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Marc-Emmanuel Privat
La France à la recherche d'un dessein dans le Pacifique.
Le 70e
anniversaire de la Communauté du Pacifique, célébré en 2017, est l'occasion de dresser un
panorama de la France dans la région.
Là où domine la rondeur des relations, la fameuse « Pacific way of life », les autorités françaises
sont longtemps apparues en décalage, raides dans leurs positions. Pourtant la France pourrait s'y
imposer comme une puissance de référence.
Un retour sur l'histoire bicentenaire de la présence des Français dans le Pacifique permet de
comprendre cette défiance des voisins. Il ressort également de cette histoire un positionnement
géographique, institutionnel et militaire original. Aujourd'hui les relations de voisinage sont
apaisées mais le projet de la France dans le Pacifique reste à écrire.
1 Le poids de l'histoire
Les Français arrivent dans le « Grand Océan » à la fin du XVIIIe
siècle, plus tard que les autres
Européens, les Espagnols étant les premiers. Poussées par des explorateurs et des missionnaires
précurseurs, les autorités finissent par y engager une politique de colonisation au milieu du XIXe
siècle. Enfin, au second XXe
siècle, les exigences de l'indépendance nationale conduisent le pouvoir
à investir brusquement la Polynésie.
1 Arrivée tardive, logique de suiveur
En 1766, Bougainville est chargé de laver dans les eaux du Pacifique les humiliations subies en
terre américaine. Le bilan tant scientifique que politique de sa mission est un relatif échec. Son
Voyage autour du monde connaît pourtant un large succès mais il est une allégorie d'une
incompréhension durable entre la France et le Pacifique, fondée sur la vision déformée et
persistante de passeurs peu soucieux de recensions réalistes ou ne retenant de leur séjour que des
touches de couleur qui, tel l'arbre masquant la forêt, cachent le reste de la palette.
Le Pacifique au tournant des XVIIIe
et XIXe
siècles est une terre de mission protestante, le
Royaume-Uni ayant pris quelques longueurs d'avance. A la même période, les tourments des
relations entre le pouvoir et l’Église font prendre à la France du retard : il faut attendre 1830 pour
que les autorités prennent conscience de l'intérêt des missions catholiques pour son rayonnement.
Parallèlement une césure nord-sud franche se dessine dans le Pacifique : au nord, des îles comme
autant de refuges sur les routes commerciales entre l'Amérique et l'Asie tirent profit de leur position
et développent des activités de comptoir et de réparation navale; les îles Sandwich en sont la preuve
éclatante ; au sud, en revanche, les îles de Polynésie et Mélanésie, trop éloignées pour en tirer
avantage, deviennent l'arène des luttes entre colonisateurs de la vieille Europe.
2 Le champ clos des confrontations coloniales
La Grande-Bretagne arrive en Australie en 1788, avant la France. Pourtant, au-delà ce décalage
temporel, les deux États agissent de façon similaire : durant tout le premier XIXe
siècle, c'est une
succession de réactions de l'un aux intentions de l'autre.
Les prises de la France sont moins nombreuses mais sa « politique de la canonnière » la fait paraître
plus impérialiste. En 1842, elle établit un protectorat sur Tahiti et s'empare de la Nouvelle-
Calédonie en 1853. Sa priorité reste pourtant l'Afrique et l'Indochine, contrairement à la Grande-
Bretagne, dont les dirigeants et les élites considèrent qu'elle est une puissance à vocation mondiale.
Au début du XXe
siècle, pourtant, de façon pragmatique, ces derniers font évoluer leur
positionnement : la Grande-Bretagne entame son retrait au profit de l'Australie et de la Nouvelle-
Zélande.
Les deux guerres mondiales introduisent de forts changements dans les relations entre les territoires
du Pacifique et leur métropole européenne ; ils sont dus à la fois à la forte implication des
Océaniens, accourus en masse au secours de la mère-patrie, et à la perte de prestige des États
européens ; de fortes attentes et une vision souvent idyllique, portée par un corps enseignant ou des
missionnaires soucieux de vanter les mérites de leur patrie, sont douchées par des années de
sacrifice et d'éloignement.
La France doit en conséquence revoir ses relations avec les populations locales. C'est l'objectif de la
loi-cadre « Defferre » de 1956, qui prévoit l'évolution vers une plus grande autonomie.
3 Vers la bombe
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France se lance dans l'aventure atomique. Presque
parallèlement, entre 1950 et 1960, la volonté de restaurer son statut, notamment vis-à-vis du
concurrent anglo-saxon, et la position idéale de Tahiti sur les routes aériennes dans le Pacifique sud
poussent la France à y installer un aéroport international. Ainsi, lorsque le sud algérien vient à faire
défaut comme terrain expérimentation, le choix se porte logiquement sur la Polynésie qui remplit
les conditions d'éloignement, de faible population et de liaisons nécessaires à la conduite d'essais
nucléaires.
A partir des années 1960, l'Océanie se trouve ainsi brutalement plongée dans la modernité, tandis
que l'évolution entamée par la loi-cadre « Defferre » est brusquement interrompue par l'intérêt
supérieur de la nation.
Un arrêt sur image à cette époque permet de dresser à grands traits la stature suivante de la France
dans la région.
2 Un positionnement atypique.
Dans un océan de représentations, la France symbolise l'État colonial démodé, doté d'un appareil
militaire fortement marqué par le passé.
1 Géographie des marges et Pacifique des perceptions
A rebours de la perspective européenne classique, un planisphère centré sur le Pacifique permet d'un
coup d’œil d'identifier la position que les territoires français occupent dans le Grand Océan ;
hormis Clipperton, ils sont regroupés au sud de l’Équateur, sur les marges, et écrasés par la masse
australienne.
Le jeu des perceptions domine largement les relations entre la France et ses voisins durant la vie
active du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) : celle-là couvre ses essais du voile du
secret, justifié par les inéluctables enjeux de la défense nationale, pendant que les gouvernements
australien et néo-zélandais avivent les peurs et le rejet des associations, media et États insulaires.
2 Une position politique jugée anachronique
Dans un espace dominé par le pragmatisme anglo-saxon et la tutelle des grands États riverains, la
France fait figure de métropole coloniale rétrograde, gardant jalousement le contrôle de son
« extrême-occident ». Au début de la Ve
République, le brutal coup d'arrêt porté au mouvement
institutionnel vers plus d'autonomie, décidé pour garantir la sécurité des essais, contribue à son
isolement.
Les postures d'entrave systématique aux réformes de la coopération régionale et aux aspirations à
l'indépendance des Nouvelles-Hébrides, le coulage du Rainbow Warrior dans le port d'Auckland et
les soubresauts calédoniens des années 1980 poussent l'inimitié des deux grands voisins australien
et néo-zélandais à son apogée, lesquels ne manquent pas d'attiser les mouvements centrifuges au
cœur des collectivités françaises.
3 Une organisation militaire marquée par le passé
La France dispose dans le Pacifique d'une zone économique exclusive vaste de 6,8 millions de km².
Ses forces de souveraineté sont réparties entre les deux commandements supérieurs de Nouvelle-
Calédonie et de Polynésie française, qui se partagent la responsabilité géographique et fonctionnelle
du « théâtre Pacifique » : au général (aviateur ou terrien) commandant les forces armées en
Nouvelle-Calédonie (FANC) la responsabilité aéro-terrestre pendant que l'amiral commandant les
forces armées en Polynésie française (FAPF) assure le volet maritime.
Mais le partage ne s'arrête pas là. Le « COMSUP FANC » assure la responsabilité de la zone
maritime de la Nouvelle Calédonie, des îles mélanésiennes, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande
pendant que son alter ego celle de la Polynésie française. Ce dernier est en outre Amiral
commandant la zone de responsabilité permanente (ZRP) Asie-Pacifique, « ALPACI » : elle s'étend
d'est en ouest des côtes occidentales des Amériques jusqu’à une ligne nord-sud allant de la
péninsule indochinoise jusqu'au Pôle, en longeant les côtes occidentales de l'Australie. À l'ouest de
cette ligne s'étend la ZRP d' « ALINDIEN ».
Cette répartition, même si elle apparaît théoriquement claire sur le planisphère, nécessite des
mesures de coordination importantes entre états-majors. Elle semble efficace mais guère efficiente
et n'apparaît de fait pas toujours très lisible pour les partenaires de la France dans la région. Cette
architecture complexe résulte de l'histoire : d'une part de la colonisation et d'une organisation
construite initialement pour protéger et veiller au maintien de l'ordre intérieur et d'autre part de
l'installation du CEP, qui a nécessité l'implantation à Tahiti de moyens militaires très importants,
permettant d'assurer la protection et la logistique des essais. Cette organisation apparaît donc
aujourd’hui en décalage avec les missions prioritaires de surveillance d'espaces maritimes
gigantesques et d'affirmation de présence dans les zones troublées du Pacifique nord, où la liberté
de navigation est remise en cause.
3 La France à la recherche d'un dessein.
Trois problématiques se dégagent : le Pacifique sud, l'évolution des collectivités et la relation au
Grand Océan.
1 Des relations régionales apaisées
Deux actions éteignent la défiance, née après la colonisation de l'Australie et omniprésente pendant
deux siècles. D'abord les négociations pragmatiques, conduites à la fin de la crise néo-calédonienne,
réduisent les préventions anglo-saxonnes. Ensuite la reprise des essais nucléaires en 1995 fait
craindre un regain d'opposition ; mais le respect du calendrier annoncé pour les arrêts définitifs et
les campagnes de surveillance tant géomécanique que radiologique apaisent les États et coupent
court aux campagnes des media et associations.
Il en résulte non pas une admission franche dans le club des États du Pacifique sud mais
l'acceptation d'un partenaire, autour d'enjeux de sécurité et de coopération.
2 Une évolution institutionnelle tangible
Les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) conduisent la Nouvelle-Calédonie, via une
révision constitutionnelle, à obtenir un statut spécifique. Le referendum de 2018 permettra aux
populations de se prononcer sur la pleine souveraineté. Cet épisode électoral peut faire craindre un
regain de tensions entre communautés, même si le temps, les échanges et la réflexion ont modifié
les lignes de fracture et fait prendre conscience des véritables enjeux.
La loi organique de 2004 offre à la Polynésie française une compétence de droit commun, l’État ne
conservant qu'une compétence régalienne. Malgré une instabilité électorale de dix ans, qui a
fortement entravé la gestion des affaires publiques, l'évolution depuis 1984 est le signe d'une
maturité croissante.
Ces avancées institutionnelles fortes, alliées à des gestes symboliques tels que la présence pour la
première fois en septembre 2017 des exécutifs des gouvernements de Nouvelle-Calédonie et de
Polynésie française en tant que membres à part entière au 29e « Dialogue post-forum », dans le
cadre du 48e sommet du Forum des Iles du Pacifique, montrent à la fois l'évolution institutionnelle
des collectivités françaises vers une plus grande autonomie et le recours à plus de subsidiarité dans
l'espace régional Pacifique.
3 La France : une puissance Pacifique en devenir?
La France accède ainsi à une nouvelle légitimité dans le Pacifique sud. Le récent partenariat
stratégique avec l'Australie vient le confirmer. En revanche, pour conserver son rang et protéger sa
ZEE efficacement, ses moyens aéro-maritimes doivent être renforcés.
L'affirmation de la souveraineté sur l'atoll de Clipperton est un cas symbolique. En effet, son
éloignement (5500 km de Tahiti) ne permet pas à la Marine (au départ de Tahiti ou de la Nouvelle-
Calédonie) de s'y rendre plus d'une fois par an, malgré les convoitises qu'il suscite, notamment
mexicaines.
Le recensement des moyens militaires disponibles1
, dont la majorité est entrée en service il y a plus
de 25 ans, permet d'emblée de mesurer la gageure : si la surveillance efficace de la ZEE est loin
d'être aisée, l'action dans le « Grand Océan » sans renfort extérieur relève de la déclaration
d'intention.
Il est certes prévu le renouvellement et la montée en puissance des moyens maritimes avec le
déploiement dans la décennie 2020-2030 du Programme BATSIMAR pour « Bâtiments
d'intervention et de surveillance maritime », dont le nombre d'unités prévu pour le Pacifique n'est
pas encore communiqué.
Les moyens satellitaires offrent également un complément utile en termes de surveillance mais ce
n'est pas la solution miracle, en raison des contraintes liées à la nébulosité. Une autre solution
envisagée est le recours aux drones embarqués, afin d'augmenter l'allonge de la surveillance à partir
des bâtiments mais, là encore, il s'agit de moyens de surveillance certes nécessaires mais pas
suffisants car que vaut la surveillance si elle n'est pas accompagnée d'une capacité d'action ? In fine,
la nécessité de disposer d'unités en nombre suffisant capables à la fois de rallier tout point de la ZEE
1 En cumulé, les armées disposent dans le Pacifique des moyens suivants :
maritimes :
- deux frégates de surveillance (admises au service actif en 1992 et 1993) embarquant chacune un hélicoptère
Alouette III (1975) ;
- un patrouilleur de service public (1991) ;
- deux bâtiments multi-missions (2016) ;
- deux patrouilleurs P400 (1987) ;
- une vedette côtière de surveillance maritime (2004);
- deux remorqueurs côtiers (1984 et 1985) ;
aériens :
- cinq avions de surveillance maritime Gardian Falcon F200 (1984);
- quatre avions de transport tactique Casa CN 235 (1991) ;
- trois hélicoptères de manœuvre Puma (1974) ;
- deux hélicoptères Dauphin N3 (2011 et 2012).
et d'affirmer la présence de la France au-delà s'impose.
Cette dynamique permettrait également d'intensifier son influence au-delà de l’Équateur, par une
présence plus régulière dans le Pacifique occidental, garante de la liberté de navigation.
Les rives pacifiques de l'Amérique centrale et du sud, attirées par les sirènes asiatiques,
abandonnées par leur ancienne métropole et boudées par le géant nord-américain, offrent également
de nombreuses potentialités.
La France doit poursuivre le processus d’autonomisation mis en œuvre dans ses collectivités, en
conservant cette différenciation propre à répondre au mieux aux spécificités de chacune.
Elle doit également continuer son action diplomatique tant dans le Pacifique sud en faisant appel
autant que de besoin aux exécutifs des collectivités, les plus à même de s'insérer dans le dialogue
océanien, que vers les États riverains du Pacifique nord.
Elle doit enfin rationaliser son organisation militaire et se donner les moyens de développer ses
capacités de contrôle d'une ZEE en phase d'extension et de présence dans le Grand Océan.
Après une longue période marquée par l'incompréhension, le temps est venu pour la France, après
250 ans passés à tirer des bords dans le Pacifique, de reprendre la mer et d'y tracer un dessein digne
d'elle.

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  • 1. Marc-Emmanuel Privat La France à la recherche d'un dessein dans le Pacifique. Le 70e anniversaire de la Communauté du Pacifique, célébré en 2017, est l'occasion de dresser un panorama de la France dans la région. Là où domine la rondeur des relations, la fameuse « Pacific way of life », les autorités françaises sont longtemps apparues en décalage, raides dans leurs positions. Pourtant la France pourrait s'y imposer comme une puissance de référence. Un retour sur l'histoire bicentenaire de la présence des Français dans le Pacifique permet de comprendre cette défiance des voisins. Il ressort également de cette histoire un positionnement géographique, institutionnel et militaire original. Aujourd'hui les relations de voisinage sont apaisées mais le projet de la France dans le Pacifique reste à écrire. 1 Le poids de l'histoire Les Français arrivent dans le « Grand Océan » à la fin du XVIIIe siècle, plus tard que les autres Européens, les Espagnols étant les premiers. Poussées par des explorateurs et des missionnaires précurseurs, les autorités finissent par y engager une politique de colonisation au milieu du XIXe siècle. Enfin, au second XXe siècle, les exigences de l'indépendance nationale conduisent le pouvoir à investir brusquement la Polynésie. 1 Arrivée tardive, logique de suiveur En 1766, Bougainville est chargé de laver dans les eaux du Pacifique les humiliations subies en terre américaine. Le bilan tant scientifique que politique de sa mission est un relatif échec. Son Voyage autour du monde connaît pourtant un large succès mais il est une allégorie d'une incompréhension durable entre la France et le Pacifique, fondée sur la vision déformée et persistante de passeurs peu soucieux de recensions réalistes ou ne retenant de leur séjour que des touches de couleur qui, tel l'arbre masquant la forêt, cachent le reste de la palette. Le Pacifique au tournant des XVIIIe et XIXe siècles est une terre de mission protestante, le Royaume-Uni ayant pris quelques longueurs d'avance. A la même période, les tourments des relations entre le pouvoir et l’Église font prendre à la France du retard : il faut attendre 1830 pour que les autorités prennent conscience de l'intérêt des missions catholiques pour son rayonnement. Parallèlement une césure nord-sud franche se dessine dans le Pacifique : au nord, des îles comme autant de refuges sur les routes commerciales entre l'Amérique et l'Asie tirent profit de leur position et développent des activités de comptoir et de réparation navale; les îles Sandwich en sont la preuve éclatante ; au sud, en revanche, les îles de Polynésie et Mélanésie, trop éloignées pour en tirer avantage, deviennent l'arène des luttes entre colonisateurs de la vieille Europe. 2 Le champ clos des confrontations coloniales La Grande-Bretagne arrive en Australie en 1788, avant la France. Pourtant, au-delà ce décalage temporel, les deux États agissent de façon similaire : durant tout le premier XIXe siècle, c'est une succession de réactions de l'un aux intentions de l'autre. Les prises de la France sont moins nombreuses mais sa « politique de la canonnière » la fait paraître plus impérialiste. En 1842, elle établit un protectorat sur Tahiti et s'empare de la Nouvelle- Calédonie en 1853. Sa priorité reste pourtant l'Afrique et l'Indochine, contrairement à la Grande- Bretagne, dont les dirigeants et les élites considèrent qu'elle est une puissance à vocation mondiale.
  • 2. Au début du XXe siècle, pourtant, de façon pragmatique, ces derniers font évoluer leur positionnement : la Grande-Bretagne entame son retrait au profit de l'Australie et de la Nouvelle- Zélande. Les deux guerres mondiales introduisent de forts changements dans les relations entre les territoires du Pacifique et leur métropole européenne ; ils sont dus à la fois à la forte implication des Océaniens, accourus en masse au secours de la mère-patrie, et à la perte de prestige des États européens ; de fortes attentes et une vision souvent idyllique, portée par un corps enseignant ou des missionnaires soucieux de vanter les mérites de leur patrie, sont douchées par des années de sacrifice et d'éloignement. La France doit en conséquence revoir ses relations avec les populations locales. C'est l'objectif de la loi-cadre « Defferre » de 1956, qui prévoit l'évolution vers une plus grande autonomie. 3 Vers la bombe Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France se lance dans l'aventure atomique. Presque parallèlement, entre 1950 et 1960, la volonté de restaurer son statut, notamment vis-à-vis du concurrent anglo-saxon, et la position idéale de Tahiti sur les routes aériennes dans le Pacifique sud poussent la France à y installer un aéroport international. Ainsi, lorsque le sud algérien vient à faire défaut comme terrain expérimentation, le choix se porte logiquement sur la Polynésie qui remplit les conditions d'éloignement, de faible population et de liaisons nécessaires à la conduite d'essais nucléaires. A partir des années 1960, l'Océanie se trouve ainsi brutalement plongée dans la modernité, tandis que l'évolution entamée par la loi-cadre « Defferre » est brusquement interrompue par l'intérêt supérieur de la nation. Un arrêt sur image à cette époque permet de dresser à grands traits la stature suivante de la France dans la région. 2 Un positionnement atypique. Dans un océan de représentations, la France symbolise l'État colonial démodé, doté d'un appareil militaire fortement marqué par le passé. 1 Géographie des marges et Pacifique des perceptions A rebours de la perspective européenne classique, un planisphère centré sur le Pacifique permet d'un coup d’œil d'identifier la position que les territoires français occupent dans le Grand Océan ; hormis Clipperton, ils sont regroupés au sud de l’Équateur, sur les marges, et écrasés par la masse australienne. Le jeu des perceptions domine largement les relations entre la France et ses voisins durant la vie active du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) : celle-là couvre ses essais du voile du secret, justifié par les inéluctables enjeux de la défense nationale, pendant que les gouvernements australien et néo-zélandais avivent les peurs et le rejet des associations, media et États insulaires. 2 Une position politique jugée anachronique Dans un espace dominé par le pragmatisme anglo-saxon et la tutelle des grands États riverains, la France fait figure de métropole coloniale rétrograde, gardant jalousement le contrôle de son « extrême-occident ». Au début de la Ve République, le brutal coup d'arrêt porté au mouvement institutionnel vers plus d'autonomie, décidé pour garantir la sécurité des essais, contribue à son isolement.
  • 3. Les postures d'entrave systématique aux réformes de la coopération régionale et aux aspirations à l'indépendance des Nouvelles-Hébrides, le coulage du Rainbow Warrior dans le port d'Auckland et les soubresauts calédoniens des années 1980 poussent l'inimitié des deux grands voisins australien et néo-zélandais à son apogée, lesquels ne manquent pas d'attiser les mouvements centrifuges au cœur des collectivités françaises. 3 Une organisation militaire marquée par le passé La France dispose dans le Pacifique d'une zone économique exclusive vaste de 6,8 millions de km². Ses forces de souveraineté sont réparties entre les deux commandements supérieurs de Nouvelle- Calédonie et de Polynésie française, qui se partagent la responsabilité géographique et fonctionnelle du « théâtre Pacifique » : au général (aviateur ou terrien) commandant les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) la responsabilité aéro-terrestre pendant que l'amiral commandant les forces armées en Polynésie française (FAPF) assure le volet maritime. Mais le partage ne s'arrête pas là. Le « COMSUP FANC » assure la responsabilité de la zone maritime de la Nouvelle Calédonie, des îles mélanésiennes, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande pendant que son alter ego celle de la Polynésie française. Ce dernier est en outre Amiral commandant la zone de responsabilité permanente (ZRP) Asie-Pacifique, « ALPACI » : elle s'étend d'est en ouest des côtes occidentales des Amériques jusqu’à une ligne nord-sud allant de la péninsule indochinoise jusqu'au Pôle, en longeant les côtes occidentales de l'Australie. À l'ouest de cette ligne s'étend la ZRP d' « ALINDIEN ». Cette répartition, même si elle apparaît théoriquement claire sur le planisphère, nécessite des mesures de coordination importantes entre états-majors. Elle semble efficace mais guère efficiente et n'apparaît de fait pas toujours très lisible pour les partenaires de la France dans la région. Cette architecture complexe résulte de l'histoire : d'une part de la colonisation et d'une organisation construite initialement pour protéger et veiller au maintien de l'ordre intérieur et d'autre part de l'installation du CEP, qui a nécessité l'implantation à Tahiti de moyens militaires très importants, permettant d'assurer la protection et la logistique des essais. Cette organisation apparaît donc aujourd’hui en décalage avec les missions prioritaires de surveillance d'espaces maritimes gigantesques et d'affirmation de présence dans les zones troublées du Pacifique nord, où la liberté de navigation est remise en cause. 3 La France à la recherche d'un dessein. Trois problématiques se dégagent : le Pacifique sud, l'évolution des collectivités et la relation au Grand Océan. 1 Des relations régionales apaisées Deux actions éteignent la défiance, née après la colonisation de l'Australie et omniprésente pendant deux siècles. D'abord les négociations pragmatiques, conduites à la fin de la crise néo-calédonienne, réduisent les préventions anglo-saxonnes. Ensuite la reprise des essais nucléaires en 1995 fait craindre un regain d'opposition ; mais le respect du calendrier annoncé pour les arrêts définitifs et les campagnes de surveillance tant géomécanique que radiologique apaisent les États et coupent court aux campagnes des media et associations. Il en résulte non pas une admission franche dans le club des États du Pacifique sud mais l'acceptation d'un partenaire, autour d'enjeux de sécurité et de coopération. 2 Une évolution institutionnelle tangible Les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) conduisent la Nouvelle-Calédonie, via une
  • 4. révision constitutionnelle, à obtenir un statut spécifique. Le referendum de 2018 permettra aux populations de se prononcer sur la pleine souveraineté. Cet épisode électoral peut faire craindre un regain de tensions entre communautés, même si le temps, les échanges et la réflexion ont modifié les lignes de fracture et fait prendre conscience des véritables enjeux. La loi organique de 2004 offre à la Polynésie française une compétence de droit commun, l’État ne conservant qu'une compétence régalienne. Malgré une instabilité électorale de dix ans, qui a fortement entravé la gestion des affaires publiques, l'évolution depuis 1984 est le signe d'une maturité croissante. Ces avancées institutionnelles fortes, alliées à des gestes symboliques tels que la présence pour la première fois en septembre 2017 des exécutifs des gouvernements de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française en tant que membres à part entière au 29e « Dialogue post-forum », dans le cadre du 48e sommet du Forum des Iles du Pacifique, montrent à la fois l'évolution institutionnelle des collectivités françaises vers une plus grande autonomie et le recours à plus de subsidiarité dans l'espace régional Pacifique. 3 La France : une puissance Pacifique en devenir? La France accède ainsi à une nouvelle légitimité dans le Pacifique sud. Le récent partenariat stratégique avec l'Australie vient le confirmer. En revanche, pour conserver son rang et protéger sa ZEE efficacement, ses moyens aéro-maritimes doivent être renforcés. L'affirmation de la souveraineté sur l'atoll de Clipperton est un cas symbolique. En effet, son éloignement (5500 km de Tahiti) ne permet pas à la Marine (au départ de Tahiti ou de la Nouvelle- Calédonie) de s'y rendre plus d'une fois par an, malgré les convoitises qu'il suscite, notamment mexicaines. Le recensement des moyens militaires disponibles1 , dont la majorité est entrée en service il y a plus de 25 ans, permet d'emblée de mesurer la gageure : si la surveillance efficace de la ZEE est loin d'être aisée, l'action dans le « Grand Océan » sans renfort extérieur relève de la déclaration d'intention. Il est certes prévu le renouvellement et la montée en puissance des moyens maritimes avec le déploiement dans la décennie 2020-2030 du Programme BATSIMAR pour « Bâtiments d'intervention et de surveillance maritime », dont le nombre d'unités prévu pour le Pacifique n'est pas encore communiqué. Les moyens satellitaires offrent également un complément utile en termes de surveillance mais ce n'est pas la solution miracle, en raison des contraintes liées à la nébulosité. Une autre solution envisagée est le recours aux drones embarqués, afin d'augmenter l'allonge de la surveillance à partir des bâtiments mais, là encore, il s'agit de moyens de surveillance certes nécessaires mais pas suffisants car que vaut la surveillance si elle n'est pas accompagnée d'une capacité d'action ? In fine, la nécessité de disposer d'unités en nombre suffisant capables à la fois de rallier tout point de la ZEE 1 En cumulé, les armées disposent dans le Pacifique des moyens suivants : maritimes : - deux frégates de surveillance (admises au service actif en 1992 et 1993) embarquant chacune un hélicoptère Alouette III (1975) ; - un patrouilleur de service public (1991) ; - deux bâtiments multi-missions (2016) ; - deux patrouilleurs P400 (1987) ; - une vedette côtière de surveillance maritime (2004); - deux remorqueurs côtiers (1984 et 1985) ; aériens : - cinq avions de surveillance maritime Gardian Falcon F200 (1984); - quatre avions de transport tactique Casa CN 235 (1991) ; - trois hélicoptères de manœuvre Puma (1974) ; - deux hélicoptères Dauphin N3 (2011 et 2012).
  • 5. et d'affirmer la présence de la France au-delà s'impose. Cette dynamique permettrait également d'intensifier son influence au-delà de l’Équateur, par une présence plus régulière dans le Pacifique occidental, garante de la liberté de navigation. Les rives pacifiques de l'Amérique centrale et du sud, attirées par les sirènes asiatiques, abandonnées par leur ancienne métropole et boudées par le géant nord-américain, offrent également de nombreuses potentialités. La France doit poursuivre le processus d’autonomisation mis en œuvre dans ses collectivités, en conservant cette différenciation propre à répondre au mieux aux spécificités de chacune. Elle doit également continuer son action diplomatique tant dans le Pacifique sud en faisant appel autant que de besoin aux exécutifs des collectivités, les plus à même de s'insérer dans le dialogue océanien, que vers les États riverains du Pacifique nord. Elle doit enfin rationaliser son organisation militaire et se donner les moyens de développer ses capacités de contrôle d'une ZEE en phase d'extension et de présence dans le Grand Océan. Après une longue période marquée par l'incompréhension, le temps est venu pour la France, après 250 ans passés à tirer des bords dans le Pacifique, de reprendre la mer et d'y tracer un dessein digne d'elle.