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  1. Les Echos Mercredi 23 décembre 2020 Lasecondemain, nouvellefrontièredelamode un besoin social, une nécessité. Reflétant une nouvelle approche de la possession, elle est intégrée aujourd’hui dans le sys- tème de la mode. » Pour Bénédicte Fabien, du bureau de tendances Leher- peur Paris, « l’avantage de la seconde main est qu’elle ne crée pas de nouvelle matière,ellefaittournerl’existant.»Sou- vent les addicts de la première main le sont aussi de la seconde. Résultat selon Emmanuelle de Mazières, consultante chez Peclers Paris : « Cette économie cir- culaire pousse à surconsommer et, pour uneparténorme,ils’agitdefastfashion.» Pourelle,Vintedetsonpaniermoyende 15 euros ne sont pas la solution à un « mode de production néfaste ». Autant dire que la seconde main, si elle limite les dégâts, ne règle pas les problèmes de fond du textile. Il y a d’abord sa surproduction. Côté gas- pillage, Retviews, filiale « fashiontech » deLectra,avanceunchiffreastronomi- que : entre les articles jetés ou non ven- dus, 500 milliards de dollars seraient perduschaqueannée.Aellesseules,les chutes de textile qui finissent sur le sol des salles de coupe représenteraient 15 % de la production textile totale, soit 60 milliards de mètres carrés. Recyclage de filets de pêche et intelligence artificielle Cofondateur de Retviews, Loïc Winc- kelmans voit dans l’intelligence artifi- cielle«unvecteuressentieldelatransfor- mation de la mode ». Lui-même peut ainsi analyser quelque 30.000 produits àlafois(tailles,couleurs,styles,ventes), dequoipermettreàsesclientsdemieux cibler leurs collections, de repérer les pièces qui se vendront le mieux. Des jeunes marques comme Réuni ou For- life évitent les écueils du trop-plein en jouant sur une grande qualité, en consultant leur communauté et en jouant sur les précommandes. Toutcecinesuffitpasàrendrelelinge propre.L’industrietextilecompteparmi les plus polluantes. N’oublions pas, par exemple, que 35 % des microplastiques des océans proviennent des lavages en machine des textiles synthétiques. Toute la mode en est consciente et agit bienau-delàdu«greenwashing». Les métiers à tisser deviennent des métiersàrecycler.Balenciagarééditesa robefiletavecdeschaînesdepaniersde basket récupérées. Gucci utilise l’Eco- nyl,unNylonrecycléàpartirdefiletsde pêche. Virgil Abloh, le directeur artisti- quedeLouisVuitton,veut«effacer»des esprits«l’idéed’obsolescence,quimèneà lasurproductionetaugaspillage».Dans sa dernière collection, il reprend 25 sil- houettes des collections précédentes. Puisant dans les stocks, il transforme dessneakersmontantesenbasketsbas- ses. Mais tout cela n’empêche pas la marche verte de rester haute. n côtés du neuf et de la location, sans oublierl’éléphantdanslevestiaire:«Un articledemodesurdeuxestvenduensol- des ou en promotion, c’est énorme », insiste Thomas Delattre, professeur à l’Institut français de la mode. Après l’e-commerce, le « re-commerce » Le marché de l’occasion a toujours existé. Au-delà des fripiers ou des humanitaires comme Emmaüs, souve- nez-vous des chiffonniers, qui les récu- péraientpourfairedupapier.PourTho- masDelattre,cequiestnouveaudansle marchédel’occasion,c’estsastructura- tion « en termes de distribution comme de sourcing ». La chaîne du textile est profondément transformée. Dans les alléesdeshypermarchés,ontrouvedéjà des rayons de vêtements déjà portés. Chez Auchan, par exemple, on peut acheter du H&M d’occasion, du Celio, ou n’importe quelle autre marque. De nouveaux acteurs apparaissent. Aujourd’hui, la fripe aussi a ses plate- formes,sesAirbnb,sesAmazon.Après l’e-commerce, le « re-commerce ». Le géant américain thredUp est né voici dix ans, le jour où son fondateur s’estrenducomptequesonplacardétait plein de vêtements qu’il ne mettrait jamais. Sur son site s’échangent 100.000 produits par jour. Venu de Lituanie, Vinted affiche, lui, 10 millions d’utilisateurs en France et vend deux articles à la seconde. Et le français Ves- tiaire Collective est désormais numéro un mondial de l’occase pour le haut de gamme et le luxe. La seconde main est devenue « cool », surtout pour les jeu- nes, mais elle séduit tous les âges. Elle permet d’améliorer son look à moin- dresfrais,desedistinguerensortantdu bas de gamme. Et le Web a ses « stars ». Selon le « Journal du Textile », une annonce pour une pièce Sézane postée sur Videdressing ne reste jamais plus d’une minute en ligne. Problème de surproduction Expert du secteur, maître de conféren- ces à Sciences Po, Serge Carreira résume : « La seconde main répondait à La seconde main occupera une place grandissante dans leurs dressings aux côtés du neuf et de la location. Comme vendeurs ou comme acheteurs, 46 % des Français sont concernés. Le boom de l’occasion donne une seconde vie au textile mais ne suffit pas à le rendre propre. Alors, la mode remet son métier sur l’ouvrage. Les machines à coudre flambant neuvessontalignéeslelongdela boutique, les portants regorgent de vêtements. Une chemise Ralph Lau- ren à 8 euros. Une veste d’homme en tweedà10euros.Unekyrielledebarbo- teuses. La toute jeune association La Refile de Meudon, animée notamment parlastylisteAnnabelBenilan,n’estpas une friperie classique. A son échelle, elle participe au vaste mouvement cir- culairequisaisittoutel’industrietextile. L’association recycle tous les vête- mentsquiluisontapportés.20%d’entre eux sont revendus, le reste est donné à diverses associations, en soutien aux SDF,auxhôpitauxou,enfin,pourcequi ne peut plus servir, cédé à une entre- prise qui le transforme en isolant. La Refile, soutenue par la mairie et la région, fait également œuvre pédagogi- que en proposant des cours de couture. A leur entrée comme à leur sortie de la friperie de la rue de Paris, les textiles sontpesésdefaçonàpouvoirévaluerla participation de l’association à l’effort national de recyclage. Deux tonnes de matières ont déjà transité par ses soins depuis son ouverture en septembre. Le boom de la seconde main Rien ne doit plus se perdre dans une industrieaccuséed’émettre10%desgaz à effet de serre. 350 milliards de barils de pétrole sont engloutis chaque année dans la fabrication des tissus synthéti- ques. La couture, ce n’est plus seule- ment repriser, c’est recycler. Uniqlo a récupéré en France 620.000 doudou- nes usagées auprès de ses clients, en a repris les plumes et les a remises en ventesouslelabelRe.Uniqlo.Depuisles années 1980, « fast fashion » oblige, on s’était mis à jeter, à gaspiller. 40 % d’un vestiairen’estjamaisporté.Mais,soucis d’économies et d’écologie mêlés, voilà qu’on refait circuler les habits. La seconde main affiche des progressions annuelles20foissupérieuresàcellesdu neuf,15%à20%enmoyenne,50%pour laseuleannée2019.Lesiteaméricainde friperie en ligne thredUp s’attend à ce quelemarchémondialdépasseceluide la fast fashion dès 2027 et, pour Global- Data, qui l’estime à 24 milliards, il devrait doubler d’ici à 2023. Comme vendeurs ou comme ache- teurs,46%desFrançaissontconcernés. La seconde main occupera une place grandissante dans leurs dressings aux LA CHRONIQUE de Sabine Delanglade
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