qu'est ce que le jazz ?                                     Page 3




I Un particularisme américain.                                            Page 4
   •   Les racines du jazz: gospel, blues et ragtime.
   •   La Nouvelle-Orléans.
   •   Le jazz au sortir des deux guerres mondiales




II Le jazz, langage international.                                         Page
   •   Étude de cas: Django Reinhardt et le jazz manouche.
   •   Étude de cas: Le Sacre du Tympan, un big-band français des années 2000.




Conclusion                                                                Page




Annexes                                                          Page et Disque.




Glossaire                                                                 Page



Bibliographie                                                             Page
Introduction

Le jazz a tellement évolué aujourd’hui qu'il est difficile de mettre un style de
musique bien précis sur ce mot. La frontière est mince entre le jazz, tel qu'il est
défini par les historiens de la musique, et les musiques qu'il l'ont inspiré ou qu'il a
inspiré.
Nous allons tenter de définir le jazz en traçant un chemin bien simplifié depuis ses
influences jusqu'à sa naissance pour savoir si le jazz n'est qu'une musique
typiquement américaine ou si c'est un courant musical international qui touche non
plus seulement les États-Unis mais l'ensemble de la planète.




I Un particularisme américain


   • Les racines du jazz.


Le jazz n'est pas apparu du jour au lendemain. Il a fallu des années avant d'arriver à
la première forme de jazz. Et le jazz, dont les inspirations sont multiples s'est vu
nourrir par trois courants majeurs: le gospel, le blues ainsi que le ragtime.


Dès l'émancipation des esclaves noirs américains, on voit apparaître les Spirituals
dans les églises. Soucieux de rallier les esclaves à leurs églises, les prêtres leur
apprirent les psaumes grâce au lining-out. Rapidement des églises prirent des
libertés avec le lining-out, le ponctuant de claquement de mains, d'improvisations,
voire de blue notes. Ce phénomène s'accentua avec les Camp Meetings. On pouvait
observer lors de ces Camp Meetings, un rituel nommé ring shout.
Toutes ces pratiques sont à l'origine du Gospel. Les populations du Sud pratiquaient
une liturgie de plus en plus spontanée et des églises dites sanctifiées se mirent en
place. Elles appliquaient à la lettre le psaume 150 de David: «  Louez Dieu avec
sonneries de cor, harpe et cithare, tambours et danse, cordes et flûtes, cymbales
sonnantes et triomphantes. »
On retrouvait alors des instruments de musique à l'église, qui célébraient un Dieu
miséricordieux et aimant; les prêches devinrent plus exaltés et sonores que jamais.


Le blues, « Une couleur bleue pour peindre la douleur du Noir. »
Après l'émancipation, les noirs se retrouvent face à la réalité. Les populations
blanches les placent en boucs émissaires. Les anciens esclaves découvrent la liberté
et la responsabilité dans un dénuement total étant donné leur manque d'éducation,
leur absence de droits et que la redistribution promise par les États du Nord (soit
une mule et 40 acres pour chaque esclave.) n'a pas été mise en place. Dans ce climat
instable s'installent les Jim Crows Laws dès le départ des confédérés, puis le Ku
Klux Klan. Les noirs se réfugient alors dans les villes où ils doivent faire face au
chômage, à l'insalubrité, aux violences urbaines...
De ce désillusionnement collectif est né le mot blues. Synonyme de « mélancolie », de
«  spleen  », il désigne également des notes oscillantes, hésitantes, que les bluesmen
systématisèrent: les blue notes.
Le blues apparu à la fin du XIXème Siècle dans la région du Delta du Mississippi.
Exécuté sur des guitares sommaires (bottleneck), il se basait essentiellement sur la
rythmique. Souvent composé de plusieurs tercets dont le premier vers était répété.
Chaque vers s'étalait sur quatre mesures, et les tercets se dirigèrent vers une forme
en douze mesures.

Enfin le ragtime est la troisième source majeure du jazz. Il l'élément déclencheur
qui mènera au swing. Le ragtime est composé des mots Ragged (déchiqueté,
syncopé) et Time, qui signifie temps, dans le sens de tempo mais également dans le
sens de rythmique de la mesure. A-t-il été nommé ainsi car le tempo paraissait
heurté ? Apparemment non: Le ragtime classique obéit à deux règles strictes: celle
du tempo et celle de la structure. Le tempo doit être lent pour jouer un bon rag. On
peut penser que le ragtime se nomme ainsi à cause de la multiplication des
syncopes au cours de la mélodie. La rythmique était alors décalée, syncopée.
Le mot ragtime pourrait provenir de l'association des mots Rag, qui désigne des
chiffons, des haillons, et Time. Rag désignerait alors des morceaux de mélodies des
plantations. Cette hypothèse est confirmée par la couverture du disque de Scott
Joplin, que l'on considère comme le père du ragtime. On peut y lire « Originals Rags.
Picked By Scott Joplin.  » soit «  Chiffons Originaux, Ramassés par Scott
Joplin. » (Voir annexe un et couverture)
Le ragtime provient de l'adaptation au piano des spectacles de minstrels. Ces
spectacles caricaturaient les noirs des plantations, et reprenaient les danses et
musiques des esclaves. C'est ainsi que fut révélé le Cake-Walk,
Le Cake-Walk fit donc son apparition auprès du public et avec lui la syncope qui est
à l'origine du ragtime.

Dans Maple Leaf Rag, de Scott Joplin, la syncope est présente à plusieurs reprises.
Le ragtime suit donc deux principes: Le tempo et la structure.
Le tempo doit être plutôt lent. Scott Joplin le précisait dans ses morceaux à
l'adresse des interprètes, car il savait que la tentation d'accélérer était grande.
A propos de la structure on remarque que tout les morceaux de ragtime sont
construits par plusieurs énoncés de plusieurs mesures, repris ou pas. Ces énoncés
sont des strains. Par exemple dans le même Maple Leaf Rag, on observe que la
mélodie est composée de quatre strains A, B, C et D qui sont repris de la manière
suivante:

A [0;00 – 0;20]   A [0;21 – 0;40]
B [0;41 – 1;01]   B [1;02 – 1;22]
A [1;23 – 1;42]
C [1;43 – 2;04]   C [2;05 – 2;25]
D [2;26 – 2;44]   D [2;45 – 3;05]

(Voir annexe partition et piste 1)

La syncope est présente dans tout le morceau et s'entend particulièrement dans le
strain C, aux premières mesures.
•   La Nouvelle-Orléans.


La Nouvelle Orléans joue un rôle bien spécifique dans l'histoire de la création du
jazz. Crée par les Français en 1718 et capitale de la Lousiane en 1722, elle fut
successivement espagnole, française encore puis cédée au Etats-Unis. Port
important du Golfe du Mexique, la Nouvelle-Orléans était ouverte les Caraïbes. Les
Jim Crows Laws y étaient appliquées avec une certaine souplesse.
La scène de la Nouvelle-Orléans était une scène majeure dès Etats-Unis qui mêlait
toutes ces influences, créoles, françaises, mexicaines, afro/americaines, cubaines,
provoquant une émulation culturelle intense. On y retrouvait le blues tout juste
exporté du Delta, le gospel issus des camp meeting, les work-songs, les rythmiques
africaines ainsi que les danses de salon, les compositions harmoniques des
européens.
Une des caractéristiques phares de la Nouvelle-Orléans en matière de musique était
d'assurer à chaque personne un enterrement. Ces enterrements dont on fait
mention depuis le début du XIXème siècle ont la particularité de se faire en
musique. On descendait au cimetière sur des airs lancinants et l'on revenait en ville
sur des airs plus guillerets.
Cela généralisa l'usage des instruments au sein de la ville. On les utilisait pour
annoncer ou animer les événements du moment. Des orchestres sillonnaient la
ville, installés sur des chariots, d'où leur nom de Wagon Band (cela a mené au
tailgate style des trombones). C'était la plupart du temps des Brass Band,
essentiellement constitués de cuivres et de percussions. Lorsque deux orchestres se
croisaient, une joute musicale s'organisait et renforçait l'émulation générale. Les
orchestres noirs et créoles, bien distincts de par leurs styles, étaient alors en
compétition. Ainsi en 1905, le trompettiste noir Buddy Bolden, dont la scène était
située au Lincoln Park, orienta son instrument vers le Johnson Park où jouait le
créole John Robichaux, lui volant son public qui fut séduit par la musique plus
entrainante de Buddy Bolden.


Rapidement, une formation instrumentale se mit en place: La trompette jouait la
mélodie, la clarinette brodait un motif par dessus et le trombone ponctuait la
musique. Les mélodies de l'époque était jouée d'oreille et s'éloignèrent des chansons
originales. On ponctuait la mélodie par des caractéristiques du gospel et du blues:
on multipliait les blue notes, les cadences changèrent, passèrent de deux temps à
quatre temps, le rythme tendait alors à appuyer l'afterbeat, le temps faible, donnant
alors une impression de déhanchement, rappelant les syncopes multiples du
ragtime.

Toute une vague de musiciens issus de la Nouvelle-Orléans, quitte la Lousiane et
rejoint les Etats du Nord. Cette diaspora a peut-être pour origine, les lois
ségrégationnistes qui privent les noirs de leurs droits et libertés. Atteignant les
villes du Nord tel que Chicago, la musique métissée de la Nouvelle-Orléans se
cristallisa sous le nom de Jazz Music, puis Jazz Hot, quelques années plus tard.
• Le Jazz au sortir des Guerres Mondiales


Le jazz s'exporta dans le monde avec les conflits armés et plus particulièrement les
deux Guerres Mondiales. En effet lors de ces deux conflits, des militaires
américains débarquèrent en Europe et avec eux, leur culture dont le jazz faisait
partie.
En 1921, la première guerre terminée, les milieux artistiques français
s'intéressèrent au Jazz. Les musiciens s'initient aux rythmes syncopés du ragtime
et à la blue notes, sans savoir vraiment quoi en faire. Le public parisien s'extasie
devant les premiers concerts de jazz et découvre les disques de Louis Armstrong.

                                            5
  Le jazz devient un genre musical majeur. Dans toute l'Europe, cette musique se
diffuse et rencontre plus ou moins d'engouement. Elle parvient à traverser la Russie
qui s'interroge alors sur la possibilité du jazz de servir la cause socialiste, et atteint
l'Asie: Tokyo, Singapour, Calcutta mais manifestement Shanghai a une place
privilégiée avec le succès du russe Oleg Lundstrem après qu'il ait découvert des
disques de Louis Armstrong et Duke Ellington en Mandchourie.
Plus tard lors de la seconde guerre mondiale, le jazz était considéré comme une
musique dégénérée et donc interdite dans la majeure partie de l'Europe. Ainsi à la
fin de la seconde guerre mondiale, les Américains sur le sol français exportèrent le
jazz, partie intégrante de leur culture. Les V discs, crées à l'origine pour les
militaires américains, furent distribués et le jazz étendit encore son influence. On
assiste avec l'arrivée des américains à l'expansion du jazz qui est considéré alors
comme un modèle de réussite culturelle. C'est à l'époque la mode des big-band dont
le plus célébre est celui de Glenn Miller.




II Le Jazz: Langage International



   •   Étude de cas: Django Reinhardt et le jazz manouche.

Django Reinhardt est un guitariste de jazz né en Belgique en 1910. Il apprend à
jouer du banjo puis de la guitare en regardant jouer les autres, puis joue pour
gagner sa vie. Suite à un incendie, il perd l'usage de la moitié de sa main gauche et
réapprend à jouer avec trois doigts. Lorsqu'il découvre Louis Armstrong et Duke
Ellington à sa sortie de l'hôpital, il est bouleversé. En 1934 après il monte le
Quintette du Hot Club de France, avec entre autres, Stéphane Grappelli, un
violoniste auto-didacte.
Django est considéré actuellement comme le père du jazz manouche.


   1. Etude parallèle des versions de Saint Louis Blues de Louis Armstrong et
      Django Reinhardt. (piste deux et trois)
Quand on écoute les deux versions de Saint Louis Blues on obtient un aperçu de ce
qu’est le jazz manouche. Tout abord on observe une différence de contenu
orchestral. Dans la version de Louis Armstrong on distingue un ensemble de cuivre,
puis une batterie. La trompette énonce puis reprend le thème principal que soutient
le trombone.
Le jazz manouche ne possède pas une telle orchestration. C’est un ensemble de
cordes. Il mélange violon, guitare et contrebasse. La contrebasse joue le rôle de la
basse continue qui soutient le rythme, les guitares quant à elles jouent le thème
principal, tandis que le violon s’occupe de contrebalancer ce thème en brodant et
ornementant autour de celui-ci.
La version de St Louis Blues proposée par Django Reinhardt est très marquée au
niveau de la mélodie. Les notes sont volontairement vibrées, on observe un fort
chromatisme, les registres changent avec violence tandis que le violon devient
lyrique par moment. On retrouve dans ce standard du jazz classic tout les éléments
de la musique tsigane, comme un clin d’œil de Django Reinhardt.
La version de Louis Armstrong est elle typique. Très rapide et syncopée, elle laisse à
chaque instrument la place de s’exprimer, le temps de plusieurs solo.


   • Étude de cas: Le Sacre du Tympan, un big-band français des années
     deux mille.



1 Etude de Horny Biker, du Sacre du Tympan (Piste quatre)

Le Sacre du Tympan , on note le clin d’œil, est un jeune big band français
comprenant 17 musiciens pour la plupart provenant du département jazz du centre
national supérieur de musique. Menées par le compositeur Fred Pallem, les
compositions mélangent les genres avec succès. Ainsi dans la mélodie d’Horny
Biker, on retrouve un thème central qui est joué à toutes les sauces, par les cuivres,
par le piano ainsi qu’une guitare électrique. L’influence des big band des années
trente se distingue par endroit, en dessous de chaque couche d’influence. La
capacité du Sacre du Tympan a changer les ambiances lors d’un morceau sans que
l’on s’en rende compte est impressionnante.
Le Sacre du Tympan offre une musique colorée et explosive, remplie de clin d’œil,
d’influence et de référence.




Conclusion

Le jazz est une spécificité américaine dans les premiers temps. C'est grâce à l'action
conjuguée du ragtime, du blues ainsi que du gospel qu'il va se construire. Et c'est
dans ce creuset culturel qu'est la Nouvelle-Orléans qu'il prendra forme avant de
s'exiler dans les villes du Nord des Etats-Unis. Ainsi après les guerres mondiales et
par la présence des militaires sur des sols étrangers, le jazz se diffuse au delà des
frontières américaines. Le jazz est réinterprété et la notion d'internationalisme
prend tout son sens. Avec la mondialisation on pourrait craindre que le jazz perde
de sa diversité. Mais loin d'imposer un seul «  canon  » du jazz, la mondialisation
favorise les échanges entre différents jazz de différentes origines. Le Sacre du
Tympan est le symbole de ce jazz entre passé et modernité, qui ingère plusieurs
influences et les mélange afin de créer un style revisité.


Glossaire

Spirituals : Chant religieux et sacré à l’origine du Gospel.

Lining-out : Ce principe consiste à ce que le prêtre chante une phrase de prière que
l'assemblée reprend en chœur.

Camp Meetings : Session où l’on se retrouvait pour prier en chantant des jours
durant.

Ring Shout : Rituel où les noirs se mettaient en cercle, entonnait un hymne
religieux et tournaient en rond dans un état de transe, faisant frotter leurs pieds
par terre de plus en plus rapidement, rythmant le chant qui s'accélérait.

Jim Crow’s Laws : Lois ségrégationnistes apparue à la fin du XIXème Siècle.

Blue Notes  : Les blue notes sont des notes oscillantes entre le mode majeur et
mineur. Ces blue notes proviennent de l'adaptation du mode majeur occidental, qui
est la gamme heptatonique que l'on connait (Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do.) par les
populations d'Amériques. Cela donne le mode pentatonique américain à l'origine du
mode du blues.

Le principe du mode pentatonique est de s'appuyer sur cinq tons au lieu de sept
comme dans notre gamme occidentale. Dans l'annexe deux, on observe que l'on
s'appuie sur les notes suivantes: Do, Mi, Fa, Sol, Si. Mais cette adaptation laisse
entrevoir les blue notes. La tierce formée par la tonique Do et Mi, peut être majeure
(avec Mi) ou mineure (avec Mi bémol). La tierce oscille avec ces deux valeurs de Mi,
séparées d'un demi-ton.
Le principe est le même avec la septième qui peut être soit majeure (Si) soit
mineure (Si bémol). Enfin on retrouve une troisième blue notes avec la quinte
diminuée, donc avec l'accord de Do et de Fa Dièse. Cette troisième blue notes est à
cheval entre la quarte et la quinte est nommée quinte diminuée ou triton.
Ces blue notes qui oscillent entre majeur et mineur vont donc être à l'origine d'une
gamme dite du blues (présente en annexe trois). Elle provient de la contamination
du mode majeur occidental par ces blues notes.
En annexe quatre, on peut voir les principaux accords sur lesquels se basaient les
musiciens de l'époque du blues. L'accord I faisait ressentir la stabilité, IV était un
accord un peu flottant, où le musicien ne pouvait pas s'appuyer très longtemps et V,
un accord instable. En effet l'accord V (Sol, Si, Ré, Fa), composé d'un empilement de
tierce était majeur par tierce (Sol, Si) mais mineur par sa septième (Sol, Fa). Or
l'intervalle séparant la tierce majeur d'une septième mineure est dissonant.
L'accord V offre donc l'impression d'instabilité, ce qui permettait aux musiciens de
créer une tension, un déséquilibre dans leurs musiques.
Les musiciens altérèrent donc les accords I et IV de façon à placer des quintes
diminuées. (Voir annexe cinq)
Bottleneck : Goulot de bouteille que l’on plaçait sur sa main gauche lorsqu’on jouait
à la guitare pour obtenir un effet de glissando.

Syncope : Effet musical qui consiste à attaquer une note forte sur le temps faible qui
la précède. On obtient ainsi un décalage du son, et l’auditeur est surpris par ce
décalage soudain.

Minstrels : Les spectacles de Minstrels étaient composés de petites saynètes et
mettaient en scène caricaturalement les populations esclaves des plantations.

Cake-Walk : Le Cake-Walk est une danse d’esclave effectuée dans les plantations les
jours de fêtes. Elle doit son nom à la coutume qui veut que le propriétaire offre un
gâteau au danseur le plus audacieux.

Strains : Enoncé de plusieurs mesures. Les strains servent de repères musicaux
dans les morceaux de ragtime.

Tailgate Style : Littéralement style du hayon. La mode des Wagon Band consistait à
placer les musiciens sur un chariot qui roulait dans la ville. Les trombones étaient à
la place du hayon ce qui leur permettait de jouer de leur instrument avec beaucoup
d’amplitude et d’effectuer des glissandos spectaculaires.

V discs : Disques de musique américain distribués aux militaires pour leur
remonter le moral.

Big-band : Formation orchestrale qui comporte un nombre important de musiciens.
On doit y retrouver quatre sections : les saxophones, les trombones, les trompettes
et une section rythmique.


Annexe:




                                    Annexe un : Couverture de l’album Original
                                    Rags par Scott Joplin.
Annexe deux : La game pentatonique
                   majeure et l’apparition des blue notes.




Annexe trois : Gamme du blues




            Annexe quatre : Accords stables et instables.
Annexe cinq : Les blue notes dans la gamme
majeure

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Jazz

  • 1. DOSSIER D'HISTOIRE DES ARTS Dossier: De l'internationalisation de l'art à sa mondialisation Thème: La musique Problématique: Le Jazz: Exportation de la culture américaine ou langage international ? Le Jazz: Exportation de la culture américaine ou langage international ?
  • 2. SOMMAIRE Introduction: Qu'est ce que le jazz ? Page 3 I Un particularisme américain. Page 4 • Les racines du jazz: gospel, blues et ragtime. • La Nouvelle-Orléans. • Le jazz au sortir des deux guerres mondiales II Le jazz, langage international. Page • Étude de cas: Django Reinhardt et le jazz manouche. • Étude de cas: Le Sacre du Tympan, un big-band français des années 2000. Conclusion Page Annexes Page et Disque. Glossaire Page Bibliographie Page
  • 3. Introduction Le jazz a tellement évolué aujourd’hui qu'il est difficile de mettre un style de musique bien précis sur ce mot. La frontière est mince entre le jazz, tel qu'il est défini par les historiens de la musique, et les musiques qu'il l'ont inspiré ou qu'il a inspiré. Nous allons tenter de définir le jazz en traçant un chemin bien simplifié depuis ses influences jusqu'à sa naissance pour savoir si le jazz n'est qu'une musique typiquement américaine ou si c'est un courant musical international qui touche non plus seulement les États-Unis mais l'ensemble de la planète. I Un particularisme américain • Les racines du jazz. Le jazz n'est pas apparu du jour au lendemain. Il a fallu des années avant d'arriver à la première forme de jazz. Et le jazz, dont les inspirations sont multiples s'est vu nourrir par trois courants majeurs: le gospel, le blues ainsi que le ragtime. Dès l'émancipation des esclaves noirs américains, on voit apparaître les Spirituals dans les églises. Soucieux de rallier les esclaves à leurs églises, les prêtres leur apprirent les psaumes grâce au lining-out. Rapidement des églises prirent des libertés avec le lining-out, le ponctuant de claquement de mains, d'improvisations, voire de blue notes. Ce phénomène s'accentua avec les Camp Meetings. On pouvait observer lors de ces Camp Meetings, un rituel nommé ring shout. Toutes ces pratiques sont à l'origine du Gospel. Les populations du Sud pratiquaient une liturgie de plus en plus spontanée et des églises dites sanctifiées se mirent en place. Elles appliquaient à la lettre le psaume 150 de David: «  Louez Dieu avec sonneries de cor, harpe et cithare, tambours et danse, cordes et flûtes, cymbales sonnantes et triomphantes. » On retrouvait alors des instruments de musique à l'église, qui célébraient un Dieu miséricordieux et aimant; les prêches devinrent plus exaltés et sonores que jamais. Le blues, « Une couleur bleue pour peindre la douleur du Noir. » Après l'émancipation, les noirs se retrouvent face à la réalité. Les populations blanches les placent en boucs émissaires. Les anciens esclaves découvrent la liberté et la responsabilité dans un dénuement total étant donné leur manque d'éducation, leur absence de droits et que la redistribution promise par les États du Nord (soit une mule et 40 acres pour chaque esclave.) n'a pas été mise en place. Dans ce climat instable s'installent les Jim Crows Laws dès le départ des confédérés, puis le Ku Klux Klan. Les noirs se réfugient alors dans les villes où ils doivent faire face au chômage, à l'insalubrité, aux violences urbaines...
  • 4. De ce désillusionnement collectif est né le mot blues. Synonyme de « mélancolie », de «  spleen  », il désigne également des notes oscillantes, hésitantes, que les bluesmen systématisèrent: les blue notes. Le blues apparu à la fin du XIXème Siècle dans la région du Delta du Mississippi. Exécuté sur des guitares sommaires (bottleneck), il se basait essentiellement sur la rythmique. Souvent composé de plusieurs tercets dont le premier vers était répété. Chaque vers s'étalait sur quatre mesures, et les tercets se dirigèrent vers une forme en douze mesures. Enfin le ragtime est la troisième source majeure du jazz. Il l'élément déclencheur qui mènera au swing. Le ragtime est composé des mots Ragged (déchiqueté, syncopé) et Time, qui signifie temps, dans le sens de tempo mais également dans le sens de rythmique de la mesure. A-t-il été nommé ainsi car le tempo paraissait heurté ? Apparemment non: Le ragtime classique obéit à deux règles strictes: celle du tempo et celle de la structure. Le tempo doit être lent pour jouer un bon rag. On peut penser que le ragtime se nomme ainsi à cause de la multiplication des syncopes au cours de la mélodie. La rythmique était alors décalée, syncopée. Le mot ragtime pourrait provenir de l'association des mots Rag, qui désigne des chiffons, des haillons, et Time. Rag désignerait alors des morceaux de mélodies des plantations. Cette hypothèse est confirmée par la couverture du disque de Scott Joplin, que l'on considère comme le père du ragtime. On peut y lire « Originals Rags. Picked By Scott Joplin.  » soit «  Chiffons Originaux, Ramassés par Scott Joplin. » (Voir annexe un et couverture) Le ragtime provient de l'adaptation au piano des spectacles de minstrels. Ces spectacles caricaturaient les noirs des plantations, et reprenaient les danses et musiques des esclaves. C'est ainsi que fut révélé le Cake-Walk, Le Cake-Walk fit donc son apparition auprès du public et avec lui la syncope qui est à l'origine du ragtime. Dans Maple Leaf Rag, de Scott Joplin, la syncope est présente à plusieurs reprises. Le ragtime suit donc deux principes: Le tempo et la structure. Le tempo doit être plutôt lent. Scott Joplin le précisait dans ses morceaux à l'adresse des interprètes, car il savait que la tentation d'accélérer était grande. A propos de la structure on remarque que tout les morceaux de ragtime sont construits par plusieurs énoncés de plusieurs mesures, repris ou pas. Ces énoncés sont des strains. Par exemple dans le même Maple Leaf Rag, on observe que la mélodie est composée de quatre strains A, B, C et D qui sont repris de la manière suivante: A [0;00 – 0;20] A [0;21 – 0;40] B [0;41 – 1;01] B [1;02 – 1;22] A [1;23 – 1;42] C [1;43 – 2;04] C [2;05 – 2;25] D [2;26 – 2;44] D [2;45 – 3;05] (Voir annexe partition et piste 1) La syncope est présente dans tout le morceau et s'entend particulièrement dans le strain C, aux premières mesures.
  • 5. La Nouvelle-Orléans. La Nouvelle Orléans joue un rôle bien spécifique dans l'histoire de la création du jazz. Crée par les Français en 1718 et capitale de la Lousiane en 1722, elle fut successivement espagnole, française encore puis cédée au Etats-Unis. Port important du Golfe du Mexique, la Nouvelle-Orléans était ouverte les Caraïbes. Les Jim Crows Laws y étaient appliquées avec une certaine souplesse. La scène de la Nouvelle-Orléans était une scène majeure dès Etats-Unis qui mêlait toutes ces influences, créoles, françaises, mexicaines, afro/americaines, cubaines, provoquant une émulation culturelle intense. On y retrouvait le blues tout juste exporté du Delta, le gospel issus des camp meeting, les work-songs, les rythmiques africaines ainsi que les danses de salon, les compositions harmoniques des européens. Une des caractéristiques phares de la Nouvelle-Orléans en matière de musique était d'assurer à chaque personne un enterrement. Ces enterrements dont on fait mention depuis le début du XIXème siècle ont la particularité de se faire en musique. On descendait au cimetière sur des airs lancinants et l'on revenait en ville sur des airs plus guillerets. Cela généralisa l'usage des instruments au sein de la ville. On les utilisait pour annoncer ou animer les événements du moment. Des orchestres sillonnaient la ville, installés sur des chariots, d'où leur nom de Wagon Band (cela a mené au tailgate style des trombones). C'était la plupart du temps des Brass Band, essentiellement constitués de cuivres et de percussions. Lorsque deux orchestres se croisaient, une joute musicale s'organisait et renforçait l'émulation générale. Les orchestres noirs et créoles, bien distincts de par leurs styles, étaient alors en compétition. Ainsi en 1905, le trompettiste noir Buddy Bolden, dont la scène était située au Lincoln Park, orienta son instrument vers le Johnson Park où jouait le créole John Robichaux, lui volant son public qui fut séduit par la musique plus entrainante de Buddy Bolden. Rapidement, une formation instrumentale se mit en place: La trompette jouait la mélodie, la clarinette brodait un motif par dessus et le trombone ponctuait la musique. Les mélodies de l'époque était jouée d'oreille et s'éloignèrent des chansons originales. On ponctuait la mélodie par des caractéristiques du gospel et du blues: on multipliait les blue notes, les cadences changèrent, passèrent de deux temps à quatre temps, le rythme tendait alors à appuyer l'afterbeat, le temps faible, donnant alors une impression de déhanchement, rappelant les syncopes multiples du ragtime. Toute une vague de musiciens issus de la Nouvelle-Orléans, quitte la Lousiane et rejoint les Etats du Nord. Cette diaspora a peut-être pour origine, les lois ségrégationnistes qui privent les noirs de leurs droits et libertés. Atteignant les villes du Nord tel que Chicago, la musique métissée de la Nouvelle-Orléans se cristallisa sous le nom de Jazz Music, puis Jazz Hot, quelques années plus tard.
  • 6. • Le Jazz au sortir des Guerres Mondiales Le jazz s'exporta dans le monde avec les conflits armés et plus particulièrement les deux Guerres Mondiales. En effet lors de ces deux conflits, des militaires américains débarquèrent en Europe et avec eux, leur culture dont le jazz faisait partie. En 1921, la première guerre terminée, les milieux artistiques français s'intéressèrent au Jazz. Les musiciens s'initient aux rythmes syncopés du ragtime et à la blue notes, sans savoir vraiment quoi en faire. Le public parisien s'extasie devant les premiers concerts de jazz et découvre les disques de Louis Armstrong. 5 Le jazz devient un genre musical majeur. Dans toute l'Europe, cette musique se diffuse et rencontre plus ou moins d'engouement. Elle parvient à traverser la Russie qui s'interroge alors sur la possibilité du jazz de servir la cause socialiste, et atteint l'Asie: Tokyo, Singapour, Calcutta mais manifestement Shanghai a une place privilégiée avec le succès du russe Oleg Lundstrem après qu'il ait découvert des disques de Louis Armstrong et Duke Ellington en Mandchourie. Plus tard lors de la seconde guerre mondiale, le jazz était considéré comme une musique dégénérée et donc interdite dans la majeure partie de l'Europe. Ainsi à la fin de la seconde guerre mondiale, les Américains sur le sol français exportèrent le jazz, partie intégrante de leur culture. Les V discs, crées à l'origine pour les militaires américains, furent distribués et le jazz étendit encore son influence. On assiste avec l'arrivée des américains à l'expansion du jazz qui est considéré alors comme un modèle de réussite culturelle. C'est à l'époque la mode des big-band dont le plus célébre est celui de Glenn Miller. II Le Jazz: Langage International • Étude de cas: Django Reinhardt et le jazz manouche. Django Reinhardt est un guitariste de jazz né en Belgique en 1910. Il apprend à jouer du banjo puis de la guitare en regardant jouer les autres, puis joue pour gagner sa vie. Suite à un incendie, il perd l'usage de la moitié de sa main gauche et réapprend à jouer avec trois doigts. Lorsqu'il découvre Louis Armstrong et Duke Ellington à sa sortie de l'hôpital, il est bouleversé. En 1934 après il monte le Quintette du Hot Club de France, avec entre autres, Stéphane Grappelli, un violoniste auto-didacte. Django est considéré actuellement comme le père du jazz manouche. 1. Etude parallèle des versions de Saint Louis Blues de Louis Armstrong et Django Reinhardt. (piste deux et trois)
  • 7. Quand on écoute les deux versions de Saint Louis Blues on obtient un aperçu de ce qu’est le jazz manouche. Tout abord on observe une différence de contenu orchestral. Dans la version de Louis Armstrong on distingue un ensemble de cuivre, puis une batterie. La trompette énonce puis reprend le thème principal que soutient le trombone. Le jazz manouche ne possède pas une telle orchestration. C’est un ensemble de cordes. Il mélange violon, guitare et contrebasse. La contrebasse joue le rôle de la basse continue qui soutient le rythme, les guitares quant à elles jouent le thème principal, tandis que le violon s’occupe de contrebalancer ce thème en brodant et ornementant autour de celui-ci. La version de St Louis Blues proposée par Django Reinhardt est très marquée au niveau de la mélodie. Les notes sont volontairement vibrées, on observe un fort chromatisme, les registres changent avec violence tandis que le violon devient lyrique par moment. On retrouve dans ce standard du jazz classic tout les éléments de la musique tsigane, comme un clin d’œil de Django Reinhardt. La version de Louis Armstrong est elle typique. Très rapide et syncopée, elle laisse à chaque instrument la place de s’exprimer, le temps de plusieurs solo. • Étude de cas: Le Sacre du Tympan, un big-band français des années deux mille. 1 Etude de Horny Biker, du Sacre du Tympan (Piste quatre) Le Sacre du Tympan , on note le clin d’œil, est un jeune big band français comprenant 17 musiciens pour la plupart provenant du département jazz du centre national supérieur de musique. Menées par le compositeur Fred Pallem, les compositions mélangent les genres avec succès. Ainsi dans la mélodie d’Horny Biker, on retrouve un thème central qui est joué à toutes les sauces, par les cuivres, par le piano ainsi qu’une guitare électrique. L’influence des big band des années trente se distingue par endroit, en dessous de chaque couche d’influence. La capacité du Sacre du Tympan a changer les ambiances lors d’un morceau sans que l’on s’en rende compte est impressionnante. Le Sacre du Tympan offre une musique colorée et explosive, remplie de clin d’œil, d’influence et de référence. Conclusion Le jazz est une spécificité américaine dans les premiers temps. C'est grâce à l'action conjuguée du ragtime, du blues ainsi que du gospel qu'il va se construire. Et c'est dans ce creuset culturel qu'est la Nouvelle-Orléans qu'il prendra forme avant de s'exiler dans les villes du Nord des Etats-Unis. Ainsi après les guerres mondiales et par la présence des militaires sur des sols étrangers, le jazz se diffuse au delà des frontières américaines. Le jazz est réinterprété et la notion d'internationalisme prend tout son sens. Avec la mondialisation on pourrait craindre que le jazz perde
  • 8. de sa diversité. Mais loin d'imposer un seul «  canon  » du jazz, la mondialisation favorise les échanges entre différents jazz de différentes origines. Le Sacre du Tympan est le symbole de ce jazz entre passé et modernité, qui ingère plusieurs influences et les mélange afin de créer un style revisité. Glossaire Spirituals : Chant religieux et sacré à l’origine du Gospel. Lining-out : Ce principe consiste à ce que le prêtre chante une phrase de prière que l'assemblée reprend en chœur. Camp Meetings : Session où l’on se retrouvait pour prier en chantant des jours durant. Ring Shout : Rituel où les noirs se mettaient en cercle, entonnait un hymne religieux et tournaient en rond dans un état de transe, faisant frotter leurs pieds par terre de plus en plus rapidement, rythmant le chant qui s'accélérait. Jim Crow’s Laws : Lois ségrégationnistes apparue à la fin du XIXème Siècle. Blue Notes  : Les blue notes sont des notes oscillantes entre le mode majeur et mineur. Ces blue notes proviennent de l'adaptation du mode majeur occidental, qui est la gamme heptatonique que l'on connait (Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do.) par les populations d'Amériques. Cela donne le mode pentatonique américain à l'origine du mode du blues. Le principe du mode pentatonique est de s'appuyer sur cinq tons au lieu de sept comme dans notre gamme occidentale. Dans l'annexe deux, on observe que l'on s'appuie sur les notes suivantes: Do, Mi, Fa, Sol, Si. Mais cette adaptation laisse entrevoir les blue notes. La tierce formée par la tonique Do et Mi, peut être majeure (avec Mi) ou mineure (avec Mi bémol). La tierce oscille avec ces deux valeurs de Mi, séparées d'un demi-ton. Le principe est le même avec la septième qui peut être soit majeure (Si) soit mineure (Si bémol). Enfin on retrouve une troisième blue notes avec la quinte diminuée, donc avec l'accord de Do et de Fa Dièse. Cette troisième blue notes est à cheval entre la quarte et la quinte est nommée quinte diminuée ou triton. Ces blue notes qui oscillent entre majeur et mineur vont donc être à l'origine d'une gamme dite du blues (présente en annexe trois). Elle provient de la contamination du mode majeur occidental par ces blues notes. En annexe quatre, on peut voir les principaux accords sur lesquels se basaient les musiciens de l'époque du blues. L'accord I faisait ressentir la stabilité, IV était un accord un peu flottant, où le musicien ne pouvait pas s'appuyer très longtemps et V, un accord instable. En effet l'accord V (Sol, Si, Ré, Fa), composé d'un empilement de tierce était majeur par tierce (Sol, Si) mais mineur par sa septième (Sol, Fa). Or l'intervalle séparant la tierce majeur d'une septième mineure est dissonant. L'accord V offre donc l'impression d'instabilité, ce qui permettait aux musiciens de créer une tension, un déséquilibre dans leurs musiques. Les musiciens altérèrent donc les accords I et IV de façon à placer des quintes diminuées. (Voir annexe cinq)
  • 9. Bottleneck : Goulot de bouteille que l’on plaçait sur sa main gauche lorsqu’on jouait à la guitare pour obtenir un effet de glissando. Syncope : Effet musical qui consiste à attaquer une note forte sur le temps faible qui la précède. On obtient ainsi un décalage du son, et l’auditeur est surpris par ce décalage soudain. Minstrels : Les spectacles de Minstrels étaient composés de petites saynètes et mettaient en scène caricaturalement les populations esclaves des plantations. Cake-Walk : Le Cake-Walk est une danse d’esclave effectuée dans les plantations les jours de fêtes. Elle doit son nom à la coutume qui veut que le propriétaire offre un gâteau au danseur le plus audacieux. Strains : Enoncé de plusieurs mesures. Les strains servent de repères musicaux dans les morceaux de ragtime. Tailgate Style : Littéralement style du hayon. La mode des Wagon Band consistait à placer les musiciens sur un chariot qui roulait dans la ville. Les trombones étaient à la place du hayon ce qui leur permettait de jouer de leur instrument avec beaucoup d’amplitude et d’effectuer des glissandos spectaculaires. V discs : Disques de musique américain distribués aux militaires pour leur remonter le moral. Big-band : Formation orchestrale qui comporte un nombre important de musiciens. On doit y retrouver quatre sections : les saxophones, les trombones, les trompettes et une section rythmique. Annexe: Annexe un : Couverture de l’album Original Rags par Scott Joplin.
  • 10. Annexe deux : La game pentatonique majeure et l’apparition des blue notes. Annexe trois : Gamme du blues Annexe quatre : Accords stables et instables.
  • 11. Annexe cinq : Les blue notes dans la gamme majeure