Il n’y a pas de monde numérique : c’est le monde de chaque individu connecté qui est partiellement tramé d’usages numériques qui lui correspondent. Cette intrication ne se comprend bien que dans une logique paradoxale : si de nombreux moments de vie font éprouver une continuité entre soi et les technologies numériques, ‘être connecté’ revient pourtant à faire l’expérience de la discontinuité. Loin du fantasme de la déconnexion radicale, pour rendre leur vie connectée vivable, les utilisateurs procèdent à d’incessantes petites déconnexions : la panoplie des outils et des services offre en effet de multiples possibilités pour faire se succéder des moments « avec » et des moments « sans ».