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Anthologie reves

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Anthologie reves

  1. 1. Rêves Je te vois t’accrochant aux rêves. Triste et dur sera ton réveil, car poursuivant de faux soleils, en eux se dessèchera ta sève. En toi tu sais vivre par cœur à force d’imagination. Tristes et dures seront les heures te ramenant à la raison. Tu vas, t’inventant des images, inversant les réalités. Triste et dur sera le voyage qui vient parfois te réveiller. Eh bien, qu’il me soit triste et dur! Encor j’en veux payer le prix, et que mes rêves ne soient finis! Par-delà mes réveils, qu’ils durent! Esther Granek – Portraits et chansons sans retouches1976 Les fenêtres Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous: "Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?" Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis? Charles Baudelaire – Le spleen de Paris 1869
  2. 2. Et un sourire La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours, puisque je le dis, Puisque je l'affirme, Au bout du chagrin Une fenêtre ouverte, Une fenêtre éclairée, Il y a toujours un rêve qui veille, Désir à combler, faim à satisfaire, Un cœur généreux, Une main tendue, une main ouverte, Des yeux attentifs, Une vie, la vie à se partager. Paul Eluard - Le Phénix 1951 Ici-bas Ici-bas tous les lilas meurent, Tous les chants des oiseaux sont courts ; Je rêve aux étés qui demeurent Toujours... Ici-bas les lèvres effleurent Sans rien laisser de leur velours ; Je rêve aux baisers qui demeurent Toujours... Ici-bas tous les hommes pleurent Leurs amitiés ou leurs amours ; Je rêve aux couples qui demeurent Toujours... René-François Sully Prudhomme - Stances et poèmes 1865
  3. 3. Phantasma. J'ai rêvé l'archipel parfumé, montagneux, Perdu dans une mer inconnue et profonde Où le naufrage nous a jetés tous les deux Oubliés loin des lois qui régissent le monde. Sur le sable étendue en l'or de tes cheveux, Des cheveux qui te font comme une tombe blonde, Je te ranime au son nouveau de mes aveux Que ne répéteront ni la plage ni l'onde. C'est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit Vers les horizons clairs de rubis, d'émeraudes, Et mon âme abattue est un oiseau de nuit. Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes, Tous les pays sont trop habités aujourd'hui. Charles Cros – Le collier de griffes 1908 Songeant la nuit, bien souvent je pense être Songeant la nuit, bien souvent je pense être Auprès de toi couché certainement, Et les beautés qu'en toi le ciel fit naître Tâter, baiser, embrasser nuëment. Comme un plaisir acquis en un moment Passe, léger, et se voit disparaître, Mon songe ainsi s'enfuit soudainement, Me laissant seul et non toutefois maître, Car à l'instant les regrets, les ennuis, Hôtes fâcheux, m'assistent jours et nuits, Et dans mon cœur reprennent tous leurs places. Mais pour cet heur rendre perpétuel, Il te faudrait, en amour mutuel, Me faire part, loyale, de tes grâces. François Scalion de Virbluneau - Les loyalles et pudiques amours XVIème siècle
  4. 4. Sonnet à mon ami R. J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus. Felix Arvers – Mes heures perdues 1833 Le rêve d'un curieux Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse, Et de toi fais-tu dire : " Oh ! l'homme singulier ! " - J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse, Désir mêlé d'horreur, un mal particulier ; Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse. Plus allait se vidant le fatal sablier, Plus ma torture était âpre et délicieuse ; Tout mon coeur s'arrachait au monde familier. J'étais comme l'enfant avide du spectacle, Haïssant le rideau comme on hait un obstacle... Enfin la vérité froide se révéla : J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore M'enveloppait. - Eh quoi ! n'est-ce donc que cela ? La toile était levée et j'attendais encore. Charles Baudelaire – Les fleurs du mal 1857
  5. 5. Terreur Ce soir-là j’avais lu fort longtemps quelque auteur. Il était bien minuit, et tout à coup j’eus peur. Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible. Je compris, haletant et frissonnant d’effroi, Qu’il allait se passer une chose terrible… Alors il me sembla sentir derrière moi Quelqu’un qui se tenait debout, dont la figure Riait d’un rire atroce, immobile et nerveux : Et je n’entendais rien, cependant. O torture ! Sentir qu’il se baissait à toucher mes cheveux, Et qu’il allait poser sa main sur mon épaule, Et que j’allais mourir au bruit de sa parole !… Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ; Et moi, pour mon salut éternel, je n’aurais Ni fait un mouvement ni détourné la tête… Ainsi que des oiseaux battus par la tempête, Mes pensers tournoyaient comme affolés d’horreur. Une sueur de mort me glaçait chaque membre, Et je n’entendais pas d’autre bruit dans ma chambre Que celui de mes dents qui claquaient de terreur. Un craquement se fit soudain ; fou d’épouvante, Ayant poussé le plus terrible hurlement Qui soit jamais sorti de poitrine vivante, Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement. Guy de Maupassant – Des vers 1880 La vie est un songe Tout n'est plein ici bas que de vaine apparence, Ce qu'on donne à sagesse est conduit par le sort, L'on monte et l'on descend avec pareil effort, Sans jamais rencontrer l'état de consistance. Que veiller et dormir ont peu de différence, Grand maître en l'art d'aimer, tu te trompes bien fort En nommant le sommeil l'image de la mort, La vie et le sommeil ont plus de ressemblance. Comme on rêve en son lit, rêver en la maison, Espérer sans succès, et craindre sans raison, Passer et repasser d'une à une autre envie, Travailler avec peine et travailler sans fruit, Le dirai-je, mortels, qu'est-ce que cette vie ? C'est un songe qui dure un peu plus qu'une nuit. Jacques Vallée Des Barreaux - XVIIème siècle

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