sommaire
p.22
Si vous étiez
millionnaire,
dans quel secteur
investiriez-vous
pour les années
à venir ?
Publication éditée par ALTEN
Directrice de la publication :
Sandrine ANTIGNAT-GAUTIER
Responsable d’édition :
Sylvie BREANT
Conception, rédaction,
réalisation :
76 bd du 11 Novembre
69100 Villeurbanne
www.dayonmars.com
Illustrations :
Day on mars - Shutterstock
ALTEN remercie toutes les
personnes qui ont bien voulu
participer à ce document.
ALTEN
Direction de la Communication,
221 bis boulevard Jean-Jaurès,
92514 Boulogne-Billancourt
cedex
www.alten.fr
QUESTION SUBSIDIAIRE
p.4
1987-2017
30 ans de rupture
technologique
INTRODUCTION
BIENVENUE DANS LE MONDE 3.0
PROSPECTIVE
p.8
p.9
Du Bi-Bop au smartphone
mondialisé, des PTT
à la fibre : des télécoms
en profonde mutation
p.10
L'essor du big data
p.11
Intelligence artificielle :
le big bang de demain
p.12
Interview :
Aymeric Poulain Maubant
p.13
Réseaux sociaux : le grand
village mondial
p.16
Et demain, de quoi notre
monde sera-t-il fait ?
p.14
Connectés partout
et tout le temps
• Santé augmentée
• Véhicule autonome
• Villes intelligentes
• Poser des limites ?
p.17
Ethique et sécurité
p.18
Réseaux de drones
p.19
Véhicules autonomes
p.20
Usage et big data
Bâtiment du futur
p.21
Aide à la personne
édito
« ALTEN a été créé en 1988 par trois ingénieurs ».
Cette information, on l’a souvent lue sur nos différents supports. On sait
qu’ALTEN, de ses débuts à aujourd’hui, a traversé les trois décennies les
plus folles en termes d’avancées technologiques que l’histoire ait connues.
La vocation d’ALTEN est d’accompagner ses clients. Nous participons à
leur aventure, en mettant notre expertise au service de leurs projets. Ce qui
signifie que depuis toujours, nous sommes associés à chaque mutation, à
chaque innovation technologique, et qu’en être acteur est la raison d’être
de notre Groupe.
C’est pourquoi dans ce numéro, nous avons souhaité faire un retour sur
l’épopée technologique qui caractérise cette période, et sur les grandes
avancées qu’elle a générées. La généralisation d’internet et son irruption
dans nos vies professionnelles et personnelles, les avancées des télécoms,
la révolution des comportements liée aux objets connectés, la puissance
de traitement des données du big data, tout cela change profondément
notre compréhension du monde. C’est en fait donc bien plus que de la
technologie, ce sont des milliers de possibilités, auxquelles ALTEN est fier
de contribuer, pour créer le monde de demain…
Nous vous proposons de vous plonger avec nous dans trente ans d’évolution
technologique, et d’imaginer ce que seront, pourquoi pas, les trente
prochaines années…
Bonne lecture à tous.
Direction de la Communication
Groupe ALTEN
4-5
INTRODUCTION
1987-2017
30 ans d'évolution
technologique
1987
Le Concorde vole encore, le Minitel est une spécificité bien
française, le TGV a tout juste l’âge de raison. Internet bal-
butie. Les ordinateurs familiaux relèvent du fantasme. Des
coursiers à Mobylette sillonnent les villes en transportant des
données sur disquettes. On ouvre un guide de voyage pour
trouver un hôtel. Et qui dit commande à distance pense à
La Redoute et aux 3 Suisses.
2017
Chaque foyer compte plusieurs écrans connectés. Près de
4 millions d’e-mails sont envoyés chaque seconde dans
le monde. Nombre d’entre nous entretiennent un réseau
d’amis virtuels. Chacun peut préparer ses albums photos
de chez lui à partir de fichiers numériques avant de les faire
imprimer à l’autre bout de la planète. Les vacances se pré-
parent sur TripAdvisor, les trajets avec Waze ou Uber. Et
Amazon domine le commerce en ligne aux Etats-Unis.
Informatique, internet et big data :
la triade fantastique !
Tous les experts interrogés pour ce numéro d’Eurêka sont
unanimes : c’est bien l’irruption d’internet, la généralisation
des données et le boom de l’informatique qui ont le plus
façonné ces trente dernières années.
« Cette révolution, que l’on peut résumer par le terme digi-
tal, est à la fois fantastique et brutale, déclare Stéphane
Ougier, Directeur exécutif d’ALTEN. Elle a radicalement
raccourci le cycle de l’innovation, venant bouleverser le
rythme de fonctionnement des entreprises traditionnelles.
Celles-ci avaient auparavant le temps de monter des
équipes, de monter en compétences. Ce n’est plus le cas.
Et c’est là que la valeur ajoutée d’ALTEN prend toute sa
dimension : notre agilité nous permet de prendre la roue
des industriels, de sentir très tôt qu’un appel d’air va se
créer dans telle ou telle filière, et de proposer les bonnes
compétences au bon moment pour accompagner l’inno-
vation. C’est ainsi que nous avons collaboré à toutes les
évoutions technologiques des trente dernières années. »
Et tout a commencé avec les télécoms. « L’énorme transfor-
mation des télécoms a tout changé. C’est l’évolution des
réseaux qui a bouleversé notre société, explique Yann Rou-
gemont, Directeur des Opérations au Pôle SIRT d’ALTEN.
Le débit au début était très lent, internet était réservé à
quelques scientifiques. L’arrivée de l’ADSL, puis la data dans
les réseaux mobiles, ont permis la démocratisation d’inter-
net et la création d’usages nouveaux ». Même si, se sou-
vient Pierre Col, Directeur Marketing et Communication de
Contextor - Robotic Process Automation, « en 2007, lorsque
le tout premier IPhone est sorti, il n’a pas touché grand
monde, et rares étaient ceux pouvant prédire à quel point
ce produit influencerait nos modes de vie ».
Pourtant, c’est bien l’IPhone qui a généralisé l’accès perma-
nent à internet. Et depuis son apparition, « c’est la course
au débit, constate Yann Rougemont. On fait tout avec,
donc la consommation des réseaux explose et de nouvelles
technologies sont créées en permanence par les opérateurs
(3G, 4G, 5G, la fibre jusque chez le particulier) ». Comme le
décrit Xavier Bournazeix, Directeur de projets à la Direction
Technique Telecom d’ALTEN, « on est passé d’une route
départementale à une autoroute à plusieurs dizaines de
voies ».
Damien Garrouste, de la Direction Stratégie et Offres de
Lincoln (filiale d’ALTEN spécialisée dans le traitement, l’ana-
lyse et la science des données), identifie, lui, deux ruptures
technologiques : « avant 1990 et la bulle internet, le trai-
tement des données relevait de la statistique d’échantillons
qui consistait à analyser le réel pour mieux le comprendre.
••• suite p.6
“Il se trouvait en plein espace, s’éloignant
de la terre à des milliers de milles à l’heure
et pourtant, en quelques fractions de
seconde, il lui était possible de consulter
n’importe quel journal. Le mot même de
journal était une survivance anachronique
en cet âge électronique. Le texte se
modifiait automatiquement d’heure en
heure. Même en ne lisant que la version
anglaise on pouvait passer sa vie entière à
absorber le flot sans cesse changeant des
informations retransmises par satellites.
Il était difficile d’imaginer que le système
pût être modifié ou amélioré. Pourtant,
songea Floyd, tôt ou tard il disparaîtrait
pour être remplacé par quelque chose qui
renverrait les miniblocs au rang des presses
de Gutenberg.”
2001, Odyssée de l’espace
Arthur C. Clarke
6-7
Une première rupture est survenue fin des années 1990-
début 2000, avec l’avènement du data mining, autrement
dit la statistique à grande échelle ». Progressivement, au
cours des années 2000, le data mining s’est généralisé,
démocratisé : « on a alors acquis une énorme capacité
à produire des profils, à les cibler de façon industrialisée, et
à envoyer du push vers l’internaute pour l’inciter à consom-
mer, mettant en place un nouveau fonctionnement où l’on
contrebalance la gratuité par la publicité», observe-t-il.
La deuxième rupture est marquée par l’arrivée de la Data
Science : « depuis cinq ans, elle a absorbé et dépassé le data
mining. Elle permet de découvrir et de comprendre des ten-
dances et des comportements complexes. Plus généralement,
elle contribue à faire émerger des informations pouvant aider
les entreprises à prendre des décisions plus intelligentes, ainsi
qu’à imaginer et déployer des nouveaux services monétisant
leurs données » analyse Damien Garrouste.
INTRODUCTION
Ruptures… et continuité
L’histoire de l’humanité est faite de ces moments de rup-
ture : l’arrivée du charbon puis de l’électricité, l’invention
de l’avion, de la radio, de la télévision, la naissance des tout
premiers ordinateurs ont, elles aussi, entraîné des muta-
tions considérables. Xavier Bournazeix rappelle ainsi que « le
“coupage de cordon” en cuivre du téléphone avait déjà
été une énorme étape : c’était une révolution de pouvoir
téléphoner où que l’on se trouve dans la maison. Avec le
téléphone mobile, on est passé de n’importe où dans sa
maison à... n’importe où tout court ».
Mais ce qui a cependant incontestablement changé, au
cours des trente dernières années, c’est l’accélération effré-
née de l’impact des innovations techniques sur nos modes
de vie. Leur pénétration dans la société se fait de plus
en plus vite, et sur un spectre de plus en plus large : tra-
vail, vie privée, modes de vie, diffusion de l’information…
Tous les domaines sont concernés. « La notion de temps,
de vitesse, est la plus remarquable de notre époque. On
est rattrapé en permanence par l’obsolescence technolo-
gique. L’innovation devient périmée à peine la solution, le
produit, l’idée, sont-ils nés », constate Philippe Jaconelli,
Responsable du contenu digital d’ALTEN.
Un avenir digital et connecté
Les effets à long terme de cette accélération et de la numé-
risation de notre société sont partout.
La transition numérique accélère par exemple le nomadisme
des salariés et entraînera probablement un développement
du travail chez soi ou plus près de chez soi, et à terme la fin
des trajets domicile-travail si chronophages et pollueurs :
39 % des Français se disent déjà tentés par le télétravail(1)
.
Elle bouleverse également la nature des emplois. Les postes
très qualifiés, nécessitant des études longues et pointues,
se sont multipliés par 3 en trente ans, rappelait la revue
Sciences humaines en octobre 2017(2)
. L’emploi intermé-
diaire est lui en recul constant, remplacé par des ordinateurs
pour les tâches répétitives. Mais bien que très doués pour
le travail routinier, ceux-ci ne sont en revanche pas (encore)
meilleurs que les humains pour toutes les tâches exigeant
souplesse d’esprit ou qualités de communication.
Mais qu’adviendra-t-il demain de la relation humaine et de
ses aléas mis en balance avec la sécurité d’un échange d’une
totale constance ? Nous préférons tous avoir affaire à une
infirmière plutôt qu’à un robot, mais des robots sont déjà
utilisés pour le maintien à domicile de certains patients. Un
garagiste est plus compétent qu’un ordinateur, et pourtant
les ordinateurs font rouler nos voitures. Et l’essor du big data
est tel que bientôt des professions éminemment intellectuelles
pourront voir une partie de leur travail effectuée de manière
automatique : des robots avaleront les jurisprudences à la
place des avocats, ou le Vidal des médicaments à la place des
médecins ; d’autres écriront des comptes rendus de matchs à
la place des journalistes ou se trouveront face à vos enfants à
l‘école… L’utilisation massive des algorithmes dans quasiment
tous les départements de nos vies semble nous mener vers un
avenir dystopique où la valeur se créerait sans aucune inter-
vention humaine, où le travail nous échapperait, où toutes
les normes sociales seraient remises en question – comme le
dépeint avec âpreté la série Black Mirror.
Mais les machines, aussi sophistiquées soient-elles, restent
des machines. A ce jour, nombre de tâches ne peuvent tou-
jours pas leur être confiées. Les grands noms du big data
emploient ainsi des "internet evaluators", chargés de com-
pléter ou d’évaluer le travail des algorithmes. Les robots écri-
vant des articles le font à partir d’algorithmes codés par des
journalistes connaissant leur métier. Et si la cabine médicale
connectée permet de prendre en charge les patients dans
les déserts médicaux, c’est toujours un médecin qui valide le
diagnostic et prescrit le traitement. Parce que jusqu’à nou-
vel ordre, c’est encore l’être humain qui interagit avec tous
ces systèmes en prenant à tout moment les décisions qui
s’imposent. Mais pour combien de temps ?
(1) Baromètre du numérique réalisé par le Crédoc en 2017
(2) https://www.scienceshumaines.com/pourquoi-le-travail-se-
bipolarise_fr_38784.html
En novembre dernier, Apple lançait l’IPhone X qui célébrait le
dixième anniversaire de la révolution initiée par son premier
téléphone, en 2007. Depuis, 7 milliards de smartphones
ont été produits dans le monde, et ont tout changé. La
révolution numérique est partout et le passage à la 5G et
à la fibre, pour augmenter la bande passante et réduire la
latence, est inévitable.
« En 2020, avec la 5G, le transfert des données sera jusqu'à
1000 fois plus rapide qu’en 2010, souligne Yann Rougemont,
du Pôle SIRT d’ALTEN. La 5G va permettre d’augmenter le
débit à 1 Go de datas par seconde ». Or la 5G nécessite la
fibre : entre le smartphone et l’antenne, on passe par les
ondes radio. Mais la partie amont des infrastructures, soit
le coeur du réseau, « c’est du fixe, du physique, de la fibre,
explique Yann Rougemont. Il faut donc couvrir tout le ter-
ritoire sous peine de fracture numérique ».
Cette course au débit coûte très cher aux opérateurs alors
que par ailleurs, vendant de l’internet plus ou moins illimité,
ils ne gagnent pas tant d’argent que ça. Ce sont les GAFA
(Google, Apple, Facebook, Amazon, entre autres) qui raflent
tout au passage, en vendant de la publicité, des marchandises
ou des données clients. Le succès de YouTube rapporte ainsi
beaucoup d’argent à Google, mais augmente énormément
la demande de débit et coûte donc cher aux opérateurs qui
doivent investir pour satisfaire leurs clients.
« Cela pose la question du ROI, analyse Yann Rougemont.
On a commencé le déploiement de la 4G en 2014. Et alors
que ce déploiement n’est pas terminé, on passe déjà à la 5G.
Les dépenses d’investissement des opérateurs ont explosé :
on commence à pressentir que c’est le coût qui risque de
fixer la limite des avancées télécoms. »
Télécoms de demain
• Le smartphone flexible, qui se roule dans la
poche. La technologie existe déjà mais le coût
reste extrêmement élevé.
• L'utilisation massive de la réalité augmentée
dans les smartphones.
• La publicité différenciée sur des TV
connectées.
• Des systèmes d’infotainment dans les voitures
avec intégration du téléphone dans le véhicule :
son écran donnera accès à une multitude de
services et d’applis.
Du Bi-Bop
au smartphone
mondialisé, des
PTT à la fibre :
des télécoms
en profonde
mutation
QUELLES SERONT LES NOUVEAUTÉS ?
10-11
BIENVENUE DANS LE MONDE 3.0
Le big data peut sembler compliqué.
Les plus âgés ont parfois du mal
à comprendre ces nouvelles
technologies. Mais ce n’est pas plus
facile avec les millenials à qui il faut
commencer par expliquer comment
c’était avant pour qu’ils puissent
en saisir la puissance. AZIZ AMAL
L'essor du BIG DATA
« Selon la durée du vol, un Airbus 350 peut produire
plusieurs giga-octets voire plusieurs téraoctets de
données. » Par ce simple exemple, Aziz Amal, de
la direction R&D d’ALTEN, résume les enjeux et
les besoins croissants en capacités de stockage, de
traitement et de tri des données.
Jusqu’au début des années 2000, il était difficile
de traiter des données massives. « Le big data a
donné de la valeur ajoutée à ces données. On peut
par exemple faire de la maintenance prédictive ou
préventive en anticipant un dysfonctionnement
sur une pièce, analyser le comportement d’achat
d’un client, prédire le prochain déplacement d’un
usager et proposer une multitude de services qui
n’étaient pas possibles avant la révolution big data »,
poursuit Aziz Amal.
De l’humain à l’algorithme
Les moteurs de recherche et d’indexation des conte-
nus ont été créés autour de l’an 2000 pour aider
à localiser des informations pertinentes au sein des
ressources et des contenus textuels. L’automatisation
a remplacé les humains qui, au début d’internet,
renvoyaient les résultats de recherche. Ces moteurs,
dont Google reste le plus célèbre, sont basés sur un
algorithme différenciant, le “pagerank”, ainsi qu’un
concept de stockage et de traitement de données
destiné à proposer des résultats de recherche plus
rapidement et qui a donné naissance plus tard au
framework Hadoop.
Stocker et utiliser les données
« Le big data, c’est un outil fantastique qui permet
de traiter de très grands volumes de données », se
réjouit Jean-Claude Baudet directeur de la R&D
d’ALTEN. Citant l’exemple de Waze(1)
, il explique
comment ce même type de gestion de données pour-
rait améliorer le fonctionnement des transports en
commun, du covoiturage ou de vélos en libre-accès.
Le stockage des données est un enjeu majeur
aujourd’hui. Chaque entreprise souhaite avoir la
bonne plateforme Big Data pour stocker et traiter
des données de différents formats afin de prendre en
charge différents cas d’usage pouvant être intégrés
à différents niveaux, et capables de mettre en œuvre
des algorithmes avancés.
(1) Application de trafic et de navigation communautaire
réunissant la plus grande communauté dans le monde :
les conducteurs partagent en temps réel l'état du trafic et
des routes.
« Ce n'est plus une simple curiosité pour chercheurs : l'In-
telligence Artificielle a maintenant un impact mesurable
sur nos vies. » C'est par ces mots que le Wall Street Journal
annonce en août 2014 que “l’I.A.” est devenue une réa-
lité quotidienne. Elle est dans les systèmes autonomes, les
ateliers de production robotisés, les systèmes de traitement
de données ou encore les systèmes d’aide à la décision.
Aujourd’hui, le déploiement de services associés aux messa-
geries instantanées – comme Messenger de Facebook –, aux
plates-formes de micro-blogging comme Twitter, ou au chat
en direct avec des “conseillers” sur les sites commerciaux,
nous mettent face à des questions réellement existentielles :
suis-je en train de parler à un robot algorithmique ou à un
être humain ? Comment puis-je faire la différence ? Sera-t-il
encore possible de faire la différence dans 10 ans ?
Intelligence
artificielle :
le big bang de demain
Dès 1968, Stanley Kubrick mettant en scène un super-
ordinateur, Carl (ou HAL dans la VO) échappant à l'autorité
de ses créateurs et décidant de prendre le pouvoir, avait
prédit : « D'ici à 2001, il y aura une machine avec une
intelligence qui dépassera les capacités intellectuelles d'un
être humain. » 2001 est derrière nous mais cette réalité
est plus présente que jamais. Même si nous ne devons pas
oublier que dans le film, c’est un humain armé d’un simple
tournevis qui a le dernier mot.
1956
NAISSANCE DE L'IA
L’expression "Artificial Intelligence"
apparaît en 1956 lors de
l’organisation d’une conférence
aux Etats-Unis. Elle définissait
« la possibilité de produire des
programmes qui se conduiraient
ou penseraient intelligemment »
et de « chercher à produire, sur
un ordinateur, un ensemble de
sorties qui serait considéré comme
intelligent s’il était produit par un
être humain ».
••• suite p.12
12-13
g Nos craintes par rapport à l’I.A.
vous semblent-elles justifiées ?
Le cinéma, la littérature et les médias ont souvent égaré la discussion
sur l'Intelligence Artificielle en préférant des histoires fantastiques, de
HAL 9000 dans 2001, Odyssée de l'espace, à Terminator et son cor-
tège de peurs. Mais aujourd’hui le grand public découvre les avancées
spectaculaires d'une technologie qui est déjà parmi eux, des voitures
autonomes circulant déjà sur les routes aux logiciels traduisant de
mieux en mieux des textes en temps réel.
g On a l’impression que les recherches et
les usages ont connu un développement
prononcé ces dernières années.
Est-ce une réalité ?
Les développements en IA ont été longtemps sous-estimés en rai-
son d'une confusion généralisée entre le Machine learning, le Deep
learning, les réseaux de neurones, l'analyse prédictive, et l'analyse et
la fouille de données massives. Mais trois ruptures majeures sont en
train de provoquer une réelle accélération : l'accès à des ressources de
calcul parallèle à très bas coût ; l'accès facilité à des données massives,
pouvant servir d'ensemble d'apprentissage ; et enfin, l’apparition
d’algorithmes nouveaux, profitant des deux ruptures précédentes.
La reconnaissance de la parole, le dialogue homme/machine, la clas-
sification des contenus d’une image, la robotisation, les véhicules
autonomes... ont ainsi bénéficié d’avancées majeures.
Aymeric Poulain Maubant,
fondateur de la société
Nereÿs, nous explique
les formidables opportunités
que représente l’I.A.
g Quelle est la tendance globale
aujourd’hui ?
Au départ, les IA ont été développées pour émuler l'intelligence
rationnelle. Aujourd’hui, c'est principalement pour assister notre
intelligence émotionnelle et notre intelligence sociale qu’elles sont
conçues, pour faciliter et augmenter tous nos processus de commu-
nication. Que cette communication se fasse entre humains – outils de
traduction en temps réel, reconnaissance des visages et des émotions
– ou entre humains et machines.
g Quelle est la récente avancée qui vous a
particulièrement marqué ?
Le fait qu’en 2017, la barrière entre les langues(1)
a définitivement
sauté. Grâce aux avancées spectaculaires des I.A. développées par
Google, Baidu et Microsoft notamment, il est désormais possible de
discuter entre locuteurs de plus de 150 langues différentes, sous forme
textuelle ou vocale et sans erreur dans près de 99% des situations
de dialogue.
La connexion entre les différentes IA traductrices a soudainement
accéléré le mouvement. Chacune apprend en effet continuellement
à traduire avec sa propre méthode et son propre style. Il reste de
nombreux cas où l’expertise d’un professionnel fait la différence, et
les processus cognitifs d’apprentissage d’une langue par un humain
demeurent précieux, mais une rupture culturelle sans précédent est
en cours. Et la grande surprise vient du dialogue avec les animaux.
Plusieurs équipes ont déjà enregistré des résultats fort intéressants
avec certains types d’oiseaux(2)
, et estiment que nous pourrions entrer
en communication avec eux dès 2018.
Aymeric Poulain Maubant
est le fondateur de la société Nereÿs qui mène une activité
de conseil en transition vers l'ère numérique. Alumni de
l'Institut Mines-Télécom et docteur en sciences cognitives,
il conçoit et rédige les cahiers de veille de la Fondation
Télécom (http://www.fondation-telecom.org/page/
programme-de-veille-scientifique-77/)
et contribue aux Carnets de labos de l'Institut Mines-Telecom
(http://www.mines-telecom.fr/recherche-innovation/actualites-
ri/carnet-de-labos/). Il tient également un blog sur la question
centrale de l’I.A. : https://medium.com/@AymericPM
(1) Une intelligence artificielle traduit désormais une conversation en
60 langues https://rslnmag.fr/innovation/intelligence-artificielle-traduction-
conversation-60-langues-simultane/ (30/12/2016)
(2) Detecting bird sound in unknown acoustic background using
crowdsourced training data https://arxiv.org/abs/1505.06443 (24/05/2015)
BIO EXpress
•••
BIENVENUE DANS LE MONDE 3.0
Réseaux sociaux :
le grand village mondial
« Les réseaux sociaux ont TOUT changé dans le
monde du travail ». Interrogée sur le boulever-
sement le plus radical de ces dernières années,
voilà ce que répond Céline Schillinger, Respon-
sable Innovation et Engagement pour la Qualité
à Sanofi-Pasteur. Un constat que partage Philippe
Jaconelli, du service Communication d’ALTEN :
« aujourd’hui, le “qu’en dira-t-on” se diffuse à
l’ensemble de la sphère internet et c’est un état
de fait dont les entreprises doivent tenir compte
en termes de stratégie. Lorsqu’ils parlent sur ces
réseaux, il est important que les salariés soient
fiers d’appartenir à l’entreprise et en deviennent
des ambassadeurs. Les réseaux sociaux bousculent
la donne. On est dans une frénésie. Personne ne
sait à quoi ils ressembleront demain, mais il faut
être créatif et s’adapter. Pour les entreprises, ça
change tout : par exemple, pour le recrutement,
on est dans une logique où l’entreprise apparaît
désormais comme un client et le candidat comme
un consommateur ».
Passer du vertical à l’horizontal
L’avenir sera… différent, on le sent déjà : Damien
Garrouste observe par exemple que « chacun a accès
à une somme considérable d’informations. Les blogs,
les réseaux sociaux, les applications font du monde
un village global avec un fort aspect communau-
taire ». Magali Philip, journaliste et spécialiste des
Réseaux sociaux à la RTS (Radio Télévision Suisse)
confirme cette importance grandissante des réseaux :
« Cela a obligé les journalistes à penser à ce qui
plaisait à leur audience. Facebook et les autres nous
ont obligés à passer du vertical à l'horizontal ».
Ce passage à une société horizontale est précisé-
ment l’un des grands défis qui attendent les entre-
prises, face à des millenials qui l’auront connue
depuis toujours… Anaïs Laurent, chargée de com-
munication digitale d’ALTEN, le constate : « Les
méthodes et les codes des postulants à un travail
ont évolué. Le réseau social permet de prendre
contact très facilement avec la bonne personne au
bon moment. C’est un moyen simple, efficace, di-
rect d’entrer en relation, de se parler. Une approche
moins formelle. Et pour le candidat, la présence
sur les réseaux sociaux offre des opportunités pour
se rendre visible et attirer l’attention sur son pro-
fil, y compris de personnes qui ne sont pas de sa
communauté, via le sponsoring de publications ».
« Internet est la place
principale du village
que le monde sera
demain. »
BILL GATES
89 % des Français surfent sur Internet
et 56 % sont inscrits sur un réseau social,
sur lequel ils passent 1h16/jour.
Chiffres Médiamétrie 2017
Géolocalisation,
détection et
recensement des
accidents de la route,
vidéosurveillance,
transmission de
données de santé…
Les enjeux politiques
et sociaux émergeant
autour de la place
croissante des
données dans notre
société deviennent
gigantesques.
Connectés
partout et tout le temps
14-15
Santé augmentée
« Dans vingt ans, il sera banal de proposer des solutions hybrides (biolo-
giques-mécaniques) en guise de prothèse ou de remplacement d’organe
malade, et les hôpitaux ressembleront à des “fablab” », prédit Aymeric
Poulain Maubant (voir profil page 12).
On voit déjà des outils d’aide au diagnostic où l’I.A. analyse les données
mises à sa disposition pour orienter les médecins dans leurs décisions, mais
aussi des plateformes de partage et d’analyse de données de patients
facilitant la collaboration entre praticiens. Le potentiel thérapeutique de
l’interaction des robots sociaux avec les patients atteints de maladies neuro-
dégénératives ou de troubles du spectre autistique est prometteur. Sans
oublier tous les dispositifs permettant de “suivre” le patient grâce à des
capteurs, en cas par exemple de maladies chroniques comme le diabète (les
lentilles connectées de Google) ou l’épilepsie.
« Le plus gros frein (…) dans le domaine de la santé reste aujourd’hui
celui de la confidentialité et donc l’accès aux données. (…) Du fait du
secret médical, il est impossible de divulguer en toute sécurité certaines
données », expliquait Eytan Messika, co-fondateur de Tech Crush dans un
article publié en septembre 2017.(1)
(1) https://www.maddyness.com/innovation/2017/09/05/ia-16-startups-francaises-futur-
sante/
BIENVENUE DANS LE MONDE 3.0
Poser des limites ?
La Cnil a publié deux documents(1)
sur la protection des données per-
sonnelles au sujet de la ville numérique et des véhicules connectés. Elle
s’y préoccupe de la “datafication” de la ville numérique qui produit des
données à foison, exploitées par des entreprises privées. « Leurs modèles
économiques et la captation de données généralisées (…) posent d’ur-
gentes questions pour les libertés publiques et individuelles » dit par
exemple la Cnil.
Car de l’avancée technologique naît une réflexion éthique et juridique :
« Sur la route, en présence de véhicules autonomes, la question de la
responsabilité en cas d’accident se pose », cite en exemple Jean-Claude
Baudet. « Nous nous dirigeons sans doute vers une obligation des assu-
rances de s’équiper de dashcams, ces caméras installées auparavant sur
les plages, dont on pourra extraire les données en cas d’accident »,
conclut A. Lenoir.
Véhicules autonomes
« En 2010, au Salon de l’Automobile de Genève, le patron de Mercedes
avait montré l’image d’un iPhone avec des roues pour illustrer le futur
de ses voitures », se souvient Alexandre Lenoir, journaliste spécialisé en
automobile et technologies grand public. « Aujourd’hui avec le TGV, les
véhicules Tesla, on est encore au stade de la conduite supervisée, analyse
Jean-Claude Baudet, Directeur de la R&D d’ALTEN. L’enjeu de la conduite
autonome, c’est de s’affranchir de la supervision ».
On compte 5 niveaux pour définir l’autonomie d’un véhicule : « Nous
sommes entre 3 et 4, poursuit A. Lenoir. Le stade 3, c’est l’assistance
dans les embouteillages ou la capacité à se fondre dans le flux ; cette
technologie est déjà commercialisée sur certains modèles de la gamme
Volkswagen par exemple. Le niveau 4, c’est l’autonomie sur certains
axes (autoroutes, voies express). Il existe des prototypes chez tous les
constructeurs ».
Villes intelligentes
Dans la perspective de la ville intelligente, depuis
2014, ALTEN travaille notamment sur la mobilité
urbaine en traçant les déplacements grâce aux
smartphones, mais aussi sur les flux migratoires
travail / domicile pour déterminer, par exemple,
l’implantation de parcs relais.
Christian Rybakowski, de la Direction R&D
d’ALTEN, évoque un autre projet contributif de
la ville de demain : « On a désormais des bâti-
ments capables de produire de l’énergie. Il faut
les quantifier dans la perspective de les intégrer
dans des réseaux locaux : smart grid (à l’échelle
locale), puis micro-grid (à l’échelle du quartier),
et à l’échelle du bâtiment lui-même (fournis-
seur et auto-consommateur d’énergie). » Il cite
Hypervision, un projet commun avec Bouygues
Energie et Services, dont l’objectif est de super-
viser les consommations énergétiques d’un
bâtiment à travers une interface unique et de
les présenter sur des tableaux de bord de façon
ergonomique pour une utilisation facile par l’uti-
lisateur final : « Cette plateforme, en agrégeant
toutes les datas du bâtiment, permet également
de voir si celui-ci tient ses engagements de per-
formance énergétique. Et si ce n’est pas le cas,
de détecter les dérives et de les corriger. »
(1) https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/cnil_cahiers_ip5.pdf
Les traces numériques permettent de tout savoir des usages d’internet,
des centres d’intérêt, des pratiques de consommation, de l’entourage
familial, amical et professionnel mais aussi des idées politiques ou reli-
gieuses des citoyens.
Ultra-connectée, la ville intelligente sera pilotée par les données.
Comment garantir le respect de la vie privée des individus sans entraver
l’émergence de services innovants ? La Cnil a publié un cahier Inno-
vation et Prospective intitulé “La plateforme d’une ville – Les données
personnelles au cœur de la fabrique de la smart city”, dans lequel
les enjeux de protection des données personnelles des citoyens sont
étudiés. « L’arrivée des grands acteurs du numérique dans les services
urbains (Sidewalk CityLab, Waze Connected Citizen de Alphabet/
Google, Uber ou Facebook) pose la question des contreparties réelles
demandées aux individus et aux acteurs publics pour des services pré-
sentés comme gratuits », écrit ainsi la Cnil.
Dans un passionnant article(1)
, le journaliste Xavier Biseul rappelle que,
toujours selon la Cnil, 30% des applications mobiles utilisent la géo-
localisation. « Revendues à des data-brokers à des fins de profilage
marketing, ces données peuvent, par ailleurs, être réutilisées pour des
usages et des finalités inattendues et imprévisibles. »
Ces données doivent être non piratables et contrôlables. On en est
loin aujourd’hui. « On peut donc se demander quelles en sont les
conséquences, notamment dans le cadre de la surveillance ou de la
gestion des données relevant de la vie privée ? » s’interroge Aymeric
Poulain Maubant.
Jean-Claude Baudet, directeur R&D d’ALTEN, se dit « préoccupé par ces
questions : comment concilier développement des systèmes à valeur
ajoutée et éthique ? Jusqu'alors, on ne s'en est guère soucié. Et il va
être difficile à l’avenir de garantir le respect de la vie privée. Si on veut
le faire correctement, cela génère un surcoût qui va à l’encontre des
intérêts des GAFA ».
ALTEN réfléchit donc aujourd’hui à des solutions moins intrusives, à la
possibilité de « fermer sa porte si on le souhaite pour préserver son
intimité ».
Ethique
et sécurité
Un enjeu majeur : préserver et sécuriser
des données privées en assurant
la pertinence des traitements.
« Le modèle économique
pour les 10 000 prochaines
startups est facile à
prédire : prendre X,
ajouter de l'IA. Tout
ce que nous avons
électrifié, nous allons
le cognitiser », disait
le magazine américain
Wired en 2014. Quatre ans
plus tard, alors que les
intelligences artificielles
sont omniprésentes dans
notre quotidien, sur quel
type de pistes travaillent
les spécialistes du monde
entier ? Voici celles
qui résonnent tout
particulièrement avec
les choix de R&D d’ALTEN.
(1) https://atelier.bnpparibas/smart-city/article/pourra-t-on-etre-anonyme-ville
http://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2016/11/23/ouverture-des-
donnees-qui-pilotera-les-villes-de-demain_5036712_4811534.html
http://advances.sciencemag.org/content/2/2/e1500445
18-19
Réseaux de drones
Capables de prendre des photos aériennes, de cartographier en 3D, de distri-
buer du matériel de secours ou de la nourriture dans des zones inaccessibles,
les drones sont devenus incontournables pour secourir les populations en
difficulté, lors d’un tremblement de terre, d’un ouragan, pour les naufragés
en mer(1)
ou les personnes égarées en montagne(2)
(drones à détection ther-
mique). Ils sont également utilisés pour inspecter des services techniques :
lignes téléphoniques, routes et voies ferrées, pylônes électriques, etc.
Au Malawi, un corridor aérien pour drones est en cours de test pour le trans-
port de produits vers ou depuis des zones difficiles d’accès. Dans ce pays, le
dépistage du sida est une priorité : le recours au transport par drone accélère
l’envoi, l’analyse et les résultats des échantillons sanguins prélevés dans les
600 centres de dépistage du pays vers les 8 laboratoires centraux.
En Suède, un drone muni d'un défibrillateur(3)
de 453 g été déployé 18 fois
pour des vols d'essai de 3 kilomètres : le drone était chaque fois plus rapide
qu'une ambulance. Si à l’arrivée de l’engin volant ainsi équipé, une personne
familiarisée avec un défibrillateur est présente, le patient en arrêt cardiaque
peut ainsi être secouru plus rapidement.
Assister les populations victimes
de catastrophes naturelles
(1) https://www.total.com/en/news/helper-drone-aiding-search-and-rescue-teams-sea
(2) https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/pyrenees/2017/09/22/des-etudiants-
toulousains-ont-invente-un-drone-tres-utile-pour-le-secours-en-montagne.html
(3) https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-drone-a-defibrillateur-plus-rapide-que-l-
ambulance-mais-est-il-plus-efficace_113809
(1) https://www.youtube.com/watch?time_
continue=510v=IEggEhgkIro
Jérémy Cousin, Président du Directoire chez CIV,
hébergeur de serveurs informatiques installé
dans le nord de la France, est intervenu au
TEDx de Valenciennes(1)
en 2016 pour expliquer
que le numérique, comme les deux révolutions
industrielles qui l’ont précédé, a un fort impact
sur notre environnement. Et a rappelé que si
aujourd’hui, nous sommes 3,5 milliards d’utilisateurs
dans le monde, dans 10 ans nous serons 5 milliards.
Et 9 milliards dans 20 ans...
L’empreinte du numérique mondial
sur la planète
+ de 1000 terawatts/h (l’énergie annuelle de
40 centrales nucléaires).
Cela représente 600 millions de tonnes de gaz à
effet de serre soit l’équivalent de l’ensemble des
vols civils mondiaux.
Un email
3 g eq C02
et jusqu’à 50 g avec une pièce jointe
importante.
En 2014, 192 milliards de mails ont été échangés,
soit l’équivalent en C02
produit par 3 millions
d’automobilistes.
Une recherche sur Google
0,25 g eq CO2
100 recherches, c’est l’équivalent d’un repassage
de t-shirt soit 25 g eq CO2
10 mn de vidéo en ligne
1 g eq CO2
, soit chaque jour, plus de
600 tonnes eq CO2
pour regarder des vidéos
(219 000 tonnes par an).
Facebook
Chaque mois, un utilisateur émet 269 g.
Twitter
Chaque jour, plus de 500 millions de messages
soit 10 tonnes eq CO2
, soit 3 650 tonnes par an.
L’impact du numérique
sur l’environnement
PROSPECTIVE
Véhicules
autonomes
L’accélération est fulgurante. « Ce secteur évolue très vite,
constate Stéphane Ougier. Parce qu’il y a rencontre entre une
volonté politique et une technologie disponible, on est passé du
bon vieux diesel à une stratégie électrique + connecté + auto-
nome. Et du coup, la relation à la voiture évolue aussi. C’est
passionnant de voir autant de ruptures dans un seul secteur et
sur un objet de masse ».
Tous les constructeurs avancent, chacun avec ses systèmes, sans
savoir qui au final va gagner et quel système sera standardisé.
Cela pose des défis techniques, explique Yann Rougemont : « il
faut réduire le temps de latence pour recevoir et traiter une
information : le véhicule autonome a besoin de recevoir et de
traiter en temps réel l’information du passant qui traverse la
route. Si la latence est trop longue, les conséquences peuvent
être fatales ». En conséquence, « le droit va évoluer, analyse
Aymeric Poulain Maubant. Quelles décisions les algorithmes
peuvent-ils prendre pour minimiser des accidents, et qui endosse
les responsabilités ? »
Pour commencer à répondre à ces questions, la Cnil a publié à
l’automne 2017 un référentiel élaboré en concertation avec les
professionnels de l’industrie automobile et des acteurs publics et
privés concernés(1)
: une boîte à outils pour intégrer la protection
des données personnelles dans toutes les phases de conception et
d’utilisation des véhicules connectés. Elle y rappelle que « toutes
les données rattachées à une personne physique (numéro d’im-
matriculation par exemple) sont des données protégées » et met
en garde contre la transmission des données vers des fournisseurs
de services.
Concevoir la mobilité « next
géneration » alliant sécurité
et autonomie.
(1) https://www.cnil.fr/fr/vehicules-connectes-un-pack-de-conformite-pour-
une-utilisation-responsable-des-donnees
20-21
Usage et big data
La création de nouveaux services et les ruptures technologiques sont plus que
jamais liées. L’évolution des approches va s’accentuer et il est important de
bien les comprendre. « Au 20e
siècle, on proposait un produit qui répondait à
un besoin, se souvient Xavier Bournazeix. Aujourd’hui, on provoque le besoin
et un objet génère son propre écosystème, comme le fait typiquement Apple.
L’IPhone a été vendu sur des promesses : “il peut faire ça et ça”. Puis des gens
ont inventé des applis, des réseaux sociaux se sont développés, etc. » Ainsi,
le succès des smartphones a poussé les opérateurs à développer la fibre. Et au
fur et à mesure que le débit augmente, les gens explorent de nouvelles possi-
bilités : les applis, le peer to peer, le téléchargement, sont nés de ce débit mis à
disposition. Pour Yann Rougemont « le débit est aujourd’hui suffisant pour faire
tout ce qui existe en 2018. En revanche, il y a un besoin de bande passante
supplémentaire (c’est-à-dire des tuyaux plus gros afin que les data ne soient
pas freinées par la masse) car le nombre de data est exponentiel. Cette étape
franchie, de nouvelles technologies pourront se développer autour des objets
connectés, du big data ou du data mining, par exemple ».
Dans le commerce électronique et le marketing, c’est l'avènement de l'hyper-
personnalisation de l'offre : « grâce au big data, on aboutit à une connaissance
extrêmement fine des comportements et des attentes des clients qui va boule-
verser des secteurs entiers de l’économie. Ce sera particulièrement utile dans
le marketing et le commerce », conclut Aymeric Poulain Maubant.
Comprendre l’usage
et créer de nouveaux services
PROSPECTIVE
Bâtiment
du futur
A l’heure où la réduction des consommations
d’énergie devient une priorité mondiale, des solu-
tions plus efficaces permettent d’améliorer la per-
formance délivrée ou d’économiser l’énergie. Dans
le bâtiment, cette question est particulièrement
cruciale : il représente en effet à lui seul presque
40 % de la consommation d’énergie finale de la
France et près de 25 % des émissions de CO2
.
En matière d’efficacité énergétique (voir Projet
hypervision, p.15), la data science peut se révéler
extrêmement utile. L’objectif consiste à centraliser
les données détaillées de consommation énergé-
tique d’un bâtiment en exploitation afin de modé-
liser cette consommation de manière statistique.
« L’analyse des séries de consommation issues des
capteurs dans le bâtiment peut permettre de détec-
ter automatiquement des dérives, anomalies ou
signaux de défaillance, et en conséquence d’influer
sur les comportements ou d’apporter des mesures
correctives » explique Damien Garrouste.
Le Machine learning (apprentissage automatique),
qui repose sur de fortes puissances de calcul, est
devenu majeur dans ce domaine. On l’utilise pour
traiter de grandes quantités de données et les ex-
ploiter pour, par exemple, faire des prévisions de
consommations d’énergie à J+1, J+7…
Optimiser les performances,
maîtriser l’énergie
Aide à la personne
« Les effets de l'automatisation par les IA dans le domaine médical,
l’apparition des objets connectés de suivi de bien-être et des robots
d'assistance vont transformer la santé » présage Aymeric Poulain
Maubant.
L’application Lisa(1)
, par exemple, élaborée par le groupement de coo-
pération sanitaire (GCS) Sesan connecte les professionnels du champ
social, sanitaire et médico-social, mais aussi les bénévoles, les familles
et les proches de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile.
En cours de test dans neuf arrondissements parisiens, cette application
permet aussi d’alerter si un professionnel attendu n’arrive pas, ou si le
patient s’absente de son domicile de manière imprévue.
Autre exemple : un casque tour de cou très discret avec une caméra
intégrée. Voilà le type d’innovation bientôt sur le marché. Celle-ci,
lancée par la start-up Panda Guide a remporté le vote du public aux
Prix EDF Pulse 2017. Arnaud Lenglet, le fondateur de Panda, expliquait
Réduire l’impact des déficiences grâce à l’I.A.
(1) http://www.silver-economy-expo.com/blog/lisa-connecte-professionnels-
autour-personnes-agees/
(2) http://www.konbini.com/fr/tendances-2/innovations-demain-pour-ameliorer-
quotidien-deficients-visuels/
en octobre dernier(2)
: « Aujourd’hui, on développe des algorithmes
permettant aux véhicules autonomes d’éviter les trous et les obstacles.
Pourquoi pas pour les personnes déficientes visuelles ? » Deux types
d'informations sont transmises à la personne via de petits écouteurs :
la détection d'obstacles et le maintien de cap.
Moins spectaculaire mais tout aussi utile, « Nous aurons dans un proche
avenir la capacité d’obtenir des résultats d’analyse en temps réel via
des capteurs : état cardiovasculaire, analyses de sang, etc. », explique
Stéphane Ougier.
Si vous étiez
millionnaire,
dans quel secteur
investiriez-vous pour
les années à venir ?
22-23
QUESTION SUBSIDIAIRE
STÉPHANE OUGIER
Directeur exécutif d’ALTEN
J’investirais par exemple dans un secteur qui évolue
particulièrement vite : l’automobile. La voiture en France,
c’était le diesel majoritaire. De façon ultra-rapide, on est
passé à une stratégie électrique + connecté + autonome.
C’est passionnant de voir autant d’avancées dans un seul
secteur et sur un objet de masse. L’accélération s’effectue
de façon très rapide et non normée : tous les constructeurs
avancent, chacun avec ses systèmes, sans savoir qui au
final va gagner, quel système sera standardisé.
Jean-Claude Baudet
Directeur RD d’ALTEN
Sans hésiter, les technologies en lien avec le big data
et l’intelligence artificielle, car ces deux technologies
seront au cœur des systèmes de demain.
Et parmi les questions qui me préoccupent : comment
allier le développement des systèmes à valeur ajoutée
et l’éthique pour préserver la vie privée, comment se
préserver la possibilité de “fermer sa porte” si on le
souhaite pour préserver son intimité.
Pierre Col
Directeur Marketing et Communication de
Contextor - Robotic Process Automation
J’investirais dans ce qui va tout faire fonctionner demain :
le réseau, le réseau et le réseau !
Xavier Bournazeix
Direction Technique Telecom d’ALTEN
Ce serait l’intelligence artificielle, parce que
certaines perspectives peuvent inquiéter, et
j’aimerais peser dans le jeu pour éviter les dérives.
Et puis aussi tout ce qui concerne les questions
environnementales : développer des voitures
propres, des logements plus écologiques, redonner
une plus grande place à la nature. Ce sont des
priorités, et je crois en notre intelligence collective
et notre capacité à corriger le tir.
Christian Rybakowski
Direction RD d’ALTEN
Je parierais sur l’énergie, et notamment l’énergie liée aux transports.
Par exemple, les batteries des véhicules électriques sont composées de
matériaux rares et difficiles à recycler. On envisage de leur donner une
deuxième vie en les exploitant dans le bâtiment pour stocker l’énergie dans une
perspective d’effacement du réseau électrique.
La question se pose également des autres “carburants” possibles pour les
transports : il existe des projets à la marge comme le premier train à hydrogène
d’Alstom, testé en Allemagne.
D’un point de vue sociologique, il y a une réflexion à mener sur toute la logique
autour du transport, et notamment le trajet entre habitation et lieu de travail.
Quel sens y a-t-il à passer du temps dans les trajets domicile-travail ? Quelles
perspectives pour le télétravail ? Le co-working à proximité de son lieu
d’habitation est-il la solution ?
Damien Garrouste
Direction Stratégie et Offres,
Lincoln
La gestion de l’énergie et tous les dispositifs
reposant sur la data science permettant de faire
des économies d’énergie.
Philippe Jaconelli
Direction de la Communication d’Alten
Parce que c’est cohérent avec la dimension sociale des
réseaux, je crois aux services à la personne, à la mise en
relation et à la proximité. Autre domaine où je sens qu’il
y a quelque chose de vertueux à faire, à partir notamment
des réseaux sociaux : la silver economy.