La République Dominicaine a connu depuis quarante ans une croissance soutenue (+5,5 % de 1970 à 2008), largement supérieure à la moyenne régionale (+3,5 %). La stabilité politique du pays explique en grande partie ce succès qui s’est illustré par un tourisme florissant et de fortes exporta- tions vers le marché nord-américain. Pour autant, l’économie dominicaine demeure fragile et ses fondamentaux la mènent plus à stimuler la consom- mation qu’à anticiper les innovations et les besoins d’éducation à long terme. La dépendance vis-à-vis du marché des USA, une industrie nationale qui ne suit pas la demande intérieure et importe massivement, une situation électri- que catastrophique et une fraude largement répandue... autant de facteurs qui nuisent à l’économie et ont détérioré la croissance lors des grandes crises mondiales passées (bulle internet de 2000, crise bancaire de 2003 et subprime de 2008). Aujourd’hui, si la comparaison au sein des Caraïbes est encore flatteuse pour la République Dominicaine, le bilan est plus inquié- tant. Avec un État endetté et sans grande marge de manœuvre fiscale, une société peu éduquée et préparée à l’avenir, le pays risque, si rien n’est fait, de ne pas trouver son second souffle. D’autant que le corps social n’a pas profité de l’essor économique : avec un chômage endémique, un marché informel considérable, une politique de santé publique peu efficace, et une crimina- lité en hausse, le peuple dominicain a un sentiment d’abandon qui le pousse à l’individualisme social (le no pago) et à la défiance envers les institutions nationales.