2. Observatoire de l'islam
Pourquoi les musulmans sont-ils mal vus
?
Universitaire, conférencier, ancien
bédéiste à M’Quidèche, journaliste,
rédacteur en chef de TV5, écrivain,
Slimane Zeghidour, 61 ans, a beaucoup
écrit sur la religion pour avoir sillonné le
monde, tâté le pouls des croyances où
qu’elles se trouvent. Il est venu dans le
cadre du Forum organisé par nos amis d’El
Khabar scruter l’image de l’Islam dans les
médias occidentaux. «C’est un témoin
privilégié de notre époque bouillonnante
et bouleversante», avance Ahmed
Bedjaoui, modérateur de la rencontre
destinée aux étudiants de l’Université
d’Alger 3.
C’est que Slimane Zeghidour connaît le
monde musulman. Et le monde musulman
connaît le chercheur qui a consacré
beaucoup d’écrits à la religion. Slimane
replonge avec nostalgie dans le terroir. Il a
quitté Alger il y a 40 ans. Il y revient avec
d’autres idées. «Je me rends compte, avec
du recul, qu’Alger était l’une des villes les
plus cosmopolites du monde. On y croisait
des exilés brésiliens, chiliens, angolais,
québécois, noirs-américains, militants
progressistes. C’était une ville
extrêmement dynamique culturellement.
Dans les années 1960-1970, c’était
politiquement fermé, mais très ouverte
culturellement ! Ce que j’en pense
maintenant ? Je dirais sincèrement que ce
2
n’est plus le même pays, la même ville. Ce
que je retiens, c’est qu’à l’époque, c’était
assez ouvert pour me donner des outils
culturels afin de m’acclimater sous tous
les cieux, et assez fermé pour me donner
l’envie de fuir à l’étranger.»
Fuir le pays à 20 ans
Slimane avoue qu’à un certain temps il
éprouvait de l’amertume, voire de la rage.
Plus maintenant. A la question de savoir
s’il a bien apprivoisé l’«exil», il répond du
tac au tac : «J’ai connu l’exil une fois dans
ma vie, quand on est partis d’Erraguène
vers Alger en 1962. Je suis passé du
moyen-âge au XXe siècle. L’ostracisme des
Algérois contre nous les montagnards
était d’une violence inouïe, d’un rejet
flagrant. C’était la seule expérience où je
me suis senti vraiment en exil. Depuis, je
n’ai plus nulle part ressenti ce sentiment
d’être un étranger, de Santiago du Chili
jusqu’à Samarcande ! Et Dieu sait
combien j’ai franchi de frontières. J’ai
couvert, en tant que grand reporter,
l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient, les
Balkans, la Russie et l’Asie centrale. Ce
sont mes zones de prédilection.»
La religion, présente dans plusieurs
travaux de Slimane, serait-elle une quête
ou juste un travail de recherche ? «La
religion, je l’ai trouvée sur mon chemin.
J’ai vu apparaître, ces dernières années, le
fondamentalisme protestant et
évangélique en Amérique du Sud, le
fondamentalisme juif dans les Territoires
occupés et le fondamentalisme islamiste
d’Alger jusqu’en Ouzbekistan.» Les églises
évangéliques se développent à un rythme
effréné. Elles ont fait du monde
musulman une terre de mission. Vu les
ravages du djihadisme et du salafisme, on
peut penser que le fondamentalisme
évangélique a de très beaux jours devant
lui, y compris en terre d’Islam ! Mais tous
ces fondamentalismes sont des sous-produits
de la modernité, c’est le
symptôme d’une crise, et surtout pas la
solution de cette crise. Quant à
3. Observatoire de l'islam
l’intégrisme islamiste, c’est une crise-passion.
3
Ce n’est ni le passé ni l’avenir.
C’est le gel du temps !
L’Algérie en couleurs, son dernier
ouvrage, serait-il un message d’espoir ?
«Vous savez, mon enfance remonte et me
rattrape à chaque fois. Je vois l’Algérie
d’aujourd’hui d’un autre oeil. Quant à
savoir si je suis confiant en des
lendemains qui chantent, je répondrai par
cette boutade russe que j’aime bien : ‘‘Le
pessimiste est un optimiste bien
informé’’…». D’entrée, Slimane admet
que de toutes les conférences données au
Moyen-Orient, c’est le thème quasi
obsessionnel qui touche toutes les élites
dans le monde arabe.
De fait, il s’agit de comprendre les
ressorts de cet intérêt qui a quelque
chose de particulier chez les Arabes. Dans
la mercuriale des stéréotypes mondiaux, il
y a quatre catégories humaines, objets de
stéréotypes négatifs. D’abord américains.
Continuellement des fatwas dénonçant
l’impérialisme, des drapeaux US brûlés,
des discours foncièrement anti-américains.
Mais a-t-on vu un jour un
Président américain déplorer cette
propagande ? Cela les laisse de marbre.
Avez-vous déjà entendu un Américain dire
que vous avez bafoué leur
drapeau ? Leur auto-image leur suffit. Ils
n’ont pas besoin d’être aimés par les
autres. Ils croient savoir qui ils sont et cela
leur suffit.
Victimes de leur propre image
Le deuxième groupe, ce sont les Israéliens
dont la réaction est à la fois semblable et
différente des Américains. Pour eux, ces
attaques, notamment des Arabes,
reflètent leur propre nature. Les Israéliens
retournent ces images contre leurs
auteurs pour les criminaliser, pour
délégitimer la cause et l’assimiler à
l’antisémitisme. Un exemple concret ?
Récemment, pour la nomination du
président exécutif de l’Unesco, il y avait
M. Hosni, ancien ministre égyptien de la
Culture, contré par une organisation pro-israélisme
qui lui a sorti un ancien
discours dans lequel il disait à peu près
ceci : «Si cela ne tenait qu’à moi, je
brûlerai le Centre culturel israélien du
Caire». Ce discours passionnel d’un
diplomate dont le pays reconnaît Israël
n’était pas réaliste et a fait du tort à la
cause palestinienne, occultant les
destructions des maisons dans les
Territoires, où les colonies ont repris, où
les terres agricoles des Palestiniens sont
saccagées, où les habitants semblent vivre
dans une immense prison. Hosni n’a pas
été élu à l’Unesco. Le célèbre poète,
Mahmoud Darwich, avait écrit une
immense réplique à ce sujet destinée aux
Arabes : «Préservez-nous de votre
amour».
Akram Henie, autre poète palestinien, lui
avait emboîté le pas. «Nous sommes des
adultes, laissez-nous parler de nous-mêmes
». C’est vous dire qu’une bonne
partie du discours sur Israël est retournée
contre les Arabes. Il y a un site israélien
qui fait la synthèse chaque jour des
propos arabes le concernant en 12
langues de toutes les télés arabes. Ainsi,
les Arabes font le boulot à la place de
leurs propres ennemis. La troisième
catégorie, ce sont les Russes qui ont
suffisamment d’amour-propre pour ne
pas être blessés. Ils ont inventé
l’Occidentalisme. Pour eux, l’Union
européenne c’est l’Union soviétique
moins le goulag. Rétif aux idées reçues,
Slimane aime plutôt aller au-devant des
choses pour les analyser, les décortiquer.
Une lutte acharnée contre le temps, les
modes, préférant ce qui résiste à ce qui
tire en l’arrière. Ce qui ouvre sur le
monde, à ce qui enferme et attriste.
Observateur incisif et audacieux, il scrute
les horizons et arrive à la conclusion que
l’Occident, qui est loin d’être un bloc
monolithique, n’est pas non plus un
orchestre qui joue la même partition. «On
me dit là où je vais dans la sphère arabe
4. Observatoire de l'islam
que l’Occident a une dent contre le
monde musulman. Certes, il y a des
chaînes anti-islamiques, mais elles ne sont
pas les plus respectées. Les journaux qui
font dans l’islamophobie se comptent sur
les doigts d’une main. Si j’étais un Martien
lisant la presse terrienne, j’apprendrais
que The Guardian défend nettement
mieux les causes légitimes des musulmans
qu’El Ahram. Le scandale de la prison
d’Abou Ghraïb n’a suscité aucun intérêt
chez les Arabes, alors qu’il a fait la Une de
la presse anglo-saxonne. Les Arabes
disent que l’aversion de l’Occident vient
du conflit arabo-israélien et des injustices
qui en résultent. Mais c’est dans la presse
occidentale, y compris israélienne, que
nous apprenons les expropriations des
terres palestiniennes, l’exploitation inique
et unique de l’eau par les colons, les
violations quotidiennes des libertés. Cela,
on ne le trouve pas dans la presse
égyptienne. La presse égyptienne,
pourtant très développée, est muette
comme une carpe, s’interdisant tout
reportage dans les territoires occupés,
encore moins à Rafah tout proche !
«Les Arabes souffrent, car ils sont
dépendants de l’opinion que les autres se
font d’eux. Ils ont besoin de l’approbation
de l’autre pour se sentir bien. C’est
l’Occident qui valide leurs valeurs
humaines. Mais les Arabes ne s’aiment
pas entre eux. J’ai fait une dizaine de
pays. Les seules avanies que j’ai subies,
c’est dans les aéroports arabes. Il faut que
l’agent t’humilie car l’interrogatoire dans
ces aéroports est un interrogatoire
d’humiliation, de réduction et non pas de
sécurité. L’Arabe fabrique
quotidiennement la réduction de soi -
même. Et lorsqu’un Arabe réussit, il y a
plus de jalousie que d’admiration. Chez
les autres, la réussite individuelle rejaillit
sur tout le monde. Chez nous, on s’ingénie
à chercher la faille, même si elle n’existe
pas, et quand on la trouve on pousse un
grand ouf !» «Si ces verrous ne sautent
pas, prévient Slimane, il n’y aura pas
d’espérance. Je crois que c’est Aimé
4
Césaire qui avait dit que ‘‘Le problème
avec un préjugé raciste, c’est que la
victime croit ce que le raciste lui dit’’. Les
Arabes sont une usine à reproduire les
préjugés coloniaux et à les utiliser contre
eux-mêmes. Ils souffrent de l’image
donnée d’eux par l’Occident. Mais ils ne
peuvent se construire un amour-propre,
car ils passent leur temps à dénigrer. En
vérité, la presse occidentale n’est qu’un
prétexte de cette douleur de cette
souffrance.»
Pour Slimane, l’autocritique est plus que
souhaitable. «Il faut faire le diagnostic et
voir ce que nous admirons chez
l’Occident. L’autocritique ? Pourquoi ne
pas l’appliquer chez nous afin de sortir de
ce schéma de victimisation et de
complotite permanente. Lors du naufrage
dans la mer Rouge qui a coûté la vie à
1400 âmes, pas un mot de compassion de
Moubarak, ni dans la presse égyptienne !
Et lorsqu’il y a eu 17 morts, tous
musulmans, dans le boat-people de
Lampedusa, toute l’Europe s’est émue et
l’a fait savoir dans la presse. Même le
Pape en a parlé et présenté ses
condoléances !»
Regard colonial
«Chez les Arabes, hélas, on a reproduit le
même regard colonial, perceptible même
dans les sketches passés à la télé !
Pourquoi ? Parce qu’il n’ y a pas d’avancée
sous les régimes autoritaires. C’est à la
société de poser les problèmes, car il n’ y
a pas de vie dans le monde arabe. Il n’ y a
pas d’entre-chocs des idées. Ce n’est pas
une question de ligne éditoriale, ni de
stratégie médiatique, mais de
changement d’attitude au quotidien.
Comment promouvoir l’image du
musulman, alors que la religion est prise
en otage par des barbares qui exhibent
fièrement des têtes coupées ? On
intériorise des concepts ‘‘tu es nul, tu es
un minable’’ dans l’inconscient, et on finit
par le croire. Ça crée une carence
d’amour de soi-même et de son
5. Observatoire de l'islam
semblable qui se transforme en haine. De
plus, il y a une interprétation parfois
ridicule de la religion. A la télé, on avait
posé cette question à un ‘‘prétendu’’
imam : ‘‘Pourquoi encouragez-vous la
polygamie ?’’ Vous savez ce qu’il a
répondu ? ‘‘Les femmes sont comme les
voitures. Quand l’une tombe en panne,
l’autre est toujours là’’…».
Des Algériens émérites sont accueillis
avec les honneurs en Occident, alors que
chez eux ils sont considérées comme des
moins que rien ! Revenons à l’histoire : le
comportement des bachaghas, des caïds,
des chaouchs et des garde-champêtres
était plus violent vis-à-vis de leurs
coreligionnaires que celui du colon lui -
même et les petits Blancs (Maltais,
Gitans…) étaient plus virulents que le
Français de souche. En Algérie, les
pouvoirs, hélas, ont reproduit
l’intériorisation de la violence coloniale.
Le seul pays anciennement colonisé qui a
su dépasser ce système abject c’est l’Inde,
indépendante depuis seulement 1947 et
qui est devenue une puissance mondiale
dans plusieurs domaines.
Cela n’empêche pas les Indiens de
préserver la statue de la reine qui trône
toujours à New Delhi et qui est perçue
comme un simple vestige folklorique. «Ici,
en Algérie, admet Slimane, je ne crois pas
que la haine de soi soit fabriquée par le
pouvoir. Ce serait lui prêter une ingénierie
sociale et une expertise sophistiquées
dont il est incapable. Les Arabes et les
musulmans ne doivent s’en prendre qu’à
eux- mêmes. Pour améliorer leur image, il
faut qu’ils fabriquent un discours digne et
responsable en direction de l’étranger.»
Sur son lieu de naissance, l’enfant
d’Erraguène, citoyen du monde, a un
commentaire amer : «Mon village est
complètement mort ; d’un côté, dit-il, on
glorifie le djebel dans le discours officiel et
la mythologie de la guerre
d’indépendance, et de l’autre on assiste,
impassible, au déclin montagnard. C’est
5
triste à mourir», soupire-t-il. «Je ne sais
pas si on peut appeler cela de
l’indifférence, de l’inculture, de la
désinvolture ou du suicide… Erraguène
vaut bien une virée, même si seule dans
sa solitude elle rechigne comme l’ermite à
l’ostentatoire.» A-t-elle vraiment évolué ?
«A part le barrage éponyme, rien n’a
changé.» Tant pis ou tant mieux, en tout
cas son illustre enfant a décidé de lui
rendre justice à sa manière en allant
comme un troubadour chanter ses
mérites et ses vertus à San Francisco et à
Los Angeles, «puisqu’ici tout le monde
s’en fout.»
El Watan
6. Observatoire de l'islam
Kev Adams défend l’islam dans On n’est
pas couché, mais s’attire les foudres de
Twitter
Kev Adams a toujours le mot pour rire,
mais le jeune homme sait aussi débattre
sur des sujets sérieux. Lors de son passage
dans l’émission On n’est pas couché
samedi 22 novembre, l’humoriste n’a pas
hésité à défendre l’islam et les
musulmans.
Kev Adams, le Ben Affleck à la française ?
Lors de son passage dans l’émission On
n’est pas couché, samedi 22 novembre,
l’humoriste préféré des adolescents, qui
a décidé d’arrêter SODA, n’a pas hésité à
donner son avis devant Laurent Ruquier
et ses chroniqueurs lorsque les djihadistes
et l’Etat islamique ont été évoqués.
« Les musulmans ne sont pas des
terroristes, ce sont des gens biens »
Venu présenter son nouveau one man
show, Kev Adams, le nouvel Aladin,
prouve qu’il peut aussi parler de sujet
d’actualité. Invité sur le plateau d’On n’est
pas couché, au côté d’Elise Lucet,
l’humoriste a rapidement réagi face aux
déclarations de la journaliste sur le Djihad
et l’Etat islamique. Quand l’animatrice
de Cash Investigation avoue que certaines
personnes « font tout pour que les jeunes,
convertis ou musulmans, aient une autre
6
vision de l’Islam grâce à ce qu’on leur
enseigne », Kev Adams réagit aussitôt en
précisant qu’il ne faut pas faire
d’amalgame. Il déclare avec fougue : « J’ai
l’impression qu’il y a des gamins un peu
paumés qui n’ont jamais mis un pied dans
une mosquée. J’ai la chance de faire une
tournée en France, j’aime bien aller visiter
les différentes communautés et j’ai
vraiment été dans beaucoup de mosquées
où on voit que les discours sont juste là à
dire ‘Soyez fiers d’être musulmans
français, de faire des belles choses en
France et de montrer que les musulmans
ce ne sont pas les terroristes’. Oui, ça c’est
faux, complètement faux et c’est
important pour moi de le dire à la télé. »
Le jeune homme de 23 ans ne s’arrête pas
là et compte bien se faire entendre sur le
plateau de Laurent Ruquier en
poursuivant : « Il y a des jeunes qui
m’écoutent et il ne faut pas faire
d’amalgame, les musulmans ne sont pas
des terroristes, les musulmans sont des
gens biens », avant d’être salué par son
ancien mentor et le public.
Kev Adams répond à ses détracteurs
Si Kev Adams a fait preuve d’humilité et
de maturité lors de ses différentes
interventions dans l’émission On n’est pas
couché, le jeune homme n’a pas fait
sensation auprès de tous les internautes.
En effet, sur Twitter, certains twittos
n’ont pas hésité à malmener Kev Adams
avec des gazouillis assez durs. Ainsi, nous
pouvons lire :
« #KevAdams est vraiment insupportable!
Jouer l’ado atardé pendant 10 ans ça lui a
laissé des séquelles visiblement! #ONPC »
– @AntoineMokrane
« Kev Adams tu es le Sida de l’humour
gros FDP #ONPC (J’espère que mon tweet
va passer à l’antenne) » – @90minutesFR
7. Observatoire de l'islam
« Très bonne intervention de Kev Adams
qui ne dit rien. S’il pouvait continuer
comme ça » – @TacusselVictor
« Kev Adams qui dit « Inchallah » pendant
#ONPC alors qu’il est juif… Qu’est ce
qu’on ne ferait pas pour gagner des fans
… » – @BoutinTrin
« Kev Adams dans #ONPC : « Le
djihadisme n’est pas un problème. Le
problème, c’est Marine Le Pen. » Ce n’est
pas 2 neurones qu’il a mais zéro ! » –
@MRichonet
« @encolere75 #ONPC s il pouvait arrêter
de parler politique et se contenter de son
rôle de comique… » – @DHARMA177
Malgré tout, l’humoriste peut toujours
compter sur ses admirateurs qui ont
rapidement salué le discours de leur idole
sur l’islam mais aussi pour sa maturité sur
le plateau de Laurent Ruquier. Egalement,
Kev Adams a le sens de la répartie et a
décidé de ne pas se laisser faire en
répondant à ses détracteurs : « Calme ta
Haine Boris ! Si tu n’aimes pas n’en
dégoute pas les autres ! » tout en
remerciant le soutien de ses fans en
gazouillant : « Merci a vous pour vos
gentils messages (et meme les mechants)
a propos de #ONPC ou #VTEP ! Ca me
touche ! #Love ».
Cosmopolitan Staragora
Syrie: Daesh lapide deux hommes
accusés d’être homosexuels
Le groupe jihadistes Etat islamique (EI) a
lapidé mardi en Syrie deux jeunes
hommes en affirmant qu’ils étaient
homosexuels, les premières exécutions
pour ce motif commis par cette
organisation, a indiqué une ONG. «L’EI a
lapidé à mort aujourd’hui un homme» de
20 ans «en disant qu’il était gay», à
Mayadin, dans la province syrienne de
7
Deir Ezzor (est), a indiqué l’Observatoire
syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’EI a affirmé avoir trouvé sur son
téléphone portable des vidéos le
montrant «pratiquer des actes indécents
avec des hommes», selon la même
source. Dans la ville même de Deir Ezzor,
un jeune homme de 18 ans a également
été tué mardi de la même façon, et pour
le même motif. «L’EI a aussi accusé le
jeune homme (…) d’être gay», a ajouté
l’OSDH, une organisation basée au
Royaume-Uni qui se base sur un large
réseau d’informateurs en Syrie.
Une femme dentiste décapitée parce
qu’elle soignait des hommes
Des militants sur les réseaux sociaux ont
affirmé que les deux hommes tués étaient
des opposants à l’EI, et que le groupe
avait utilisé leur prétendue homosexualité
comme prétexte pour les tuer. Les
jihadistes de l’EI ont dans le passé lapidé
plusieurs femmes accusées d’adultère,
notamment dans leur fief de Raqqa.
A Mayadin, une femme dentiste avait été
décapitée en août parce qu’elle continuait
à traiter des patients des deux sexes, avait
indiqué l’ONU dans un rapport le 14
novembre. Le groupe extrémiste sunnite,
qui a proclamé en juin un califat sur les
régions sous son contrôle en Syrie et en
Irak, est accusé de crimes contre
l’humanité par l’ONU, en raison de
nombreuses exactions qu’il
commet: décapitations, crucifixions,
esclavage, etc.
Céline Boff
8. Observatoire de l'islam
Nicolas Sarkozy demande à l’islam «ce
qu’il peut faire pour la République»
Nicolas Sarkozy parmi les siens. A quatre
jours du vote des adhérents de l’UMP
pour élire le successeur de Jean-François
Copé, Nicolas Sarkozy tient ce mardi soir
un meeting dans l’un de ses fiefs, à
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-
Seine). «Un département qui m’a tout
donné», loue-t-il devant ses soutiens,
parmi lesquels ses fils Jean et Louis, assis
au premier rang.
Dernier candidat déclaré à la présidence
de l’UMP face à Hervé Mariton et Bruno
Le Maire, Nicolas Sarkozy est rompu à
l’exercice en cette fin de campagne. Tel
un maître de cérémonie, il sait chauffer
son public. Et lancer, quelques minutes
après le début de son intervention: «Je ne
suis pas là pour être l’élu du système
médiatique, l’élu des commentateurs». Le
propos populiste est reçu 5 sur 5 par les
centaines de militants qui applaudissent à
tout rompre. Avant d’expliquer sa sortie,
goguenard, par «la passion, le
coeur» car «dans le public, il y a Carla».
L’affaire des sifflets de Bordeaux
Revenant brièvement sur les sifflets qui
ont visé samedi Alain Juppé lors de son
meeting à Bordeaux, Nicolas Sarkozy
devient ambigu: s’il n’aime pas les sifflets,
il ne sera pas «celui qui fera taire les
adhérents de l’union. Car ici c’est la
famille de la liberté». Pas vraiment une
phrase qui apaisera les dissensions avec
celui qui apparaît comme le rival le plus
sérieux dans la course à la présidentielle
2017. Pourtant, Nicolas Sarkozy assure ne
8
pas vouloir «de bagarre dans [s]a famille
politique», soulignant avoir «besoin
d’Alain Juppé, de François Fillon» pour la
suite de l’aventure du principal parti de
droite.
Comme lors de ses précédents meetings,
Nicolas Sarkozy parle peu de l’UMP, de sa
future organisation. Rien sur l’abandon du
nom du parti, «UMP», ou sur les relations
avec le centre. Nicolas Sarkozy multiplie
plutôt les commentaires sur
l’immigration, rappelle sa volonté de
sortir des règles communautaires de
déplacements (Schengen). «Je ne crois
plus à la possibilité de réformer le
système (…). Il faut changer le système. Il
faut sortir de Schengen (…) avant d’établir
un deuxième Schengen.» Avant
d’embrayer sur l’islam. «Ne vous
demandez pas ce que la République peut
faire pour l’islam, mais ce que l’islam peut
faire pour la République (…) La république
est en droit de demander une habilitation
à certains [imams qui tiennent des propos
extrémistes]».
Des militants FN en embuscade
Volontiers badin, se
décrivant «hyperactif», Nicolas Sarkozy
est chez lui, dans le coeur des militants qui
scandent et applaudissent «Nicolas».
Devant ses proches, Patrick Balkany,
NKM, ou encore Eric Woerth. Et
pourtant… même à Boulogne-Billancourt,
tous ne sont pas acquis à l’ancien
Président. Peu avant le meeting, une
dizaine de militants FN tractent aux portes
du gymnase où se tient la grand-messe
sarkozyste. Des tracts promptement
arrachés des mains par la sécurité.
Anne-Laëtitia Béraud
9. Observatoire de l'islam
Le blasphème, ce « crime » toujours
punissable dans un cinquième de la
planète
Un cinquième des pays de la planète ont
(encore) des lois punissant le blasphème.
Et contrairement à une idée reçue, il n’y a
pas que des pays musulmans : les
chrétiennes et européennes Allemagne,
Irlande ou Grèce, le Pérou également
chrétien mais sud-américain, ou l’Inde
hindouiste, font partie de la liste.
Samedi, Kenneth Roth, le directeur de
l’organisation de défense des droits de
l’homme Human Rights Watch a
condamné sur Twitter les
« gouvernements qui continuent à
imposer des discours et opinions religieux
au travers de la lois sur le blasphème ».
Une condamnation accompagnée d’une
carte réalisée par le site Global Post qui
montre que le blasphème est punissable
surtout dans le monde arabo-musulman,
mais pas seulement.
PS : Sur Twitter, Antonio A. Casilli nous
signale qu’« en l’Italie aujourd’hui le
blasphème n’est plus un crime mais une
infraction sanctionnée par une amende de
51 à 309€… »
Pierre Haski
Le cheikh d’Al-Azhar condamne la
« barbarie » de l’État islamique
Ahmed al-Tayeb, le cheikh d’Al-Azhar, a
condamné mercredi les « crimes barbares
9
commis par le groupe État islamique (EI)
en Irak et en Syrie » lors d’une conférence
internationale.
Le cheikh Ahmed al-Tayeb a tenu
mercredi 3 décembre une conférence de
presse au Caire rassemblant des
dignitaires religieux d’une vingtaine de
pays, dont l’Arabie saoudite, l’Iran et le
Maroc. Selon le cheikh d’Al-Azhar, la plus
prestigieuse institution de l’islam sunnite,
« l’État islamique commet des crimes
barbares en revêtant les habits de cette
religion sacrée » et tente « d’exporter le
faux islam ». « Je me demande (…) jour et
nuit les raisons de cette sédition aveugle
et de ce malheur arabe, entaché par le
sang », a-t-il poursuivi.
Il a aussi fait porter à l’Occident une part
de responsabilité, citant en exemple l’Irak
qui onze ans après son invasion (par les
États-Unis) « est livré à des milices rivales,
ce qui a conduit à des bains de sang »,
ajoutant que la situation était similaire en
Syrie. Il a également appelé la coalition
antijihadiste conduite par les États-Unis à
combattre aussi les « pays qui
soutiennent le terrorisme financièrement
et militairement ». Le cheikh a cependant
reconnu qu’il ne fallait pas ignorer « notre
propre responsabilité dans l’apparition de
l’extrémisme qui a donné naissance à des
organisations comme Al-Qaïda et à
d’autres groupes armés. »
Dimanche dernier, le pape François avait
lancé un appel à tous les dirigeants
musulmans de clairement condamner le
terrorisme islamiste, après avoir pris en
Turquie une défense vigoureuse des
chrétiens d’Orient, menacés par les
jihadistes en Irak et en Syrie. (Jeune
Afrique)
10. Observatoire de l'islam
Daesh a installé des camps
d’entraînement en Libye
Les djihadistes de Daesh affirment leur
présence dans l’est de la Libye. «Ils ont
installé des camps d’entraînement» en
Libye, où se trouvent quelque 200
djihadistes, a déclaré à des journalistes le
général David Rodriguez, chef du
commandement de l’armée américaine
pour l’Afrique. Le gradé américain a
toutefois qualifié le phénomène de «très
petit et naissant».
Interrogé pour savoir si ces camps
d’entraînement deviendraient une autre
cible de l’armée américaine, déjà engagée
dans des raids aériens contre
l’organisation en Syrie et en Irak, le
général Rodriguez a répondu: «Non, pas
maintenant».
Daesh «a commencé ses initiatives dans
l’est en introduisant des gens», a-t-il
expliqué. «Mais nous devons juste
continuer à surveiller et à regarder cela de
près à l’avenir pour voir ce qui se passe et
si ça se développe toujours», a-t-il ajouté.
Les combattants du groupe EI en Libye ne
sont pas des volontaires venus de
l’étranger mais des membres de milices
qui ont fait allégeance à ce groupe
djihadiste, a précisé le général quatre
étoiles.
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont
récemment fait part de leur «sérieuse
préoccupation» au sujet de la montée de
la violence en Libye. Depuis la chute en
2011 du régime de Mouammar Kadhafi
après une révolte de huit mois, les
autorités de transition n’ont pas réussi à
10
former une armée et à asseoir leur
autorité sur les nombreuses milices qui
font la loi dans le pays.
Les pays occidentaux craignent que ces
troubles soient un terrain fertile pour les
extrémistes, y compris Daesh, qui a déjà
conquis de larges pans de territoires en
Irak et en Syrie. Selon des experts, la ville
de Derna dans l’est de la Libye s’est déjà
transformée en «émirat islamique» et est
devenue le fief des partisans de Daesh.
20 Minutes
Un Savoyard converti à l’islam
emprisonné au Maroc
Sa famille assure qu’il n’a aucun lien avec
l’intégrisme. Sur un blog, il affirme qu’il
entre en grève de la faim.
Thomas Marchal a 22 ans. Depuis trois
semaines, il goûte au régime carcéral
marocain. Arrêté par la Sûreté nationale
antiterroriste à Marrakech, il a passé
treize jours en garde à vue à Casablanca,
avant d’être placé en détention provisoire
à la prison de Salé, près de Rabat. Pour sa
famille en France, rien ne justifie cet
emprisonnement. « Mon frère s’est
converti à l’islam », reconnaît sa soeur
cadette Charlotte, « mais il n’adhère pas
du tout aux thèses extrémistes ». Son
11. Observatoire de l'islam
choix religieux serait lié à la nécessité de
trouver un équilibre personnel de la part
de ce jeune homme, qui a perdu son père
il y a près de dix ans, avant de dériver un
peu. »Il aurait tout aussi bien pu
s’orienter vers le bouddhisme », suppose
sa soeur.
Reste que cette conversion a interloqué
beaucoup de ses connaissances à
Modane, où vit une importante
population de confession musulmane,
mais plutôt d’origine turque. D’autant que
Thomas Marchal a adopté assez vite les
signes extérieurs de sa nouvelle religion:
longue barbe, djellabah. En mai 2013, il a
choisi de s’expatrier au Maroc pour
pouvoir vivre sa foi. D’abord employé
dans un snack, il a selon sa soeur trouvé
du travail dans une plateforme
téléphonique. Après un retour en France
au printemps pour accomplir des
démarches administratives, il est reparti
au Maroc.
Après son arrestation et son placement en
détention provisoire, il a pu contacter sa
famille, qui a relayé l’alerte sur un site qui
recense les cas d’Européens emprisonnés
au Maroc. Thomas Marchal assure qu’il a
été interrogé des jours durant, qu’on lui a
fait signer des procès-verbaux rédigés en
arabe (langue qu’il ne comprend que très
peu à l’oral, et ne lit pas) en lui
promettant que cela lui permettrait de
repartir très vite en France. Il indique qu’il
n’a bénéficié de l’assistance ni d’un
traducteur, ni d’un avocat. « Ils ont essayé
de me faire avouer des choses qui ne
m’ont jamais concerné : idéologie
dangereuse, terrorisme, partir en Syrie,
faire le Djihad, faire péter une bombe,
etc. », peut-on lire sur le blog.
Thomas Marchal a peut-être été
« donné » par des indicateurs des forces
de l’ordre marocaines. »Là où il habitait,
il y a des extrémistes, et des gens qui ne le
sont pas », croit savoir sa soeur,
« quelqu’un a dû donner son nom pour se
protéger lui-même ». Ou d’autres.
11
L’affaire est en tout cas bien complexe. Il
semblerait que les autorités françaises en
aient connaissance, sans qu’aucune
confirmation ait pu encore être obtenue.
Mercredi, Thomas Marchal a annoncé son
intention d’entamer une grève de la faim.
Frédéric THIERS
Égypte : peine de mort confirmée pour
sept islamistes accusés d’avoir tué 25
policiers
Un tribunal égyptien a confirmé samedi
les condamnations à mort de sept
islamistes reconnus coupables
d’implication dans la mort de 25 policiers
tués dans le Sinaï (nord-est) en 2013 et de
collaboration avec Al-Qaïda.
Le 19 août 2013, des assaillants avaient
attaqué à la roquette deux minibus de la
police, tuant 25 policiers qui se rendaient
à Rafah, ville du Nord-Sinaï où de
nombreux groupes islamistes armés sont
actifs.
Cette attaque s’était produite quelques
semaines seulement après l’éviction du
président islamiste Mohamed Morsi par le
chef de l’armée de l’époque Abdel Fattah
al-Sissi, devenu depuis président de
l’Egypte. La Cour criminelle du Caire avait
déjà prononcé les condamnations à mort
des sept accusés mi-octobre. Ces peines
capitales ont ensuite été soumises à l’avis
–purement consultatif– du mufti,
représentant de l’islam auprès des
autorités.
12. Observatoire de l'islam
Trois autres accusés dans la même affaire
ont été condamnés à la détention à vie, et
22 autres à 15 ans d’emprisonnement. La
prison à vie est de 25 ans en Egypte. Trois
autres accusés ont été acquittés, a
indiqué la Cour dans son verdict,
retransmis en direct à la télévision
samedi.
Les attentats à la bombe et les attaques
visant policiers et soldats se sont
multipliés dans tout le pays, mais
notamment dans le Sinaï, depuis la
destitution de Mohamed Morsi. L’armée a
lancé une vaste offensive ces derniers
mois dans le nord de la péninsule pour y
déloger notamment le groupe jihadiste
Ansar Beït al-Maqdess ayant revendiqué
de nombreuses attaques et fait
récemment allégeance à l’organisation
Etat islamique.
Le groupe a revendiqué fin octobre un
attentat suicide ayant provoqué la mort
de 30 soldats dans le Sinaï, l’attaque la
plus meurtrière ayant visé l’armée depuis
la destitution de M. Morsi. Ansar Beït al-
Maqdess affirme agir en représailles à la
sanglante répression qui s’est abattue sur
les partisans de M. Morsi depuis son
éviction. Plus de 1.400 manifestants pro-
Morsi ont été tués par policiers et
militaires et plus de 15.000 de ses
partisans ont été arrêtés et des centaines
condamnés à mort dans des procès de
masse expédiés en quelques minutes et
qualifiés par l’ONU de « sans précédent
dans l’histoire récente ».
Jeune Afrique
Rien à voir avec l’islam : Iran 43
pendaisons en 9 jours
L’Iran, ce pays respecté par l’extrême
droite française, mais aussi par Pascal
Boniface qui la trouve très fréquentable, a
encore montré son immense cruauté : il y
a eu 43 exécutions par pendaison en 9
jours, dont 2 femmes et 3 mineurs.
12
Mais cela n’a rien à voir avec l’islam, et
l’Iran est membre du Conseil des droits de
l’homme de l’ONU.
Quand je parle de cruauté, c’est
mon point de vue subjectif : aucun
politique n’a dénoncé ces dernières
exécutions, il n’y a eu aucune
condamnation à l’ONU, aucun vote de
sanction à l’Assemblée nationale
française, aucun entrefilet dans les
journaux.
Pour ces gens là, il existe plus cruel : la
construction d’appartements de quatre
pièces salle de bain en Judée Samarie par
Israël. Là dessus les médias savent
hausser le ton, et faire leur grands titres
sur ces monstruosités.
Là vous voyez les journalistes montrer
comme ils sont aux premières lignes pour
la défense des Droits de l’homme.
Les 43 exécutions en Iran : si elles ne sont
pas dans les journaux, c’est certainement
qu’elles sont humanitaires.
Jean-Patrick Grumberg
Deux femmes arrêtées en Arabie
Saoudite pour avoir… conduit
Depuis lundi, deux jeunes saoudiennes se
trouvent en détention à Al-Hassa, ville
située à l’est de l’Arabie saoudite. Le
délit ? Elles ont tenté de passer la
13. Observatoire de l'islam
frontière depuis Dubaï (Emirats arabes
unis) au volant de leur véhicule…
Les associations de défense des droits de
l’Homme sont sur le pied de guerre, toute
la grande presse Française relaie
l’anecdote, l’air de prouver au lecteur que
le « droit des Femmes » est encore
menacé, ici comme ailleurs… Interdire à
des femmes de conduire est d’une bêtise
crasse, mais ce n’est pas nouveau et c’est
loin d’être la pire interdiction du
Royaume. Les autres ne sont pourtant pas
relayées…
Soyons clairs, on ne peut que souhaiter la
libération immédiate de ces deux femmes
injustement emprisonnées. Mais il est
assez intéressant de voir les journalistes
s’indigner sur des faits anecdotiques sans
ne jamais pointer la cause de ces lois,
écrites ou non. La cause, c’est l’Islam
sunnite rigoureux que pratiquent et
imposent les autorités saoudiennes.
L’Arabie Saoudite est un État islamique
qui sait se maquiller, rien de moins. Elle
sait parler aux Occidentaux depuis qu’elle
leur vend du pétrole et aucun occidental
n’a entreprit d’imposer la « démocratie »
ou les « droits de l’Homme » à grands
coups de bombardements pour cette
même raison…
Il y a deux mois, il fallait applaudir l’entrée
de l’Arabie Saoudite dans la coalition
américaine, cette magnifique entente
internationale pour détruire l’infâme tout
en continuant à le soutenir dans ses
filiales syriennes… Comme il faut croire à
la fable des gentils rebelles « modérés »
syriens contre les méchants djihadistes
irakiens, il faudrait croire au respectable
Royaume d’Arabie Saoudite contre
13
l’atroce État Islamique combattu
mollement depuis quelques semaines.
Sous le règne de l’État Islamique, les
femmes portent la burqa et ne peuvent
pas conduire, les homosexuels sont
décapités, les Yézidis réduites à
l’esclavage, les Chrétiens chassés, les
églises détruites, la liberté religieuse
interdite. C’est atroce, et c’est pareil en
Arabie Saoudite : les Chrétiens ne peuvent
pratiquer leur foi, la construction d’église
est interdite, les homosexuels sont
décapités, les étrangers réduits à
l’esclavage et les femmes en burqa
interdites de conduite.
La bien-pensance aura beau se muer en
exégète de l’islam et répéter qu’il s’agit là
d’une mauvaise lecture du Coran, les faits
sont là. La réalité constitue l’amalgame
même si de nombreux musulmans sont
des hommes bons : aucun pays
théocratique musulman ne laisse sa place
à la femme, aucun ne laisse aux Chrétiens
le droit de vivre sans craindre d’être
chassé de leur propre pays.
Et les Français sont désormais nombreux à
rire avec Dieu des hommes qui déplorent
les effets dont ils chérissent les causes…
Hurler au scandale après l’arrestation de
ces deux femmes est légitime, ne pas
pointer la cause est inutile là-bas, et
dangereux ici.
« Chassez le Christianisme, vous aurez
l’Islam », prévenait Chateaubriand… A
l’heure où les crèches sont interdites par
des héritiers du laïcisme virulent qui
piétinent l’identité française en
encourageant d’autres à s’implanter, nos
journalistes feraient bien de se pencher
sur l’islamisation du pays avant de
découvrir horrifiés dans quelques années
que c’est dans des quartiers français que
certaines femmes n’auront plus le droit
de conduire.
Boulevard Voltaire
14. Observatoire de l'islam
Egypte: Al-Azhar et le Vatican acceptent
de renouer le dialogue
Les gardiens de la mosquée Al-Azhar en
Egypte ont annoncé un nouvel accord
ouvrant la voie à la reprise du dialogue
interreligieux avec le Vatican sur la base
du respect mutuel entre l’Islam et le
Christianisme.
Le sous-secrétaire d’Al-Azhar, Abbas
Shouman, a déclaré dans un communiqué
publié dimanche qu’il salue sans réserve
la reprise du dialogue avec le Vatican,
suspendue à la suite des opinions
controversées de l’ancien pape Benoît XIV
sur l’Islam.
« Nous voulons une position officielle du
Vatican signifiant leur respect envers
l’Islam et effaçant les effets des
remarques du Pape Benoît XVI, qui n’ont
pas été bien reçus par la communauté
musulmane à travers le monde », ajoute
le communiqué.
Le porte-parole de l’Eglise catholique en
Egypte, Rafiq Graish, a déclaré que
l’institution salue ce qu’il a qualifié
d’ouverture de la part Al-Azhar, le
principal centre théologique de l’Islam
sunnite.
Aucune mention n’a été faite de la date
exacte de la reprise du dialogue.
Plus de dix ans de dialogues avec le
Vatican avaient été partiellement
suspendus suite aux propos polémiques
du pape Benoît XVI qui avait insinué que
l’Islam était synonyme de violence.
14
Ce qui restait du dialogue islamo-chrétien
a été complètement détruit en 2011 après
que le même souverain pontife a accusé
les musulmans de persécuter les chrétiens
au Moyen-Orient.
Depuis la renonciation de Benoît XVI le 28
février 2013, des efforts ont été entrepris
pour relancer le dialogue en vue de
favoriser une meilleure compréhension
entre fidèles des deux religions.
APA
Un Coran à base de plantes, unique au
monde, est exposé à Dubaï
Les mille et une vertus des plantes
médicinales n’avaient pas de secret pour
lui, feu Hakim Hamdi Taher, un médecin
turc adepte de la thérapie Unani,
prodigieuse et millénaire, élaborée au
VIIème par la fine fleur des savants arabes
et persans, a consacré 22 années de sa vie
à préparer la décoction idéale à partir de
laquelle un exemplaire unique du Saint
Coran a été confectionné.
Cette véritable potion magique mêlant
plus de 200 plantes réputées pour leurs
effets actifs puissants en phytothérapie a
été conçue entre 1957 et 1979, et c’est
plus de trois décennies après sa
composition que le Noble Coran,
entièrement fait main, qui en est issu, a
trouvé une vitrine de prestige pour
s’exposer aux yeux de tous, du 7 au 11
décembre : l’émirat de Dubaï.
« Nous sommes honorés de recevoir ce
magnifique travail, empreint de passion et
de dévotion, réalisé au soir de son
15. Observatoire de l'islam
existence par Hakim Hamdi Taher. C’est
de la bien belle ouvrage !« , a déclaré
Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari,
conseiller religieux islamique à Heddem
Arts, en vantant les propriétés curatives
insoupçonnées de ce Coran de 7,5 kilos,
dont « le subtil mélange de plantes
s’infiltre dans les doigts du lecteur et à
travers les pores de la peau, procurant un
bien-être, voire même agissant sur
certains troubles et affections. »
S’égrenant sur 606 pages, les sourates de
cet ouvrage exceptionnel ont été gravées
à l’aide d’une crème spéciale, enrichie en
huiles essentielles, dont ont été enduites
toutes les feuilles et leurs bordures.
Après avoir vérifié auprès de 1 714
musées répartis dans 80 pays que ce
Coran réalisé de manière artisanale
n’avait aucun équivalent à l’échelle
planétaire, le ministère des Affaires
religieuses de Dubaï l’a dûment
homologué, avant de crouler sous les
offres d’acheteurs potentiels. « Nous
avons en effet reçu des offres de plusieurs
acheteurs, mais nous n’accepterons de le
céder qu’à un acquéreur dont on aura la
certitude qu’il apprécie sincèrement les
valeurs islamiques », a insisté Abdul Azeaz
Bin Hassan Moulavi Malabari.
Regorgeant de bienfaits thérapeutiques
en plus de l’infinie sagesse qui découle de
ses pages, on oserait presque dire que ce
Coran devrait être remboursé par la
sécurité sociale… Sauf pour les grands
pourfendeurs de l’islam, auxquels aucune
plante, aussi apaisante et miraculeuse
soit-elle, ne parviendra à insuffler la
hauteur de vue qui leur fait si cruellement
défaut…
Oumma.com
15
16. Observatoire de l'islam
Lettre ouverte à l’Etat islamique
Dans une lettre ouverte au calife
autoproclamé et chef de l’organisation de
l’Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi,
des érudits musulmans du monde entier
condamnent, Coran à l’appui, les atrocités
commises par les djihadistes.
« Vous avez donné au monde un bâton
pour battre l’islam alors qu’en réalité
l’islam est complètement innocent de ces
actes et les interdit. » C’est en substance
le messageadressé à l’organisation de
l’Etat islamique par plus de 120
musulmans issus de nombreux pays –
dont l’Egypte, le Liban, l’Irak, le Pakistan,
l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, ainsi que
des Etats européens.
Voici, traduit en français, l’essentiel des
32 pages dans lesquelles les signataires –
sunnites comme les membres de l’EI –
dénoncent les actes des djihadistes et
démontrent qu’ils sont illicites au regard
de l’islam.
Note de synthèse
1. Il est interdit dans l’islam d’émettre des
fatwas sans disposer des connaissances
requises. Même dans ce cas, les fatwas
doivent respecter le droit islamique tel
qu’il est défini dans les textes classiques. Il
est également interdit de citer un verset,
même incomplet, du Coran pour en tirer
un règlement sans considérer tout ce que
le Coran et les hadith [recueil des faits et
paroles attribués au Prophète] enseignent
sur la question. En d’autres termes, les
fatwas répondent à des conditions
16
subjectives et objectives strictes et nul ne
peut « prélever » des versets coraniques
pour appuyer des arguments juridiques
sans considérer le Coran et les hadith
dans leur ensemble.
2. Il est interdit dans l’islam d’émettre des
règlements juridiques sur quoi que ce soit
sans maîtriser la langue arabe.
3. Il est interdit dans l’islam de
schématiser les questions liées à la charia
et d’ignorer les sciences islamiques
établies.
4. Il est autorisé dans l’islam [aux lettrés]
d’exprimer des avis divergents sur
quelque sujet que ce soit sauf sur les
fondements religieux que tout musulman
se doit de connaître.
5. Il est interdit dans l’islam d’ignorer la
réalité de l’époque contemporaine quand
on établit des règlements juridiques.
6. Il est interdit dans l’islam de tuer des
innocents.
7. Il est interdit dans l’islam de tuer des
émissaires, ambassadeurs et diplomates ;
il est par conséquent interdit de tuer des
journalistes et des membres
d’organisations humanitaires.
8. Le djihad dans l’islam est une guerre
défensive. Elle n’est pas autorisée sans
une juste cause, de justes objectifs, et
sans respecter des règles de conduite.
9. Il est interdit dans l’islam de déclarer
que quelqu’un est non musulman, sauf s’il
(ou elle) professe ouvertement ne pas
avoir la foi.
10. Il est interdit dans l’islam de blesser
ou de maltraiter – de quelque façon que
ce soit – des chrétiens ou autres « gens du
Livre ».
11. Il est obligatoire de considérer les
Yézidis comme des gens du Livre.
17. Observatoire de l'islam
12. La réintroduction de l’esclavage est
interdite dans l’islam. Il a été aboli par
consensus universel.
13. Il est interdit dans l’islam de convertir
les gens par la force.
14. Il est interdit dans l’islam de priver les
femmes de leurs droits.
15. Il est interdit dans l’islam de priver les
enfants de leurs droits.
16. Il est interdit dans l’islam d’imposer
des peines légales (hudud) sans respecter
les procédures appropriées afin de
garantir justice et miséricorde.
17. Il est interdit dans l’islam de torturer
les gens.
18. Il est interdit dans l’islam de défigurer
les morts.
19. Il est interdit dans l’islam d’attribuer
des actes néfastes à Dieu.
20. Il est interdit dans l’islam de profaner
les tombes et les sanctuaires des
prophètes et des compagnons.
21. L’insurrection armée est interdite
dans l’islam pour toute raison autre que
l’absence avérée de foi du dirigeant et son
refus de laisser les gens prier.
22. Il est interdit dans l’islam de déclarer
un califat sans l’accord de tous les
musulmans.
23. La fidélité envers sa nation est
autorisée dans l’islam.
24. Après la mort du Prophète, l’islam
n’exige de personne qu’il émigre où que
ce soit.
Courrier international
17
Chebel : « Les musulmans ont peur du
dialogue »
Le philosophe et spécialiste de l’islam
analyse la venue du pape à Istanbul.
Les musulmans peuvent-ils être sensibles
aux gestes et au discours du pape
François à Istanbul?
Les images que nous avons vues sont très
belles, elles symbolisent une grandeur
d’âme et une volonté politique. Dans la
foulée de ses prédécesseurs, il a voulu
transcender les contraires en visionnaire
et non pas en comptable d’une actualité
tragique dans cette région. C’était
important qu’il se montre ainsi en
Turquie, le seul État musulman héritier
historique du vrai califat tout en restant
structurellement démocratique.
Le pape montre son respect pour les
musulmans, pourquoi est-il difficile de
voir l’inverse?
D’abord parce que l’islam n’a pas de
clergé ni de hiérarchie unique, il ne se
centre pas autour d’une seule et même
personne qui a autorité. Mais aussi parce
que, d’un point de vue collectif, cette
religion ne semble pas s’intéresser au
progrès, à une conquête résolue de
l’avenir sans atermoiements. Moi-même,
lorsque je vais débattre dans des églises
chrétiennes avec une grande croix du
Christ derrière moi, je n’ai pas peur. Les
musulmans, d’une façon générale, ont
peur du dialogue. Pour eux, le monde
chrétien est encore très inconnu. Et
pourtant, ce dialogue est nécessaire et il
doit s’approfondir.
18. Observatoire de l'islam
Il existe pourtant de grandes voix
respectées de l’islam dans le monde,
qu’attendez-vous d’elles?
La question est celle de la légitimité.
L’islam est divisé entre courants qui
dépassent de loin la fracture entre chiites
et sunnites, et entre pays aussi différents
que l’Arabie saoudite, qui abrite
La Mecque, l’Égypte de la mosquée Al-
Azhar, référence théologique, et de
l’Indonésie, pays musulman le plus
peuplé. J’ai souhaité que se réunissent un
jour les dix plus grandes voix de l’islam
pour former un collège de référence et
énoncer ensemble la bonne parole, celle
que j’appelle l’islam des Lumières. Mon
rêve serait de les voir se réunir avec les
leaders de la chrétienté et du judaïsme
pour un concile de la paix entre les trois
grandes religions monothéistes.
En attendant, pensez-vous que le pape
peut convaincre les musulmans de sa
volonté de dialoguer?
François est respecté parmi les
musulmans modérés. N’étant pas
capables de le juger sur le plan
théologique, nous voyons tous qu’il est
bon, qu’il suscite de la ferveur, qu’il
répond à des attentes, qu’il redonne de
l’espoir à beaucoup. Est-ce qu’il va trop
vite? Personnellement, je le pense mais
ses gestes d’ouverture et de tolérance
sont les conditions mêmes du dialogue.
François Clemenceau
« Le djihadisme est une hérésie au sein
de notre religion »
Professeur d’études islamiques à
l’université libanaise à Beyrouth, ancien
compagnon d’études du grand imam
Ahmed Al Tayyeb à l’Université Al Azhar,
Ridwan Al-Sayyid est l’un des
organisateurs de la Conférence contre
l’extrémisme et le terrorisme qui s’est
tenue au Caire, les 3 et 4 décembre.
18
Pourquoi avoir invité des chrétiens à
cette Conférence d’Al Azhar contre
l’extrémisme et le terrorisme ? Les
interventions n’ont-elles pas montré que
le problème était plutôt interne à
l’islam ?
Ridwan al-Sayid : Beaucoup
d’événements graves sont survenus en
2013 et 2014. Depuis six mois, avec
également Mohamed Sammak, le
secrétaire général du Comité national
pour le dialogue islamo-chrétien au Liban,
nous sommes un petit groupe à nous
réunir autour du grand imam, Ahmed
Al Tayyeb. Nous lui avons suggéré cette
conférence pour mettre sur la table trois
sujets : le terrorisme et le
fondamentalisme, nos mauvaises
relations avec les chrétiens et le conflit
entre sunnites et chiites. Il a accepté et il y
a un mois, nous nous sommes attelés à sa
préparation.
Avez-vous le sentiment que des solutions
ont été trouvées dans chacun de ces trois
domaines ?
R.A-S. : Les problèmes, bien évidemment,
ne sont pas encore résolus. Mais pendant
deux jours, nous avons parlé et vous avez
entendu tout ce qui s’est dit, y compris
entre les sunnites qui sont eux-mêmes
divisés. Sur la question du califat par
exemple, quelle est notre position ? À
mon avis, rétablir cette institution nous
plongerait dans de graves difficultés…
Mais nous avons en commun notre
volonté de nous battre contre le
djihadisme, qui est une hérésie au sein de
19. Observatoire de l'islam
notre religion. Le problème est aussi que
ce terrorisme donne à l’islam une
mauvaise image : une hérésie interne est
souvent plus dangereuse que des ennemis
extérieurs…
Comment contrer le discours
extrémisme ?
R.A-S. : À mon avis, la voix sécuritaire ne
suffit pas : elle permet seulement aux
États de se défendre. Mais nous, comme
musulmans et représentants des
institutions religieuses, que pouvons-nous
faire pour éradiquer cette hérésie ?
Comme le suggère la déclaration finale, il
faut une réforme religieuse et une
renaissance intellectuelle et celles-ci
doivent être menées par les institutions
religieuses, pas par les gouvernements.
L’État ne peut pas être un État religieux,
théocratique : il n’est là que pour gérer les
affaires civiles. C’est à nous d’éduquer nos
jeunes de telle sorte qu’ils ne se tournent
pas vers le fondamentalisme !
Or nos institutions n’ont pas fait leur
travail : ces derniers temps, elles se
bornaient à répondre aux injonctions des
gouvernements, c’est pour cela qu’elles
ont perdu tout leur crédit auprès des
jeunes. Nous devons être solidaires de la
jeunesse pour qu’elle nous écoute à
nouveau ! Il y a beaucoup, beaucoup de
travail, pour réformer les programmes
éducatifs, coopérer avec les médias… Les
pays arabes ont échoué à contrôler les
jeunes : nous ne pouvons plus attendre
qu’ils agissent.
Un participant disait dans cette enceinte
que l’objectif de cette Conférence devrait
être d’obtenir une augmentation du
budget de l’éducation… Qu’en pensez-vous
19
?
R.A-S. : Ce n’est pas un problème
d’argent. L’Égypte et les pays du Golfe ont
compris le problème et veulent mettre de
l’argent pour réformer et renforcer les
institutions religieuses. Al Azhar, la
principale institution sunnite au monde,
dispose de 500 000 étudiants et 80 000
professeurs en Égypte et dans le monde.
Elle a aussi 25 antennes hors de l’Égypte.
Son influence est énorme : si elle bâtit un
programme, une stratégie, cela peut
changer les choses.
Vous parlez des pays du Golfe, mais
l’islam wahhabite propagé par l’Arabie
saoudite, n’a-t-il pas fait le lit de l’État
islamique ?
R.A-S. : L’Arabie saoudite est wahhabite
depuis sa fondation. La nouveauté, c’est
plutôt les mouvements salafistes
révolutionnaires – un salafisme différent
donc de celui de l’Arabie saoudite – qui,
dans les années 1970, se sont révoltés
contre les wahhabites. Ces deux courants
s’opposent entre eux.
Quelles seront les suites de cette
conférence ?
R.A-S. : C’était une conférence
préparatoire, destinée à mettre tous les
sujets sur la table. Al Azhar a déjà
commencé à réfléchir à un système pour
poursuivre le travail. La déclaration finale,
par exemple, sera la préface à un
document plus complet sur le terrorisme,
le dialogue islamo-chrétien et les divisions
entre sunnites et chiites.
Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner (au
Caire)
20. Observatoire de l'islam
Islam : et Dieu libéra la femme
Figure de la pensée réformiste, la
Marocaine Asma Lamrabet déconstruit
méthodiquement les interprétations
archaïques du livre saint, notamment
celles relatives au statut de la musulmane.
Elle récuse les étiquettes de « féministe
islamiste » ou de « militante » que lui ont
accolées les médias. « Je suis simplement
une chercheuse qui se pose des questions
sur le texte religieux », précise d’emblée
Asma Lamrabet. « Ce n’est pas parce que
je porte un foulard que je suis forcément
islamiste. Et le fait que je m’intéresse à
l’image de la femme dans le Coran ne
veut pas dire que je suis féministe »,
poursuit celle qui représente
actuellement le mieux l’islam réformiste
au Maroc et l’effort d’interprétation
(ijtihad) qu’il suppose.
Directrice du Centre des études féminines
en islam au sein de la Rabita
Mohammadia des oulémas, une
association placée sous la tutelle du roi,
Lamrabet s’est fixé comme objectif d’en
finir avec les préjugés nés d’une lecture
littéraliste du Coran, à commencer par
l’idée selon laquelle une femme qui porte
le voile serait incapable d’aller aussi loin
dans l’interprétation coranique des
libertés individuelles.
Médecin biologiste de carrière, Asma
Lamrabet passe au peigne fin le texte
révélé, recensant tous les versets
contraignants pour les femmes et
expliquant, arguments à l’appui, comment
leur interprétation a été rendue caduque
par le contexte moderne. Voile, héritage,
mariage mixte, tutelle de l’homme sur la
20
femme (qiwama), interdiction de la mixité
dans les mosquées… Autant de certitudes
héritées de lectures figées du Livre saint
et qui ne résistent pas à une relecture
critique et contextualisée du texte sacré à
travers le prisme des droits de l’homme.
Une méthodologie à laquelle Lamrabet
s’est toujours tenue sans jamais manier la
langue de bois.
Tutelle de l’homme
Comme beaucoup de réformistes, Asma
Lamrabet rappelle que le Coran a été
révélé dans un contexte socioculturel
donné et que toute tentative de
reproduire ce contexte à l’heure actuelle
relève soit de la bêtise, soit de
« l’instrumentalisation politique ».
« Depuis la Révélation, la qiwama de
l’homme sur la femme a été très claire. Le
Coran parle d’une responsabilité morale
et matérielle de l’homme envers sa
famille et non d’une supériorité ou d’une
autorité quelconques », explique-t-elle.
Pour arriver à ce constat, la chercheuse
s’appuie sur les six versets relatifs à la
tutelle. Cité une seule fois dans le Coran,
le principe de la qiwama se trouve
contredit par d’autres versets qui
recommandent la coresponsabilité, le
partage au sein de la famille et la notion
de justice entre tous les fidèles, quel que
soit leur sexe. S’inspirant des travaux du
réformiste égyptien Mohamed Abdou
(1849-1905), Lamrabet remet en
perspective la qiwama, avec son
corollaire, le principe d’obéissance (tâ’a),
une pure production juridique qui a
contribué à déprécier et à inférioriser les
femmes.
Voile
« Je le dis haut et fort. Il n’existe aucune
obligation dans le Coran sur la question
du voile », clame notre chercheuse. Le
terme de « hijab » n’y signifie d’ailleurs
pas « voile », mais « séparation ». À
l’époque du Prophète, les femmes
portaient ce qu’on appelle le khimar
21. Observatoire de l'islam
(foulard), par pudeur, piété ou convention
sociale. Quand le Coran évoque ce
dernier, il reste donc fidèle à son
contexte. « Pour moi et pour certains
penseurs réformistes, il s’agit d’une
recommandation et non d’une obligation.
Dans les textes religieux, quand il y a une
prescription, sa non-observance est
généralement assortie d’un châtiment. Or
le verset qui fait référence au khimar n’en
mentionne aucun, preuve que le port de
celui-ci n’est pas obligatoire », explique
Lamrabet, qui refuse de réduire le débat
sur la femme à la question du foulard.
Précision : la chercheuse n’appelle pas les
musulmanes à ôter leur hijab mais à
suivre leur choix spirituel en toute
sérénité sans chercher à l’imposer aux
autres au nom de la religion. Citant la
polémique suscitée par le voile islamique
en France, la réformiste marocaine estime
que la priorité pour les femmes réside
dans l’émancipation et le recouvrement
de leurs droits : « Ne touche pas à mon
voile, c’est bien, mais ne touche pas à ma
liberté, c’est mieux. »
Héritage
La question de l’héritage est le sujet tabou
par excellence. Pas même les associations
féministes marocaines n’osent l’aborder
tant la porte de l’ijtihad semble fermée
face à ce verset « immuable » énonçant
que la femme hérite de la moitié de la
part de l’homme. Il convient cependant
de rappeler que l’héritage des femmes a
été introduit par l’islam à une époque où
elles n’avaient strictement aucun droit et
que cette disposition constituait en soi
une révolution. Mais Lamrabet va plus
loin en démontrant qu’une lecture
contextualisée consacre l’égalité entre les
sexes en matière d’héritage. Et de citer
notamment la sourate IV, verset 32 : « Il
revient aux hommes une part (nassib)
dans l’héritage laissé par leurs parents ou
leurs proches ; de même qu’il revient aux
femmes une part (nassib) dans l’héritage
laissé par leurs parents ou leurs
proches. » Ce verset est la preuve que
21
l’égalité existe bel et bien, comme l’avait
d’ailleurs souligné l’exégète Ibn Kathir
(1301-1373) dans Tafsîr Ibn Kathîr. Très
souvent, Lamrabet invoque des
interprétations anciennes et
particulièrement avant-gardistes, mais qui
ont été jetées aux oubliettes pour des
considérations politiques.
Mariage avec un non-musulman
Autre sujet tabou – mais qui ne procède,
en réalité, que d’une pure tradition
culturelle, le ourf -, les mariages mixtes.
Tout non-musulman souhaitant épouser
une musulmane doit en effet se convertir
à l’islam, alors qu’un musulman peut se
marier avec une non-musulmane sans
renoncer à sa religion. Justifiée alors par
la filiation patrilinéaire et le souci d’éviter
que les croyantes ne sortent de la
communauté (la Oumma), cette inégalité
vole en éclats à la lecture du verset 221
de la sourate II, prescrivant aux
musulmans comme aux musulmanes
d’épouser des croyants (mouminîne), ce
qui inclut donc les Gens du Livre (Ahl al -
Kitâb) en référence aux juifs et aux
chrétiens, et interdisant aux premiers
comme aux secondes de se marier avec
des polythéistes (mouchrikîne). Ce qui
vaut pour les hommes en la matière vaut
donc aussi pour les femmes. Dans son
Tafsîr al-Tahrîr wa t-Tanwîr, l’exégète
tunisien Mohamed Tahar Ben Achour
(1879-1973) affirme qu’il n’y a pas de
texte interdisant expressément l’union
conjugale entre une musulmane et un
chrétien ou un juif. Si l’ensemble de la
communauté des savants s’est accordé à
proscrire cette union, c’est en s’appuyant
sur le consensus (ijmaa), et non sur un
texte. « J’ai envoyé le résultat de mon
travail sur ce thème à des oulémas de
différents pays. Je n’ai jamais eu de
retour. Preuve que la question dérange ! »
confie Lamrabet.
Courageuse, clairvoyante, un tantinet
subversive, Asma Lamrabet reconnaît
cependant faire preuve de frilosité par
22. Observatoire de l'islam
rapport à des questions d’actualité « qui
[la] dépassent », comme l’homosexualité,
alors que sa consoeur tunisienne Olfa
Youssef a osé prendre position en
affirmant que le Coran ne l’a jamais
interdite. « J’ai beaucoup de difficultés
devant cette problématique, inabordable
pour le moment dans les sociétés
musulmanes. Je ne veux pas braquer le
système alors que la base n’est pas
encore assainie », explique Lamrabet.
Au vu des réactions probantes qu’elle
recueille dans ses conférences, Asma
Lamrabet semble s’être tout doucement
frayé un chemin dans une société
longtemps maintenue dans l’ignorance et
religieusement sclérosée faute d’ijtihad.
Quant à la traduction de cette approche
nouvelle dans la vie quotidienne, c’est
une entreprise de longue haleine. Au
Maroc, en matière de réforme de l’islam
comme d’avancées politiques, il faut du
temps au temps…
Bibliographie :
Musulmane tout simplement éd. Tawhid
France 2002
Aïcha, épouse du Prophète, ou l’Islam au
féminin éd. Tawhid France, 2004
Le Coran et les femmes : une lecture de
libération éd. Tawhid France, 2007
Femmes, islam, Occident : chemins vers
l’universel éd. La Croisée des chemins
(Maroc) et Séguier-Atlantica (France),
2011
Femmes et hommes dans le Coran : quelle
égalité ? éd. Albouraq Paris, 2012 (Sorti
en librairie en mars 2012, cet ouvrage a
reçu le prix de la Femme arabe 2013,
catégorie sciences sociales)
Nadia Lamlili
22
L’Etat Islamique sème la terreur et
fascine les jihadistes
L’Etat islamique, qui a revendiqué la
décapitation d’un troisième otage
occidental, a bâti sa fulgurante ascension
sur des méthodes brutales, un islam
intransigeant et la fascination qu’il exerce
sur les jihadistes, notamment étrangers.
Qu’est ce que l’Etat Islamique?
Le mouvement est né en Irak en 2006 à
l’initiative d’al-Qaïda. Il se présentait
comme le défenseur de la minorité
sunnite face aux chiites qui ont pris le
pouvoir avec l’invasion conduite par les
Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par
des tueries de chiites et les attentats
suicides contre les forces américaines.
Sa brutalité et son islam intransigeant
pousseront les tribus sunnites à le chasser
de leur territoire. Dès juillet 2011, soit
trois mois après le début de la révolte
contre Bachar al-Assad, ses membres sont
appelés à combattre en Syrie contre le
régime dirigé par les alaouites, un avatar
du chiisme, honni par les jihadistes.
En Syrie, apparaissent rapidement des
dissensions entre jihadistes irakiens et
syriens. Les premiers proposent la
création en avril 2013 de l’Etat islamique
d’Irak et du Levant mais le chef syrien
refuse et maintient le Front al-Nosra qui
devient la branche officielle d’al-Qaïda en
Syrie.
23. Observatoire de l'islam
Début 2014, éclate une guerre sans merci
entre d’une part le Front al-Nosra et les
rebelles syriens et de l’autre l’EI. Elle fait
au moins 6.000 morts. Fort de ses
victoires en Irak et en Syrie, le chef de l’EI
Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin
2014 le « califat » à cheval sur les deux
pays.
Combien a-t-il de combattants?
Il n’y a pas de chiffres précis. La CIA parle
d’une fourchette de 20 à 31.000
combattants dans les deux pays. Selon un
autre responsable du renseignement
américain, il y a 15.000 combattants
étrangers en Syrie dont 2.000
Occidentaux. Certains ont rejoint l’EI mais
aucune donnée précise n’est disponible.
L’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH) évalue à plus de 50.000
le nombre de ses combattants en Syrie,
dont 20.000 non syriens, venus du Golfe,
de Tchétchénie, d’Europe et même de
Chine.
En Syrie et Irak, certains sont d’ex-cadres
militaires et du renseignements de
l’ancien dictateur Saddam Hussein. Ils ont
donc une grande connaissance de l’art de
la guerre.
En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur
de Sciences politiques à l’université de
Bagdad, l’EI compte entre 8.000 et 10.000
combattants dont 60% d’Irakiens. L’EI
recrute beaucoup à travers les réseaux
sociaux, mais nombreux sont les rebelles
qui le rejoignent par peur ou alléchés par
les salaires offerts.
Quel territoire contrôle-t-il?
L’Etat Islamique contrôle environ 25% de
la Syrie (45.000 km2) et 40% de l’Irak
(170.000 km2), soit au total 215.000 km,
ce qui représente presque la superficie du
Royaume-Uni (237.000 km2), selon
Fabrice Balanche, géographe expert de la
Syrie.
23
Cependant, précise-t-il, la plupart des
territoires contrôlés par l’EI, notamment
en Irak, sont désertiques, ce qui réduit
son emprise réelle sur le territoire.
Le « califat » s’étend de Manbej, dans le
nord de la Syrie près de la frontière
turque dans la province d’Alep, en
direction de l’est avec toute la province
de Raqa, et une grande partie des
gouvernorats de Hassaka et de Deir Ezzor,
jusqu’à la localité frontalière de
Boukamal. En Irak, il contrôle les régions
sunnites de l’ouest et du nord avec
notamment la ville de Mossoul.
Pourquoi ce groupe attire-t-il les
jihadistes étrangers?
Pour l’écrivain et journaliste libanais
Hazem al-Amine, les jihadistes
occidentaux sont fascinés par sa
démonstration de force de « type
hollywoodien ». Les décapitations, les
exécutions et la conquête de territoires
font figure d’épopée. En outre, selon les
experts, l’EI leur affirme qu’il a renoué
avec l’islam du temps de Mahomet.
Quelles sont ses sources de
financement?
Il y en a plusieurs selon les experts. Il y a
d’abord des contributions venant de pays
du Golfe.
Pour Romain Caillet, expert des
mouvements islamistes, l’EI s’auto-finance
en grande partie, les fonds
extérieurs ne représentant que 5% de ses
ressources.
L’EI pratique l’extorsion et impose des
taxes aux populations locales. A quoi
s’ajoutent la contrebande de pétrole et de
pièces d’antiquité, les rançons pour la
libération d’otages occidentaux et les
réserves des banques de Mossoul, la ville
dont s’est emparé l’EI au début de son
offensive fulgurante lancée en juin.
24. Observatoire de l'islam
Selon Bashar Kiki, le chef du conseil
provincial de Ninive, dont Mossoul est la
capitale, les réserves en liquide des
banques de la ville atteignaient avant
cette offensive environ 400 millions de
dollars.
Comment agit-il avec la population?
L’EI combine la terreur avec la fourniture
de services sociaux aux populations qui
sont sous sa coupe. Pour empêcher toute
velléité de soulèvement et terroriser ses
adversaires, il pratique la crucifixion, la
décapitation, la flagellation ou la
lapidation des femmes accusées
d’adultère.
Pour donner encore plus de poids à ses
agissements, il les diffusent sur les
réseaux sociaux avec des images
insoutenables.
L’EI a-t-il un avenir?
Pour Romain Caillet, le principal objectif à
court et moyen terme cipal de l’EI est de
consolider le califat, qu’il a doté de
structures « étatiques » comme des
ministères ou des tribunaux.
Mais, estime Hazem al-Amine, l’Occident
va le frapper durement et l’affaiblir, ce qui
l’obligera à redevenir une organisation
clandestine. Barack Obama à annoncé
cette semaine sa détermination à
« affaiblir » puis à « détruire » l’EI grâce à
une large coalition comprenant dix pays
arabes. Les quelque 150 frappes
américaines ont déjà contraint l’EI a
reculé en Irak.
Rita DAOU
L’extrémisme, c’est le refus de la
diversité de l’islam
Les extrémistes de Daesh ne représentent
pas les musulmans, qui ont des approches
24
très variées du Coran. Mais la perception
de la diversité de l’islam est biaisée.
« La situation me paraît pire qu’avant,
regrette Stéphane Lathion, coordinateur
du Groupe de recherche sur l’islam en
Suisse. La manière dont est perçu l’islam
est extrêmement tendue. Pourtant, tant
qu’on n’est pas capable d’offrir un climat
de sérénité et de confiance aux
musulmans, on fait le jeu des
extrémistes. »
Ce spécialiste des religions en est
convaincu: pour la majorité – silencieuse –
des musulmans en Occident, leur foi n’est
pas le plus important. « Ils se définissent
aussi par leur nationalité, leur famille, leur
travail, leur humanité… Alors que le
discours dominant les réduit à leur
religion. Il ne faudrait plus parler de
musulmans, mais avant tout de
citoyens ».
Un conflit intracommunautaire
La « majorité silencieuse » dont parle
Stéphane Lathion s’est exprimée
récemment contre les crimes de Daesh au
Proche-Orient, notamment sous le mot
d’ordre #NotInMyName. Pour dire que le
conflit actuel est aussi (avant tout?) un
conflit intra-communautaire.
« L’islam est très divers », rappelle Marie-
Thérèse Urvoy, professeure d’islamologie
à l’Institut catholique de Toulouse.
« L’extrémisme, c’est le refus de la
diversité de l’islam », complète Stéphane
Lathion.
« Le Coran est un texte subtil, insiste
Marie-Thérèse Urvoy. C’est un texte de
paix et un texte de guerre à la fois.
25. Observatoire de l'islam
Mahomet est un chef religieux et un chef
politique. Cette dualité du livre a posé
problème tout au long de l’histoire de
l’islam. Elle trouve son origine dans le
parcours de vie de Mahomet. Mais, qui
peut imposer une relecture historique et
distanciée du Coran en l’absence de
hiérarchie religieuse respectée par
tous? »
L’exemple asiatique
Cette vision de l’islam existe dans
l’histoire et la théologie musulmane. « A
la fin du XIXe siècle, Djemâl ad-Dîn al-
Afghâni et Mohamed Abduh ont pensé un
islam moderne, explique Zidane
Mériboute, chercheur à l’école d’études
orientales et africaines de Londres. L’Asie
du Sud-Est propose des modèles d’Etats à
majorité musulmane mais pluralistes et
divers. »
Les groupes islamistes armés de Syrie et
d’Irak rejettent ce genre d’interprétation
et défendent le Califat et un islam
« authentique », tel que les premiers
musulmans l’ont défini à la mort du
Prophète. Un âge d’or qui n’a jamais
existé.
Le Califat, une époque de violence entre
musulmans
« Les quatre premiers califes ont régné
dans un climat de grande violence entre
les musulmans, observe Marie-Thérèse
Urvoy. Cette violence conduira d’ailleurs
au schisme entre sunnites et chiites. »
La domination que veulent exercer les
extrémistes est plus politique que
religieuse. « D’après le Coran, le croyant
devrait agir selon son intelligence, son
coeur et son environnement, assure
Stéphane Lathion. Dieu décide pour le
reste. Aujourd’hui, la sacralisation du
Coran par certains musulmans permet la
soumission du texte à des intérêts
politico-religieux. »
25
Djihad, effort et quête spirituelle
Zidane Mériboute trouve à redire à
l’interprétation rigoriste des textes. « Ils
détournent le Coran. Le djihad ne fait pas
partie des cinq piliers de l’islam, il ne
s’agit pas d’une obligation. De même,
selon les règles de la sharia, pendant le
djihad, une femme peut partir de chez
elle sans ordre de son mari. Mais cela, ils
se gardent bien de le dire… »
L’auteur d’Une nouvelle « Vie » du
prophète Muhammad (selon Ibn Sa’d) aux
éditions Erickbonnier, poursuit: « Le
djihad n’est pas la guerre sainte mais
‘l’effort sur le chemin de Dieu’. On peut
distinguer le djihad mineur (al-asghar), la
guerre défensive, et le djihad majeur (al -
akbar). Ce dernier, plus méritoire selon le
prophète Muhammad [ou Mahomet,
ndlr], prend le sens d’une lutte intérieure
contre les passions mauvaises, pour la
discipline morale et la victoire sur soi -
même. »
Olivier Monod
Pour l’islamophobe Brigitte Gabriel
« l’islam ne peut pas s’intégrer aux Etats-
Unis »
C’est la nouvelle coqueluche des ultras
Outre-Atlantique, ultra-islamophobes,
réactionnaires et sionistes, Brigitte
Gabriel, la journaliste et activiste
américaine, d’origine libanaise
chrétienne, s’est auto-investie d’une
mission suprême dont elle a fait son
juteux fonds de commerce : dire tout
haut, sans fioritures et de manière
fracassante, tout le mal qu’elle pense de
l’islam et de la présence musulmane en
Amérique, devant des publics galvanisés
par son discours et ses harangues
fielleuses, qui se font mielleuses dès lors
qu’il s’agit de louer les mille et une vertus
d’Israël.
26. Observatoire de l'islam
« La différence entre le monde arabe et
Israël est une différence de valeurs : c’est
la barbarie contre la civilisation« , a-t-elle
coutume de lancer à la cantonade, sûre
de son effet électrisant, la fondatrice de
l’ACT, un mouvement citoyen de défense
des valeurs démocratiques américaines
qu’elle considère comme le seul rempart
contre les assauts de l’islam radical, s’est
fixée de nobles objectifs : libérer la parole
raciste de ses compatriotes, et réveiller ou
exacerber le nationalisme primaire qui
sommeille en chacun d’eux, qu’ils soient
chrétiens, évangéliques ou juifs. Elle a
bien entendu désigné l’ennemi intérieur à
abattre : le chimérique péril vert, mais
qui, dans sa bouche haineuse, représente
une menace imminente d’apocalypse…
Sur Fox News, la chaîne faite par et pour
les farouches conservateurs de son
espèce, Brigitte Gabriel s’en est donné à
coeur joie, lundi dernier, affirmant de
manière péremptoire, devant des
téléspectateurs qui lui étaient
entièrement acquis, que « l’islam est
incompatible avec la société américaine,
que jamais il ne pourra s’intégrer, parce
que c’est ce que l’on inculque aux
musulmans dans les mosquées à travers
tout le pays ».
Quand nombreux sont ceux qui, sur le sol
de la bannière étoilée, bâtissent des ponts
de tolérance au-dessus des peurs
fabriquées de toutes pièces et des
torrents de calomnies, Brigitte Gabriel, à
l’instar de Pamelar Gellar, la furie sioniste,
n’agit que pour les dynamiter, en sinistre
marionnette oeuvrant à la solde d’intérêts
supérieurs et de leurs funestes desseins…
Oumma.com
26
L’islam interdit le terrorisme et
réglemente l’art de la guerre
Beaucoup d’égarés se prétendant
musulmans ont aujourd’hui des
comportements terroristes contraires à
l’islam.
Nous le savons. Vous le savez aussi. Cela
ne sert à rien de le nier. Mais il n’est pas
juste de juger l’islam par les actes de
certains musulmans, sinon, les chrétiens
seraient des croisés. mais il ne le sont pas.
Et tous les juifs seraient des sionistes,
mais il ne le sont pas.
Nous savons qu’il y a des groupes parmi
toutes les religions qui sont militaires.
Mais laissez-nous vous apprendre, en
terme d’enseignements : nous croyons
qu’il peut y avoir la guerre, parce que
vous avez le droit de vous défendre.
Sinon, si le fait de vous défendre est un
crime, alors nous appelons à tous les pays
du monde entier de jeter leurs armes
dans les mers.
Mais ils ne le feront pas. Ils ont l’armée, la
marine…Pourquoi ? Parce que quelqu’un
pourrait nous attaquer et nous devons
être prêts pour défendre notre sol, notre
territoire, notre honneur…défendre quoi
que ce soit. OK!
L’Islam, c’est quoi au juste ?
L’Islam, c’est la oumma, et une
communauté musulmane,
indépendamment de leur nationalité, de
leurs liens sanguins, et des pouvoirs
politiques qui les gouvernent. Le terme
est synonyme de « Ummat Islamiyya »,
27. Observatoire de l'islam
« Nation islamique ». Nous avons les
mêmes droits. Mais, citez-nous une nation
qui dit aux gens (selon les hadiths du
prophète) :
- Ne tuez pas les femmes
- Ne tuez pas les enfants
- Ne tuez pas les vieillards
- Ne tuez pas ceux qui consacrent à
l’adoration
Quel que soit. Il est dans son église, il est
dans son temple. Qu’elle qui soit. Ne vous
approchez pas d’eux.
- Ne brûlez pas les arbres
- Ne détruisez pas les maisons
- Ne tuez pas les animaux
- Ne trahissez pas. N’agissez pas avec
traitrise
Quel nation sur cette terre applique cela
dans ces guerres ? AUCUNE!
Ils bombardent les usines, les enfants, les
femmes juste devants nos yeux ! Eux ne
sont pas terroristes mais ces mêmes
qualifient bien volontiers les musulmans
de terroristes.
Certains musulmans dénigrent l’Islam à
travers leurs actes de violence contraire à
la foi. Tels que, se rendre dans un
supermarché ou une station de train et se
faire exploser au nom d’Allah. Alors que
l’Islam est le premier à dire que c’est
strictement interdit. D’abord, vous ne
pouvez pas vous suicider, deuxièmement,
vous ne pouvez pas tuer des civils
innocents.
Qu’est-ce que l’Islam permet ? Si les deux
armées s’affrontent sur un champ de
bataille. l’Islam autorise que la seule
défense. Les gens qui achètent des
légumes pour la cuisine des combattants
sont exclus. Les tuez au nom d’Allah est
une forme d’oppression.
Et le prophète (Paix et salut sur lui) a dit :
« Le croyant ne cesse de se trouver à
27
l’aide dans sa religion tant qu’il n’a pas
fait couler un sang interdit ».
Si un musulman tue une seule âme
innocente, il sera reconnu comme
coupable et responsable par Allah. Et
peut-être, que ce sera la raison pour
laquelle il entrera en enfer.
Maghrebnaute.com
Une vague d’athéisme dans le monde
arabe
Le “califat islamique” a délié les langues.
Les critiques ne visent plus seulement les
mauvaises interprétations de la religion,
mais la religion elle-même.
Dans le monde arabe, on pouvait certes
critiquer les personnes chargées de la
religion, mais critiquer la religion
musulmane elle-même pouvait coûter la
vie à celui qui s’y risquait, ou du moins le
jeter en prison. Le mot d’ordre “l’islam est
la solution” a été scandé durant toute
l’ère moderne comme une réponse toute
faite à toutes les questions en suspens et
à tous les problèmes complexes du
monde musulman.
Mais la création de l’Etat islamique par
Daech et la nomination d’un “calife ayant
autorité sur tous les musulmans”
soulèvent de nombreuses questions. Elles
mettent en doute le texte lui-même [les
fondements de la religion] et pas
seulement son interprétation, l’idée
même d’une solution religieuse aux
problèmes du monde musulman. Car, au-
28. Observatoire de l'islam
delà de l’aspect terroriste du mouvement
Daech, sa proclamation du califat ne peut
être considérée que comme la
concrétisation des revendications de tous
les partis et groupes islamistes, à
commencer par [l’Egyptien fondateur des
Frères musulmans], Hassan Al-Banna, au
début du XXe siècle. Au cours de ces trois
dernières années, il y a eu autant de
violences confessionnelles en Syrie, en
Irak et en Egypte qu’au cours des cent
années précédentes dans tout le Moyen-
Orient.
Cela provoque un désenchantement chez
les jeunes Arabes, non seulement vis-à-vis
des mouvements islamistes, mais aussi
vis-à-vis de tout l’héritage religieux. Ainsi,
en réaction au radicalisme religieux, une
vague d’athéisme se propage désormais
dans la région. L’affirmation selon laquelle
“l’islam est la solution” commence à
apparaître de plus en plus clairement
comme une illusion. Cela ouvre le débat
et permet de tirer les leçons des erreurs
commises ces dernières années.
Peu à peu, les intellectuels du monde
musulman s’affranchissent des phrases
implicites, cessent de tourner autour du
pot et de masquer leurs propos par la
rhétorique propre à la langue arabe
qu’avaient employée les critiques
[musulmans] du XXe siècle, notamment
en Egypte : du [romancier] Taha Hussein à
[l’universitaire déclaré apostat] Nasr
Hamed Abou Zayd.
Car la mise en doute du texte a une
longue histoire dans le monde musulman.
Elle s’est développée là où dominait un
pouvoir religieux et en parallèle là où
l’extrémisme s’amplifiait au sein de la
société. [L’écrivain arabe des VIIIe-IXe
siècles] Al-Jahiz et [l’écrivain persan
considéré comme le père de la littérature
arabe en prose au VIIIe siècle] Ibn Al-
Muqaffa avaient déjà exprimé des
critiques implicites de la religion. C’est sur
leur héritage que s’appuie la
désacralisation actuelle des concepts
28
religieux et des figures historiques,
relayée par les réseaux sociaux, lieu de
liberté pour s’exprimer et débattre.
Le bouillonnement actuel du monde
arabe est à comparer à celui de la
Révolution française. Celle-ci avait
commencé par le rejet du statu quo. Au
départ, elle était dirigée contre Marie-
Antoinette et, à la fin, elle aboutit à la
chute des instances religieuses et à la
proclamation de la république. Ce à quoi
nous assistons dans le monde musulman
est un mouvement de fond pour changer
de cadre intellectuel, et pas simplement
de président. Et pour cela des années de
lutte seront nécessaires.
Omar Youssef Suleiman
Comment Boko Haram justifie-t-elle
l’attaque des musulmans nigérians ?
Au moins 120 morts et 270 blessés. C’est
le bilan provisoire de l’attaque menée
vendredi 28 novembre contre une
mosquée de Kano, dans le nord du
Nigeria, par les membres de la secte Boko
Haram. Une cible religieuse qui pourrait
sembler étonnante pour cette
organisation islamiste, dont le nom
haoussa signifie « l’éducation occidentale
est un péché ».
Pourtant, si cette dernière multiplie les
raids contre les établissements scolaires
et les populations chrétiennes, l’immense
majorité de ses victimes sont des
musulmans issus du nord du pays. Et,
contrairement à l’Etat islamique, qui s’en
prend essentiellement aux chiites, Boko
29. Observatoire de l'islam
Haram vise quant à elle indistinctement
ces derniers et les sunnites.
La question de la charia
« Nous sommes bien face à un conflit
religieux, mais pas entre chrétiens et
musulmans. Il s’agit de salafistes
extrémistes qui tuent des musulmans
accusés de ne pas appliquer correctement
la charia », expliquait au Monde, le
chercheur Marc-Antoine Pérouse de
Montclos en mars.
Lorsqu’elle apparaît, au début des années
2000, la secte, dirigée par Mohammed
Yusuf, prône l’application stricte de la loi
islamique et, pour cela, l’établissement
d’un califat. Aujourd’hui, la charia est en
vigueur dans douze Etats du nord du pays.
Dans l’Etat de Kano, cible de l’attentat de
vendredi, elle s’applique même au pénal.
La collaboration avec le pouvoir
En 2009, l’organisation se radicalise
lorsque certains de ses militants sont
blessés au cours d’un contrôle de police.
En représailles, Boko Haram lance
plusieurs attaques auxquelles l’armée
répond par une répression massive dans
la ville de Maiduguri, fief de la secte.
Mohammed Yusuf est arrêté et tué par les
forces de l’ordre.
En 2010, Abubakar Shekau, numéro deux
de Mohammed Yusuf, prend la tête de la
secte. Ses objectifs sont moins clairs : si
l’application intégrale de la charia
demeure, le mouvement revendique
entre autres la libération de ses membres
emprisonnés et souhaite honnorer ses
martyrs.
Or, à ses yeux, les chefs religieux
traditionnels nigérians collaborent de trop
près avec le gouvernement central de cet
Etat fédéral, pervertissant ainsi l’islam.
Car les tensions confessionnelles sont
marquées dans ce pays scindé entre un
Nord pauvre et à majorité musulmane et
29
un Sud plus riche, notamment grâce aux
ressources pétrolières, et à dominante
chrétienne – le président Goodluck
Johnatan représentant de cette région
étant lui-même protestant évangélique.
« Aujourd’hui, au-delà de la question
religieuse, Boko Haram est un groupe
nourri par un sentiment de vengeance à
l’égard de l’Etat nigérian, qui a éliminé
nombre de ses membres mais peine lui -
même à adopter une stratégie claire »,
précisait au Monde le chercheur Gilles
Yabien en avril.
La réaction des dignitaires musulmans
Les critiques des hauts dignitaires
musulmans nigérians à l’encontre de la
secte islamique Boko Haram se font de
plus en plus audibles. La semaine
dernière, l’émir de Kano, personnalité très
influente, avait appelé la population du
nord du pays à prendre les armes contre
les islamistes face à l’apathie de l’armée.
Lundi 24 novembre, le sultan de Sokoto,
considéré comme le chef des musulmans
dans le pays, a de son côté lancé des
critiques cinglantes contre les militaires.
Dans un communiqué de l’Organisation
des musulmans du Nigeria (JNI),
Muhammad Sa’ad Abubakar, les a ainsi
accusés de fuir à chaque approche des
insurgés.
« Les forces de l’armée nigériane ne refont
surface qu’après la fin des attaques
meurtrières, et terrorisent davantage des
populations déjà terrorisées, en installant
des barrages routiers et en fouillant les
maisons »
Plus de 13 000 personnes ont été tuées
depuis le début en 2009 de l’insurrection
de Boko Haram. Près de 1,5 million
d’habitants ont été déplacés par les
violences. L’état d’urgence dans trois
Etats du nord-est du Nigeria, en vigueur
depuis mai 2013, a expiré jeudi. Les
violences n’ont cessé d’empirer depuis 18
30. Observatoire de l'islam
mois dans les Etats concernés (Borno,
Yobe et Adamawa), où au moins une
vingtaine de villes sont contrôlées par les
islamistes.
Le Monde
Comment la mode peut changer les
mentalités au sujet de l’Islam
Le New York Times racontait cette
semaine l’histoire d’une fashion week
d’un autre genre que celles de Paris ou
Milan: celle de Kuala Lumpur.
Depuis 9 ans, s’y déroule l’Islamic Fashion
Festival ou festival de la mode islamique –
on y voit moins de chair que sur les
podiums occidentaux. Dato’ Raja Rezza
Shah, fondatrice de ce festival, l’a instauré
en partie pour lutter contre les
stéréotypes au sujet de l’Islam et ce désir
s’inscrit selon le quotidien américain dans
«un mouvement plus large dans une
certaine partie de monde musulman (…)
qui s’est emparé de la mode comme
moyen de raconter leur culture
différemment.»
Reina Lewis, professeure d’études
culturelles au London College of Fashion
et auteure d’un livre à paraître sur la
mode musulmane, explique: «Chaque fois
qu’il y a une panique morale à l’Ouest au
sujet des musulmans comme symbole de
l’altéririté civilisationnelle, qu’il s’agisse
de la radicalisation de jeunes hommes
djihadistes ou d’autre chose, c’est illustré
par des images de femmes portant le
hijab ou l’abaya, en noir.»
30
Grâce à de nouveaux vêtements, une
mode reconnue dans les pays
occidentaux, cela pourrait changer. La
designeuse et blogueuse Dian Pelagi, à
l’origine de vêtements couvrants très
colorés: «Je pense que si la mode
islamique peut gagner en importance en
Amérique, cela changera la perception
que les gens ont de l’Islam».
Cela grossira aussi un marché
d’importance. Selon les chiffres de
Thomson Reuters de 2012, 224 milliards
de dollars avaient été dépensé cette
année-là en vêtements et chaussures
dans l’économie islamique. Soit 10,6% des
dépenses globales de vêtements et
chaussures. Ces dépenses devaient
atteindre 322 milliards de dollars en 2018
selon les estimations d’alors.
Charlotte Pudlowski
Islam : quelques citations célèbres
Les journalistes Français ne parviennent
pas encore à expliquer l’ambivalence du
Coran qui prêche la paix et la tolérance
quand les musulmans sont minoritaires,
mais prévoit l’extermination des
mécréants quand ils deviennent
31. Observatoire de l'islam
majoritaires. Voici quelques citations pour
les aider à commenter l’actualité :
«Il est pourtant temps de reconnaître que
l’Islam c’est l’Islamisme au repos, et
l’Islamisme c’est l’Islam en action, comme
l’écrit si bien le poète Kabyle Ferhat
Méhenni», Hubert Lemaire dans
«Mulsulmans vous nous mentez».
«Sans l’Islam, les Pays-Bas seraient un
pays formidable, … Sans l’Islam les Pays-
Bas seraient libres des exigences
islamiques pour adapter ses habitants aux
idées barbares, retardées et totalitaires
d’un bandit en chef, meurtrier de masse
et pédophile du septième siècle…»
Machiel De Graaf, député hollandais,
membre du Parti de la Liberté. (Publié sur
http://ripostelaique.com/sans-lislam-les-pays-
31
bas-seraient-un-pays-formidable.
html).
«Chassez le Christianisme, vous aurez
l’Islam», François-René de Chateaubriand,
cité par Eric Zemmour dans «Le suicide
Français».
«L’Islam est le terreau de l’Islamisme, et
l’Islamisme est le terreau du terrorisme»,
Philippe de Villiers dans «Les mosquées
de Roissy».
Ouvrons nos yeux endormis par les
marchands de sable de la bien-pensance
de gôche avant d’être réveillés dans un
bain de sang.
Philippe Lesage
Islam : quel dommage qu’ils aient
disparu !
Si on connaît (au moins de nom ) les
principales écoles de pensée musulmanes
(sunnisme, chiisme, wahhabisme,
soufisme, salafisme, etc.) , on ne parle
jamais du mu’tazilisme , et pour cause :
après avoir été la doctrine officielle de l’
islam sous le califat abbasside ( IX ème
siècle) , il disparut totalement au XIII ème
siècle…et c’est bien dommage : car le
mu’tazilisme , très influencé par la
philosophie grecque, et notamment par l’
Ecole péripatéticienne d’ Aristote, prônait
une approche de l’islam par le
rationalisme .
Parmi ses différents enseignements , voici
ceux qui nous étonnent le plus
aujourd’hui :
- Le Coran est incomplet : si tout ce que
dit le Coran est vrai, puisque c’est la
parole divine s’exprimant par la bouche
de Mahomet, Dieu n’a pas pu tout dire à
Mahomet – uniquement un certain
nombre de choses , car Dieu est trop
vaste pour être contenu dans un seul livre
; il en découle que si le Coran est
totalement divin, on peut trouver aussi
trouver du divin en dehors du Coran ;
- Le Coran n’est pas éternel : ayant été
créé par Dieu, il n’existait donc pas avant
cette création ; il n’ y a donc aucune
raison de penser que Dieu ne créera pas
un jour d’autres révélations qui rendront
le Coran en partie dépassé et incomplet (
un peu comme l’est , pour les chrétiens, l’
Ancien Testament depuis l’apparition du
Nouveau Testament) ;
32. Observatoire de l'islam
- Le Coran est allégorique : Dieu ne
pouvant pas être conçu par l’esprit
humain, ses récits ( la Genèse, etc. )
doivent être lus comme des allégories,
des symboles, et ne doivent pas être
interprétés au premier degré, comme des
faits réels : aujourd’hui, les mu’tazilistes
ne seraient certainement pas «
créationnistes » , et s’accommoderaient
des théories évolutionnistes et
darwiniennes aussi bien qu’a su le faire
assez rapidement l’Eglise catholique ;
- Lorsqu’on croit déceler une
contradiction entre ce que dit le Coran et
ce qu’on observe objectivement ( nous
dirions aujourd’hui entre le Coran et la
science ) , et Dieu ne pouvant
évidemment pas se tromper, c’est donc
nous qui nous trompons : cette
contradiction ne peut donc procéder que
d’une erreur d’ interprétation du Coran de
notre part , et il nous faut donc le
réinterpréter en permanence à la lumière
des données de l’ observation ( = de la
science.) ;
- Le mu’tazilisme s’ oppose à la
prédestination et prône le libre arbitre:
devant le problème de l’existence du mal
dans un monde où Dieu est omnipotent, il
considère le mal comme étant généré par
les erreurs des êtres humains – sinon, les
« punitions divines » n’auraient aucun
sens .
Bien que son rationalisme fût séduisant
auprès des classes éduquées de l’époque,
le mu’tazilisme ne se répandit guère
parmi les masses, probablement du fait
de sa nature élitiste ( un peu comme le
protestantisme à ses débuts, réservé à
ceux qui étaient capables de lire tous
seuls la bible) ; il disparut définitivement
au XIII ème siècle , époque qui marque
aussi (est-ce une coïncidence ?) le début
du déclin de l’ islam et de son
renfermement sur lui-même .
Rendez-nous donc le mu’tazilisme , et ce
sera la fin du « choc des civilisations »
32
cher à Huntington , auquel l’époque que
nous vivons semble malheureusement
donner raison…
Elie Arié
Les prophètes de malheur
Je ne pratique aucune religion, je suis
laïque assumé et je ne suis pas Arabe, car
je suis d’origine amazighe, les
autochtones du Maghreb. Alors, face à la
phobie qui vise les Arabes et les
musulmans, j’aurais pu détourner le
regard, mais ça aurait été mépriser les
valeurs d’une réelle démocratie libérale!
Je côtoie des musulmans québécois,
constitués en majorité de familles
«normales». Dès leur arrivée, ils s’activent
pour dénicher un loyer, trouver des
garderies ou des écoles pour leur
progéniture et refaire leur santé
financière, car l’immigration engloutit
toutes leurs économies. Après, ils
s’engagent dans l’achat d’une maison et
garnissent le Régime enregistré
d’épargne-études de leurs rejetons,
souvent au détriment de leurs propres
régimes d’épargne-retraite, pour leur
garantir la meilleure des formations.
Malheureusement, ces musulmans
attirent injustement la suspicion. Cette
peur est surtout attisée par certains de
leurs anciens compatriotes qui immigrent
au Québec en traînant dans leurs bagages
les ressentiments d’une vie antérieure
tourmentée par l’islam radical. Sans
33. Observatoire de l'islam
preuve, ils ne ratent aucune occasion
pour déchirer leur chemise sur la place
publique, car, selon eux, le Québec est à
la veille d’une imminente invasion
d’islamistes radicaux!
Les musulmans du Québec sont quelque
250 000 âmes. Des études rigoureuses
prouvent que la majorité ne va jamais à la
mosquée, que le quart pratique un islam
modéré, qu’une centaine parmi eux sont
sous la loupe de nos services de sécurité
et qu’une vingtaine serait à haut risque!
Sommes-nous à l’abri d’un attentat
terroriste pour autant? Bien sûr que non!
Dans ce bas monde, le risque zéro n’existe
pas. Toutefois, pour contrer le danger de
l’islam radical, la communauté
musulmane du Québec est notre premier
rempart. D’ailleurs, dans la récente affaire
de radicalisation d’un adolescent
montréalais, c’est son père inquiet qui l’a
dénoncé au SPVM.
Une récente émission d’Enquête à Radio-
Canada consacrée à la supposée montée
de l’intégrisme musulman corrobore ce
fait : la majorité des musulmans
québécois immigre ici avec l’idée de
s’installer et d’avoir une vie meilleure
pour eux et leurs enfants.
Cela dit, il ne faut pas détenir un doctorat
pour affirmer que les groupes État
islamique et Al-Qaïda perpètrent des
crimes contre l’humanité. Mais montrer
du doigt tous les musulmans, c’est non
seulement faire le jeu des terroristes,
mais aussi provoquer injustement les
peurs de la société d’accueil et mettre les
musulmans québécois à l’index!
À tous les prophètes de malheur qui
ravivent les peurs, si le radicalisme
islamiste n’a pas «pogné» dans une
Tunisie dans la tourmente, comment
osez-vous le prédire, avec une vingtaine
de présumés terroristes, dans un Québec
doté d’institutions démocratiques fortes?
33
Hassan Serraji
Algérie : trois femmes et un Coran
Elles ont participé au Congrès
international féminin organisé à Oran
sous l’égide du cheikh soufi Khaled
Bentounès. Leur ambition : promouvoir
une lecture progressiste des textes sacrés.
Démanteler les stéréotypes, déconstruire
le discours des fondamentalistes et les
« fausses vérités » cumulées au fil des
siècles au sujet de la femme pour lui
permettre de se réapproprier son histoire,
ses droits et sa dignité, et ce en
privilégiant une lecture du Coran libérée
des carcans et des visions étriquées.
Tel est l’objectif que s’est assigné le
Congrès international féminin pour une
culture de paix, qui s’est tenu du 28 au
31 octobre, à Oran, en Algérie. Organisée,
en association avec la fondation Djanatu
al-Arif, par l’Association internationale
soufie alawiya (AISA), créée par le cheikh
Khaled Bentounès et qui oeuvre pour
l’émergence d’une société du bien vivre
ensemble, cette rencontre s’est voulue un
espace de débats en vue « de promouvoir
et d’encourager la réflexion autour de la
création d’un mouvement féminin
international, force vive qui porte l’islam
de demain ».
Voici le point de vue de trois éminentes
intervenantes sur les questions du voile,
du droit des femmes à l’aune des
traditions et de la modernité, et de leur
avenir dans le monde musulman.