1. 164 RUE AMBROISE CROIZAT
93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29
22 JUIN 09
Quotidien Paris
OJD : 49061
Surface approx. (cm²) : 799
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« Je fais un théâtre
EXPÉRIMENTAL • Avec Trans, le théâtre de la Bastille accueil le
un collectif d'artistes qui pratique un théâtre en toute liberté.
BASTILLE2
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polyvoque »
Eléments de recherche : THEATRE DE LA BASTILLE : à Paris 11ème, toutes citations
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C'est le metteur en scène
Jean-Michel Rabeux
qui est à l'instigation de
cette aventure, qui se joue au
Théâtre de la Bastille Trois
compagnies, trois jeunes
compagnies qui n'ont quasi-ment
aucun moyen pour elles
maîs, un désir de théâtre
d'une esthétique radicale et
audacieuse, ne s'interdisant
rien Jean-Michel Rabeux
n'est pas né de la dernière
pluie Aguerri à un théâtre
qui parle crûment sexe et
sexualité, désir et tentation, il
est sans cesse sur le fil, refu-sant
l'érotisme bon chic
bourgeois et la pornographie
industrielle Son théâtre ose
des propositions qui déjouent
les règles de la bien-pensance
et détournent les codes de la
morale, par esprit de provo-cation,
par goût de la liberté
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Eléments de recherche : THEATRE DE LA BASTILLE : à Paris 11ème, toutes citations
surtout
Vous revendiquez un
théâtre en liberté...
Jean-Michel Rabeux. Le
théâtre est un art du compro-mis
On ne peut pas tous être
Van Gogh ou Lautréamont
Si on est brûlé par sa propre
folie et sa propre étrangeté au
monde, on n'existe pas Cette
nécessité du ici ct maintenant,
la présence du spectateur
pour que Ic spectacle existe
est un compromis, un renou-vellement
riche et douloureux
nécessaire à l'acte théâtral
De cette aspiration artistique,
sauvage et singulière, asociale
et secrète et de la mise en
scène - le rapport de cette as-piration
à trouver des formes
pour que cette sauvagerie soit
perceptible et reçue confron-tée
à des impératifs sociaux
(l'argent, donc les tutelles) -
jaillit une contradiction inhé-rente
à l'art théâtral
Peut-on parler de trans-mission
dans le cadre de votre
travail au long cours avec ces
jeunes compagnies ?
Jean-Michel Rabeux.
Transmettre, c'est survivre à
sa propre mort Ce que je sens
du théâtre, du politique, de
l'erotique, de l'obscène sont
des thèmes qui nous réunis-sent
secrètement Dans
l'équipée, on compte plus de
filles que de garçons Peut-être
osent-elles plus J'ai été
bouleversé par leurs spec-tacles
et je leur apporte la lo-gistique
nécessaire, des
échanges artistiques Trans,
c'est une réussite profession-nelle
maîs avant tout hu-maine
Le collectif n'est pas
un vain mot il induit de la so-lidarité,
de la collégialité, tout
en respectant l'individualité
de chacun Je suis agréable-ment
surpris de constater
que, chez ces jeunes artistes,
alors que le théâtre n'est pas
épargne par des réflexes
égoïstes, l'idée de s'en sortir
collectivement et artistique-ment
semble naturelle
Quand l'institutionnalisation
tend à nous diviser, à nous
opposer les uns aux autres,
eux pensent en commun
Vos spectacles sont-ils obs-cènes?
Jean-Michel Rabeux.
Nous sommes en pleine ré-gression
d'expression libre,
de l'éros, de l'obscène On
peut parler de notion de
classes entre la pornographie
et l'érotisme Je fais un
théâtre polyvoque pour pro-voquer
l'imaginaire du spec-tateur
Ce qui me dérange
dans la pornographie c'est
qu'elle est umvoque Elle n'a
qu'un seul but l'excitation
Elle n'a donc pas sa place au
théâtre II faut donc être en
deçà de la pornographie, uti-liser
les gestes pour aller vers
d'autres ailleurs, vers l'ori-gine
du monde, vers le néant,
vers l'animalité pour accro-cher
l'éros au thanatos, au
mystère, à la surprise
Qu 'est-ce qui vous fascine
tant dans le nu au théâtre ?
Jean-Michel Rabeux. Le
débat est sur le nu, pas sur le
sexe Je travaille avec des nus
pas erotiques, je fais l'éloge
de la pornographie et je me
retrouve marqué au fer rouge
par l'institution Les interdits,
cette nouvelle forme de cen-sure,
sont masques par une
surabondance du commerce
pornographique On croît à
la liberté et non Parce que
ça questionne, ça emmerde
L'institution est aux mains
d'une bourgeoisie qui nor-malise,
moralise, formate le
théâtre qui, de fait, est dans le
non-questionnement, perd
son inquiétude Pourtant, je
reste convaincu que le théâtre
est là pour ouvrir des brèches
là où le social les ferme
Entretien réalisé
par Marie-José Sirach
Festival Trans,
jusqu 'au 28 juin,
au Théâtre de la Bastille
tél 0143574214
www théâtre-bastille com
Renseignements
Lire ci-contre la chronique
théâtrale de Jean-Pierre
Léonardmi
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Trois spectacles ont ete vus en ouverture
de l'événement Trans...09 au Theâtre
de la Bastille (I) Le plus frappant, c'est Striptease,
dont Cedric Drain signe le texte et la mise en scene
et qu'interprète Céline Milhat-Baumgartner L'idée vient
d'elle Elle se glisse dans la peau d'une effeuilleuse
de metier, en recrée les gestes successifs avec la plus
exquise maîtrise, tout en simulant certaine gaucherie
qui ajoute du charme a la chose Elle parle aux spectateurs
d'une voix douce, détaille par le menu ce qu'elle
va accomplir, jusqu'à se dévêtir et se révéler nue comme
la mam La voici offerte aux regards dans la pénombre,
se livrant, au sol, a de subtiles contorsions
qui la transforment en autant de figures de tableaux vivants
erotiques On songe aux poupées articulées de Nans
Bellmer, maîs c'est en poupée de chair et d'âme
que s'avance Céline Milliat-Baumgartner a la vénuste sans
défaut Et puis ce qu'elle a a nous dire est de bonne tenue
litteraire et fait le tour de la question de la femme de
son plein gré offerte au désir Elle chante aussi dans
le même esprit et c'est du raide (paroles d'Eugène Durif et
musique de Xavier Ferran) On dirait un peu Betty Boop,
qui fut de Marilyn le brouillon sur papier couche II y a
surtout que Striptease constitue un chaleureux hommage
a toutes celles qui, depuis la Belle Epoque, comme on dit,
jouent leur corps sous toutes ses faces a qui perd gagne,
toute honte bue dans l'exhibition
En une longue et savoureuse litanie, elle en fait l'appel
anxieux, depuis les « ancêtres » comme Grille d'égout
. , , jusqu'aux filles du Crazy Horse
« NOUS prouvant saloon baptisées par Alain
qu'il S'agit Bernardin, soit Bertha von
au fond du même Paraboum' CaPsula P au IIM iu uu mel i ic Wanda Monop0|kae°tPta°n't
metier base SUr d'autres, sans oublier Rita
la montre de SOi, Renoir la magnifique qui,
- avant de jouer, sous la direction
de Marcel Marechal, la Poupée, d'Audiberti, allégorie
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La chronique théâtrale
de Jean-Pierre Léonardini
Mes prises
de la Bastille
a 'a fm des annees soixante,
entree en rebelllon/ forçart ses
voyeurs a se deloquer sur scene,
Eléments de recherche : THEATRE DE LA BASTILLE : à Paris 11ème, toutes citations
aauil aepnnorrçs crnommmmpe
en dedans. »
de la Liberte grande sous les auspices de la revolution
en marche La comédienne rend ainsi hommage à ses soeurs
maudites, de la sorte nous prouvant qu'il s'agit au fond
du même metier base sur la montre de soi, au dehors
comme en dedans A la fm, apres une vertigineuse serie
de mouvements parfaitement exécutes a la barre métallique
comme dans une boîte de Pigalle, Céline Milliat-
Baumgartner se disloque a vue, hors d'haleine, étendue
sur le dos La gogo girl n'est plus qu'une travailleuse
harassée L'admirable est que cet objet théâtral audacieux,
qui a pour sujets le désir et la nudité, soit traite avec
infiniment de pudeur Pas un sou d'hystérie, de l'auto-irome
délicate, de l'émotion sciemment drapée dans une naïveté
digne Une rareté Le luxe
Le thème elu de Trans...09 est en effet la nudité (2). Dans
la mise en scene, par Sylvie Reteuna, de Blanche-Neige,
de l'écrivain suisse alémanique Robert Walser (1878-
1956), l'héroïne apparaît un instant dans le plus simple
appareil Belle réalisation, au demeurant, de cette oeuvre
à la fantaisie ingénument perverse, qui commence
la ou s'arrête le conte des freres Grimm, ou l'on voit
un prince benêt (Olav Benestvedt) papillonner autour
d'une Blanche-Neige (Aurélia Arte) qui n'a pas froid
aux yeux, liee d'amour-hame a sa mère, la reine (Claude
Degliame, superbe actrice baroque, si experte
en modulations de frequence), terriblement chaude
du rechaud, qui en pince pour le chasseur (Eram Sobhani),
lequel n'eut pas le coeur d'arracher celui de Blanche-
Neige C'est donne en finesse, avec un fond d'imagerie
projetée du Douanier Rousseau et des mserts sur la vie
de Walser, qui passa tant d'années à l'asile « J'aime
les fêles, dit joliment Sylvie Reteuna, ils laissent passer
la lumiere » Michel Audiard l'avait formule avant elle
Sophie Lagier s'est attaquée à Grave (Manque), de Sarah
Kane. Les interprètes sont Vincent Bouye, Corinne Cicolan,
Nathalie Kousnetzoff, Magdalena Mathieu et Christophe
Sauger Deux couples en sous-vêtements, rangers aux pieds,
sont poses sur un podium et balancent le texte dans une
sorte de bon vouloir psychologico-anecdotique qui fait
long feu, puis se mettent a poil, nous fixent et tombent
en tas les uns sur les autres Déjà trop vu
(1) Cetait les 15 16 17 et 18 juin au Theâtre de la Bastille
(2) Le 27 juin il y aura même un debat la-dessus