Enjeux numériques en bibliothèques et politiques publiques
1. Ressources numériques :
enjeux et dispositifs de leur médiation
1 Numérique et politiques publiques
Bibliothèque départementale de la
Sarthe - Le Mans, 16-18.IX.2015
CChttp://www.flickr.com/photos/apothecary/
2. 2
1.Numérique et politiques
publiques
2.Définir les cibles et les objectifs :
marketing public
3.La médiation numérique et ses
dispositifs
4.Identité(s) sur le Web
5.Stratégie éditoriale
6.Management et participation
Enjeux et dispositifs de la
médiation numérique
Programme :
Renaud Aioutz
@ruralsmart
Diaporama mis à disposition selon les termes de la
Licence CC BY 4.0
Réalisé en partie grâce aux diaporamas constitués pour
Biblioquest (CNFPT - INSET)
3. 3
Pour Benoît Thieulin, le numérique « dévore » les
pratiques informationnelles et les contenus culturels.
L'accès à l'information et à la culture sont profondément
modifiés par les outils et réseaux numériques.
Gilles Rettel, ancien discothécaire et formateur, en rappelle
trois caractéristiques : volatilité, ubiquité, non-rivalité…
De quoi le numérique est-il le nom ?
4. 4
Perte d'adhérence ?
La volatilité correspond à la disparition
de l’adhérence des contenus au support.
C'est la numérisation qui a rendu
possible la volatilité (pour la musique,
elle existe depuis 1982 avec le CD-Audio).
Gilles Rettel
LicenceCCBY-NC-NDhttp://www.flickr.com/photos/sedagenvakna/5127877151
5. 5
Ubiquité ?
C’est le réseau (numérique) qui rend possible l’ubiquité.
Ces nouveaux services ne sont pas uniquement disponibles
sur Internet et sur ordinateur mais également sur les
smartphones, liseuses, tablettes... on parle de mobinautes.
Gilles Rettel
LicenceCCBYhttp://www.flickr.com/photos/glenbledsoe/5540953795
6. 6
Une affaire de technologie
Le P2P tel qu’il est connu aujourd’hui n’est pas possible
sans le réseau Internet, sans formats de compression des
fichiers, sans logiciels de lecture et d'échange, sans
supports de stockage... Gilles Rettel
LicenceCCBYhttp://www.flickr.com/photos/rocketraccoon/227241974
8. 8
Mais, comme le souligne Milad Doueihi, le
numérique est également une culture à part
entière, c'est-à-dire un ensemble de savoirs et de
savoir-faire nouveaux, avec de nouvelles façons de
penser, de créer ou de partager, de nouvelles
communautés et de nouvelles règles.
Il n'est donc pas exagéré de considérer que
médiation numérique = médiation culturelle
Le numérique est aussi l'affaire des médiateurs
culturels que nous sommes…
De quoi le numérique est-il le nom ?
10. 10
Un contexte national...
De nombreux rapports récents (Assemblée des
Départements de France, Conseil national du
numérique, Rapport Camani / Verdier, Rapport
Akim Oural…) insistent sur la nécessité de mettre
en place, parallèlement au développement des
infrastructures permettant l'accès au très haut
débit, une véritable politique de médiation
numérique, avec plusieurs finalités, intimement
liées mais utiles à distinguer :
Médiation du / au / par le numérique
11. 11
Des concepts interdépendants…
● lutter contre la « fracture » ou les « fossés » numériques, afin
d'assurer une égalité de traitement des citoyens, aussi bien pour
l'accès au numérique que pour le développement des usages
(concept d'e-inclusion) ;
● promouvoir l'insertion, avec pour objectif l'autonomie (relative)
des publics en difficulté sociale, en leur permettant d'acquérir les
savoirs et savoir-faire numériques de base (concept
d'illectronisme) ;
RichardWalker:CCBY-NC2.0https://www.flickr.com/photos/121070943@N04/
12. 12
Des concepts interdépendants…
● moderniser et rendre plus efficient le secteur public, en développant les services
numériques interactifs aux citoyens (concept d'e-administration) ;
● et en ouvrant ses données publiques pour favoriser leur dissémination dans l'écosystème
informationnel des internautes mais aussi encourager l'innovation et la création de valeur
(concepts d'open data et de linked data) ;
13. 13
Des concepts interdépendants…
● accompagner le développement des usages numériques individuels, avec
l’identification d'espaces publics favorisant le lien social et les pratiques
collectives (concepts de tiers-lieux, de fablab et de makerspace, de
télétravail et de co-working…) ;
● renouveler le management de l'action publique, pour mieux concevoir les
services à la population, en y associant l'utilisateur final (concept de
démarches participatives et de design des politiques publiques).
CréativitéetdesignthinkingByGiorgioPauletto.CC-BY-NC-ND3.0http://www.ot-lab.ch/?p=5605
14. 14
De fait, l’e-exclusion a des effets qui rejaillissent sur plusieurs
politiques publiques, notamment :
• les politiques d’aménagement du territoire (accès à l’information
et aux ressources, existence ou non de lieux adaptés,
attractivité et compétitivité…) ;
• les politiques sociales (accès aux droits, insertion socio-
professionnelle, égalité devant la réussite scolaire…) ;
• mais aussi et enfin, les politiques culturelles (démocratisation
de la culture, transmission de la connaissance, exercice du
jugement et de la citoyenneté) et notamment celles des
bibliothèques : ressources électroniques, services à distance,
médiation numérique des collections…
L'e-exclusion a des impacts
sur l'action publique :
27. 27
Ou bien le modèle « bibliothèque » est-il
concurrencé par l'abondance du Web ?
CChttp://www.flickr.com/photos/freed33/
28. 28
Image:PabloGenoves
« La collection de la bibliothèque n’est plus le trésor
unique et indispensable à toute étude et recherche :
elle est devenue une ressource parmi d’autres et le
fonds imprimé comme une toile de fond plus ou moins
lointaine et obscurcie sur le devant de laquelle
l’information en ligne occupe le premier plan. »
François Cavalier
30. 30
Désormais, le web peut globalement être considéré comme
une bibliothèque globale, répondant aux fonctions de base
que sont la recherche, l’identification et la fourniture, et
qu’il revient aux bibliothèques institutionnelles de trouver leur
place relative dans ce nouveau paysage, sans avoir à se
soucier d’une « concurrence d’internet », quand celui-ci n’est
que le cadre dans lequel il convient pour partie de se
repositionner.
Mais si les ressources sont plus ou moins accessibles suivant
la logique d’usage (accès illimité, réutilisation, portabilité,
gratuité ou faible coût de préférence forfaitaire plutôt qu’à
l’unité), que deviendrait la spécificité de la bibliothèque ?
En quoi représenterait-elle une aubaine, qui permettrait au
service public de s’appuyer sur un avantage concurrentiel
pour exister dans le paysage ?
Dominique Lahary, in bbf 2012 - t. 57, n° 4 :
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2012-04-0006-001
31. 31
La bibliothèque, combinaison de ressources,
d'installations et de services…
Ressources
Installations Services
Territoire
Population
à desservir
Usager
43. 43
Il faut changer de posture…
CChttp://www.flickr.com/photos/beardymonsta/
44. 44
Où réside notre coeur de métier ?
Positionnement des bibliothécaires :
Se situer par rapport à des collections ou par
rapport à des besoins et pratiques ?
Où se situe l’offre de la bibliothèque :
Dans les collections de la bibliothèque ou dans sa
capacité d’accompagnement différencié ?
Source : Joëlle Muller, Impact des ressources numériques sur la politique documentaire http://fr.slideshare.net/CHARRIER/ressources-numriques-et-pol-doc
45. 45
Le coeur de métier réinterprété
« Le statut de la bibliothèque dépendra désormais
beaucoup plus de la qualité de ses services et de sa
capacité d'assistance que du volume et de la qualité
de ses collections physiques. »
J. Mackenzie Owen, Université d'Amsterdam.
Plasticité des collections, plasticité des usages et des
services, plasticité des espaces […]
Le cœur de métier n'est pas fondamentalement
révolutionné : sélection, conservation, service et
assistance demeurent les piliers de l'activité
bibliothécaire ; mais ceux-ci sont réinterprétés par le
numérique […].
Source : Les collections électroniques, une nouvelle politique documentaire sous la direction de Pierre Carbone et François Cavalier, éd. Cercle de la Librairie, 2009.
46. 46
« Ce tropisme de la collection chez les
bibliothécaires fait oublier que l’existence d’une
collection imprimée n’est que la conséquence
de la rareté de l’espace disponible dans les
bâtiments que sont les bibliothèques. Sur le web,
ces restrictions n’existent pas, ce qui déplace
l’enjeu de la collection vers la médiation. »
Silvère Mercier
47. 47
Traits majeurs de l’évolution des bibliothèques de lecture publique et axes
de progrès pour les années à venir :
●
L’appropriation du rôle stratégique des équipements dans le
développement des territoires est de plus en plus souhaitable :
l’articulation des niveaux communautaire et municipal, ou métropolitain
et départemental, peut en effet remettre en cause les regroupements
constitués depuis plusieurs années,
●
Un saut qualitatif est indispensable pour les établissements présentant
des points faibles, en termes de locaux par exemple, ou bien une simple
« stabilité positive », l’augmentation des prêts croisant la baisse
sensible du nombre des inscrits ; l’automatisation des prêts, l’emploi
étudiant ou « pluriel », à temps partiel, offrent de possibles recours
pour l’extension des horaires d’ouverture,
Les analyses de l'Inspection
générale des bibliothèques
48. 48
● La redéfinition des orientations de politique documentaire
et le développement des ressources électroniques sont
des thématiques émergentes, venant en contrepartie de
l’offre inégale de documents musicaux et audiovisuels ou de
ressources pour l’autoformation et la formation tout au long de
la vie,
● Le développement d’une culture de réseau, les évolutions
liées aux bibliothèques numériques, les plans d’urgence et
de sauvegarde du patrimoine, les projets de réserves ou silos
de conservation, a fortiori, sont insuffisamment partagés,
Les analyses de l'Inspection
générale des bibliothèques
49. 49
● Les enjeux éducatifs et l’innovation sociale, non
dissociables de l’action culturelle, l’accompagnement des
publics et la reconquête des publics perdus ou absents
sont mieux pris en compte,
● L’évolution des profils d’emploi, le développement de la
culture numérique et du pilotage de l’informatique ; la place
de l’accueil, de la médiation des publics et de l’action
pédagogique dans la formation des personnels trouvent
heureusement de mieux en mieux leur place dans les projets
d’établissements.
Les analyses de l'Inspection
générale des bibliothèques
50. 50
La bibliothèque : une « boîte à outils » au service
des politiques publiques sur un territoire
CChttp://www.flickr.com/photos/aisabol/
51. 51
Ne pas confondre :
Politic
« phénomène de luttes pour le pouvoir, de concurrence entre les
partis, des groupes d’influence, des catégories sociales, des
personnes pour l’exercice de l’influence et pour l’occupation des
fonctions d’autorité dans une collectivité, dans un pays, sur un
marché électoral »
Policy
« cadre d’orientation pour l’action, un programme ou une
perspective d’activité »
Y. Mény et J.C. Thoenig, Politiques publiques, 1989
52. 52
Une définition des politiques publiques
● produit de l’activité d’une autorité investie de puissance
publique et de légitimité gouvernementale […] ;
● ensemble de mesures concrètes de caractère plus ou
moins autoritaire, voire coercitif, inscrites dans un cadre
d’action affiné d’année en année ;
● destinées à satisfaire un public, c’est-à-dire des individus,
groupes ou organisations dont la situation est affectée par
la politique publique, et mises en œuvre au nom d’objectifs,
de normes et de valeurs ;
Y. Mény et J.C. Thoenig, Politiques publiques, 1989
55. 55
Mais la bibliothèque est au carrefour
de nombreuses politiques sectorielles :
Lecture
publiqueÉducation
Culture
Social
Emploi &
formation
Seniors
Numérique
Petite
enfance
56. 56
Plusieurs enjeux ou problèmes de politiques
publiques impactent la « lecture publique » :
● Massification des études (¾ d'une classe d'âge post-baccalauréat, contre ¼ il
y a 30 ans) mais fort abandon en 1er
cycle universitaire etc. ;
● Des carrières professionnelles décousues, un besoin de formation (formelle et
informelle) tout au long de la vie ;
● Développement d'une société du « temps libre » et des loisirs ;
● Des fractures sociales et culturelles croissantes vs des pratiques culturelles
cumulatives pour les CSP favorisées ;
● En parallèle, le développement d'une « culture des individus »… ;
● La culture est aussi un facteur d'attractivité territoriale et un vecteur de
communication pour les collectivités ;
● En période de crise, le service public a prouvé son rôle d'amortisseur social
pour l'accès à certains services ou ressources ;
● Une société hyper-connectée mais victime d'infobésité, des usages du
numérique insuffisamment maîtrisés ou partagés…
● Une société fragmentée où défiance et rejet de l'autre semblent s'installer
durablement, un « vivre ensemble » fragilisé…
57. 57
Se doter d'une stratégie :
« l’art d’atteindre les objectifs fixés par la politique en
utilisant au mieux les moyens dont on dispose. »
(A. Beaufre cité par Th. Giappiconi)
CChttp://www.flickr.com/photos/apothecary/
58. 58
Mettre en place une offre de ressources numériques?
Un projet qui répond à un (des) objectif(s),
qui suppose(nt) donc une stratégie de service…
59. 59
Merci de votre attention !
Des questions ?
Me contacter ou retrouver les supports :
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twitter : @ruralsmart
Licence CC BY 4.0
Notes de l'éditeur
[…] la bibliothèque campe fondamentalement sur un principe de rareté : rareté du stock, rareté des exemplaires, rareté des lieux et rareté des horaires. La bibliothèque est un univers de non-disponibilité, radicalement inverse de celui qui naît avec la logique du numérique.
C’est pourquoi, bien que relevant d’un service public non marchand, elle est un avatar de l’économie de la rareté. La bibliothèque de l’abondance reste donc encore à inventer…
D. Lahary in http://www.adbdp.asso.fr/spip.php?article991
Non seulement ce n’est qu’une ressource parmi d’autres, mais elle est seconde
Si l’on conserve ces 3 axes dans le numérique, les équilibres changent :
Politique d’acquisition : les avatars du choix (bouquets, modèle PDA..)
Politique de conservation : moins cruciale car on n’est plus fortement conditionné par les
contraintes d’espace avec le num. La question se déplace : Quelle pérennité
pour les collections lorsque la BU se désabonne ? Questions de continuité à l’accès ?
Accès, visibilité, médiation : devient la question fondamentale, la principale modalité
d’expression de la poldoc avec le numérique, tel qu’il sera abordé en dernière partie
Le centre de gravité se déplace professionnellement des acquisitions vers l’accès
Le centre de gravité se déplace professionnellement des acquisitions vers l’accès
« Ce tropisme de la collection chez les bibliothécaires fait oublier que l’existence d’une collection imprimée n’est que la conséquence de la rareté de l’espace disponible dans les bâtiments que sont les bibliothèques. Sur le web, ces restrictions n’existent pas, ce qui déplace l’enjeu de la collection vers la médiation. » Silvère Mercier
La comparaison peut être interne – écart entre un résultat et les résultats précédents. Si elle est externe, elle fera appel à la méthode de l’étalonnage (benchmarking)(*), qui consiste à identifier les meilleures performances obtenues dans un même domaine et dans des conditions comparables, pour en faire une valeur de référence. La comparaison peut être interne (par exemple d’une bibliothèque à l’autre au sein du même réseau) ou externe (par exemple à partir de la performance exemplaire d’une bibliothèque).
L’efficacité se mesure à partir d’objectifs. Les indicateurs d’efficacité sont des impacts calculés en termes de proportion : le nombre des usagers actifs est un résultat qui n’a de sens que par rapport au pourcentage à la population à desservir, c’est-à-dire le « pourcentage de fréquentation de la population cible »(*). Plus largement, la question est de savoir si ce pourcentage témoigne bien d’un développement de la lecture, de la réussite scolaire, de l’élévation du niveau de connaissance de la population, etc. ; ce que le taux de pénétration de la population ne peut déterminer à lui seul, et ce qui exigera d’autres combinaisons de données et des enquêtes.
La cohérence ou pertinence se mesure à partir de l’estimation du montant des moyens humains, matériels et financiers, des objectifs assignés. L’attribution de moyens étant l’expression concrète de la décision, la dimension financière doit être partie intégrante de toute proposition. De même qu’un directeur des services techniques ne présentera pas un projet de voirie ou d’urbanisme sans en indiquer le coût, les projets documentaires ou de services présentés par un directeur de bibliothèque doivent être, de même, présentés en termes de coûts et non l’inverse : on ne demande pas des crédits pour acheter des documents, on présente un projet documentaire chiffré.
L’efficience est appréciée en comparaison des meilleures performances de production obtenues dans un même domaine et avec des résultats comparables. Une bibliothèque, dont le temps consacré à la constitution du catalogue est de 1 % à 2 % du temps de travail du personnel, les bibliothèques où il occupe 15 %, voire 30 % pour un résultat qualitatif équivalent ou inférieur, devront se fixer pour objectif de se rapprocher de la performance optimale considérée, voire de l’améliorer.
Ces différentes dimensions peuvent être résumées de la façon suivante :
Logique de questionnement et typologie des objectifs d’évaluation
Pourquoi ?Par rapport à quoi ?Type d’évaluation
Enjeu ou problème de sociétéObjectifs de politiques publiquesEfficacité : impacts et effets
Besoins de l’actionCoûts
Satisfaction des besoins et attentesPertinence
Qualité
Optimiser les moyensMeilleures performancesEfficience
La nécessité d’une stratégie territoriale
Qu’est-ce qu’une stratégie ?
Pas de consensus sur une définition unique et précise de la stratégie mais un éventail de définitions
Les éléments essentiels de la définition de la stratégie :
La stratégie est un choix d'orientation de longue durée pour
l'ensemble de l'organisation.
La stratégie fixe le système d'objectifs de l'organisation pour une durée plus ou moins longue.
La stratégie délimite les moyens alloués pour atteindre les objectifs définis.
La nécessité d’une stratégie territoriale
Qu’est-ce qu’une stratégie ?
Pas de consensus sur une définition unique et précise de la stratégie mais un éventail de définitions
Les éléments essentiels de la définition de la stratégie :
La stratégie est un choix d'orientation de longue durée pour
l'ensemble de l'organisation.
La stratégie fixe le système d'objectifs de l'organisation pour une durée plus ou moins longue.
La stratégie délimite les moyens alloués pour atteindre les objectifs définis.