Présentation de la Banque Centrale des Comores sur les transferts des migrants, faite par M. Omar SOILIHI, Directeur des Etudes économiques, Monétaires et Financières, à la rencontre organisée par la Banque Mondiale, à l'htel Retaj le Moroni^le 23 novembre 2015
1. Atelier sur les transferts des migrants
Moroni, 23 Novembre 2015
LES TRANSFERTS DE FONDS DES MIGRANTS
Présenté par SOILIHI Omar,
Directeur des Etudes Economiques,
Monétaires et Financières
2. Plan de l’exposé
• Introduction
• Que nous disent les données statistiques sur
les transferts de fonds aux Comores?
• Quels en sont les impacts?
• Comment les intégrer dans la stratégie de
développement des Comores?
• Aperçu des principales problématiques.
• Conclusions
3. INTRODUCTION (1/1)
Deux voies, informelle et formelle.
Domination de la voie informelle,
relative à l’intermédiation jouée par
les voyageurs se rendant aux Comores.
Mais, sa part régresse au profit des
transferts formels, effectués par
l'intermédiaire de sociétés de transfert
d’argent, et dans une moindre mesure
par voie bancaire.
En effet, alors qu’ils constituaient 85%
des envois en 2001, les transferts
informels ne représentent plus que
55% en 2014, après 71% en 2009.
Explications : développement des
sociétés d’intermédiation, qui opèrent
dans certains cas en collaboration avec
les établissements bancaires et
financiers.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Change Manuel
Transferts
formels
4. Que nous disent les données des
Comores ? (1/5)
• Transferts bruts captés par le système bancaire :
14 milliards FC (29 millions d’euros) en 1999,
23,8 milliards FC (48 millions d’euros) en 2004,
43 milliards FC (87 millions d’euros) en 2009,
57,6 milliards FC (117 millions d’euros) en 2014.
5. Que nous disent les données des Comores ?
(2/5)
Concentration géographique des
transferts formels
-
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
Grande Comore
Anjouan
Mohéli
Total entrées
6. Que nous disent les données des Comores ?
(3/5)
Périodique : l’emploi des transferts est
fortement élevé au troisième
trimestre, qui représente 35% du
montant annuel des devises achetées
par les banques, en liaison avec la
période des vacances pour la diaspora.
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
9000
janv.-99
sept.-99
mai-00
janv.-01
sept.-01
mai-02
janv.-03
sept.-03
mai-04
janv.-05
sept.-05
mai-06
janv.-07
sept.-07
mai-08
janv.-09
sept.-09
mai-10
janv.-11
sept.-11
mai-12
janv.-13
sept.-13
mai-14
Transferts reçus
Achats de devises
Total
7. Que nous disent les données des Comores ?
(4/5)
2004 2009 2014
Achats de devises par le
système bancaire
13 721 22 765 23 660
Transferts formels
5 542 12 651 26 070
Apports en nature
(estimations)
1 601 2 656 3 155
Billets euro thésaurisés
(estimations)
2 744 7 588 9 464
TOTAL Envois des
migrants 23 608 45 660 62 348
Envois des migrants /
PIB 16,2% 24,6% 26,0%
Des retraitements sont
effectués lors de
l’élaboration de la Balance
des Paiements, pour tenir
compte notamment de la
double circulation euro/FC,
de la thésaurisation des
devises ou encore des
apports en nature :
8. Que nous disent les données des
Comores ? (5/5)
En comparaison des autres grandeurs macro-économiques
2004 2009 2014
Transferts des migrants en %
PIB 16,2% 24,6% 26,0%
Recettes intérieures de l’Etat 105,2% 172,9% 168,6%
Masse Monétaire 68,4% 79,3% 64,2%
Avoirs Extérieurs Nets du
système bancaire 62,1% 103,5% 108,3%
IDE 8875,4% 935,4% 3594,0%
Dons Projets 615,4% 429,5% 314,9%
9. Impacts des envois de fonds aux
Comores (1/4)
• Les envois de fonds représentent la première
source d'entrée d'argent des Comores, loin
devant l’Aide publique au Développement.
• Ces envois ont de nombreuses conséquences
dans le pays récipiendaire.
• Ces impacts macro et microéconomiques
peuvent être positifs comme négatifs.
10. Impacts des envois de fonds aux Comores (2/4)
► Principaux usages des transferts :
- Soutien des besoins quotidiens des familles restées au pays, allant
de l’achat de denrées alimentaires au règlement de la facture
d’électricité, en passant par l’acquittement des droits de scolarité,
- Financement de la construction d’une maison ou célébration du
« grand mariage » coutumier,
- D’autres formes de transferts sont adressées directement aux
associations villageoises, afin de servir au développement
communautaire en finançant des activités sociales comme la
construction d’écoles ou de dispensaires, et ou culturelles comme
l’aménagement de centre sportifs ou bibliothèque.
11. Impacts des envois de fonds aux
Comores (3/4)
Niveau macro économique
• Impacts positifs
Accroissement de la demande intérieure;
Consolidation de la balance des paiements;
• Impacts négatifs
Dépendance économique vis à vis des envois de fonds ;
« Brain drain » : fuite des cerveaux;
Inflation.
12. Impacts des envois de fonds aux
Comores (4/4)
Niveau micro économique (des ménages)
Impacts positifs
• Réduction de la pauvreté et amélioration du bien-être de la
population ;
• Participation aux frais d’éducation et aux dépenses de santé des
membres de leur famille
Impacts négatifs
• Dépendance vis à vis des envois de fonds et négligence des activités
productrices locales par les familles ;
• Peu d’investissements productifs (une grande partie est
consommée) ;
• Familles divisées par la migration, les enfants en faisant souvent les
frais (un seul parent migrant) ;
13. Comment intégrer les transferts de fonds dans
la stratégie de développement ? (1/6)
• L’objectif visé est de canaliser les fonds de la
diaspora vers des projets d’investissement, en
vue de réduire la dépendance extérieure :
• Pour ce faire, deux voies :
- encourager le recours à la voie formelle :
- inciter la diaspora à investir dans des projets
productifs :
14. Comment intégrer les transferts de fonds dans
la stratégie de développement ? (2/6)
A] Initiatives de la BCC
Etape 1 : Renforcement de la voie formelle :
Pour faciliter les transferts de ces ressources et améliorer leur impact
dans le développement économique des Comores, la Banque
centrale et les Autorités comoriennes ont notamment :
• agréé des sociétés spécialisées dans les transferts d’argent et de
change,
• ouvert le secteur bancaire à la concurrence et intégré les réseaux
de microfinance,
• octroyé des agréments aux établissements de crédit souhaitant
travailler avec les sociétés internationales spécialisées dans les
transferts d’argent,
• encouragé et facilité les signatures de conventions de partenariat
entre les établissements de crédit nationaux et les établissements
de crédit installés en France.
15. Comment intégrer les transferts
de fonds dans la stratégie de
développement ? (3/6)
Aujourd’hui, le système bancaire compte huit établissements de crédit et
deux intermédiaires financiers agréés pour le change et les transferts de
fonds.
Ainsi :
- La SNPSF (banque postale), a signé un partenariat avec une STA de
renommée internationale en 1999, puis en partenariat avec la CBIP
(France) a ouvert des guichets à Paris et à Marseille,
- La BDC a également noué un partenariat avec la Banque d’Escompte en
France en 2010 pour faciliter les envois de fonds de la diaspora.
- Les autres établissements de crédit ont noué des relations avec des
opérateurs de renommée internationale, pour l’exécution de ces
opérations de transferts, permettant ainsi une bonne couverture du
territoire.
16. Comment intégrer les transferts de fonds dans
la stratégie de développement ? (4/6)
Etape 2 : Actions à venir :
En collaboration avec la Banque Mondiale et la Banque de France, la BCC étudie actuellement de
nouvelles pistes pour mieux canaliser ces flux et les orienter vers des investissements
productifs.
• promotion des services de transfert, surtout à partir des pays où se trouve la diaspora, afin
d’inciter ces populations à utiliser les services bancaires ;
• la bi-bancarisation : permettre au migrant de disposer d’un compte dans chaque bout de la
chaine.
• abaissement des coûts afférents (engagements des pays du G20 à réduire de 10% à 5% le
coût des transferts d’ici 2014, instauration d’une concurrence saine avec la fin des clauses
d’exclusivité à sens unique,…) ;
• mise en place de nouveaux instruments d’épargne, qui serait plus attractifs, dans l’objectif de
déplacer une partie de l’épargne stable des comoriens de l’étranger, notamment en France,
vers les Comores en vue du financement de projets de développement et créateurs de
valeur ajoutée.
• révision des cadres réglementaires, afin de bénéficier des nouveaux instruments
qu’autorisent les NTIC, notamment le « mobile banking », le développement de la monétique
et de « l’e-banking ».
17. Comment intégrer les transferts de fonds dans
la stratégie de développement ? (5/6)
B] Autres initiatives
• Le Fonds d’Appui au Développement Communautaire (FADC)
Le FADC ou Fonds d’Appui au Développement Communautaire est un
programme financé par la Banque mondiale avec une participation
communautaire, la part de l’Etat (financement interne) étant quasi nul.
Les projets financés par le FADC sont d’abord identifiés par les
communautés bénéficiaires et ensuite proposées au FADC pour
financement. La structure de gestion du FADC est largement dominée par
les représentants communautaires.
Si l’on considère que les projets réalisés par la FADC reflètent les priorités
communautaires, on observe que les demandes prioritaires des
communautés en matière de développement, sont la construction des
salles de classe, les adductions d’eau et la construction des pistes rurales.
18. Comment intégrer les transferts de fonds dans
la stratégie de développement ? (6/6)
• Le Programme de Co développement en Union des Comores (PCUC)
Le PCUC est placé sous la tutelle du Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité
Nationale et du Développement Solidaire. Il concerne toute action initiée ou à laquelle
participent des migrants pour aider au développement de leur pays d’origine. L’objectif du co
développement est de mobiliser au bénéfice de l’Union des Comores, le potentiel de
développement de la communauté comorienne installée en France.
Le Programme de Co développement concerne principalement 3 types d’intervention :
• Soutien des initiatives d’associations de migrants en faveur de leur région d’origine ;
• Promotion de l’investissement productif par l’accompagnement de la création d’entreprises
par les migrants, que ce soit dans le cadre d’un retour ou non ;
• mobilisation des compétences des migrants hautement qualifiés.
Le premier bilan du PCUC (dont la 1ère convention de financement a été signée le 10 avril 2006) a
révélé que la diaspora participe à hauteur de 20,2% du financement de l’ensemble des
projets initiés dans le cadre du PCUC, soit 191 millions FC dans une période de quatre ans.
Par ailleurs, les secteurs financés en priorité sont l’électrification rurale (29,8%), la culture
(28%), la santé (27,8%), les infrastructures et les aménagements (21,9%).
19. Les problématiques qui persistent (1/1)
• L’origine informelle des fonds, notamment vis-à-
vis du dispositif LCB/FT,
• La cherté des transferts, qui explique la
prédominance de la voie informelle, même si un
retournement de tendance est observé ces
dernières années,
• L’absence d’harmonie avec le plan de
développement du pays (carte sanitaire, carte
scolaire).
20. CONCLUSIONS
• Les transferts de fonds des émigrés atténuent la pauvreté, mais leur effet sur la
croissance est mitigé.
• Aux Comores, les transferts sont surtout acheminés par des voies non officielles et
sont concentrés géographiquement et périodiquement.
• Pour canaliser les fonds de la diaspora vers des projets d’investissement, des
mesures doivent être prises pour améliorer le climat d’investissement et
l’intermédiation financière, et faire avancer les réformes structurelles.