Portrait de Petre Metu, l'ancien international roumain atteint de la maladie ...
Harinordoqui dans midol
1. IMANOL HARINORDOQUY - TROISIÈME LIGNE CENTRE DE BIARRITZ
PARTICULIÈREMENT TOUCHÉ PAR LA SAISON CAUCHEMARDESQUE QUE
VIENNENT DE TRAVERSER LES BASQUES, LE CAPITAINE TENTE TANT BIEN
QUE MAL DE TOURNER LA PAGE... IL ÉVOQUE ICI AUSSI SON AVENIR, SUR
LEQUEL IL SEMBLE ENCORE PLANER L’OMBRE D’UN DOUTE.
« Nous sommes passés pour
des clowns »
Propos recueillis par Marc DUZAN
marc.duzan@midi-olympique.fr
Le Biarritz olympique est relégué en Pro D2.
Comment avez-vous vécu cette saison ?
Le début de championnat nous a tués. A Aguilera, on a
fait de jolis cadeaux à l’Usap, puis à Grenoble et à
Bordeaux… Petit à petit, on a décroché au classement.
C’est une saison noire.
Vous avez disputé trois Coupes du monde, gagné
trois grand chelem, touché le Brennus à deux
reprises… Ce palmarès n’ajoute-t-il pas à la
déception du moment ?
Je ne sais pas… Le plus déprimant, en fait, c’est d’être
très tôt devenu le club où les autres venaient pour
gagner. La victoire à Aguilera était devenue la norme en
Top 14. C’est vexant. Ca fout les boules.
Voici deux ans, le BOPB avait déjà frôlé la relégation. N’y étiez-vous pas préparé,
fatalement ?
Oui, on savait que ce serait compliqué et qu’on se battrait pour le maintien. A l’époque, nous
avions eu une réaction d’orgueil aux abords du mois de janvier. Cette fois-ci, nous n’avons pas su
2. nous relever la tête. […] A la fin de l’année, le club a connu quelques problèmes extrasportifs (le
BOPB est passé devant la DNACG, des rumeurs ont évoqué une bagarre à l’entraînement,
N.D.L.R.), puis il y a eu toutes ces histoires de fusion. Enfin, vers février, les joueurs ont alors
regardé leurs intérêts personnels. Mais c’est normal, il faut bien penser à l’avenir.
Et ?
Tout s’est rapidement délité. Vous savez, ce genre de situation ne facilite pas la remobilisation.
J’avais du mal à trouver les mots justes dans mes discours de capitaine. Je me suis posé mille
questions. C’était difficile à vivre.
N’y a-t-il rien eu de positif cette année ?
Depuis quelques semaines, on ne prend plus de branlées. L’équipe n’a jamais lâché le morceau.
On a même failli gagner à Toulon. C’est toujours ça de pris…
Racontez-nous ces histoires de fusion…
C’était surréaliste. Dans le vestiaire, les joueurs ne parlaient que de ça. Chacun ramenait ses
bruits de couloir. Le sportif était passé au second plan. A Bayonne, les joueurs avaient été
prévenus par leurs dirigeants. Ici, non. Tout s’est fait en coulisses et la confusion s’est installée.
Quand on est salarié d’un club, on aime bien savoir ce qu’il s’y passe…
Finalement, la fusion est tombée à l’eau après le désistement des Bayonnais. Cela vous
a-t-il surpris ?
Pas vraiment… Mais à Biarritz, nous sommes alors passés pour des clowns. Les gens pensaient
aussi que la fusion était une manœuvre politique pour sauver l’équipe de la relégation. Ce projet
fut plus négatif qu’autre chose finalement. Ce n’était que des paroles en l’air.
Vous êtes pourtant favorable à cette idée, non ?
Oui, et je le serai toujours. La grande équipe du Pays basque verra bientôt le jour, j’en suis
convaincu. Maintenant que les élections municipales sont passées, le processus de
rapprochement sera probablement réactivé. Les nouveaux maires de Bayonne (UDI) et Biarritz
(Divers droite) y seront peut-être plus favorables. Mais ne parlons pas de fusion. Il est hors de
question de brûler l’histoire de deux clubs âgés de 100 ans. Je préfère évoquer une entité
professionnelle du Pays basque.
Au début de la saison, auriez-vous pu imaginer une descente en Pro D2 ?
Non. On ne pense pas à ce genre de choses quand on démarre un championnat. Mais je savais
3. pertinemment qu’on jouerait le maintien. On avait perdu Wenceslas Lauret, Jean-Pascal
Barraque... Notre formation en avait pris un coup. A côté de ça, le club n’avait pas recruté, ou très
peu…
Lorsqu’il avait quitté son poste d’entraîneur au BOPB, Jean-Michel Gonzalez avait confié
au président Blanco : « Si tu ne recrutes pas, tu es en Pro D2 dans trois ans. » Sa prophétie
s’est vérifiée, n’est-ce pas ?
Il n’y a pas de cellule recrutement au BO. C’est le gros point noir de ce club. Il n’y a pas de
personne dédiée à cet exercice.
La gestion paternaliste de Serge Blanco a-t-elle montré ses limites ?
Je n’irai pas jusque-là. Serge a néanmoins compris qu’il lui faudrait déléguer davantage et qu’on
ne pouvait pas tout faire tout seul. Je crois aussi que dans un monde professionnel, il faut veiller à
ne pas laisser l’affectif prendre toute la place. Toute est une question d’équilibre.
Comment réagissent les gens dans la rue ?
Ils ne sont pas agressifs, juste déçus. Pensez-vous, il y a quelques années, nous leur ramenions
deux boucliers (2005 et 2006) coup sur coup ! Les rues étaient bondées, la ville rouge et blanche !
Ils sont nostalgiques mais pas amers.
Benoît August et Jérôme Thion sont partis. Dimitri Yachvili est annoncé au Lou, Julien
Peyrelongue à Dax, Damien Traille à Pau. Comment vivez-vous cette situation ?
Quand on débute une carrière, on aimerait la terminer entouré des potes avec lesquels on l’a
commencée. J’ai compris depuis quelques temps que ce ne serait pas le cas. J’ai joué plus de dix
ans avec ces mecs-là. Nous avons noué des liens d’amitié très forts et, là, on va tous partir sur la
saison la plus noire de l’histoire du club. Ca fout un coup un moral. C’est très con…
Que ferez-vous l’an prochain ?
Je veux continuer à jouer, mais je ne sais pas encore où. Je sais simplement que je n’entraînerai
pas. Ni au BO, ni ailleurs. Ou alors, si je deviens coach, ce sera dans un petit club de l’intérieur des
terres, pour m’occuper des jeunes…
Après le derby, vous avez été montré du doigt par Serge Blanco. Vous êtes-vous
expliqués depuis ?
Oui. Quand on m’a rapporté ses propos, j’ai aussitôt demandé à le voir. Serge avait ouvertement
critiqué les « anciens ». Or, nous ne sommes pas cinquante « anciens » au club. Je lui ai dit que je
4. n’étais pas content, que ses critiques étaient injustifiées et nous nous en sommes expliqués… Je
crois surtout qu’on était tous déçu du résultat.
Pensez-vous le Biarritz olympique capable de remonter en Top 14 ?
Si le club monte un vrai projet sur trois ans, bien sûr ! Mais ça ne se fera pas en un coup de
baguette magique. Le Pro D2 est un championnat différent, difficile. Les recettes n’y sont pas les
mêmes.
Qu’avez-vous pensé du plan de restructuration du club dévoilé par Serge Blanco le
week-end dernier ?
Un squelette a été présenté. J’attends de voir désormais qui va s’occuper du sportif, qui seront les
deux managers… Le recrutement n’est pas fini, il reste encore quelques postes à pourvoir. Il y a
des débuts de réponses. Mais pas encore toutes les réponses.
Vous ne figurez pas sur la liste des joueurs annoncés dans l’effectif biarrot pour la
saison prochaine. Pourquoi ?
Parce que je suis en fin de contrat. Le club veut me garder et je n’y suis pas défavorable. Des
négociations ont débuté. On verra ce que ça donne.
De quoi avez-vous envie ?
Je suis déchiré par plusieurs sentiments. D’un côté, j’ai envie de jouer en Top 14. D’un autre, je
suis très attaché au club et je ne le quitterai pas sur un coup de tête, même si cet attachement doit
me conduire en Pro D2. J’ai aussi quelques touches en Angleterre et au Japon.
Personnellement, la fin de carrière est-elle douloureuse à concevoir ?
La fin de carrière en elle-même, non. Je m’y suis préparé depuis longtemps. Je ne sauterai pas
dans l’inconnu le jour où elle arrivera. Ce que je vis mal, en revanche, c’est de ne pas finir en
beauté.
Vous avez deux ans de moins que Julien Bonnaire, lequel pourrait être rappelé par
Philippe Saint-André en équipe de France. Avez-vous aussi eu des contacts avec le staff
des Bleus ?
(rires) Question bizarre ! Je n’ai eu aucun contact avec « PSA » (sic), non. Quand je pense au
rugby, l’équipe de France n’est pas la première chose me venant en tête en ce moment… Je
pense surtout au BO.
5. « D’un côté, j’ai envie de jouer en Top 14. D’un autre, je suis très attaché au club et je ne le
quitterai pas sur un coup de tête, même si cet attachement doit me conduire en Pro D2. »
Imanol HARINORDOQUY
Troisième ligne de Biarritz