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Les echos week end les peugeot parlent

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Pour la première fois, les descendants d’Armand et de Robert
confient leurs parcours, leurs souvenirs, leur attachement
à leur entreprise, leurs projets. Deux ans après l’entrée
au capital de l’État et du chinois Dongfeng, PSA va mieux.
Et s’ils reprennaient le volant?

Pour la première fois, les descendants d’Armand et de Robert
confient leurs parcours, leurs souvenirs, leur attachement
à leur entreprise, leurs projets. Deux ans après l’entrée
au capital de l’État et du chinois Dongfeng, PSA va mieux.
Et s’ils reprennaient le volant?

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  1. 1. AKG-IMAGES LES ECHOS WEEK-END – 21 BUSINESSSTORY 10 JUIN 2016 EXCLUSIF LES PEUGEOT PARLENT Pour la première fois, les descendants d’Armand et de Robert confient leurs parcours, leurs souvenirs, leur attachement à leur entreprise, leurs projets. Deux ans après l’entrée au capital de l’État et du chinois Dongfeng, PSA va mieux. Et s’ils reprennaient le volant? Par Maxime Amiot et Julien Dupont-Calbo
  2. 2. 22 – LES ECHOS WEEK-END BUSINESS STORY Dûment encadré, le cliché trônera peut-être sur leurs cheminées respectives, à côté des petites voitures et des moulins à poivre. Miracle ou pas, pour Les Échos Week-End, dix Peugeot ont accepté de se livrer à une séance photo inédite dans la salle du conseil de la holding familiale, à Neuilly-sur- Seine. Avares en apparitions médiatiques – un euphémisme –, les cousins éloignés ne s’étaient jamais prêtés à tel exercice collectif. Ou alors il y a longtemps… «La dernière fois, c’était en 1927!» s’amuse Xavier Peugeot. «On est presque tous là. C’est une première», confirme Jean-Philippe, le président des Etablissements Peugeot Frères (EPF), l’entité qui regroupe les actionnaires familiaux. Les autres visages emblématiques des trois branches de la maison bicentenaire sont présents. Robert, qui dirige FFP, le fonds d’investissement de la famille, et Christian, son benjamin. Marie-Hélène, membre du conseil de surveillance de PSA, venue avec ses frères Thierry et Xavier. À leurs côtés, quatre petits nouveaux font même leur apparition. Ils s’appellent Armand, Charles, Henri et Thibault, et incarnent la jeunesse Peugeot. Celle qui n’a pu s’empêcher de sortir les téléphones pour immortaliser l’instant où les aînés se font tirer le portrait. «Ils s’en sortent plutôt bien, non?» commente, espiègle, l’un des juniors. Joli tableau de famille, oui. Chez les Peugeot, c’est le moment où jamais d’afficher l’union sacrée, quitte à forcer quelques sourires. De prouver, image à l’appui, que la tribu est prête à surmonter ses désaccords pour remettre les deux mains sur le volant de PSA, lâché à contrecœur en 2014. Sous la houlette de Carlos Tavares, le nouveau patron, PSA est repassé au-dessus de la ligne de flottaison. Une situation qui invite l’État à la réflexion: rien ne l’empêche de céder tout ou partie de ses parts – ces dernières ont vu leur valeur doubler en deux ans! Les comptes publics ont tant besoin d’argent pour rebrancher EDF et Areva… «S’il y a une opportunité, il faudra l’étudier de très près», La génération aux commandes (de gauche à droite) : Jean-Philippe, Xavier, Marie-Hélène Roncorini, Christian, Robert et Thierry… lance Charles. Son père Robert et son oncle Jean-Philippe, les deux pilotes du clan, laissent également la porte ouverte, au cas où. Avec Marie-Hèlene, ils ont d’ailleurs passé une tête à Bercy, fin mai, histoire de signaler leur intérêt. «On peut fournir l’effort, il faut y aller franchement. On est très nombreux à être sur la même longueur d’onde», assure Thierry. Depuis deux ans, sa branche familiale manifeste son impatience: lui et sa fratrie ont déjà racheté pour près de 15 millions d’euros de titres du groupe. «C’est un bon investissement. On croit en PSA», précise Xavier, le petit frère de Thierry. Des Peugeot qui s’accordent sur un chemin commun? L’affaire était loin d’être gagnée. Il y a deux ans à peine, c’était plutôt ambiance fosse aux lions et coups de griffes. À l’époque, le constructeur patiemment façonné par leurs ancêtres croule sous les pertes. Au printemps 2014, le conseil de surveillance de PSA finit par valider une recapitalisation diluant les Peugeot et faisant entrer deux nouveaux actionnaires, l’Etat français et le chinois Dongfeng. Le schéma – une participation de 14% pour les trois nouvelles têtes du groupe –, concrétise la hantise de la famille. Pour la première fois, les descendants d’Armand Peugeot doivent partager FRÉDÉRICSTUCINPOURLESECHOSWEEK-END
  3. 3. LES ECHOS WEEK-END – 23 EXCLUSIF : LES PEUGEOT PARLENT Les Peugeot. Eugène (1844-1907) et Armand (1848-1915), les deux cousins, avec, assis, Albert Fallot, Pierre Peugeot et Alfred Bovet. … Et une partie de la génération montante (tous photographiés le 30 mai): Henri Peugeot, Armand Peugeot, Thibault Peyron et Charles Peugeot. le pilotage de leur aventure automobile. En plus de cent ans de «bagnole», ils n’avaient jamais eu à faire ainsi appel aux pouvoirs publics. Ajoutez à ça la fracture ouverte entre Thierry et Robert. Ces deux-là, longtemps rivaux, ne se sont jamais trop entendus. Le premier n’hésitera pas, dans une lettre rendue publique, à accuser le second de vouloir se «désengager de PSA». Un conflit interne porté sur la place publique? Une hérésie chez ces protestants qui ont érigé la discrétion et la responsabilité en religion. Le «fautif» est évincé du conseil de surveillance du groupe, excommunié du conseil de FFP. «C’était violent, mais on ne va pas refaire l’histoire 25000 fois, il faut se projeter», tranche Xavier. ILFALLAITSAUVERLESOLDATPSA Traumatisé, le clan reste convalescent. Diagnostic de Pascaline (Peugeot) de Chanzy, médecin respectée des Hôpitaux de Paris et conseillère du Samu de Paris: «En 2014, nous avons fait face à l’urgence vitale, sauver PSA atteint d’une hémorragie de cash, en contribuant à l’augmentation de capital. Après, le temps psychique est long, il faut un moment avant que chacun retrouve la confiance et la sérénité», explique la sœur de Thierry, Marie-Hélène et Xavier. Surtout si le patient choqué assiste ensuite à la disparition des symboles du patrimoine familial, évacués l’un après l’autre, sans ménagement, par le nouveau PSA. Exit les scooters Peugeot, le centre de conférence Armand Peugeot à Poissy, la gestion du musée de la famille, le club de foot créé par l’oncle Jean-Pierre en 1928, jusqu’au nom PSA Peugeot- Citroën – depuis avril, il faut dire: Groupe PSA… Même l’usine de Sochaux, berceau du constructeur, doit aujourd’hui serrer les boulons comme les autres sites. «Le groupe tourne la page de la culture Peugeot, constate Martial Bourquin, le sénateur du Doubs. Avant, il y avait une certaine sécurité, les salariés se disaient que la famille serait là, quoi qu’il arrive. C’est fini.» L’avenue de la Grande-Armée aussi. Mi-2017, PSA abandonnera son quartier général historique, en bas de l’Arc de triomphe, pour Rueil-Malmaison. Au 9e étage du futur ex-siège, les anciens bureaux de Thierry, Pierre et Roland sont déjà le royaume de Linda Jackson, la patronne de Citroën. Dire qu’avant, une simple porte séparait les anciens présidents du conseil du patron de PSA. À l’époque, Bertrand, le père de Robert, faisait clignoter la lumière de son bureau pour souhaiter bonne nuit à sa sœur AUTOMOBILESPEUGEOTFRÉDÉRICSTUCINPOURLESECHOSWEEK-END
  4. 4. 24 – LES ECHOS WEEK-END BUSINESS STORY Christiane qui habitait juste de l’autre côté de l’avenue! Du passé. La holding familiale FFP a quitté les lieux l’an dernier, direction Neuilly. À sa première visite, Marie-Hélène a senti les larmes monter en voyant, au sous-sol, un parking truffé de berlines allemandes. Depuis les départs de Christian, directeur des affaires publiques du groupe, et de Frédéric Banzet, patron de Citroën, on ne recense d’ailleurs plus que trois membres de la famille chez PSA – évoluant à distance respectable de l’état-major. Xavier traîne un parapluie Peugeot mais est aujourd’hui en charge de la gamme de la marque aux chevrons (où certains le surnomment «Xavier Citroën»). Charles, le fils de Robert, prépare chez DS – la nouvelle griffe de PSA –, le lancement d’un futur modèle. Sa sœur Laure, artiste, fait partie de l’équipe design du constructeur. Même si Henri, le fils de Christian, designer lui aussi, se tient en embuscade, «il n’y a jamais eu aussi peu de Peugeot chez PSA», admet Jean-Philippe. «Être actionnaire de contrôle ou actionnaire parmi d’autres, ce n’est pas la même chose», confirme Serge Banzet, le cousin de Frédéric. Au final, le groupe a pris tellement de distance avec la famille que les deux ont engagé une procédure d’arbitrage pour définir précisément les conditions d’utilisation du patronyme par l’entreprise, pour d’autres produits que les véhicules. Cruelle époque. Le coup est rude pour une lignée qui clame sans relâche son attachement viscéral aux véhicules à quatre roues. Dans sa cuisine, Christiane, 88 ans, se rappelle comment, adolescente, elle a failli se «casser le cou» dans une voiture de course offerte par Monsieur Bugatti à son grand-père Robert. Pour la petite histoire, le grand jeu de celui-ci était de montrer à ses chères têtes blondes les publicités de L’Illustration. «Tu vois ces voitures? Ce sont des Renault… Beurk!» me disait-il, raconte Christiane. En revanche, l’homme était le comparse d’André Citroën. Dans les cours d’école, on appelait les enfants Peugeot 103, 404, 205 ou 306, selon les époques. Petit, Charles – le plus âgé des cadets – n’attendait qu’une chose, chaque mardi: voir rentrer son père avec la presse automobile sous le bras, pour la lui dérober dès que possible. «Mes souvenirs d’enfance, ce sont les sorties sur l’anneau de Montlhéry, les 24 Heures du Mans avec la Peugeot 905», avoue aujourd’hui le coupable. «Mes deux petits-enfants montrent du doigt les voitures dans la rue, celles qui ont un lion sur le capot», ajoute tendrement Carole Plantier, née Peugeot. L’arrivée d’une nouvelle génération a secoué les aînés. «Ils nous poussent à agir», souffle Carole. Charles, à l’aise sur la photo, a déjà 35 ans. Ses cousins les plus jeunes ont 18 ans. Une dizaine d’entre eux a participé à l’assemblée générale d’EPF, en mai. «Il est bien légitime qu’ils s’intéressent aux sujets familiaux. Ils se sentent concernés et nous questionnent souvent», glisse Marie-Hélène. Thibault Peyron, le petit-fils 1890: un lion art déco fait de clefs, tenailles et tournevis; 1935 : dans l’Excelsior Modes, Peugeot vante ses prouesses technologiques; 1965 : une 403 familiale pour le modèle familial français de la période. Dix Peugeot et une seule femme… Marie-Hélène Rancorini s’est sentie bien seule lors de la photo de famille montée pour Les Échos Week-End. De fait, elle est l’unique représentante de la gent féminine dans les trois piliers familiaux (conseil de PSA, d’EPF, de FFP). «Les Peugeot ont longtemps été une affaire d’hommes. Mais c’était une autre époque», balaie Robert. Les intéressées s’en souviennent encore. Comme Christiane, la première de la famille à avoir décroché le bac. Après s’être inscrite au lycée en cachette de sa mère… «Maman m’a même fait redoubler. Elle me disait: Qu’est ce que je vais faire de toi si tu fais trop d’études?» À la naissance d’un garçon, les femmes de la famille recevaient un gros bijou, pour une fille, c’était une babiole. Plus tard, Christiane racontera dans un livre l’histoire de sa grand-tante favorite, Marguerite Jappy. Une légende: c’est dans son lit que Félix Faure, l’ancien président de la République, rendit l’âme. À la génération suivante, Pascaline rêvait de se mêler des affaires familiales, avant de devenir un médecin reconnu. «J’ai très vite compris que ce n’était pas envisageable pour moi, à cette époque», explique celle qui, en avril dernier, a été nommée administratrice de TF1. À l’origine de cette loi salique maison, Robert Peugeot (l’ancien), qui avait centralisé le capital de ses cousins dans les années 20. Pour ne pas le disperser, il avait édicté un code obligeant ceux qui n’avaient que des filles à revendre leurs titres aux pères de garçons. Le fantôme de l’oncle Antoine, cinq filles, hante encore la famille… OÙ SONT LES FEMMES ? « IL N’Y A JAMAIS EU AUSSI PEU DE PEUGEOT CHEZ PSA ! ÊTRE ACTIONNAIRE DE CONTRÔLE, OU UN PARMI LES AUTRES, CE N’EST PAS LA MÊME CHOSE… » AUTOMOBILESPEUGEOTSELVA/LEEMAGE
  5. 5. LES ECHOS WEEK-END – 25 EXCLUSIF : LES PEUGEOT PARLENT génération 4e 5e 6e 7e 8e 9e génération : 100 personnes 10e génération : déjà une trentaine d’enfants 3e 2e 1ère Jean-Pierre 1734-1814 Émile 1815 - 1874 Armand 1848 - 1915 Artisan de l'entrée dans l'automobile Romain 1989 Armand 1994 Jean-Pierre 1768 - 1852 Jules 1811 - 1889 Eugène 1844-1907 Robert 1873-1945 Jean-Pierre 1896-1966 Eugène 1899-1975 Rodolphe 1902-1979 Henri 1987 Roland 1926-2016 Jean-Philippe 1953 Éric 1955 Frédéric 1958 Famille Banzet Marc 1961 Robert 1950 Charles 1980 Thibault Peyron 1980 Christian 1953 Thierry 1957 Pascaline de Dreuzy 1958 Marie-Hélène 1960 Xavier 1964 Gisèle 1929-2014 Alain 1934-1994 Bertrand 1923-2009 Christiane 1927 Famille Peyron Pierre 1932-2002 Président d'EPF ex-patron de Citroën Président de FFP DIX GÉNÉRATIONS AU SERVICE DE L’ENTREPRISE Ne sont représentées que les principales branches de la famille. SOURCE:PEUGEOTPHOTOS:PEUGEOT,FRÉDÉRICSTUCIN
  6. 6. 26 – LES ECHOS WEEK-END BUSINESS STORY de Christiane, a remonté l’arbre généalogique de la famille jusqu’en 1430. Depuis Londres où il est installé, Romain, 26 ans, ne nourrit aucune amertume envers ses aînés. «J’étais en salle des marchés, à la Société générale, quand Lehman Brothers est tombé. C’était très violent. Les conséquences de la crise auraient pu être pires pour la famille, on aurait pu tomber plus bas au capital. Nous sommes toujours là», explique posément le jeune homme, qui entend se «construire un CV» avant de participer, si l’on veut bien de lui, aux institutions Peugeot. En attendant, Romain caresse surtout le secret espoir de récupérer le FC Sochaux, aujourd’hui propriété du chinois Ledus, qui vivote depuis quelques années. «J’y travaille. Le club de mon grand-père Roland me tient à cœur, je vais souvent au stade», dit-il, refusant de s’épancher davantage. LA GRANDE ARMÉE DES PETITS PEUGEOT Dans un même genre, il y a Armand, 22 ans. À considérer cet étudiant plein d’aplomb qui «angoisse» pour ses partiels à l’Essec, rêve de monter sa start-up et ne voit pas l’intérêt de posséder une voiture à Paris, on penserait le jeune homme loin, très loin de ses gènes. Tout faux. Il donne rendez-vous avenue de la Grande-Armée et déballe, au bout de quelques minutes d’échange à peine, deux moulins de table Peugeot. Plus tard, il exhibera un vieil écrin abritant la médaille soigneusement conservée de son ancêtre Armand. Le Peugeot qui avait ébranlé l’entreprise au crépuscule du xixe siècle, engageant contre son gré la famille dans l’aventure de l’automobile. «C’est mon maître à penser. Quand on porte le nom, et même le prénom, on a plus de devoirs que de droits», répète Armand junior, impatient d’apporter sa propre pierre à l’édifice. Manifestement, la grande armée des Peugeot ne manquera pas de petits soldats. Pour assurer leur formation, Marie-Hélène et Jean-Philippe peaufinent à leur attention un programme sur mesure, baptisé NextGen. Il faut d’abord commencer par tisser le lien familial. C’est que ces dizaines de petits Peugeot ne partagent finalement que le même arrière-arrière-grand- père! La première pierre de ce «family building» a été posée en juin 2015, lorsqu’une trentaine de descendants se sont retrouvés à Paris, porte Maillot. Au menu, cocktail dînatoire, topo sur les différentes affaires familiales, et forcément, zoom sur PSA avec, en dessert, une vidéo de Carlos Tavares. À l’automne prochain, un pèlerinage loin de Paris, vers Montbéliard, sur la terre des ancêtres, doit achever de souder les troupes. Dans une bande de quelques kilomètres carrés lovée entre le Doubs, l’Allan et le Gland, les petits Peugeot pourront arpenter le musée en plein air de leur famille: les châteaux de Seloncourt, Vaudoncourt et Hérimoncourt, les usines de Sochaux, Mandeure et Belchamp, le stade Bonal… 1889 TYPE 3 La première voiture au monde produite en série: 64 modèles… 1968 504 Produite jusqu’en 2006: la plus longue carrière de la marque. AUTOMOBILESPEUGEOTL’AVENTUREPEUGEOT 1 Apparition des Peugeot, 1435 2 Moulin, 1725. Atelier textile, 1759, Château 3 Filature, 1805 4 Aciérie, 1810. Scies et outils, 1819 5 Moulins à café, de table, 1833 6 Château 7 Château 8 Crinoline et corset, 1857. Bicycles, 1886 9 Premières voitures, 1891 Outillage, 1851 Usine automobile, 1912. FC Sochaux (foot) 1928 Centre de recherche auto, 1969 10 11 12 LE PAYS DE MONTBÉLIARD, LE FIEF DES PEUGEOT SUISSE 2 km Vaudoncourt Hérimoncourt La Chapotte Sous-Cratet Mandeure Valentigney Belchamp Montbéliard Sochaux Beaulieu Terre-Blanche Seloncourt Audincourt 1 2 3 4 56 7 11 12 8 9 10 DOUBS TERRITOIRE DE BELFORT Deux siècles d’histoire industrielle sur quelques kilomètres carrés.
  7. 7. LES ECHOS WEEK-END – 27 EXCLUSIF : LES PEUGEOT PARLENT Si la plupart des jeunes ont, au fil des décès, visité le caveau familial du cimetière de Montbéliard, les Peugeot ne vivent plus au «pays». Seule la branche de Thierry, qui fait le voyage un week-end sur deux, possède encore des maisons sur place. Le fils de Marie-Hélène s’est vu attribuer par ses camarades parisiens le surnom de «Souchalien»… Mais en général, la nouvelle génération vit avec son temps, éparpillée en France, égaillée à l’étranger. L’un est instructeur aéronautique à San Francisco, lui découvre la Chine, d’autres écument les artères londoniennes. La seconde partie du programme NextGen s’annonce plus complexe. Il s’agit d’identifier les jeunes capables de prendre du galon dans les instances familiales. Tous ne pourront y des nuances apparaissent entre la centaine de descendants. À la frustration de Thierry, le «gardien du temple», Jean-Philippe, et surtout Robert, les deux présidents des sociétés familiales, se montrent prudents sur une éventuelle remontée au capital. Et n’entendent pas «mettre tous les œufs dans le même panier» en se ruinant pour PSA – qui depuis huit ans n’a distribué qu’un seul dividende, en 2010. «C’est la fonction qui veut ça», affirment les deux hommes. «Dans la famille, on se doit d’être responsable. Quand j’étais pilote de course, j’étais toujours attentif à ma conduite, afin de ne pas passer pour l’héritier imprudent et arrogant», dit Jean-Philippe. «Nous n’avons pas des moyens illimités», juge Robert. Qui tient à préciser, signe de son envie, que «la famille reste ouverte». Avec lui, le patrimoine de la famille, un peu plus de 3 milliards d’euros concentrés chez FFP, s’est diversifié depuis quinze ans. Seb, Orpea, Onet, Ipsos ou Zodiac pèsent aujourd’hui plus que PSA. «Sans la réussite de ces investissements, nous n’aurions pas pu réinvestir aussi dans l’automobile», affirme Robert, suivi dans ce constat par l’essentiel des troupes. Faire autre chose, ce n’est pas honteux, soutient le maître d’œuvre de cette politique. Dans le passé, en plus des autos, les ancêtres ont usiné des pelles, des obus, des baleines de soutien-gorge ou de crinoline, des ressorts de binocles, des lames de rasoir, des machines à laver. D’ailleurs, les Peugeot creusent encore le sillon. Fin 2014, 1965. Le tunnel de séchage à l’usine de Sochaux: quelques minutes à 150 °C, et les laques sont cuites. prétendre. «Il y a une vraie césure. Pour nous, travailler chez PSA était une évidence. Là, ce sera forcément différent», pointe Christian. «Naturellement, la jeune génération est plus nombreuse que nous», atteste Marie-Hélène. Ils sont une centaine, en fait. «On jugera sur les compétences et les valeurs, il n’y aura pas de place pour tout le monde», prévient Jean- Philippe. Deux d’entre eux, Charles et Henri, ont déjà été intronisés au conseil d’administration d’EPF, le temps que d’autres finissent de faire leurs classes à l’Essec, Centrale, Polytechnique… Il y aura bientôt l’embarras du choix. L’un dans l’autre, la famille se met donc en ordre de marche. «On ne va pas éteindre la lumière», annoncent-ils. Mais derrière le slogan, 1983 205 Un sacré numéro! Et en plus c’est le modèle qui a sauvé l’entreprise. 2016 3008 Le premier véritable SUV de la marque au lion. AUTHENTICATEDNEWS/ARCHIVEPHOTOS/GETTYIMAGESAUTOMOBILESPEUGEOT
  8. 8. 28 – LES ECHOS WEEK-END BUSINESS STORY EXCLUSIF : LES PEUGEOT PARLENT La famille Peugeot se décompose en trois branches, toutes issues de «Robert Ier » (1873-1945). Une synthèse complexe: chacune des branches intègre différents rameaux avec des poids et des sensibilités différentes. Elles détiennent toutes 30% du capital d’EPF, la société qui oriente l’actionnariat familial via un conseil d’administration de douze cousins. Les 10% restants appartiennent à des membres éloignés. Société mère du clan, EPF contrôle FFP, holding chargée de diversifier le patrimoine familial. Cette société cotée dispose de 3,1 milliards d’euros d’actifs. A elles deux, EPF et FFP détiennent 13,7% du capital de PSA (soit 1,5 milliards d’euros à date). FAMILLE, MODE D’EMPLOI ils ont récupéré au tribunal de commerce la société PSP, qui regroupe les activités des moulins à café, ou de table, lancées par leurs aïeux dans les années 1830. Qui sont finalement les Peugeot? Des industriels liés à jamais à leur métier de toujours? Ou une troupe fortunée jouant à fond la carte de l’investissement diversifié, façon Wendel? Entre ceux qui sont prêts à tout donner pour l’automobile et les autres, le schisme peut se raviver à tout moment. «Les Peugeot ne sont pas une holding financière. Notre ADN, c’est l’automobile», prévient Thierry. «Il n’y a pas une famille mais des familles», constate un ancien patron de PSA. Surtout quand la fragmentation du patrimoine menace, avec la nouvelle génération qui arrive. «Ils entrent dans une période cruciale, dite de la constellation des cousins. Ils doivent établir des règles précises de transmission et de partage, sous peine de voir la famille éclater comme les Taittinger ou les Schneider», prévient Alain Bloch, professeur à HEC. Entre droits de succession – les Peugeot sont logiquement dans la tranche à 45% – et impôts sur la fortune, les familles milliardaires peinent parfois à faire perdurer leur trésor. «Le risque classique, c’est d’être obligé de vendre des titres pour payer la succession», souligne Valérie Tandeau de Marsac, une avocate fiscaliste. Un vrai danger pour les Peugeot, qui n’hésitent pas à chercher des recettes auprès d’autres grandes familles, notamment les Mulliez, dans le Nord. L’affaire est d’autant plus sérieuse que le clan est en passe de perdre un sérieux avantage lié au pacte Dutreil, l’instrument qui permet de limiter les droits de succession lors des changements de génération. La baisse de participation de la famille dans PSA, tombée sous les 20%, a sorti en partie la famille du dispositif. «À chaque génération, la famille a eu ses défis. Elle s’en est toujours sortie», relativise Xavier, avec le calme des vieux briscards. «On a la peau épaisse et on aime se battre», poursuit Christiane. Le clan a déjà surmonté de nombreux obstacles. À la fin du XIXe siècle: l’opposition d’Eugène à son neveu Armand conduit à la scission des activités familiales entre, d’un côté, l’automobile et l’électricité, de l’autre, les vélos. Pendant les années folles: la faillite spectaculaire d’Oustric, leur banquier. La Seconde Guerre mondiale: l’occupation de l’usine de Sochaux qui sera bombardée puis pillée… En 1960: l’enlèvement rocambolesque du petit Eric, le père de Romain, libéré contre une rançon et, pour finir, la grande déprime des années 80, pas loin de se terminer par une nationalisation. Autant de crises qui n’ont pas entamé leur farouche détermination à défendre l’ancrage français des activités, et une vraie vision à long terme. «Ce sont des industriels durs à la tâche, qui ont su traverser deux guerres et plusieurs époques», admire Laurent Burelle, le patron de Plastic Omnium. «Malgré les dissensions, c’est une famille encore très liée, estime Yann Delabrière, le PDG de Faurecia. Ils gèrent encore leur patrimoine ensemble, ce n’est pas très courant.» Tous ont répété la même chose: «Quand on naît Peugeot, on a plus de devoirs que de droits.» À la voir unie devant l’objectif, rassemblée par son nouveau projet, la famille n’entend pas se laisser dompter de sitôt. «Rigolez les jeunes, dans cinquante ans ce sera vous à notre place!» taquine Jean-Philippe. Plus d’infos sur www.lesechos.fr/we Installé depuis 1964 avenue de la Grande- Armée, le siège de PSA ira à Rueil-Malmaison. D’AUTRES CRÉATIONS DE LA MARQUE Machines à coudre Robots ménagers Motocyclettes Vélos Moulins de table DRAUTOMOBILESPEUGEOTNATHANALLIARD/PHOTONONSTOP LA STRUCTURE FAMILIALE LE POIDS DE PSA DANS LE PATRIMOINE, FIN 2015 LA STRUCTURE DU CAPITAL DE PSA, MAI 2016 SOURCES : ENTREPRISE 41% 59% DIVERSIFICATION (Seb, Ipsos, Zodiac...)PSA EPF FFP PSA 3,3% 10,4% 79,2% ÉTABLISSEMENT PEUGEOT FRÈRES HOLDING FAMILIAL AUTRES DONGFENG MOTOR 13,7% FAMILLE PEUGEOT 13,7% ÉTAT 13,7%

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