3. Nourrie de recherches inédites, elle
démontre combien Germaine Richier occupe
une position centrale dans l’histoire de la
sculpture moderne, comme un chaînon entre
Rodin et le premier César. Formée à la
tradition d’Auguste Rodin et d’Antoine
Bourdelle, Germaine Richier s’affirme
comme profondément originale et radicale
en à peine plus de 25 ans, des années 1930 à
sa disparition précoce en 1959. Le parcours
de l’exposition retrace chronologiquement
sa trajectoire artistique, éclairant les grands
thèmes qui nourrissent sa pratique
sculpturale (l’humain, l’animal, les
mythes…). Il révèle comment Richier opère
une revitalisation de la figure, forgeant
après-guerre de nouvelles images de
l’homme et de la femme.
4. Germaine Richier, née en 1902 à Grans (Bouches-
du-Rhône), et morte en1959 à Montpellier
(Hérault), est une sculptrice française.
Ses intimes la surnommaient L'Ouragane du nom
d'une de ses sculptures réalisée en 1949. Car
« derrière le paravent de ses bonnes manières,
derrière son sourire de Joconde égarée dans un
univers qui ne semblait pas être fait pour elle,
Germaine Richier n'était que feu, tension, volcan
toujours prêt à exploser. »
Lors de la rétrospective à la Fondation Maeght,
Geneviève Breerette souligne en 1996 « qu'elle
reste un des talents les plus méconnus car on ne
dispose pas de catalogue raisonné. »
5. Cadette d'une famille provençale par son
père, languedocienne par sa mère,
Germaine habite dès 1904 avec sa famille à
Castelnau-le-Lez dans la propriété du Prado
où elle vit pendant toute sa jeunesse. À
partir de 1920, Germaine Richier entre à
l'école supérieure des beaux arts de
Montpellier. Elle y apprend la technique de
la taille directe et réalise essentiellement
des bustes.
En octobre 1926, le sculpteur Antoine
Bourdelle l'accueille dans son atelier
particulier où elle restera jusqu'à la mort
de son maître en 1929. Formée, à la « dure
école du buste » elle réalise pendant ces
années des modelages, moulages, mais
travaille aussi la pierre et le bois.
Mariée le 12 décembre 1929 au sculpteur
suisse Otto Bänninger qui est metteur en
place et praticien de Bourdelle, elle
travaille à Paris en toute indépendance
dans son atelier de l'avenue du Maine. Dès
son arrivée à Paris sa sculpture est
remarquée et appréciée.
Elle prend des élèves. À partir de 1933 et
jusqu'à la fin de sa vie, elle s'installe avec
son mari dans un autre atelier Villa Brune,
puis avenue de Châtillon.
Sa première exposition a lieu en 1934, à la
galerie du russe Max Kaganovitch à Paris.
6. Germaine Richier y montre des bustes,
aujourd'hui détruits, et un nu masculin
Loretto I, bronze patiné foncé en onze
exemplaires, première œuvre de grande
taille : 159,5 × 55 × 36 cm, exposée ensuite
au musée du jeu de paume en 1937 dans
l'exposition Femmes artistes d'Europe. Après
un voyage à Pompéi avec ses élèves en 1935,
elle reçoit en 1936 le prix Blumenthal,pour
récompenser des artistes deux fois par an. Le
prix attribué à Germaine récompense le
Buste no 2, portrait du fils du sculpteur
Robert Coutin.
À l'Exposition universelle de 1937, Germaine
Richier présente Méditerranée au pavillon
Languedoc méditerrainéen, elle obtient la
médaille d'honneur pour cette œuvre.
L'année suivante, accompagnée de son mari,
elle emmène ses élèves en Tchécoslovaquie,
crée le buste de Renée Regodias, appelée
couramment La Regodias, bronze patiné en
douze exemplaires.
Elle expose souvent à partir de 1939, à Paris
et à Bruxelles. Elle participe également à
l'Exposition internationale de New York. C'est
une période heureuse pour Germaine Richier
qui retrouve, boulevard du Montparnasse, la
communauté artistique presque tous les soirs
à La Coupole ou au Dôme, après avoir
travaillé toute la journée dans son atelier.
7. À la déclaration de guerre, en septembre 1939, Germaine Richier et
Otto Bänninger sont en Suisse. Ils s'installent à Zurich,
En Suisse, Germaine retrouve ses amis du quartier du Montparnasse :
Jean Arp, Giacometti, Marino Marini, Wotruba et elle rencontre
l'écrivain Georges Borgeaud qui pose pour la statue Le Poète (1945).
La représentation humaine reste sa préoccupation principale
jusqu'en 1946, année où l'on va voir apparaître L'Araignée, La Chauve
souris, La Mante, grande et d'autres figures « insectiformes », mi
humaines, mi insectes.
Cependant, elle n'abandonne pas son étude de la figure humaine. Le
Vieux, (1944), est le premier buste où elle s'accorde une totale
liberté, tout en gardant la rigueur du buste et la ressemblance avec
le modèle. Dans ce même style, elle réalise Femme assise (1944).
En 1945, Marino Marini réalise une tête de Germaine Richier
conservée à la Galleria d'Arte Moderna de Milan.
En octobre 1946, Germaine Richier revient à Paris
Elle retrouve son atelier de l'avenue de Châtillon et sa liberté de
création explose avec des figures hybrides : L'Araignée I, La Mante,
La Chauve-Souris auxquelles elle ajoute des fils tendus, croisés. La
Chauve souris inaugure une nouvelle technique : celle de la filasse
et du plâtre qu'elle poursuit avec La Forêt. Outre La Vierge folle,
elle crée des bronzes de petite taille : La Lutte, La Parade, Le
Combat, La Tarasque.
En novembre 1946, elle rencontre l'écrivain et poète René de Solier
qui deviendra son compagnon. Il communique son enthousiasme à
son ami Jean Paulhan, ainsi qu'au poète Francis Ponge et à l'écrivain
André Pieyre de Mandiargues : « À mon goût, ce sont presque
uniquement quelques femmes qui sauvent aujourd'hui la peinture, et
c'est Richier qui sauve la sculpture. » Solier deviendra son
compagnon quelques années plus tard.
8. En 1947, elle réalise L'Orage, qu'elle achève en 1948, pour
lequel elle fait poser un ancien modèle d'Auguste Rodin. Elle
utilise ce même modèle en 1948 pour L'Aigle et pour L'Ogre
l'année suivante, pour L'Hydre et Le Pentacle en 1954 et
encore pour Le Dos de la montagne.
En 1949, elle crée Don Quichotte et Don Quichotte à l'aile du
moulin, avec sa nouvelle technique de la filasse. Elle
commence aussi à travailler à un Christ, commandée par les
dominicains pour l'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du
plateau d'Assy et pour lequel elle se passionne. Dès 1945, le
père Couturier et le père Régamey de l'ordre des dominicains,
souhaitaient rénover l'art sacré. Ils ont demandé à des artistes
contemporains la décoration de l'église d'Assy, parmi lesquels
se trouvent Georges Braque, Fernand Léger, Henri Matisse,
Marc Chagall. Elle réalise le crucifix qui sera placé derrière
l'autel. Ce christ fait l'objet d'une grande controverse. En avril
1951, Monseigneur Auguste Cesbron, évêque d'Annecy, fait
retirer la sculpture.
À partir de 1951, Germaine Richier ajoute de la couleur dans
ses bronzes. Ainsi pour La Ville (1951), le fond est peint par
Vieira da Silva et La Toupie (1952) par Hans Hartung. Elle a
également l'idée d'insérer des verres colorés. 1952 est aussi
l'année du Griffu qui illustre le mythe provençal de la
Tarasque.
Germaine Richier s'inspire pour cette réalisation d'une
reproduction de la tarasque suspendue au plafond du Museon
Arlaten. Cette même année, elle réalise le Cheval à six têtes,
petit. Puis elle décide de transporter à Saint-Tropez son
atelier avec quelques élèves et sa nièce Françoise20. Elle
expose au Chili, en Suisse, et à la XXVIe Biennale de Venise.
9. En 1954, Germaine Richier divorce et se remarie avec René de Solier.
Germaine Richier expose pour la première fois aux États-Unis, à la Allan Frumkin
Gallery de Chicago.
Entre 1955 et 1956, Germaine Richier entreprend une œuvre monumentale 185 × 330 ×
130 cm La Montagne qui sera présentée au public pour la première fois lors de la
rétrospective organisée au musée d'art moderne de Paris.
Germaine Richier fait partie des rares artistes qui ont eu une rétrospective de leur
vivant au MNAM : le sculpteur Henri Laurens, les peintres Marc Chagall et Joan Miró et
le plasticien Alexander Calder notamment .
En 1957, pour des raisons de santé, elle s'installe à Antibes avec son mari René de Solier
dont elle illustre le recueil de poèmes Contre terre.
La dernière exposition organisée de son vivant a lieu au musée Grimaldi-château
d'Antibes en juillet 1959.
Germaine Richier est inhumée au cimetière communal de Mudaison.
12. Avec Antoine Bourdelle, elle apprend la technique de
la triangulation qui consiste à travailler sur le modèle
vivant en marquant chacun des points osseux. À partir
de ces repères qui indiquent la structure du squelette,
des lignes quadrillent le corps. Cette division du corps
par un réseau linéaire dense permet d'analyser la
forme et de procéder en s'aidant de compas (hauteur
et épaisseur) et de fil à plomb, à son report sur le
modèle en terre sans études intermédiaires.
« Selon moi, ce qui caractérise une sculpture, c'est la
manière dont on renonce à la forme solide et pleine.
Les trous, les perforations éclairent la matière qui
devient organique et ouverte, ils sont partout
présents, et c'est par là que la lumière passe. Une
forme ne peut exister sans une absence d'expression.
Et l'on ne peut nier l'expression humaine comme
faisant partie du drame de notre époque. »
Germaine Richier conçoit ses œuvres pleines et
complètes. Elle étire la terre, la superpose en couche,
la malaxe et ensuite la déchire à l'aide d'outils à bout
tranchant qu'elle appelle épées avec lesquelles elle
coupe un plan, accentue un creux, dessine une ligne
affirmant la direction d'une jambe ou d'un bras. Elle
incise la surface de la matière pour y inclure des
fragments et tracer des scarifications. Elle veut que «
les formes déchiquetées […] aient un aspect
changeant et vivant. »
À partir du Crapaud (1940), elle représente le corps
humain en l'intégrant au règne de la nature. Elle
pousse l'expérience jusqu'à greffer dans le plâtre des
branches d'arbre et des feuilles dans L'Homme-forêt,
grand, (1946) dont Georges Limbour a vu la première
version en terre et en bois dans l'atelier de l'artiste. Il
le décrit comme « un Homme-forêt fait de branches
d'arbres judicieusement choisies, de glaise, de fil de
fer et je crois qu'il y avait encore de la mousse, oui,
tout au moins sur la branche. »
13. À partir de 1951, Germaine Richier introduit
la couleur dans ses sculptures. Cet intérêt
pour la couleur semble né des œuvres
polychromes de Marino Marini.
« J'ai commencé à introduire la couleur dans
mes statues en y incrustant des blocs de
verre colorés où la lumière jouait par
transparence. Ensuite, j'ai demandé à des
peintres de peindre sur l'écran qui sert de
fond à certaines de mes sculptures.
Maintenant, je mets la couleur moi-même.
Dans cette affaire de couleurs, j'ai peut-être
tort, j'ai peut-être raison. Je n'en sais rien.
Ce que je sais en tous les cas, c'est que ça
me plaît. La sculpture est grave, la couleur
est gaie. J'ai envie que mes statues soient
gaies, actives. Normalement, une couleur sur
de la sculpture ça distrait. Mais, après tout,
pourquoi pas ? »
L'Échiquier, grand, composé des cinq
personnages du jeu d'échecs est
l'aboutissement de ses recherches sur la
couleur. C'est aussi le dernier ensemble de
sculptures monumentales qu'elle réalise .
Acheté en 1998 avec l'aide du Fonds du
Patrimoine, il a été attribué au Centre
national d'art et de culture Georges-
Pompidou . Les cinq statues se trouvent
actuellement en dépôt dans le jardin des
Tuileries à Paris
14. L'Échiquier, grand est une œuvre de la
sculptrice française Germaine Richier située
à Paris, en France. Créée en 1959 et
installée en 2000 dans les jardins des
Tuileries, il s'agit d'un ensemble de cinq
sculptures en bronze.
L'œuvre prend la forme d'un ensemble de
cinq sculptures de bronze représentant des
pièces d'échecs : le roi, la reine, la tour, le
fou et le cavalier.
L'œuvre est installée au centre d'un parterre
des jardins des Tuileries.
L'Échiquier, grand est la dernière œuvre de
Germaine Richier et date de 19592
L'œuvre est installée dans les jardins des
Tuileries en 2000, en même temps qu'une
douzaine d'autres œuvres d'art
contemporain.
16. Délie DUPARC est née à Paris en 1957 sous l'égide d'une
famille de peintres.
Dès sa plus tendre enfance elle évolue dans un univers de
couleurs qu'elle transmute en outils de re-création.
L'influence de sa mère, Evelyne MARC, joue un rôle
prépondérant dans sa maîtrise du trait et son ouverture au
monde de l'art abstrait.
Ancienne élève de l'Académie de peinture d'Henri GOETZ,
mais possédant une excellente connaissance de l'anatomie
humaine, Délie DUPARC détient autant de clés initiatiques
qui témoignent de sa fascination du vivant et qui la
définissent comme une artiste aussi complète que complexe.
Dans sa quête perpétuelle d'absolu, elle s'aventure tout
naturellement vers divers modes d'expression en explorant,
voire en associant, matières, couleurs et formes. Peinture
figurative ou abstraite, sculpture de l'argile ou de la pierre,
compositions textiles ou bois assemblés lui permettent
d'exprimer toute la palette de son talent.
Entrer dans l'univers de Délie DUPARC, c'est accéder à un
espace conceptuel détonant où la vigueur du trait révèle la
sensualité des lignes, où l'évidence du visible masque l'intime
vérité, où la virtuosité technique s'efface devant l'émotion
esthétique de ses œuvres qu'elle nous dévoile en partage.
Artiste peintre et sculpteur, éminemment femme, elle nous
livre une oeuvre à son image : élégante, généreuse et sincère.