Formation Niveau 3
Décompression – Toxicité des gaz
Accidents et Moyens de prévention
Barotraumatismes – ADD
Narcose – Essoufflement
Philippe Jourdren
phil@philjourdren.fr
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Décompression – Toxicité des gaz
Plan
• Introduction
• Les barotraumatismes
• L’azote et l’ADD
• L’azote et la narcose
• Le dioxyde de carbone et l’essoufflement
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Décompression – Toxicité des gaz
Introduction
• Pourquoi un n-ième cours sur les accidents ?
– Approfondir les notions vues au Niveau 1 et 2
– Savoir que le plongeur N3 va se trouver systématiquement exposé à
des situations accidentogènes dans le cadre de la plongée profonde
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Les barotraumatismes (Rappels)
• A la descente
– Plaquage de masque
– Sinus et oreilles
• A la remontée
– Sinus et oreilles
– Intestins
– Dents
• Prévention
– On ne plonge pas enrhumé
– Bonne hygiène dentaire obligatoire
– Pas de boissons gazeuses avant de plonger
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La surpression pulmonaire
• C’est bien entendu l’accident le plus grave de tous
les accidents de plongée car l’urgence vitale est
en jeu
• Elle est due à un blocage des voies respiratoires
ou à une expiration insuffisante à la remontée
– Soit volontaire
• Par exemple, manœuvre de Valsalva à la remontée
• Remontée sans embout avec expiration mal maîtrisée
– Soit involontaire
• Par exemple, remontée panique suite à un essoufflement
en profondeur
• Elle est d’autant plus grave si elle survient dans la
zone des 10 mètres !
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La surpression pulmonaire
• Quand l’accident survient, il survient en 2 phases
– Phase mécanique
• Distension des alvéoles, voire rupture des alvéoles
• Pneumothorax (compression des poumons par l’air emprisonné par la plèvre) pouvant
amener au déchirement de la plèvre
• Emphysème médiastinal (compression du cœur par l’air emprisonné)
• Emphysème sous-cutané (passage d’air sous la peau du cou)
• Embolie gazeuse (passage d’air dans le sang)
• Œdème pulmonaire (passage de sang dans les alvéoles)
– Phase neurologique
• Les veines pulmonaires ramènent l’air vers le cœur
• Le cœur renvoie l’air vers la crosse aortique puis les carotides
• Les bulles vont se « coincer » dans la circulation cérébrale
• Nécrose des zones nerveuses cérébrales
Progression
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La surpression pulmonaire
• Les symptômes
– Phase mécanique
• Douleur intense à la poitrine, toux et crachat de sang
• Difficultés respiratoires, arrêt respiratoire éventuel
• Emphysème sous-cutané
– Phase neurologique
• Perte de sensibilité, Perte de motricité (hémiplégie)
• Perte de connaissance
• Arrêt ventilatoire, arrêt cardiaque
• La détresse respiratoire peut apparaître très vite
– L’accidenté est très pâle, angoissé, et cyanosé
• Des signes d’ADD peuvent apparaître
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La surpression pulmonaire
• Conduite à tenir
– Mettre l’accidenté en possition demi-assise pour faciliter sa respiration
– Proposer de l’eau et de l’aspirine (en une prise) si l’accidenté est conscient
– Oxygénothérapie avec le masque à haute concentration
– Réconforter et réchauffer l’accidenté
• Bien être conscient que les traitements prodigués sur le bateau sont
dérisoires compte tenu de la gravité de cet accident.
• Solliciter les secours spécialisés dans TOUS les cas
– Urgence vitale ⇒ VHF Canal 16
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La surpression pulmonaire
• Moyens de prévention
– Forcer sur l’expiration à la remontée
– Pas d’apnée en plongée
– Pas de Valsalva à la remontée (blocage respiratoire)
– Surveiller sa consommation d’air pour éviter la panne et donc un risque de
remontée panique
– Éviter tout facteur favorisant l’essoufflement.
• Éviter de plonger si essoufflement en surface
– Regarder vers la surface à la remontée
• Cependant, on note une baisse dans l’apparition des cet accident depuis
quelques années (et c’est tant mieux)
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L’azote et l’ADD
• L’ADD, c’est un Accident De Dessaturation (anciennement appelé Accident De
Décompression)
• Un accident de désaturation est un dégazage anarchique de l’azote (N2) dissout
dans l’organisme
• Les accidents de dessaturation sont des accidents biophysiques
– A la remontée, il y a saturation d'azote (N2) au-delà du seuil de saturation critique
– Ils résultent principalement de l’application de la loi de Henry
• Dissolution des gaz dans les fluides
• Effet « bouteille d’eau gazeuse »
– Ils sont amplifiés par la loi de Boyle-Mariotte
• P x V = constante
• A température constante, le volume occupé par un gaz est inversement proportionnel à la pression
exercée
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L’ADD : le mécanisme de dessaturation
Pression
partielle
de N2
dans l’air
respiré
Tension de N2
dissous dans
le corps du
plongeur
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L’ADD
• L’ADD est classé en deux types par la COMEX,
selon ses manifestations
– ADD Type I : Bénin
• Épuisement, puces (fourmillements, démangeaisons),
• moutons (cloques, boursouflures de la peau, …)
• Bends (gêne ou douleurs articulaires, sensation de présence de corps
étranger)
– ADD Type II : Grave
• Accidents neurologiques (accidents médullaires) :perte de sensibilité aux
pieds, dans les jambes, incapacité de bouger les jambes, lombalgie aigüe, …
• Accidents labyrinthiques (état nauséeux, vertiges, perte d’audition,
acouphènes, …)
• Accidents pulmonaires (douleur thoracique, sensation d’étouffement)
• Accidents cérébraux (troubles du langage, troubles oculaires, para-hémi-tétra-
plégie, perte de connaissance)
Gravité
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L’ADD
• Les accidents de Type I font toujours craindre l’apparition d’un accident de type II
• Symptômes des accidents labyrinthiques
– Asthénie (fatigue généralisée)
– État nauséeux
– Vertiges, marche impossible
– Déficit auditif, Acouphènes (bourdonnements d’oreilles et sifflements)
– Survient après la sortie de l’eau (ne pas confondre avec un barotraumatisme de l’oreille)
• Symptômes des accidents neurologiques
– Asthénie, Aphasie (troubles du langage), prostration
– Paralysie isolée d’un membre
– Mouvements oscillatoires courts et saccadés des yeux
– Paraplégie, Hémiplégie ou Tétraplégie (en fonction de la « hauteur » d’atteinte dans la moelle épinière)
– Coma voire décès
– Ce sont les plus graves et les plus fréquents des ADD. Toute anomalie comportementale ou motrice doit être
interprétée comme symptôme
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L’ADD
• Conduite à tenir
– Donner l’alerte et faire un bilan précis
– Oxygénothérapie avec le masque à haute concentration
– Hydratation et proposer de l’aspirine (en une prise)
– Couvrir, réconforter et réchauffer l’accidenté
– Ne pas oublier les autres membres de la palanquée (attention si évacuation !)
– « Lier » l’ordinateur de plongée à l’accidenté !
• Rappels importants
– Même si tous les signes de l’ADD régressent quand l’accidenté respire de l’O2, il ne faut jamais arrêter l’oxygénothérapie
jusqu’à la prise en charge par les secours
– Ne pas négliger les signes, même mineurs (personne isolée sur le bateau, quelqu’un quise gratte les avant-bras, …)
– Agir rapidement : les chances de guérison sont d'autant plus grandes que l'évacuation est rapide
– 75 % des ADD surviennent dans l’heure qui suit la sortie de l’eau
• 4 causes essentielles de l’ADD
– La plongée profonde (> 35 mètres).
– Le non respect de la vitesse de remontée et/ou des paliers
– Des erreurs dans la gestion de l'autonomie (panne d’air)
– Une organisation de plongée irresponsable
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L’ADD et la reprise de la plongée
• Avis médical préalable obligatoire !
– Au sein de la FFESSM, la reprise de la plongée après un ADD nécessite
l'établissement d'un certificat médical signé par un médecin fédéral et le président
de la commission médicale régionale
• Pour information
– Avec un ADD de type I
• ADD cutané : pas de souci particulier, attention à l’utilisation de combinaison étanche
• Bend : effectuer un contrôle radiologique, si celui-ci est normal : reprise au bout de 2
semaines, sinon contre-indication définitive
– Avec un ADD de type II
• Labyrinthique : reprise au bout de 6 mois si tout est normal, sinon contre-indication
définitive
• Neurologique :
– Si pas de séquelles, reprise possible au bout de 6 mois
– Si existence de séquelles, contre-indication définitive
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Prévention de L’ADD
• Avant la plongée
– Être en bonne condition physique
– Adopter une bonne hygiène de vie
– S’hydrater (avec de l’eau plate)
– Durcir son ordinateur si on a plus de 40 ans
• Pendant la plongée
– Éviter les profils de plongée à risque
– Ne pas faire d’effort
– Respecter la vitesse de remontée préconisée, la durée des paliers et la vitesse de remontée entre les paliers
– Plonger au Nitrox
– Allonger les paliers si la plongée a lieu en eau froide ou si il y a eu un essoufflement
– Pas de Valsalva à la remontée
• Après la plongée
– Pas d’apnée, pas d’effort
– Pas de déplacement en altitude (par exemple, pas de balade dans les montagnes corses après une plongée !)
– Se limiter à 2 plongées dans un intervalle de 12 heures
– Pas d’avion avant minimum 12 heures de délai
– S’hydrater, toujours s’hydrater !
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L’azote et la narcose
• D’après le dictionnaire Littré, la narcose est
« un état de somnolence et d’engourdissement »
• Lorsque la Pression partielle d’azote dans le mélange respiré dépasse un seuil, ce gaz se
révèle toxique pour le système nerveux central
– Les troubles apparaissent à une PpN2 > 3,5 bar en général (soit une profondeur de 34 mètres)
– A plus de 50 mètres, on peut considérer que personne n’y échappe (PpN2 = 6 bar x 0,79 = 4,74 bar)
• Les effets narcotiques de l’azote sont un jour ou l’autre ressentis par tout plongeur. On
appelle aussi la narcose à l'azote :
– L’ivresse des profondeurs
– L’extase des profondeurs
• Elle survient pendant la plongée et ne doit pas être prise à la légère
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La narcose
• Plus on plonge profond plus le risque de narcose est
important. Plus on reste longtemps et profond, plus le
risque de narcose est important
⇒ La narcose n’est pas liée à une phase de la plongée !
• La profondeur d’apparition des symptômes est
variable en fonction des individus
– De 30 à 40 m pour les plus sensibles
– De 40 à 60 m pour la plupart
• Un plongeur qui a narcosé ne s’en rappelle pas en
général
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La narcose : Mécanisme
• L’azote se dissout 5 fois plus dans les graisses que dans l’eau
• L’azote se dissout au niveau de la
membrane des neurones et dans la
gaine de Myéline, ce qui entraîne des
perturbations dans la transmission des
informations
• C’est donc tout le système nerveux central qui est perturbé
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La narcose : Symptômes et Facteurs favorisants
• Symptômes
– Euphorie, anxiété (voire terreur)
– Engourdissement
• physique (coordination des gestes)
• psychique (non réponse aux signes,
diminution de l’attention, de la
mémoire, risque de lâcher de l’embout)
– Dialogue intérieur
– Perte de connaissance
– Comportement incohérent
– Désorientation spatiale
– Problèmes de vision (double ou
floue)
• Facteurs favorisants
– Le manque de pratique de plongées
profondes, le stress
– La fatigue
– Le froid
– La profondeur
– Le manque de visibilité
– Une descente trop rapide (ou tête en
bas)
– Un manque de condition physique
– Les conditions de plongée
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La narcose
• Conduite à tenir
– Extrême vigilance dans la zone des
30 mètres
– Auto surveillance de la palanquée
– Assistance & remonter le (ou la)
narcosé(e)
– Bien regarder la personne pour la
rassurer
– Questionnement régulier par signes
lors de la remontée
– Arrêt de la plongée
• Prévention
– Bonne forme physique et mentale
– Plonger avec coéquipier expérimenté
– Pas d’alcool avant la plongée
– Attention à la vitesse de descente
– Savoir limiter la profondeur d’évolution
– Pas d’effort à la descente
– Savoir adapter la respiration à la
profondeur d’évolution
– Forcer sur l’expiration (notamment à la
descente)
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Le CO2 et l’essoufflement
• Le nom savant de l’essoufflement est l’hypercapnie
• L’accumulation de CO2 dans les tissus est la principale cause de l’essoufflement
– Rappel : il y a environ 0,038 % de CO2 dans l’air
– A partir de 2% les premiers troubles apparaissent
– A 7% la respiration devient haletante
– Au-delà, la syncope survient
• En cas d’expiration insuffisante, le CO2 produit dans le corps va stagner dans les poumons. A
l’inspiration suivante, on va donc inspirer un gaz où la concentration de CO2 est supérieure, on
a alors vite un sentiment d’asphyxie
• Les symptômes
– Augmentation de la fréquence respiratoire
– Agitation, nervosité, mouvements désordonnés
– Technique dégradée, mauvaise maîtrise des gestes
– Dégagement important de chapelets de bulles
– A l’oreille, rythme rapide du détendeur
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L’essoufflement
Fréquence
ventilatoire
+
importante
On laisse
rentrer
plus d’air
On expire
mal
Le CO2
stagne dans
les poumons
Le CO2
dissous dans
le sang
revient dans
les poumons
Le bulbe
rachidien
commande
d’inspirer
Quand fait un effort en plongée, on rentre dans
Le cercle vicieux de l’essoufflement…
ou comment
la concentration de CO2 augmente dans le mélange respiré
Profondeur Surface 10 m 20 m 30 m 40 m
Pabs 1 bar 2 bar 3 bar 4 bar 5 bar
PpN2 inspiré 0,8 bar 1,6 bar 2,4 bar 3,2 bar 4 bar
PpO2 inspiré 0,2 bar 0,4 bar 0,6 bar 0,8 bar 1 bar
PpCO2 expiré 0,04 bar 0,08 bar 0,12 bar 0,16 bar 0,2 bar
Si on ré-inspire le
mélange avec plus de
CO2 on s ’essouffle !!!
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LE CO2 et l’essoufflement
• Causes principales
– Air de mauvaise qualité dans le bloc
– Matériel respiratoire en mauvais état ou mal entretenu
– Mauvaise condition physique
– Stress
– Effort en profondeur
• Facteurs favorisants
– Conditions météo (houle, courant, …)
– Combinaison trop serrée, mauvais état du matériel
– Surlestage
– Froid
• Symptômes
– Sur soi
• Maux de tête, envie irrépressible d’inspirer, angoisse
• Impossibilité de tenir de courtes apnées (environ 3 secondes)
– Sur les autres membres de la palanquée
• Consommation anormale
• Chapelet ininterrompu de bulles
• Plongeur en position verticale
• Gestes désordonnés
• Détresse dans le regard
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L’essoufflement
• Conduite à tenir
– Arrêt immédiat de tout effort
– Pas de palmage (surtout si on se trouve
au-delà de 20 mètres)
– Passer en mode assistance, se préparer à
un sauvetage éventuel
– Tenter de faire comprendre à l’essoufflé(e)
• De se calmer
• De forcer sur l’expiration
– De retour au bateau
• Ne pas hésiter à administrer de l’O2
• Surveiller les signes d’une surpression
pulmonaire ou d’un ADD
• Réchauffer, rassurer
• Prévention
– Bonne condition physique
– Connaître ses limites
– Pas de plongée « warrior »
– Veiller à être bien lesté
– Eviter de se placer en situation de stress
– Plonger avec du matériel en bon état
– Forcer sur l’expiration (notamment à la
descente)
– Si il y a du courant
• Mettre une ligne de vie à la mise à l’eau et
un trainard à l’arrière du bateau
• Ne pas palmer contre le courant, se
protéger avec le relief
• Ne pas rester longtemps en surface
• Descendre le long du mouillage en se
halant avec les mains
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Décompression – Toxicité des gaz
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Mise à jour : Mars 2023
Certains schémas de cette présentation
sont extraits de Illustra-Pack 3 de Alain Foret