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Jean-Paul Moiraud Juin 2010


 Bilan de six mois de pratique des mondes virtuels dans un
                 processus d'apprentissage

Utiliser le monde assemblive pour construire lʼacquisition de
savoirs et compétences dʼétudiants de design de mode, IMS
                        et DSAAT




     Jean-Paul Moiraud professeur de gestion au lycée La Martinière - Diderot de Lyon
                                                                             (France)

                                      Expérience menée de Janvier 2010 à Juin 2010


                                                                                         1
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1.Le contexte de la formation.

          A.Le cadre

Je suis professeur de gestion en section design de mode (BTS et DSAA) au lycée La
Martinière - Diderot de Lyon1 . Mon métier dʼenseignant a pour objectif de former de futurs
designers qui occuperont les fonctions de designer textile, chef de produits, responsables
de collection, infographiste, créateur de collection, créateurs free lance ...

Jʼai en charge de faire apprendre la partie liée aux enjeux économique, marketing,
juridique du métier de créateur concepteur textile et mode. Notre équipe est constituée par
des professeurs de bureau de création, dʼenseignements artistiques fondamentaux, de
culture design, de sérigraphie, de philosophie, de CAO / PAO, de broderie, dʼarts
appliqués, de technique tissage, de moulage et dʼanglais. Des professionnels
interviennent ponctuellement notamment pour des workshops.

Mon travail sʼexerce principalement en dispositif frontal au cours de séance
hebdomadaires de 2 heures pour des classes ayant des effctifs dʼune moyenne de 25
étudiants. Jʼintègre les fonctionnalités dʼoutils numériques pour enrichir les
apprentissages2 (blog, twitter, Delicious) Depuis cette année jʼai intégré un monde virtuel
dans mes pratiques. Je me propose de rédiger le premier bilan de cette expérience.

          B.Les hypothèses

L’hypothèse de base de cette expérience est que les mondes virtuels permettent d’organiser un
processus d’apprentissage dans lequel sont intégrés des acteurs divers qui veulent collaborer de
façon distante synchrone. Le monde virtuel permet d’enrichir le présentiel parce qu’il inscrit le
dispositif d’apprentissage dans et hors la classe.

Pour tenter de vérifier ces hypothèses il me faudra analyser plus finement les points suivants

Quel est le rôle des avatars ?

Comment s’organise le travail collaboratif / coopératif dans les mondes virtuels ?

Comment peut-on insérer des tiers non enseignants dans un dispositif d’apprentissage ?

Quel est le poids des environnements graphiques dans le dispositif d’apprentissage instrumentant
le virtuel ?

Est-ce que le monde virtuel apporte une valeur ajoutée dans les dispositifs d’apprentissage ?


1   http://www.lamartinierediderot.fr/


2   Bilan 2008 - 2009 http://moiraudjp.wordpress.com/2009/04/16/bilan-dactivit-pour-lanne-2008-2009-2/

                                                                                                            2
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           C.La méthodologie

La méthodologie retenue est l’observation de l’organisation et l’observation du travail.
L’observation s’établit grâce à un ensemble d’outils, rédaction de billets d’observation,
enregistrement de vidéos, capture d’images, enregistrement de sons, analyse des témoignages des
participants.

Je souhaite mener ce travail sur trois années scolaires avec une analyse du quotidien, la production
de bilans annuels, intermédiaires et publication d’un bilan de synthèse à l’issue des trois années de
pratique - observation.

Le travail a été mené avec trois classes (sur deux années de formation) BTS design de mode,
DSAAT et IMS (industrie des matériaux souples) soit un potentiel d’une centaine d’étudiants. La
démarche, dans la mesure ou elle engage les étudiants en dehors des heures de cours repose sur
le volontariat.

           D.Mes choix pédagogiques

Je souhaite (ma mission est) que mes étudiants acquièrent des savoirs fondamentaux
ancrés dans les sciences de gestion et juridiques et appliqués aux problématiques du
design. Mes objectifs pédagogiques sont fixés pas le référentiel ministériel.

Jʼavais plusieurs entrées pour bâtir mon enseignement et les apprentissages.

• Un cours magistral en situation frontale qui positionne lʼacquisition des savoirs du haut
   vers le bas ;
• Un cours qui implique les étudiants. Il nʼévacue pas les savoirs transmis frontalement
   lorsque cʼest nécessaire mais il est plus orienté vers des constructions coopératives et
   ou collaboratives
Jʼai choisi la seconde option parce quʼelle me paraît plus constructive. Elle répond à une
prescription institutionnelle (le référentiel3 ) et à mes conceptions du métier dʼenseignant,
du métier dʼétudiant. Elle fait écho à une réalité économique de la filière dans laquelle
jʼinterviens.

Le fil conducteur de mon travail répond à un cahier des charges précis : demander aux
étudiants de simuler la création dʼune entreprise de design. Lʼensemble des propositions
et constructions qui sont proposées par les étudiants sont organisées à lʼintérieur dʼun
dispositif numérique. Chaque étudiant présente ses analyses à lʼaide dʼun blog, la veille
informationnelle est élaborée avec Twitter, est mutualisée sur Del.icious et depuis cette
année un monde virtuel a été introduit dans ce dispositif, il fait lʼobjet de cette étude.

Le monde virtuel assemblive qui est décrit plus bas est intégré dans mon cours pour
répondre à deux types de besoins identifiés en amont de lʼoutil.

- Lʼorganisation de conférences pour mettre en relation des professionnels du design et
  les étudiants. Un travail de rencontre distant synchrone afin de créer des interactions
  entre le monde éducatif et le monde professionnel ;

3   http://dsaa.apinc.org/referentie/le-referentiel/

                                                                                                      3
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- Lʼindividualisation du travail sur des sujets précis.

       E.La prescription institutionnelle (le programme)

Le programme de gestion de DSAAT cadre très précisément la nature du travail à mener.

Les objectifs du référentiel renvoient en permanence à des constructions et des
compétences de type web 2.0 (même si elles ne sont pas formulées comme telles). Les
extraits du référentiel ci-dessous précisent les enjeux de formation.


 Objectifs        Réunir les éléments dʼinformation préalables à lʼélaboration dʼun
                  processus de production

 Tâches           Collecter les informations liées aux tendances du marché. Connaître les
                  opportunités et contraintes de lʼentreprise. Analyser les informations
                  retenues.

 Résultats        Rassembler, synthétiser et hiérarchiser les informations nécessaires à
 attendus         lʼélaboration du plan de collection.


                               Les études sont orientées vers :

 - Lʼapprofondissement de connaissances acquises dans la spécialité dʼorigine (champ
   dʼapplication technologie) à travers des thèmes dʼune complexité croissante impliquant
   la prise en compte de lʼensemble des paramètres intervenant dans la conception des
   produits pour le secteur concerné.
 - Un enseignement professionnel et de création, organisé en bureau de création-
   conception et comportant :

 - Des recherches et projets conduits individuellement et en équipe sur des programmes
   choisis après concertation avec les professeurs des élèves et des professionnels
   concernés en fonction de leur convenance pédagogique.

 Ces programmes seront conçus de telle façon que les objectifs dʼapprofondissement,
 dʼouverture et de travail en équipe puissent être atteints et que les travaux de
 conception puissent donner lieu à des réalisations concrètes




                                                                                                4
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                                   FONCTION GESTION

 OBJECTIFS                                      Gestion de la collection

 TACHES                                         Assurer la mise en oeuvre et le suivi de
                                                chaque étape de la collection : calendrier,
                                                organisation, présentation ...
                                                Coordination des différents services en vue
                                                de lʼéchantillonnage et de la fabrication.

 RESULTATS ATTENDUS                             Présentation dans les conditions et délais
                                                définis

 CONDITIONS RESSOURCES                          Processus de fabrication et modes de
                                                production
                                                Echantillonnage
                                                Analyse des coûts
                                                Ressources humaines et matérielles
                                                Techniques de gestion et de classement
                                                des informations.


                              Les études sont orientées vers :

 - La globalisation de la formation
 - son adéquation étroite aux réalités de lʼactivité professionnelle et des processus de
   production

 Elles se fondent sur une PEDAGOGIE DE PROJET intégrant dans tous les travaux
 conduits en bureau de création-conception lʼensemble des connaissances acquises
 dans des disciplines de tronc commun.



Lʼexpression pédagogie de projet est inscrite comme objectif de la formation. Des mots
forces sont à retenir :

- Rassembler, synthétiser, hiérarchiser les informations ;
- Globalisation ;
- Travail en équipe ;
- Coordination des différents services ;
- Ressources humaines et matérielles ;
- Techniques de classement et de gestion de lʼinformation ;
- Pédagogie de projet.

       F.Une réalité économique

Le métier de designer mode et textile induit que les étudiants soient en capacité de mettre
en lien les enjeux de création et les enjeux économiques, les enjeux de la globalisation. Je
reprends ici un billet de mon blog de cours intitulé «cours, technologies numériques et travail
collaboratif» qui précise ce point :

                                                                                                 5
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«Pour alimenter à nouveau le cours d’introduction des DSAAT 1, une carte heuristique (provisoire) pour
expliquer les technologies qui seront utilisées pour les apprentissages. Une démarche à double détente
puisqu’il s’agit à la fois de conforter une démarche pédagogique et de donner des instruments pour la vie
professionnelle.
En tant que pédagogue je souhaite faire découvrir les possibilités, les enjeux du travail collaboratif, la
technologie numérique y participant. En tant que professeur en design textile je souhaite démontrer en
quoi le métier de designer est un métier de collaboration. Pour appuyer mon propos je reprends quelques
passages du rapport de Madame Clarisse Perotti Reille :

  •   « Aujourd’hui, aucune entreprise n’est plus capable de maîtriser seule, les technologies mais aussi
      les concepts, compte tenu de la variabilité des désirs des consommateurs. La curiosité, la
      collaboration doivent devenir la règle pour une innovation efficace.» (page 52)
  •   « L’innovation immatérielle touche désormais une multiplicité de domaines : l’esthétique du produit
      final, la conception de nouvelles offres à partir des imaginaires clients, les services, l’organisation, les
      collaborations. La créativité n’est plus l’apanage des artistes, du marketing. La créativité se
      conçoit comme une fonction transversale de l’entreprise.» (page 56)
  •   « L’augmentation de la valeur ajoutée passe par les valeurs de coopération, collaboration. Les
      alliances entre entreprises, non nécessairement capitalistiques, constituent des réponses pertinentes
      pour aborder la nouvelle Révolution Industrielle.» (page 64)
  •   « La coopération, l’échange doivent devenir la norme dans ce secteur, pour soutenir son
      renouveau stratégique. Les diverses institutions ne doivent plus craindre pour leurs frontières. Mais,
      elles doivent s’engager dans des collaborations de toute nature et de tout type. » (page
  •   « Les nouveaux leviers de croissance sont complexes, fondés sur de multiples convergences : les
      désirs et les rêves des individus, la transmutation des processus d’innovation, l’immatériel, le
      croisement des technologies, la contraction et la fluidité des circuits de production, la
      collaboration. » (page 24)
En complément, une étude du cabinet Forrester (2008) sur le travail collaboratif en entreprise – L’étude

«Vers une généralisation de la collaboration dans l’entreprise actuelle, axée sur l’information, les
professionnels en entreprise agissent rarement seuls : en Europe, ils sont 99 % à travailler en équipe.
L’étude indique que la plupart d’entre eux collabore souvent avec plusieurs personnes : 47 % tous les jours
et 77 % plusieurs fois par semaine. Globalement, la fréquence de collaboration culmine chez les jeunes
(âgés de 18 à 30 ans), ce qui laisse présager une augmentation avec l’âge mais aussi avec l’entrée dans la
vie active de la « génération Y », encore plus favorable au travail en équipe. »

En résumé :

Le travail collaboratif est un aspect très important dans le métier de designer, le cours de gestion
contribuera pour sa part à en faire comprendre les enjeux.»

Je pense que le travail mené est une préfiguration des contraintes futures du métier de créateur.
Etre designer c’est être capable de travailler en équipe. Le designer doit créer en intégrant l’idée
qu’un projet ne peut aboutir qu’en mélangeant les compétences, des savoirs et une présence forte
du numérique pour collaborer à distance.

        G.Ma conception du métier.

La convergence des point évoqués ci-dessus mʼa amené au fil des années à appuyer mes
enseignements et les apprentissages de mes étudiants par diverses solutions numériques.
Historiquement c’est avec un blog que tout a commencé, puis se sont agrégées multiples solutions,
notamment issues du web 2.0 - Twitter, Delicious, Facebook, Tweetdeck ... pour ne citer que les
plus emblématiques. J’insère des solutions web à partir de l’analyse a priori de mes besoins.
                                                                                                               6
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En résumé je pourrais décrire mon projet pédagogique numérique comme «l’agrégation de
solutions hétérogènes au service d’un projet homogène »

La dernière brique mise en place dans mon dispositif est l’introduction d’un monde virtuel
dans le dispositif d’apprentissage. Je propose d’analyser cette nouvelle expérience sur la
base des six mois de pratique avec mes étudiants, quelques autres professeurs convaincus et des
professionnels du secteur.

2.Historique

L’évolution d’un projet construit tient parfois à des hasards heureux. Les 13 et 14 janvier 2010, j’ai
assisté en ligne aux journées d’ Autrans 4 et j’ai découvert sur le portail interactif5 le monde virtuel
Assemblive 6

J’ai eu le sentiment immédiat d’avoir enfin trouvé le système que je cherchais depuis assez
longtemps, celui qui met à disposition des fonctionnalités ubiquitaires, collaboratives, coopératives
et cognitives riches de potentiels pédagogiques. Je travaille depuis quelques années à comprendre
les enjeux du travail dans et hors les murs de la classe, les ressorts de la mobilité et l’ubiquité
pédagogique. J’ai participé pendant trois ans aux travaux de l’équipe EducTice7 de l’INRP sur la
thématique du scénario de pédagogie embarquée (SPE). Le monde virtuel me semblait a priori
convenir à mes exigences.

Assemblive est la création d’une startup française créée par cinq associés, la cible originelle sont
les applications business. Ils se définissent ainsi : « Assemblive permet à des communautés d’organiser
et de tenir leurs « web meetups », des évènements en ligne où tous peuvent participer. Chaque utilisateur
peut rejoindre une conversation, parler, video-chatter et partager des contenus avec les autres participants
ou créer en un clic une nouvelle conversation de groupe. » - Henri Morlaye.

J’ai adapté la solution à mes exigences pédagogiques, une forme de logique de l’usage pour
reprendre l’expression du livre de Jacques Perriault «La logique de l’usage, essai sur les machines à
communiquer» Flammarion 1982.

Le sentiment d’être en présence d’une solution adéquate n’est pas une analyse scientifique. Ce
sont les six mois d’expérience qui ont été mon terrain d’analyse quotidien. En lançant ce travail j’en
appréhendais les difficultés parce que l’enjeux était de lancer un projet de travail distant qui
engageait un grand nombre d’acteurs distants, avec des équipements hétérogènes sur une
thématique transversale. Je me suis lançé dans une aventure dont je maîtrisais peu de paramètres.

Le fait d’assurer un enseignement à temps plein me condamne, par manque de temps, à ne pouvoir
suffisamment étayer mon discours par un cadre théorique référent construit. Il faudrait
évidemment que je puisse consacrer plus de temps aux lectures des fondamentaux sur la

4   http://www.autrans.net/spip/
5   http://www.artesi.artesi-idf.com/x/autrans2010/


6   http://www.assemblive.com/home/


7   http://eductice.inrp.fr/EducTice

                                                                                                           7
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pédagogie et la didactique pour rendre ce travail plus cohérent. J’accepte par avance les remarques
sur cette faiblesse évidente.

Il convient de tirer les premières conclusions, ce que je propose de développer ci-dessous.

3.Le monde virtuel assemblive

L’analyse qui va suivre repose sur une expérience menée avec le monde assemblive, cela ne signifie
pas que les autres mondes ne sont pas pertinents, ils sont moins adaptés à mes besoins. Les
expériences pertinentes sur second life ou opensims existent, elles sont riches et pleines
d’enseignements, il convient de les suivre attentivement8.

Je propose de commencer par la description de l’outil même si d’un point de vue didactique et
pédagogique il n’est pas le centre de la construction. C’est l’intention de l’enseignant qui prime,
l’outil s’efface derrière le projet, il est en toile de fond. Il devrait pouvoir se faire oublier au
bénéfice des constructions académiques, disciplinaires et collaboratives.

J’ai travaillé avec assemblive parce que cet outil me paraissait être le plus adapté à mes besoins de
formation en sections post bac (par extension je dirai qu’il est plus adapté à une configuration
d’apprentissage dans le secondaire). En quoi ce monde virtuel est-il plus adapté ? On peut
s’appuyer sur plusieurs point précis

A.        Le logiciel

Le monde virtuel assemblive est souple c’est-à-dire qu’il ne nécessite pas de télécharger un logiciel
très volumineux à la différence des autres mondes 9 tels que second life ou opensims. Il me paraît
très adapté à un parc ordinateurs hétérogène. Le choix de bâtir un environnement sous second life
entraîne mécaniquement l’obligation de charger un logiciel très volumineux ce qui semble exclure
d’emblée les ordinateurs anciens. Je ne peux prendre le risque de provoquer une fracture
numérique parmi le public.

B.        La navigation

Une immersion digitale induit la capacité à déplacer un avatar10 (représentation symbolique d’un
acteur du dispositif). Deux solutions existent pour se déplacer :

• L’intégration d’un navigateur dans le monde virtuel
• L’intégration du monde virtuel dans le navigateur

La deuxième solution est beaucoup plus souple (c’est celle d’assemblive) pour un dispositif de
formation dans le secondaire,. Elle permet de prendre en main assez rapidement le déplacement de


8http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/09/journees-numeriques/
http://moiraudjp.wordpress.com/2010/02/28/un-autre-exemple-de-monde-virtuel-et-pedagogie/


9   Second life fonctionne avec un logiciel de MO et opensims avec un logiciel de MO

10Un avatar est un dieu (plus spécifiquement Vishnu) sur Terre dans l'hindouisme ;
Le mot avatar est surtout employé dans le sens de transformation, métamorphose : « Ce parc a subi
de nombreux avatars »

                                                                                                            8
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l’avatar. Les étudiants de la génération Y11 ont acquis les compétences manipulatoires en jouant aux
Sims12.
L’intégration du navigateur dans un monde nécessite un temps de formation beaucoup plus long
car il s’agit de prendre en main à la fois la navigation dans les trois dimensions et le pilotage avant,
arrière.

C.          La programmation

L’enseignement dans le secondaire d’une part, l’instrumentation des solutions numériques d’autre
part interrogent les nouvelles compétences de l’enseignant en 2010. Le professeur digital est un
professeur scénariste13 (il doit penser son contexte, les acteurs, les outils et les ressources) il est
de plus en plus l’artisan de son environnement digital. Faut-il lui demander en plus de savoir
programmer ? Cette affirmation me semble présomptueuse voire irréaliste. La programmation de
son monde virtuel reste encore l’apanage de quelques communautés constituées que l’on
s’accorde à qualifier de geek14. J’ai traité cet aspect dans un billet intitulé «du personnel au général
« du 19 mai 201015, les commentaires sont parfois vifs ce qui montre que les positions divergent
encore.
Le choix de assemblive repose en grande partie sur cet aspect parce que c’est une solution clé en
main.

D.          Le design

L’environnement graphique des mondes virtuels et aussi un sujet brulant et parfois polémique. Le
monde assemblive est un monde clé en main (Eric Guiraut16). Il met à disposition un ensemble de
lieux virtuels aux designs différents, adaptés, me semble t-il, aux diverses situations de formation
(salle de réunion, amphithéâtre, salle avec ou sans possibilité de diffuser un média). Il m’a été
loisible au gré des différentes situations d’utiliser des lieux aux graphismes différents et adaptés
aux besoins pédagogiques du moment.

Les lieux virtuels sont délimités à quelques salles très précises. La navigation en immersion en est
simplifiée, nul n’est besoin de consacrer un temps long de formation pour guider les apprenants
vers les lieux d’apprentissage.



11 Le terme génération Y désigne les personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990. Il tire
son nom de la génération précédente, nommée génération X. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du
millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net
generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandit dans un monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont
devenus de plus en plus accessibles.
12   http://www.sims2.fr/pages.view_frontpage.asp

13 Voir   les travaux de Jean-Philippe Pernin sur les scénarios - EducTice - INRP
14 Geek - Le terme geek (/gik/, prononciation anglaise /giːk/) est un anglicisme désignant une personne passionnée,
parfois de manière intense, par un domaine précis. Il s’emploie entre autres dans le domaine de l’informatique ainsi que
dans celui de la science-fiction. Selon l’Oxford American Dictionary  (en), l’origine du mot se trouve dans le moyen
haut-allemand Geck, qui désigne un fou, un espiègle et du néerlandais Gek qui désigne quelque chose de fou. Wikipédia
15   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/19/jnumcamp-du-personnel-au-general/

16   http://guiraut.wordpress.com/

                                                                                                                      9
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Une question se pose cependant, le graphisme des mondes virtuels doit-il être la réplique du réel ?
Ne faut-il pas saisir cette « terra virgina » pour construite de nouveaux codes, de nouveaux repères
graphiques. J’ai été apostrophé de façon très radicale par un enseignant d’art appliqué qui m’a
expliqué sans détour que le graphisme était « une anecdote », « le degré zéro de la conception », «
une absence de réflexion sur la perspective des lieux ». Une façon à peine voilée de dire que mon
travail était vain.

En enlevant la véhémence épidermique du propos et en s’appuyant sur un cadre réflexif construit,
il est vrai que les mondes virtuels posent une question d’ergonomie des lieux, de design, de
couleurs ... En disant cela je pose à nouveau la question de la division des tâches dans la
construction des processus d’apprentissage. Quelle est la place et la nature des propositions que
peuvent faire les designers ? De quelle façon le design peut-il s’emparer des questions
d’apprentissage. C’est un sujet que je vais (que j’ai déjà) proposé comme élément de réflexion dans
mon entourage professionnel. Je suis bien évidemment ouvert à toutes les contributions à ce
sujet.

Je serai en capacité de rédiger une synthèse dans six mois en fonction des analyses construites qui
me seront proposées. Je souhaite orienter cette question sur le terrain de la recherche en la
soumettant à mon entourage. J’attends, en retour, des propositions argumentées.

E.     L’aspect multimodal

Les mondes virtuels permettent de partager des ressources sous formes diverses, texte, image, son
et vidéo, les formes les plus évoluées permettent de coupler le monde avec une plareforme
d’apprentissage. Le couplage de moodle (sloodle) avec second life en est une bonne illustration.

J’ai retenu assemblive parce qu’il me permet de partager les ressources sous divers formats
(.doc,.ppt, .xls, .pdf et autres ) en toute souplesse. Le mode clé en main me permet de ne pas avoir
à acheter et / ou utiliser des solutions qu’il faut aller chercher dans des mondes que seule une
veille efficace permet d’identifier. Je ne suis pas sûr par ailleurs que les principes de la comptabilité
publique reconnaissent le dollar linden.


F.Gérer les niveaux de conversation

Ce point est certainement la fonctionnalité la plus intéressante d’Asssemblive et celle que j’ai,
paradoxalement, le moins exploité. Il est possible de mener des réunions simultanées en un même
lieu sur des sujets divers sans que les conversations s’entrechoquent.

On peut imaginer que plusieurs enseignants investissent le lieu, organisent des discussions en
groupes puis se réunissent en collectif pour organiser la synthèse. L’idée de créer un lieu de
réflexion, de travail pour des enseignants de champs disciplinaires différents n’est pas à ignorer non
plus.

J’y vois ici un avantage évident par rapport à toutes les autres solutions de webconférence que j’ai
explorées. Les interactions peuvent se gérer à plusieurs niveaux (collective et interpersonnelle)




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Jean-Paul Moiraud Juin 2010

7.La construction du dispositif - Usage en configuration
d’apprentissage.

Le cadre théorique évoqué précédemment à fait l’objet d’une mise en application en configuration
d’apprentissage. Trois classes ont été concernées, le BTS industrie des matériaux souples (IMS), le
BTS design de mode et le DSAA (diplôme supérieur d’art appliqué) créateur concepteur textile et
mode. Il est à noter que ce travail est venu se greffer en cours d’année et qu’il n’a pas pu faire
l’objet d’une explication a priori lors de la rentrée scolaire.

       A. L’intention pédagogique originelle

L’intention pédagogique s’inscrit dans le projet global que je mène depuis plusieurs années et qui se
caractérise par l’introduction et l’utilisation des fonctionnalités d’outils numériques. J’intègre les
fonctionnalités d’outils hétérogènes au service d’un projet homogène / faire comprendre aux
designers les enjeux du monde économique dans les processus de création.

       B.Le contexte de formation

Le contexte de la formation est celui d’un processus de formation spécifique. des sections ou la
pédagogie de projet est très présente, de façon générale les étudiants en bout de parcours doivent
s’interroger sur les enjeux de la création par une démarche transversale. La capacité à mobiliser
des concepts, à les croiser dans divers champs, à accepter un regard critique, à justifier ses choix et
au final à présenter un projet cohérent et argumenté.

Ce travail met au centre de la construction certaines aptitudes face à la construction des savoirs.
Un étudiant doit être capable de travailler en coopérant et en collaborant avec son ou ses
réseaux. Cette aptitude exigeante est inscrite pendant le temps de formation, le temps de
validation et le temps post formation (la vie professionnelle).

Le cours de gestion s’inscrit dans ce cadre large, il tente de donner une réponse par la
construction d’un environnement adapté aux contraintes évoquées précédemment . L’ambition est
de donner les moyens aux étudiants de construire leurs savoirs de façon réticulaire. Je souhaite
qu’ils soient en capacité d’intégrer l’idée que leurs savoirs se construisent par le débat, par la
confrontation d’idées, par le partage des ressources, par la collaboration. Peut-on résumer cette
idée en disant qu’il y a une volonté d’élargir l’environnement instrumental et conceptuel des
étudiants ?

       C.Les acteurs

Le travail de construction s’opère par partage des expériences, des savoirs et des compétences.
Les acteurs dans cette expérience sont nombreux et chaque apport alimente
De nombreux professionnels n’auraient jamais participé à l’expérience s’ils avaient dû venir au
lycée. Ils avaient le désir de communiquer leurs savoirs, leurs parcours mais étaient dans
l’incapacité de se rendre sur site. L ‘artefact monde virtuel les a incité à venir travailler avec le
groupe.

       D.Les outils

Les développements sur le monde virtuel assemblive font office d’analyse sur l’aspect outil.



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Jean-Paul Moiraud Juin 2010




           E.Les ressources

Ce dernier point est la question épineuse de mon travail. Comment conserver les traces des
activités menées pour les utiliser à bon escient dans les cours futurs et/ou les partager dans une
communauté de pratique ?

Pour l’instant, il me semble que c’est le point faible de mon travail. J’ai la plus grande difficulté à
concilier la conception, la formation, l’animation et la captation des données. L’outil revient au
centre de mes préoccupations, il me manque un système automatisé de captation intégré pour les
vidéos et le chat.

En l’absence de conservation de traces, le travail risque de rester anecdotique. Lorsque j’ai pu
organiser une division des tâches, j’ai été en situation de réaliser des enregistrements à fin de
conservation de traces. Les captations vidéos sont consultables en ligne17. On peut aussi écouter
deux enregistrements de travaux - Une séance d’individualisation avec une étudiante 18 et le résumé
de mon intervention fait par @Hugobiwan pour la journée Paris V Diderot19

La conservation des ressources nécessite d’avoir préalablement analysé les enjeux technologiques.
A titre personnel mon équipement sous système Mac me facilite le travail. Pour un dispositif PC il
est nécessaire de trouver les logiciels ad hoc.

5.Les différentes utilisations du monde virtuel

L’intégration du monde virtuel s’est organisé autour de deux pôles bien identifiés, l’organisation de
conférences en ligne et le travail d’individualisation avec mes étudiants.

           A.Les conférences

Depuis des années, je cherchais un moyen de mettre en relation le monde du travail et le monde
de l’apprentissage sans réellement y parvenir. J’avais amorcé des pistes en créant sur yahoo une
liste de diffusion emploi (qui fonctionne toujours), en demandant aux anciens étudiants de publier
des billets sur mon blog. Les expériences ont été concluantes mais jamais satisfaisantes parce que
manquant de réelle interaction.

Le monde virtuel m’a permis d’avancer dans mes propositions parce que je peux donner sens à
des concepts. Grâce à cette construction, j’ai pu convier dans mes cours des personnes qui ne
seraient jamais venues, par manque de temps, par éloignement géographique, par timidité. Les
témoignages des professionnels sont un complément précieux à mes cours car ils donnent une
assise à mes propos (ils sont souvent perçus comme un cadre trop théorique). En disant cela je
sais que je m’expose à des critiques parce que je remets en cause une vision de l’enseignement.


17   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/

18   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/

19   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/18/journees-numeriques-debrieffing/

                                                                                                           12
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

Les conférences ont donc été construites sur les principes suivants :

- Organiser des rencontres entre les étudiants et les professionnels ;
- Construire en transdisciplinarité (gestion, design, technologie, plasticiens) :
- Travailler en réseau ;
- Enrichir le présentiel ;
- Créer des ressources.

Il serait prétentieux et faux de dire que tous ces points ont été planifiés, des nombreuses
thématiques se sont construites dans l’usage.

A ce jour les conférences ont eu pour thèmes :

- Les études de DSAAT,
- Thomasine Giesecke une plasticienne témoigne de son expérience, quelle place la gestion tient ‘
  elle dans le métier d’artiste ? Cette conférence doit déboucher sur un workshop en 2010-
  20011.
- Enseigner l’économie gestion dans les mondes virtuels (suite et application d’un stage organisé
  par mes IPR)
- Le challenge ITECH, la collaboration école - industrie sur les textiles innovants

           A.L’individualisation

L’autre versant de mon travail a été l’individualisation en immersion. Les dispositifs BTS en section
design passent par l’élaboration du projet professionnel. Les étudiants et les enseignants doivent
collaborer.

Dans mon métier on peut entretenir la fiction du : «je suis sur site donc je travaille». Lorsque les
projets sont lancés je fréquente les ateliers de création pour analyser et décortiquer le rapport
création / gestion avec les étudiants. Très généralement ma venue ne correspond pas aux
temporalités des étudiants (période de conception design, réflexion de gestion pas encore mature
etc).

Le monde virtuel a été une réponse forte aux besoins enseignants - apprenants. J’ai beaucoup
travaillé en individualisation et le sentiment très net d’avoir travaillé de façon plus efficace parce
que le lieu est neutre, calme et correspond à un temps réel de disponibilité intellectuelle des
étudiants. Le terme immersion se justifie pleinement dans ce cas parce que l’interaction est réelle,
rien ne vient perturber la réflexion. On peut lire les commentaires 20 des étudiants sur mon blog.

Il est intéressant d’analyser les remarques des étudiantes. Elles identifient très bien les enjeux de
l’interaction entre le professeur et l’élève et les notions de temps et d’espace. On retrouve les
termes suivants : échange direct, échange personnalisé, hors cadre scolaire, temps réel, face à face...

L’individualisation pose en filigrane la question du temps de l’individualisation et du glissement du
métier de professeur vers le métier de tuteur (voir 6.A). Mes pratiques sont-elles transférables en
l’état, rien n’est moins sûr. Il me paraît nécessaire de fixer des règles temporelles pour les
moments d’individualisation. Ils ne peuvent se faire qu’en dehors des heures de cours. L’amplitude
est large, le sujet s’annonce complexe parce que l’on entre dans une zone de turbulence ou se

20   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/#comments


                                                                                                               13
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

confondent sphère professionnelle, sphère sociale et sphère privée. Le pédagogique le dispute au
politique.

6.La construction de nouvelles compétences pour les acteurs

En introduction de ce travail, j’ai expliqué que l’on ne pouvait résumer les TICE pour
l’apprentissage par la seule entrée outil. Un monde virtuel dans une démarche de formation, c’est
un ensemble de repères pédagogiques qui sont modifiés, peut être perturbés. La transmission des
savoirs est à analyser sous une variété d’ angles. L’expérience menée m’a permis de cerner un
ensemble de problématiques que je vais analyser ci-après.

           A.Professeur et tuteur ?

Le métier d’enseignant se transforme, la fonction de professeur se transforme, à la mission de
passeur de savoir il faut lui ajouter celle de tuteur. Selon Jacques Rodet21 de l’université de
Versailles le tutorat c’est22 : « une modalité d’encadrement, consiste pour un tuteur à établir, à
développer, à ajuster sa relation d’aide avec le tutoré»

Wikipédia le définit ainsi : « Le tutorat à distance est la juxtaposition des concepts de tutorat et de
distance. Il a pour principal objectif de soutenir les efforts d'apprentissage dans le cadre d'un projet de
formation ouverte et à distance. Il aide à rompre l'isolement et à atteindre les résultats des objectifs
pédagogiques des apprenants »

L’introduction du monde virtuel ne remet pas en cause les bases fondamentales du métier
d’enseignant mais il me semble que les lignes de fracture évoluent.
J’ai été très souvent en situation d’assistance, d’aide pour des personnes distantes. Cette facette de
mon métier ne m’était jamais apparu de façon aussi nette. Je suis plus dans l’individualisation,
l’accompagnement, le guidage et moins dans le transmissif brut.

Six mois de pratique ne me permettent pas de tirer plus de conclusions, je m’oriente vers des
pistes qu’il conviendra d’approfondir.. Je suis plus dans le ressenti que dans l’analyse. Je vais essayer
de formaliser plus précisément cet aspect l’année prochaine. Ce que je peux dire, même si je reste
dans l’affirmation non démontrée, c’est que les compétences évoluent à partir du moment où l’on
utilise un monde virtuel.

           B. Former pour mieux apprendre

Intégrer un monde virtuel, c’est se donner les moyens de rendre l’outil discret. Le constat s’impose
après six mois de pratique, il faut prendre le temps de former les acteurs du dispositif, intégrer un
monde virtuel «ex abrupto» relèverait de l’effraction pédagogique.

Un dispositif de formation instrumenté par les mondes virtuels se prépare, s’anticipe. Il faut
expliquer, former les participants. J’ai organisé sur six mois quatre conférences virtuelles et une
dizaine de séance d’individualisation, toutes se sont effectuées après avoir formé les participants -
acteurs.


21   http://blogdetad.blogspot.com/

22   jacques.rodet.free.fr/tuteurs.pdf

                                                                                                        14
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

Formellement les formations ont été organisées en deux temps : par envoie d’un module de
formation sous format .pdf et par organisation de réunions préparatoires en immersion. Selon les
publics les demandes n’étaient pas les mêmes. Le digitals migrants avaient plus de difficultés à
manipuler les avatars (les digitals natives se sont formés en jouant aux Sims pendant leur
adolescence), les étudiants avaient plus de difficultés à prendre la parole et / ou à préparer leurs
interventions ...

Selon l'âge et le métier les niveaux de compétences différents, les étudiants ont des facultés
manipulatoires très développées mais sont encore en acquisition pour les compétences de
synthèse.

Les mondes virtuels m’ont demandé de consacrer de longs moments à la formation avant
d’aborder le coeur de mon métier, la formation.

           C.Apprendre à apprendre

Intervenir dans un monde virtuel impose une autre posture pour la transmission de l’information,
la transmission des savoirs. Dans une conversation en réel, il est assez facile d’improviser, dans un
monde virtuel il faut se positionner de façon différente.

Les multiples expériences avec les enseignants et les étudiants ont montré que toutes les
personnes qui n’avaient pas préparé très formellement leur intervention se mettaient en difficulté.
La discussion qui se construit au gré des échanges semble plus difficile à élaborer.

L’intervention dans un monde virtuel semble plus formelle dans sa construction, il est nécessaire
de préparer ses interventions, même les plus simples. Au cours des réunions préparatoires, des
étudiants et des enseignants ont été mis en difficulté lorsqu’ils ont voulu présenter leur travail de
façon improvisée.

J’y vois là un avantage certain parce que l’exercice est formateur pour un étudiant, il doit
apprendre à calibrer une intervention, la rédiger en amont et s’exercer à la présenter.

           D.Diviser les tâches

La conception d’un travail dans les mondes virtuels modifie le paradigme de l’enseignement. Le
travail frontal synchrone n’est plus l’unique référence. Le monde virtuel, s’il ouvre de nouvelles
perspectives pédagogiques, ouvre aussi une nouvelle façon de piloter les relations entre les acteurs.

Les réunions menées au cours de ces six mois, m’ont fait comprendre les enjeux. Une réunion ne
peut pas être animée par une seule personne. Il faut diviser les tâches, l’image du professeur chef
d’orchestre (voir le billet de Jacques coeur - « inconvénient de la figure du tuteur-orchestre23 ») ne
résiste pas longtemps à l’usage. La dernière réunion24 (ITECH) a été organisée en tenant compte
de ce principe, nous avons attribué des rôles spécifiques à plusieurs personnes (certaines
personnes pouvant participer à plusieurs fonctions mais de façon réduite)

• Un concepteur de la réunion ;


23   http://blogdetad.blogspot.com/2009/09/inconvenients-de-la-figure-du-tuteur.html

24   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/

                                                                                                             15
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•   Un meneur des débats ;
•   Un gestionnaire du chat ;
•   Un chargé de la captation des images et des vidéos ;
•   Un chargé technique pour le réglage des problèmes informatiques (fonction qui s’est définie de
    façon informelle)



                     Fonction                                             Activités

    • Un concepteur de la réunion                     Bâtir la réunion, détermination du sujet,
                                                      du contenu, choix des intervenants,
                                                      fixation du temps.

    • Un meneur des débats                            Appliquer le plan, introduire les
                                                      interventions, passer la parole, contrôler
                                                      le temps.

    • Un gestionnaire du chat                         Suivre les flux du chat, réguler les
                                                      messages,

    • Un chargé de la captation des images et des
      vidéos



         E.Déconstruire le réel pour construire le virtuel

Construire les apprentissages dans les mondes virtuels c’est se transporter dans une dimension
immersive qui modifie les relations pédagogiques habituelles. J’ai pu saisir ces enjeux au fil des
expériences. Le travail en immersion m’a obligé de (re)définir des règles sociales.

• S’identifier

L’acteur présent doit être identifiable. Mon cours étant un mélange de présentiel et de distant, j’ai
imposé l’identification par l’état civil, solution la plus efficace. J’ai interdit l'utilisation de pseudo. Les
relations sociales n’étant pas binaires, un objet social bizarre, «le jumama» ou Julie, Marie, Marie-
Laure, s’est imposé. Le jumama est un avatar qui représente plusieurs étudiants. Les raisons
techniques et le pragmatisme de mes étudiants ont eu raison du caractère universel de l’individu et
ont inventé la pluri-personnalité.
L’usage a révélé le besoin d’identifier les fonctions, qui est étudiant, qui est professeur, qui est
professionnel, qui est modérateur, qui est meneur du débat ... (voir infra ). Gageons que l’évolution
du monde tiendra compte de ces remarques.

• S’exprimer

La parole est au centre du dispositif, je préfère la notion de parole, de discours plus que le terme
de communication (les abeilles communiquent). Les réunions, les séances d’individualisation
mettent la parole au centre. Emission et réception ont été au centre des questionnements pendant
six mois.




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- L’équipement des utilisateurs a posé des problèmes, de nombreux utilisateurs ne savaient pas
  si leur équipement disposait du module son (microphone interne ou pas, achat ou pas d’un
  microphone extérieur). Le chat a été un palliatif dans bien des situations.
- Le lieu de travail est aussi un élément déterminant, un lieu calme, isolé est un atout certain
  afin d’éviter les bruits extérieurs parasites (télévision, radio, écho des conversations, bruit de
  l’environnement). Ce point est fondamental pour la personne qui opère les captations et pour la
  qualité et le confort des séances engaggées.
- S’adresser au groupe (1) est une habitude à intégrer dans la mesure ou l’on ne perçoit pas
  les réactions des interlocuteurs. Par réaction j’entends perception visuelle du groupe et
  perception des « bruits » du groupe.
- . La phrase la plus entendue a été « vous m’entendez ? ». Il faut par conséquent s’habituer à
  dialoguer sans s’appuyer sur ses repères visuels et sonores, à faire confiance aux potentialités de
  la machine à transmettre le son. Mes expériences dans d’autres mondes virtuels m’ont confronté
  aux mêmes problèmes. Il faut que les interlocuteurs s’habituent à faire confiance aux réactions du
  groupe, à défaut de signaux de détresse (message d’absence d’audition par chat) c’est que le
  message passe.
- S’adresser au groupe de façon construite (2) - La structure d’une intervention diffère
  en réel et en virtuel. L’intervention en réel est plus simple, elle peut supporter l’improvisation.
  L’intervention en virtuel, selon tous les intervenants, impose une écriture préalable parce que le
  manque de visuel est déstabilisant.
- S’exprimer par d’autres canaux que le son.

En conclusion je citerais les commentaires d’un participant (Régis Chaigne 25) à propos de la
conférence ITECH ce qui compte c’est «Le son, le son, le son» (courriel du 27 mai 2010)

L’opération de construction semble interroger de nombreuses personnes. Une question
récurrente pendant ces six mois de pratique « Pourquoi ne pas utiliser une solution de visio
conférence ? C’est plus simple, le son est stabilisé, on se voit, c’est moins naïf que les avatars etc ». J’ai
répondu à ces questions dans deux billets, l’un intitulé « mufle numérique26 » l’autre « Monde virtuel
ou skype ? 27 ». Je ne veux pas développer à nouveau ce qui a été écrit mais simplement lister les
arguments :

- Le monde virtuel permet d’organiser un travail en one to many, le logiciel de visio-conférence au
  delà de deux se limite à la fonction voix ;
- Les travaux étant organisés en réseaux il est nécessaire de recréer un lieu neutre de formation.
  La vidéo perturbe cette neutralité à partir du moment où je travaille de mon domicile. La
  webcam envoie un témoignage de son lieu de vie privée.
- Il est possible à toute personne de venir assister aux travaux en ayant un statut défini, la
  localisation géographique de l’avatar cadre le rôle de chacun (intervenant ou auditeur).

           A.Gérer le temps et l’espace de travail

Ce point particulier est certainement le point le plus politique de mon expérience, celui qui peut
déterminer le passage de l’expérience à la généralisation. Je rappelle que le travail mené est de

25   http://www.chaigne.fr/

26   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/01/28/mufle-numerique/

27   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/15/monde-virtuel-ou-skype/

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Jean-Paul Moiraud Juin 2010

l’ordre de l’expérience, il relève d’une intention personnelle, d’une démarche construite. La
construction a priori induit une prise de risque pédagogique qui prend du sens parce que
l’enseignant concepteur n’a pas économisé son temps, parce que les étudiants ont adhéré au
principe, parce que j’ai réussi à emmener dans mon histoire d’autres enseignants et des acteurs
extérieurs. En résumé le travail est le résultat d’un pari sur le temps et de l’équilibre fragile d’une
construction sociale.

Aller de l’expérience à la généralisation c’est se poser la question du temps et de l’espace
numérique et de sa traduction statutaire. Je l’ai souligné plusieurs fois, le numérique en général, les
mondes virtuels en particulier modifient les paradigmes de l’apprentissage.

L’ensemble des expériences que j’ai mené, l’ont été à des heures que je qualifierais d’atypiques ou
non statutaires. Toutes les conférences se sont déroulées à partir de 20 heures 30 et se sont
achevées vers 22 heures 30 - 23 heures. Les heures d’individualisation pendant les vacances ou
pendant le congé de fin de semaine.

Ce cadre constitué de travail modifie à la fois le temps de travail des enseignants et des étudiants.

Comment peut-on qualifier ces temps ? A l’heure actuelle, mon temps de travail est déterminé par
mon VS (vérification de service), il induit assez normalement le temps de présence devant élèves et
le temps de préparation.

La construction de modules de formation dans les mondes virtuels déconstruit ces équilibres. Une
conférence n’est pas une préparation puisqu’elle est l’aboutissement d’un long cheminement de
préparation (formation des acteurs, écriture des textes, relation avec les acteurs intervenants ... ).
Ce n’est pas un cours au sens où l’institution l’entend, ce n’est pas une préparation, ce n’est pas un
temps de présence dans les locaux scolaires. Alors quelle est la qualification juridique de ce
temps ? Interroger le statut des enseignants ne renseigne pas plus puisqu’il a été élaboré en 1950
(une ère archéo - digitale). A ce stade de mon travail, je suis en capacité de dire ce que n’est
pas un temps de travail dans un monde virtuel mais pas ce qu’il est ou ce qu’il devrait être.

La lecture des nombreux écrits de Jacques Rodet nous éclaire sur ces enjeux. Le groupe
facebook28 et le blog de T@d29 sont une mine de renseignements prospectifs. Quelques titres de
billets « Le tuteur à distance travaille-t-il le 1er mai ?30» - «grille d'évaluation des conditions de travail des
tuteurs à distance31 »

En contextualisant ces questionnements dans le cadre du secondaire, de nombreuses pistes
émergent :

• Peut-on rémunérer un intervenant distant ? La dématérialisation de la prestation de service entre
  t’elle dans le double cadre éducation nationale - comptabilité publique ?


28   http://www.facebook.com/group.php?gid=331004075179

29   http://blogdetad.blogspot.com

30   http://blogdetad.blogspot.com/2008/05/le-tuteur-distance-travaille-t-il-le.html

31   http://blogdetad.blogspot.com/2007/09/grille-dvaluation-des-conditions-de.html

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Jean-Paul Moiraud Juin 2010

• Peut-on concevoir un cours constitué avec des acteurs (enseignant, apprenants) dans un lieu
  éclaté qui n’est pas le lycée ?
• Est-il envisageable de prévoir un statut du temps numérique ? Si oui est-il équivalent au temps du
  réel exprimé en unité temps et en unité monétaire ?

Nous sommes certainement au début d’une réflexion, je m’exprime non en tant que partie
prenante mais avec une prise de recul réflexif qui pourrait s’apparenter à un acte de recherche si
j’étais rattaché à un laboratoire universitaire.

       B.Comprendre les maillages dynamiques

Dans le point 7 de ca rapport je liste les principaux éléments du dispositif de formation
notamment les acteurs les outils et les ressoures. Les besoins de l’analyse m’imposent de les
aborder alternativement. En situation d’usage ces divers éléments interagissent entre eux ce que je
nomme un maillage dynamique.

               1) Les ordinateurs

La mise au point d’un dispositif de formation en ligne, c’est être en capacité de gérer
l’interconnexion entre une multitude d’ordinateurs ayant de configurations différentes. Le milieu de
la recherche est un miroir très déformant. Les professeurs pionniers, les chercheurs, les «geeks»
sont en général, bien équipés, avec des ordinateurs puissants couplés à des connexions haut débit.
J’ai l’impression (mais cela reste à démontrer) que l’aspect outil passe au second plan.

Dans une configuration d’apprentissage, l’outil reste primordial, l'hétérogénéité est prégnante et
est en capacité de perturber le dispositif.

J’ai eu à gérer de nombreuses fois l’absence d’outils adéquats, absence de microphone, connexion
G3 poussive, utilisation du wifi du voisin, connexion wifi collective de la cité U partagée ...

A l’absence objective de matériel, il faut ajouter la méconnaissance de l’équipement. De nombreux
étudiants équipés d’ordinateurs avec webcam m’ont affirmé qu’ils n’avaient pas de microphone.
Pendant ces six mois de travail, j’ai eu à me confronter au manque de connaissance en technologie
numérique, ce qui est un réel handicap.

               2) Les acteurs

Les acteurs interagissent en permanence. Dans le réel, il est assez aisé de gérer plusieurs tâches à
la fois, dans le monde virtuel l’expérience m’a montré que c’est beaucoup plus difficile. De
nombreux acteurs ont exprimé leurs difficultés à gérer en même temps, l’intervention orale, la
manipulation du diaporama, la lecture du chat. L’incapacité à gérer certaines habiletés est un frein.
Ce sont surtout les enseignants qui m’ont fait cette remarque. A ce stade, je ne peux que retenir
cette récurrence mais pas en tirer de conclusion parce que l’échantillon est trop faible donc non
significatif. Il n’en reste pas moins que c’est un point intéressant et à suivre pour la suite de
l’expérience.

7. Le monde virtuel s’insère dans un dispositif plus large d’utilisation de
solutions multiples - Création d’un «mashup»

J’utilise souvent l’expression suivante pour qualifier mon travail : « utiliser des solutions hétérogènes
au service d’un projet homogène ». L’hétérogénéité commence à me poser des problèmes techniques

                                                                                                      19
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

parce qu’il faut aller chercher en des endroits divers les informations. La dispersion est
contreproductive. Le blog a évolué cette année, en plus de ces fonctions initiales, il devient un lieu
de réunion des solutions grappillées de ci, de là. Le blog devient un mashup ce qui simplifie le
travail de coopération / collaboration.

Bien que mon approche pédagogique s’apparente au PLE (Personal Learning Environment) il me
semble que la construction puisse être transférée dans un ENT si celui-ci tolère une ouverture sur
les réseaux sociaux.

8.Une ouverture sur le monde économique

Le travail mené pendant ces six mois a fait l’objet d’une analyse au quotidien. Les billets sont
consultables sur mon blog32 et sont rassemblés dans un document pdf.

J’ai régulièrement «twitté» ces billets et j’ai eu de nombreux retours. Lors des conférences, j’ai eu la
surprise de rencontrer des professionnels hors éducation nationale qui observaient l’expérience. Je
les ai contacté pour connaître et analyser leurs besoins et leurs demandes en terme de monde
virtuel.

            A.Régis Chaigne - Viticulteur indépendant bordelais

Régis Chaigne est un viticulteur 33 Bordelais qui est venu visiter la classe virtuelle parce qu’il
explore les possibilités des réseaux numériques pour son activité professionnelle viticole. Nous
avons longuement échangé cette année sur les enjeux de son travail et du mien. Au cours de nos
nombreuses discussions j’ai pu isoler des invariants entre nos deux postures de travail.

Voici son témoignage que j’ai reçu par mail le 13 juin 2010 :

« C'est le blog de JM Billaut qui m'a donné envie de tester l'environnement conférence assemblive.
Ensuite la conférence de Thomasine m'a beaucoup intéressé.
Ta curiosité (pourquoi un vigneron s'intéresse-t-il à mon travail ?) explique sans doute que le contact s'est
prolongé. Professionnellement la présence physique du vigneron est souvent demandée par les responsables
de magasins dans lesquels nous vendons nos vins. La e-conférence pourra peut-être devenir un moyen de
se démultiplier. Egalement la possibilité de réunir plus souvent des vignerons ayant des problèmes
communs, mais géographiquement éloignés.»

            B.Lucile Prouteau - Directrice de communication société Lippi

Lucile Prouteau est responsable de communication chez Lippi34 fabricant de portail. J’ai eu le
plaisir ,de l’accueillir dans la classe virtuelle pour la conférence de Thomasine Giesecke. Je lui ai
demande pour ce bilan de m’expliquer les raisons de sa venue dans nos réunions pédagogiques.

«Pour faire vite, j'ai été interpellée par un tweet de Jean Michel Billaut qui parlait de formation en visio-
conférence - je suis allée jeter un oeil, j'ai vu le sujet qui m'intéresse de par mes hobbies et centres

32   http://moiraudjp.wordpress.com

33   http://www.chaigne.fr/

34   http://www.lippi.fr/

                                                                                                          20
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

d'intérêt, et également parce que je suis en train de mettre en place pour mi-juin une formation produits
en interne, avec des collaborateurs éparpillés en France - donc aussi par curiosité, parce que je ne
connaissais pas cette plateforme de conf virtuelle - nous on en reste à des produits classiques : adobe
connect pro ou webex.
Enfin je suis aussi ravie de voir que le corps enseignant s'investisse dans les nouvelles technos pour se
mettre à la portée de leurs étudiants, et propose des choses nouvelles pour compléter leur formation, et
qui peuvent leur ouvrir l'esprit sur des choses auxquels ils n'ont pas pensé, et repousser leur horizon.

Voila , donc de mon côté c'est surtout la curiosité et l'intérêt de votre démarche (que je salue !) qui m'ont
interpellée.»

           C.Jean-Michel Billaut - Advisor of Internet Department - BNP Paribas.
           Créateur de l’Atelier 35 - Elu Personnalité Numérique par l'ACSEL.

J’ai été interviewé par Jean-Michel Billaut36 le 2010. La vidéo est parue sur son blog. Jean-Michel
Billaut dit :

«Jean Paul est enseignant à Lyon. Il est professeur de gestion en section "design de mode" (Lycée La
Martinière Diderot). Il intègre des mondes virtuels dans des dispositifs d'apprentissage
en présentiel...  Pourquoi a-t-il choisi la plateforme Assemblive (déjà passé au e-billautshow) ? Est-
ce vraiment un cours qu'il fait dans ce monde virtuel ? Comment fonctionne la mécanique ? Ses étudiants
sont-ils intéressés ? (oui car ce sont des "digital natives", pas besoin de leurs expliquer comment cela
fonctionne...). Etc
A l'avenir n'y aura-t-il que des classes virtuelles ? Quel serait le rapport entre l'éducation traditionnelle et
l'éducation virtuelle ? Jean Paul en virtuel a des participants qui viennent d'autres pays ... Pourrait-on
mettre en oeuvre une université francophone virtuelle ? Peut-on adapter la mécanique de Jean Paul à
d'autres matières ? Le virtuel est-il plus "productif" que le traditionnel (les éléves apprennent-ils plus vite et
mieux ?). La visiophonie apporte-t-elle un plus ? Quel serait l'impact d'un système éducatif virtuel sur
l'environnement durable (bonne question - merci de l'avoir posée..).

Différences entre le e-learning 1.0 et l'enseignement en monde virtuel 3D ? "Quand j'anime des cours
virtuels le soir, ce n'est pas prévu dans mes statuts"... Que pensent les syndicats de l'Education Nationale
de tout cela ? Quid du temps statutaire et du temps numérique ?... Si vous étiez à la place du Ministre de
l'Education Nationale, que feriez-vous ?

Si cela vous dit, vous pourriez participer au prochain cours de Jean Paul le Jeudi 25 mars à partir de
20:45. Jean Paul y invite une designer pour discuter avec ses éléves...»

Voici son commentaire suite à ma sollicitation :

«Ne vous demandez pas ce que l'Education Nationale peut faire pour vous, demandez vous ce que vous
pouvez faire pour vos éléves". Ces derniers sont des digital natives, déjà plus ou moins rompus aux outils
numériques ... Il faut saluer le travail de Jean Paul Moiraud et d'autres enseignants qui de leur propre chef,
sur leur propre temps, voir sur leurs propres deniers, ouvre la voix à la e-éducation. Ce travail de défrichage
servira un jour la collectivité, et l'ensemble de l'Education Nationale...»




35   http://www.atelier.fr/

36   http://billaut.typepad.com/

                                                                                                              21
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

9.Les répercussions de mon expérience

           A.Les interventions

L’expérience initiée avec mes étudiants puis mes collègues de travail a débordé le cadre du lycée.
En six mois, j’ai eu la chance de pouvoir expliquer ma démarche. Mon (je devrais dire notre parce
qu’il est collectif) travail a eu des prolongements que je n’attendais pas. Je suis intervenu dans des
lieux divers (réel et virtuel).

- Une publication d’un billet sur le blog de T@d37 de Jacques Rodet « Usages et expérimentation du
  tutorat dans les mondes virtuels. » 03 mars 2010 ;
- L’entrevue en ligne sur le E.Billaut Show38 16 mars 2010 ;
- Une intervention à un débat à l’université Jean Moulin Lyon 3 «Expériences pédagogiques en
  E.learning» 18 mars 2010 ;
- Une participation comme intervenant pour un stage 39 à destination des professeurs d’économie
  et gestion de l’académie de Lyon « Les plateformes de travail collaboratif » 24 mars 2010 ;
- Un billet sur l’expérience a été publié sur le site Thot cursus « Les premiers pas de l’enseignement
  supérieur » 30 mars 2010 ;
- Une participation au Wcamp sur opensims 40 24 avril 2010 ;
- Une intervention à la haute école de Liège (Belgique) 12 mai 2010 ;
- Une intervention auprès d’un groupe de professeurs italiens (Val d’Aoste) sur les scénarii et les
  mondes virtuels (intervention faite en partie en italien) à la demande du CRDP de Lyon le 10 mai
  2010 ;
- Une participation au JnumCamp de Paris V Diderot « Enseigner et le numérique ? » 18 mai 2010 ;
- Une sélection pour le forum des enseignants innovants (Dax), juin 2010 ;
- Une intervention pour le PNP sur le sujet de la nouvel enseignement PFEG « L’innovation
  pédagogique en situation d’apprentissage, quelques pistes. Intégrer les fonctionnalités du numérique pour
  coopérer / collaborer dans et hors la classe » 09 Juin 2010 ;
- Une demande d’intervention à Ludovia 24, 27 août 2010 ;
- En projet la réalisation du grand oral Itech en réalité mixte (réel et virtuel) septembre 2010.

Ces travaux divers m’ont contraint à chaque fois de formaliser les analyses ce qui me facilite la
rédaction de la synthèse présente.

           B.L’essaimage

L’expérience menée, outre les billets rédigés au fil des jours, s’est accompagnée de la rédaction
d’un scénario type 41 que je souhaiterais mutualisable et transférable. Il est fondé sur l’idée de
l’existence d’invariants pédagogiques. Ce scénario est un ensemble de pistes mises à disposition de


37   http://blogdetad.blogspot.com/2010/03/usages-et-experimentation-du-tutorat.html

38   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/01/une-entrevue-avec-jean-michel-billaut/

39   http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ecogestion/legt/spip.php?article529

40   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/25/opensims-vwcamp/

41   http://moiraudjp.wordpress.com/telecharger/

                                                                                                               22
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

la communauté enseignante, il n’est en rien prescriptif. A la façon d’une partition musicale chaque
professeur peut l’interprêter à sa façon.

Le travail a trouvé des échos sur le terrain, Eric Guiraut professeur d’économie et gestion au lycée
Carriat de Bourg en Bresse (01) s’est appliqué à interpréter mon travail dans son champ
pédagogique. Des élèves de seconde à terminale en STG. Le travail est consultable en ligne sur son
blog42 . Il réfléchit à l’application de cette méthode pour la nouvelle discipline qui sera enseignée en
seconde à la rentrée de septembre 2010 (PFEG43).

Une autre professeure intègre le monde assemblive sur son site mais je n’ai pas encore de retour
sur son expérience. Je n’ai connaissance que du lien de son site44. Je me propose de l’intervievwer
pour analyser sa démarche.




10.Les perspectives pour 2010 - 2011

Continuer, continuer, continuer ...

Il convient dès à présent de mettre en place le programme de la future année (il est déjà largement
amorcé) cela signifie : Structurer un programme cohérent de conférences, amplifier
l’individualisation, informer les étudiants en début d’année, convaincre d’autres enseignants de venir
partager mes partis pris, mes doutes.

Je suis a ce jour sollicité pour un projet de FAD (j’en parlerai en temps utile) qui me paraît
extrêmement enthousiasmant.

La conférence Itech pourrait déboucher sur une expérience de réalité mixte. Le grand oral du
concours pourrait se dérouler à la fois en réel (grande salle de cérémonie de la ville de Lyon) et en
virtuel sur assemblive. A ce jour je suis de près ce dossier.

Une question sous jacente à cette expérience est très présente dans mes réflexions, suis-je en
train de surfer sur une mode ou le mouvement de fond sur les mondes virtuels est-il durable ?


11.Conclusion

Ces six mois d’expérience s’achèvent et ils sont très riches en conclusions. La première est que je
vais continuer ce travail en 2010 - 2011 avec mes étudiants de design de mode, d’IMS et de
DSAAT. L’année 2010 se sera caractérisée par la mise en place, l’organisation du cadre de travail.
Des conférences ont été organisées, des séances d’individualisation constituées mais elles ne sont à

42   http://guiraut.wordpress.com/classe-virtuelle/

43   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/

44   http://www.lycee-carriat.com/mag/spip/spip/

                                                                                                             23
Jean-Paul Moiraud Juin 2010

ce stade que des amorces. Il est nécessaire de les rendre mutualisables, partageables les pratiques.
Comment transférer la même pratique dans une classe de seconde ou de première ? Comment les
pratiques du secondaires peuvent-elles dialoguer avec celles du supérieur ?

Le projet s’inscrira dans une démarche annuelle, elle sera expliquée dès la rentrée aux étudiants, la
visibilité pédagogique sera au rendez-vous.

J’espère pouvoir rédiger des billets, les publier et pourquoi pas, si mes contraintes statutaires me le
permettent pouvoir intervenir hors le lycée. Je souhaite me pencher sur les enjeux de l’usage des
mondes virtuels. Mon travail est-il transférable dans un autre contexte (seconde, première,
terminale) ? Le méta modèle que je développe est-il applicable sur des granularités plus fines (une
partie, un chapitre, une thématique...) ? Je compte sur les retours d’expérience d’Eric Guiraut45
pour me donner des pistes, peut être ma veille me fera t’elle découvrir d’autres usages dans le
secondaire ? Pour le supérieur je regarde avec attention le travail de Gérald Delabre directeur
adjoint de la faculté virtuelle de droit (FDV) de Lyon 3, université Jean Moulin. La FDV46 de Lyon a
investi second life pour concevoir des dispositifs d’apprentissage. Ma veille restera aussi centrée
sur les travaux de Jacques Rodet.


Cette construction ne s’est pas faite pas sans difficulté. Mon travail est basé sur une envie
d’enrichir ma pratique, mon passage à l’INRP l’a exacerbée (l’INRP est un lieu idéal pour prendre
le temps de penser le métier d’enseignant). Pourtant je dois composer avec un principe de réalité,
j’enseigne et je « cherche ». Le temps est une dimension importante dans cette aventure, s’il fallait
retenir un mot chronophage serait certainement sélectionné.

J’ai eu à gérer le temps d’organisation, le temps de formation, le temps d’explication, le temps de
réalisation et le temps de recherche et d’analyse. Il me semble qu’une expérience n’a de sens que
si on lui consacre du temps notamment celui la réflexion. Le travail de professeur dans le
secondaire se prête peu à l’exercice, il n’inscrit pas la posture réflexive dans les habitudes et les
obligations statutaires. Nous ne sommes pas (ou peu) formés à cette démarche. J’en perçois au
jour le jour les difficultés. Assurer ses cours, les préparer et les faire évoluer (après 20 ans
d’expérience c’est encore une activité quotidienne). Prendre le recul pour analyser et décortiquer
est un exercice d'équilibriste.

Abonder son corpus théorique, respecter une méthodologie, publier, se déplacer relève parfois de
la mission impossible mais quel plaisir de constater qu’en mobilisant l’énergie le travail avance.

Depuis l’avènement du web 2.0, le sentiment d’isolement est moins perceptible puisqu’il est
possible d’échanger avec des communautés de pratiques existantes et de se constituer son réseau
grâce à Twitter et Facebook.

L’année 2010 - 2011 sera probablement complexe, aventureuse, m’engagera à prendre des risques,
le temps me sera compté mais ... Je donne rendez-vous en juin 2011 pour le futur bilan.




45   http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/


46   http://fdv.univ-lyon3.fr/moodle/

                                                                                                             24
Jean-Paul Moiraud Juin 2010




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  • 1. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 Bilan de six mois de pratique des mondes virtuels dans un processus d'apprentissage Utiliser le monde assemblive pour construire lʼacquisition de savoirs et compétences dʼétudiants de design de mode, IMS et DSAAT Jean-Paul Moiraud professeur de gestion au lycée La Martinière - Diderot de Lyon (France) Expérience menée de Janvier 2010 à Juin 2010 1
  • 2. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 1.Le contexte de la formation. A.Le cadre Je suis professeur de gestion en section design de mode (BTS et DSAA) au lycée La Martinière - Diderot de Lyon1 . Mon métier dʼenseignant a pour objectif de former de futurs designers qui occuperont les fonctions de designer textile, chef de produits, responsables de collection, infographiste, créateur de collection, créateurs free lance ... Jʼai en charge de faire apprendre la partie liée aux enjeux économique, marketing, juridique du métier de créateur concepteur textile et mode. Notre équipe est constituée par des professeurs de bureau de création, dʼenseignements artistiques fondamentaux, de culture design, de sérigraphie, de philosophie, de CAO / PAO, de broderie, dʼarts appliqués, de technique tissage, de moulage et dʼanglais. Des professionnels interviennent ponctuellement notamment pour des workshops. Mon travail sʼexerce principalement en dispositif frontal au cours de séance hebdomadaires de 2 heures pour des classes ayant des effctifs dʼune moyenne de 25 étudiants. Jʼintègre les fonctionnalités dʼoutils numériques pour enrichir les apprentissages2 (blog, twitter, Delicious) Depuis cette année jʼai intégré un monde virtuel dans mes pratiques. Je me propose de rédiger le premier bilan de cette expérience. B.Les hypothèses L’hypothèse de base de cette expérience est que les mondes virtuels permettent d’organiser un processus d’apprentissage dans lequel sont intégrés des acteurs divers qui veulent collaborer de façon distante synchrone. Le monde virtuel permet d’enrichir le présentiel parce qu’il inscrit le dispositif d’apprentissage dans et hors la classe. Pour tenter de vérifier ces hypothèses il me faudra analyser plus finement les points suivants Quel est le rôle des avatars ? Comment s’organise le travail collaboratif / coopératif dans les mondes virtuels ? Comment peut-on insérer des tiers non enseignants dans un dispositif d’apprentissage ? Quel est le poids des environnements graphiques dans le dispositif d’apprentissage instrumentant le virtuel ? Est-ce que le monde virtuel apporte une valeur ajoutée dans les dispositifs d’apprentissage ? 1 http://www.lamartinierediderot.fr/ 2 Bilan 2008 - 2009 http://moiraudjp.wordpress.com/2009/04/16/bilan-dactivit-pour-lanne-2008-2009-2/ 2
  • 3. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 C.La méthodologie La méthodologie retenue est l’observation de l’organisation et l’observation du travail. L’observation s’établit grâce à un ensemble d’outils, rédaction de billets d’observation, enregistrement de vidéos, capture d’images, enregistrement de sons, analyse des témoignages des participants. Je souhaite mener ce travail sur trois années scolaires avec une analyse du quotidien, la production de bilans annuels, intermédiaires et publication d’un bilan de synthèse à l’issue des trois années de pratique - observation. Le travail a été mené avec trois classes (sur deux années de formation) BTS design de mode, DSAAT et IMS (industrie des matériaux souples) soit un potentiel d’une centaine d’étudiants. La démarche, dans la mesure ou elle engage les étudiants en dehors des heures de cours repose sur le volontariat. D.Mes choix pédagogiques Je souhaite (ma mission est) que mes étudiants acquièrent des savoirs fondamentaux ancrés dans les sciences de gestion et juridiques et appliqués aux problématiques du design. Mes objectifs pédagogiques sont fixés pas le référentiel ministériel. Jʼavais plusieurs entrées pour bâtir mon enseignement et les apprentissages. • Un cours magistral en situation frontale qui positionne lʼacquisition des savoirs du haut vers le bas ; • Un cours qui implique les étudiants. Il nʼévacue pas les savoirs transmis frontalement lorsque cʼest nécessaire mais il est plus orienté vers des constructions coopératives et ou collaboratives Jʼai choisi la seconde option parce quʼelle me paraît plus constructive. Elle répond à une prescription institutionnelle (le référentiel3 ) et à mes conceptions du métier dʼenseignant, du métier dʼétudiant. Elle fait écho à une réalité économique de la filière dans laquelle jʼinterviens. Le fil conducteur de mon travail répond à un cahier des charges précis : demander aux étudiants de simuler la création dʼune entreprise de design. Lʼensemble des propositions et constructions qui sont proposées par les étudiants sont organisées à lʼintérieur dʼun dispositif numérique. Chaque étudiant présente ses analyses à lʼaide dʼun blog, la veille informationnelle est élaborée avec Twitter, est mutualisée sur Del.icious et depuis cette année un monde virtuel a été introduit dans ce dispositif, il fait lʼobjet de cette étude. Le monde virtuel assemblive qui est décrit plus bas est intégré dans mon cours pour répondre à deux types de besoins identifiés en amont de lʼoutil. - Lʼorganisation de conférences pour mettre en relation des professionnels du design et les étudiants. Un travail de rencontre distant synchrone afin de créer des interactions entre le monde éducatif et le monde professionnel ; 3 http://dsaa.apinc.org/referentie/le-referentiel/ 3
  • 4. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 - Lʼindividualisation du travail sur des sujets précis. E.La prescription institutionnelle (le programme) Le programme de gestion de DSAAT cadre très précisément la nature du travail à mener. Les objectifs du référentiel renvoient en permanence à des constructions et des compétences de type web 2.0 (même si elles ne sont pas formulées comme telles). Les extraits du référentiel ci-dessous précisent les enjeux de formation. Objectifs Réunir les éléments dʼinformation préalables à lʼélaboration dʼun processus de production Tâches Collecter les informations liées aux tendances du marché. Connaître les opportunités et contraintes de lʼentreprise. Analyser les informations retenues. Résultats Rassembler, synthétiser et hiérarchiser les informations nécessaires à attendus lʼélaboration du plan de collection. Les études sont orientées vers : - Lʼapprofondissement de connaissances acquises dans la spécialité dʼorigine (champ dʼapplication technologie) à travers des thèmes dʼune complexité croissante impliquant la prise en compte de lʼensemble des paramètres intervenant dans la conception des produits pour le secteur concerné. - Un enseignement professionnel et de création, organisé en bureau de création- conception et comportant : - Des recherches et projets conduits individuellement et en équipe sur des programmes choisis après concertation avec les professeurs des élèves et des professionnels concernés en fonction de leur convenance pédagogique. Ces programmes seront conçus de telle façon que les objectifs dʼapprofondissement, dʼouverture et de travail en équipe puissent être atteints et que les travaux de conception puissent donner lieu à des réalisations concrètes 4
  • 5. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 FONCTION GESTION OBJECTIFS Gestion de la collection TACHES Assurer la mise en oeuvre et le suivi de chaque étape de la collection : calendrier, organisation, présentation ... Coordination des différents services en vue de lʼéchantillonnage et de la fabrication. RESULTATS ATTENDUS Présentation dans les conditions et délais définis CONDITIONS RESSOURCES Processus de fabrication et modes de production Echantillonnage Analyse des coûts Ressources humaines et matérielles Techniques de gestion et de classement des informations. Les études sont orientées vers : - La globalisation de la formation - son adéquation étroite aux réalités de lʼactivité professionnelle et des processus de production Elles se fondent sur une PEDAGOGIE DE PROJET intégrant dans tous les travaux conduits en bureau de création-conception lʼensemble des connaissances acquises dans des disciplines de tronc commun. Lʼexpression pédagogie de projet est inscrite comme objectif de la formation. Des mots forces sont à retenir : - Rassembler, synthétiser, hiérarchiser les informations ; - Globalisation ; - Travail en équipe ; - Coordination des différents services ; - Ressources humaines et matérielles ; - Techniques de classement et de gestion de lʼinformation ; - Pédagogie de projet. F.Une réalité économique Le métier de designer mode et textile induit que les étudiants soient en capacité de mettre en lien les enjeux de création et les enjeux économiques, les enjeux de la globalisation. Je reprends ici un billet de mon blog de cours intitulé «cours, technologies numériques et travail collaboratif» qui précise ce point : 5
  • 6. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 «Pour alimenter à nouveau le cours d’introduction des DSAAT 1, une carte heuristique (provisoire) pour expliquer les technologies qui seront utilisées pour les apprentissages. Une démarche à double détente puisqu’il s’agit à la fois de conforter une démarche pédagogique et de donner des instruments pour la vie professionnelle. En tant que pédagogue je souhaite faire découvrir les possibilités, les enjeux du travail collaboratif, la technologie numérique y participant. En tant que professeur en design textile je souhaite démontrer en quoi le métier de designer est un métier de collaboration. Pour appuyer mon propos je reprends quelques passages du rapport de Madame Clarisse Perotti Reille : • « Aujourd’hui, aucune entreprise n’est plus capable de maîtriser seule, les technologies mais aussi les concepts, compte tenu de la variabilité des désirs des consommateurs. La curiosité, la collaboration doivent devenir la règle pour une innovation efficace.» (page 52) • « L’innovation immatérielle touche désormais une multiplicité de domaines : l’esthétique du produit final, la conception de nouvelles offres à partir des imaginaires clients, les services, l’organisation, les collaborations. La créativité n’est plus l’apanage des artistes, du marketing. La créativité se conçoit comme une fonction transversale de l’entreprise.» (page 56) • « L’augmentation de la valeur ajoutée passe par les valeurs de coopération, collaboration. Les alliances entre entreprises, non nécessairement capitalistiques, constituent des réponses pertinentes pour aborder la nouvelle Révolution Industrielle.» (page 64) • « La coopération, l’échange doivent devenir la norme dans ce secteur, pour soutenir son renouveau stratégique. Les diverses institutions ne doivent plus craindre pour leurs frontières. Mais, elles doivent s’engager dans des collaborations de toute nature et de tout type. » (page • « Les nouveaux leviers de croissance sont complexes, fondés sur de multiples convergences : les désirs et les rêves des individus, la transmutation des processus d’innovation, l’immatériel, le croisement des technologies, la contraction et la fluidité des circuits de production, la collaboration. » (page 24) En complément, une étude du cabinet Forrester (2008) sur le travail collaboratif en entreprise – L’étude «Vers une généralisation de la collaboration dans l’entreprise actuelle, axée sur l’information, les professionnels en entreprise agissent rarement seuls : en Europe, ils sont 99 % à travailler en équipe. L’étude indique que la plupart d’entre eux collabore souvent avec plusieurs personnes : 47 % tous les jours et 77 % plusieurs fois par semaine. Globalement, la fréquence de collaboration culmine chez les jeunes (âgés de 18 à 30 ans), ce qui laisse présager une augmentation avec l’âge mais aussi avec l’entrée dans la vie active de la « génération Y », encore plus favorable au travail en équipe. » En résumé : Le travail collaboratif est un aspect très important dans le métier de designer, le cours de gestion contribuera pour sa part à en faire comprendre les enjeux.» Je pense que le travail mené est une préfiguration des contraintes futures du métier de créateur. Etre designer c’est être capable de travailler en équipe. Le designer doit créer en intégrant l’idée qu’un projet ne peut aboutir qu’en mélangeant les compétences, des savoirs et une présence forte du numérique pour collaborer à distance. G.Ma conception du métier. La convergence des point évoqués ci-dessus mʼa amené au fil des années à appuyer mes enseignements et les apprentissages de mes étudiants par diverses solutions numériques. Historiquement c’est avec un blog que tout a commencé, puis se sont agrégées multiples solutions, notamment issues du web 2.0 - Twitter, Delicious, Facebook, Tweetdeck ... pour ne citer que les plus emblématiques. J’insère des solutions web à partir de l’analyse a priori de mes besoins. 6
  • 7. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 En résumé je pourrais décrire mon projet pédagogique numérique comme «l’agrégation de solutions hétérogènes au service d’un projet homogène » La dernière brique mise en place dans mon dispositif est l’introduction d’un monde virtuel dans le dispositif d’apprentissage. Je propose d’analyser cette nouvelle expérience sur la base des six mois de pratique avec mes étudiants, quelques autres professeurs convaincus et des professionnels du secteur. 2.Historique L’évolution d’un projet construit tient parfois à des hasards heureux. Les 13 et 14 janvier 2010, j’ai assisté en ligne aux journées d’ Autrans 4 et j’ai découvert sur le portail interactif5 le monde virtuel Assemblive 6 J’ai eu le sentiment immédiat d’avoir enfin trouvé le système que je cherchais depuis assez longtemps, celui qui met à disposition des fonctionnalités ubiquitaires, collaboratives, coopératives et cognitives riches de potentiels pédagogiques. Je travaille depuis quelques années à comprendre les enjeux du travail dans et hors les murs de la classe, les ressorts de la mobilité et l’ubiquité pédagogique. J’ai participé pendant trois ans aux travaux de l’équipe EducTice7 de l’INRP sur la thématique du scénario de pédagogie embarquée (SPE). Le monde virtuel me semblait a priori convenir à mes exigences. Assemblive est la création d’une startup française créée par cinq associés, la cible originelle sont les applications business. Ils se définissent ainsi : « Assemblive permet à des communautés d’organiser et de tenir leurs « web meetups », des évènements en ligne où tous peuvent participer. Chaque utilisateur peut rejoindre une conversation, parler, video-chatter et partager des contenus avec les autres participants ou créer en un clic une nouvelle conversation de groupe. » - Henri Morlaye. J’ai adapté la solution à mes exigences pédagogiques, une forme de logique de l’usage pour reprendre l’expression du livre de Jacques Perriault «La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer» Flammarion 1982. Le sentiment d’être en présence d’une solution adéquate n’est pas une analyse scientifique. Ce sont les six mois d’expérience qui ont été mon terrain d’analyse quotidien. En lançant ce travail j’en appréhendais les difficultés parce que l’enjeux était de lancer un projet de travail distant qui engageait un grand nombre d’acteurs distants, avec des équipements hétérogènes sur une thématique transversale. Je me suis lançé dans une aventure dont je maîtrisais peu de paramètres. Le fait d’assurer un enseignement à temps plein me condamne, par manque de temps, à ne pouvoir suffisamment étayer mon discours par un cadre théorique référent construit. Il faudrait évidemment que je puisse consacrer plus de temps aux lectures des fondamentaux sur la 4 http://www.autrans.net/spip/ 5 http://www.artesi.artesi-idf.com/x/autrans2010/ 6 http://www.assemblive.com/home/ 7 http://eductice.inrp.fr/EducTice 7
  • 8. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 pédagogie et la didactique pour rendre ce travail plus cohérent. J’accepte par avance les remarques sur cette faiblesse évidente. Il convient de tirer les premières conclusions, ce que je propose de développer ci-dessous. 3.Le monde virtuel assemblive L’analyse qui va suivre repose sur une expérience menée avec le monde assemblive, cela ne signifie pas que les autres mondes ne sont pas pertinents, ils sont moins adaptés à mes besoins. Les expériences pertinentes sur second life ou opensims existent, elles sont riches et pleines d’enseignements, il convient de les suivre attentivement8. Je propose de commencer par la description de l’outil même si d’un point de vue didactique et pédagogique il n’est pas le centre de la construction. C’est l’intention de l’enseignant qui prime, l’outil s’efface derrière le projet, il est en toile de fond. Il devrait pouvoir se faire oublier au bénéfice des constructions académiques, disciplinaires et collaboratives. J’ai travaillé avec assemblive parce que cet outil me paraissait être le plus adapté à mes besoins de formation en sections post bac (par extension je dirai qu’il est plus adapté à une configuration d’apprentissage dans le secondaire). En quoi ce monde virtuel est-il plus adapté ? On peut s’appuyer sur plusieurs point précis A. Le logiciel Le monde virtuel assemblive est souple c’est-à-dire qu’il ne nécessite pas de télécharger un logiciel très volumineux à la différence des autres mondes 9 tels que second life ou opensims. Il me paraît très adapté à un parc ordinateurs hétérogène. Le choix de bâtir un environnement sous second life entraîne mécaniquement l’obligation de charger un logiciel très volumineux ce qui semble exclure d’emblée les ordinateurs anciens. Je ne peux prendre le risque de provoquer une fracture numérique parmi le public. B. La navigation Une immersion digitale induit la capacité à déplacer un avatar10 (représentation symbolique d’un acteur du dispositif). Deux solutions existent pour se déplacer : • L’intégration d’un navigateur dans le monde virtuel • L’intégration du monde virtuel dans le navigateur La deuxième solution est beaucoup plus souple (c’est celle d’assemblive) pour un dispositif de formation dans le secondaire,. Elle permet de prendre en main assez rapidement le déplacement de 8http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/09/journees-numeriques/ http://moiraudjp.wordpress.com/2010/02/28/un-autre-exemple-de-monde-virtuel-et-pedagogie/ 9 Second life fonctionne avec un logiciel de MO et opensims avec un logiciel de MO 10Un avatar est un dieu (plus spécifiquement Vishnu) sur Terre dans l'hindouisme ; Le mot avatar est surtout employé dans le sens de transformation, métamorphose : « Ce parc a subi de nombreux avatars » 8
  • 9. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 l’avatar. Les étudiants de la génération Y11 ont acquis les compétences manipulatoires en jouant aux Sims12. L’intégration du navigateur dans un monde nécessite un temps de formation beaucoup plus long car il s’agit de prendre en main à la fois la navigation dans les trois dimensions et le pilotage avant, arrière. C. La programmation L’enseignement dans le secondaire d’une part, l’instrumentation des solutions numériques d’autre part interrogent les nouvelles compétences de l’enseignant en 2010. Le professeur digital est un professeur scénariste13 (il doit penser son contexte, les acteurs, les outils et les ressources) il est de plus en plus l’artisan de son environnement digital. Faut-il lui demander en plus de savoir programmer ? Cette affirmation me semble présomptueuse voire irréaliste. La programmation de son monde virtuel reste encore l’apanage de quelques communautés constituées que l’on s’accorde à qualifier de geek14. J’ai traité cet aspect dans un billet intitulé «du personnel au général « du 19 mai 201015, les commentaires sont parfois vifs ce qui montre que les positions divergent encore. Le choix de assemblive repose en grande partie sur cet aspect parce que c’est une solution clé en main. D. Le design L’environnement graphique des mondes virtuels et aussi un sujet brulant et parfois polémique. Le monde assemblive est un monde clé en main (Eric Guiraut16). Il met à disposition un ensemble de lieux virtuels aux designs différents, adaptés, me semble t-il, aux diverses situations de formation (salle de réunion, amphithéâtre, salle avec ou sans possibilité de diffuser un média). Il m’a été loisible au gré des différentes situations d’utiliser des lieux aux graphismes différents et adaptés aux besoins pédagogiques du moment. Les lieux virtuels sont délimités à quelques salles très précises. La navigation en immersion en est simplifiée, nul n’est besoin de consacrer un temps long de formation pour guider les apprenants vers les lieux d’apprentissage. 11 Le terme génération Y désigne les personnes nées entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990. Il tire son nom de la génération précédente, nommée génération X. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandit dans un monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles. 12 http://www.sims2.fr/pages.view_frontpage.asp 13 Voir les travaux de Jean-Philippe Pernin sur les scénarios - EducTice - INRP 14 Geek - Le terme geek (/gik/, prononciation anglaise /giːk/) est un anglicisme désignant une personne passionnée, parfois de manière intense, par un domaine précis. Il s’emploie entre autres dans le domaine de l’informatique ainsi que dans celui de la science-fiction. Selon l’Oxford American Dictionary  (en), l’origine du mot se trouve dans le moyen haut-allemand Geck, qui désigne un fou, un espiègle et du néerlandais Gek qui désigne quelque chose de fou. Wikipédia 15 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/19/jnumcamp-du-personnel-au-general/ 16 http://guiraut.wordpress.com/ 9
  • 10. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 Une question se pose cependant, le graphisme des mondes virtuels doit-il être la réplique du réel ? Ne faut-il pas saisir cette « terra virgina » pour construite de nouveaux codes, de nouveaux repères graphiques. J’ai été apostrophé de façon très radicale par un enseignant d’art appliqué qui m’a expliqué sans détour que le graphisme était « une anecdote », « le degré zéro de la conception », « une absence de réflexion sur la perspective des lieux ». Une façon à peine voilée de dire que mon travail était vain. En enlevant la véhémence épidermique du propos et en s’appuyant sur un cadre réflexif construit, il est vrai que les mondes virtuels posent une question d’ergonomie des lieux, de design, de couleurs ... En disant cela je pose à nouveau la question de la division des tâches dans la construction des processus d’apprentissage. Quelle est la place et la nature des propositions que peuvent faire les designers ? De quelle façon le design peut-il s’emparer des questions d’apprentissage. C’est un sujet que je vais (que j’ai déjà) proposé comme élément de réflexion dans mon entourage professionnel. Je suis bien évidemment ouvert à toutes les contributions à ce sujet. Je serai en capacité de rédiger une synthèse dans six mois en fonction des analyses construites qui me seront proposées. Je souhaite orienter cette question sur le terrain de la recherche en la soumettant à mon entourage. J’attends, en retour, des propositions argumentées. E. L’aspect multimodal Les mondes virtuels permettent de partager des ressources sous formes diverses, texte, image, son et vidéo, les formes les plus évoluées permettent de coupler le monde avec une plareforme d’apprentissage. Le couplage de moodle (sloodle) avec second life en est une bonne illustration. J’ai retenu assemblive parce qu’il me permet de partager les ressources sous divers formats (.doc,.ppt, .xls, .pdf et autres ) en toute souplesse. Le mode clé en main me permet de ne pas avoir à acheter et / ou utiliser des solutions qu’il faut aller chercher dans des mondes que seule une veille efficace permet d’identifier. Je ne suis pas sûr par ailleurs que les principes de la comptabilité publique reconnaissent le dollar linden. F.Gérer les niveaux de conversation Ce point est certainement la fonctionnalité la plus intéressante d’Asssemblive et celle que j’ai, paradoxalement, le moins exploité. Il est possible de mener des réunions simultanées en un même lieu sur des sujets divers sans que les conversations s’entrechoquent. On peut imaginer que plusieurs enseignants investissent le lieu, organisent des discussions en groupes puis se réunissent en collectif pour organiser la synthèse. L’idée de créer un lieu de réflexion, de travail pour des enseignants de champs disciplinaires différents n’est pas à ignorer non plus. J’y vois ici un avantage évident par rapport à toutes les autres solutions de webconférence que j’ai explorées. Les interactions peuvent se gérer à plusieurs niveaux (collective et interpersonnelle) 10
  • 11. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 7.La construction du dispositif - Usage en configuration d’apprentissage. Le cadre théorique évoqué précédemment à fait l’objet d’une mise en application en configuration d’apprentissage. Trois classes ont été concernées, le BTS industrie des matériaux souples (IMS), le BTS design de mode et le DSAA (diplôme supérieur d’art appliqué) créateur concepteur textile et mode. Il est à noter que ce travail est venu se greffer en cours d’année et qu’il n’a pas pu faire l’objet d’une explication a priori lors de la rentrée scolaire. A. L’intention pédagogique originelle L’intention pédagogique s’inscrit dans le projet global que je mène depuis plusieurs années et qui se caractérise par l’introduction et l’utilisation des fonctionnalités d’outils numériques. J’intègre les fonctionnalités d’outils hétérogènes au service d’un projet homogène / faire comprendre aux designers les enjeux du monde économique dans les processus de création. B.Le contexte de formation Le contexte de la formation est celui d’un processus de formation spécifique. des sections ou la pédagogie de projet est très présente, de façon générale les étudiants en bout de parcours doivent s’interroger sur les enjeux de la création par une démarche transversale. La capacité à mobiliser des concepts, à les croiser dans divers champs, à accepter un regard critique, à justifier ses choix et au final à présenter un projet cohérent et argumenté. Ce travail met au centre de la construction certaines aptitudes face à la construction des savoirs. Un étudiant doit être capable de travailler en coopérant et en collaborant avec son ou ses réseaux. Cette aptitude exigeante est inscrite pendant le temps de formation, le temps de validation et le temps post formation (la vie professionnelle). Le cours de gestion s’inscrit dans ce cadre large, il tente de donner une réponse par la construction d’un environnement adapté aux contraintes évoquées précédemment . L’ambition est de donner les moyens aux étudiants de construire leurs savoirs de façon réticulaire. Je souhaite qu’ils soient en capacité d’intégrer l’idée que leurs savoirs se construisent par le débat, par la confrontation d’idées, par le partage des ressources, par la collaboration. Peut-on résumer cette idée en disant qu’il y a une volonté d’élargir l’environnement instrumental et conceptuel des étudiants ? C.Les acteurs Le travail de construction s’opère par partage des expériences, des savoirs et des compétences. Les acteurs dans cette expérience sont nombreux et chaque apport alimente De nombreux professionnels n’auraient jamais participé à l’expérience s’ils avaient dû venir au lycée. Ils avaient le désir de communiquer leurs savoirs, leurs parcours mais étaient dans l’incapacité de se rendre sur site. L ‘artefact monde virtuel les a incité à venir travailler avec le groupe. D.Les outils Les développements sur le monde virtuel assemblive font office d’analyse sur l’aspect outil. 11
  • 12. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 E.Les ressources Ce dernier point est la question épineuse de mon travail. Comment conserver les traces des activités menées pour les utiliser à bon escient dans les cours futurs et/ou les partager dans une communauté de pratique ? Pour l’instant, il me semble que c’est le point faible de mon travail. J’ai la plus grande difficulté à concilier la conception, la formation, l’animation et la captation des données. L’outil revient au centre de mes préoccupations, il me manque un système automatisé de captation intégré pour les vidéos et le chat. En l’absence de conservation de traces, le travail risque de rester anecdotique. Lorsque j’ai pu organiser une division des tâches, j’ai été en situation de réaliser des enregistrements à fin de conservation de traces. Les captations vidéos sont consultables en ligne17. On peut aussi écouter deux enregistrements de travaux - Une séance d’individualisation avec une étudiante 18 et le résumé de mon intervention fait par @Hugobiwan pour la journée Paris V Diderot19 La conservation des ressources nécessite d’avoir préalablement analysé les enjeux technologiques. A titre personnel mon équipement sous système Mac me facilite le travail. Pour un dispositif PC il est nécessaire de trouver les logiciels ad hoc. 5.Les différentes utilisations du monde virtuel L’intégration du monde virtuel s’est organisé autour de deux pôles bien identifiés, l’organisation de conférences en ligne et le travail d’individualisation avec mes étudiants. A.Les conférences Depuis des années, je cherchais un moyen de mettre en relation le monde du travail et le monde de l’apprentissage sans réellement y parvenir. J’avais amorcé des pistes en créant sur yahoo une liste de diffusion emploi (qui fonctionne toujours), en demandant aux anciens étudiants de publier des billets sur mon blog. Les expériences ont été concluantes mais jamais satisfaisantes parce que manquant de réelle interaction. Le monde virtuel m’a permis d’avancer dans mes propositions parce que je peux donner sens à des concepts. Grâce à cette construction, j’ai pu convier dans mes cours des personnes qui ne seraient jamais venues, par manque de temps, par éloignement géographique, par timidité. Les témoignages des professionnels sont un complément précieux à mes cours car ils donnent une assise à mes propos (ils sont souvent perçus comme un cadre trop théorique). En disant cela je sais que je m’expose à des critiques parce que je remets en cause une vision de l’enseignement. 17 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/ 18 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/ 19 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/18/journees-numeriques-debrieffing/ 12
  • 13. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 Les conférences ont donc été construites sur les principes suivants : - Organiser des rencontres entre les étudiants et les professionnels ; - Construire en transdisciplinarité (gestion, design, technologie, plasticiens) : - Travailler en réseau ; - Enrichir le présentiel ; - Créer des ressources. Il serait prétentieux et faux de dire que tous ces points ont été planifiés, des nombreuses thématiques se sont construites dans l’usage. A ce jour les conférences ont eu pour thèmes : - Les études de DSAAT, - Thomasine Giesecke une plasticienne témoigne de son expérience, quelle place la gestion tient ‘ elle dans le métier d’artiste ? Cette conférence doit déboucher sur un workshop en 2010- 20011. - Enseigner l’économie gestion dans les mondes virtuels (suite et application d’un stage organisé par mes IPR) - Le challenge ITECH, la collaboration école - industrie sur les textiles innovants A.L’individualisation L’autre versant de mon travail a été l’individualisation en immersion. Les dispositifs BTS en section design passent par l’élaboration du projet professionnel. Les étudiants et les enseignants doivent collaborer. Dans mon métier on peut entretenir la fiction du : «je suis sur site donc je travaille». Lorsque les projets sont lancés je fréquente les ateliers de création pour analyser et décortiquer le rapport création / gestion avec les étudiants. Très généralement ma venue ne correspond pas aux temporalités des étudiants (période de conception design, réflexion de gestion pas encore mature etc). Le monde virtuel a été une réponse forte aux besoins enseignants - apprenants. J’ai beaucoup travaillé en individualisation et le sentiment très net d’avoir travaillé de façon plus efficace parce que le lieu est neutre, calme et correspond à un temps réel de disponibilité intellectuelle des étudiants. Le terme immersion se justifie pleinement dans ce cas parce que l’interaction est réelle, rien ne vient perturber la réflexion. On peut lire les commentaires 20 des étudiants sur mon blog. Il est intéressant d’analyser les remarques des étudiantes. Elles identifient très bien les enjeux de l’interaction entre le professeur et l’élève et les notions de temps et d’espace. On retrouve les termes suivants : échange direct, échange personnalisé, hors cadre scolaire, temps réel, face à face... L’individualisation pose en filigrane la question du temps de l’individualisation et du glissement du métier de professeur vers le métier de tuteur (voir 6.A). Mes pratiques sont-elles transférables en l’état, rien n’est moins sûr. Il me paraît nécessaire de fixer des règles temporelles pour les moments d’individualisation. Ils ne peuvent se faire qu’en dehors des heures de cours. L’amplitude est large, le sujet s’annonce complexe parce que l’on entre dans une zone de turbulence ou se 20 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/23/individualisation-mondes-virtuels/#comments 13
  • 14. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 confondent sphère professionnelle, sphère sociale et sphère privée. Le pédagogique le dispute au politique. 6.La construction de nouvelles compétences pour les acteurs En introduction de ce travail, j’ai expliqué que l’on ne pouvait résumer les TICE pour l’apprentissage par la seule entrée outil. Un monde virtuel dans une démarche de formation, c’est un ensemble de repères pédagogiques qui sont modifiés, peut être perturbés. La transmission des savoirs est à analyser sous une variété d’ angles. L’expérience menée m’a permis de cerner un ensemble de problématiques que je vais analyser ci-après. A.Professeur et tuteur ? Le métier d’enseignant se transforme, la fonction de professeur se transforme, à la mission de passeur de savoir il faut lui ajouter celle de tuteur. Selon Jacques Rodet21 de l’université de Versailles le tutorat c’est22 : « une modalité d’encadrement, consiste pour un tuteur à établir, à développer, à ajuster sa relation d’aide avec le tutoré» Wikipédia le définit ainsi : « Le tutorat à distance est la juxtaposition des concepts de tutorat et de distance. Il a pour principal objectif de soutenir les efforts d'apprentissage dans le cadre d'un projet de formation ouverte et à distance. Il aide à rompre l'isolement et à atteindre les résultats des objectifs pédagogiques des apprenants » L’introduction du monde virtuel ne remet pas en cause les bases fondamentales du métier d’enseignant mais il me semble que les lignes de fracture évoluent. J’ai été très souvent en situation d’assistance, d’aide pour des personnes distantes. Cette facette de mon métier ne m’était jamais apparu de façon aussi nette. Je suis plus dans l’individualisation, l’accompagnement, le guidage et moins dans le transmissif brut. Six mois de pratique ne me permettent pas de tirer plus de conclusions, je m’oriente vers des pistes qu’il conviendra d’approfondir.. Je suis plus dans le ressenti que dans l’analyse. Je vais essayer de formaliser plus précisément cet aspect l’année prochaine. Ce que je peux dire, même si je reste dans l’affirmation non démontrée, c’est que les compétences évoluent à partir du moment où l’on utilise un monde virtuel. B. Former pour mieux apprendre Intégrer un monde virtuel, c’est se donner les moyens de rendre l’outil discret. Le constat s’impose après six mois de pratique, il faut prendre le temps de former les acteurs du dispositif, intégrer un monde virtuel «ex abrupto» relèverait de l’effraction pédagogique. Un dispositif de formation instrumenté par les mondes virtuels se prépare, s’anticipe. Il faut expliquer, former les participants. J’ai organisé sur six mois quatre conférences virtuelles et une dizaine de séance d’individualisation, toutes se sont effectuées après avoir formé les participants - acteurs. 21 http://blogdetad.blogspot.com/ 22 jacques.rodet.free.fr/tuteurs.pdf 14
  • 15. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 Formellement les formations ont été organisées en deux temps : par envoie d’un module de formation sous format .pdf et par organisation de réunions préparatoires en immersion. Selon les publics les demandes n’étaient pas les mêmes. Le digitals migrants avaient plus de difficultés à manipuler les avatars (les digitals natives se sont formés en jouant aux Sims pendant leur adolescence), les étudiants avaient plus de difficultés à prendre la parole et / ou à préparer leurs interventions ... Selon l'âge et le métier les niveaux de compétences différents, les étudiants ont des facultés manipulatoires très développées mais sont encore en acquisition pour les compétences de synthèse. Les mondes virtuels m’ont demandé de consacrer de longs moments à la formation avant d’aborder le coeur de mon métier, la formation. C.Apprendre à apprendre Intervenir dans un monde virtuel impose une autre posture pour la transmission de l’information, la transmission des savoirs. Dans une conversation en réel, il est assez facile d’improviser, dans un monde virtuel il faut se positionner de façon différente. Les multiples expériences avec les enseignants et les étudiants ont montré que toutes les personnes qui n’avaient pas préparé très formellement leur intervention se mettaient en difficulté. La discussion qui se construit au gré des échanges semble plus difficile à élaborer. L’intervention dans un monde virtuel semble plus formelle dans sa construction, il est nécessaire de préparer ses interventions, même les plus simples. Au cours des réunions préparatoires, des étudiants et des enseignants ont été mis en difficulté lorsqu’ils ont voulu présenter leur travail de façon improvisée. J’y vois là un avantage certain parce que l’exercice est formateur pour un étudiant, il doit apprendre à calibrer une intervention, la rédiger en amont et s’exercer à la présenter. D.Diviser les tâches La conception d’un travail dans les mondes virtuels modifie le paradigme de l’enseignement. Le travail frontal synchrone n’est plus l’unique référence. Le monde virtuel, s’il ouvre de nouvelles perspectives pédagogiques, ouvre aussi une nouvelle façon de piloter les relations entre les acteurs. Les réunions menées au cours de ces six mois, m’ont fait comprendre les enjeux. Une réunion ne peut pas être animée par une seule personne. Il faut diviser les tâches, l’image du professeur chef d’orchestre (voir le billet de Jacques coeur - « inconvénient de la figure du tuteur-orchestre23 ») ne résiste pas longtemps à l’usage. La dernière réunion24 (ITECH) a été organisée en tenant compte de ce principe, nous avons attribué des rôles spécifiques à plusieurs personnes (certaines personnes pouvant participer à plusieurs fonctions mais de façon réduite) • Un concepteur de la réunion ; 23 http://blogdetad.blogspot.com/2009/09/inconvenients-de-la-figure-du-tuteur.html 24 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/26/itech-videos/ 15
  • 16. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 • Un meneur des débats ; • Un gestionnaire du chat ; • Un chargé de la captation des images et des vidéos ; • Un chargé technique pour le réglage des problèmes informatiques (fonction qui s’est définie de façon informelle) Fonction Activités • Un concepteur de la réunion Bâtir la réunion, détermination du sujet, du contenu, choix des intervenants, fixation du temps. • Un meneur des débats Appliquer le plan, introduire les interventions, passer la parole, contrôler le temps. • Un gestionnaire du chat Suivre les flux du chat, réguler les messages, • Un chargé de la captation des images et des vidéos E.Déconstruire le réel pour construire le virtuel Construire les apprentissages dans les mondes virtuels c’est se transporter dans une dimension immersive qui modifie les relations pédagogiques habituelles. J’ai pu saisir ces enjeux au fil des expériences. Le travail en immersion m’a obligé de (re)définir des règles sociales. • S’identifier L’acteur présent doit être identifiable. Mon cours étant un mélange de présentiel et de distant, j’ai imposé l’identification par l’état civil, solution la plus efficace. J’ai interdit l'utilisation de pseudo. Les relations sociales n’étant pas binaires, un objet social bizarre, «le jumama» ou Julie, Marie, Marie- Laure, s’est imposé. Le jumama est un avatar qui représente plusieurs étudiants. Les raisons techniques et le pragmatisme de mes étudiants ont eu raison du caractère universel de l’individu et ont inventé la pluri-personnalité. L’usage a révélé le besoin d’identifier les fonctions, qui est étudiant, qui est professeur, qui est professionnel, qui est modérateur, qui est meneur du débat ... (voir infra ). Gageons que l’évolution du monde tiendra compte de ces remarques. • S’exprimer La parole est au centre du dispositif, je préfère la notion de parole, de discours plus que le terme de communication (les abeilles communiquent). Les réunions, les séances d’individualisation mettent la parole au centre. Emission et réception ont été au centre des questionnements pendant six mois. 16
  • 17. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 - L’équipement des utilisateurs a posé des problèmes, de nombreux utilisateurs ne savaient pas si leur équipement disposait du module son (microphone interne ou pas, achat ou pas d’un microphone extérieur). Le chat a été un palliatif dans bien des situations. - Le lieu de travail est aussi un élément déterminant, un lieu calme, isolé est un atout certain afin d’éviter les bruits extérieurs parasites (télévision, radio, écho des conversations, bruit de l’environnement). Ce point est fondamental pour la personne qui opère les captations et pour la qualité et le confort des séances engaggées. - S’adresser au groupe (1) est une habitude à intégrer dans la mesure ou l’on ne perçoit pas les réactions des interlocuteurs. Par réaction j’entends perception visuelle du groupe et perception des « bruits » du groupe. - . La phrase la plus entendue a été « vous m’entendez ? ». Il faut par conséquent s’habituer à dialoguer sans s’appuyer sur ses repères visuels et sonores, à faire confiance aux potentialités de la machine à transmettre le son. Mes expériences dans d’autres mondes virtuels m’ont confronté aux mêmes problèmes. Il faut que les interlocuteurs s’habituent à faire confiance aux réactions du groupe, à défaut de signaux de détresse (message d’absence d’audition par chat) c’est que le message passe. - S’adresser au groupe de façon construite (2) - La structure d’une intervention diffère en réel et en virtuel. L’intervention en réel est plus simple, elle peut supporter l’improvisation. L’intervention en virtuel, selon tous les intervenants, impose une écriture préalable parce que le manque de visuel est déstabilisant. - S’exprimer par d’autres canaux que le son. En conclusion je citerais les commentaires d’un participant (Régis Chaigne 25) à propos de la conférence ITECH ce qui compte c’est «Le son, le son, le son» (courriel du 27 mai 2010) L’opération de construction semble interroger de nombreuses personnes. Une question récurrente pendant ces six mois de pratique « Pourquoi ne pas utiliser une solution de visio conférence ? C’est plus simple, le son est stabilisé, on se voit, c’est moins naïf que les avatars etc ». J’ai répondu à ces questions dans deux billets, l’un intitulé « mufle numérique26 » l’autre « Monde virtuel ou skype ? 27 ». Je ne veux pas développer à nouveau ce qui a été écrit mais simplement lister les arguments : - Le monde virtuel permet d’organiser un travail en one to many, le logiciel de visio-conférence au delà de deux se limite à la fonction voix ; - Les travaux étant organisés en réseaux il est nécessaire de recréer un lieu neutre de formation. La vidéo perturbe cette neutralité à partir du moment où je travaille de mon domicile. La webcam envoie un témoignage de son lieu de vie privée. - Il est possible à toute personne de venir assister aux travaux en ayant un statut défini, la localisation géographique de l’avatar cadre le rôle de chacun (intervenant ou auditeur). A.Gérer le temps et l’espace de travail Ce point particulier est certainement le point le plus politique de mon expérience, celui qui peut déterminer le passage de l’expérience à la généralisation. Je rappelle que le travail mené est de 25 http://www.chaigne.fr/ 26 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/01/28/mufle-numerique/ 27 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/05/15/monde-virtuel-ou-skype/ 17
  • 18. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 l’ordre de l’expérience, il relève d’une intention personnelle, d’une démarche construite. La construction a priori induit une prise de risque pédagogique qui prend du sens parce que l’enseignant concepteur n’a pas économisé son temps, parce que les étudiants ont adhéré au principe, parce que j’ai réussi à emmener dans mon histoire d’autres enseignants et des acteurs extérieurs. En résumé le travail est le résultat d’un pari sur le temps et de l’équilibre fragile d’une construction sociale. Aller de l’expérience à la généralisation c’est se poser la question du temps et de l’espace numérique et de sa traduction statutaire. Je l’ai souligné plusieurs fois, le numérique en général, les mondes virtuels en particulier modifient les paradigmes de l’apprentissage. L’ensemble des expériences que j’ai mené, l’ont été à des heures que je qualifierais d’atypiques ou non statutaires. Toutes les conférences se sont déroulées à partir de 20 heures 30 et se sont achevées vers 22 heures 30 - 23 heures. Les heures d’individualisation pendant les vacances ou pendant le congé de fin de semaine. Ce cadre constitué de travail modifie à la fois le temps de travail des enseignants et des étudiants. Comment peut-on qualifier ces temps ? A l’heure actuelle, mon temps de travail est déterminé par mon VS (vérification de service), il induit assez normalement le temps de présence devant élèves et le temps de préparation. La construction de modules de formation dans les mondes virtuels déconstruit ces équilibres. Une conférence n’est pas une préparation puisqu’elle est l’aboutissement d’un long cheminement de préparation (formation des acteurs, écriture des textes, relation avec les acteurs intervenants ... ). Ce n’est pas un cours au sens où l’institution l’entend, ce n’est pas une préparation, ce n’est pas un temps de présence dans les locaux scolaires. Alors quelle est la qualification juridique de ce temps ? Interroger le statut des enseignants ne renseigne pas plus puisqu’il a été élaboré en 1950 (une ère archéo - digitale). A ce stade de mon travail, je suis en capacité de dire ce que n’est pas un temps de travail dans un monde virtuel mais pas ce qu’il est ou ce qu’il devrait être. La lecture des nombreux écrits de Jacques Rodet nous éclaire sur ces enjeux. Le groupe facebook28 et le blog de T@d29 sont une mine de renseignements prospectifs. Quelques titres de billets « Le tuteur à distance travaille-t-il le 1er mai ?30» - «grille d'évaluation des conditions de travail des tuteurs à distance31 » En contextualisant ces questionnements dans le cadre du secondaire, de nombreuses pistes émergent : • Peut-on rémunérer un intervenant distant ? La dématérialisation de la prestation de service entre t’elle dans le double cadre éducation nationale - comptabilité publique ? 28 http://www.facebook.com/group.php?gid=331004075179 29 http://blogdetad.blogspot.com 30 http://blogdetad.blogspot.com/2008/05/le-tuteur-distance-travaille-t-il-le.html 31 http://blogdetad.blogspot.com/2007/09/grille-dvaluation-des-conditions-de.html 18
  • 19. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 • Peut-on concevoir un cours constitué avec des acteurs (enseignant, apprenants) dans un lieu éclaté qui n’est pas le lycée ? • Est-il envisageable de prévoir un statut du temps numérique ? Si oui est-il équivalent au temps du réel exprimé en unité temps et en unité monétaire ? Nous sommes certainement au début d’une réflexion, je m’exprime non en tant que partie prenante mais avec une prise de recul réflexif qui pourrait s’apparenter à un acte de recherche si j’étais rattaché à un laboratoire universitaire. B.Comprendre les maillages dynamiques Dans le point 7 de ca rapport je liste les principaux éléments du dispositif de formation notamment les acteurs les outils et les ressoures. Les besoins de l’analyse m’imposent de les aborder alternativement. En situation d’usage ces divers éléments interagissent entre eux ce que je nomme un maillage dynamique. 1) Les ordinateurs La mise au point d’un dispositif de formation en ligne, c’est être en capacité de gérer l’interconnexion entre une multitude d’ordinateurs ayant de configurations différentes. Le milieu de la recherche est un miroir très déformant. Les professeurs pionniers, les chercheurs, les «geeks» sont en général, bien équipés, avec des ordinateurs puissants couplés à des connexions haut débit. J’ai l’impression (mais cela reste à démontrer) que l’aspect outil passe au second plan. Dans une configuration d’apprentissage, l’outil reste primordial, l'hétérogénéité est prégnante et est en capacité de perturber le dispositif. J’ai eu à gérer de nombreuses fois l’absence d’outils adéquats, absence de microphone, connexion G3 poussive, utilisation du wifi du voisin, connexion wifi collective de la cité U partagée ... A l’absence objective de matériel, il faut ajouter la méconnaissance de l’équipement. De nombreux étudiants équipés d’ordinateurs avec webcam m’ont affirmé qu’ils n’avaient pas de microphone. Pendant ces six mois de travail, j’ai eu à me confronter au manque de connaissance en technologie numérique, ce qui est un réel handicap. 2) Les acteurs Les acteurs interagissent en permanence. Dans le réel, il est assez aisé de gérer plusieurs tâches à la fois, dans le monde virtuel l’expérience m’a montré que c’est beaucoup plus difficile. De nombreux acteurs ont exprimé leurs difficultés à gérer en même temps, l’intervention orale, la manipulation du diaporama, la lecture du chat. L’incapacité à gérer certaines habiletés est un frein. Ce sont surtout les enseignants qui m’ont fait cette remarque. A ce stade, je ne peux que retenir cette récurrence mais pas en tirer de conclusion parce que l’échantillon est trop faible donc non significatif. Il n’en reste pas moins que c’est un point intéressant et à suivre pour la suite de l’expérience. 7. Le monde virtuel s’insère dans un dispositif plus large d’utilisation de solutions multiples - Création d’un «mashup» J’utilise souvent l’expression suivante pour qualifier mon travail : « utiliser des solutions hétérogènes au service d’un projet homogène ». L’hétérogénéité commence à me poser des problèmes techniques 19
  • 20. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 parce qu’il faut aller chercher en des endroits divers les informations. La dispersion est contreproductive. Le blog a évolué cette année, en plus de ces fonctions initiales, il devient un lieu de réunion des solutions grappillées de ci, de là. Le blog devient un mashup ce qui simplifie le travail de coopération / collaboration. Bien que mon approche pédagogique s’apparente au PLE (Personal Learning Environment) il me semble que la construction puisse être transférée dans un ENT si celui-ci tolère une ouverture sur les réseaux sociaux. 8.Une ouverture sur le monde économique Le travail mené pendant ces six mois a fait l’objet d’une analyse au quotidien. Les billets sont consultables sur mon blog32 et sont rassemblés dans un document pdf. J’ai régulièrement «twitté» ces billets et j’ai eu de nombreux retours. Lors des conférences, j’ai eu la surprise de rencontrer des professionnels hors éducation nationale qui observaient l’expérience. Je les ai contacté pour connaître et analyser leurs besoins et leurs demandes en terme de monde virtuel. A.Régis Chaigne - Viticulteur indépendant bordelais Régis Chaigne est un viticulteur 33 Bordelais qui est venu visiter la classe virtuelle parce qu’il explore les possibilités des réseaux numériques pour son activité professionnelle viticole. Nous avons longuement échangé cette année sur les enjeux de son travail et du mien. Au cours de nos nombreuses discussions j’ai pu isoler des invariants entre nos deux postures de travail. Voici son témoignage que j’ai reçu par mail le 13 juin 2010 : « C'est le blog de JM Billaut qui m'a donné envie de tester l'environnement conférence assemblive. Ensuite la conférence de Thomasine m'a beaucoup intéressé. Ta curiosité (pourquoi un vigneron s'intéresse-t-il à mon travail ?) explique sans doute que le contact s'est prolongé. Professionnellement la présence physique du vigneron est souvent demandée par les responsables de magasins dans lesquels nous vendons nos vins. La e-conférence pourra peut-être devenir un moyen de se démultiplier. Egalement la possibilité de réunir plus souvent des vignerons ayant des problèmes communs, mais géographiquement éloignés.» B.Lucile Prouteau - Directrice de communication société Lippi Lucile Prouteau est responsable de communication chez Lippi34 fabricant de portail. J’ai eu le plaisir ,de l’accueillir dans la classe virtuelle pour la conférence de Thomasine Giesecke. Je lui ai demande pour ce bilan de m’expliquer les raisons de sa venue dans nos réunions pédagogiques. «Pour faire vite, j'ai été interpellée par un tweet de Jean Michel Billaut qui parlait de formation en visio- conférence - je suis allée jeter un oeil, j'ai vu le sujet qui m'intéresse de par mes hobbies et centres 32 http://moiraudjp.wordpress.com 33 http://www.chaigne.fr/ 34 http://www.lippi.fr/ 20
  • 21. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 d'intérêt, et également parce que je suis en train de mettre en place pour mi-juin une formation produits en interne, avec des collaborateurs éparpillés en France - donc aussi par curiosité, parce que je ne connaissais pas cette plateforme de conf virtuelle - nous on en reste à des produits classiques : adobe connect pro ou webex. Enfin je suis aussi ravie de voir que le corps enseignant s'investisse dans les nouvelles technos pour se mettre à la portée de leurs étudiants, et propose des choses nouvelles pour compléter leur formation, et qui peuvent leur ouvrir l'esprit sur des choses auxquels ils n'ont pas pensé, et repousser leur horizon. Voila , donc de mon côté c'est surtout la curiosité et l'intérêt de votre démarche (que je salue !) qui m'ont interpellée.» C.Jean-Michel Billaut - Advisor of Internet Department - BNP Paribas. Créateur de l’Atelier 35 - Elu Personnalité Numérique par l'ACSEL. J’ai été interviewé par Jean-Michel Billaut36 le 2010. La vidéo est parue sur son blog. Jean-Michel Billaut dit : «Jean Paul est enseignant à Lyon. Il est professeur de gestion en section "design de mode" (Lycée La Martinière Diderot). Il intègre des mondes virtuels dans des dispositifs d'apprentissage en présentiel...  Pourquoi a-t-il choisi la plateforme Assemblive (déjà passé au e-billautshow) ? Est- ce vraiment un cours qu'il fait dans ce monde virtuel ? Comment fonctionne la mécanique ? Ses étudiants sont-ils intéressés ? (oui car ce sont des "digital natives", pas besoin de leurs expliquer comment cela fonctionne...). Etc A l'avenir n'y aura-t-il que des classes virtuelles ? Quel serait le rapport entre l'éducation traditionnelle et l'éducation virtuelle ? Jean Paul en virtuel a des participants qui viennent d'autres pays ... Pourrait-on mettre en oeuvre une université francophone virtuelle ? Peut-on adapter la mécanique de Jean Paul à d'autres matières ? Le virtuel est-il plus "productif" que le traditionnel (les éléves apprennent-ils plus vite et mieux ?). La visiophonie apporte-t-elle un plus ? Quel serait l'impact d'un système éducatif virtuel sur l'environnement durable (bonne question - merci de l'avoir posée..). Différences entre le e-learning 1.0 et l'enseignement en monde virtuel 3D ? "Quand j'anime des cours virtuels le soir, ce n'est pas prévu dans mes statuts"... Que pensent les syndicats de l'Education Nationale de tout cela ? Quid du temps statutaire et du temps numérique ?... Si vous étiez à la place du Ministre de l'Education Nationale, que feriez-vous ? Si cela vous dit, vous pourriez participer au prochain cours de Jean Paul le Jeudi 25 mars à partir de 20:45. Jean Paul y invite une designer pour discuter avec ses éléves...» Voici son commentaire suite à ma sollicitation : «Ne vous demandez pas ce que l'Education Nationale peut faire pour vous, demandez vous ce que vous pouvez faire pour vos éléves". Ces derniers sont des digital natives, déjà plus ou moins rompus aux outils numériques ... Il faut saluer le travail de Jean Paul Moiraud et d'autres enseignants qui de leur propre chef, sur leur propre temps, voir sur leurs propres deniers, ouvre la voix à la e-éducation. Ce travail de défrichage servira un jour la collectivité, et l'ensemble de l'Education Nationale...» 35 http://www.atelier.fr/ 36 http://billaut.typepad.com/ 21
  • 22. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 9.Les répercussions de mon expérience A.Les interventions L’expérience initiée avec mes étudiants puis mes collègues de travail a débordé le cadre du lycée. En six mois, j’ai eu la chance de pouvoir expliquer ma démarche. Mon (je devrais dire notre parce qu’il est collectif) travail a eu des prolongements que je n’attendais pas. Je suis intervenu dans des lieux divers (réel et virtuel). - Une publication d’un billet sur le blog de T@d37 de Jacques Rodet « Usages et expérimentation du tutorat dans les mondes virtuels. » 03 mars 2010 ; - L’entrevue en ligne sur le E.Billaut Show38 16 mars 2010 ; - Une intervention à un débat à l’université Jean Moulin Lyon 3 «Expériences pédagogiques en E.learning» 18 mars 2010 ; - Une participation comme intervenant pour un stage 39 à destination des professeurs d’économie et gestion de l’académie de Lyon « Les plateformes de travail collaboratif » 24 mars 2010 ; - Un billet sur l’expérience a été publié sur le site Thot cursus « Les premiers pas de l’enseignement supérieur » 30 mars 2010 ; - Une participation au Wcamp sur opensims 40 24 avril 2010 ; - Une intervention à la haute école de Liège (Belgique) 12 mai 2010 ; - Une intervention auprès d’un groupe de professeurs italiens (Val d’Aoste) sur les scénarii et les mondes virtuels (intervention faite en partie en italien) à la demande du CRDP de Lyon le 10 mai 2010 ; - Une participation au JnumCamp de Paris V Diderot « Enseigner et le numérique ? » 18 mai 2010 ; - Une sélection pour le forum des enseignants innovants (Dax), juin 2010 ; - Une intervention pour le PNP sur le sujet de la nouvel enseignement PFEG « L’innovation pédagogique en situation d’apprentissage, quelques pistes. Intégrer les fonctionnalités du numérique pour coopérer / collaborer dans et hors la classe » 09 Juin 2010 ; - Une demande d’intervention à Ludovia 24, 27 août 2010 ; - En projet la réalisation du grand oral Itech en réalité mixte (réel et virtuel) septembre 2010. Ces travaux divers m’ont contraint à chaque fois de formaliser les analyses ce qui me facilite la rédaction de la synthèse présente. B.L’essaimage L’expérience menée, outre les billets rédigés au fil des jours, s’est accompagnée de la rédaction d’un scénario type 41 que je souhaiterais mutualisable et transférable. Il est fondé sur l’idée de l’existence d’invariants pédagogiques. Ce scénario est un ensemble de pistes mises à disposition de 37 http://blogdetad.blogspot.com/2010/03/usages-et-experimentation-du-tutorat.html 38 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/01/une-entrevue-avec-jean-michel-billaut/ 39 http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ecogestion/legt/spip.php?article529 40 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/04/25/opensims-vwcamp/ 41 http://moiraudjp.wordpress.com/telecharger/ 22
  • 23. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 la communauté enseignante, il n’est en rien prescriptif. A la façon d’une partition musicale chaque professeur peut l’interprêter à sa façon. Le travail a trouvé des échos sur le terrain, Eric Guiraut professeur d’économie et gestion au lycée Carriat de Bourg en Bresse (01) s’est appliqué à interpréter mon travail dans son champ pédagogique. Des élèves de seconde à terminale en STG. Le travail est consultable en ligne sur son blog42 . Il réfléchit à l’application de cette méthode pour la nouvelle discipline qui sera enseignée en seconde à la rentrée de septembre 2010 (PFEG43). Une autre professeure intègre le monde assemblive sur son site mais je n’ai pas encore de retour sur son expérience. Je n’ai connaissance que du lien de son site44. Je me propose de l’intervievwer pour analyser sa démarche. 10.Les perspectives pour 2010 - 2011 Continuer, continuer, continuer ... Il convient dès à présent de mettre en place le programme de la future année (il est déjà largement amorcé) cela signifie : Structurer un programme cohérent de conférences, amplifier l’individualisation, informer les étudiants en début d’année, convaincre d’autres enseignants de venir partager mes partis pris, mes doutes. Je suis a ce jour sollicité pour un projet de FAD (j’en parlerai en temps utile) qui me paraît extrêmement enthousiasmant. La conférence Itech pourrait déboucher sur une expérience de réalité mixte. Le grand oral du concours pourrait se dérouler à la fois en réel (grande salle de cérémonie de la ville de Lyon) et en virtuel sur assemblive. A ce jour je suis de près ce dossier. Une question sous jacente à cette expérience est très présente dans mes réflexions, suis-je en train de surfer sur une mode ou le mouvement de fond sur les mondes virtuels est-il durable ? 11.Conclusion Ces six mois d’expérience s’achèvent et ils sont très riches en conclusions. La première est que je vais continuer ce travail en 2010 - 2011 avec mes étudiants de design de mode, d’IMS et de DSAAT. L’année 2010 se sera caractérisée par la mise en place, l’organisation du cadre de travail. Des conférences ont été organisées, des séances d’individualisation constituées mais elles ne sont à 42 http://guiraut.wordpress.com/classe-virtuelle/ 43 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/ 44 http://www.lycee-carriat.com/mag/spip/spip/ 23
  • 24. Jean-Paul Moiraud Juin 2010 ce stade que des amorces. Il est nécessaire de les rendre mutualisables, partageables les pratiques. Comment transférer la même pratique dans une classe de seconde ou de première ? Comment les pratiques du secondaires peuvent-elles dialoguer avec celles du supérieur ? Le projet s’inscrira dans une démarche annuelle, elle sera expliquée dès la rentrée aux étudiants, la visibilité pédagogique sera au rendez-vous. J’espère pouvoir rédiger des billets, les publier et pourquoi pas, si mes contraintes statutaires me le permettent pouvoir intervenir hors le lycée. Je souhaite me pencher sur les enjeux de l’usage des mondes virtuels. Mon travail est-il transférable dans un autre contexte (seconde, première, terminale) ? Le méta modèle que je développe est-il applicable sur des granularités plus fines (une partie, un chapitre, une thématique...) ? Je compte sur les retours d’expérience d’Eric Guiraut45 pour me donner des pistes, peut être ma veille me fera t’elle découvrir d’autres usages dans le secondaire ? Pour le supérieur je regarde avec attention le travail de Gérald Delabre directeur adjoint de la faculté virtuelle de droit (FDV) de Lyon 3, université Jean Moulin. La FDV46 de Lyon a investi second life pour concevoir des dispositifs d’apprentissage. Ma veille restera aussi centrée sur les travaux de Jacques Rodet. Cette construction ne s’est pas faite pas sans difficulté. Mon travail est basé sur une envie d’enrichir ma pratique, mon passage à l’INRP l’a exacerbée (l’INRP est un lieu idéal pour prendre le temps de penser le métier d’enseignant). Pourtant je dois composer avec un principe de réalité, j’enseigne et je « cherche ». Le temps est une dimension importante dans cette aventure, s’il fallait retenir un mot chronophage serait certainement sélectionné. J’ai eu à gérer le temps d’organisation, le temps de formation, le temps d’explication, le temps de réalisation et le temps de recherche et d’analyse. Il me semble qu’une expérience n’a de sens que si on lui consacre du temps notamment celui la réflexion. Le travail de professeur dans le secondaire se prête peu à l’exercice, il n’inscrit pas la posture réflexive dans les habitudes et les obligations statutaires. Nous ne sommes pas (ou peu) formés à cette démarche. J’en perçois au jour le jour les difficultés. Assurer ses cours, les préparer et les faire évoluer (après 20 ans d’expérience c’est encore une activité quotidienne). Prendre le recul pour analyser et décortiquer est un exercice d'équilibriste. Abonder son corpus théorique, respecter une méthodologie, publier, se déplacer relève parfois de la mission impossible mais quel plaisir de constater qu’en mobilisant l’énergie le travail avance. Depuis l’avènement du web 2.0, le sentiment d’isolement est moins perceptible puisqu’il est possible d’échanger avec des communautés de pratiques existantes et de se constituer son réseau grâce à Twitter et Facebook. L’année 2010 - 2011 sera probablement complexe, aventureuse, m’engagera à prendre des risques, le temps me sera compté mais ... Je donne rendez-vous en juin 2011 pour le futur bilan. 45 http://moiraudjp.wordpress.com/2010/06/13/monde-virtuel-essaimage-pedagogique/ 46 http://fdv.univ-lyon3.fr/moodle/ 24