1. P. 2 - Thème
Entretien avec Denis Baupin,
Adjoint au Maire de Paris
P. 18 - Magazine
Technoscopie
P. 22 - Carrières
Un projet professionnel ?
À quoi bon ?
P. 31 - Vie de l’École
Un nouveau Directeur pour l’ECL
N° 586
Nov. / Déc. 2011
ISSN 0184-4067
6 €
Villes
durables
2. Édito
Assurément, la ville durable est à la mode.
Espace d’intégration de nombreux défis urbanistiques,
architecturaux, économiques, sociaux et environnementaux,
la ville est appelée à se transformer très vite et en profondeur
pour répondre aux défis actuels et futurs.
De nombreuses réalisations se revendiquent de la ville durable. Le mot est
devenu un slogan. On ne compte plus les immeubles de bureau, les
logiciels ou les infrastructures qui se revendiquent de la ville durable.
Pourtant, le chemin vers la durabilité est long, la direction n’est pas tracée
à l’avance, et de nombreuses difficultés administratives, financières,
organisationnelles et techniques en rendent la réalisation difficile.
Penser la durabilité urbaine est un défi pour l’ingénieur. La technique y est
omniprésente, et l’innovation reste en grande partie à construire et à
intégrer, dans des modèles économiques eux-mêmes en émergence. Il
s’agit donc de convaincre et de co-construire des projets fortement
intégrés à un territoire, à un contexte et à une histoire, et ce avec des
sensibilités très diversifiées, de l’artiste au sociologue, de l’urbaniste au
financier, de l’agriculteur à l’épicier.
Nous vous présentons ici différentes facettes et points de vue sur la ville
durable, en cherchant à aller au-delà des slogans pour en identifier les
enjeux. Pari difficile, qui tend à montrer et à faire partager les enjeux,
retours d’expériences et approches spécifiques de co-construction d’un
futur immédiat. Mais pari ouvert, qui cherche à présenter différentes pistes
d’actions, diverses et originales, qui permettent à chacun d’entre nous de
se forger une idée sur les composantes de la ville durable et d’en intégrer
les éléments propres à son métier, à sa stratégie et à son angle de vue.
Le gigantisme ne semble plus être une solution… les mégapoles sont
confrontées à des limites endémiques à la croissance, qu’il s’agisse de
leurs réseaux de transport, de pollution ou d’attractivité, les tours
montrent leurs limites technologiques et ne résolvent ni les enjeux
de densité urbaine, ni les défis énergétiques et environnementaux.
Longtemps délaissées car trop peu technologiques, l’agriculture urbaine
ou la promotion des réseaux urbains verts facilitant les circulations douces
et la mixité culturelle et sociale deviennent des contributions essentielles
à la ville durable, et sont de nouveau sources d’innovation et d’entre-
preneuriat technologique.
C’est cette réalité, cette diversité de la ville durable que nous tentons ici
d’esquisser avec vous, en en partageant les ambitions, les enjeux et les
réalisations comme les difficultés de mise en œuvre. La mode est récente,
la ville millénaire, et les projets ne couvrent qu’une part embryonnaire
du travail qui reste à accomplir… et auquel les Centraliens ont de
nombreuses contributions à apporter.
Nicolas Imbert (99)
Thème
Paris met en place une démarche
prospective et opérationnelle pour
co-construire la ville durable
Denis Baupin ...................................................2
Penser la ville de demain
Olivier Pol (02)................................................5
À nouvelles mobilités, nouvelle organisation
des réseaux et modes de transport
Ludovic Buc et Gaël Soreau ...........................8
Villes lentes et connectées, villes désirables ?
Isabelle Delannoy..........................................10
Aménagement durable des territoires,
une approche systémique
Thierry Marneffe (ECP 81) .............................13
La mise en œuvre de la ville durable :
retours d’expériences internationales
Cédric Vatier (ECP 99).......................................15
Transformer la ville : les solutions
sont locales et diversifiées
Nicolas Imbert (99).......................................16
Magazine
Technoscopie..................................................18
L’ingénieur et la Propriété Intellectuelle
• Actualité de la Propriété Intellectuelle :
Changement de la loi sur les brevets
aux États-Unis ..............................................20
Carrières
Réseau
• Un projet professionnel ? À quoi bon ? ....22
Centraliens
Centraliens du bout du monde
• Retour au pays… .......................................24
Vie de l’Association
• Toute la Belgique n’est pas divisée….......28
Vie de l’École
• Rentrée 2011 : des effectifs en hausse,
un recrutement diversifié,
des échanges dynamisés...............................29
• Le Master NanoScale Engineering fête
ses premiers diplômés...................................30
• Un nouveau Directeur pour l’ECL :
Frank Debouck (78)........................................31
• Renaud Vaillant (01) parrain
de la Promo 2014...........................................32
• La création d’un centre d’innovation
pédagogique YIN YANG (learning lab) ........33
Vie des Élèves
• Accueil des étudiants étrangers :
mission réussie ! ..........................................34
• Les Centraliens de Lyon sur l’eau ! ................35
• Gala de l’École Centrale de Lyon .................36
Le thème Villes durables a été coordonné par
Nicolas Imbert (99)
N° 586
Novembre / Décembre 2011
3. Centraliens CENTRALIENS DU BOUT DU MONDE
Tu as un parcours atypique,
quel a été ton leitmotiv durant
ces 20 ans de travail :
Difficile de répondre à cette question,
par un seul mot, mais je dirais que tout
ce que j’ai entrepris et réalisé durant
ces deux décennies, a été guidé par la
« passion »
La passion de l’innovation : toute mon
activité et la diversité des missions ont
en commun cette passion pour la mise
en œuvre de la technologie et l’indus-
trialisation des processus, d’autant
plus que je suis resté constamment à
l’écoute des signaux faibles qui
annoncent des changements de ten-
dances dans le secteur que j’ai choisi,
sans l’avoir vraiment étudié au cours de
mes études, les TI (Technologies de
l’information) ; tout en restant géné-
raliste - touche à tout -, je suis capable
de plonger dans les détails quand c’est
nécessaire, ça a été cyclique à l’image
du secteur, du client/serveur au web, en
passant par les architectures orientées
services et le cloud computing, la
passion m’a permis de me surpasser.
La passion de l’entrepreneuriat : dès
le début, je ne voulais pas avoir à
assumer une carrière professionnelle
non délibérément choisie ; ne trouvant
pas le « poste adéquat », j'ai fait un
choix personnel de lancer ma propre
entreprise NetProgress, spécialisée
dans les architectures des systèmes
d’information. En 2007, à travers une
opération de fusion-acquisition, j’ai
intégré le groupe OXIA, un leader du
Nearshore au Maghreb, où j’ai rejoint
une équipe d’entrepreneurs partageant
ma vision et mes valeurs. Dans cette
équipe, dont la majorité est issue des
grandes écoles françaises, figurent
deux ECL : Samir ZGHAL (91) et Hatem
CHEBEANE (95).
La passion de l’engagement : il n’a
jamais été question de rester en France
après mes études, situation que je
qualifiais de solution de facilité pour ma
carrière. Mon retour en Tunisie a été
guidé par un attachement à mon pays
et ma volonté de contribuer à son
développement. Mon pays a investi sur
moi et je lui dois un retour. D’où le choix
de l’enseignement supérieur et de la
recherche au début de ma carrière.
La passion de la transmission du savoir :
bien que j’aie quitté l’enseignement
Retour au pays
N° 584 - Juillet/Août 201124 N° 586 - Nov. / Déc. 2011
Khaled Ben Driss
(91)
• 1991 : Diplôme d’Etudes
Approfondies en génie électrique
(ECL – INPG)
• 1991-1994 : Ingénieur à Electricité
de France: Direction des Etudes et
Recherche (EDF - DER, Clamart)
• 1994 : Doctorat de l’Université Paris
VI, “Application de la théorie des
bifurcations à la prédiction des
résonances non linéaires à
l’enclenchement de transformateurs
à vide”. Mention très honorable
avec les félicitations du jury
• 1994-1995 : Responsable outils de
formation multimédia au Centre
National de Formation des
Formateurs et d’Ingénierie de
Formation (CENAFFIF)
• 1995-1999 : Maître-Assistant Ecole
Polytechnique de Tunisie
• 1999-2000 : Expert an 2000 auprès
du Secrétariat d'Etat à l'Informatique
• 2000-2002 : VP et Directeur
Technique chez Vermeg
• 2003-2007 : Architecte Système
d’Information à NetProgress
(Fondateur)
• 2007-2010 : Directeur Technique
à OXIA
• 2010 à ce jour : Directeur BU
ingénierie Logicielle à OXIA
Après huit ans d’études en France, il a préféré rentrer au
pays, où il est actuellement perçu comme le spécialiste des
technologies J2EE et des architectures SOA. Il compte à son
palmarès, la conception et la réalisation des premiers CD-Rom
multimédia en Tunisie (1994-95), et les premiers sites web
dynamiques (1997-99) ; il a contribué à la vulgarisation de
concepts d’architecture de Systèmes d’information (SI) dès
l’année 2000, et continue à soutenir des choix technologiques
innovants ainsi qu’une communauté open source très active.
20 ans après sa sortie de l’ECL en 1991, nous lui avons posé
quelques questions afin de nous éclairer sur son parcours
professionnel, durant lequel il avoue n’avoir jamais eu à
rédiger une demande d’emploi.
4. supérieur depuis 12 ans, je continue à
animer des séminaires et des con-
férences et à réaliser des actions de
coaching d’équipe, que ce soit sur des
thèmes en relation avec mon activité
professionnelle ou bien avec l’IEEE où
je suis Membre du comité exécutif de
la section Tunisie.
Tu as réalisé plusieurs projets
avec des grands comptes au
Maghreb et en Europe,
quel est le projet que tu
affectionnes le plus ?
Plusieurs projets peuvent être cités
dans ce registre, la réalisation des
premiers CD-ROM multimédia en
Tunisie, la définition et la réalisation de
Framework techniques pour des
éditeurs français, mais un projet, en
particulier m’est resté en mémoire
depuis 2005, tant par son originalité
que par sa complexité. Il s'agissait de
la migration automatique d’une dizaine
d’applications écrites dans les années
80 en Cobol vers un environnement
ouvert. J'ai proposé et réalisé une
migration automatique vers J2EE en
mode web. L’idée était de transformer
automatiquement 20 ans de code
source écrit en Cobol (Link II de Unisys)
vers un environnement web Java sous
un serveur d’application J2EE. Le
challenge a été relevé sur le volet
conceptuel et notamment par l’ému-
lation du comportement du « goto » du
Cobol non présent dans le langage
Java.
Que t’a apporté l’ECL,
qui te soit encore utile ?
De mon passage à l’ECL, j’ai conservé
la faculté de travailler en groupe ainsi
que la capacité de partir d’une feuille
blanche, sur des nouveaux sujets, et
d’aller au fond des choses. Par ailleurs,
le passage par la junior entreprise et la
présence de plusieurs entreprises
implantées sur le campus de l’Ecole,
ont développé, en moi, le gène de
l’entreprenariat.
Quelle est ta mission au sein
de OXIA ?
Implantée à Tunis, Alger et Paris, OXIA
est une SSII, de plus de 240 per-
sonnes, spécialisée dans le Nearshore
(infogérance et ingénierie logicielle).
Dans un premier temps, j’ai développé
une offre de conseil en technologie à
très forte valeur ajoutée, puis en
septembre 2010, j’ai pris en charge la
direction de la Business Unit ingénierie
logicielle où j’ai pour mission de déve-
lopper encore plus l’offre Nearshore
au sein du groupe, et de réaliser une
croissance à plusieurs chiffres.
Quels sont vos projets en cours ?
Nous développons, dans le cadre de
l’innovation, une nouvelle offre de
service autour du cloud computing qui
consiste à industrialiser le processus
de migration des applications exis-
tantes vers des plateformes PaaS telle
que celle de Google (App Engine) ou de
Microsoft (Azure).
Côté offre commerciale, nous travail-
lons sur la mise au point d’un modèle
de centre de service TRA (Tierce
Recette Applicatif) en Nearshore, avec
un équilibre entre un processus
d’homologation industrialisé, la maî-
trise de la technologie et le savoir-faire
métier.
Quels avantages trouves-tu
à travailler en Tunisie ?
La Tunisie est un pays où il est agréable
de vivre ; bénéficier de plus de
300 jours ensoleillés dans l’année ne
fait que booster le moral. Je bénéficie
d’un environnement professionnel
épanouissant dans une réelle proximité
avec l’Europe, si bien que je travaille en
Tunisie selon les normes et les stan-
dards européens. Après la révolution
du 14 janvier 2011, la Tunisie offre un
excellent climat des affaires, les coûts
sont parmi les plus compétitifs de la
région Euromed. Il faut y ajouter
60000 diplômés d’un niveau équivalent
aux standards européens ainsi que
l’offshoring qui présente un excellent
palmarès et s’inscrit dans le registre du
best cost.
Quelle sera ta contribution
à la Tunisie nouvelle ?
Je fais partie du Bureau de deux
nouvelles associations, créées après le
14 janvier 2011. La première est ADS
(Action et Développement Solidaire)
qui est une association agissant pour la
conception d'un programme de
gouvernance crédible et ambitieux
basé sur un développement solidaire
tant au niveau régional que social
ou trans-générationnel. La seconde
est AIDUCA, dont l’objectif est de
contribuer à l'amélioration de la qualité
de l'Education et des Systèmes de
Formation, pour une meilleure insertion
des jeunes dans la société civile, en
tant que citoyens, et dans le monde
professionnel, en tant que travailleurs.
Dans les deux cas, mon action a été
influencée par ma situation de père de
4 enfants, une fille et 3 garçons, et par
le fait que je pense que participer, à
travers le champ associatif, à apporter
des solutions aux vrais problèmes de la
société et à la mise à niveau éco-
nomique du pays, pour le bien des
générations à venir, est une aventure
passionnante.
25N° 586 - Nov. / Déc. 2011