Auteur : Christophe LÜTHI, Directeur de Centagora, Les Geneveys-sur-Coffrane, Suisse
Réalisé lors de la 6ème session du Think Tank de Minnovarc le 29 mai 2013 à Montlebon, France
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Les objets et systèmes intelligents et les marchés potentiels pour les microt...
Aspects techniques et savoir-faire dans l'horlogerie, quels sont les défis pour l'avenir?
1. Aspects techniques et savoir-
faire dans l'horlogerie, quels
sont les défis pour l'avenir ?
Christophe Lüthi
Centagora Sàrl
2. Les horlogers du 18ème
siècle ont inventé la
majorités des mécanismes que nous utilisons
aujourd’hui dans l’horlogerie mécanique, existe-t-
il donc encore des défis techniques à relever ?
−Est-il encore possible d’innover ?
−Quels sont les risques et les opportunités de
l’horlogerie ?
−Quels seront les produits de demain ?
3. Répondre à cette question sans autre réflexion
n’aurait que très peu de valeur car au-delà de
l’objet utile, la montre est aujourd’hui :
−une prouesse technique ou technologique
−un objet « vitrine »
−un investissement
−un objet d’art
−un objet mercantile
4. Suivant la finalité à laquelle on associe le produit,
les innovations peuvent être très différentes…
Elles peuvent concernées :
−le produit (précision, fiabilité, etc.)
−l’utilisateur (fonctions, valeur d’estime, etc.)
−le fabricant (prix de revient, temps d’assemblage,
taux de rebuts, etc.)
−la vente et le marketing (argumentaire
commercial, attractivité du produit, etc.)
−etc.
5. Quelques exemples d’innovations récentes :
−oscillateurs haute fréquence
−procédé LIGA
−alliages métalliques amorphes (verres
métalliques)
−frittage laser
7. Ces quelques exemples nous montrent qu’il est
encore possible d’innover dans l’horlogerie
S’il devient de plus en plus difficile d’inventer de
nouvelles façons d’afficher l’heure, tous les
paramètres techniques* qui caractérisent un
système n’ont pas été utilisés
* Selon Genrich Altshuller, ingénieur russe à l’origine de la méthode TRIZ, il y en a 39
8. Jusqu’ici, nos considérations se sont limités à des
systèmes mécaniques. L’actualité nous montre que
d’autres produits émergent ; citons par exemple :
−les produits combinés
−les smart watches
* Selon Genrich Altshuller, ingénieur russe à l’origine de la méthode TRIZ, il y en a 39
9. D’autres développements ont fait l’objet de
brevets ces dernières années ; c’est le cas des
micro-transducteurs électromécaniques comme les
micro-génératrices et les micromoteurs
Ces éléments permettent – sans utiliser de piles –
d’alimenter des dispositifs tels que des capteurs,
des sources lumineuses, etc.
Est-ce l’avenir ? La réponse est au consommateur
puisque plusieurs marques ont déjà longuement
étudiés le sujet et ont imaginés bon nombre
d’applications
10. En résumé, nous pouvons affirmer que les axes
d’innovations liées au produit – celles qui
intéressent le grand-public – sont :
−les affichages utilisant des paramètres
techniques non explorés jusqu’ici
−les matériaux dont les propriétés – masse
volumique, résistance mécanique, coefficient
de frottement – améliorent sensiblement le
fonctionnement de la montre ou diminue son
entretien
11. − le développement de sous-systèmes
(oscillateur, barillet, etc.) améliorant les
performances de la montre
− l’utilisation d’éléments actifs tels que les
micro-transducteurs électromécaniques
− le développement de produits associés à
d’autres usages (sport, loisir, etc.)
12. Un autre champ d’investigation concerne les
processus – développement, fabrication,
assemblage, etc. – liés à ces produits
Si après l’entre-deux-guerres,
l’horlogerie suisse avait dépassé
industriellement son concurrent
américain, la crise des années 70
a non seulement désorganisé la
production horlogère mais elle a
également détruit bien des
connaissances acquises jusque-là
13. C’est ainsi que depuis le début des années 2000,
l’horlogerie – à l’exception de la Swatch – a du se
concentrer sur l’acquisition de ces savoir-faire
Nous avons laissé de côté l’industrialisation et
l’optimisation de la production pour se concentrer
sur le développement de nouveaux produits
14. Aujourd’hui, la productivité des manufactures est
certainement le plus grand potentiel de
développement, d’innovation et de profitabilité de
l’horlogerie
C’est dans ce domaine que les groupes et les
grandes marques investissent sans compter
depuis quelques années
15. Le potentiel d’innovation lié à l’industrialisation
des produits est aujourd’hui très important. Il
concerne la totalité du cycle de vie des produits,
de leur création à leur utilisation ; quelques
exemples :
−la conception modulaire des produits
−le tolérancement inertiel
−le pilotage de la production par la maîtrise
statistique des processus
−l’assemblage automatisé
−le lean manufacturing
16. Si elle ne s’endort pas sur ses lauriers, qu’elle fait
preuve de vision et qu’elle développe une
stratégie à long terme, l’horlogerie a encore de
très beaux jours devant elle…
17. L’horlogerie atteint aujourd’hui des chiffres
records, que ce soit en termes de résultats
financiers, de montres exportées, de personnes
employées, etc.
Il serait toutefois bien malheureux de penser que
cette situation est immuable
Les évolutions technologiques sont encore plus
rapides qu’il y a 30 ans, les nouvelles générations
utilisent d’autres technologies, on assiste à une
redistribution des cartes à l’échelle mondiale, etc.
18. Un certain nombre d’éléments doivent aujourd’hui
être pris sérieusement en considération
Parmi ceux-ci, le niveau de connaissances de plus en
plus élevé des clients. Le client d’aujourd’hui n’a plus
rien à voir avec le client des années 2000
L’accessibilité à l’information et la vitesse à laquelle
celle-ci circule à l’échelle planétaire est également un
élément important. Ce qui est un secret aujourd’hui
ne le sera plus demain
Enfin, la fragilité de l’industrie horlogère face à
certains monopoles en termes de production mais
aussi de connaissance concernant certains
composants ou procédés
19. Face à ces éléments, qui sont autant
d’opportunités que de risques, les horlogers se
doivent de :
−concevoir, produire et vendre des produits
correspondants aux standards de qualité qu’un
client est en droit d’attendre lorsqu’il paie un
certain prix ; il en va de la pérennité du swiss
made et de notre industrie
−diminuer la durée des cycles de développement
en adaptant leur processus de développement
20. − capitaliser les connaissances et savoir-faire
acquis depuis plusieurs années
− ne pas hésiter à investir dans des
développements techniques et
technologiques à haute valeur ajoutée
− réfléchir à court terme mais aussi à long
terme
21. En fonction des considérations exprimées jusqu’ici
mais aussi de notre tissu industriel, il est fort
probable que notre avenir passe par le
développement, la fabrication et la
commercialisation de produits très exclusifs
comme de produits d’entrée de gamme ou
technologiques
Il me semble par contre essentiel de ne pas
vendre sous l’étiquette « haute horlogerie », des
produits technologiques ou des pseudos produits
de luxe dont le développement et la production
n’ont rien de comparable
22. A partir d’un certain seuil de prix de vente, il n’y a
aucune restriction à produire et commercialiser
des produits d’entrée de gamme en Suisse : le
nouveau mouvement mécanique de Swatch en est
un exemple
L’unique frein pour
développer ce type de
produits, tout comme
certains composants du
mouvement, c’est
l’investissement initial
23. Les principaux défis techniques que l’horlogerie
doit aujourd’hui relever sont donc :
−d’adapter son outil industriel – et pas seulement
son outil de fabrication
−de concevoir des produits attractifs, robustes et
fiables dans un temps plus court
−de déployer une veille technologique suffisante
pour pouvoir très rapidement commercialiser des
produits plus high-tech si les générations
suivantes le demandent
24. En marge, l’industrie horlogère doit :
−continuer à s’engager dans l’acquisition et la
consolidation de certaines connaissances
stratégiques
−commercialiser des produits qui soient en
rapport avec les segments de marché dans
lesquels ils sont présentés