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SOCIÉTÉ
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Le viaduc de
Carrefour, peut-on
encore l'espérer ?
Par Ritzamarum ZÉTRENNE
HAÏTI / ÉLECTIONS
Les commissaires du gouvernement
appelés à la neutralité
E
n prélude au premier tour
des législatives du 9 août, le
gouvernement haïtien a déjà
débloqué 40 % du montant
alloué au financement des élections
de 2015. Cent soixante-six partis
politiques agréés, dont 99 ayant des
candidats ont eu le temps de recevoir
leur subvention, selon les informations
fournies par le ministre délégué auprès
du Premier ministre chargé de la
Question électorale, Jean Fritz Jean
Louis, dans une interview accordée
au National.
Mieux vaut tard que jamais, dit-on.
Aussi modeste soit-elle, les partis
politiques et les candidats ont reçu la
subvention de l’État, promise dans le
cadre du processus électoral. Après
plusieurs semaines de tergiversations
autour de la formule à adopter pour
attribuer la subvention, les partis
politiques et les candidats ont
finalement pu recueillir le support
alloué aux élections. Un premier
versement de 200 millions de gourdes,
soit 40 % des 500 millions disponibles,
est déjà débloqué par le gouvernement
haïtien, nous a informés le ministre
chargé de la Question électorale, Jean
fritz Jean Louis. Ce montant, dit-il,
correspond aux 10 % alloués aux
partis politiques, 20 % dédiés aux
candidats à la députation ainsi que
les 10 % attribués aux candidats au
Sénat.
Chaque candidat à la députation
devrait recevoir pas moins de 61 mille
gourdes en divisant les 100 millions
(20 % du montant total) par les 1 621
candidats agréés à la députation par
le Conseil électoral provisoire (CEP).
Dans le cas des élections sénatoriales,
chaque candidat devrait recueillir
un montant avoisinant 215 mille
gourdes en faisant le quotient des 50
millions de gourdes destinées aux 232
candidats au Sénat.
Quarante pourcent de la
subvention déjà débloquéePar Noclès Débréus
JEUDI 6 AOÛT 2015 NUMÉRO 55
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT
Le ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir ( à gauche), s’adressant aux commissaires du gouvernement, le 5 août 2015 /
Photo : J. J. Augustin
« Henry Bazin restera
notre fierté », dixit
Anaïse Chavenet
par Jean Michel Cadet
Radio Pacific :
un coup de maître
2 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
TRIBUNE
C
ette problématique de la
surpopulation a été un thème
important dans le cadre du
Programme des Nations unies
pour l’environnement et de l’Agenda
21. La Conférence internationale sur
la population et le développement
au Caire, en 1994, fut une priorité
pour l’administration Clinton. Cette
conférence faisait suite à celle de
1974 à Budapest et celle de Mexico
en 1984. L’administration américaine
d’alors estima que la réunion de
Mexico n’avait pas atteint les objectifs
de contrôle de la population qu’ils
désiraient. Ils décidèrent de préparer
minutieusement celle du Caire.
Comme un auteur explique :
« De concert avec plusieurs pays
scandinaves et d’Europe de l’Ouest,
les technocrates des départements
de la population des Nations unies
et de la Banque mondiale, féministe,
antinataliste, et les ONG écologistes,
les clintonites cherchèrent à
orienter drastiquement l’objectif de
la conférence du Caire. Le package
(Population et développement)
resterait, mais le contenu serait
considérablement modifié. Ainsi
“la capacité porteuse de la terre,
“ l’égalité des sexes, l’équité et
l’autonomie des femmes et “ les
droitsreproductifs“supplanteraient
purement et simplement le
thème prévu « population et
développementcomme les vrais
sujets d’actualité. »
Le vrai agenda derrière les
politiques anti-CO2
Ces évènements permettent
de mieux comprendre certains
commentaires souvent utilisés par
les défenseurs de la théorie des
changements climatiques comme
celle de l’ancien sénateur du
Colorado Tin Wirth (c’est ce même
sénateur qui organisa la mise en
scène lors de l’audition de Jim
Hansen devant le Sénat américain
afin de mieux promouvoir
la théorie du réchauffement
climatique).
Ancien sous-secrétaire d’État
américain pour les problèmes
du globe sous l’administration
Clinton, il fut chargé avec Al Gore
de la préparation minutieuse de la
politique et des prises de positions
du gouvernement américain au
Caire :
« Nous devons enfourcher le cheval
de bataille du réchauffement cli-
matique. Même si la théorie du
réchauffement climatique est
fausse, nous ferons ce qui est bon
aussi bien pour l’économie que
pour la politique environnemen-
tale. »Que veut dire politique
économique ?
Une redistribution de la richesse
par le gouvernement ou le social-
isme. Cette citation se situe dans
le même sens que celle du pape
François dans son encyclique Lau-
dato si.
La plupart des objectifs de la
Conférence du Caire contredi-
saient les valeurs catholiques
traditionnelles. Dans une sortie
remarquée, six jours avant la
Conférence, le Vatican publia une
déclaration accusant Al Gore de
dénaturer l’objectif de cette Con-
férence en mettant l’emphase sur
l’avortement :
« Les préparatifs de la con-
férence commencèrent en avril,
de sorte que le pape Jean-Paul II
et ses collaborateurs avaient pris
les devants en la condamnant
comme susceptibles de légitimer
l’avortement comme moyen de
contrôle des naissances, ce qui
est en contradiction directe avec
la doctrine catholique romaine sur
le caractère sacré de la vie dès le
moment de la conception. »
Aujourd’hui, les attaques viru-
lentes de Joaquin Navarro-Valls,
porte-parole en chef du pape,
constituent une première, puisque
c’est la première fois que le Vati-
can accuse de manière formelle
et officielle les États-Unis d’être
les commanditaires principaux
des politiques pro avortement et
aussi la première fois qu’il avait
publiquement attaqué un officiel
américain de haut rang. Al Gore,
ancien vice-président des États-
Unis et membre de la délégation
américaine, a récemment affirmé
que « les États-Unis n’ont pas
cherché, ne cherchent pas et ne
chercheront pas à établir un droit
international à l’avortement », a
déclaré M. Navarro-Valls a une
conférence de presse aujourd’hui.
Pourtant « le document sur la
population, qui existe aux États-
Unis, principaux sponsors de cette
conférence, contredit, en réalité,
la déclaration de M. Gore ».
La Maison-Blanche nia ces accu-
sations qui irritèrent beaucoup
de membres du Parti démocrate,
comme le Los Angeles Times le
nota :
« Ce qui promettait d’être un
vif et nécessaire débat sur les
méthodes de contrôle de la
population est devenu susceptible
de se terminer sur une mauvaise
note, risquant ainsi de ternir
l’image de cette conférence. Les
détracteurs du document de
base sur lequel les négociations
de la conférence de l’ONU sur
la population alléguèrent : qu’il
favoriserait l’avortement comme
une méthode de planification
familiale, la santé reproductive
et le libertinage au détriment du
bien-être familial. Pendant huit
mois, le projet reçut le soutien
sans faille de l’administration
Clinton. Pourtant, deux semaines
avant le début de la conférence
du Caire, celle-ci commença à
reculer. Après que la hiérarchie
catholique dans ce pays mit en
garde le gouvernement américain
que les catholiques pourraient
quitter le parti démocratique, et
après qu’il fut devenu évident
que plusieurs pays islamiques
étaient sur le point de s’allier au
Vatican. Le vice-président Al Gore
et Timothy Wirth du Département
d’État affirmèrent alors que les
États-Unis poursuivaient plus ou
moins les mêmes objectifs que
ceux de l’Église catholique. Mais
c’était faux. » Avant la Conférence
du Caire, l’Académie nationale des
sciences (NAS) co-parraina une
rencontre avec Ted Turner (CNN),
le Pew Charitable Trust et une
branche de l’Université Harvard.
Le modérateur était l’employé
de CNN Marvin Kalb qui, en
introduction, lança « que le monde
est terriblement surpeuplé ». Al
Gore parla le premier et essaya
d’écarter le modèle de transition
démographique comme une
solution appropriée au contrôle
de la population. Typique de Gore,
comprenez : « Je suis riche avec
une grande empreinte de carbone,
mais vous n’êtes pas autorisés à
m’imiter. »
Le Vatican change de cap
Aujourd’hui, les choses ont bien
changé puisque le Vatican est
dans une mouvance différente que
celle du Caire. Comme l’a rapporté
le Time :
« Une convergence d’intérêts
inhabituelle entre les catholiques
romains et les leaders musulmans
ont mis les organisateurs de la
conférence, parrainée par l’ONU,
sur la défensive autour de sujets
particuliers comme l’avortement
et l’éducation sexuelle des ado-
lescents. »
Dans l’encyclique, le pape Fran-
çois rationalise les dernières affili-
ations et positions en mettant à
l’index ceux qui remettent en ques-
tion la preuve. Les scientifiques
sceptiques et d’autres points de
vue différents sont rejetés d’une
manière très peu chrétienne :
« Attitudes d’obstruction, même
de la part des croyants, peu-
vent aller de déni du problème
à l’indifférence, de la démis-
sion nonchalante ou la confi-
ance aveugle dans les solutions
techniques.» Heureusement, la
partie de l’Encyclique consacrée
aux changements climatiques
est minimale et somme toute
erronée. Les preuves fournies
montrent que ceux qui ont « atti-
tudes d’obstruction » sur le climat
sont corrects. Le thème principal
de l’encyclique est la population,
et ses errements dans ses rela-
tions avec l’environnement. Cela
détourne l’attention du climat et
revient à la question plus large
de la surpopulation, ce qui n’est
pas en soi une mauvaise chose,
car c’est un débat plus facile. Le
public comprend les principes
fondamentaux de la dynamique
de la population mieux que les
complexités du climat. En outre,
les catholiques rejettent les vues
de l’Église sur le contrôle des nais-
sances, comme l’indiquent les
statistiques. Cette tendance a vu
le jour malgré le fait que le con-
trôle des naissances ait fait l’objet
d’une précédente encyclique «
Humanae Vitae ». C’est une posi-
tion fascinante prise par des
hommes qui ne permettent pas
aux femmes d’être prêtres et pra-
tiquent le comportement le plus
contre nature : le célibat.
Le Vatican, le réchauffement climatique
et la surpopulation (2e partie)Par Rudolph Homère Victor , Météorologiste
« Peu importe que la science soit complètement bidon, il y a des bénéfices collatéraux pour l’environnement...
Le changement climatique nous donne la meilleure chance d’apporter la justice et l’égalité dans le monde. C’est
un excellent moyen pour redistribuer les richesses. » (Christine Stewart, ancienne ministre de l’Environnement du
Canada.)
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 3
ACTUALITÉ
Elections... J-2
Ceux qui ont eu à rédiger notre Constitution ont péché ! Est-ce volontairement ? On
en doute ! Par manque de connaissance de nos réalités culturelles ? On n’en est pas
certain. Ou plus simplement est-ce une recherche d’équilibre des pouvoirs face à un
exécutiftraditionnellement tout-puissant?Ainsi,onauraitdûavanceravectactsur
lanotiond’immunitéparlementaireenfaisantbiencomprendrequ’ils’agitdeprotéger
lesparlementairesdansl’exercicedeleurfonctionquiestfondamentalementcelledu
contrôledupouvoirexécutifetnonpasdeleuroffrirl’impunité.
Car avec cette conception du « chef » ancrée comme un cancer dans notre société,
l’immunité parlementaire est comprise par beaucoup de nos députés et sénateurs
commeledroit depasseroutreàlabienséanceetauxloisusuelles.Alors,ils peuvent
étaler,parfoisdemanièrepresquenévrotique,leurbesoind’exorciserleurpeurdela
pénurieetd’exercercepouvoirsurlesautresdontilsavaienttantrêvédanscepaysoù
leméprisdel’autredétruittantd’âmes.
Unsimplepolicierdevraitavoirledroitdeverbaliserunparlementairequibrûleunfeu
rouge.Etceparlementairedevraitrendrecompteàlajusticeaucasoùiloutrepasserait
sonmandat.
Unparlementairedevraitêtrelepremieràprêcherl’exemple,c’est-à-diremontrerson
respectdeslois,duprincipedelaséparationdespouvoirset,particulièrement,vis-à-vis
ducitoyenordinaire.
Notrepaysdevraitsedoterdetoutuncorpusdedispositionsetdeloisdevantcasser
cheznouslesailesdecetteconceptionperversedu«chef».
Celaatoujoursétédéplorabledevoirdesparlementairesavecdesprétendusgardes
ducorpsmunisdefusilsd’assaut.Personneneseposejamaislaquestionàsavoir:Qui
donneàcesparlementairesledroitdedisposerdetellesarmesetpourquoifaire?Et
surtoutpourquoionlaissefaire?Lafolieduchef!
Biensûr,nousavonstoujoursunexécutifqui,parcequ’élusansmajoritéparlementaire,
doits’acheterdesdéputésetdessénateurspourseconstituercettemajoritéet,dans
cecerclevicieux,l’équipegouvernementaleestalorsobligéede«bienservir»avecces
parlementairesetdetolérern’importequelleincartadedeleurpart.Le«bienservir»,de
partetd’autre,donnecequenoussavonstous:lacorruption,lamauvaisegouvernance
etcequecelaengendreparlasuite.
Le drame c’est que, dans presque tous les cas de figure, nous aurons un président
élu ne disposant pas d’une majorité au Parlement. Dans le contexte de déficiences
multiformeschroniquesquiestlenôtre,desvoixvonts’offrirpourlemarchandageet
nousretomberonsdanslesmêmestravers.
Commenousledisionsdansnotreprécédentéditorial,lescitoyenscomprenantl’enjeu
decesélectionsauronttrèspeudechoixce9août.Danscevastechampseméd’ivraie,
ilsdevronts’évertueràtrierlesbonsgrainsetàfairepreuved’unevigilancerenforcée
pendantl’exercicedumandatdeleurséluspourpréveniretétouffertoutevelléitéde
déviancedanscesystèmeexpertencooptation.
Gary VICTOR
Édito
La Fusion divorce de
l'équipe « Tèt kale »
par Reynold Aris
HAÏTI/POLITIQUE
C
’est la présidente du parti,
Edmonde Supplice Beauz-
ile, qui en a fait l’annonce
officiellement, le mercredi 5
août 2015, lors d’une conférence de
presse au local de la Fusion à Christ-
Roi. Elle a en outre informé que Victor
Benoît, Yvrose Myrthil Morquette et
Mozart Clérisson, respectivement
ministre des Affaires sociales et du
Travail (MAST), ministre à la Con-
dition féminine et aux Droits de la
femme (MCFDF) et secrétaire d’État à
l’Alphabétisation, ont déjà signé leur
lettre de démission suite à cette ren-
contre. Toutefois, les deux ministres
étaient absents, alors que le secrétaire
d’État avait pris place aux côtés des
conférenciers.
Il convient de souligner que cette
démarche fait suite aux agressions
verbales et menaces sexuelles
du président de la République à
l’endroit d’une citoyenne dans
la ville de Miragoâne, lors d’une
réunion politique, tenue le 28
juillet 2015. Une attitude dénoncée
par des organisations féministes
haïtiennes, qui ont marché dans les
rues de Port-au-Prince, le mardi 4
août dans la matinée. Ces militantes
ont demandé au chef de l’État de
faire des excuses publiques aux
femmes blessées par ses propos.
Selon l’ancienne sénatrice,
consternée, la Fusion des
sociaux-démocrates exprime son
indignation face aux dérives du chef
de l’État. Elle cite, en exemple, la
récente sortie du locataire du Palais
national dans le département des
Nippes. Elle a indiqué que le chef de
l’exécutif s’en est pris à la femme,
en l’avilissant et en l’attaquant dans
sa dignité de citoyenne. Tandis
que le seul péché de cette femme,
explique Mme Beauzile, résulte
du fait qu’elle a usé de son droit
constitutionnel en interpellant le
président de la République sur
l’indisponibilité de services sociaux
de base, notamment l’électricité
dans sa commune.
Par ailleurs, pour Mme Beauzile,
l’objectif principal est atteint. Le
processus électoral est en cours
avec la participation de tous
les acteurs de la vie politique, y
compris les plus irréductibles.
La première phase des élections
aura lieu dans quelques jours.
Elle exhorte les Haïtiennes et
Haïtiens, issus de toutes les
catégories sociales du pays, à se
rendre massivement aux urnes.
Aussi invite-t-elle la population à
sanctionner le Président qu’elle a
qualifié d’indigne, ainsi que son
parti ou tous les autres candidats
qui bénéficient de son soutien et
grâce auxquels il espère garder le
pouvoir.
C’en est trop !
Les scandales du président de la
République arrivent à leur comble.
« Après ses dérives lors du concert
de Lil Wayne et de Chris Brown au
Champ de Mars (Port-au-Prince),
affichées le 26 juin 2015, le
comportement du chef de l’État va
de mal en pis. S’ensuivent, entre
autres, celles de Mirebalais et
Belladère », s’insurge Mme Beauzile,
arguant que ce comportement
exaspère les membres de la Fusion.
Sondage du Brides :
une vaste plaisanterie
À la question du sondage, la
présidente de la Fusion s’en est
prise au Bureau de recherche en
informatique et en développement
économique et social (Brides). Elle
y voit un stratagème consistant
à préparer l’opinion publique en
ce qui concerne les résultats du
prochain scrutin présidentiel
comme cela avait été le cas en
2010. Elle affirme que cette
enquête d’opinion n’a rien à voir
avec les tendances sur le terrain.
Il s’agit, selon elle, d’une vaste
plaisanterie résultant d’une lutte
entre les groupes économiques
qui veulent maintenir le statu quo
en contrôlant le champ politique,
au détriment de la majorité de la
population.
De surcroît, Mme Beauzile a
souligné qu’aujourd’hui il n’existe
pas de différence entre les classes
« moyenne et pauvre » du pays. Les
deux, fait-elle remarquer, s’engagent
dans des stratégies de survie en vue
de subvenir à leurs besoins.
Près de sept mois après avoir intégré « le
gouvernement de consensus », le directoire de la
Fusion des sociaux-démocrates a décidé de rappeler ses
représentants. Ses ministres et son secrétaire d’État ont
été priés de remettre immédiatement leur démission
suite à une rencontre en séance extraordinaire tenue le
mardi 4 août 2015, dans la soirée.
Edmonde Supplice Beauzile, prési-
dente de la Fusion. / Ruben Chéry
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•••••••••••••
IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
Coup d'œil sur la
tendance des votes
pour les législativespar Stephen Ralph Henri
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
D
ansl’attentedel’organisation
du premier tour des scrutins
législatifs et la publication
des résultats définitifs,
respectivement planifiés pour les 9
et 19 août 2015, dans le calendrier
électoral officiel, et parallèlement à
la campagne électorale, le Bureau
de recherche en informatique et en
développement économique et social
(Brides), offre une première lecture
de la tendance de vote des citoyennes
et des citoyens, au moyen des résul-
tats d’un sondage effectué dans les
10 départements géographiques du
pays, du 27 au 31 juillet.
Dans son enquête, le Brides a
décidé de présenter les 5 premiers
candidats qui paraissent jouir
d’une meilleure appréciation de
la population. L’étude est conduite
sur la base d’un échantillon de
11 505 personnes. Seules 11
355 personnes ont répondu aux
questions des enquêteurs, soit, 3
446 femmes et 7 909 hommes. 150
personnes se sont abstenues. En
termes d’approche méthodologique,
« les résultats obtenus à partir de
l’échantillon ont été extrapolés
à l’ensemble de la population»,
explique le Brides dans son
document, faisant un total de 176
pages.
L’intentiondesgensdeparticiperaux
prochaines élections, l’âge, le sexe,
l’emploi du temps (l’occupation)
et la religion des répondants, sont
les critères de référence choisis par
la firme pour conduire le sondage.
Les répondants sont âgés entre 18
et 50 ans et essentiellement de
confession chrétienne.
Ancien commissaire du
gouvernement et candidat au Sénat
pour le département de l’Ouest
sous la bannière d’un nouveau parti
appelé Lide (Idée), Jean Renel
Senatus arrive en tête des sondages
avec 17.4 % des intentions de
vote. Il est suivi par le chanteur et
acteur Antonio Cheramy, dit Don
Kato, candidat de son côté sous la
bannière de la Plateforme « VERITE
», qui a reçu 9.9 % de l’intention de
vote de l’électorat.
Un autre membre de la plateforme
VERITE, Alix Didier Fils-aimé,
occupe la troisième place, avec
6.7 % des intentions. Louis Gérald
Gilles du parti Fanmi Lavalas et
Turnèb Delpé de la Plateforme,
mouvement patriotique populaire
dessalinien (Mopod) retiennent
consécutivement 5.7 et 5.1 % des
intentions de vote.
La marge d’erreur pour ce sondage
sur l’appréciation d’un candidat
par la population est comprise
entre 3 à 4 %. Les électrices et
électeurs doivent élire deux tiers
du Sénat, c’est-à-dire, 20 sénateurs
sur 30, pour compléter le Sénat,
actuellement dysfonctionnel avec
simplement 10 sénateurs. Chaque
département n’aura qu’à choisir 2
sénateurs.
Dans le département de l’Artibonite
(Nord), l’ancien sénateur, Youri
Latortue devance ses rivaux avec
39.4 % des intentions de vote.
Latortue est Candidat du parti
Ayiti An Aksyon (AAA, Haïti
en action). Également ancien
sénateur, Lévaillant Louis-Jeune,
prend la deuxième place avec
25,3 % des voies. Louis-Jeune
participe aux élections sous le
chapeau du parti Inite patriyotik
(Unité Patriotique). Patrice Israël,
de Fanmi Lavalas, Carl Murat
Cantave de la Konvansyon inite
demokratik (Convention de l’unité
démocratique), et Jean Claude
Délice de la plateforme Vérité, ne
parviennent qu’à atteindre le score
de 6.1, de 4.0, et de 3.9 %.
Les deux candidats, les mieux
placés dans le département du
Centre, sont en premier lieu Willot
Joseph avec 43 % des intentions
de votes. Il est du Parti Haïtien Tèt
Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk),
supporté par l’actuelle équipe
gouvernementale. Joseph Joël
Louis, de Kontra pèp la (Contrat
du peuple), bénéficie de 11 % des
intentions. Wilfrid Gélin, du Pati
Ayisyen tèt Kale (Parti haïtien
Tèt Kale, Phtk), Jean Junior
Jiha du groupement Bouclier, et
Emmanuel Mc Grégoire Chévry
du regroupement politique Lapeh,
se situent en troisième, quatrième
et cinquième position, en scorant,
9.3, 8.1 et 7,5 %.
LesmieuxplacésdanslaGrand’Anse
sont Guy Philippe faisant un
record de 51 % des intentions de
vote. Guy Philippe est candidat
du Consortium national des partis
politiques Haïtiens (Cnpph). Carl
Antoine de l’organisation du peuple
en lutte (Opl) parvient à occuper la
deuxième place, en recevant 11.2
% des intentions. Sorel Jacinthe,
a 9.7 %, avant Michel Clerié avec
9.4 % et Clotaire Jean St Natus.
Ils portent l’un après l’autre les
chapeaux d’Inite patriyotik (Unité
Patriotique), du Pati Ayisyen tèt
Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk),
et de Fanmi Lavalas.
Dans les Nippes Nenel Cassy vient
en tête, avec 36.8 % pour par
les potentiels électeurs, dans la
chaîne Léonard Sertulien Turenne,
de la Plateforme Rapwoche
arrive deuxième avec 18.2 % des
intentions. Francenet Denius, de la
Plateforme Vérité, l’ancien sénateur
Jean William Jeanty, de Kontra
pèp la (Contrat du peuple), et Liez
Edouard de la Konvansyon inite
demokratik (Convention de l’unité
démocratique), se succèdent sur la
liste, par rapport aux intentions.
Kelly C. Bastien de la Plateforme
VERITE gagne le Nord avec 27 %
d’appréciation des électeurs.
Nawoom Marcellus, candidat
de Bouclier a fait 16.6 % des
intentions. Dieudonné Étienne
Luma, Théodore Saintilus et Pelotat
Pierre discutent respectivement les
3 dernières places. Ronald Larêche
est placé en tête avec 42 % pour
le Nord-Est, après lui, le chanteur
Jacques Sauveur Jean. Les trois
autres sont en ordre respectif,
Chena Pierre Martial, Renan
Étienne et Bilgot Colas.
Dans le Nord-Ouest, Evallière
Beauplan du parti Pont, est
apprécié à 38.1 % des électeurs.
Laurent Beauge de Lapeh fait 15,8
% des intentions de vote. Henry
Désamours, Onondieu Louis et
Thomas Étienne sont les 3 autres
qui arrivent dans la chaîne. En
tête dans le Sud Yvon Bissereth,
avec 20 % des intentions de vote.
Richard Hervé Fouchard est second
et a gagné 13.8 % des intentions.
Francky Exius, Michelet Ariste, et
Kenol Mathieu se suivent.
Dans le Sud-Est, Joseph Lambert
ancien Sénateur jouit de la première
place, avec 31.2 % des intentions,
il est candidat sous la bannière du
Parti Haïtien tèt Kale. La deuxième
place revient à Ricard Pierre de la
Plateforme Pitit Desalin (enfants de
Dessalines), qui a fait 21 %. Dieupie
Chérubin de la Konvansyon inite
demokratik (Convention de l’unité
démocratique), Marc-Elder Charles
de Renmen Ayiti et Hebert Lahatte
de Respè (Respect) occupent les 3
dernières positions.
Les résultats au niveau de la
circonscription électorale pour les
candidats à la députation doivent
être pris avec des « précaution »,
car « ils ne représentent qu’une
simple indication ». Ajouté à cela,
la marge d’erreur pour ceux-ci,
dépasse 10 % par candidat.
Pour ce qui concerne les subventions
réservées aux candidats, ce sont les
partis politiques qui doivent faire
la demande au nom des candidats,
précise, Fritz Jean Louis. Ainsi, les
partis politiques agréés qui n’ont pas
de candidats reçoivent environ trois
cents mille gourdes comme subven-
tion alors que les 99 partis ayant des
candidats bénéficient aussi de ce
montant ainsi que des subventions
versées aux candidats au Sénat et à
la députation.
Alors que certains partis politiques
s’étaient montrés réticents quant à
cette subvention, le Ministre qui
n’était pas en mesure de confirmer
si tous les partis politiques ont déjà
retiré leur chèque, a informé qu’en
cas de refus par un parti de recevoir
la subvention, celle-ci restera dans les
caisses de l’État. Joint au téléphone
par la rédaction du journal concer-
nant ce dossier, Jean André Victor,
coordonnateur du Mouvement popu-
laire patriotique dessalinien (Mopod),
dit avoir déjà reçu cette subvention
allouée aux partis et aux candidats.
Le deuxième versement est prévu
après le premier tour des législatives,
a précisé le ministre Jean Louis,
annonçant qu’un communiqué sera
sorti qui invitera les concernés à sou-
mettre leur demande. Dans ce verse-
ment, les 15 % réservés aux partis
politiques ayant présenté un certain
nombre de candidats féminins, des
candidats vivant avec un handicap
et ceux ayant un niveau d’études
sanctionné par au moins une licence,
seront distribués et les partis seront
invités à faire valoir leur droit avec
des documents justificatifs. Cette
partie de subvention concernera tous
les candidats à tous les niveaux, a fait
savoir l’homme chargé de la Question
électorale au sein du gouvernement,
ajoutant que les partis politiques
devront soumettre un rapport pré-
liminaire de la première tranche de
subvention avant de pouvoir retirer
la seconde tranche.
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 5
ACTUALITÉ
Promouvoir la participation
des femmes et des handicapéspar Évens REGIS
HAÏTI/ÉLECTIONS
L
es élections approchent et les
organisations s’empressent
de faire entendre leurs voix.
Ronald Saint-vil, consultant à
Panos Caraïbe, en guise de justificatif
pour cette enquête réalisée en
collaboration avec Jean-Claude Louis
et Jean Pharès Jérôme, a fait étalage
des défis auxquels sont confrontées
les personnes pour lesquelles plaide
son organisation, ainsi que leurs
attentes pour les élections de cette
année. Dans son discours, il a fait état
d’un ensemble de recommandations
faites par les nombreuses institutions
rencontrées par Panos Caraïbe lors de
cette enquête réalisée sur une période
allant du mois de septembre 2014 à
juin 2015.
Mentionnés dans le rapport publié
et repris, pour renforcement, par
les deux présentateurs du jour,
Jean Pharès Jérôme et Ronald
Saint-vil, ces recommandations
constituent en majeure partie des
revendications des personnes à
mobilité réduite.
Avec ce rapport, indique M.
Saint-vil, Panos Caraïbe cherche
à sensibiliser les organisateurs
de ces prochaines élections à
la question de l’inaccessibilité
des personnes handicapées aux
différents centres et bureaux
de vote. Ainsi, le consultant de
l’organisation encourage-t-il les
membres le Conseil électoral
provisoire (CEP) à mettre à la
disposition de ces personnes
des accompagnements pour leur
faciliter l’accomplissement de leurs
devoirs civils et politiques.
Pour les aveugles, dit-il, le CEP
devrait penser à imprimer des
bulletins de vote en braille. En ce
qui concerne les sourds-muets, il
conseille aux conseillers électoraux
d’embaucher des personnes ayant
une connaissance de la langue des
signes, pour les aider le jour du
vote. Et pour d’autres qui souffrent
seulement de déficience physique,
il encourage ces mêmes conseillers
à penser à des centres et bureaux
de vote accessibles à ces personnes.
D’autres points abordés dans
ce rapport concernent la faible
participation, à hauteur de
8%, des femmes au processus
électoral. Plusieurs organisations
de la société civile et de femmes
leaders rencontrées par Panos
Caraïbes, raconte Ronald Saint-vil,
pointent du doigt les stéréotypes
et les pratiques d’exclusion qui
empêchent les femmes de se lancer
fermement sur la scène politique.
À en croire le consultant, la
discrimination, le manque de
crédibilitédesélections,leproblème
de financement, la privatisation
du droit à l’identité sont autant de
barrières qui empêchent les femmes
d’émerger. Toutefois, souligne-t-
il, certains partis politiques sont
responsables de cette situation,
parce qu’ils marginalisent aussi
les femmes, en leur refusant, bien
souvent, l’opportunité de se porter
candidates. Conscient du niveau
où l’on est avec les premiers tours
des législatives, Ronald Saint-vil, a
suggéré aux responsables de tenir
compte de ces recommandations
dans les prochains tours des
élections, au cas où il est quasiment
impossible de satisfaire ces besoins
fondamentaux à partir du premier
tour programmé pour le 9 août
prochain.
Panos Caraïbe, une organisation qui se donne pour mission d’amplifier la voix des pauvres et des marginalisés de
la zone, a présenté, mercredi, à la salle Olivia de l’hôtel Montana, un rapport sur la participation et les attentes
des femmes et des handicapés pour les élections de 2015 en Haïti. Cette enquête, menée plus particulièrement
dans les départements de l’Ouest, du Sud, du Nord et des Nippes, révèle que l’analphabétisme, la violence
électorale et la pauvreté sont les véritables freins à une entière participation de ces deux groupes au processus.
Promouvoir la participation des femmes aux élections. / Photo : un.or
Quarante pourcent de la subvention déjà débloquée
Par Noclès Débréus
HAÏTI/ÉLECTIONS/FINANCEMENT
» suite de la première page
Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Questions électorales,
Fritz Jean Louis. / Photo : J. J. Augustin
6 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
« Henry Bazin restera notre fierté »,
dixit Anaïse Chavenetpar Jean Michel Cadet
L
a nouvelle a été accueillie avec
beaucoup d’émoi. Un homme
honnête et intègre, l’un des
rares de sa génération, est
mort. La grande famille haïtienne,
l’intelligentsia en particulier,
regrettent le départ d’une telle
personnalité.Maislestracessublimes,
dit-on, laissé par Henry Bazin,
constituent une grande source de
fierté et de sentiment d’appartenance
à la nation haïtienne. Directrice de la
maison d’édition « Communication
Plus », Anaïse Chavenet qui a eu
l’opportunité de le côtoyer tant au
niveau professionnel que personnel,
affirme admirablement « Il restera
notre fierté. C’est bon de savoir qu’il a
existé ».Ce qui retient spécialement
l’attention de Mme Chavenet de
cet homme, c’est sa simplicité.
Une personnalité, dit-elle, d’une si
grande réputation tant au niveau
national qu’international mais qui,
pourtant, n’étalait pas son savoir.
« Il est l’élégance morale et
de l’esprit », s’exclame-t-elle
élogieusement de celui qui aura
été ministre de l’Économie et des
Finances sous le gouvernement de
transition de Gérard Latortue en
2004.
Faisant référence à cette période,
Anaïse Chavenet estime que M.
Bazin est resté invariablement lui-
même. Il a su continuer, témoigne-
t-elle, de mériter le respect de
tout un chacun même après son
passage au MEF. Un fait significatif
qu’il doit, pour plus d’un, grâce à sa
discipline de vie axée sur les valeurs
telles l’honnêteté et l’intégrité, alors
que certains hommes et femmes
d’État, à qui l’on prêtait une vie
exemplaire, voient généralement
leur manteau de gens de bien souillé
au terme d’une fonction occupée
dans l’administration publique.
Homme de grande culture, Mme
Chavenet affirme sans ambages,
son admiration pour cet amant de
la littérature. Alors qu’il était le
grand argentier de la République,
Henry Bazin, raconte-t-elle, était
venu assister seul à une conférence-
débat relative au roman féminin à
l’Institut français d’Haïti. Ce qui,
dit-elle, l’a beaucoup plu dans cette
épisode, c’est la simplicité du haut
fonctionnaire d’État venu assister
sans fanfare ni trompette à cette
activité culturelle, puis qui repart
tranquillement au terme de la
conférence.
Biographie
Natif de Saint-Marc, la vie de
Henry Bazin (son enfance et son
éducation) fut partagée entre les
villes de Limbé, Gros Morne et
Port-au-Prince. Il est le produit de
Simone et de Louis Bazin, qui fut
avocat, substitut du commissaire
du gouvernement et sénateur de la
République.
Rien d’étonnant qu’il devint plus
tard avocat et économiste fort de
ses études à la faculté de Droit
et des Sciences économiques.
Licencié en économie, il est parti
en Europe, en 1957, à la faveur
d’une bourse d’État pour parfaire
sa formation académique jusqu’à
ce qu’il décroche son doctorat en
économie.
Parcours professionnel
Henry Bazin est une figure connue
du monde international. D’ailleurs
il fit ses débuts dans l’enseignement
à l’école nationale d’administration
du Mali à Bamako. Il traine une
longue carrière de fonctionnaire
international en Afrique, en Europe
et aux États-Unis à titre de conseiller
de gouvernement ou membre
d’organisations internationales.
Cependant, il a su servir son
pays à plus d’un titre. Professeur
à l’université Jean Price Mars, à
l’Académie nationale diplomatique
et consulaire. Et surtout à
l’université d’État d’Haïti, son alma
mater.Soit aussi, comme cadre
travaillant à l’épanouissement
du secteur privé haïtien. D’abord
président de l’Association des
économistes haïtiens à deux
reprises avant de démissionner
pour accepter le poste de ministre
de l’Économie et des Finances.
Puis il a présidé le Conseil
d’administration de la chambre
de conciliation et d’arbitrage, une
institution permettant au secteur
privé de résoudre leur différend
sans avoir à recourir à la Justice.
Avant sa mort, un hommage mérité
lui a été rendu. Il a été intronisé,
en compagnie de Mme Gladys
Coupet, au panthéon de la Finance
haïtienne lors de la 2e édition
du colloque sur la Finance et la
Technologie appliquées, organisée
par la BRH et le Group croissance
le 23 avril 2012.
Henry Bazin est parti. Mais sa marque semble être indélébile. Décédé suite d’un cancer le mardi 4 août dernier,
cet économiste de renom est avant tout reconnu pour sa grande simplicité et son intégrité. Homme de grande
culture et fonctionnaire d’État irréprochable, tels sont entre autres les éloges qui couronnent son passage sur
cette terre.
Henry Bazin. / Photo : un.org
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 7
ACTUALITÉ
Radio Pacific : un coup de maître
HAÏTI/MÉDIAS
L
es candidats Alex Mick
Avin, de Bouclier, pour la
circonscription de Pétion-
Ville, René Lochard, candidat
à sa succession sous la bannière
du Parti Haitien Tèt Kale (PHTK),
James Jacques, de Konviksyon,
Steevenson Jean-Baptiste, du
Mouvement chrétien pour une
nouvelle Haiti (MOCHRENA), pour la
2e circonscription de Port-au-Prince
et Caleb Desrameaux de la plateforme
VERITE pour la circonscription de
Tabarre, étaient les invités de ces
journalistes.
Les aspirants parlementaires ont
tour à tour, promis, en cas de
victoire aux élections du dimanche
9 août, d’œuvrer au renforcement
de l’institution parlementaire,
d’adopter des lois susceptibles
d’améliorer les conditions de vie
de la population confrontée à de
graves difficultés économiques.
Dans le cadre de la vision de leurs
partis ou groupements politiques,
ces candidats ont également,
pris l’engagement de faciliter
aux jeunes, l’accès au crédit
pour développer leurs activités
économiques.
La protection de l’environnement,
la relance des activités
socioculturelles, le renforcement
des collectivités locales, ont été
aussi évoqués à cette émission qui
a duré plus de deux heures.
Pour lancer ses émissions, radio Pacific a fait un coup de maître. Le mercredi 5 août 2015, la 101.5 a réuni sur
un même panel les journalistes Yvener Foeshter Joseph, Israël Jacky Cantave et Frantz Exantus dans un débat
électoral qui a vu défiler plusieurs candidats à la députation de différentes circonscriptions électorales de la zone
métropolitaine.
8 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
MONDE
E
n se tournant vers la politique
internationale, un président
regagne facilement de la
popularité. Barack Obama et
François Hollande l’ont bien compris
puisqu’en faisant de la diplomatie
leur priorité numéro un, ils remon-
tent dans les sondages. En juillet,
grâce notamment aux accords avec
Cuba et l’Iran, Obama a vu sa cote de
popularité repasser au-dessus des 50
%. Dans une (bien) moindre mesure,
Hollande a profité de la crise grecque
pour remonter à 26 % d’opinions
favorables, score faible mais inespéré
pour le seul président français à avoir
plongé jusqu’à 13 % de popularité.
Afin de continuer sur cette lancée,
les deux présidents cherchent à
s’emparer du nouveau sujet brûlant
du moment : le réchauffement clima-
tique.
Le président américain Barack
Obama a lancé lundi son plan
contre la « grande menace » que
fait peser le changement clima-
tique sur la planète, insistant sur
l’urgence d’agir immédiatement et
annonçant une restriction inédite
sur les centrales électriques.
Il s’agit de l’un des « défis clés » de
notre époque, a estimé M. Obama
depuis la Maison Blanche, d’où il
a annoncé le Plan américain pour
une énergie propre (« America’s
Clean Power Plan »). Ce dispositif
rassemble une série de réglemen-
tations qui imposeront pour la
première fois aux centrales élec-
triques de réduire de 32 % d’ici
2030 leurs émissions de carbone,
par rapport à leur niveau de 2005.
Les centrales électriques sont en
effet responsables de 40 % des
émissions américaines de dioxyde
de carbone, le gaz le plus répandu
parmi ceux contribuant au change-
ment climatique. Pour appuyer
ses propos, Barack Obama a tenu
à souligner l’urgence d’agir et le
caractère historique de sa proposi-
tion : « Aucun défi ne représente
une plus grande menace pour
notre avenir et pour les généra-
tions futures qu’un climat qui
change. »
Continuant dans la même veine,
le président américain a tenu à
montrer qu’il se plaçait au-dessus
des contingences politiciennes,
l’un des fondamentaux de la
communication d’un président
choisissant la diplomatie : « La
plupart du temps, les problèmes
auxquels nous sommes confrontés
sont temporaires et nous pouvons
nous attendre à ce que les choses
s’améliorent si nous nous y attel-
ons, même progressivement. Mais
voilà l’un des rares problèmes – de
par son ampleur, de par sa portée
– que nous pourrions ne plus être
en mesure de régler si nous ne le
traitons pas. Et auquel nous ne
pourrions sans doute pas nous
adapter suffisamment », a-t-il
martelé.
Enfin, il n’a pas hésité à rappeler
que sa prise de position était histo-
rique, en décrivant les restrictions
imposées aux centrales électrique
comme « l’étape la plus impor-
tance dans la lutte de l’Amérique »
contre le changement climatique.
En s’emparant de ce sujet six mois
avant la COP21, Barack Obama se
met donc en bonne position pour
jouer un rôle majeur dans cette
conférence et profiter de son ray-
onnement. Celle-ci réunira 195
pays qui devraient s’engager à lim-
iter à 2 degrés Celsius la hausse de
la température mondiale générée
par les émissions de gaz à effet
de serre.
D’ici là, le président américain
est attendu dans les prochains
mois en Alaska pour y constater
l’impact du réchauffement cli-
matique. Il recevra également le
très populaire pape François à
la Maison Blanche, où les deux
hommes devraient lancer un appel
commun à l’action.
Mais face à cette offensive
écologique, François Hollande ne
compte surtout pas être en reste.
Un communiqué de l’Elysée nous
apprend qu’il a donc « salué le
courage du Président Obama »,
dont le plan « constitue une con-
tribution majeure au succès de la
Conférence de Paris sur le change-
ment climatique » organisée en fin
d’année, a-t-il ajouté.
Le président américain doit être
très touché par ces félicitations,
qui ressemblent davantage à une
grossière tentative hollandesque
de récupération. Car François Hol-
lande tient absolument à ce que la
France préside aux futures négoci-
ations écologiques mondiales. Et
il doit d’autant plus enrager que,
lors des précédentes conférences
de ce type, l’Amérique était restée
en retrait, comme ce fût le cas lors
de la ratification du Protocole de
Kyoto.
Dans le communiqué de l’Elysée,
cette volonté du président Hol-
lande d’être le maître de céré-
monie de la COP21 est palpable
: « La France va continuer de
fédérer toutes les initiatives pour
que les nations notamment les
plus développées prennent leurs
responsabilités. » Tout esbaudi
par l’éclaircie sondagière ou pani-
qué à l’idée de rater la dernière
occasion de laisser une trace
dans l’histoire, notre président ?
Quoi qu’il en soit, il ne compte
visiblement pas se laisser voler la
vedette.
François Hollande a donc mobil-
isé ses troupes pour rappeler à
Barack Obama que la France
est en pointe sur les questions
écologiques. D’abord, c’est la «
vice-présidente » et ministre de
l’écologie Ségolène Royal qui en a
remis une couche sur Twitter. Son
gazouillis, rédigé dans un franglais
que M. Obama aura peut-être du
mal à comprendre (s’il prend la
peine de le lire) rappelle que notre
pays a d’ores et déjà adopté la loi
de transition énergétique, modèle
pour tous les gouvernements du
monde. Puis c’est l’inénarrable
Jean-Christophe Cambadélis qui
a salué, grand seigneur, « un signe
encourageant pour la COP21 ».
Amen, ils vous le disent : la bonne
parole a été portée par-delà les
mers, sur tous les continents
de la terre. À moins que Barack
Obama n’ait tout simplement pré-
féré couper l’herbe sous le pied de
notre Saint François national, et
s’assurer que le combat du siècle,
dont dépend nous dit-on le sort de
l’humanité, soit encore une vic-
toire pour l’Amérique.
Climat: Hollande tire
la couverture de survie à luiSources : causeur.fr
Climat: Hollande tire la couverture de survie à lui. / Photo : Causeur.fr
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55 | 9
MONDE
Le pape appelle l'Eglise à ne pas traiter les divorcés
remariés comme des excommuniés
Sources : AFP
L
es divorcés remariés « font tou-
jours partie de l’Eglise » et ne
doivent pas être traités comme
des excommuniés, a affirmé
mercredi le pape François, alors que
le sujet s’annonce explosif au synode
sur la famille en octobre.
Sans remettre en cause le dogme
catholique sur le mariage religieux,
qu’il appelle régulièrement à remettre à
l’honneur, le pape a estimé « qu’un accueil
fraternel et attentif dans l’amour et la
vérité est nécessaire envers les baptisés
qui ont établi une nouvelle relation après
l’échec d’un mariage sacramentel ».
« En effet, ces personnes ne sont
pas excommuniées - elles ne sont
pas excommuniées ! - et ne doivent
absolument pas être traitées comme
telles. Elles font toujours partie de l’Eglise
», a-t-il martelé lors de son audience
hebdomadaire dans la vaste salle Paul
VI, provoquant des applaudissement
nourris. De plus, « il est nécessaire, par
amour de la vérité, de bien discerner
les situations, faisant par exemple la
différence entre qui a subi la séparation
et qui l’a provoquée », a insisté le pape.
Fin juin, lors de sa dernière audience
générale du mercredi avant une
suspension durant tout le mois de juillet,
Jorge Bergoglio avait déjà fait preuve de
pragmatisme en reconnaissant qu’une
séparation était parfois inévitable.
« Elle peut même être moralement
nécessaire, quand il s’agit de soustraire
l’époux plus faible, ou les enfants en
bas âge, aux blessures plus graves
causées par l’intimidation et la violence,
l’humiliation et l’exploitation, mais aussi
l’indifférence », avait-il expliqué. « Pas de
portes fermées ! Tous peuvent participer
d’une manière ou d’une autre à la vie de
l’Eglise », a martelé mercredi le pontife
argentin en évoquant la prière, la liturgie,
l’éducation religieuse des enfants, le
service des pauvres, l’engagement pour
la justice... mais pas les sacrements.
Pour l’Eglise, un mariage religieux ne
peut être dissous. Aussi, le droit canon,
considérant les personnes remariées
civilement comme infidèles à leur
premier conjoint, les exclut-elle des
sacrements, dont la communion.
L’excommunication est cependant une
sanction plus forte, puisqu’elle implique
aussi une exclusion de la communauté.
Prier pour ‘un miracle
La question de la place des divorcés
remariés dans l’Eglise, mais aussi celle
des homosexuels ou des unions civiles,
divise profondément l’Eglise, entre des
conservateurs, en particulier des pays du
Sud, braqués contre tout changement,
et une ligne plus moderne, désireuse de
réelles ouvertures.
La question a fait l’objet de vifs débats
lors du synode sur la famille à l’automne
2014, et devrait être encore au centre
du second synode en octobre, qui doit
élaborer des recommandations pour
le pape. Le document de travail de ce
second synode, rendu public fin juin,
a semblé présenter une synthèse entre
les ouvertures prudentes de certains
prélats occidentaux et la réaffirmation de
la doctrine. Il évoque ainsi la possibilité
d’un « chemin de pénitence » ouvrant la
voie à un retour à la communion pour
des divorcés remariés, mais avec des
conditions draconiennes qui pourraient
aller jusqu’à l’obligation de faire chambre
à part. Un consensus plus large existe
aussi en vue d’une simplification des
procédures de nullité matrimoniale,
visant à montrer qu’en raison d’un vice
de fond ou de forme, le mariage n’était
pas valide et n’a donc techniquement
jamais eu lieu. Dans une interview en
mars à une télévision mexicaine, le pape
avait mis en garde contre des « attentes
démesurées » d’une partie des fidèles
avant le synode. Mais lors d’une messe
pendant son voyage en Amérique latine
enjuillet,ilaaussiappeléàprierpour«un
miracle », afin de « trouver des solutions
et des aides concrètes aux nombreuses
difficultés et aux importants défis que
la famille doit affronter aujourd’hui ».
L
’option alternative à l’accord
sur le nucléaire iranien serait
une nouvelle guerre au Moyen-
Orient, a mis en garde mercre-
di le président des Etats-Unis Barack
Obama, exhortant le Congrès, dominé
par ses adversaires politiques, à ne
pas torpiller le texte.
Si le Congrès « tue cet accord », «
la crédibilité de l’Amérique comme
leader diplomatique. La crédibilité
de l’Amérique comme ancre du sys-
tème international » sera « perdue
», a également affirmé le président
dans un long discours défendant
l’accord conclu entre Téhéran et
les grandes puissances le 14 juillet.
« Un rejet de l’accord par le Con-
grès laisserait toute administration
américaine absolument détermi-
née à empêcher l’Iran de se doter
d’une arme nucléaire face à une
seule option: une autre guerre au
Moyen-Orient. Je ne dis pas cela
pour être provocateur. C’est un fait
», a martelé M. Obama.
Immédiatement, le président du
parti républicain, Reince Priebus,
a conspué dans un communiqué un
discours « alarmiste » dont Barack
Obama « devrait avoir honte ».
La probabilité que les élus améric-
ains entravent ce texte historique
ayant mis fin à douze ans de crise
diplomatique, est faible.
Mais les parlementaires sont en
plein débat sur le sujet et une
résolution de désapprobation de
l’accord sera probablement adoptée
avant le 17 septembre. Le président
pourra toutefois y opposer un veto
qui ne pourra ensuite être stoppé
qu’à la majorité des deux tiers.
Pour s’assurer qu’au moins un tiers
des membres du Congrès sont de
son côté, Barack Obama a donc
défendu le caractère historique
et pacifique de l’accord, estimant
que ce débat était pour les élus “le
plus conséquent” de la décennie
en matière de politique étrangère.
va-t-en guerre
Pour appuyer son propos, il a invo-
qué le discours prononcé par son
prédécesseur John F. Kennedy dans
la même enceinte universitaire en
juin 1963. Le président démocrate
y avait prôné la paix avec l’Union
soviétique face aux craintes d’un
conflit nucléaire.
M. Obama a aussi pointé du doigt les
va-t-en guerre de l’administration
Bush.
« Beaucoup de ceux qui ont milité
pour la guerre en Irak font désor-
mais campagne contre l’accord sur
le nucléaire iranien », a-t-il déclaré.
« De façon ironique, le plus grand
bénéficiaire de cette guerre dans
la région a été l’Iran, qui a vu sa
position stratégique renforcée par
l’éviction de Saddam Hussein, son
ennemi de longue date », a analysé
le président.
Le débat sur l’accord de Vienne a
considérablement refroidi les rela-
tions entre les Etats-Unis et Israël,
qui estime sa sécurité menacée.
Barack Obama n’a pas ménagé son
allié durant le discours, désignant
Israël comme étant le seul pays à
s’être publiquement exprimé contre
l’accord.
« Toutes les nations du monde qui
se sont publiquement exprimées,
à l’exception du gouvernement
israélien, ont apporté leur soutien
» au texte, a affirmé Barack Obama
dont le discours était retransmis et
traduit en hébreux à la radio pub-
lique israélienne.
L’accord du 14 juillet entre l’Iran
et les grandes puissances prévoit
de limiter au nucléaire civil le pro-
gramme iranien en échange d’une
levée progressive et réversible des
sanctions internationales imposées
à son économie.
Discours didactique
Réitérant les engagements de son
chef de la diplomatie, John Kerry,
qui a âprement négocié le texte,
Barack Obama a promis d’être
ferme à l’égard des Iraniens.
Si l’Iran triche sur le nucléaire «
nous pourrons les attraper et nous
le ferons », a-t-il déclaré.
Au fil de son intervention qui a
duré 55 minutes, le président s’est
efforcé d’être didactique, détaillant
le contenu de l’accord point par
point et rappelant les origines du
désarmement nucléaire.
L’ancien professeur de droit con-
stitutionnel a usé de son ton de
prédilection pour démonter les
arguments des pourfendeurs de
l’accord, qui ont selon lui déboursé
des « dizaines de millions de dollars
» dans des publicités négatives.
Enfin, il a concédé que la levée
des sanctions laissait à Téhéran le
champ libre sur la gestion de son
économie.
Une partie des fonds débloqués
par la levée des sanctions sera con-
sacrée à des « activités terroristes
», a-t-il reconnu faisant écho aux
arguments de ses détracteurs.
Mais pour le président américain,
l’essentiel de l’argent devra être con-
sacré par les autorités iraniennes à
améliorer la situation de la popu-
lation, qui a souffert de plusieurs
années d’asphyxie économique en
raison des sanctions.
Même « un régime aussi répres-
sif que l’Iran ne peut ignorer les
espoirs » suscités parmi la popula-
tion, a-t-il estimé.
Obama défend l'accord sur le nucléaire
iranien, brandissant le spectre d'une guerre
Sources : AFP
Le président américain Barack Obama. / Photo : abcnews.go.com
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55 JEUDI 6 AOÛT 2015
ÉCONOMIE
500 à 600 millions de dollars
par an perdus pour le fisc à cause
de la contrebande
Par Therno N. A. Senelus
COMMERCE/CONTREBANDE
C
ette estimation des pertes
fiscales illustre la probléma-
tique de la perception des
taxes et impôts le long d’une
ligne frontalière de 360 km de lon-
gueur, entre les deux pays.
À Malpasse, l’un des principaux
points d’échange entre Haïti et
la République dominicaine, la
contrebande intensive reste et
demeure un handicap pour la per-
ception fiscale. Les agents doua-
niers de la AGD semblent être
dépassés par l’ampleur du prob-
lème et se révèlent incapables de
contrôler les activités de contre-
bande très lucratives dans la zone.
La contrebande, selon la défini-
tion officielle, désigne le transport
illégal de marchandises ou de per-
sonnes, en particulier au travers
de frontières, ceci afin d’éviter de
payer des taxes ou de faire entrer
des produits interdits dans un
pays ou, inversement, d’en faire
sortir malgré l’interdiction.
Contrebande ‘légale’ ?
En dépit d’un accord bilatéral
signé en février 2014 à Jimani
entre les deux États pour lutter
contre la contrebande, la fraude
et les trafics illicites le long de
la frontière haïtiano-dominicaine,
ce phénomène de la contrebande
persiste dans la zone frontalière.
Plusieurs personnalités du secteur
des affaires, dont l’industriel et
président de la Chambre fran-
co-haïtienne de commerce et
d’industrie, Grégory Brandt, ont
déploré le peu de résultats obte-
nus dans la lutte pour mettre un
terme sinon réduire ces activités
qui amenuisent les revenus fis-
caux et constituent un important
enjeu pour la production natio-
nale. Ces entrepreneurs lancent à
nouveau un appel aux dirigeants
du pays pour que soit instauré un
vrai dialogue entre les deux pays
en vue de trouver des solutions
durables à ce problème.
Grégory Brandt a exprimé sa
préoccupation face aux con-
séquences d’une situation qui
aggrave la fragilité économique
du pays. À cet effet, il a évoqué
un néologisme, la « contrebande
légale », une sorte de perception
extra-institutionnelle qui devient
monnaie courante.
Rappelant des initiatives mises sur
pied pour aider l’État à faire face
au phénomène de la contrebande,
Grégory Brandt s’est exprimé en
ces termes : « en novembre et
décembre 2011, nous avons dis-
cuté à l’hôtel Caribe autour d’un
meilleur dispositif d’exploitation
des opportunités de croissance
du pays, à travers un partenariat
public privé ».
La réforme fiscale : un impératif
Il a par ailleurs évoqué les
échanges autour de la nécessité
d’une réforme fiscale, dans la
perspective d’un élargissement
de l’assiette fiscale. « En 2012,
a-t-il rappelé, nous avons invité
la Banque mondiale à proposer
d’autres formes de gestion en fis-
calité dans le but d’augmenter le
rendement fiscal. En 2014-2015,
une autre série de conférences
portait sur les échanges inégaux
et non compétitifs supportés par
une frontière où sévit la contre-
bande au détriment des entrepris-
es haïtiennes ». Un phénomène
qui, a-t-il regretté, reprend de la
vigueur.
Le président de la CFHCI se
demande pourquoi cet argent n’est
pas collecté ? Une réponse qu’il
estime difficile à trouver. « Nous
ne sommes pas le ministère des
Finances, nous ne sommes pas la
douane ».
Ce phénomène est à l’origine
d’une compétition déloyale et illé-
gale pour les entreprises honorant
leurs redevances fiscales. Selon sa
compréhension du phénomène,
la contrebande se fait en général
secrètement. Alors que la « contre-
bande légale » dit-il, se fait au vu
et au su de tout le monde. Tout le
monde, incluant les contreband-
iers, ont en main un document
indiquant qu’il a payé. Plusieurs
institutions publiques reçoivent
leur part du butin. Un argent qui
semble ne jamais arriver dans les
caisses du Trésor public.
Argumentant, chiffres à l’appui
sur les activités de corruption
responsables de la persistance de
ce phénomène dans la zone de
Malpasse, un homme d’affaires
qui a requis l’anonymat s’en prend
à l’administration Martelly qui dit-
il, cautionne ce qui se passe actu-
ellement dans la frontière.
Selon des révélations de cet
homme d’affaires qui garde
l’anonymat, Haïti connait un
manque à gagner sur la frontière,
représentant une perte annuelle
de plusieurs centaines de mil-
lions de dollars US. Le calcul
est simple. « En considérant les
chiffres d’environ 1.6 milliard
de dollars USD d’importation de
la République dominicaine, et si
nous appliquons un taux de taxa-
tion de 30 %, nous dépassons les
350 millions de dollars de pertes
fiscales », a-t-il commenté.
La situation ne montre aucun
signe véritable de changement
dans la zone frontalière. La contre-
bande est y toujours dynamique.
Une grossiste rencontrée, ce
mardi, dans la ville de la Croix-
des-Bouquets donne son avis sur
le phénomène de la contrebande
: « je suis grossiste. Je vends des
produits en gros, soit aux domini-
cains, soit aux commerçantes et
commerçants à Port-au-Prince et
même dans les villes de province.
Je suis toujours dans la zone fron-
talière.
Je peux vous dire que la contre-
bande est toujours en vigueur.
Malgré les différentes initiatives
prises par les deux pays, rien n’est
encore clarifié. Que les deux pays
s’entretiennent à nouveau pour
résoudre ce problème ».
De surcroit, la grossiste, qui ne
mâche pas ses mots, impute la
responsabilité de l’aggravation
de la situation aux responsables
douaniers des deux pays qui,
selon ses propos, ne disposent
d’aucun vrai outil pour freiner la
contrebande. Elle a affirmé que «
Ce sont des employés du gouver-
nement haïtien, a-t-elle accusé,
qui pervertissent le système.
La grossiste a conclu son entretien
en prédisant que si le prochain
mandataire de la Nation, ne prend
pas ce dossier à cœur, chaque
année la frontière sera pour le
pays une circonstance aggravante
de fragilité économique. « Le gou-
vernement haïtien devrait trou-
ver une alternative économique
tout en luttant contre des activi-
tés de contrebande néfastes pour
l’économie du pays, notamment
par l’élaboration d’une politique
publique appropriée, adaptée à
la situation pour les communes
proches de la ligne frontalière »,
a-t-elle insisté.
La frontière haitiano-dominicaine, c’est aussi et surtout près de 500 à 600 millions
de dollars US non collectés par la douane à cause de la contrebande. Un manque à
gagner pour le fisc haïtien. L’Administration générale des douanes (AGD) a du pain
sur la planche.
TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH)
>Taux moyen d’achat
53.3302 GDES
>Taux moyen de vente
53.8628 GDES
COURS DE
LA GOURDE
5 AOÛT 2015
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 11
ÉCONOMIE
A
San Nicolás de los Garza,
dans le Nord du Mexique,
le maire de la ville a trouvé
une méthode efficace pour
améliorer la propreté de sa ville :
afficher publiquement le portrait des
pollueurs qui jettent leurs déchets sur
les trottoirs.
Des panneaux publicitaires
pour afficher les pollueurs
Le Mexique n’arrête pas le progrès,
alors que l’on apprenait récemment
l’interdiction des animaux sauvages
dans les cirques du Mexique, voilà que
le pays décide de s’attaquer à la pollu-
tion avec une méthode radicale mais
efficace. D’immenses panneaux pub-
licitaires sont parqués dans les quatre
coins de la ville, avec en légende «
arrêté pour cochonnerie », situé sous
le portrait d’un homme, posant tel un
délinquant dans un commissariat.
Pour le maire de la ville, Pedro Sal-
gado, cette sanction publique, ajoutée
à une amende et une arrestation « sera
appliquée à toute personne accumu-
lant trois infractions », a t-il déclaré
lors d’une conférence de presse. Le
premier pollueur a été affiché le 28
juillet dernier sur « le tableau de la
honte », tel qu’il a été baptisé par le
maire.
Le coupable était un multi-récidiviste,
sanctionné à trois reprises depuis mai
pour avoir déposé ses ordures dans
la rue. Une action coup de poing qui
a suscité rapidement la colère des
défenseurs des droits de l’homme.
Un projet original pour
diminuer les déchets au
Mexique
Selon le maire de la ville, près de
25 tonnes de déchets sauvages sont
ramassés chaque jour. Pour la ville,
c’est un vrai problème puisque ces
déchets bloquent l’évacuation des eaux
vers les égouts, ce qui provoque des
inondations pendant les périodes de
pluies.
Alors que les agents municipaux vien-
nent ramasser tous les matins les
ordures ménagères avec un système
où ils signalent leur arrivée aux habi-
tants afin qu’ils sortent leurs ordures,
certains préfèrent jeter leurs déchets
dans la rue et le plus souvent la nuit,
en dehors des horaires de ramassage.
Alors que des extraits de la loi sont
disponibles sur le site de la chaîne
Fox News Latino(1), celles-ci précisent
bien qu’il est interdit aux habitants
de jeter des branches, des ustensiles,
des animaux morts, et tous type de
déchets dans les terrains vagues, les
espaces publics, parcs et autres sites
non autorisés.
Si ce projet incite les habitants à faire
attention où ils jettent leurs détritus,
l’expérience serait peut-être intéres-
sante à reproduire ailleurs.
Au Mexique on affiche le portrait et
le nom des pollueurs récidivistesPar Hugo Quinton | ConsoBlogue
ENVIRONNEMENTURBAIN
Pour améliorer la propreté de la ville, le maire de San
Nicolás de los Garza, au Mexique, a décidé d’afficher
publiquement le portrait des pollueurs qui jettent
leurs déchets sur les trottoirs !
D’immenses panneaux publicitaires sont parqués dans les quatre coins de la
ville, avec en légende « arrêté pour cochonnerie » | © Ronaldo Schemidt / AFP
REDEVANCEINCITATIVE
Réduire les déchets avec les poules
Sources : Terra Eco
D
e plus en plus, la mode est
à l’élevage de poules créoles
– poul peyi - à domicile. Des
poules consommatrices de
grains garantis sans OGM*, sans
colorants et sans conservateurs. Une
façon de se garantir une alimentation
saine et une meilleure qualité de vie.
Des poules pour manger les
déchets organiques
Cela ressemble un peu à une blague
et pour cause : c’en était une au
départ, lors d’un conseil munici-
pal, entre une adjointe au Maire et
une conseillère municipale. Afin de
diminuer la redevance incitative pour
les ordures ménagères prévue dans
la loi Grenelle I’on pourrait diminuer
le volume d’ordures en donnant les
déchets organiques à des poules. Une
idée finalement conservée par Lydie
Pasteau, maire de la commune, qui
décide d’acheter 62 poules pondeuses
de Loué, et les proposer aux 206 habi-
tants du village.
31 foyers volontaires pour
accueillir des poules
C’est ainsi qu’en septembre 2012,
un tiers des familles du village ont
accueilli deux poules pondeuses. Les
foyers ont signé un accord, s’engageant
pour deux ans. « On n’a rien inventé
! », commente Sylvie Pasteau, « Nous
avons tous vu nos parents avoir des
poules au fond du jardin, à qui ils don-
naient leurs restes ». Pas de coq dans
le village, néanmoins, afin de garantir
la sérénité auditive.
Dialogues entre voisins
Curieusement, même entre 206 habi-
tants, on ne se parle pas forcément,
et élever des poules a rapproché des
gens qui ne s’adressaient pas la parole.
« Des gens qui ne se parlaient pas
s’enquièrent désormais de leurs poules
respectives, les enfants apprennent
que les œufs ne sortent pas des boîtes,
on apprend à mieux trier nos déchets
», explique la première adjointe Nicole
Foucault. Certaines familles ont même
mis leurs poules en colocation, afin
de partager le poulailler. Quant aux
enfants, ils apprennent d’où viennent
les œufs. Les poubelles, elles, sont sor-
ties trois fois moins souvent. Une jolie
initiative, qui en inspirera peut-être
d’autres.
*Un OGM (Organisme Génétiquement
Modifié) est un organisme vivant
(animal, végétal, bactérie) dont le pat-
rimoine génétique a été modifié par
l’homme pour lui donner des nouvelles
propriétés. Ceci permet de créer des
organismes qui autrement n’auraient
jamais existé dans la nature.
La commune de Pincé, dans la Sarthe (France), a proposé à ses habitants qui font de l’élevage de poules dans leur
jardin d’en prendre chez eux, afin de réduire le volume de déchets collectés.
S
elon des résultats définitifs,
l’indice vedette Dow Jones
Industrial Average a perdu
10,22 points à 17 540,47
points, tandis que le Nasdaq a gagné
34,40 points à 5 139,95 points.
Le S&P 500, un indice élargi sur
lequel préfèrent se baser beaucoup
d’investisseurs, a avancé de 0,31 %,
soit 6,52 points, à 2 099,84 points.
L’évolution plutôt favorable de
Wall Street « est liée aux chiffres
économiques » du jour, a résumé Peter
Cardillo, de Rockwell Global Capital,
soulignant que le Dow Jones avait été
plombé par une très mauvaise perfor-
mance du géant des divertissements
Disney.
Dans le détail des indicateurs, les
investisseurs ne se sont pas laissés
abattre par des chiffres décevants
de la société ADP sur les créations
d’emplois en juillet, de mauvais augure
deux jours avant un rapport mensuel
très attendu sur l’emploi, pour rete-
nir l’annonce d’une accélération bien
supérieure aux attentes de l’activité
dans les services le même mois, selon
un indice de l’association profession-
nelle ISM.
Avec « un chiffre correct sur le com-
merce international », ces données
« montrent que la croissance est là,
peut-être pas très forte, mais certaine-
ment là », a jugé M. Cardillo, estimant
que même le chiffre d’ADP témoignait
d’une amélioration continue du
marché de l’emploi.
A son plus haut niveau depuis sa créa-
tion en 2008, l’indice sur les services
« rappelle que des pans entiers de
l’économie profitent en fait des cours
bas des matières premières, en par-
ticulier le pétrole », a jugé Chris Low,
de FTN Financial.
Les cours du pétrole, encore en baisse
mercredi, ont rechuté début juillet
après une période de stabilisation pen-
dant le printemps et se rapprochent de
leurs plus bas niveaux depuis la fin des
années 2000.
Dans l’ensemble, « la Bourse com-
mence à se rendre compte que
l’économie peut supporter une hausse
des taux » de la Réserve fédérale (Fed)
et qu’une telle mesure, qui marquer-
ait le retrait d’un important soutien à
l’économie, « ne va pas faire avorter
la croissance des bénéfices des entre-
prises », a conclu M. Low.
A ce titre, l’un des gouverneurs de la
Fed, Jerome Powell, a jugé mercredi
dans un entretien à la chaine CNBC
qu’il était trop tôt pour se prononcer
sur une possible hausse en septembre.
La veille, un autre responsable de la
banque centrale, Dennis Lockhart,
s’était montré plus enthousiaste face
à une telle éventualité.
« Je pense que ces divisions sont
entretenues artificiellement, et qu’une
hausse en septembre reste une pos-
sibilité », a estimé M. Cardillo.
Time Warner baisse
Parmi les valeurs, Disney, qui a
annoncé une hausse de ses bénéfices
trimestriels, portés par la force de ses
marques, mais un chiffre d’affaires
décevant, a chuté de 9,17 % à 110,53
dollars.
Egalement dans le secteur, le studio
DreamWorks s’est effondré de 12,43 %
à 21,00 dollars après avoir doublé sa
perte nette au dernier trimestre.
Le groupe de médias Time Warner a
perdu 8,96 % à 79,80 dollars malgré
des résultats meilleurs que prévu au
second trimestre, notamment grâce au
jeu vidéo « Batman: Arkham Knight »
et à la vidéo en streaming.
L’éditeur de jeux vidéo Activision Bliz-
zard a bondi de 11,84 % à 28,71 dol-
lars, après avoir relevé ses prévisions à
la suite d’un deuxième trimestre meil-
leur que prévu, où ses jeux en ligne
(Warcraft, Destiny) se sont notamment
distingués.
La biotech Baxalta, spécialisée dans
les maladies rares, a pris 0,54 % à
37,30 dollars au lendemain du rejet
d’une OPA hostile de 30 milliards de
dollars du groupe pharmaceutique
Shire, coté à Londres.
Par ailleurs, l’ancienne maison mère
de Baxalta, le laboratoire pharmar-
ceutique Baxter a avancé de 4,52 % à
42,13 dollars, après que l’investisseur
activiste Daniel Loeb a révélé dans un
document boursier avoir pris une par-
ticipation de 7 % dans le groupe.
Le marché obligataire reculait. Vers
20H45 GMT, le rendement des bons
du Trésor à dix ans montait à 2,271 %
contre 2,224 % mardi soir, et celui des
bons à 30 ans à 2,942 % contre 2,900
% auparavant.
12 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
Wall Street a fini de façon dispersée mercredi après un excellent indice sur le secteur des services, qui a largement
fait oublier des chiffres moins encourageants sur l’emploi: le Dow Jones a cédé 0,06 % mais le Nasdaq a pris
0,67%.
ÉCONOMIE
Porto Rico est en faillite, mais la « Grèce des
Caraïbes » n'est pas aussi mal en point que celle
d'Europe
Sources : Le HuffPost avec AFP
«
Moody’s considère cet événe-
ment comme un défaut de
paiement », a indiqué une vice-
présidente de l’agence, Emily
Raimes, dans un communiqué trans-
mis à l’AFP. Parfois surnommé la «
GrècedesCaraïbes»,PortoRicodevait
rembourser lundi 3 juillet quelque 58
millions de dollars de dette contrac-
tée par une agence gouvernementale
mais n’en a remboursé que 628 000
dollars. « C’est, selon nous, la première
étape d’un défaut général sur sa dette
», a ajouté la responsable de Moody’s,
assurant que Porto Rico n’avait pas les
« moyens » d’honorer l’ensemble de ses
échéances financières. Dans un com-
muniqué distinct, Melba Acosta Febo,
le président de la banque porto-ricaine
de développement, bras financier de
l’île, avait assuré que le non-paiement
reflétait « les graves inquiétudes » sur
la crise de liquidités qui frappe le ter-
ritoire.
Les Etats-Unis excluent tout
plan de sauvetage
Les finances porto-ricaines ont été
durement frappées par l’annulation en
2006 d’un système d’exemption fiscale
pour les entreprises. Il a provoqué une
récession économique et une flambée
du chômage. Ce territoire bénéficie
d’un statut hybride, sans faire partie
des 50 Etats américains, il bénéficie
d’une forte intégration économie,
juridique et monétaire (dollar améri-
cain).Les Etats-Unis ont déjà exclu
tout « sauvetage » financier de l’île qui
s’expose désormais à des poursuites en
justice de ses créanciers, pour la plu-
part des fonds de pension américains.
Contrairement aux villes américaines
comme Detroit, Porto Rico n’a pas la
possibilité légale de se déclarer en fail-
lite pour restructurer sa dette à l’abri
de ses créanciers. Une proposition de
loi lui accordant cette possibilité a été
déposée au Congrès américain mais
elle est restée lettre morte.« En cas de
statu quo, sans un régime légal qui a
déjà fait ses preuves, la solution des
problèmes financiers de Porto Rico
serait chaotique, longue et coûteuse
pour Porto Rico mais plus générale-
ment pour les Etats-Unis », a mis en
garde fin juillet le secrétaire américain
au Trésor Jacob Lew.
L’archipel américain de Porto Rico, en profonde crise économique, a fait défaut sur une partie de sa dette de 73
milliards de dollars en n’honorant pas un remboursement attendu le lundi 3 août, a indiqué l’agence de notation
Moody’s.
Wall Street finit en ordre dispersé une séance
plutôt optimiste
Sources : AFP
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 13
JUSTICE
Avis judiciaire
Par ces motifs, le Tribunal, après
avoir délibéré conformément à la
loi, jugeant par défaut et à charge
d’appel dit et déclaré : Accueillir
l’action des requérants pour être
régulière en la forme et juste et
fond, Dire que le contrat de bail à
loyer liant les parties est de plein
droit résilié du fait que le sieur
Jean Fritz DIEUJUSTE n’a pas
honoré ses redevances locatives
depuis plus de quatorze mois ;
Ordonner en conséquence son
déguerpissement des lieux avec
exécution provisoire sans caution
nonobstant appel ou Pouvoir en
Cassation , condamner le sieur
Jean Fritz DIEUJUSTE à payer
les sieurs Jean Jacques COICOU
et Gilbert COICOU la somme de
vingt mille gourdes (20.000.00
GDES) à titre de dommages et
intérêts tout en leur donnant acte
de leurs réserves de le poursuivre
par devant qui de droit au moment
opportun pour les loyers dus et
à échoir, Condamner le sieur
Jean Fritz DIEUJUSTE aux frais
et dépens de l’instance de ce
jugement.
AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS
Me. Jean Rigaud Duret, Juge de
Paix suppléant du Tribunal de
paix de la Section Est de Port-
au-Prince, en audience civile et
publique du 13 mai 2015, avec
l’assistance de la dame Victoriette
PIERRE Greffière.
Il est ordonné etc…
En foi de quoi etc…
Pour Expédition Conforme
Collationnée
Me. Vladimir E. YAYO
Avocat
Avis judiciaire
Par ces motifs, le Tribunal, après
avoir délibéré conformément à la
loi, jugeant par défaut et à charge
d’appel dit et déclaré : Accueillir
l’action des requérants pour être
régulière en la forme et juste et
fond, Dire que le contrat de bail à
loyer liant les parties est de plein
droit résilié du fait que le sieur
Julien GEROME n’a pas honoré
ses redevances locatives depuis
plus de douze mois ; Ordonner en
conséquence son déguerpissement
des lieux avec exécution provisoire
sans caution nonobstant appel ou
Pouvoir en Cassation , condamner
le sieur Julien GEROME à payer
les sieurs Jean Jacques COICOU
et Gilbert COICOU la somme de
vingt mille gourdes (20.000.00
GDES) à titre de dommages et
intérêts tout en leur donnant acte
de leurs réserves de le poursuivre
par devant qui de droit au moment
opportun pour les loyers dus et à
échoir, Condamner le sieur Julien
GEROME aux frais et dépens de
l’instance de ce jugement.
AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS
Me. Jean Rigaud Duret, Juge de
Paix suppléant du Tribunal de
paix de la Section Est de Port-
au-Prince, en audience civile et
publique du 13 mai 2015, avec
l’assistance de la dame Victoriette
PIERRE Greffière.
Il est ordonné etc…
En foi de quoi etc…
Pour Expédition Conforme
Collationnée
Me. Vladimir E. YAYO
Avocat
Remerciements
La famille Michel remercie tous
ceux qui lui ont témoigné leurs
sympathies après le décès de Jean
Baptiste Edgard Michel survenu le
15 juillet 2015 à l’hôpital Bernard
Mevs à l’âge de 82 ans.
Des remerciements spéciaux
aux pasteurs Régniel Louis et
Bergemane Henri de l’église
de Dieu de la rue du Centre,
pasteur Angelet Charles de
l’église évangélique Piscine du
Saint-Esprit de Tabarre, Pasteur
Roger Wilson Charles de l’église
Communion La Manne d’Haïti
à Pétion-Ville, Pasteur Dathus
Solaire, aux diacres et fidèles de
l’Assemblée de l’église évangélique
Shékina de Delmas, aux amis
prêtres, religieux et religieuses,
aux délégations des groupes et
chorales des églises protestantes
et catholiques.
Les remerciements de la famille
Michel vont également à monsieur
le juge Samuel Baucicaut,
mademoiselle Daphney Paul, au
staff de l’hôpital Bernard Mevs,
aux collègues de bureau de Michel
Studio Photo Store, aux collègues
de bureau de la Food For the
Poor, aux collègues de bureau
de l’Autorité Portuaire Nationale
(APN), aux anciens collègues de
l’hôpital Saint François de Sales,
aux membres de la famille élargie
et amis.
PETITES ANNONCES
«
Le ministère de la Justice en
sa qualité d’administrateur
de la Justice s’assure de
la fonctionnalité et de la
disponibilité de l’appareil judiciaire
avant, pendant et après les élections
», a dit le Garde des sceaux de la
République faisant aussi état des
mesures de sécurité déjà adoptées
par le Conseil supérieur de la police
nationale (CSPN). Me. Casimir a
demandé aux parquetiers d’attirer
l’attention des juges de paix de
leurs juridictions respectives sur
les articles 11 et suivants du code
d’instruction criminelle relatifs la
manièredeprocéderdesjugesdepaix
sans oublier les articles 19 et suivants
traitant relatifs aux commissaires du
gouvernement.
« Dans l’accomplissement de leurs
tâches, les juges ainsi que les
commissaires du gouvernement
doivent garder une stricte neutralité et
être à la disposition de tout justiciable
quelle que soit sa chapelle politique »,
a insisté le ministre rappelant que les
portes des parquets et des tribunaux
devront restez ouverts durant toute
la journée électorale du 9 août, de 6
heures a.m. à 6 heures p.m. Les juges
de paix devront aussi délivrer des
procès-verbaux à la demande de tout
justiciable qui en aura fait la demande.
Ces derniers, selon le ministre, ne
devront pas se faire prier quand leur
service sera requis. Les procès-verbaux
seront délivrés rapidement et sans
aucun frais de la part du justiciable,
qu’il soit candidat ou pas.
En ce qui a trait au fonctionnement
des parquets durant la journée du 9
août, le ministre énuméré une liste
de dispositions administratives : les
substituts commissaires doivent être
présents à leur bureau ce dimanche, il
en est de même pour les juges de paix,
un numéro de téléphone doit être à la
disposition de la population en cas de
besoin.
Le ministre croit que les officiers
du parquet doivent se garder de
faire des déclarations dans la presse
et il prodigue le même conseil aux
magistrats du siège. Si ce n’est
pour des informations relatives au
fonctionnement de leurs bureaux
respectifs, le ministre ne voit pas de
quoi un magistrat pourrait parler dans
la presse en ces temps d’élections.
Me. Casimir espère aussi que le Conseil
supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ)
va réitérer les mêmes consignes à
l’endroit des juges du siège tout en
leur demandant aussi de se mettre
disponible le jour du scrutin.
Sur le plan procédural, les juges
de paix seront saisis par les bureaux
électoraux communaux (BEC) en
matière d’infractions à la loi électorale.
Au terme de l’actuel décret électoral,
les infractions à la loi électorale
sont classées dans la catégorie des
contraventions, donc relevant de la
compétence de la justice de paix.
Les commissaires du gouvernement
qui participaient à la rencontre ont
aussi parlé à la presse pour fait état
des réalités de leurs zones respectives
et précisé les mesures prises de concert
avec la police locale. Le commissaire
du gouvernement près le tribunal de
première instance de Jacmel, Me. Jean
Antoine Feraud dit vouloir déléguer des
substituts comissaires dans des zones
réputées rouges dans le département
du Sud-est, telle la ville de Belle Anse.
Son collègue du parquet de Hinche,
pour sa part, avoue que son
département est réputé très violent en
période électorale. Des villes comme
Maïssade et Lascohobas sont souvent
très bouleversées et le commissaire
dit avoir reçu des informations
selon lesquelles des candidats ont
déjà fait venir des bandits dans ces
zones, à l’approche des élections.
Il confirme cependant que des
patrouilles répétées de la police ainsi
que des perquisitions judiciaires
ont déjà permis l’arrestation de
presque tous ces bandits ainsi que
la confiscation de plusieurs armes à
feu. Les commissaires disent compter
sur le renforcement de la présence
policière dans les différentes villes du
pays, tel que promis par les autorités
gouvernementales.
Les commissaires du
gouvernement appelés
à la neutralité
par Eddy Laguerre
En plus des notes et des circulaires transmises aux
différents chefs des parquets de la République à
l’approche des élections, le ministre de la Justice et
de la Sécurité Publique, Me. Pierre-Richard Casimir
a convoqué les commissaires du gouvernement, ce
mercredi 5 août 2015, pour leur rappeler les consignes
liées à la gestion des dossiers judiciaires durant la
période électorale. A un moment où les situations de
violence tendent à se multiplier dans certaines zones
du pays, le Ministre invite les magistrats à avoir la loi
comme boussole et la neutralité comme crédo.
HAÏTI/ÉLECTIONS
» suite de la première page
14 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
L
’apparence physique importe peu, la plupart du temps.
De ce fait, on attend toujours qu’une personne prononce
sa première phrase pour savoir dans quelle catégorie la
classer. Cela est dans la nature humaine. Les étiquettes.
Cela nous colle à la peau comme une seconde nature. C’est
devenu un besoin social. Ironiquement, le vocabulaire fait un
homme. Qu’il soit riche ou pauvre. Ici, il faut aussi bien savoir
parler le français et faire attention au vocabulaire. Après tout, «
Où foutre vont-nous dans ce pays ? » sans ce bon français ! Étant
donné que peu d’entre nous sont lettrés, nous avons fini par nous
limiter au niveau de la langue employée. Présentement, cela en
dit long sur une personne. Surtout, si en tant que personne haut
placée, on chante « I don’t care… I don’t give a damn… kite mele
dada m… I don’t give a shit… ». Il ne parle pas français mais il
fait encore mieux : il parle le fameux anglais ! La conclusion la
plus sensée est assurément : personnage parfaitement éduqué
et plus que qualifié pour de grandes responsabilités. Catégorie :
pourquoi pas en faire un président ?
N’avons-nous pas pour habitude de constamment rappeler à la
jeunesse d’aujourd’hui qu’elle est l’avenir de demain ? C’est un
poids qui pèse lourd quand les bases reçues sont faibles. Quoi
de mieux, pour l’orientation, que de passer à la télé des séries
télévisées où l’acteur principal apprend aux enfants comment
bien se tenir en société ? Passez-les une fois, deux fois et plus et
dans moins de temps qu’il ne faut pour le dire tous les enfants
chanteront « grate, frape pye w » toute la sainte journée. Alléluia !
Les parents peuvent dormir avec l’esprit tranquille car l’avenir du
pays est assuré. Il est assuré d’autant plus que la nouvelle carrière
qui fait rêver les petits Haïtiens est celle de chanteur. La plupart
aspire à devenir rappeurs. La classe ! Les filles en bikini, les fesses
qui applaudissent, les seins qui rebondissent, les voitures (dont on
n’est pas le propriétaire qu’on affiche au vidéoclip), etc. Et comme
les Haïtiens savent ce qui est bon pour eux, cela fera « hit » puis «
I swear to God, m ap milyonè ». C’est ça, la belle vie ! Catégorie :
célébrités qui font de merveilleux enseignants en passant…
Jusque-là, il n’y a rien à blâmer dans notre société. Nous avons
les modèles qu’il faut pour un demain comme il se doit. Le seul
point ou le bât blesse, c’est quand BDH (Blackout d’Haïti) décide
d’entrer en compétition avec EDH (Électricité D’Haïti). Comme
ordinairement la victoire du premier suit toujours celle du second,
la jeunesse se met toujours à l’infinitif. Du coup, ils occupent leur
temps comme ils peuvent vu que, à part la télévision, il ne leur
reste plus de distractions.
En toute logique, ouvrir un livre pour apprendre de nouveaux mots
est une perte de temps. Rien de plus normal que notre lexique
regorge d’expressions qui incluent majoritairement « kaka » et
« bouda ». On se sent repu : « Bouda m plen. » On veut faire
comprendre qu’on ne rigole pas : « M pa nan kaka ak moun ! » Et
on s’en passe ! Pour s’en choquer, il aurait fallu que ce soit quelque
chose d’anormal. Non. IL FAUT savoir pimenter son langage pour
faire plus d’impact. Certains gagnent même leur respect ainsi !
Soyons sérieux. Est-ce que cela vaut le coup d’ouvrir un livre ?
Catégorie : les futurs meilleurs chefs de gangs…
Vocabulaire
par Edna Blaise
U
n chauffeur de bus assurant
le trajet Carrefour-Feuilles
- Centre-ville gare son
véhicule dans un coin.
Sans aucune pudeur, il ouvre à demi
la portière du véhicule, s’arrange de
manière que personne ne le voie et
libère sa vessie. Il arrose le sol de son
urine.Ilsefichedequipeutl’observer.
Son seul souci est de pisser. Il le fait
pour ne pas mourir. Si quelqu’un
osait lui demander pourquoi il fait
cela, à coup sûr, il répondrait par
cette interrogation : « Ou vle m kite
pise a touye m ? » Dans l’extrême
cas, ce dernier pourrait envoyer la
personne « niquer sa mère ».
Cette pratique devient monnaie
courante dans la société haïti-
enne. Elle remonte à plusieurs
années. Ces derniers temps,
même des femmes, de manière
plus élégante, se cache derrière
une voiture pour se libérer. Pisser
à ciel ouvert est perçu comme
normal dans la société alors qu’un
tel geste devrait être passible de
sanctions. « Pourquoi l’anormal
devient-il normal dans le pays ?»
s’interrogent les esprits avisés.
Les différents gouvernements
successifs n’ont jamais pensé à
gérer cette affaire. Cependant,
l’avant-projet du nouveau code
pénal haïtien prévoit dans son
article 956 « une amende pour les
contraventions de la quatrième
classe à quiconque commet
volontairement une action indé-
cente dans un endroit public en
présence d’une ou de plusieurs
personnes ».
Le naturel du geste laisse indif-
férents les passants, les politici-
ens, la société civile qui ne daig-
nent même pas se demander
pourquoi des pissoirs ne sont
pas conçus pour la satisfaction
de ce besoin biologique.Le centre
urbain de Port-au-Prince, comme
c’est le cas de toutes les villes
du pays, n’est pas aménagé pour
offrir aux usagers les infrastruc-
tures devant favoriser la satis-
faction de certains besoins. Il
n’y a pas de gares routières, de
véritables parcs d’attraction dans
le pays. Somme toute, des pis-
soirs publics doivent être placés
partout pour desservir les citoy-
ens. Ainsi, estime plus d’un, on
n’aurait pas à assister au geste qui
porte atteinte à la pudeur. « Voilà
pourquoi, semble-t-il, personne
ne s’étonne de voir des gens sat-
isfaire ce besoin biologique à ciel
ouvert partout», laissent entendre
certaines personnalités du pays.
Qu’on se rappelle le spot pub-
licitaire diffusé sur la Télévision
nationale d’Haïti après les travaux
de rénovation qui interdisait aux
citoyens de pisser sur le gazon
des places publiques. Même s’il
les invite à protéger le patrimoine
matériel public, on ne prévoit
pas les conditions qui rendraient
légitimes les sanctions contre
les violateurs. Donc, la légalité
de l’interdiction et de la sanction
que sa violation peut entraîner
n’implique pas ipso facto leur
légitimité au regard de l’absence
d’infrastructures pour la satisfac-
tion des besoins biologiques.
En d’autres termes, l’application
des lois et des sanctions prévues
pour leur violation devait nécess-
iter des conditions d’applicabilité
qui ne sont jamais mises en place.
Conséquemment, le spot est tou-
jours en diffusion sur la chaîne
publique et les gens continuent
de pisser à ciel ouvert. Ils ne le
font pas sur le gazon. Mais dans
les coins de rue, les corridors ou
sur les pneus de leurs voitures.
Si l’absence d’infrastructure dans
les lieux publics peut expliquer
ce comportement et même le
légitimer à un certain point, il ne
faut pas omettre de parler d’un
manque d’éducation civique et
morale des gens. Les gens igno-
rent qu’à « la qualité du citoyen
se rattache le devoir civique qui
est l’ensemble des obligations
citoyennes dans l’ordre moral,
politique, social et économique,
comme le mentionnent les arti-
cles 52 et 52.1 de la Constitution.
Ainsi, chaque citoyen aurait su
qu’il a le devoir de respecter les
lois selon le point b de l’article
52.1. Et par conséquent, aucun ne
commettrait des gestes, comme
celui de pisser n’importe où à ciel
ouvert qui porterait atteinte à la
pudeur et à la morale.
Si l’État a l’obligation de mettre
des pissoirs publics dans les sta-
tions de transports, les places
publiques et dans tous les lieux
publics, l’éducation civique et
citoyenne des gens s’avère néces-
saire. Ainsi, le geste qui porte
atteinte à la pudeur ne sera plus
perçu comme une norme dans la
société haïtienne. Pisser est un
besoin physiologique à satisfaire,
parfois de toute urgence. Mais
respecter la loi est un devoir. Il
reste à espérer la mise en place
des infrastructures qui per-
mettraient à chaque citoyen de
remplir ce devoir.
Pisser à ciel ouvert :
une norme dans la
société haïtienne
par CHERISCLER Evens
En Haïti, on pisse partout, n’importe où et à n’importe
quelle heure. Enfants, jeunes et vieux s’arrangent
toujours pour satisfaire ce besoin physiologique à
chaque coin de rue qui s’offre à eux et sans aucune
pudeur. Au fil des ans, ces espaces jaunis par l’urine
libèrent une odeur puante.
HAÏTI/ÉLECTIONS
JEUDI 6 AOÛT 2015 N0
55 | 15
SOCIÉTÉ
Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ?
Par Ritzamarum ZÉTRENNE
D
epuis la fin du mois
de juin, les travaux de
construction du viaduc
au carrefour de la marine
haïtienne, à Carrefour, ont cessé. Il
n’y a plus de bennes, de camions, de
gros tracteurs et d’autres matériels
liés à ces types de travaux. Plus
d’hommes au travail, d’ingénieurs,
de topographes, d’employés coiffés
donnant l’impression que les travaux
avancent. Le chantier est vide. La
fondationdéjàcreusée,laferrailledéjà
disposée sur le terrain sont les seuls
élémentsàprouverquelestravauxont
commencé. Les séparateurs utilisés
pour isoler le lieu de travail de la
rue et des passants sont transformés
désormais en panneaux sur lesquels
s’affichent les photos des candidats.
Le viaduc de Carrefour est-il encore
à espérer ? Telle est la question
que se posent les habitants de
cette commune. Il paraît qu’ils
sont impatients de voir leur ville
dotée de pareilles infrastructures.
« Peut-être qu’ils ont abandonné le
projet ! C’est leur habitude dans le
pays. On ne termine pas toujours
les projets », avance un homme qui
vend des appareils électroniques
aux abords du boulevard Jean-
Jacques Dessalines, à proximité
de la marine haïtienne. « Je
suis ici tous les jours. Cela fait
un bon bout de temps que je
ne vois personne travailler sur
le chantier. Moi, je dis toujours
à ceux qui manifestaient un
grand engouement à voir cette
réalisation qu’il fallait attendre»,
a ajouté cet homme d’une manière
convaincue, comme pour marquer
son scepticisme quant à la
réalisation d’un tel projet.
Un conducteur de « taptap »
qui assure la liaison centre-
ville/Carrefour raconte que la
construction de ce viaduc aurait
été d’une grande utilité pour le
transport dans la commune. Il
a également fait savoir qu’une
telle construction amplifierait la
beauté de la zone et faciliterait
davantage la circulation. « Si on
le fait réellement, cela diminuera
les embouteillages et embellira la
commune. Mais on n’en est pas
encore là », se désole-t-il. Aucun
des citoyens rencontrés dans
la commune ne veut croire que
les travaux reprendront un jour,
surtout en pleine année électorale.
Aussi, cela provoque le regret de
ceux dont les maisons ont été
démolies dans le cadre de ce
projet.
De petits commerçants qui
utilisent les trottoirs pour vendre
leurs produits ne restent pas
indifférents. « Le Président a
voulu montrer qu’il fait quelque
chose pour le pays, mais rien de
sérieux », ont déclaré quelques-
uns d’entre eux. Le trottoir
qu’ils utilisaient autrefois est
désormais un canal creusé par la
compagnie dominicaine Estrella,
chargée de réaliser ce projet.
Mais malgré tout, ils se créent
des espaces au milieu de ce canal
pour continuer leurs activités.
Le ministre des Travaux publics,
Transports et Communications,
Jacques Rousseau, a pourtant fait
savoir, en 2014, que le viaduc de
Carrefour serait inauguré au mois
de septembre 2015. Vu la lenteur
exaspérante dans la réalisation et
la matérialisation de ces travaux,
les habitants de la commune
de Carrefour ont déjà tiré leur
conclusion.
La construction du viaduc, a fait
savoir le ministre des Travaux
publics, au cours d’une rencontre
avec la presse, en octobre 2013,
accuse un montant de 14 millions
de dollars américains tirés des
fonds Pétrocaribe. « Ces travaux
qui doivent être exécutés par la
firme de construction dominicaine
Estrella devraient prendre fin
avant ceux relatifs au viaduc
de Delmas », avait rappelé le
Ministre.
Cette nouvelle administration de l’État haïtien a promis de construire deux ponts à étagement (viaduc) dans la
région métropolitaine. L’un sur la route de Delmas et l’autre dans la commune de Carrefour. Ces ponts devraient
être construits dans le cadre du plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti. Si le premier est
en cours d’achèvement et attend son inauguration, le second, qui devait s’inaugurer au mois de septembre
prochain, rampe encore à ses prémisses.
Vue partielle de l’emplacement du viaduc de la commune de Carrefour.
16 | N0
55 JEUDI 6 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
Des ébénisteries pour sauver
la production nationalePar Stéphanie Balmir
D
u morne Lazare à l’avenue
John Brown (Lalue), l’on
rencontrera au moins
trois ébénisteries. Ces
ateliers fabriquent des meubles de
toutes sortes : chaises, tables, lits,
entre autres. Bas Lalue, non loin de
Poste-Marchand, des meubles sont
exposés sur le trottoir, empêchant la
circulation des piétons. Les autres,
des passagers en majorité, attendent
le transport public. Des voitures vont
et viennent à la station d’essence.
Dans le même espace fonctionne
l’atelier de Bourdeau Theriel.
Cet homme de 40 ans est ébéniste
depuis les années quatre-vingt-
dix. Installé sur le parking de
l’ancien « Lalue Supermarket » qui
a pris feu quelques années plus
tôt, il est accompagné d’environ
25 jeunes hommes qui ont appris
le métier sur le tas. Dix-sept ans,
depuis qu’ils jouent des pieds et
des mains pour vivre de ce métier
qui tend à disparaître.
Ce père d’une famille de quatre
enfants avoue que la situation
est très difficile. « Je vends des
meubles par hasard. Les clients
disparaissent les uns après les
autres. ». Pourtant, il doit donner
mensuellement environ 3 000
gourdes au propriétaire du terrain
sur lequel il travaille. Et c’est là
le premier problème que pose
Theriel : « Je n’ai pas de terrain
où je pourrais travailler. Je dois
payer le propriétaire du terrain
tous les mois. Cependant, quand
je ne vends pas, il me comprend
et accepte d’attendre le prochain
mois », lâche-t-il le regard lointain.
Le deuxième problème découle
de la concurrence qui affecte la
production des meubles locaux.
Il est à noter que la concurrence
se divise en trois groupes : les
showroom de fournitures de
maisons, les meubles usagés
(pèpè) qui envahissent le
marché et les bois qui viennent
de l’étranger. Theriel affirme
ne pouvoir rien faire pour
contrecarrer la concurrence. « Je
ne fais que regarder les clients
partir. Quand ils viennent, les prix
qu’ils proposent sont inférieurs au
coût des produits. Je ne peux pas
vendre parce que je dois payer les
autres et nourrir ma famille. »
En effet, plusieurs clients
viennent, regardent les meubles
et repartent sans rien acheter. «
Ils me disent que le Blanc travaille
mieux, que les « pèpè » sont moins
chers et qu’ils préfèrent acheter
leurs meubles dans les showroom
parce que ces meubles sont de
meilleure qualité ». Malgré tout,
Theriel continue de travailler.
En revanche, il argue que les
meubles locaux sont de loin
supérieurs à ceux importés puisque
les bois dont ils sont fabriqués
sont solides, durables, donc, faits
pour l’ébénisterie. «Nous avons
des bois exceptionnels pour la
fabrication des meubles en Haïti.
Quand tu fabriques un meuble
en acajou ou en chêne, il dure
beaucoup. C’est toi qui en seras
fatigué. » Par rapport au soleil et
à la pluie dont les clients ont peur,
l’ébéniste rassure : « Le vernis
protège les meubles et contre le
soleil et contre la pluie. Quand il
pleut, je veille à ce qu’ils ne soient
pas trempés. J’ai des bâches pour
les protéger. »
Aussi fier qu’il soit de son métier et
de ses meubles, le quadragénaire
a laissé entendre qu’il a deux
autres métiers. Pourtant, tout cela
ne suffit pas. « J’ai trois métiers
mais je ne peux pas subvenir
facilement à mes besoins. Je
vends des meubles rarement. La
ferronnerie n’est pas non plus une
grande source de revenus. Quant
à l’électricité, n’en parlons pas.
Pour nourrir ses quatre filles et sa
femme, Theriel fait des économies
et achète des provisions en gros.
« Quand je vends un meuble,
j’achète du riz, de l’huile. Comme
ça, les enfants ne mourront pas
de faim. »
Pour cet ébéniste qui compte
déjà dix-sept ans dans le métier,
seuls les mois de novembre et de
décembre apportent une bonne
recette. Et ce, c’était il y a trois ou
quatre ans. « Durant ces mois, je
vendais au moins 25 000 gourdes
de meubles. C’est différent
maintenant. Je vends de moins
en moins. Mais je reste confiant
parce que je veux encourager la
production nationale. »
Interrogés sur ses objectifs dans le
métier, Theriel a répondu qu’il a
deux grands besoins. D’abord, un
atelier digne de ce nom et ensuite
une maison d’exposition.
Le premier parce qu’il redoute
de perdre ce terrain et le second
parce qu’il aimerait avoir plus
de clients. « Les Haïtiens aiment
bien l’apparence. Peut-être
que si j’avais un showroom, ils
viendraient acheter en plus grand
nombre ». Il s’appuie donc sur la
promesse d’un candidat qui lui
rendu visite il y a quelques jours
pour réaliser ses rêves. « J’espère
qu’il sera élu et qu’il tiendra sa
promesse », ajoute-t-il les yeux
pleins d’espoir.
Un jeune de l’atelier partage les
réflexions de Theriel. « La situation
est difficile mais nous gardons
espoir. Nous devons subvenir à
nos besoins, nous ne pouvons pas
rester les bras croisés. » Il avoue
ne pas vouloir faire partie de la
catégorie de jeunes fainéants qui
ont peur de travailler. « De nos
jours, les jeunes ne veulent plus
s’adonner à un métier manuel. Il
n’y a que le plaisir et l’argent qui
les intéressent. Voilà pourquoi
nous avons la délinquance juvénile
», argumente-t-il d’un regard sûr.
Bourdeau Theriel, les mains
rougies par le vernis n’arrête pas de
polir et de repolir le dossier d’une
chaise. Il dit aimer son métier et
n’être pas prêt à le lâcher pour
quoi que ce soit. Il est conscient
que beaucoup d’ébénistes ont déjà
laissé tomber ce métier, mais il ne
veut pas que les meubles importés
aient le dessus. Les yeux fixés sur
sa besogne, il lance un dernier
message aux ébénistes : « Il ne
faut pas vous décourager. Les
choses sont difficiles mais nous
devons continuer parce que c’est
à nous d’encourager la production
nationale. »
Les ébénisteries sont un peu partout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parfois, dans un espace
fermé ou à même le trottoir, ces ateliers de fabrication de meubles en bois et en fer fonctionnent tous les jours.
Mais en faisant face à des difficultés diverses.
Du morne Lazare à l’avenue John Brown (Lalue), l’on rencontrera au moins trois ébénisteries. / Photo : wildbirdscollective
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Muzac magazine, edition no 40 mardi 9 juin 2020
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N96
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OpinionWay pour Paradoxopinion et la Vie - Les Catholiques pratiquants et le ...
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Haiti: Rapport du Secrétaire Général Nations Unies au Conseil de Sécurité
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Haiti: Rapport du Secrétaire Général Nations Unies au Conseil de Sécurité
 

N55

  • 1. » lire page 13 » P. 7 » P. 15 »   P. 6 SOCIÉTÉ » suite page 5 Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ? Par Ritzamarum ZÉTRENNE HAÏTI / ÉLECTIONS Les commissaires du gouvernement appelés à la neutralité E n prélude au premier tour des législatives du 9 août, le gouvernement haïtien a déjà débloqué 40 % du montant alloué au financement des élections de 2015. Cent soixante-six partis politiques agréés, dont 99 ayant des candidats ont eu le temps de recevoir leur subvention, selon les informations fournies par le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis, dans une interview accordée au National. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Aussi modeste soit-elle, les partis politiques et les candidats ont reçu la subvention de l’État, promise dans le cadre du processus électoral. Après plusieurs semaines de tergiversations autour de la formule à adopter pour attribuer la subvention, les partis politiques et les candidats ont finalement pu recueillir le support alloué aux élections. Un premier versement de 200 millions de gourdes, soit 40 % des 500 millions disponibles, est déjà débloqué par le gouvernement haïtien, nous a informés le ministre chargé de la Question électorale, Jean fritz Jean Louis. Ce montant, dit-il, correspond aux 10 % alloués aux partis politiques, 20 % dédiés aux candidats à la députation ainsi que les 10 % attribués aux candidats au Sénat. Chaque candidat à la députation devrait recevoir pas moins de 61 mille gourdes en divisant les 100 millions (20 % du montant total) par les 1 621 candidats agréés à la députation par le Conseil électoral provisoire (CEP). Dans le cas des élections sénatoriales, chaque candidat devrait recueillir un montant avoisinant 215 mille gourdes en faisant le quotient des 50 millions de gourdes destinées aux 232 candidats au Sénat. Quarante pourcent de la subvention déjà débloquéePar Noclès Débréus JEUDI 6 AOÛT 2015 NUMÉRO 55 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT Le ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir ( à gauche), s’adressant aux commissaires du gouvernement, le 5 août 2015 / Photo : J. J. Augustin « Henry Bazin restera notre fierté », dixit Anaïse Chavenet par Jean Michel Cadet Radio Pacific : un coup de maître
  • 2. 2 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 TRIBUNE C ette problématique de la surpopulation a été un thème important dans le cadre du Programme des Nations unies pour l’environnement et de l’Agenda 21. La Conférence internationale sur la population et le développement au Caire, en 1994, fut une priorité pour l’administration Clinton. Cette conférence faisait suite à celle de 1974 à Budapest et celle de Mexico en 1984. L’administration américaine d’alors estima que la réunion de Mexico n’avait pas atteint les objectifs de contrôle de la population qu’ils désiraient. Ils décidèrent de préparer minutieusement celle du Caire. Comme un auteur explique : « De concert avec plusieurs pays scandinaves et d’Europe de l’Ouest, les technocrates des départements de la population des Nations unies et de la Banque mondiale, féministe, antinataliste, et les ONG écologistes, les clintonites cherchèrent à orienter drastiquement l’objectif de la conférence du Caire. Le package (Population et développement) resterait, mais le contenu serait considérablement modifié. Ainsi “la capacité porteuse de la terre, “ l’égalité des sexes, l’équité et l’autonomie des femmes et “ les droitsreproductifs“supplanteraient purement et simplement le thème prévu « population et développementcomme les vrais sujets d’actualité. » Le vrai agenda derrière les politiques anti-CO2 Ces évènements permettent de mieux comprendre certains commentaires souvent utilisés par les défenseurs de la théorie des changements climatiques comme celle de l’ancien sénateur du Colorado Tin Wirth (c’est ce même sénateur qui organisa la mise en scène lors de l’audition de Jim Hansen devant le Sénat américain afin de mieux promouvoir la théorie du réchauffement climatique). Ancien sous-secrétaire d’État américain pour les problèmes du globe sous l’administration Clinton, il fut chargé avec Al Gore de la préparation minutieuse de la politique et des prises de positions du gouvernement américain au Caire : « Nous devons enfourcher le cheval de bataille du réchauffement cli- matique. Même si la théorie du réchauffement climatique est fausse, nous ferons ce qui est bon aussi bien pour l’économie que pour la politique environnemen- tale. »Que veut dire politique économique ? Une redistribution de la richesse par le gouvernement ou le social- isme. Cette citation se situe dans le même sens que celle du pape François dans son encyclique Lau- dato si. La plupart des objectifs de la Conférence du Caire contredi- saient les valeurs catholiques traditionnelles. Dans une sortie remarquée, six jours avant la Conférence, le Vatican publia une déclaration accusant Al Gore de dénaturer l’objectif de cette Con- férence en mettant l’emphase sur l’avortement : « Les préparatifs de la con- férence commencèrent en avril, de sorte que le pape Jean-Paul II et ses collaborateurs avaient pris les devants en la condamnant comme susceptibles de légitimer l’avortement comme moyen de contrôle des naissances, ce qui est en contradiction directe avec la doctrine catholique romaine sur le caractère sacré de la vie dès le moment de la conception. » Aujourd’hui, les attaques viru- lentes de Joaquin Navarro-Valls, porte-parole en chef du pape, constituent une première, puisque c’est la première fois que le Vati- can accuse de manière formelle et officielle les États-Unis d’être les commanditaires principaux des politiques pro avortement et aussi la première fois qu’il avait publiquement attaqué un officiel américain de haut rang. Al Gore, ancien vice-président des États- Unis et membre de la délégation américaine, a récemment affirmé que « les États-Unis n’ont pas cherché, ne cherchent pas et ne chercheront pas à établir un droit international à l’avortement », a déclaré M. Navarro-Valls a une conférence de presse aujourd’hui. Pourtant « le document sur la population, qui existe aux États- Unis, principaux sponsors de cette conférence, contredit, en réalité, la déclaration de M. Gore ». La Maison-Blanche nia ces accu- sations qui irritèrent beaucoup de membres du Parti démocrate, comme le Los Angeles Times le nota : « Ce qui promettait d’être un vif et nécessaire débat sur les méthodes de contrôle de la population est devenu susceptible de se terminer sur une mauvaise note, risquant ainsi de ternir l’image de cette conférence. Les détracteurs du document de base sur lequel les négociations de la conférence de l’ONU sur la population alléguèrent : qu’il favoriserait l’avortement comme une méthode de planification familiale, la santé reproductive et le libertinage au détriment du bien-être familial. Pendant huit mois, le projet reçut le soutien sans faille de l’administration Clinton. Pourtant, deux semaines avant le début de la conférence du Caire, celle-ci commença à reculer. Après que la hiérarchie catholique dans ce pays mit en garde le gouvernement américain que les catholiques pourraient quitter le parti démocratique, et après qu’il fut devenu évident que plusieurs pays islamiques étaient sur le point de s’allier au Vatican. Le vice-président Al Gore et Timothy Wirth du Département d’État affirmèrent alors que les États-Unis poursuivaient plus ou moins les mêmes objectifs que ceux de l’Église catholique. Mais c’était faux. » Avant la Conférence du Caire, l’Académie nationale des sciences (NAS) co-parraina une rencontre avec Ted Turner (CNN), le Pew Charitable Trust et une branche de l’Université Harvard. Le modérateur était l’employé de CNN Marvin Kalb qui, en introduction, lança « que le monde est terriblement surpeuplé ». Al Gore parla le premier et essaya d’écarter le modèle de transition démographique comme une solution appropriée au contrôle de la population. Typique de Gore, comprenez : « Je suis riche avec une grande empreinte de carbone, mais vous n’êtes pas autorisés à m’imiter. » Le Vatican change de cap Aujourd’hui, les choses ont bien changé puisque le Vatican est dans une mouvance différente que celle du Caire. Comme l’a rapporté le Time : « Une convergence d’intérêts inhabituelle entre les catholiques romains et les leaders musulmans ont mis les organisateurs de la conférence, parrainée par l’ONU, sur la défensive autour de sujets particuliers comme l’avortement et l’éducation sexuelle des ado- lescents. » Dans l’encyclique, le pape Fran- çois rationalise les dernières affili- ations et positions en mettant à l’index ceux qui remettent en ques- tion la preuve. Les scientifiques sceptiques et d’autres points de vue différents sont rejetés d’une manière très peu chrétienne : « Attitudes d’obstruction, même de la part des croyants, peu- vent aller de déni du problème à l’indifférence, de la démis- sion nonchalante ou la confi- ance aveugle dans les solutions techniques.» Heureusement, la partie de l’Encyclique consacrée aux changements climatiques est minimale et somme toute erronée. Les preuves fournies montrent que ceux qui ont « atti- tudes d’obstruction » sur le climat sont corrects. Le thème principal de l’encyclique est la population, et ses errements dans ses rela- tions avec l’environnement. Cela détourne l’attention du climat et revient à la question plus large de la surpopulation, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, car c’est un débat plus facile. Le public comprend les principes fondamentaux de la dynamique de la population mieux que les complexités du climat. En outre, les catholiques rejettent les vues de l’Église sur le contrôle des nais- sances, comme l’indiquent les statistiques. Cette tendance a vu le jour malgré le fait que le con- trôle des naissances ait fait l’objet d’une précédente encyclique « Humanae Vitae ». C’est une posi- tion fascinante prise par des hommes qui ne permettent pas aux femmes d’être prêtres et pra- tiquent le comportement le plus contre nature : le célibat. Le Vatican, le réchauffement climatique et la surpopulation (2e partie)Par Rudolph Homère Victor , Météorologiste « Peu importe que la science soit complètement bidon, il y a des bénéfices collatéraux pour l’environnement... Le changement climatique nous donne la meilleure chance d’apporter la justice et l’égalité dans le monde. C’est un excellent moyen pour redistribuer les richesses. » (Christine Stewart, ancienne ministre de l’Environnement du Canada.)
  • 3. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 3 ACTUALITÉ Elections... J-2 Ceux qui ont eu à rédiger notre Constitution ont péché ! Est-ce volontairement ? On en doute ! Par manque de connaissance de nos réalités culturelles ? On n’en est pas certain. Ou plus simplement est-ce une recherche d’équilibre des pouvoirs face à un exécutiftraditionnellement tout-puissant?Ainsi,onauraitdûavanceravectactsur lanotiond’immunitéparlementaireenfaisantbiencomprendrequ’ils’agitdeprotéger lesparlementairesdansl’exercicedeleurfonctionquiestfondamentalementcelledu contrôledupouvoirexécutifetnonpasdeleuroffrirl’impunité. Car avec cette conception du « chef » ancrée comme un cancer dans notre société, l’immunité parlementaire est comprise par beaucoup de nos députés et sénateurs commeledroit depasseroutreàlabienséanceetauxloisusuelles.Alors,ils peuvent étaler,parfoisdemanièrepresquenévrotique,leurbesoind’exorciserleurpeurdela pénurieetd’exercercepouvoirsurlesautresdontilsavaienttantrêvédanscepaysoù leméprisdel’autredétruittantd’âmes. Unsimplepolicierdevraitavoirledroitdeverbaliserunparlementairequibrûleunfeu rouge.Etceparlementairedevraitrendrecompteàlajusticeaucasoùiloutrepasserait sonmandat. Unparlementairedevraitêtrelepremieràprêcherl’exemple,c’est-à-diremontrerson respectdeslois,duprincipedelaséparationdespouvoirset,particulièrement,vis-à-vis ducitoyenordinaire. Notrepaysdevraitsedoterdetoutuncorpusdedispositionsetdeloisdevantcasser cheznouslesailesdecetteconceptionperversedu«chef». Celaatoujoursétédéplorabledevoirdesparlementairesavecdesprétendusgardes ducorpsmunisdefusilsd’assaut.Personneneseposejamaislaquestionàsavoir:Qui donneàcesparlementairesledroitdedisposerdetellesarmesetpourquoifaire?Et surtoutpourquoionlaissefaire?Lafolieduchef! Biensûr,nousavonstoujoursunexécutifqui,parcequ’élusansmajoritéparlementaire, doits’acheterdesdéputésetdessénateurspourseconstituercettemajoritéet,dans cecerclevicieux,l’équipegouvernementaleestalorsobligéede«bienservir»avecces parlementairesetdetolérern’importequelleincartadedeleurpart.Le«bienservir»,de partetd’autre,donnecequenoussavonstous:lacorruption,lamauvaisegouvernance etcequecelaengendreparlasuite. Le drame c’est que, dans presque tous les cas de figure, nous aurons un président élu ne disposant pas d’une majorité au Parlement. Dans le contexte de déficiences multiformeschroniquesquiestlenôtre,desvoixvonts’offrirpourlemarchandageet nousretomberonsdanslesmêmestravers. Commenousledisionsdansnotreprécédentéditorial,lescitoyenscomprenantl’enjeu decesélectionsauronttrèspeudechoixce9août.Danscevastechampseméd’ivraie, ilsdevronts’évertueràtrierlesbonsgrainsetàfairepreuved’unevigilancerenforcée pendantl’exercicedumandatdeleurséluspourpréveniretétouffertoutevelléitéde déviancedanscesystèmeexpertencooptation. Gary VICTOR Édito La Fusion divorce de l'équipe « Tèt kale » par Reynold Aris HAÏTI/POLITIQUE C ’est la présidente du parti, Edmonde Supplice Beauz- ile, qui en a fait l’annonce officiellement, le mercredi 5 août 2015, lors d’une conférence de presse au local de la Fusion à Christ- Roi. Elle a en outre informé que Victor Benoît, Yvrose Myrthil Morquette et Mozart Clérisson, respectivement ministre des Affaires sociales et du Travail (MAST), ministre à la Con- dition féminine et aux Droits de la femme (MCFDF) et secrétaire d’État à l’Alphabétisation, ont déjà signé leur lettre de démission suite à cette ren- contre. Toutefois, les deux ministres étaient absents, alors que le secrétaire d’État avait pris place aux côtés des conférenciers. Il convient de souligner que cette démarche fait suite aux agressions verbales et menaces sexuelles du président de la République à l’endroit d’une citoyenne dans la ville de Miragoâne, lors d’une réunion politique, tenue le 28 juillet 2015. Une attitude dénoncée par des organisations féministes haïtiennes, qui ont marché dans les rues de Port-au-Prince, le mardi 4 août dans la matinée. Ces militantes ont demandé au chef de l’État de faire des excuses publiques aux femmes blessées par ses propos. Selon l’ancienne sénatrice, consternée, la Fusion des sociaux-démocrates exprime son indignation face aux dérives du chef de l’État. Elle cite, en exemple, la récente sortie du locataire du Palais national dans le département des Nippes. Elle a indiqué que le chef de l’exécutif s’en est pris à la femme, en l’avilissant et en l’attaquant dans sa dignité de citoyenne. Tandis que le seul péché de cette femme, explique Mme Beauzile, résulte du fait qu’elle a usé de son droit constitutionnel en interpellant le président de la République sur l’indisponibilité de services sociaux de base, notamment l’électricité dans sa commune. Par ailleurs, pour Mme Beauzile, l’objectif principal est atteint. Le processus électoral est en cours avec la participation de tous les acteurs de la vie politique, y compris les plus irréductibles. La première phase des élections aura lieu dans quelques jours. Elle exhorte les Haïtiennes et Haïtiens, issus de toutes les catégories sociales du pays, à se rendre massivement aux urnes. Aussi invite-t-elle la population à sanctionner le Président qu’elle a qualifié d’indigne, ainsi que son parti ou tous les autres candidats qui bénéficient de son soutien et grâce auxquels il espère garder le pouvoir. C’en est trop ! Les scandales du président de la République arrivent à leur comble. « Après ses dérives lors du concert de Lil Wayne et de Chris Brown au Champ de Mars (Port-au-Prince), affichées le 26 juin 2015, le comportement du chef de l’État va de mal en pis. S’ensuivent, entre autres, celles de Mirebalais et Belladère », s’insurge Mme Beauzile, arguant que ce comportement exaspère les membres de la Fusion. Sondage du Brides : une vaste plaisanterie À la question du sondage, la présidente de la Fusion s’en est prise au Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (Brides). Elle y voit un stratagème consistant à préparer l’opinion publique en ce qui concerne les résultats du prochain scrutin présidentiel comme cela avait été le cas en 2010. Elle affirme que cette enquête d’opinion n’a rien à voir avec les tendances sur le terrain. Il s’agit, selon elle, d’une vaste plaisanterie résultant d’une lutte entre les groupes économiques qui veulent maintenir le statu quo en contrôlant le champ politique, au détriment de la majorité de la population. De surcroît, Mme Beauzile a souligné qu’aujourd’hui il n’existe pas de différence entre les classes « moyenne et pauvre » du pays. Les deux, fait-elle remarquer, s’engagent dans des stratégies de survie en vue de subvenir à leurs besoins. Près de sept mois après avoir intégré « le gouvernement de consensus », le directoire de la Fusion des sociaux-démocrates a décidé de rappeler ses représentants. Ses ministres et son secrétaire d’État ont été priés de remettre immédiatement leur démission suite à une rencontre en séance extraordinaire tenue le mardi 4 août 2015, dans la soirée. Edmonde Supplice Beauzile, prési- dente de la Fusion. / Ruben Chéry
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Dans son enquête, le Brides a décidé de présenter les 5 premiers candidats qui paraissent jouir d’une meilleure appréciation de la population. L’étude est conduite sur la base d’un échantillon de 11 505 personnes. Seules 11 355 personnes ont répondu aux questions des enquêteurs, soit, 3 446 femmes et 7 909 hommes. 150 personnes se sont abstenues. En termes d’approche méthodologique, « les résultats obtenus à partir de l’échantillon ont été extrapolés à l’ensemble de la population», explique le Brides dans son document, faisant un total de 176 pages. L’intentiondesgensdeparticiperaux prochaines élections, l’âge, le sexe, l’emploi du temps (l’occupation) et la religion des répondants, sont les critères de référence choisis par la firme pour conduire le sondage. Les répondants sont âgés entre 18 et 50 ans et essentiellement de confession chrétienne. Ancien commissaire du gouvernement et candidat au Sénat pour le département de l’Ouest sous la bannière d’un nouveau parti appelé Lide (Idée), Jean Renel Senatus arrive en tête des sondages avec 17.4 % des intentions de vote. Il est suivi par le chanteur et acteur Antonio Cheramy, dit Don Kato, candidat de son côté sous la bannière de la Plateforme « VERITE », qui a reçu 9.9 % de l’intention de vote de l’électorat. Un autre membre de la plateforme VERITE, Alix Didier Fils-aimé, occupe la troisième place, avec 6.7 % des intentions. Louis Gérald Gilles du parti Fanmi Lavalas et Turnèb Delpé de la Plateforme, mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod) retiennent consécutivement 5.7 et 5.1 % des intentions de vote. La marge d’erreur pour ce sondage sur l’appréciation d’un candidat par la population est comprise entre 3 à 4 %. Les électrices et électeurs doivent élire deux tiers du Sénat, c’est-à-dire, 20 sénateurs sur 30, pour compléter le Sénat, actuellement dysfonctionnel avec simplement 10 sénateurs. Chaque département n’aura qu’à choisir 2 sénateurs. Dans le département de l’Artibonite (Nord), l’ancien sénateur, Youri Latortue devance ses rivaux avec 39.4 % des intentions de vote. Latortue est Candidat du parti Ayiti An Aksyon (AAA, Haïti en action). Également ancien sénateur, Lévaillant Louis-Jeune, prend la deuxième place avec 25,3 % des voies. Louis-Jeune participe aux élections sous le chapeau du parti Inite patriyotik (Unité Patriotique). Patrice Israël, de Fanmi Lavalas, Carl Murat Cantave de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), et Jean Claude Délice de la plateforme Vérité, ne parviennent qu’à atteindre le score de 6.1, de 4.0, et de 3.9 %. Les deux candidats, les mieux placés dans le département du Centre, sont en premier lieu Willot Joseph avec 43 % des intentions de votes. Il est du Parti Haïtien Tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), supporté par l’actuelle équipe gouvernementale. Joseph Joël Louis, de Kontra pèp la (Contrat du peuple), bénéficie de 11 % des intentions. Wilfrid Gélin, du Pati Ayisyen tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), Jean Junior Jiha du groupement Bouclier, et Emmanuel Mc Grégoire Chévry du regroupement politique Lapeh, se situent en troisième, quatrième et cinquième position, en scorant, 9.3, 8.1 et 7,5 %. LesmieuxplacésdanslaGrand’Anse sont Guy Philippe faisant un record de 51 % des intentions de vote. Guy Philippe est candidat du Consortium national des partis politiques Haïtiens (Cnpph). Carl Antoine de l’organisation du peuple en lutte (Opl) parvient à occuper la deuxième place, en recevant 11.2 % des intentions. Sorel Jacinthe, a 9.7 %, avant Michel Clerié avec 9.4 % et Clotaire Jean St Natus. Ils portent l’un après l’autre les chapeaux d’Inite patriyotik (Unité Patriotique), du Pati Ayisyen tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), et de Fanmi Lavalas. Dans les Nippes Nenel Cassy vient en tête, avec 36.8 % pour par les potentiels électeurs, dans la chaîne Léonard Sertulien Turenne, de la Plateforme Rapwoche arrive deuxième avec 18.2 % des intentions. Francenet Denius, de la Plateforme Vérité, l’ancien sénateur Jean William Jeanty, de Kontra pèp la (Contrat du peuple), et Liez Edouard de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), se succèdent sur la liste, par rapport aux intentions. Kelly C. Bastien de la Plateforme VERITE gagne le Nord avec 27 % d’appréciation des électeurs. Nawoom Marcellus, candidat de Bouclier a fait 16.6 % des intentions. Dieudonné Étienne Luma, Théodore Saintilus et Pelotat Pierre discutent respectivement les 3 dernières places. Ronald Larêche est placé en tête avec 42 % pour le Nord-Est, après lui, le chanteur Jacques Sauveur Jean. Les trois autres sont en ordre respectif, Chena Pierre Martial, Renan Étienne et Bilgot Colas. Dans le Nord-Ouest, Evallière Beauplan du parti Pont, est apprécié à 38.1 % des électeurs. Laurent Beauge de Lapeh fait 15,8 % des intentions de vote. Henry Désamours, Onondieu Louis et Thomas Étienne sont les 3 autres qui arrivent dans la chaîne. En tête dans le Sud Yvon Bissereth, avec 20 % des intentions de vote. Richard Hervé Fouchard est second et a gagné 13.8 % des intentions. Francky Exius, Michelet Ariste, et Kenol Mathieu se suivent. Dans le Sud-Est, Joseph Lambert ancien Sénateur jouit de la première place, avec 31.2 % des intentions, il est candidat sous la bannière du Parti Haïtien tèt Kale. La deuxième place revient à Ricard Pierre de la Plateforme Pitit Desalin (enfants de Dessalines), qui a fait 21 %. Dieupie Chérubin de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), Marc-Elder Charles de Renmen Ayiti et Hebert Lahatte de Respè (Respect) occupent les 3 dernières positions. Les résultats au niveau de la circonscription électorale pour les candidats à la députation doivent être pris avec des « précaution », car « ils ne représentent qu’une simple indication ». Ajouté à cela, la marge d’erreur pour ceux-ci, dépasse 10 % par candidat.
  • 5. Pour ce qui concerne les subventions réservées aux candidats, ce sont les partis politiques qui doivent faire la demande au nom des candidats, précise, Fritz Jean Louis. Ainsi, les partis politiques agréés qui n’ont pas de candidats reçoivent environ trois cents mille gourdes comme subven- tion alors que les 99 partis ayant des candidats bénéficient aussi de ce montant ainsi que des subventions versées aux candidats au Sénat et à la députation. Alors que certains partis politiques s’étaient montrés réticents quant à cette subvention, le Ministre qui n’était pas en mesure de confirmer si tous les partis politiques ont déjà retiré leur chèque, a informé qu’en cas de refus par un parti de recevoir la subvention, celle-ci restera dans les caisses de l’État. Joint au téléphone par la rédaction du journal concer- nant ce dossier, Jean André Victor, coordonnateur du Mouvement popu- laire patriotique dessalinien (Mopod), dit avoir déjà reçu cette subvention allouée aux partis et aux candidats. Le deuxième versement est prévu après le premier tour des législatives, a précisé le ministre Jean Louis, annonçant qu’un communiqué sera sorti qui invitera les concernés à sou- mettre leur demande. Dans ce verse- ment, les 15 % réservés aux partis politiques ayant présenté un certain nombre de candidats féminins, des candidats vivant avec un handicap et ceux ayant un niveau d’études sanctionné par au moins une licence, seront distribués et les partis seront invités à faire valoir leur droit avec des documents justificatifs. Cette partie de subvention concernera tous les candidats à tous les niveaux, a fait savoir l’homme chargé de la Question électorale au sein du gouvernement, ajoutant que les partis politiques devront soumettre un rapport pré- liminaire de la première tranche de subvention avant de pouvoir retirer la seconde tranche. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 5 ACTUALITÉ Promouvoir la participation des femmes et des handicapéspar Évens REGIS HAÏTI/ÉLECTIONS L es élections approchent et les organisations s’empressent de faire entendre leurs voix. Ronald Saint-vil, consultant à Panos Caraïbe, en guise de justificatif pour cette enquête réalisée en collaboration avec Jean-Claude Louis et Jean Pharès Jérôme, a fait étalage des défis auxquels sont confrontées les personnes pour lesquelles plaide son organisation, ainsi que leurs attentes pour les élections de cette année. Dans son discours, il a fait état d’un ensemble de recommandations faites par les nombreuses institutions rencontrées par Panos Caraïbe lors de cette enquête réalisée sur une période allant du mois de septembre 2014 à juin 2015. Mentionnés dans le rapport publié et repris, pour renforcement, par les deux présentateurs du jour, Jean Pharès Jérôme et Ronald Saint-vil, ces recommandations constituent en majeure partie des revendications des personnes à mobilité réduite. Avec ce rapport, indique M. Saint-vil, Panos Caraïbe cherche à sensibiliser les organisateurs de ces prochaines élections à la question de l’inaccessibilité des personnes handicapées aux différents centres et bureaux de vote. Ainsi, le consultant de l’organisation encourage-t-il les membres le Conseil électoral provisoire (CEP) à mettre à la disposition de ces personnes des accompagnements pour leur faciliter l’accomplissement de leurs devoirs civils et politiques. Pour les aveugles, dit-il, le CEP devrait penser à imprimer des bulletins de vote en braille. En ce qui concerne les sourds-muets, il conseille aux conseillers électoraux d’embaucher des personnes ayant une connaissance de la langue des signes, pour les aider le jour du vote. Et pour d’autres qui souffrent seulement de déficience physique, il encourage ces mêmes conseillers à penser à des centres et bureaux de vote accessibles à ces personnes. D’autres points abordés dans ce rapport concernent la faible participation, à hauteur de 8%, des femmes au processus électoral. Plusieurs organisations de la société civile et de femmes leaders rencontrées par Panos Caraïbes, raconte Ronald Saint-vil, pointent du doigt les stéréotypes et les pratiques d’exclusion qui empêchent les femmes de se lancer fermement sur la scène politique. À en croire le consultant, la discrimination, le manque de crédibilitédesélections,leproblème de financement, la privatisation du droit à l’identité sont autant de barrières qui empêchent les femmes d’émerger. Toutefois, souligne-t- il, certains partis politiques sont responsables de cette situation, parce qu’ils marginalisent aussi les femmes, en leur refusant, bien souvent, l’opportunité de se porter candidates. Conscient du niveau où l’on est avec les premiers tours des législatives, Ronald Saint-vil, a suggéré aux responsables de tenir compte de ces recommandations dans les prochains tours des élections, au cas où il est quasiment impossible de satisfaire ces besoins fondamentaux à partir du premier tour programmé pour le 9 août prochain. Panos Caraïbe, une organisation qui se donne pour mission d’amplifier la voix des pauvres et des marginalisés de la zone, a présenté, mercredi, à la salle Olivia de l’hôtel Montana, un rapport sur la participation et les attentes des femmes et des handicapés pour les élections de 2015 en Haïti. Cette enquête, menée plus particulièrement dans les départements de l’Ouest, du Sud, du Nord et des Nippes, révèle que l’analphabétisme, la violence électorale et la pauvreté sont les véritables freins à une entière participation de ces deux groupes au processus. Promouvoir la participation des femmes aux élections. / Photo : un.or Quarante pourcent de la subvention déjà débloquée Par Noclès Débréus HAÏTI/ÉLECTIONS/FINANCEMENT » suite de la première page Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Questions électorales, Fritz Jean Louis. / Photo : J. J. Augustin
  • 6. 6 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 ACTUALITÉ « Henry Bazin restera notre fierté », dixit Anaïse Chavenetpar Jean Michel Cadet L a nouvelle a été accueillie avec beaucoup d’émoi. Un homme honnête et intègre, l’un des rares de sa génération, est mort. La grande famille haïtienne, l’intelligentsia en particulier, regrettent le départ d’une telle personnalité.Maislestracessublimes, dit-on, laissé par Henry Bazin, constituent une grande source de fierté et de sentiment d’appartenance à la nation haïtienne. Directrice de la maison d’édition « Communication Plus », Anaïse Chavenet qui a eu l’opportunité de le côtoyer tant au niveau professionnel que personnel, affirme admirablement « Il restera notre fierté. C’est bon de savoir qu’il a existé ».Ce qui retient spécialement l’attention de Mme Chavenet de cet homme, c’est sa simplicité. Une personnalité, dit-elle, d’une si grande réputation tant au niveau national qu’international mais qui, pourtant, n’étalait pas son savoir. « Il est l’élégance morale et de l’esprit », s’exclame-t-elle élogieusement de celui qui aura été ministre de l’Économie et des Finances sous le gouvernement de transition de Gérard Latortue en 2004. Faisant référence à cette période, Anaïse Chavenet estime que M. Bazin est resté invariablement lui- même. Il a su continuer, témoigne- t-elle, de mériter le respect de tout un chacun même après son passage au MEF. Un fait significatif qu’il doit, pour plus d’un, grâce à sa discipline de vie axée sur les valeurs telles l’honnêteté et l’intégrité, alors que certains hommes et femmes d’État, à qui l’on prêtait une vie exemplaire, voient généralement leur manteau de gens de bien souillé au terme d’une fonction occupée dans l’administration publique. Homme de grande culture, Mme Chavenet affirme sans ambages, son admiration pour cet amant de la littérature. Alors qu’il était le grand argentier de la République, Henry Bazin, raconte-t-elle, était venu assister seul à une conférence- débat relative au roman féminin à l’Institut français d’Haïti. Ce qui, dit-elle, l’a beaucoup plu dans cette épisode, c’est la simplicité du haut fonctionnaire d’État venu assister sans fanfare ni trompette à cette activité culturelle, puis qui repart tranquillement au terme de la conférence. Biographie Natif de Saint-Marc, la vie de Henry Bazin (son enfance et son éducation) fut partagée entre les villes de Limbé, Gros Morne et Port-au-Prince. Il est le produit de Simone et de Louis Bazin, qui fut avocat, substitut du commissaire du gouvernement et sénateur de la République. Rien d’étonnant qu’il devint plus tard avocat et économiste fort de ses études à la faculté de Droit et des Sciences économiques. Licencié en économie, il est parti en Europe, en 1957, à la faveur d’une bourse d’État pour parfaire sa formation académique jusqu’à ce qu’il décroche son doctorat en économie. Parcours professionnel Henry Bazin est une figure connue du monde international. D’ailleurs il fit ses débuts dans l’enseignement à l’école nationale d’administration du Mali à Bamako. Il traine une longue carrière de fonctionnaire international en Afrique, en Europe et aux États-Unis à titre de conseiller de gouvernement ou membre d’organisations internationales. Cependant, il a su servir son pays à plus d’un titre. Professeur à l’université Jean Price Mars, à l’Académie nationale diplomatique et consulaire. Et surtout à l’université d’État d’Haïti, son alma mater.Soit aussi, comme cadre travaillant à l’épanouissement du secteur privé haïtien. D’abord président de l’Association des économistes haïtiens à deux reprises avant de démissionner pour accepter le poste de ministre de l’Économie et des Finances. Puis il a présidé le Conseil d’administration de la chambre de conciliation et d’arbitrage, une institution permettant au secteur privé de résoudre leur différend sans avoir à recourir à la Justice. Avant sa mort, un hommage mérité lui a été rendu. Il a été intronisé, en compagnie de Mme Gladys Coupet, au panthéon de la Finance haïtienne lors de la 2e édition du colloque sur la Finance et la Technologie appliquées, organisée par la BRH et le Group croissance le 23 avril 2012. Henry Bazin est parti. Mais sa marque semble être indélébile. Décédé suite d’un cancer le mardi 4 août dernier, cet économiste de renom est avant tout reconnu pour sa grande simplicité et son intégrité. Homme de grande culture et fonctionnaire d’État irréprochable, tels sont entre autres les éloges qui couronnent son passage sur cette terre. Henry Bazin. / Photo : un.org
  • 7. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 7 ACTUALITÉ Radio Pacific : un coup de maître HAÏTI/MÉDIAS L es candidats Alex Mick Avin, de Bouclier, pour la circonscription de Pétion- Ville, René Lochard, candidat à sa succession sous la bannière du Parti Haitien Tèt Kale (PHTK), James Jacques, de Konviksyon, Steevenson Jean-Baptiste, du Mouvement chrétien pour une nouvelle Haiti (MOCHRENA), pour la 2e circonscription de Port-au-Prince et Caleb Desrameaux de la plateforme VERITE pour la circonscription de Tabarre, étaient les invités de ces journalistes. Les aspirants parlementaires ont tour à tour, promis, en cas de victoire aux élections du dimanche 9 août, d’œuvrer au renforcement de l’institution parlementaire, d’adopter des lois susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population confrontée à de graves difficultés économiques. Dans le cadre de la vision de leurs partis ou groupements politiques, ces candidats ont également, pris l’engagement de faciliter aux jeunes, l’accès au crédit pour développer leurs activités économiques. La protection de l’environnement, la relance des activités socioculturelles, le renforcement des collectivités locales, ont été aussi évoqués à cette émission qui a duré plus de deux heures. Pour lancer ses émissions, radio Pacific a fait un coup de maître. Le mercredi 5 août 2015, la 101.5 a réuni sur un même panel les journalistes Yvener Foeshter Joseph, Israël Jacky Cantave et Frantz Exantus dans un débat électoral qui a vu défiler plusieurs candidats à la députation de différentes circonscriptions électorales de la zone métropolitaine.
  • 8. 8 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 MONDE E n se tournant vers la politique internationale, un président regagne facilement de la popularité. Barack Obama et François Hollande l’ont bien compris puisqu’en faisant de la diplomatie leur priorité numéro un, ils remon- tent dans les sondages. En juillet, grâce notamment aux accords avec Cuba et l’Iran, Obama a vu sa cote de popularité repasser au-dessus des 50 %. Dans une (bien) moindre mesure, Hollande a profité de la crise grecque pour remonter à 26 % d’opinions favorables, score faible mais inespéré pour le seul président français à avoir plongé jusqu’à 13 % de popularité. Afin de continuer sur cette lancée, les deux présidents cherchent à s’emparer du nouveau sujet brûlant du moment : le réchauffement clima- tique. Le président américain Barack Obama a lancé lundi son plan contre la « grande menace » que fait peser le changement clima- tique sur la planète, insistant sur l’urgence d’agir immédiatement et annonçant une restriction inédite sur les centrales électriques. Il s’agit de l’un des « défis clés » de notre époque, a estimé M. Obama depuis la Maison Blanche, d’où il a annoncé le Plan américain pour une énergie propre (« America’s Clean Power Plan »). Ce dispositif rassemble une série de réglemen- tations qui imposeront pour la première fois aux centrales élec- triques de réduire de 32 % d’ici 2030 leurs émissions de carbone, par rapport à leur niveau de 2005. Les centrales électriques sont en effet responsables de 40 % des émissions américaines de dioxyde de carbone, le gaz le plus répandu parmi ceux contribuant au change- ment climatique. Pour appuyer ses propos, Barack Obama a tenu à souligner l’urgence d’agir et le caractère historique de sa proposi- tion : « Aucun défi ne représente une plus grande menace pour notre avenir et pour les généra- tions futures qu’un climat qui change. » Continuant dans la même veine, le président américain a tenu à montrer qu’il se plaçait au-dessus des contingences politiciennes, l’un des fondamentaux de la communication d’un président choisissant la diplomatie : « La plupart du temps, les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont temporaires et nous pouvons nous attendre à ce que les choses s’améliorent si nous nous y attel- ons, même progressivement. Mais voilà l’un des rares problèmes – de par son ampleur, de par sa portée – que nous pourrions ne plus être en mesure de régler si nous ne le traitons pas. Et auquel nous ne pourrions sans doute pas nous adapter suffisamment », a-t-il martelé. Enfin, il n’a pas hésité à rappeler que sa prise de position était histo- rique, en décrivant les restrictions imposées aux centrales électrique comme « l’étape la plus impor- tance dans la lutte de l’Amérique » contre le changement climatique. En s’emparant de ce sujet six mois avant la COP21, Barack Obama se met donc en bonne position pour jouer un rôle majeur dans cette conférence et profiter de son ray- onnement. Celle-ci réunira 195 pays qui devraient s’engager à lim- iter à 2 degrés Celsius la hausse de la température mondiale générée par les émissions de gaz à effet de serre. D’ici là, le président américain est attendu dans les prochains mois en Alaska pour y constater l’impact du réchauffement cli- matique. Il recevra également le très populaire pape François à la Maison Blanche, où les deux hommes devraient lancer un appel commun à l’action. Mais face à cette offensive écologique, François Hollande ne compte surtout pas être en reste. Un communiqué de l’Elysée nous apprend qu’il a donc « salué le courage du Président Obama », dont le plan « constitue une con- tribution majeure au succès de la Conférence de Paris sur le change- ment climatique » organisée en fin d’année, a-t-il ajouté. Le président américain doit être très touché par ces félicitations, qui ressemblent davantage à une grossière tentative hollandesque de récupération. Car François Hol- lande tient absolument à ce que la France préside aux futures négoci- ations écologiques mondiales. Et il doit d’autant plus enrager que, lors des précédentes conférences de ce type, l’Amérique était restée en retrait, comme ce fût le cas lors de la ratification du Protocole de Kyoto. Dans le communiqué de l’Elysée, cette volonté du président Hol- lande d’être le maître de céré- monie de la COP21 est palpable : « La France va continuer de fédérer toutes les initiatives pour que les nations notamment les plus développées prennent leurs responsabilités. » Tout esbaudi par l’éclaircie sondagière ou pani- qué à l’idée de rater la dernière occasion de laisser une trace dans l’histoire, notre président ? Quoi qu’il en soit, il ne compte visiblement pas se laisser voler la vedette. François Hollande a donc mobil- isé ses troupes pour rappeler à Barack Obama que la France est en pointe sur les questions écologiques. D’abord, c’est la « vice-présidente » et ministre de l’écologie Ségolène Royal qui en a remis une couche sur Twitter. Son gazouillis, rédigé dans un franglais que M. Obama aura peut-être du mal à comprendre (s’il prend la peine de le lire) rappelle que notre pays a d’ores et déjà adopté la loi de transition énergétique, modèle pour tous les gouvernements du monde. Puis c’est l’inénarrable Jean-Christophe Cambadélis qui a salué, grand seigneur, « un signe encourageant pour la COP21 ». Amen, ils vous le disent : la bonne parole a été portée par-delà les mers, sur tous les continents de la terre. À moins que Barack Obama n’ait tout simplement pré- féré couper l’herbe sous le pied de notre Saint François national, et s’assurer que le combat du siècle, dont dépend nous dit-on le sort de l’humanité, soit encore une vic- toire pour l’Amérique. Climat: Hollande tire la couverture de survie à luiSources : causeur.fr Climat: Hollande tire la couverture de survie à lui. / Photo : Causeur.fr
  • 9. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 9 MONDE Le pape appelle l'Eglise à ne pas traiter les divorcés remariés comme des excommuniés Sources : AFP L es divorcés remariés « font tou- jours partie de l’Eglise » et ne doivent pas être traités comme des excommuniés, a affirmé mercredi le pape François, alors que le sujet s’annonce explosif au synode sur la famille en octobre. Sans remettre en cause le dogme catholique sur le mariage religieux, qu’il appelle régulièrement à remettre à l’honneur, le pape a estimé « qu’un accueil fraternel et attentif dans l’amour et la vérité est nécessaire envers les baptisés qui ont établi une nouvelle relation après l’échec d’un mariage sacramentel ». « En effet, ces personnes ne sont pas excommuniées - elles ne sont pas excommuniées ! - et ne doivent absolument pas être traitées comme telles. Elles font toujours partie de l’Eglise », a-t-il martelé lors de son audience hebdomadaire dans la vaste salle Paul VI, provoquant des applaudissement nourris. De plus, « il est nécessaire, par amour de la vérité, de bien discerner les situations, faisant par exemple la différence entre qui a subi la séparation et qui l’a provoquée », a insisté le pape. Fin juin, lors de sa dernière audience générale du mercredi avant une suspension durant tout le mois de juillet, Jorge Bergoglio avait déjà fait preuve de pragmatisme en reconnaissant qu’une séparation était parfois inévitable. « Elle peut même être moralement nécessaire, quand il s’agit de soustraire l’époux plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures plus graves causées par l’intimidation et la violence, l’humiliation et l’exploitation, mais aussi l’indifférence », avait-il expliqué. « Pas de portes fermées ! Tous peuvent participer d’une manière ou d’une autre à la vie de l’Eglise », a martelé mercredi le pontife argentin en évoquant la prière, la liturgie, l’éducation religieuse des enfants, le service des pauvres, l’engagement pour la justice... mais pas les sacrements. Pour l’Eglise, un mariage religieux ne peut être dissous. Aussi, le droit canon, considérant les personnes remariées civilement comme infidèles à leur premier conjoint, les exclut-elle des sacrements, dont la communion. L’excommunication est cependant une sanction plus forte, puisqu’elle implique aussi une exclusion de la communauté. Prier pour ‘un miracle La question de la place des divorcés remariés dans l’Eglise, mais aussi celle des homosexuels ou des unions civiles, divise profondément l’Eglise, entre des conservateurs, en particulier des pays du Sud, braqués contre tout changement, et une ligne plus moderne, désireuse de réelles ouvertures. La question a fait l’objet de vifs débats lors du synode sur la famille à l’automne 2014, et devrait être encore au centre du second synode en octobre, qui doit élaborer des recommandations pour le pape. Le document de travail de ce second synode, rendu public fin juin, a semblé présenter une synthèse entre les ouvertures prudentes de certains prélats occidentaux et la réaffirmation de la doctrine. Il évoque ainsi la possibilité d’un « chemin de pénitence » ouvrant la voie à un retour à la communion pour des divorcés remariés, mais avec des conditions draconiennes qui pourraient aller jusqu’à l’obligation de faire chambre à part. Un consensus plus large existe aussi en vue d’une simplification des procédures de nullité matrimoniale, visant à montrer qu’en raison d’un vice de fond ou de forme, le mariage n’était pas valide et n’a donc techniquement jamais eu lieu. Dans une interview en mars à une télévision mexicaine, le pape avait mis en garde contre des « attentes démesurées » d’une partie des fidèles avant le synode. Mais lors d’une messe pendant son voyage en Amérique latine enjuillet,ilaaussiappeléàprierpour«un miracle », afin de « trouver des solutions et des aides concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter aujourd’hui ». L ’option alternative à l’accord sur le nucléaire iranien serait une nouvelle guerre au Moyen- Orient, a mis en garde mercre- di le président des Etats-Unis Barack Obama, exhortant le Congrès, dominé par ses adversaires politiques, à ne pas torpiller le texte. Si le Congrès « tue cet accord », « la crédibilité de l’Amérique comme leader diplomatique. La crédibilité de l’Amérique comme ancre du sys- tème international » sera « perdue », a également affirmé le président dans un long discours défendant l’accord conclu entre Téhéran et les grandes puissances le 14 juillet. « Un rejet de l’accord par le Con- grès laisserait toute administration américaine absolument détermi- née à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire face à une seule option: une autre guerre au Moyen-Orient. Je ne dis pas cela pour être provocateur. C’est un fait », a martelé M. Obama. Immédiatement, le président du parti républicain, Reince Priebus, a conspué dans un communiqué un discours « alarmiste » dont Barack Obama « devrait avoir honte ». La probabilité que les élus améric- ains entravent ce texte historique ayant mis fin à douze ans de crise diplomatique, est faible. Mais les parlementaires sont en plein débat sur le sujet et une résolution de désapprobation de l’accord sera probablement adoptée avant le 17 septembre. Le président pourra toutefois y opposer un veto qui ne pourra ensuite être stoppé qu’à la majorité des deux tiers. Pour s’assurer qu’au moins un tiers des membres du Congrès sont de son côté, Barack Obama a donc défendu le caractère historique et pacifique de l’accord, estimant que ce débat était pour les élus “le plus conséquent” de la décennie en matière de politique étrangère. va-t-en guerre Pour appuyer son propos, il a invo- qué le discours prononcé par son prédécesseur John F. Kennedy dans la même enceinte universitaire en juin 1963. Le président démocrate y avait prôné la paix avec l’Union soviétique face aux craintes d’un conflit nucléaire. M. Obama a aussi pointé du doigt les va-t-en guerre de l’administration Bush. « Beaucoup de ceux qui ont milité pour la guerre en Irak font désor- mais campagne contre l’accord sur le nucléaire iranien », a-t-il déclaré. « De façon ironique, le plus grand bénéficiaire de cette guerre dans la région a été l’Iran, qui a vu sa position stratégique renforcée par l’éviction de Saddam Hussein, son ennemi de longue date », a analysé le président. Le débat sur l’accord de Vienne a considérablement refroidi les rela- tions entre les Etats-Unis et Israël, qui estime sa sécurité menacée. Barack Obama n’a pas ménagé son allié durant le discours, désignant Israël comme étant le seul pays à s’être publiquement exprimé contre l’accord. « Toutes les nations du monde qui se sont publiquement exprimées, à l’exception du gouvernement israélien, ont apporté leur soutien » au texte, a affirmé Barack Obama dont le discours était retransmis et traduit en hébreux à la radio pub- lique israélienne. L’accord du 14 juillet entre l’Iran et les grandes puissances prévoit de limiter au nucléaire civil le pro- gramme iranien en échange d’une levée progressive et réversible des sanctions internationales imposées à son économie. Discours didactique Réitérant les engagements de son chef de la diplomatie, John Kerry, qui a âprement négocié le texte, Barack Obama a promis d’être ferme à l’égard des Iraniens. Si l’Iran triche sur le nucléaire « nous pourrons les attraper et nous le ferons », a-t-il déclaré. Au fil de son intervention qui a duré 55 minutes, le président s’est efforcé d’être didactique, détaillant le contenu de l’accord point par point et rappelant les origines du désarmement nucléaire. L’ancien professeur de droit con- stitutionnel a usé de son ton de prédilection pour démonter les arguments des pourfendeurs de l’accord, qui ont selon lui déboursé des « dizaines de millions de dollars » dans des publicités négatives. Enfin, il a concédé que la levée des sanctions laissait à Téhéran le champ libre sur la gestion de son économie. Une partie des fonds débloqués par la levée des sanctions sera con- sacrée à des « activités terroristes », a-t-il reconnu faisant écho aux arguments de ses détracteurs. Mais pour le président américain, l’essentiel de l’argent devra être con- sacré par les autorités iraniennes à améliorer la situation de la popu- lation, qui a souffert de plusieurs années d’asphyxie économique en raison des sanctions. Même « un régime aussi répres- sif que l’Iran ne peut ignorer les espoirs » suscités parmi la popula- tion, a-t-il estimé. Obama défend l'accord sur le nucléaire iranien, brandissant le spectre d'une guerre Sources : AFP Le président américain Barack Obama. / Photo : abcnews.go.com
  • 10. 10 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 ÉCONOMIE 500 à 600 millions de dollars par an perdus pour le fisc à cause de la contrebande Par Therno N. A. Senelus COMMERCE/CONTREBANDE C ette estimation des pertes fiscales illustre la probléma- tique de la perception des taxes et impôts le long d’une ligne frontalière de 360 km de lon- gueur, entre les deux pays. À Malpasse, l’un des principaux points d’échange entre Haïti et la République dominicaine, la contrebande intensive reste et demeure un handicap pour la per- ception fiscale. Les agents doua- niers de la AGD semblent être dépassés par l’ampleur du prob- lème et se révèlent incapables de contrôler les activités de contre- bande très lucratives dans la zone. La contrebande, selon la défini- tion officielle, désigne le transport illégal de marchandises ou de per- sonnes, en particulier au travers de frontières, ceci afin d’éviter de payer des taxes ou de faire entrer des produits interdits dans un pays ou, inversement, d’en faire sortir malgré l’interdiction. Contrebande ‘légale’ ? En dépit d’un accord bilatéral signé en février 2014 à Jimani entre les deux États pour lutter contre la contrebande, la fraude et les trafics illicites le long de la frontière haïtiano-dominicaine, ce phénomène de la contrebande persiste dans la zone frontalière. Plusieurs personnalités du secteur des affaires, dont l’industriel et président de la Chambre fran- co-haïtienne de commerce et d’industrie, Grégory Brandt, ont déploré le peu de résultats obte- nus dans la lutte pour mettre un terme sinon réduire ces activités qui amenuisent les revenus fis- caux et constituent un important enjeu pour la production natio- nale. Ces entrepreneurs lancent à nouveau un appel aux dirigeants du pays pour que soit instauré un vrai dialogue entre les deux pays en vue de trouver des solutions durables à ce problème. Grégory Brandt a exprimé sa préoccupation face aux con- séquences d’une situation qui aggrave la fragilité économique du pays. À cet effet, il a évoqué un néologisme, la « contrebande légale », une sorte de perception extra-institutionnelle qui devient monnaie courante. Rappelant des initiatives mises sur pied pour aider l’État à faire face au phénomène de la contrebande, Grégory Brandt s’est exprimé en ces termes : « en novembre et décembre 2011, nous avons dis- cuté à l’hôtel Caribe autour d’un meilleur dispositif d’exploitation des opportunités de croissance du pays, à travers un partenariat public privé ». La réforme fiscale : un impératif Il a par ailleurs évoqué les échanges autour de la nécessité d’une réforme fiscale, dans la perspective d’un élargissement de l’assiette fiscale. « En 2012, a-t-il rappelé, nous avons invité la Banque mondiale à proposer d’autres formes de gestion en fis- calité dans le but d’augmenter le rendement fiscal. En 2014-2015, une autre série de conférences portait sur les échanges inégaux et non compétitifs supportés par une frontière où sévit la contre- bande au détriment des entrepris- es haïtiennes ». Un phénomène qui, a-t-il regretté, reprend de la vigueur. Le président de la CFHCI se demande pourquoi cet argent n’est pas collecté ? Une réponse qu’il estime difficile à trouver. « Nous ne sommes pas le ministère des Finances, nous ne sommes pas la douane ». Ce phénomène est à l’origine d’une compétition déloyale et illé- gale pour les entreprises honorant leurs redevances fiscales. Selon sa compréhension du phénomène, la contrebande se fait en général secrètement. Alors que la « contre- bande légale » dit-il, se fait au vu et au su de tout le monde. Tout le monde, incluant les contreband- iers, ont en main un document indiquant qu’il a payé. Plusieurs institutions publiques reçoivent leur part du butin. Un argent qui semble ne jamais arriver dans les caisses du Trésor public. Argumentant, chiffres à l’appui sur les activités de corruption responsables de la persistance de ce phénomène dans la zone de Malpasse, un homme d’affaires qui a requis l’anonymat s’en prend à l’administration Martelly qui dit- il, cautionne ce qui se passe actu- ellement dans la frontière. Selon des révélations de cet homme d’affaires qui garde l’anonymat, Haïti connait un manque à gagner sur la frontière, représentant une perte annuelle de plusieurs centaines de mil- lions de dollars US. Le calcul est simple. « En considérant les chiffres d’environ 1.6 milliard de dollars USD d’importation de la République dominicaine, et si nous appliquons un taux de taxa- tion de 30 %, nous dépassons les 350 millions de dollars de pertes fiscales », a-t-il commenté. La situation ne montre aucun signe véritable de changement dans la zone frontalière. La contre- bande est y toujours dynamique. Une grossiste rencontrée, ce mardi, dans la ville de la Croix- des-Bouquets donne son avis sur le phénomène de la contrebande : « je suis grossiste. Je vends des produits en gros, soit aux domini- cains, soit aux commerçantes et commerçants à Port-au-Prince et même dans les villes de province. Je suis toujours dans la zone fron- talière. Je peux vous dire que la contre- bande est toujours en vigueur. Malgré les différentes initiatives prises par les deux pays, rien n’est encore clarifié. Que les deux pays s’entretiennent à nouveau pour résoudre ce problème ». De surcroit, la grossiste, qui ne mâche pas ses mots, impute la responsabilité de l’aggravation de la situation aux responsables douaniers des deux pays qui, selon ses propos, ne disposent d’aucun vrai outil pour freiner la contrebande. Elle a affirmé que « Ce sont des employés du gouver- nement haïtien, a-t-elle accusé, qui pervertissent le système. La grossiste a conclu son entretien en prédisant que si le prochain mandataire de la Nation, ne prend pas ce dossier à cœur, chaque année la frontière sera pour le pays une circonstance aggravante de fragilité économique. « Le gou- vernement haïtien devrait trou- ver une alternative économique tout en luttant contre des activi- tés de contrebande néfastes pour l’économie du pays, notamment par l’élaboration d’une politique publique appropriée, adaptée à la situation pour les communes proches de la ligne frontalière », a-t-elle insisté. La frontière haitiano-dominicaine, c’est aussi et surtout près de 500 à 600 millions de dollars US non collectés par la douane à cause de la contrebande. Un manque à gagner pour le fisc haïtien. L’Administration générale des douanes (AGD) a du pain sur la planche. TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH) >Taux moyen d’achat 53.3302 GDES >Taux moyen de vente 53.8628 GDES COURS DE LA GOURDE 5 AOÛT 2015
  • 11. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 11 ÉCONOMIE A San Nicolás de los Garza, dans le Nord du Mexique, le maire de la ville a trouvé une méthode efficace pour améliorer la propreté de sa ville : afficher publiquement le portrait des pollueurs qui jettent leurs déchets sur les trottoirs. Des panneaux publicitaires pour afficher les pollueurs Le Mexique n’arrête pas le progrès, alors que l’on apprenait récemment l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques du Mexique, voilà que le pays décide de s’attaquer à la pollu- tion avec une méthode radicale mais efficace. D’immenses panneaux pub- licitaires sont parqués dans les quatre coins de la ville, avec en légende « arrêté pour cochonnerie », situé sous le portrait d’un homme, posant tel un délinquant dans un commissariat. Pour le maire de la ville, Pedro Sal- gado, cette sanction publique, ajoutée à une amende et une arrestation « sera appliquée à toute personne accumu- lant trois infractions », a t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le premier pollueur a été affiché le 28 juillet dernier sur « le tableau de la honte », tel qu’il a été baptisé par le maire. Le coupable était un multi-récidiviste, sanctionné à trois reprises depuis mai pour avoir déposé ses ordures dans la rue. Une action coup de poing qui a suscité rapidement la colère des défenseurs des droits de l’homme. Un projet original pour diminuer les déchets au Mexique Selon le maire de la ville, près de 25 tonnes de déchets sauvages sont ramassés chaque jour. Pour la ville, c’est un vrai problème puisque ces déchets bloquent l’évacuation des eaux vers les égouts, ce qui provoque des inondations pendant les périodes de pluies. Alors que les agents municipaux vien- nent ramasser tous les matins les ordures ménagères avec un système où ils signalent leur arrivée aux habi- tants afin qu’ils sortent leurs ordures, certains préfèrent jeter leurs déchets dans la rue et le plus souvent la nuit, en dehors des horaires de ramassage. Alors que des extraits de la loi sont disponibles sur le site de la chaîne Fox News Latino(1), celles-ci précisent bien qu’il est interdit aux habitants de jeter des branches, des ustensiles, des animaux morts, et tous type de déchets dans les terrains vagues, les espaces publics, parcs et autres sites non autorisés. Si ce projet incite les habitants à faire attention où ils jettent leurs détritus, l’expérience serait peut-être intéres- sante à reproduire ailleurs. Au Mexique on affiche le portrait et le nom des pollueurs récidivistesPar Hugo Quinton | ConsoBlogue ENVIRONNEMENTURBAIN Pour améliorer la propreté de la ville, le maire de San Nicolás de los Garza, au Mexique, a décidé d’afficher publiquement le portrait des pollueurs qui jettent leurs déchets sur les trottoirs ! D’immenses panneaux publicitaires sont parqués dans les quatre coins de la ville, avec en légende « arrêté pour cochonnerie » | © Ronaldo Schemidt / AFP REDEVANCEINCITATIVE Réduire les déchets avec les poules Sources : Terra Eco D e plus en plus, la mode est à l’élevage de poules créoles – poul peyi - à domicile. Des poules consommatrices de grains garantis sans OGM*, sans colorants et sans conservateurs. Une façon de se garantir une alimentation saine et une meilleure qualité de vie. Des poules pour manger les déchets organiques Cela ressemble un peu à une blague et pour cause : c’en était une au départ, lors d’un conseil munici- pal, entre une adjointe au Maire et une conseillère municipale. Afin de diminuer la redevance incitative pour les ordures ménagères prévue dans la loi Grenelle I’on pourrait diminuer le volume d’ordures en donnant les déchets organiques à des poules. Une idée finalement conservée par Lydie Pasteau, maire de la commune, qui décide d’acheter 62 poules pondeuses de Loué, et les proposer aux 206 habi- tants du village. 31 foyers volontaires pour accueillir des poules C’est ainsi qu’en septembre 2012, un tiers des familles du village ont accueilli deux poules pondeuses. Les foyers ont signé un accord, s’engageant pour deux ans. « On n’a rien inventé ! », commente Sylvie Pasteau, « Nous avons tous vu nos parents avoir des poules au fond du jardin, à qui ils don- naient leurs restes ». Pas de coq dans le village, néanmoins, afin de garantir la sérénité auditive. Dialogues entre voisins Curieusement, même entre 206 habi- tants, on ne se parle pas forcément, et élever des poules a rapproché des gens qui ne s’adressaient pas la parole. « Des gens qui ne se parlaient pas s’enquièrent désormais de leurs poules respectives, les enfants apprennent que les œufs ne sortent pas des boîtes, on apprend à mieux trier nos déchets », explique la première adjointe Nicole Foucault. Certaines familles ont même mis leurs poules en colocation, afin de partager le poulailler. Quant aux enfants, ils apprennent d’où viennent les œufs. Les poubelles, elles, sont sor- ties trois fois moins souvent. Une jolie initiative, qui en inspirera peut-être d’autres. *Un OGM (Organisme Génétiquement Modifié) est un organisme vivant (animal, végétal, bactérie) dont le pat- rimoine génétique a été modifié par l’homme pour lui donner des nouvelles propriétés. Ceci permet de créer des organismes qui autrement n’auraient jamais existé dans la nature. La commune de Pincé, dans la Sarthe (France), a proposé à ses habitants qui font de l’élevage de poules dans leur jardin d’en prendre chez eux, afin de réduire le volume de déchets collectés.
  • 12. S elon des résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 10,22 points à 17 540,47 points, tandis que le Nasdaq a gagné 34,40 points à 5 139,95 points. Le S&P 500, un indice élargi sur lequel préfèrent se baser beaucoup d’investisseurs, a avancé de 0,31 %, soit 6,52 points, à 2 099,84 points. L’évolution plutôt favorable de Wall Street « est liée aux chiffres économiques » du jour, a résumé Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital, soulignant que le Dow Jones avait été plombé par une très mauvaise perfor- mance du géant des divertissements Disney. Dans le détail des indicateurs, les investisseurs ne se sont pas laissés abattre par des chiffres décevants de la société ADP sur les créations d’emplois en juillet, de mauvais augure deux jours avant un rapport mensuel très attendu sur l’emploi, pour rete- nir l’annonce d’une accélération bien supérieure aux attentes de l’activité dans les services le même mois, selon un indice de l’association profession- nelle ISM. Avec « un chiffre correct sur le com- merce international », ces données « montrent que la croissance est là, peut-être pas très forte, mais certaine- ment là », a jugé M. Cardillo, estimant que même le chiffre d’ADP témoignait d’une amélioration continue du marché de l’emploi. A son plus haut niveau depuis sa créa- tion en 2008, l’indice sur les services « rappelle que des pans entiers de l’économie profitent en fait des cours bas des matières premières, en par- ticulier le pétrole », a jugé Chris Low, de FTN Financial. Les cours du pétrole, encore en baisse mercredi, ont rechuté début juillet après une période de stabilisation pen- dant le printemps et se rapprochent de leurs plus bas niveaux depuis la fin des années 2000. Dans l’ensemble, « la Bourse com- mence à se rendre compte que l’économie peut supporter une hausse des taux » de la Réserve fédérale (Fed) et qu’une telle mesure, qui marquer- ait le retrait d’un important soutien à l’économie, « ne va pas faire avorter la croissance des bénéfices des entre- prises », a conclu M. Low. A ce titre, l’un des gouverneurs de la Fed, Jerome Powell, a jugé mercredi dans un entretien à la chaine CNBC qu’il était trop tôt pour se prononcer sur une possible hausse en septembre. La veille, un autre responsable de la banque centrale, Dennis Lockhart, s’était montré plus enthousiaste face à une telle éventualité. « Je pense que ces divisions sont entretenues artificiellement, et qu’une hausse en septembre reste une pos- sibilité », a estimé M. Cardillo. Time Warner baisse Parmi les valeurs, Disney, qui a annoncé une hausse de ses bénéfices trimestriels, portés par la force de ses marques, mais un chiffre d’affaires décevant, a chuté de 9,17 % à 110,53 dollars. Egalement dans le secteur, le studio DreamWorks s’est effondré de 12,43 % à 21,00 dollars après avoir doublé sa perte nette au dernier trimestre. Le groupe de médias Time Warner a perdu 8,96 % à 79,80 dollars malgré des résultats meilleurs que prévu au second trimestre, notamment grâce au jeu vidéo « Batman: Arkham Knight » et à la vidéo en streaming. L’éditeur de jeux vidéo Activision Bliz- zard a bondi de 11,84 % à 28,71 dol- lars, après avoir relevé ses prévisions à la suite d’un deuxième trimestre meil- leur que prévu, où ses jeux en ligne (Warcraft, Destiny) se sont notamment distingués. La biotech Baxalta, spécialisée dans les maladies rares, a pris 0,54 % à 37,30 dollars au lendemain du rejet d’une OPA hostile de 30 milliards de dollars du groupe pharmaceutique Shire, coté à Londres. Par ailleurs, l’ancienne maison mère de Baxalta, le laboratoire pharmar- ceutique Baxter a avancé de 4,52 % à 42,13 dollars, après que l’investisseur activiste Daniel Loeb a révélé dans un document boursier avoir pris une par- ticipation de 7 % dans le groupe. Le marché obligataire reculait. Vers 20H45 GMT, le rendement des bons du Trésor à dix ans montait à 2,271 % contre 2,224 % mardi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,942 % contre 2,900 % auparavant. 12 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 Wall Street a fini de façon dispersée mercredi après un excellent indice sur le secteur des services, qui a largement fait oublier des chiffres moins encourageants sur l’emploi: le Dow Jones a cédé 0,06 % mais le Nasdaq a pris 0,67%. ÉCONOMIE Porto Rico est en faillite, mais la « Grèce des Caraïbes » n'est pas aussi mal en point que celle d'Europe Sources : Le HuffPost avec AFP « Moody’s considère cet événe- ment comme un défaut de paiement », a indiqué une vice- présidente de l’agence, Emily Raimes, dans un communiqué trans- mis à l’AFP. Parfois surnommé la « GrècedesCaraïbes»,PortoRicodevait rembourser lundi 3 juillet quelque 58 millions de dollars de dette contrac- tée par une agence gouvernementale mais n’en a remboursé que 628 000 dollars. « C’est, selon nous, la première étape d’un défaut général sur sa dette », a ajouté la responsable de Moody’s, assurant que Porto Rico n’avait pas les « moyens » d’honorer l’ensemble de ses échéances financières. Dans un com- muniqué distinct, Melba Acosta Febo, le président de la banque porto-ricaine de développement, bras financier de l’île, avait assuré que le non-paiement reflétait « les graves inquiétudes » sur la crise de liquidités qui frappe le ter- ritoire. Les Etats-Unis excluent tout plan de sauvetage Les finances porto-ricaines ont été durement frappées par l’annulation en 2006 d’un système d’exemption fiscale pour les entreprises. Il a provoqué une récession économique et une flambée du chômage. Ce territoire bénéficie d’un statut hybride, sans faire partie des 50 Etats américains, il bénéficie d’une forte intégration économie, juridique et monétaire (dollar améri- cain).Les Etats-Unis ont déjà exclu tout « sauvetage » financier de l’île qui s’expose désormais à des poursuites en justice de ses créanciers, pour la plu- part des fonds de pension américains. Contrairement aux villes américaines comme Detroit, Porto Rico n’a pas la possibilité légale de se déclarer en fail- lite pour restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers. Une proposition de loi lui accordant cette possibilité a été déposée au Congrès américain mais elle est restée lettre morte.« En cas de statu quo, sans un régime légal qui a déjà fait ses preuves, la solution des problèmes financiers de Porto Rico serait chaotique, longue et coûteuse pour Porto Rico mais plus générale- ment pour les Etats-Unis », a mis en garde fin juillet le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew. L’archipel américain de Porto Rico, en profonde crise économique, a fait défaut sur une partie de sa dette de 73 milliards de dollars en n’honorant pas un remboursement attendu le lundi 3 août, a indiqué l’agence de notation Moody’s. Wall Street finit en ordre dispersé une séance plutôt optimiste Sources : AFP
  • 13. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 13 JUSTICE Avis judiciaire Par ces motifs, le Tribunal, après avoir délibéré conformément à la loi, jugeant par défaut et à charge d’appel dit et déclaré : Accueillir l’action des requérants pour être régulière en la forme et juste et fond, Dire que le contrat de bail à loyer liant les parties est de plein droit résilié du fait que le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE n’a pas honoré ses redevances locatives depuis plus de quatorze mois ; Ordonner en conséquence son déguerpissement des lieux avec exécution provisoire sans caution nonobstant appel ou Pouvoir en Cassation , condamner le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE à payer les sieurs Jean Jacques COICOU et Gilbert COICOU la somme de vingt mille gourdes (20.000.00 GDES) à titre de dommages et intérêts tout en leur donnant acte de leurs réserves de le poursuivre par devant qui de droit au moment opportun pour les loyers dus et à échoir, Condamner le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE aux frais et dépens de l’instance de ce jugement. AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS Me. Jean Rigaud Duret, Juge de Paix suppléant du Tribunal de paix de la Section Est de Port- au-Prince, en audience civile et publique du 13 mai 2015, avec l’assistance de la dame Victoriette PIERRE Greffière. Il est ordonné etc… En foi de quoi etc… Pour Expédition Conforme Collationnée Me. Vladimir E. YAYO Avocat Avis judiciaire Par ces motifs, le Tribunal, après avoir délibéré conformément à la loi, jugeant par défaut et à charge d’appel dit et déclaré : Accueillir l’action des requérants pour être régulière en la forme et juste et fond, Dire que le contrat de bail à loyer liant les parties est de plein droit résilié du fait que le sieur Julien GEROME n’a pas honoré ses redevances locatives depuis plus de douze mois ; Ordonner en conséquence son déguerpissement des lieux avec exécution provisoire sans caution nonobstant appel ou Pouvoir en Cassation , condamner le sieur Julien GEROME à payer les sieurs Jean Jacques COICOU et Gilbert COICOU la somme de vingt mille gourdes (20.000.00 GDES) à titre de dommages et intérêts tout en leur donnant acte de leurs réserves de le poursuivre par devant qui de droit au moment opportun pour les loyers dus et à échoir, Condamner le sieur Julien GEROME aux frais et dépens de l’instance de ce jugement. AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS Me. Jean Rigaud Duret, Juge de Paix suppléant du Tribunal de paix de la Section Est de Port- au-Prince, en audience civile et publique du 13 mai 2015, avec l’assistance de la dame Victoriette PIERRE Greffière. Il est ordonné etc… En foi de quoi etc… Pour Expédition Conforme Collationnée Me. Vladimir E. YAYO Avocat Remerciements La famille Michel remercie tous ceux qui lui ont témoigné leurs sympathies après le décès de Jean Baptiste Edgard Michel survenu le 15 juillet 2015 à l’hôpital Bernard Mevs à l’âge de 82 ans. Des remerciements spéciaux aux pasteurs Régniel Louis et Bergemane Henri de l’église de Dieu de la rue du Centre, pasteur Angelet Charles de l’église évangélique Piscine du Saint-Esprit de Tabarre, Pasteur Roger Wilson Charles de l’église Communion La Manne d’Haïti à Pétion-Ville, Pasteur Dathus Solaire, aux diacres et fidèles de l’Assemblée de l’église évangélique Shékina de Delmas, aux amis prêtres, religieux et religieuses, aux délégations des groupes et chorales des églises protestantes et catholiques. Les remerciements de la famille Michel vont également à monsieur le juge Samuel Baucicaut, mademoiselle Daphney Paul, au staff de l’hôpital Bernard Mevs, aux collègues de bureau de Michel Studio Photo Store, aux collègues de bureau de la Food For the Poor, aux collègues de bureau de l’Autorité Portuaire Nationale (APN), aux anciens collègues de l’hôpital Saint François de Sales, aux membres de la famille élargie et amis. PETITES ANNONCES « Le ministère de la Justice en sa qualité d’administrateur de la Justice s’assure de la fonctionnalité et de la disponibilité de l’appareil judiciaire avant, pendant et après les élections », a dit le Garde des sceaux de la République faisant aussi état des mesures de sécurité déjà adoptées par le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN). Me. Casimir a demandé aux parquetiers d’attirer l’attention des juges de paix de leurs juridictions respectives sur les articles 11 et suivants du code d’instruction criminelle relatifs la manièredeprocéderdesjugesdepaix sans oublier les articles 19 et suivants traitant relatifs aux commissaires du gouvernement. « Dans l’accomplissement de leurs tâches, les juges ainsi que les commissaires du gouvernement doivent garder une stricte neutralité et être à la disposition de tout justiciable quelle que soit sa chapelle politique », a insisté le ministre rappelant que les portes des parquets et des tribunaux devront restez ouverts durant toute la journée électorale du 9 août, de 6 heures a.m. à 6 heures p.m. Les juges de paix devront aussi délivrer des procès-verbaux à la demande de tout justiciable qui en aura fait la demande. Ces derniers, selon le ministre, ne devront pas se faire prier quand leur service sera requis. Les procès-verbaux seront délivrés rapidement et sans aucun frais de la part du justiciable, qu’il soit candidat ou pas. En ce qui a trait au fonctionnement des parquets durant la journée du 9 août, le ministre énuméré une liste de dispositions administratives : les substituts commissaires doivent être présents à leur bureau ce dimanche, il en est de même pour les juges de paix, un numéro de téléphone doit être à la disposition de la population en cas de besoin. Le ministre croit que les officiers du parquet doivent se garder de faire des déclarations dans la presse et il prodigue le même conseil aux magistrats du siège. Si ce n’est pour des informations relatives au fonctionnement de leurs bureaux respectifs, le ministre ne voit pas de quoi un magistrat pourrait parler dans la presse en ces temps d’élections. Me. Casimir espère aussi que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) va réitérer les mêmes consignes à l’endroit des juges du siège tout en leur demandant aussi de se mettre disponible le jour du scrutin. Sur le plan procédural, les juges de paix seront saisis par les bureaux électoraux communaux (BEC) en matière d’infractions à la loi électorale. Au terme de l’actuel décret électoral, les infractions à la loi électorale sont classées dans la catégorie des contraventions, donc relevant de la compétence de la justice de paix. Les commissaires du gouvernement qui participaient à la rencontre ont aussi parlé à la presse pour fait état des réalités de leurs zones respectives et précisé les mesures prises de concert avec la police locale. Le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Jacmel, Me. Jean Antoine Feraud dit vouloir déléguer des substituts comissaires dans des zones réputées rouges dans le département du Sud-est, telle la ville de Belle Anse. Son collègue du parquet de Hinche, pour sa part, avoue que son département est réputé très violent en période électorale. Des villes comme Maïssade et Lascohobas sont souvent très bouleversées et le commissaire dit avoir reçu des informations selon lesquelles des candidats ont déjà fait venir des bandits dans ces zones, à l’approche des élections. Il confirme cependant que des patrouilles répétées de la police ainsi que des perquisitions judiciaires ont déjà permis l’arrestation de presque tous ces bandits ainsi que la confiscation de plusieurs armes à feu. Les commissaires disent compter sur le renforcement de la présence policière dans les différentes villes du pays, tel que promis par les autorités gouvernementales. Les commissaires du gouvernement appelés à la neutralité par Eddy Laguerre En plus des notes et des circulaires transmises aux différents chefs des parquets de la République à l’approche des élections, le ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me. Pierre-Richard Casimir a convoqué les commissaires du gouvernement, ce mercredi 5 août 2015, pour leur rappeler les consignes liées à la gestion des dossiers judiciaires durant la période électorale. A un moment où les situations de violence tendent à se multiplier dans certaines zones du pays, le Ministre invite les magistrats à avoir la loi comme boussole et la neutralité comme crédo. HAÏTI/ÉLECTIONS » suite de la première page
  • 14. 14 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 SOCIÉTÉ L ’apparence physique importe peu, la plupart du temps. De ce fait, on attend toujours qu’une personne prononce sa première phrase pour savoir dans quelle catégorie la classer. Cela est dans la nature humaine. Les étiquettes. Cela nous colle à la peau comme une seconde nature. C’est devenu un besoin social. Ironiquement, le vocabulaire fait un homme. Qu’il soit riche ou pauvre. Ici, il faut aussi bien savoir parler le français et faire attention au vocabulaire. Après tout, « Où foutre vont-nous dans ce pays ? » sans ce bon français ! Étant donné que peu d’entre nous sont lettrés, nous avons fini par nous limiter au niveau de la langue employée. Présentement, cela en dit long sur une personne. Surtout, si en tant que personne haut placée, on chante « I don’t care… I don’t give a damn… kite mele dada m… I don’t give a shit… ». Il ne parle pas français mais il fait encore mieux : il parle le fameux anglais ! La conclusion la plus sensée est assurément : personnage parfaitement éduqué et plus que qualifié pour de grandes responsabilités. Catégorie : pourquoi pas en faire un président ? N’avons-nous pas pour habitude de constamment rappeler à la jeunesse d’aujourd’hui qu’elle est l’avenir de demain ? C’est un poids qui pèse lourd quand les bases reçues sont faibles. Quoi de mieux, pour l’orientation, que de passer à la télé des séries télévisées où l’acteur principal apprend aux enfants comment bien se tenir en société ? Passez-les une fois, deux fois et plus et dans moins de temps qu’il ne faut pour le dire tous les enfants chanteront « grate, frape pye w » toute la sainte journée. Alléluia ! Les parents peuvent dormir avec l’esprit tranquille car l’avenir du pays est assuré. Il est assuré d’autant plus que la nouvelle carrière qui fait rêver les petits Haïtiens est celle de chanteur. La plupart aspire à devenir rappeurs. La classe ! Les filles en bikini, les fesses qui applaudissent, les seins qui rebondissent, les voitures (dont on n’est pas le propriétaire qu’on affiche au vidéoclip), etc. Et comme les Haïtiens savent ce qui est bon pour eux, cela fera « hit » puis « I swear to God, m ap milyonè ». C’est ça, la belle vie ! Catégorie : célébrités qui font de merveilleux enseignants en passant… Jusque-là, il n’y a rien à blâmer dans notre société. Nous avons les modèles qu’il faut pour un demain comme il se doit. Le seul point ou le bât blesse, c’est quand BDH (Blackout d’Haïti) décide d’entrer en compétition avec EDH (Électricité D’Haïti). Comme ordinairement la victoire du premier suit toujours celle du second, la jeunesse se met toujours à l’infinitif. Du coup, ils occupent leur temps comme ils peuvent vu que, à part la télévision, il ne leur reste plus de distractions. En toute logique, ouvrir un livre pour apprendre de nouveaux mots est une perte de temps. Rien de plus normal que notre lexique regorge d’expressions qui incluent majoritairement « kaka » et « bouda ». On se sent repu : « Bouda m plen. » On veut faire comprendre qu’on ne rigole pas : « M pa nan kaka ak moun ! » Et on s’en passe ! Pour s’en choquer, il aurait fallu que ce soit quelque chose d’anormal. Non. IL FAUT savoir pimenter son langage pour faire plus d’impact. Certains gagnent même leur respect ainsi ! Soyons sérieux. Est-ce que cela vaut le coup d’ouvrir un livre ? Catégorie : les futurs meilleurs chefs de gangs… Vocabulaire par Edna Blaise U n chauffeur de bus assurant le trajet Carrefour-Feuilles - Centre-ville gare son véhicule dans un coin. Sans aucune pudeur, il ouvre à demi la portière du véhicule, s’arrange de manière que personne ne le voie et libère sa vessie. Il arrose le sol de son urine.Ilsefichedequipeutl’observer. Son seul souci est de pisser. Il le fait pour ne pas mourir. Si quelqu’un osait lui demander pourquoi il fait cela, à coup sûr, il répondrait par cette interrogation : « Ou vle m kite pise a touye m ? » Dans l’extrême cas, ce dernier pourrait envoyer la personne « niquer sa mère ». Cette pratique devient monnaie courante dans la société haïti- enne. Elle remonte à plusieurs années. Ces derniers temps, même des femmes, de manière plus élégante, se cache derrière une voiture pour se libérer. Pisser à ciel ouvert est perçu comme normal dans la société alors qu’un tel geste devrait être passible de sanctions. « Pourquoi l’anormal devient-il normal dans le pays ?» s’interrogent les esprits avisés. Les différents gouvernements successifs n’ont jamais pensé à gérer cette affaire. Cependant, l’avant-projet du nouveau code pénal haïtien prévoit dans son article 956 « une amende pour les contraventions de la quatrième classe à quiconque commet volontairement une action indé- cente dans un endroit public en présence d’une ou de plusieurs personnes ». Le naturel du geste laisse indif- férents les passants, les politici- ens, la société civile qui ne daig- nent même pas se demander pourquoi des pissoirs ne sont pas conçus pour la satisfaction de ce besoin biologique.Le centre urbain de Port-au-Prince, comme c’est le cas de toutes les villes du pays, n’est pas aménagé pour offrir aux usagers les infrastruc- tures devant favoriser la satis- faction de certains besoins. Il n’y a pas de gares routières, de véritables parcs d’attraction dans le pays. Somme toute, des pis- soirs publics doivent être placés partout pour desservir les citoy- ens. Ainsi, estime plus d’un, on n’aurait pas à assister au geste qui porte atteinte à la pudeur. « Voilà pourquoi, semble-t-il, personne ne s’étonne de voir des gens sat- isfaire ce besoin biologique à ciel ouvert partout», laissent entendre certaines personnalités du pays. Qu’on se rappelle le spot pub- licitaire diffusé sur la Télévision nationale d’Haïti après les travaux de rénovation qui interdisait aux citoyens de pisser sur le gazon des places publiques. Même s’il les invite à protéger le patrimoine matériel public, on ne prévoit pas les conditions qui rendraient légitimes les sanctions contre les violateurs. Donc, la légalité de l’interdiction et de la sanction que sa violation peut entraîner n’implique pas ipso facto leur légitimité au regard de l’absence d’infrastructures pour la satisfac- tion des besoins biologiques. En d’autres termes, l’application des lois et des sanctions prévues pour leur violation devait nécess- iter des conditions d’applicabilité qui ne sont jamais mises en place. Conséquemment, le spot est tou- jours en diffusion sur la chaîne publique et les gens continuent de pisser à ciel ouvert. Ils ne le font pas sur le gazon. Mais dans les coins de rue, les corridors ou sur les pneus de leurs voitures. Si l’absence d’infrastructure dans les lieux publics peut expliquer ce comportement et même le légitimer à un certain point, il ne faut pas omettre de parler d’un manque d’éducation civique et morale des gens. Les gens igno- rent qu’à « la qualité du citoyen se rattache le devoir civique qui est l’ensemble des obligations citoyennes dans l’ordre moral, politique, social et économique, comme le mentionnent les arti- cles 52 et 52.1 de la Constitution. Ainsi, chaque citoyen aurait su qu’il a le devoir de respecter les lois selon le point b de l’article 52.1. Et par conséquent, aucun ne commettrait des gestes, comme celui de pisser n’importe où à ciel ouvert qui porterait atteinte à la pudeur et à la morale. Si l’État a l’obligation de mettre des pissoirs publics dans les sta- tions de transports, les places publiques et dans tous les lieux publics, l’éducation civique et citoyenne des gens s’avère néces- saire. Ainsi, le geste qui porte atteinte à la pudeur ne sera plus perçu comme une norme dans la société haïtienne. Pisser est un besoin physiologique à satisfaire, parfois de toute urgence. Mais respecter la loi est un devoir. Il reste à espérer la mise en place des infrastructures qui per- mettraient à chaque citoyen de remplir ce devoir. Pisser à ciel ouvert : une norme dans la société haïtienne par CHERISCLER Evens En Haïti, on pisse partout, n’importe où et à n’importe quelle heure. Enfants, jeunes et vieux s’arrangent toujours pour satisfaire ce besoin physiologique à chaque coin de rue qui s’offre à eux et sans aucune pudeur. Au fil des ans, ces espaces jaunis par l’urine libèrent une odeur puante. HAÏTI/ÉLECTIONS
  • 15. JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 15 SOCIÉTÉ Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ? Par Ritzamarum ZÉTRENNE D epuis la fin du mois de juin, les travaux de construction du viaduc au carrefour de la marine haïtienne, à Carrefour, ont cessé. Il n’y a plus de bennes, de camions, de gros tracteurs et d’autres matériels liés à ces types de travaux. Plus d’hommes au travail, d’ingénieurs, de topographes, d’employés coiffés donnant l’impression que les travaux avancent. Le chantier est vide. La fondationdéjàcreusée,laferrailledéjà disposée sur le terrain sont les seuls élémentsàprouverquelestravauxont commencé. Les séparateurs utilisés pour isoler le lieu de travail de la rue et des passants sont transformés désormais en panneaux sur lesquels s’affichent les photos des candidats. Le viaduc de Carrefour est-il encore à espérer ? Telle est la question que se posent les habitants de cette commune. Il paraît qu’ils sont impatients de voir leur ville dotée de pareilles infrastructures. « Peut-être qu’ils ont abandonné le projet ! C’est leur habitude dans le pays. On ne termine pas toujours les projets », avance un homme qui vend des appareils électroniques aux abords du boulevard Jean- Jacques Dessalines, à proximité de la marine haïtienne. « Je suis ici tous les jours. Cela fait un bon bout de temps que je ne vois personne travailler sur le chantier. Moi, je dis toujours à ceux qui manifestaient un grand engouement à voir cette réalisation qu’il fallait attendre», a ajouté cet homme d’une manière convaincue, comme pour marquer son scepticisme quant à la réalisation d’un tel projet. Un conducteur de « taptap » qui assure la liaison centre- ville/Carrefour raconte que la construction de ce viaduc aurait été d’une grande utilité pour le transport dans la commune. Il a également fait savoir qu’une telle construction amplifierait la beauté de la zone et faciliterait davantage la circulation. « Si on le fait réellement, cela diminuera les embouteillages et embellira la commune. Mais on n’en est pas encore là », se désole-t-il. Aucun des citoyens rencontrés dans la commune ne veut croire que les travaux reprendront un jour, surtout en pleine année électorale. Aussi, cela provoque le regret de ceux dont les maisons ont été démolies dans le cadre de ce projet. De petits commerçants qui utilisent les trottoirs pour vendre leurs produits ne restent pas indifférents. « Le Président a voulu montrer qu’il fait quelque chose pour le pays, mais rien de sérieux », ont déclaré quelques- uns d’entre eux. Le trottoir qu’ils utilisaient autrefois est désormais un canal creusé par la compagnie dominicaine Estrella, chargée de réaliser ce projet. Mais malgré tout, ils se créent des espaces au milieu de ce canal pour continuer leurs activités. Le ministre des Travaux publics, Transports et Communications, Jacques Rousseau, a pourtant fait savoir, en 2014, que le viaduc de Carrefour serait inauguré au mois de septembre 2015. Vu la lenteur exaspérante dans la réalisation et la matérialisation de ces travaux, les habitants de la commune de Carrefour ont déjà tiré leur conclusion. La construction du viaduc, a fait savoir le ministre des Travaux publics, au cours d’une rencontre avec la presse, en octobre 2013, accuse un montant de 14 millions de dollars américains tirés des fonds Pétrocaribe. « Ces travaux qui doivent être exécutés par la firme de construction dominicaine Estrella devraient prendre fin avant ceux relatifs au viaduc de Delmas », avait rappelé le Ministre. Cette nouvelle administration de l’État haïtien a promis de construire deux ponts à étagement (viaduc) dans la région métropolitaine. L’un sur la route de Delmas et l’autre dans la commune de Carrefour. Ces ponts devraient être construits dans le cadre du plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti. Si le premier est en cours d’achèvement et attend son inauguration, le second, qui devait s’inaugurer au mois de septembre prochain, rampe encore à ses prémisses. Vue partielle de l’emplacement du viaduc de la commune de Carrefour.
  • 16. 16 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015 SOCIÉTÉ Des ébénisteries pour sauver la production nationalePar Stéphanie Balmir D u morne Lazare à l’avenue John Brown (Lalue), l’on rencontrera au moins trois ébénisteries. Ces ateliers fabriquent des meubles de toutes sortes : chaises, tables, lits, entre autres. Bas Lalue, non loin de Poste-Marchand, des meubles sont exposés sur le trottoir, empêchant la circulation des piétons. Les autres, des passagers en majorité, attendent le transport public. Des voitures vont et viennent à la station d’essence. Dans le même espace fonctionne l’atelier de Bourdeau Theriel. Cet homme de 40 ans est ébéniste depuis les années quatre-vingt- dix. Installé sur le parking de l’ancien « Lalue Supermarket » qui a pris feu quelques années plus tôt, il est accompagné d’environ 25 jeunes hommes qui ont appris le métier sur le tas. Dix-sept ans, depuis qu’ils jouent des pieds et des mains pour vivre de ce métier qui tend à disparaître. Ce père d’une famille de quatre enfants avoue que la situation est très difficile. « Je vends des meubles par hasard. Les clients disparaissent les uns après les autres. ». Pourtant, il doit donner mensuellement environ 3 000 gourdes au propriétaire du terrain sur lequel il travaille. Et c’est là le premier problème que pose Theriel : « Je n’ai pas de terrain où je pourrais travailler. Je dois payer le propriétaire du terrain tous les mois. Cependant, quand je ne vends pas, il me comprend et accepte d’attendre le prochain mois », lâche-t-il le regard lointain. Le deuxième problème découle de la concurrence qui affecte la production des meubles locaux. Il est à noter que la concurrence se divise en trois groupes : les showroom de fournitures de maisons, les meubles usagés (pèpè) qui envahissent le marché et les bois qui viennent de l’étranger. Theriel affirme ne pouvoir rien faire pour contrecarrer la concurrence. « Je ne fais que regarder les clients partir. Quand ils viennent, les prix qu’ils proposent sont inférieurs au coût des produits. Je ne peux pas vendre parce que je dois payer les autres et nourrir ma famille. » En effet, plusieurs clients viennent, regardent les meubles et repartent sans rien acheter. « Ils me disent que le Blanc travaille mieux, que les « pèpè » sont moins chers et qu’ils préfèrent acheter leurs meubles dans les showroom parce que ces meubles sont de meilleure qualité ». Malgré tout, Theriel continue de travailler. En revanche, il argue que les meubles locaux sont de loin supérieurs à ceux importés puisque les bois dont ils sont fabriqués sont solides, durables, donc, faits pour l’ébénisterie. «Nous avons des bois exceptionnels pour la fabrication des meubles en Haïti. Quand tu fabriques un meuble en acajou ou en chêne, il dure beaucoup. C’est toi qui en seras fatigué. » Par rapport au soleil et à la pluie dont les clients ont peur, l’ébéniste rassure : « Le vernis protège les meubles et contre le soleil et contre la pluie. Quand il pleut, je veille à ce qu’ils ne soient pas trempés. J’ai des bâches pour les protéger. » Aussi fier qu’il soit de son métier et de ses meubles, le quadragénaire a laissé entendre qu’il a deux autres métiers. Pourtant, tout cela ne suffit pas. « J’ai trois métiers mais je ne peux pas subvenir facilement à mes besoins. Je vends des meubles rarement. La ferronnerie n’est pas non plus une grande source de revenus. Quant à l’électricité, n’en parlons pas. Pour nourrir ses quatre filles et sa femme, Theriel fait des économies et achète des provisions en gros. « Quand je vends un meuble, j’achète du riz, de l’huile. Comme ça, les enfants ne mourront pas de faim. » Pour cet ébéniste qui compte déjà dix-sept ans dans le métier, seuls les mois de novembre et de décembre apportent une bonne recette. Et ce, c’était il y a trois ou quatre ans. « Durant ces mois, je vendais au moins 25 000 gourdes de meubles. C’est différent maintenant. Je vends de moins en moins. Mais je reste confiant parce que je veux encourager la production nationale. » Interrogés sur ses objectifs dans le métier, Theriel a répondu qu’il a deux grands besoins. D’abord, un atelier digne de ce nom et ensuite une maison d’exposition. Le premier parce qu’il redoute de perdre ce terrain et le second parce qu’il aimerait avoir plus de clients. « Les Haïtiens aiment bien l’apparence. Peut-être que si j’avais un showroom, ils viendraient acheter en plus grand nombre ». Il s’appuie donc sur la promesse d’un candidat qui lui rendu visite il y a quelques jours pour réaliser ses rêves. « J’espère qu’il sera élu et qu’il tiendra sa promesse », ajoute-t-il les yeux pleins d’espoir. Un jeune de l’atelier partage les réflexions de Theriel. « La situation est difficile mais nous gardons espoir. Nous devons subvenir à nos besoins, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. » Il avoue ne pas vouloir faire partie de la catégorie de jeunes fainéants qui ont peur de travailler. « De nos jours, les jeunes ne veulent plus s’adonner à un métier manuel. Il n’y a que le plaisir et l’argent qui les intéressent. Voilà pourquoi nous avons la délinquance juvénile », argumente-t-il d’un regard sûr. Bourdeau Theriel, les mains rougies par le vernis n’arrête pas de polir et de repolir le dossier d’une chaise. Il dit aimer son métier et n’être pas prêt à le lâcher pour quoi que ce soit. Il est conscient que beaucoup d’ébénistes ont déjà laissé tomber ce métier, mais il ne veut pas que les meubles importés aient le dessus. Les yeux fixés sur sa besogne, il lance un dernier message aux ébénistes : « Il ne faut pas vous décourager. Les choses sont difficiles mais nous devons continuer parce que c’est à nous d’encourager la production nationale. » Les ébénisteries sont un peu partout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parfois, dans un espace fermé ou à même le trottoir, ces ateliers de fabrication de meubles en bois et en fer fonctionnent tous les jours. Mais en faisant face à des difficultés diverses. Du morne Lazare à l’avenue John Brown (Lalue), l’on rencontrera au moins trois ébénisteries. / Photo : wildbirdscollective