Définition : la myélopathie cervicale est syndrome clinique
lié à un rétrécissement du canal médullaire cervical
Le rachis cervical a 3 fonctions :
- support et mobilité
- absorption des chocs/vibrations
- protection du système nerveux
Le canal cervical est un empilement de structures :
- osseuses
- molles
- mobiles
-flexion
-extension
-rotation
-inclinaison+rotation
Physiopathologie
Espaces dits de sécurité périmédullaires
Physiopathologie
Le cordon médullaire est
contenu dans un canal osseux
protecteur mais potentiellement
dommageable (choc direct)
Il est entouré de tissus mous :
- LCS
- graisse épidurale
Ø moelle C1-7 ≈ 9 mm
1 mm pour le LCS (Π) et 1 mm pour la dure-mère et les tissus épiduraux
(absorption des chocs)
Espaces dits de sécurité périmédullaires
La MCA ne concerne que le rachis
cervical moyen et inférieur
Sujet à risque : ø ant-post canalaire ≤ 13 mm
Physiopathologie
3/4 en C3-7
1/3 du canal occupé par la moelle en C1-2
Région fonctionnellement très mobile
mais qui doit protéger la moelle épinière
cervicale : conservation des dimensions
du canal médullaire lors des mouvements
de la tête
Complexe «multi-couche » au
niveau de la charnière crânio-
rachidienne : souple
(mobilité) et solide
(protection)
Physiopathologie
Primum novens rétrécissement canalaire :
la dégénérescence discale
1 sujet
Sa susceptibilité génétique
Son histoire de vie
nucleus anulus
Les plateaux vertébraux s’amincissent
Fragmentation
des protéoglycanes
Déshydratation
du nucleus
➢fissurations au niveau des canaux vasculaires
d’échanges entre le disque et le corps vertébral
➢Altération des échanges apports/clairance
Altération structurale
de la matrice extracellulaire
Changement
du collagène
+ plastique
- élastique
Le nucleus devient moins élastique et plus compressible
L’anulus peut se déformer ou se rompre
Mauvaise distribution des forces de compression, bulging disc,
affaissement discal, instabilité segmentaire
Physiopathologie
« Lésions dégénératives »
modifications acquises des disques
intervertébraux associées aux modifications
morphologiques des structures osseuses et
ligamentaires adjacentes :
mécanismes compensateurs de l’instabilité
mais menace neurologique
Physiopathologie
Facteurs de compression statiquesPhysiopathologie
Discopathie – ostéophytes
Epaississement des
ligaments jaunes
Apophysomégalie
Facteurs de compression dynamiquesPhysiopathologie
Les ostéophytes antérieurs entraînent un cisaillement médullaire
clinique : signe de LHERMITTE
En flexion, physiologiquement : lordose > cyphose = étirement médullaire (24% en T1)
ostéophyte
Effet d’autant plus important que la contrainte médullaire
n’est pas harmonieuse : les ostéophytes créent de faibles
rayons de courbure locaux sur une moelle attachée au
ligament dentelé (mis sous tension)
Donc une contrainte antérieure peut donner des signes
médullaires postérieurs
En cas d’apparition d’un spondylolisthésis
= effet de chicane
Facteurs de compression dynamiquesPhysiopathologie
En extension, physiologiquement : lordose > lordose + = compression médullaire axiale
= augmentation de sa section
Contraintes canalaires surajoutées :
flambage du ligament jaune
Augmentation relative de la section du
cordon médullaire en compression axiale
(hyperlordose)
Boucle de ligament jaune
dans le canal médullaire
Apparition d’un spondylolisthésis
= effet de chicane
Physiopathologie L’effet boule de neige d’une contrainte médullaire
La moelle, assimilée à un cylindre
viscoélastique est soumise à la théorie d’Euler :
déformation perpendiculaire à la contrainte
D’où l’augmentation de la section des niveaux
adjacents
Donc une susceptibilité accrue de compression
pour de petites contraintes (rétrécissement du
canal) sur ces niveaux adjacents
Facteurs vasculairesPhysiopathologie
Une moelle comprimée ne tolèrera pas de baisse de la perfusion médullaire
Une perfusion médullaire précaire ne tolèrera pas de compression médullaire
L’ischémie médullaire affecte spécifiquement
les oligodendrocytes
> démyélinisation (Faisceau Cortico Spinal en premier)
> fragilité de la perfusion des zones profondes (Substance Grise)
La baisse du retour veineux crée une stase médullaire
> diminution de la clairance des toxiques
> oedème interstitiel (loi de STARLING)
Clinique
Anatomie médullaire
IV, V, VI afférences radiculaires et cortico et sous-corticales
VII zone intermédiaire, interneurones d’association
VII zones des neurones de connexions intercomissurales antérieures
IX zone des motoneurones
X substance péri-épendymaire
Clinique
Epidémiologie
Patient de 50-60 ans
H/F = 2
Cervicalgies, NCB
ATCD cervical non systématique : trauma, surmenage
Histoire naturelle :
Pas d’amélioration spontanée
75% cas aggravation par poussées
20% aggravation progressive
5% aggravation brutale
Troubles de la marche :
syndrome pyramidal
syndrome cordonal postérieur
claudication médullaire
Troubles de préhension
Clinique
Corrélations anatomo-cliniques selon Crandall et Batzdorf
- syndrome transverse : faisceaux corticospinal, spinothalamique, colonnes postérieures sous le
niveau lésionnel, atteinte segmentaire des cornes antérieures
➢ spasticité et atteinte sphinctérienne dans 2/3 des cas
- syndrome centromédullaire : MS > MI, MS distalité > MS proximalité
➢ troubles de préhension et paresthésies douloureuses, déficit
colonnes postérieures
- syndrome de BROWN-SEQUARD :
➢ faiblesse homolatérale et hypoesthésie thermo-algique
controlatérale
- syndrome radiculalgique et médullaire
- syndrome moteur : clinique similaire à la sclérose latérale amyotrophique ; faisceau corticospinal et
cornes antérieures
➢ spasticité 3/4 des cas
Clinique
Evaluation
test de CROCKARD pour la marche
Nine Holes Peg test pour les troubles de préhension
score de NURICK évaluation de la marche
scores de EMS et mJOA évaluations fonctionnelles membres et sphincters
Jacques Jean Lhermitte 1920
Joseph Jules François Félix Babinski 1885
Johann Hoffmann ≈ 1900
Clinique
Robert Wartenberg ≈ 1940
finger-escape sign de WARTENBERG : incapacité à tenir la position
doigts en extension - adduction > 1 min, apparaît l’abduction du 5è
grip-and-release test : normalement > 20 mouvements en 10 s
pathologique si moindre et extension exagérée du poignet
inversion du réflexe stylo-radial : atteinte médulaire en C5 et radiculaire C6
Vladimir Mikhailovich Bekhterev ≈ 1884
réflexe pathologique du grand pectoral :
adduction et RI de l’épaule deviennent visibles
Examens complémentaires
Électrophysiologie
EMG
Signes de souffrance neurogène périphérique
Intérêt dans le diagnostic différentiel : maladie de CHARCOT (SLA) <> signes de dénervation
PES
Faible valeur localisatrice
Atteinte systématique aux MI
Intérêt pronostic : bon si PES des nerfs médians conservés
Intérêt des PES en flexion et extension?
PEM
Sensibilité plus élevée
Valeur localisatrice
Évalue la déformation
du cordon médullaire
Examens complémentaires Radiologie
2°) évaluer le retentissement médullaire
Hypersignal centro-médullaire
! Toute anomalie de signal
n’est pas forcément liée à
une compression médullaire
Examens complémentaires Radiologie
3°) rechercher la cause
Osseuse
Discale
Ligamentaire
Examens statiques et dynamiques
! Au suivi longitudinal des
patients, notamment du
fait de la variabilité
technique des examens :
paramétrage machine,
position du patient
Examens complémentaires
Imageries des tissus osseux
Equilibre rachidien – lordose/cyphose
Instabilité sur les clichés dynamiques
Etude des contraintes dures/molles
Examens complémentaires
Imageries des tissus mous
Intérêts de l’IRM dynamique:
Démasque-t-on un hypersignal centromédullaire en flexion?
Mobilité des corps vertébraux – listhésis?
Etendue des sténoses?
Homme de 40 ans, paresthésies des 2 mains le matin au réveil
Examens complémentaires
Imageries des tissus mous
Homme de 50 ans, syndrome tétrapyramidal
Double discectomie?
L’acquisition en extension a conduit à proposer la réalisation d’une laminectomie C3-7
• Myélopathie invalidante d’emblée
• Myélopathie évolutive : suivi clinique et radiologique
• Contusion qui récupère
• Si surveillance : rapprochée avec éducation du
patient
• Ne pas opérer :
– D’emblée si paucisymptomatique
– Patient très fragile / myélopathie très sévère rapidement
évolutive
Quand opérer
Prise en charge
Traitement conservateur
Discussion avec le patient si signes cliniques « modérés », d’évolution lente
Suivi clinique et radiologique
intérêt des scores
Rassurer, douleurs engendrant des peurs
Education et information
éviction des postures (extension)
Kinésithérapie, exercices isométriques
Antalgiques, infiltrations
Collier cervical mousse d’immobilisation
limite l’aggravation sur les contraintes dynamiques
améliore 50% de l’ensemble des patients
Prise en charge
Traitement chirurgical : abord antérieur ou postérieur?
Antérieur Postérieur
+
stabilisation décompression plus large
+/- correction d’une déformation diminue les problèmes liées à la
greffe osseuse si laminectomie seule
diminution des douleurs axiales ne limite pas le mouvement
-
morbidité de la voie d’abord surtout
si étendue
impossible si cyphose pré-opératoire
greffe osseuse risque d’instabilité secondaire
immobilisation post-opératoire laminoplastie facteur de douleur et
risque de resténose
• Abord antérieur rare
• Souvent arthrodèse nécessaire
Traitement chirurgical : le rachis cervical supérieurPrise en charge
La fixation a permis de
réduire le volume du panus.
Cette constatation est la
plupart du temps valable
pour l’hypertrophie des
ligaments jaunes
pré post arthrodèse
C5-C6 et C6-C7
Prise en charge
Traitement chirurgical : discectomie résection d’ostéophyte
Patiente de 57 ans syndrome tétrapyramidal
C4
C5
C4
C5
Fraisage des barres ostéophytiques
Discarthrose C4-C5 responsable d’une compression médullaire
Prise en charge
Traitement chirurgical : discectomie résection d’ostéophyte
Patiente de 50 ans
syndrome tétrapyramidal
A partir de 3 niveaux, mise en
place d’une plaque cervicale
antérieure nécessaire
Prise en charge
Traitement chirurgical : corporectomie
Patiente de 72 ans troubles de préhension et syndrome cordonal postérieur
ATCD PR traitée, actuellement sous Humira
Les pièges
Toujours : penser à réévaluer le diagnostic
Patient de 53 ans, tétraparésie
Amélioration post-opératoire
initiale fluctuante
Décompression médullaire
contrôle à l’IRM
Réévaluation EMG : SLA
Patiente de 81 ans, troubles de la marche et de la coordination
des membres inférieurs, déficit à 4/5 sur les releveurs des gros
orteils
Déficit en vitamine B12
Ne pas méconnaître un canal lombaire rétréci associé, afin d’orienter les examens
radiologiques (lésions « en tandem »)
Et réciproquement, ne serait-ce que pour informer le patient du risque de
décompensation d’un CCE après chirurgie de recalibrage lombaire : décubitus
ventral, hypotension artérielle
Les pièges
Prise en charge
Traitement chirurgical : résultats
Amélioration : 20 à 80% des patients (pertinence des études cliniques?)
Dégradation > moyenne 45% à 6 ans : cyphose, sténose lombaire, arthropathies périphériques
Facteurs pronostiques : âge (< 65 ans?) guérison possible
chirurgie précoce
qualité de la décompression – surface canalaire
Pas d’effet de la sévérité du tableau clinique pré-opératoire et de l’hypersignal centromédullaire
Complications :
aggravation neurologique : traumatisme médullaire, cause vasculaire
voie d’abord antérieure : atteinte récurrentielle 1-6% ; troubles respiratoires, dysphagie
laminectomie > NCB C5 par étirement radiculaire
pose de matériel 2-6% de débricolage
syndrome des segments adjacents à une fusion osseuse
cyphose cervicale
limitation des amplitudes cervicales