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Observatoire de l'islam 
OBSERVATOIRE DE L'ISLAM 
1 
La revue de la presse (n°1)
Observatoire de l'islam 
Pourquoi les musulmans sont-ils mal vus 
? 
Universitaire, conférencier, ancien 
bédéiste à M’Quidèche, journaliste, 
rédacteur en chef de TV5, écrivain, 
Slimane Zeghidour, 61 ans, a beaucoup 
écrit sur la religion pour avoir sillonné le 
monde, tâté le pouls des croyances où 
qu’elles se trouvent. Il est venu dans le 
cadre du Forum organisé par nos amis d’El 
Khabar scruter l’image de l’Islam dans les 
médias occidentaux. «C’est un témoin 
privilégié de notre époque bouillonnante 
et bouleversante», avance Ahmed 
Bedjaoui, modérateur de la rencontre 
destinée aux étudiants de l’Université 
d’Alger 3. 
C’est que Slimane Zeghidour connaît le 
monde musulman. Et le monde musulman 
connaît le chercheur qui a consacré 
beaucoup d’écrits à la religion. Slimane 
replonge avec nostalgie dans le terroir. Il a 
quitté Alger il y a 40 ans. Il y revient avec 
d’autres idées. «Je me rends compte, avec 
du recul, qu’Alger était l’une des villes les 
plus cosmopolites du monde. On y croisait 
des exilés brésiliens, chiliens, angolais, 
québécois, noirs-américains, militants 
progressistes. C’était une ville 
extrêmement dynamique culturellement. 
Dans les années 1960-1970, c’était 
politiquement fermé, mais très ouverte 
culturellement ! Ce que j’en pense 
maintenant ? Je dirais sincèrement que ce 
2 
n’est plus le même pays, la même ville. Ce 
que je retiens, c’est qu’à l’époque, c’était 
assez ouvert pour me donner des outils 
culturels afin de m’acclimater sous tous 
les cieux, et assez fermé pour me donner 
l’envie de fuir à l’étranger.» 
Fuir le pays à 20 ans 
Slimane avoue qu’à un certain temps il 
éprouvait de l’amertume, voire de la rage. 
Plus maintenant. A la question de savoir 
s’il a bien apprivoisé l’«exil», il répond du 
tac au tac : «J’ai connu l’exil une fois dans 
ma vie, quand on est partis d’Erraguène 
vers Alger en 1962. Je suis passé du 
moyen-âge au XXe siècle. L’ostracisme des 
Algérois contre nous les montagnards 
était d’une violence inouïe, d’un rejet 
flagrant. C’était la seule expérience où je 
me suis senti vraiment en exil. Depuis, je 
n’ai plus nulle part ressenti ce sentiment 
d’être un étranger, de Santiago du Chili 
jusqu’à Samarcande ! Et Dieu sait 
combien j’ai franchi de frontières. J’ai 
couvert, en tant que grand reporter, 
l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient, les 
Balkans, la Russie et l’Asie centrale. Ce 
sont mes zones de prédilection.» 
La religion, présente dans plusieurs 
travaux de Slimane, serait-elle une quête 
ou juste un travail de recherche ? «La 
religion, je l’ai trouvée sur mon chemin. 
J’ai vu apparaître, ces dernières années, le 
fondamentalisme protestant et 
évangélique en Amérique du Sud, le 
fondamentalisme juif dans les Territoires 
occupés et le fondamentalisme islamiste 
d’Alger jusqu’en Ouzbekistan.» Les églises 
évangéliques se développent à un rythme 
effréné. Elles ont fait du monde 
musulman une terre de mission. Vu les 
ravages du djihadisme et du salafisme, on 
peut penser que le fondamentalisme 
évangélique a de très beaux jours devant 
lui, y compris en terre d’Islam ! Mais tous 
ces fondamentalismes sont des sous-produits 
de la modernité, c’est le 
symptôme d’une crise, et surtout pas la 
solution de cette crise. Quant à
Observatoire de l'islam 
l’intégrisme islamiste, c’est une crise-passion. 
3 
Ce n’est ni le passé ni l’avenir. 
C’est le gel du temps ! 
L’Algérie en couleurs, son dernier 
ouvrage, serait-il un message d’espoir ? 
«Vous savez, mon enfance remonte et me 
rattrape à chaque fois. Je vois l’Algérie 
d’aujourd’hui d’un autre oeil. Quant à 
savoir si je suis confiant en des 
lendemains qui chantent, je répondrai par 
cette boutade russe que j’aime bien : ‘‘Le 
pessimiste est un optimiste bien 
informé’’…». D’entrée, Slimane admet 
que de toutes les conférences données au 
Moyen-Orient, c’est le thème quasi 
obsessionnel qui touche toutes les élites 
dans le monde arabe. 
De fait, il s’agit de comprendre les 
ressorts de cet intérêt qui a quelque 
chose de particulier chez les Arabes. Dans 
la mercuriale des stéréotypes mondiaux, il 
y a quatre catégories humaines, objets de 
stéréotypes négatifs. D’abord américains. 
Continuellement des fatwas dénonçant 
l’impérialisme, des drapeaux US brûlés, 
des discours foncièrement anti-américains. 
Mais a-t-on vu un jour un 
Président américain déplorer cette 
propagande ? Cela les laisse de marbre. 
Avez-vous déjà entendu un Américain dire 
que vous avez bafoué leur 
drapeau ? Leur auto-image leur suffit. Ils 
n’ont pas besoin d’être aimés par les 
autres. Ils croient savoir qui ils sont et cela 
leur suffit. 
Victimes de leur propre image 
Le deuxième groupe, ce sont les Israéliens 
dont la réaction est à la fois semblable et 
différente des Américains. Pour eux, ces 
attaques, notamment des Arabes, 
reflètent leur propre nature. Les Israéliens 
retournent ces images contre leurs 
auteurs pour les criminaliser, pour 
délégitimer la cause et l’assimiler à 
l’antisémitisme. Un exemple concret ? 
Récemment, pour la nomination du 
président exécutif de l’Unesco, il y avait 
M. Hosni, ancien ministre égyptien de la 
Culture, contré par une organisation pro-israélisme 
qui lui a sorti un ancien 
discours dans lequel il disait à peu près 
ceci : «Si cela ne tenait qu’à moi, je 
brûlerai le Centre culturel israélien du 
Caire». Ce discours passionnel d’un 
diplomate dont le pays reconnaît Israël 
n’était pas réaliste et a fait du tort à la 
cause palestinienne, occultant les 
destructions des maisons dans les 
Territoires, où les colonies ont repris, où 
les terres agricoles des Palestiniens sont 
saccagées, où les habitants semblent vivre 
dans une immense prison. Hosni n’a pas 
été élu à l’Unesco. Le célèbre poète, 
Mahmoud Darwich, avait écrit une 
immense réplique à ce sujet destinée aux 
Arabes : «Préservez-nous de votre 
amour». 
Akram Henie, autre poète palestinien, lui 
avait emboîté le pas. «Nous sommes des 
adultes, laissez-nous parler de nous-mêmes 
». C’est vous dire qu’une bonne 
partie du discours sur Israël est retournée 
contre les Arabes. Il y a un site israélien 
qui fait la synthèse chaque jour des 
propos arabes le concernant en 12 
langues de toutes les télés arabes. Ainsi, 
les Arabes font le boulot à la place de 
leurs propres ennemis. La troisième 
catégorie, ce sont les Russes qui ont 
suffisamment d’amour-propre pour ne 
pas être blessés. Ils ont inventé 
l’Occidentalisme. Pour eux, l’Union 
européenne c’est l’Union soviétique 
moins le goulag. Rétif aux idées reçues, 
Slimane aime plutôt aller au-devant des 
choses pour les analyser, les décortiquer. 
Une lutte acharnée contre le temps, les 
modes, préférant ce qui résiste à ce qui 
tire en l’arrière. Ce qui ouvre sur le 
monde, à ce qui enferme et attriste. 
Observateur incisif et audacieux, il scrute 
les horizons et arrive à la conclusion que 
l’Occident, qui est loin d’être un bloc 
monolithique, n’est pas non plus un 
orchestre qui joue la même partition. «On 
me dit là où je vais dans la sphère arabe
Observatoire de l'islam 
que l’Occident a une dent contre le 
monde musulman. Certes, il y a des 
chaînes anti-islamiques, mais elles ne sont 
pas les plus respectées. Les journaux qui 
font dans l’islamophobie se comptent sur 
les doigts d’une main. Si j’étais un Martien 
lisant la presse terrienne, j’apprendrais 
que The Guardian défend nettement 
mieux les causes légitimes des musulmans 
qu’El Ahram. Le scandale de la prison 
d’Abou Ghraïb n’a suscité aucun intérêt 
chez les Arabes, alors qu’il a fait la Une de 
la presse anglo-saxonne. Les Arabes 
disent que l’aversion de l’Occident vient 
du conflit arabo-israélien et des injustices 
qui en résultent. Mais c’est dans la presse 
occidentale, y compris israélienne, que 
nous apprenons les expropriations des 
terres palestiniennes, l’exploitation inique 
et unique de l’eau par les colons, les 
violations quotidiennes des libertés. Cela, 
on ne le trouve pas dans la presse 
égyptienne. La presse égyptienne, 
pourtant très développée, est muette 
comme une carpe, s’interdisant tout 
reportage dans les territoires occupés, 
encore moins à Rafah tout proche ! 
«Les Arabes souffrent, car ils sont 
dépendants de l’opinion que les autres se 
font d’eux. Ils ont besoin de l’approbation 
de l’autre pour se sentir bien. C’est 
l’Occident qui valide leurs valeurs 
humaines. Mais les Arabes ne s’aiment 
pas entre eux. J’ai fait une dizaine de 
pays. Les seules avanies que j’ai subies, 
c’est dans les aéroports arabes. Il faut que 
l’agent t’humilie car l’interrogatoire dans 
ces aéroports est un interrogatoire 
d’humiliation, de réduction et non pas de 
sécurité. L’Arabe fabrique 
quotidiennement la réduction de soi - 
même. Et lorsqu’un Arabe réussit, il y a 
plus de jalousie que d’admiration. Chez 
les autres, la réussite individuelle rejaillit 
sur tout le monde. Chez nous, on s’ingénie 
à chercher la faille, même si elle n’existe 
pas, et quand on la trouve on pousse un 
grand ouf !» «Si ces verrous ne sautent 
pas, prévient Slimane, il n’y aura pas 
d’espérance. Je crois que c’est Aimé 
4 
Césaire qui avait dit que ‘‘Le problème 
avec un préjugé raciste, c’est que la 
victime croit ce que le raciste lui dit’’. Les 
Arabes sont une usine à reproduire les 
préjugés coloniaux et à les utiliser contre 
eux-mêmes. Ils souffrent de l’image 
donnée d’eux par l’Occident. Mais ils ne 
peuvent se construire un amour-propre, 
car ils passent leur temps à dénigrer. En 
vérité, la presse occidentale n’est qu’un 
prétexte de cette douleur de cette 
souffrance.» 
Pour Slimane, l’autocritique est plus que 
souhaitable. «Il faut faire le diagnostic et 
voir ce que nous admirons chez 
l’Occident. L’autocritique ? Pourquoi ne 
pas l’appliquer chez nous afin de sortir de 
ce schéma de victimisation et de 
complotite permanente. Lors du naufrage 
dans la mer Rouge qui a coûté la vie à 
1400 âmes, pas un mot de compassion de 
Moubarak, ni dans la presse égyptienne ! 
Et lorsqu’il y a eu 17 morts, tous 
musulmans, dans le boat-people de 
Lampedusa, toute l’Europe s’est émue et 
l’a fait savoir dans la presse. Même le 
Pape en a parlé et présenté ses 
condoléances !» 
Regard colonial 
«Chez les Arabes, hélas, on a reproduit le 
même regard colonial, perceptible même 
dans les sketches passés à la télé ! 
Pourquoi ? Parce qu’il n’ y a pas d’avancée 
sous les régimes autoritaires. C’est à la 
société de poser les problèmes, car il n’ y 
a pas de vie dans le monde arabe. Il n’ y a 
pas d’entre-chocs des idées. Ce n’est pas 
une question de ligne éditoriale, ni de 
stratégie médiatique, mais de 
changement d’attitude au quotidien. 
Comment promouvoir l’image du 
musulman, alors que la religion est prise 
en otage par des barbares qui exhibent 
fièrement des têtes coupées ? On 
intériorise des concepts ‘‘tu es nul, tu es 
un minable’’ dans l’inconscient, et on finit 
par le croire. Ça crée une carence 
d’amour de soi-même et de son
Observatoire de l'islam 
semblable qui se transforme en haine. De 
plus, il y a une interprétation parfois 
ridicule de la religion. A la télé, on avait 
posé cette question à un ‘‘prétendu’’ 
imam : ‘‘Pourquoi encouragez-vous la 
polygamie ?’’ Vous savez ce qu’il a 
répondu ? ‘‘Les femmes sont comme les 
voitures. Quand l’une tombe en panne, 
l’autre est toujours là’’…». 
Des Algériens émérites sont accueillis 
avec les honneurs en Occident, alors que 
chez eux ils sont considérées comme des 
moins que rien ! Revenons à l’histoire : le 
comportement des bachaghas, des caïds, 
des chaouchs et des garde-champêtres 
était plus violent vis-à-vis de leurs 
coreligionnaires que celui du colon lui - 
même et les petits Blancs (Maltais, 
Gitans…) étaient plus virulents que le 
Français de souche. En Algérie, les 
pouvoirs, hélas, ont reproduit 
l’intériorisation de la violence coloniale. 
Le seul pays anciennement colonisé qui a 
su dépasser ce système abject c’est l’Inde, 
indépendante depuis seulement 1947 et 
qui est devenue une puissance mondiale 
dans plusieurs domaines. 
Cela n’empêche pas les Indiens de 
préserver la statue de la reine qui trône 
toujours à New Delhi et qui est perçue 
comme un simple vestige folklorique. «Ici, 
en Algérie, admet Slimane, je ne crois pas 
que la haine de soi soit fabriquée par le 
pouvoir. Ce serait lui prêter une ingénierie 
sociale et une expertise sophistiquées 
dont il est incapable. Les Arabes et les 
musulmans ne doivent s’en prendre qu’à 
eux- mêmes. Pour améliorer leur image, il 
faut qu’ils fabriquent un discours digne et 
responsable en direction de l’étranger.» 
Sur son lieu de naissance, l’enfant 
d’Erraguène, citoyen du monde, a un 
commentaire amer : «Mon village est 
complètement mort ; d’un côté, dit-il, on 
glorifie le djebel dans le discours officiel et 
la mythologie de la guerre 
d’indépendance, et de l’autre on assiste, 
impassible, au déclin montagnard. C’est 
5 
triste à mourir», soupire-t-il. «Je ne sais 
pas si on peut appeler cela de 
l’indifférence, de l’inculture, de la 
désinvolture ou du suicide… Erraguène 
vaut bien une virée, même si seule dans 
sa solitude elle rechigne comme l’ermite à 
l’ostentatoire.» A-t-elle vraiment évolué ? 
«A part le barrage éponyme, rien n’a 
changé.» Tant pis ou tant mieux, en tout 
cas son illustre enfant a décidé de lui 
rendre justice à sa manière en allant 
comme un troubadour chanter ses 
mérites et ses vertus à San Francisco et à 
Los Angeles, «puisqu’ici tout le monde 
s’en fout.» 
El Watan
Observatoire de l'islam 
Kev Adams défend l’islam dans On n’est 
pas couché, mais s’attire les foudres de 
Twitter 
Kev Adams a toujours le mot pour rire, 
mais le jeune homme sait aussi débattre 
sur des sujets sérieux. Lors de son passage 
dans l’émission On n’est pas couché 
samedi 22 novembre, l’humoriste n’a pas 
hésité à défendre l’islam et les 
musulmans. 
Kev Adams, le Ben Affleck à la française ? 
Lors de son passage dans l’émission On 
n’est pas couché, samedi 22 novembre, 
l’humoriste préféré des adolescents, qui 
a décidé d’arrêter SODA, n’a pas hésité à 
donner son avis devant Laurent Ruquier 
et ses chroniqueurs lorsque les djihadistes 
et l’Etat islamique ont été évoqués. 
« Les musulmans ne sont pas des 
terroristes, ce sont des gens biens » 
Venu présenter son nouveau one man 
show, Kev Adams, le nouvel Aladin, 
prouve qu’il peut aussi parler de sujet 
d’actualité. Invité sur le plateau d’On n’est 
pas couché, au côté d’Elise Lucet, 
l’humoriste a rapidement réagi face aux 
déclarations de la journaliste sur le Djihad 
et l’Etat islamique. Quand l’animatrice 
de Cash Investigation avoue que certaines 
personnes « font tout pour que les jeunes, 
convertis ou musulmans, aient une autre 
6 
vision de l’Islam grâce à ce qu’on leur 
enseigne », Kev Adams réagit aussitôt en 
précisant qu’il ne faut pas faire 
d’amalgame. Il déclare avec fougue : « J’ai 
l’impression qu’il y a des gamins un peu 
paumés qui n’ont jamais mis un pied dans 
une mosquée. J’ai la chance de faire une 
tournée en France, j’aime bien aller visiter 
les différentes communautés et j’ai 
vraiment été dans beaucoup de mosquées 
où on voit que les discours sont juste là à 
dire ‘Soyez fiers d’être musulmans 
français, de faire des belles choses en 
France et de montrer que les musulmans 
ce ne sont pas les terroristes’. Oui, ça c’est 
faux, complètement faux et c’est 
important pour moi de le dire à la télé. » 
Le jeune homme de 23 ans ne s’arrête pas 
là et compte bien se faire entendre sur le 
plateau de Laurent Ruquier en 
poursuivant : « Il y a des jeunes qui 
m’écoutent et il ne faut pas faire 
d’amalgame, les musulmans ne sont pas 
des terroristes, les musulmans sont des 
gens biens », avant d’être salué par son 
ancien mentor et le public. 
Kev Adams répond à ses détracteurs 
Si Kev Adams a fait preuve d’humilité et 
de maturité lors de ses différentes 
interventions dans l’émission On n’est pas 
couché, le jeune homme n’a pas fait 
sensation auprès de tous les internautes. 
En effet, sur Twitter, certains twittos 
n’ont pas hésité à malmener Kev Adams 
avec des gazouillis assez durs. Ainsi, nous 
pouvons lire : 
« #KevAdams est vraiment insupportable! 
Jouer l’ado atardé pendant 10 ans ça lui a 
laissé des séquelles visiblement! #ONPC » 
– @AntoineMokrane 
« Kev Adams tu es le Sida de l’humour 
gros FDP #ONPC (J’espère que mon tweet 
va passer à l’antenne) » – @90minutesFR
Observatoire de l'islam 
« Très bonne intervention de Kev Adams 
qui ne dit rien. S’il pouvait continuer 
comme ça » – @TacusselVictor 
« Kev Adams qui dit « Inchallah » pendant 
#ONPC alors qu’il est juif… Qu’est ce 
qu’on ne ferait pas pour gagner des fans 
… » – @BoutinTrin 
« Kev Adams dans #ONPC : « Le 
djihadisme n’est pas un problème. Le 
problème, c’est Marine Le Pen. » Ce n’est 
pas 2 neurones qu’il a mais zéro ! » – 
@MRichonet 
« @encolere75 #ONPC s il pouvait arrêter 
de parler politique et se contenter de son 
rôle de comique… » – @DHARMA177 
Malgré tout, l’humoriste peut toujours 
compter sur ses admirateurs qui ont 
rapidement salué le discours de leur idole 
sur l’islam mais aussi pour sa maturité sur 
le plateau de Laurent Ruquier. Egalement, 
Kev Adams a le sens de la répartie et a 
décidé de ne pas se laisser faire en 
répondant à ses détracteurs : « Calme ta 
Haine Boris ! Si tu n’aimes pas n’en 
dégoute pas les autres ! » tout en 
remerciant le soutien de ses fans en 
gazouillant : « Merci a vous pour vos 
gentils messages (et meme les mechants) 
a propos de #ONPC ou #VTEP ! Ca me 
touche ! #Love ». 
Cosmopolitan Staragora 
Syrie: Daesh lapide deux hommes 
accusés d’être homosexuels 
Le groupe jihadistes Etat islamique (EI) a 
lapidé mardi en Syrie deux jeunes 
hommes en affirmant qu’ils étaient 
homosexuels, les premières exécutions 
pour ce motif commis par cette 
organisation, a indiqué une ONG. «L’EI a 
lapidé à mort aujourd’hui un homme» de 
20 ans «en disant qu’il était gay», à 
Mayadin, dans la province syrienne de 
7 
Deir Ezzor (est), a indiqué l’Observatoire 
syrien des droits de l’Homme (OSDH). 
L’EI a affirmé avoir trouvé sur son 
téléphone portable des vidéos le 
montrant «pratiquer des actes indécents 
avec des hommes», selon la même 
source. Dans la ville même de Deir Ezzor, 
un jeune homme de 18 ans a également 
été tué mardi de la même façon, et pour 
le même motif. «L’EI a aussi accusé le 
jeune homme (…) d’être gay», a ajouté 
l’OSDH, une organisation basée au 
Royaume-Uni qui se base sur un large 
réseau d’informateurs en Syrie. 
Une femme dentiste décapitée parce 
qu’elle soignait des hommes 
Des militants sur les réseaux sociaux ont 
affirmé que les deux hommes tués étaient 
des opposants à l’EI, et que le groupe 
avait utilisé leur prétendue homosexualité 
comme prétexte pour les tuer. Les 
jihadistes de l’EI ont dans le passé lapidé 
plusieurs femmes accusées d’adultère, 
notamment dans leur fief de Raqqa. 
A Mayadin, une femme dentiste avait été 
décapitée en août parce qu’elle continuait 
à traiter des patients des deux sexes, avait 
indiqué l’ONU dans un rapport le 14 
novembre. Le groupe extrémiste sunnite, 
qui a proclamé en juin un califat sur les 
régions sous son contrôle en Syrie et en 
Irak, est accusé de crimes contre 
l’humanité par l’ONU, en raison de 
nombreuses exactions qu’il 
commet: décapitations, crucifixions, 
esclavage, etc. 
Céline Boff
Observatoire de l'islam 
Nicolas Sarkozy demande à l’islam «ce 
qu’il peut faire pour la République» 
Nicolas Sarkozy parmi les siens. A quatre 
jours du vote des adhérents de l’UMP 
pour élire le successeur de Jean-François 
Copé, Nicolas Sarkozy tient ce mardi soir 
un meeting dans l’un de ses fiefs, à 
Boulogne-Billancourt (Hauts-de- 
Seine). «Un département qui m’a tout 
donné», loue-t-il devant ses soutiens, 
parmi lesquels ses fils Jean et Louis, assis 
au premier rang. 
Dernier candidat déclaré à la présidence 
de l’UMP face à Hervé Mariton et Bruno 
Le Maire, Nicolas Sarkozy est rompu à 
l’exercice en cette fin de campagne. Tel 
un maître de cérémonie, il sait chauffer 
son public. Et lancer, quelques minutes 
après le début de son intervention: «Je ne 
suis pas là pour être l’élu du système 
médiatique, l’élu des commentateurs». Le 
propos populiste est reçu 5 sur 5 par les 
centaines de militants qui applaudissent à 
tout rompre. Avant d’expliquer sa sortie, 
goguenard, par «la passion, le 
coeur» car «dans le public, il y a Carla». 
L’affaire des sifflets de Bordeaux 
Revenant brièvement sur les sifflets qui 
ont visé samedi Alain Juppé lors de son 
meeting à Bordeaux, Nicolas Sarkozy 
devient ambigu: s’il n’aime pas les sifflets, 
il ne sera pas «celui qui fera taire les 
adhérents de l’union. Car ici c’est la 
famille de la liberté». Pas vraiment une 
phrase qui apaisera les dissensions avec 
celui qui apparaît comme le rival le plus 
sérieux dans la course à la présidentielle 
2017. Pourtant, Nicolas Sarkozy assure ne 
8 
pas vouloir «de bagarre dans [s]a famille 
politique», soulignant avoir «besoin 
d’Alain Juppé, de François Fillon» pour la 
suite de l’aventure du principal parti de 
droite. 
Comme lors de ses précédents meetings, 
Nicolas Sarkozy parle peu de l’UMP, de sa 
future organisation. Rien sur l’abandon du 
nom du parti, «UMP», ou sur les relations 
avec le centre. Nicolas Sarkozy multiplie 
plutôt les commentaires sur 
l’immigration, rappelle sa volonté de 
sortir des règles communautaires de 
déplacements (Schengen). «Je ne crois 
plus à la possibilité de réformer le 
système (…). Il faut changer le système. Il 
faut sortir de Schengen (…) avant d’établir 
un deuxième Schengen.» Avant 
d’embrayer sur l’islam. «Ne vous 
demandez pas ce que la République peut 
faire pour l’islam, mais ce que l’islam peut 
faire pour la République (…) La république 
est en droit de demander une habilitation 
à certains [imams qui tiennent des propos 
extrémistes]». 
Des militants FN en embuscade 
Volontiers badin, se 
décrivant «hyperactif», Nicolas Sarkozy 
est chez lui, dans le coeur des militants qui 
scandent et applaudissent «Nicolas». 
Devant ses proches, Patrick Balkany, 
NKM, ou encore Eric Woerth. Et 
pourtant… même à Boulogne-Billancourt, 
tous ne sont pas acquis à l’ancien 
Président. Peu avant le meeting, une 
dizaine de militants FN tractent aux portes 
du gymnase où se tient la grand-messe 
sarkozyste. Des tracts promptement 
arrachés des mains par la sécurité. 
Anne-Laëtitia Béraud
Observatoire de l'islam 
Le blasphème, ce « crime » toujours 
punissable dans un cinquième de la 
planète 
Un cinquième des pays de la planète ont 
(encore) des lois punissant le blasphème. 
Et contrairement à une idée reçue, il n’y a 
pas que des pays musulmans : les 
chrétiennes et européennes Allemagne, 
Irlande ou Grèce, le Pérou également 
chrétien mais sud-américain, ou l’Inde 
hindouiste, font partie de la liste. 
Samedi, Kenneth Roth, le directeur de 
l’organisation de défense des droits de 
l’homme Human Rights Watch a 
condamné sur Twitter les 
« gouvernements qui continuent à 
imposer des discours et opinions religieux 
au travers de la lois sur le blasphème ». 
Une condamnation accompagnée d’une 
carte réalisée par le site Global Post qui 
montre que le blasphème est punissable 
surtout dans le monde arabo-musulman, 
mais pas seulement. 
PS : Sur Twitter, Antonio A. Casilli nous 
signale qu’« en l’Italie aujourd’hui le 
blasphème n’est plus un crime mais une 
infraction sanctionnée par une amende de 
51 à 309€… » 
Pierre Haski 
Le cheikh d’Al-Azhar condamne la 
« barbarie » de l’État islamique 
Ahmed al-Tayeb, le cheikh d’Al-Azhar, a 
condamné mercredi les « crimes barbares 
9 
commis par le groupe État islamique (EI) 
en Irak et en Syrie » lors d’une conférence 
internationale. 
Le cheikh Ahmed al-Tayeb a tenu 
mercredi 3 décembre une conférence de 
presse au Caire rassemblant des 
dignitaires religieux d’une vingtaine de 
pays, dont l’Arabie saoudite, l’Iran et le 
Maroc. Selon le cheikh d’Al-Azhar, la plus 
prestigieuse institution de l’islam sunnite, 
« l’État islamique commet des crimes 
barbares en revêtant les habits de cette 
religion sacrée » et tente « d’exporter le 
faux islam ». « Je me demande (…) jour et 
nuit les raisons de cette sédition aveugle 
et de ce malheur arabe, entaché par le 
sang », a-t-il poursuivi. 
Il a aussi fait porter à l’Occident une part 
de responsabilité, citant en exemple l’Irak 
qui onze ans après son invasion (par les 
États-Unis) « est livré à des milices rivales, 
ce qui a conduit à des bains de sang », 
ajoutant que la situation était similaire en 
Syrie. Il a également appelé la coalition 
antijihadiste conduite par les États-Unis à 
combattre aussi les « pays qui 
soutiennent le terrorisme financièrement 
et militairement ». Le cheikh a cependant 
reconnu qu’il ne fallait pas ignorer « notre 
propre responsabilité dans l’apparition de 
l’extrémisme qui a donné naissance à des 
organisations comme Al-Qaïda et à 
d’autres groupes armés. » 
Dimanche dernier, le pape François avait 
lancé un appel à tous les dirigeants 
musulmans de clairement condamner le 
terrorisme islamiste, après avoir pris en 
Turquie une défense vigoureuse des 
chrétiens d’Orient, menacés par les 
jihadistes en Irak et en Syrie. (Jeune 
Afrique)
Observatoire de l'islam 
Daesh a installé des camps 
d’entraînement en Libye 
Les djihadistes de Daesh affirment leur 
présence dans l’est de la Libye. «Ils ont 
installé des camps d’entraînement» en 
Libye, où se trouvent quelque 200 
djihadistes, a déclaré à des journalistes le 
général David Rodriguez, chef du 
commandement de l’armée américaine 
pour l’Afrique. Le gradé américain a 
toutefois qualifié le phénomène de «très 
petit et naissant». 
Interrogé pour savoir si ces camps 
d’entraînement deviendraient une autre 
cible de l’armée américaine, déjà engagée 
dans des raids aériens contre 
l’organisation en Syrie et en Irak, le 
général Rodriguez a répondu: «Non, pas 
maintenant». 
Daesh «a commencé ses initiatives dans 
l’est en introduisant des gens», a-t-il 
expliqué. «Mais nous devons juste 
continuer à surveiller et à regarder cela de 
près à l’avenir pour voir ce qui se passe et 
si ça se développe toujours», a-t-il ajouté. 
Les combattants du groupe EI en Libye ne 
sont pas des volontaires venus de 
l’étranger mais des membres de milices 
qui ont fait allégeance à ce groupe 
djihadiste, a précisé le général quatre 
étoiles. 
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont 
récemment fait part de leur «sérieuse 
préoccupation» au sujet de la montée de 
la violence en Libye. Depuis la chute en 
2011 du régime de Mouammar Kadhafi 
après une révolte de huit mois, les 
autorités de transition n’ont pas réussi à 
10 
former une armée et à asseoir leur 
autorité sur les nombreuses milices qui 
font la loi dans le pays. 
Les pays occidentaux craignent que ces 
troubles soient un terrain fertile pour les 
extrémistes, y compris Daesh, qui a déjà 
conquis de larges pans de territoires en 
Irak et en Syrie. Selon des experts, la ville 
de Derna dans l’est de la Libye s’est déjà 
transformée en «émirat islamique» et est 
devenue le fief des partisans de Daesh. 
20 Minutes 
Un Savoyard converti à l’islam 
emprisonné au Maroc 
Sa famille assure qu’il n’a aucun lien avec 
l’intégrisme. Sur un blog, il affirme qu’il 
entre en grève de la faim. 
Thomas Marchal a 22 ans. Depuis trois 
semaines, il goûte au régime carcéral 
marocain. Arrêté par la Sûreté nationale 
antiterroriste à Marrakech, il a passé 
treize jours en garde à vue à Casablanca, 
avant d’être placé en détention provisoire 
à la prison de Salé, près de Rabat. Pour sa 
famille en France, rien ne justifie cet 
emprisonnement. « Mon frère s’est 
converti à l’islam », reconnaît sa soeur 
cadette Charlotte, « mais il n’adhère pas 
du tout aux thèses extrémistes ». Son
Observatoire de l'islam 
choix religieux serait lié à la nécessité de 
trouver un équilibre personnel de la part 
de ce jeune homme, qui a perdu son père 
il y a près de dix ans, avant de dériver un 
peu. »Il aurait tout aussi bien pu 
s’orienter vers le bouddhisme », suppose 
sa soeur. 
Reste que cette conversion a interloqué 
beaucoup de ses connaissances à 
Modane, où vit une importante 
population de confession musulmane, 
mais plutôt d’origine turque. D’autant que 
Thomas Marchal a adopté assez vite les 
signes extérieurs de sa nouvelle religion: 
longue barbe, djellabah. En mai 2013, il a 
choisi de s’expatrier au Maroc pour 
pouvoir vivre sa foi. D’abord employé 
dans un snack, il a selon sa soeur trouvé 
du travail dans une plateforme 
téléphonique. Après un retour en France 
au printemps pour accomplir des 
démarches administratives, il est reparti 
au Maroc. 
Après son arrestation et son placement en 
détention provisoire, il a pu contacter sa 
famille, qui a relayé l’alerte sur un site qui 
recense les cas d’Européens emprisonnés 
au Maroc. Thomas Marchal assure qu’il a 
été interrogé des jours durant, qu’on lui a 
fait signer des procès-verbaux rédigés en 
arabe (langue qu’il ne comprend que très 
peu à l’oral, et ne lit pas) en lui 
promettant que cela lui permettrait de 
repartir très vite en France. Il indique qu’il 
n’a bénéficié de l’assistance ni d’un 
traducteur, ni d’un avocat. « Ils ont essayé 
de me faire avouer des choses qui ne 
m’ont jamais concerné : idéologie 
dangereuse, terrorisme, partir en Syrie, 
faire le Djihad, faire péter une bombe, 
etc. », peut-on lire sur le blog. 
Thomas Marchal a peut-être été 
« donné » par des indicateurs des forces 
de l’ordre marocaines. »Là où il habitait, 
il y a des extrémistes, et des gens qui ne le 
sont pas », croit savoir sa soeur, 
« quelqu’un a dû donner son nom pour se 
protéger lui-même ». Ou d’autres. 
11 
L’affaire est en tout cas bien complexe. Il 
semblerait que les autorités françaises en 
aient connaissance, sans qu’aucune 
confirmation ait pu encore être obtenue. 
Mercredi, Thomas Marchal a annoncé son 
intention d’entamer une grève de la faim. 
Frédéric THIERS 
Égypte : peine de mort confirmée pour 
sept islamistes accusés d’avoir tué 25 
policiers 
Un tribunal égyptien a confirmé samedi 
les condamnations à mort de sept 
islamistes reconnus coupables 
d’implication dans la mort de 25 policiers 
tués dans le Sinaï (nord-est) en 2013 et de 
collaboration avec Al-Qaïda. 
Le 19 août 2013, des assaillants avaient 
attaqué à la roquette deux minibus de la 
police, tuant 25 policiers qui se rendaient 
à Rafah, ville du Nord-Sinaï où de 
nombreux groupes islamistes armés sont 
actifs. 
Cette attaque s’était produite quelques 
semaines seulement après l’éviction du 
président islamiste Mohamed Morsi par le 
chef de l’armée de l’époque Abdel Fattah 
al-Sissi, devenu depuis président de 
l’Egypte. La Cour criminelle du Caire avait 
déjà prononcé les condamnations à mort 
des sept accusés mi-octobre. Ces peines 
capitales ont ensuite été soumises à l’avis 
–purement consultatif– du mufti, 
représentant de l’islam auprès des 
autorités.
Observatoire de l'islam 
Trois autres accusés dans la même affaire 
ont été condamnés à la détention à vie, et 
22 autres à 15 ans d’emprisonnement. La 
prison à vie est de 25 ans en Egypte. Trois 
autres accusés ont été acquittés, a 
indiqué la Cour dans son verdict, 
retransmis en direct à la télévision 
samedi. 
Les attentats à la bombe et les attaques 
visant policiers et soldats se sont 
multipliés dans tout le pays, mais 
notamment dans le Sinaï, depuis la 
destitution de Mohamed Morsi. L’armée a 
lancé une vaste offensive ces derniers 
mois dans le nord de la péninsule pour y 
déloger notamment le groupe jihadiste 
Ansar Beït al-Maqdess ayant revendiqué 
de nombreuses attaques et fait 
récemment allégeance à l’organisation 
Etat islamique. 
Le groupe a revendiqué fin octobre un 
attentat suicide ayant provoqué la mort 
de 30 soldats dans le Sinaï, l’attaque la 
plus meurtrière ayant visé l’armée depuis 
la destitution de M. Morsi. Ansar Beït al- 
Maqdess affirme agir en représailles à la 
sanglante répression qui s’est abattue sur 
les partisans de M. Morsi depuis son 
éviction. Plus de 1.400 manifestants pro- 
Morsi ont été tués par policiers et 
militaires et plus de 15.000 de ses 
partisans ont été arrêtés et des centaines 
condamnés à mort dans des procès de 
masse expédiés en quelques minutes et 
qualifiés par l’ONU de « sans précédent 
dans l’histoire récente ». 
Jeune Afrique 
Rien à voir avec l’islam : Iran 43 
pendaisons en 9 jours 
L’Iran, ce pays respecté par l’extrême 
droite française, mais aussi par Pascal 
Boniface qui la trouve très fréquentable, a 
encore montré son immense cruauté : il y 
a eu 43 exécutions par pendaison en 9 
jours, dont 2 femmes et 3 mineurs. 
12 
Mais cela n’a rien à voir avec l’islam, et 
l’Iran est membre du Conseil des droits de 
l’homme de l’ONU. 
Quand je parle de cruauté, c’est 
mon point de vue subjectif : aucun 
politique n’a dénoncé ces dernières 
exécutions, il n’y a eu aucune 
condamnation à l’ONU, aucun vote de 
sanction à l’Assemblée nationale 
française, aucun entrefilet dans les 
journaux. 
Pour ces gens là, il existe plus cruel : la 
construction d’appartements de quatre 
pièces salle de bain en Judée Samarie par 
Israël. Là dessus les médias savent 
hausser le ton, et faire leur grands titres 
sur ces monstruosités. 
Là vous voyez les journalistes montrer 
comme ils sont aux premières lignes pour 
la défense des Droits de l’homme. 
Les 43 exécutions en Iran : si elles ne sont 
pas dans les journaux, c’est certainement 
qu’elles sont humanitaires. 
Jean-Patrick Grumberg 
Deux femmes arrêtées en Arabie 
Saoudite pour avoir… conduit 
Depuis lundi, deux jeunes saoudiennes se 
trouvent en détention à Al-Hassa, ville 
située à l’est de l’Arabie saoudite. Le 
délit ? Elles ont tenté de passer la
Observatoire de l'islam 
frontière depuis Dubaï (Emirats arabes 
unis) au volant de leur véhicule… 
Les associations de défense des droits de 
l’Homme sont sur le pied de guerre, toute 
la grande presse Française relaie 
l’anecdote, l’air de prouver au lecteur que 
le « droit des Femmes » est encore 
menacé, ici comme ailleurs… Interdire à 
des femmes de conduire est d’une bêtise 
crasse, mais ce n’est pas nouveau et c’est 
loin d’être la pire interdiction du 
Royaume. Les autres ne sont pourtant pas 
relayées… 
Soyons clairs, on ne peut que souhaiter la 
libération immédiate de ces deux femmes 
injustement emprisonnées. Mais il est 
assez intéressant de voir les journalistes 
s’indigner sur des faits anecdotiques sans 
ne jamais pointer la cause de ces lois, 
écrites ou non. La cause, c’est l’Islam 
sunnite rigoureux que pratiquent et 
imposent les autorités saoudiennes. 
L’Arabie Saoudite est un État islamique 
qui sait se maquiller, rien de moins. Elle 
sait parler aux Occidentaux depuis qu’elle 
leur vend du pétrole et aucun occidental 
n’a entreprit d’imposer la « démocratie » 
ou les « droits de l’Homme » à grands 
coups de bombardements pour cette 
même raison… 
Il y a deux mois, il fallait applaudir l’entrée 
de l’Arabie Saoudite dans la coalition 
américaine, cette magnifique entente 
internationale pour détruire l’infâme tout 
en continuant à le soutenir dans ses 
filiales syriennes… Comme il faut croire à 
la fable des gentils rebelles « modérés » 
syriens contre les méchants djihadistes 
irakiens, il faudrait croire au respectable 
Royaume d’Arabie Saoudite contre 
13 
l’atroce État Islamique combattu 
mollement depuis quelques semaines. 
Sous le règne de l’État Islamique, les 
femmes portent la burqa et ne peuvent 
pas conduire, les homosexuels sont 
décapités, les Yézidis réduites à 
l’esclavage, les Chrétiens chassés, les 
églises détruites, la liberté religieuse 
interdite. C’est atroce, et c’est pareil en 
Arabie Saoudite : les Chrétiens ne peuvent 
pratiquer leur foi, la construction d’église 
est interdite, les homosexuels sont 
décapités, les étrangers réduits à 
l’esclavage et les femmes en burqa 
interdites de conduite. 
La bien-pensance aura beau se muer en 
exégète de l’islam et répéter qu’il s’agit là 
d’une mauvaise lecture du Coran, les faits 
sont là. La réalité constitue l’amalgame 
même si de nombreux musulmans sont 
des hommes bons : aucun pays 
théocratique musulman ne laisse sa place 
à la femme, aucun ne laisse aux Chrétiens 
le droit de vivre sans craindre d’être 
chassé de leur propre pays. 
Et les Français sont désormais nombreux à 
rire avec Dieu des hommes qui déplorent 
les effets dont ils chérissent les causes… 
Hurler au scandale après l’arrestation de 
ces deux femmes est légitime, ne pas 
pointer la cause est inutile là-bas, et 
dangereux ici. 
« Chassez le Christianisme, vous aurez 
l’Islam », prévenait Chateaubriand… A 
l’heure où les crèches sont interdites par 
des héritiers du laïcisme virulent qui 
piétinent l’identité française en 
encourageant d’autres à s’implanter, nos 
journalistes feraient bien de se pencher 
sur l’islamisation du pays avant de 
découvrir horrifiés dans quelques années 
que c’est dans des quartiers français que 
certaines femmes n’auront plus le droit 
de conduire. 
Boulevard Voltaire
Observatoire de l'islam 
Egypte: Al-Azhar et le Vatican acceptent 
de renouer le dialogue 
Les gardiens de la mosquée Al-Azhar en 
Egypte ont annoncé un nouvel accord 
ouvrant la voie à la reprise du dialogue 
interreligieux avec le Vatican sur la base 
du respect mutuel entre l’Islam et le 
Christianisme. 
Le sous-secrétaire d’Al-Azhar, Abbas 
Shouman, a déclaré dans un communiqué 
publié dimanche qu’il salue sans réserve 
la reprise du dialogue avec le Vatican, 
suspendue à la suite des opinions 
controversées de l’ancien pape Benoît XIV 
sur l’Islam. 
« Nous voulons une position officielle du 
Vatican signifiant leur respect envers 
l’Islam et effaçant les effets des 
remarques du Pape Benoît XVI, qui n’ont 
pas été bien reçus par la communauté 
musulmane à travers le monde », ajoute 
le communiqué. 
Le porte-parole de l’Eglise catholique en 
Egypte, Rafiq Graish, a déclaré que 
l’institution salue ce qu’il a qualifié 
d’ouverture de la part Al-Azhar, le 
principal centre théologique de l’Islam 
sunnite. 
Aucune mention n’a été faite de la date 
exacte de la reprise du dialogue. 
Plus de dix ans de dialogues avec le 
Vatican avaient été partiellement 
suspendus suite aux propos polémiques 
du pape Benoît XVI qui avait insinué que 
l’Islam était synonyme de violence. 
14 
Ce qui restait du dialogue islamo-chrétien 
a été complètement détruit en 2011 après 
que le même souverain pontife a accusé 
les musulmans de persécuter les chrétiens 
au Moyen-Orient. 
Depuis la renonciation de Benoît XVI le 28 
février 2013, des efforts ont été entrepris 
pour relancer le dialogue en vue de 
favoriser une meilleure compréhension 
entre fidèles des deux religions. 
APA 
Un Coran à base de plantes, unique au 
monde, est exposé à Dubaï 
Les mille et une vertus des plantes 
médicinales n’avaient pas de secret pour 
lui, feu Hakim Hamdi Taher, un médecin 
turc adepte de la thérapie Unani, 
prodigieuse et millénaire, élaborée au 
VIIème par la fine fleur des savants arabes 
et persans, a consacré 22 années de sa vie 
à préparer la décoction idéale à partir de 
laquelle un exemplaire unique du Saint 
Coran a été confectionné. 
Cette véritable potion magique mêlant 
plus de 200 plantes réputées pour leurs 
effets actifs puissants en phytothérapie a 
été conçue entre 1957 et 1979, et c’est 
plus de trois décennies après sa 
composition que le Noble Coran, 
entièrement fait main, qui en est issu, a 
trouvé une vitrine de prestige pour 
s’exposer aux yeux de tous, du 7 au 11 
décembre : l’émirat de Dubaï. 
« Nous sommes honorés de recevoir ce 
magnifique travail, empreint de passion et 
de dévotion, réalisé au soir de son
Observatoire de l'islam 
existence par Hakim Hamdi Taher. C’est 
de la bien belle ouvrage !« , a déclaré 
Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari, 
conseiller religieux islamique à Heddem 
Arts, en vantant les propriétés curatives 
insoupçonnées de ce Coran de 7,5 kilos, 
dont « le subtil mélange de plantes 
s’infiltre dans les doigts du lecteur et à 
travers les pores de la peau, procurant un 
bien-être, voire même agissant sur 
certains troubles et affections. » 
S’égrenant sur 606 pages, les sourates de 
cet ouvrage exceptionnel ont été gravées 
à l’aide d’une crème spéciale, enrichie en 
huiles essentielles, dont ont été enduites 
toutes les feuilles et leurs bordures. 
Après avoir vérifié auprès de 1 714 
musées répartis dans 80 pays que ce 
Coran réalisé de manière artisanale 
n’avait aucun équivalent à l’échelle 
planétaire, le ministère des Affaires 
religieuses de Dubaï l’a dûment 
homologué, avant de crouler sous les 
offres d’acheteurs potentiels. « Nous 
avons en effet reçu des offres de plusieurs 
acheteurs, mais nous n’accepterons de le 
céder qu’à un acquéreur dont on aura la 
certitude qu’il apprécie sincèrement les 
valeurs islamiques », a insisté Abdul Azeaz 
Bin Hassan Moulavi Malabari. 
Regorgeant de bienfaits thérapeutiques 
en plus de l’infinie sagesse qui découle de 
ses pages, on oserait presque dire que ce 
Coran devrait être remboursé par la 
sécurité sociale… Sauf pour les grands 
pourfendeurs de l’islam, auxquels aucune 
plante, aussi apaisante et miraculeuse 
soit-elle, ne parviendra à insuffler la 
hauteur de vue qui leur fait si cruellement 
défaut… 
Oumma.com 
15
Observatoire de l'islam 
Lettre ouverte à l’Etat islamique 
Dans une lettre ouverte au calife 
autoproclamé et chef de l’organisation de 
l’Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi, 
des érudits musulmans du monde entier 
condamnent, Coran à l’appui, les atrocités 
commises par les djihadistes. 
« Vous avez donné au monde un bâton 
pour battre l’islam alors qu’en réalité 
l’islam est complètement innocent de ces 
actes et les interdit. » C’est en substance 
le messageadressé à l’organisation de 
l’Etat islamique par plus de 120 
musulmans issus de nombreux pays – 
dont l’Egypte, le Liban, l’Irak, le Pakistan, 
l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, ainsi que 
des Etats européens. 
Voici, traduit en français, l’essentiel des 
32 pages dans lesquelles les signataires – 
sunnites comme les membres de l’EI – 
dénoncent les actes des djihadistes et 
démontrent qu’ils sont illicites au regard 
de l’islam. 
Note de synthèse 
1. Il est interdit dans l’islam d’émettre des 
fatwas sans disposer des connaissances 
requises. Même dans ce cas, les fatwas 
doivent respecter le droit islamique tel 
qu’il est défini dans les textes classiques. Il 
est également interdit de citer un verset, 
même incomplet, du Coran pour en tirer 
un règlement sans considérer tout ce que 
le Coran et les hadith [recueil des faits et 
paroles attribués au Prophète] enseignent 
sur la question. En d’autres termes, les 
fatwas répondent à des conditions 
16 
subjectives et objectives strictes et nul ne 
peut « prélever » des versets coraniques 
pour appuyer des arguments juridiques 
sans considérer le Coran et les hadith 
dans leur ensemble. 
2. Il est interdit dans l’islam d’émettre des 
règlements juridiques sur quoi que ce soit 
sans maîtriser la langue arabe. 
3. Il est interdit dans l’islam de 
schématiser les questions liées à la charia 
et d’ignorer les sciences islamiques 
établies. 
4. Il est autorisé dans l’islam [aux lettrés] 
d’exprimer des avis divergents sur 
quelque sujet que ce soit sauf sur les 
fondements religieux que tout musulman 
se doit de connaître. 
5. Il est interdit dans l’islam d’ignorer la 
réalité de l’époque contemporaine quand 
on établit des règlements juridiques. 
6. Il est interdit dans l’islam de tuer des 
innocents. 
7. Il est interdit dans l’islam de tuer des 
émissaires, ambassadeurs et diplomates ; 
il est par conséquent interdit de tuer des 
journalistes et des membres 
d’organisations humanitaires. 
8. Le djihad dans l’islam est une guerre 
défensive. Elle n’est pas autorisée sans 
une juste cause, de justes objectifs, et 
sans respecter des règles de conduite. 
9. Il est interdit dans l’islam de déclarer 
que quelqu’un est non musulman, sauf s’il 
(ou elle) professe ouvertement ne pas 
avoir la foi. 
10. Il est interdit dans l’islam de blesser 
ou de maltraiter – de quelque façon que 
ce soit – des chrétiens ou autres « gens du 
Livre ». 
11. Il est obligatoire de considérer les 
Yézidis comme des gens du Livre.
Observatoire de l'islam 
12. La réintroduction de l’esclavage est 
interdite dans l’islam. Il a été aboli par 
consensus universel. 
13. Il est interdit dans l’islam de convertir 
les gens par la force. 
14. Il est interdit dans l’islam de priver les 
femmes de leurs droits. 
15. Il est interdit dans l’islam de priver les 
enfants de leurs droits. 
16. Il est interdit dans l’islam d’imposer 
des peines légales (hudud) sans respecter 
les procédures appropriées afin de 
garantir justice et miséricorde. 
17. Il est interdit dans l’islam de torturer 
les gens. 
18. Il est interdit dans l’islam de défigurer 
les morts. 
19. Il est interdit dans l’islam d’attribuer 
des actes néfastes à Dieu. 
20. Il est interdit dans l’islam de profaner 
les tombes et les sanctuaires des 
prophètes et des compagnons. 
21. L’insurrection armée est interdite 
dans l’islam pour toute raison autre que 
l’absence avérée de foi du dirigeant et son 
refus de laisser les gens prier. 
22. Il est interdit dans l’islam de déclarer 
un califat sans l’accord de tous les 
musulmans. 
23. La fidélité envers sa nation est 
autorisée dans l’islam. 
24. Après la mort du Prophète, l’islam 
n’exige de personne qu’il émigre où que 
ce soit. 
Courrier international 
17 
Chebel : « Les musulmans ont peur du 
dialogue » 
Le philosophe et spécialiste de l’islam 
analyse la venue du pape à Istanbul. 
Les musulmans peuvent-ils être sensibles 
aux gestes et au discours du pape 
François à Istanbul? 
Les images que nous avons vues sont très 
belles, elles symbolisent une grandeur 
d’âme et une volonté politique. Dans la 
foulée de ses prédécesseurs, il a voulu 
transcender les contraires en visionnaire 
et non pas en comptable d’une actualité 
tragique dans cette région. C’était 
important qu’il se montre ainsi en 
Turquie, le seul État musulman héritier 
historique du vrai califat tout en restant 
structurellement démocratique. 
Le pape montre son respect pour les 
musulmans, pourquoi est-il difficile de 
voir l’inverse? 
D’abord parce que l’islam n’a pas de 
clergé ni de hiérarchie unique, il ne se 
centre pas autour d’une seule et même 
personne qui a autorité. Mais aussi parce 
que, d’un point de vue collectif, cette 
religion ne semble pas s’intéresser au 
progrès, à une conquête résolue de 
l’avenir sans atermoiements. Moi-même, 
lorsque je vais débattre dans des églises 
chrétiennes avec une grande croix du 
Christ derrière moi, je n’ai pas peur. Les 
musulmans, d’une façon générale, ont 
peur du dialogue. Pour eux, le monde 
chrétien est encore très inconnu. Et 
pourtant, ce dialogue est nécessaire et il 
doit s’approfondir.
Observatoire de l'islam 
Il existe pourtant de grandes voix 
respectées de l’islam dans le monde, 
qu’attendez-vous d’elles? 
La question est celle de la légitimité. 
L’islam est divisé entre courants qui 
dépassent de loin la fracture entre chiites 
et sunnites, et entre pays aussi différents 
que l’Arabie saoudite, qui abrite 
La Mecque, l’Égypte de la mosquée Al- 
Azhar, référence théologique, et de 
l’Indonésie, pays musulman le plus 
peuplé. J’ai souhaité que se réunissent un 
jour les dix plus grandes voix de l’islam 
pour former un collège de référence et 
énoncer ensemble la bonne parole, celle 
que j’appelle l’islam des Lumières. Mon 
rêve serait de les voir se réunir avec les 
leaders de la chrétienté et du judaïsme 
pour un concile de la paix entre les trois 
grandes religions monothéistes. 
En attendant, pensez-vous que le pape 
peut convaincre les musulmans de sa 
volonté de dialoguer? 
François est respecté parmi les 
musulmans modérés. N’étant pas 
capables de le juger sur le plan 
théologique, nous voyons tous qu’il est 
bon, qu’il suscite de la ferveur, qu’il 
répond à des attentes, qu’il redonne de 
l’espoir à beaucoup. Est-ce qu’il va trop 
vite? Personnellement, je le pense mais 
ses gestes d’ouverture et de tolérance 
sont les conditions mêmes du dialogue. 
François Clemenceau 
« Le djihadisme est une hérésie au sein 
de notre religion » 
Professeur d’études islamiques à 
l’université libanaise à Beyrouth, ancien 
compagnon d’études du grand imam 
Ahmed Al Tayyeb à l’Université Al Azhar, 
Ridwan Al-Sayyid est l’un des 
organisateurs de la Conférence contre 
l’extrémisme et le terrorisme qui s’est 
tenue au Caire, les 3 et 4 décembre. 
18 
Pourquoi avoir invité des chrétiens à 
cette Conférence d’Al Azhar contre 
l’extrémisme et le terrorisme ? Les 
interventions n’ont-elles pas montré que 
le problème était plutôt interne à 
l’islam ? 
Ridwan al-Sayid : Beaucoup 
d’événements graves sont survenus en 
2013 et 2014. Depuis six mois, avec 
également Mohamed Sammak, le 
secrétaire général du Comité national 
pour le dialogue islamo-chrétien au Liban, 
nous sommes un petit groupe à nous 
réunir autour du grand imam, Ahmed 
Al Tayyeb. Nous lui avons suggéré cette 
conférence pour mettre sur la table trois 
sujets : le terrorisme et le 
fondamentalisme, nos mauvaises 
relations avec les chrétiens et le conflit 
entre sunnites et chiites. Il a accepté et il y 
a un mois, nous nous sommes attelés à sa 
préparation. 
Avez-vous le sentiment que des solutions 
ont été trouvées dans chacun de ces trois 
domaines ? 
R.A-S. : Les problèmes, bien évidemment, 
ne sont pas encore résolus. Mais pendant 
deux jours, nous avons parlé et vous avez 
entendu tout ce qui s’est dit, y compris 
entre les sunnites qui sont eux-mêmes 
divisés. Sur la question du califat par 
exemple, quelle est notre position ? À 
mon avis, rétablir cette institution nous 
plongerait dans de graves difficultés… 
Mais nous avons en commun notre 
volonté de nous battre contre le 
djihadisme, qui est une hérésie au sein de
Observatoire de l'islam 
notre religion. Le problème est aussi que 
ce terrorisme donne à l’islam une 
mauvaise image : une hérésie interne est 
souvent plus dangereuse que des ennemis 
extérieurs… 
Comment contrer le discours 
extrémisme ? 
R.A-S. : À mon avis, la voix sécuritaire ne 
suffit pas : elle permet seulement aux 
États de se défendre. Mais nous, comme 
musulmans et représentants des 
institutions religieuses, que pouvons-nous 
faire pour éradiquer cette hérésie ? 
Comme le suggère la déclaration finale, il 
faut une réforme religieuse et une 
renaissance intellectuelle et celles-ci 
doivent être menées par les institutions 
religieuses, pas par les gouvernements. 
L’État ne peut pas être un État religieux, 
théocratique : il n’est là que pour gérer les 
affaires civiles. C’est à nous d’éduquer nos 
jeunes de telle sorte qu’ils ne se tournent 
pas vers le fondamentalisme ! 
Or nos institutions n’ont pas fait leur 
travail : ces derniers temps, elles se 
bornaient à répondre aux injonctions des 
gouvernements, c’est pour cela qu’elles 
ont perdu tout leur crédit auprès des 
jeunes. Nous devons être solidaires de la 
jeunesse pour qu’elle nous écoute à 
nouveau ! Il y a beaucoup, beaucoup de 
travail, pour réformer les programmes 
éducatifs, coopérer avec les médias… Les 
pays arabes ont échoué à contrôler les 
jeunes : nous ne pouvons plus attendre 
qu’ils agissent. 
Un participant disait dans cette enceinte 
que l’objectif de cette Conférence devrait 
être d’obtenir une augmentation du 
budget de l’éducation… Qu’en pensez-vous 
19 
? 
R.A-S. : Ce n’est pas un problème 
d’argent. L’Égypte et les pays du Golfe ont 
compris le problème et veulent mettre de 
l’argent pour réformer et renforcer les 
institutions religieuses. Al Azhar, la 
principale institution sunnite au monde, 
dispose de 500 000 étudiants et 80 000 
professeurs en Égypte et dans le monde. 
Elle a aussi 25 antennes hors de l’Égypte. 
Son influence est énorme : si elle bâtit un 
programme, une stratégie, cela peut 
changer les choses. 
Vous parlez des pays du Golfe, mais 
l’islam wahhabite propagé par l’Arabie 
saoudite, n’a-t-il pas fait le lit de l’État 
islamique ? 
R.A-S. : L’Arabie saoudite est wahhabite 
depuis sa fondation. La nouveauté, c’est 
plutôt les mouvements salafistes 
révolutionnaires – un salafisme différent 
donc de celui de l’Arabie saoudite – qui, 
dans les années 1970, se sont révoltés 
contre les wahhabites. Ces deux courants 
s’opposent entre eux. 
Quelles seront les suites de cette 
conférence ? 
R.A-S. : C’était une conférence 
préparatoire, destinée à mettre tous les 
sujets sur la table. Al Azhar a déjà 
commencé à réfléchir à un système pour 
poursuivre le travail. La déclaration finale, 
par exemple, sera la préface à un 
document plus complet sur le terrorisme, 
le dialogue islamo-chrétien et les divisions 
entre sunnites et chiites. 
Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner (au 
Caire)
Observatoire de l'islam 
Islam : et Dieu libéra la femme 
Figure de la pensée réformiste, la 
Marocaine Asma Lamrabet déconstruit 
méthodiquement les interprétations 
archaïques du livre saint, notamment 
celles relatives au statut de la musulmane. 
Elle récuse les étiquettes de « féministe 
islamiste » ou de « militante » que lui ont 
accolées les médias. « Je suis simplement 
une chercheuse qui se pose des questions 
sur le texte religieux », précise d’emblée 
Asma Lamrabet. « Ce n’est pas parce que 
je porte un foulard que je suis forcément 
islamiste. Et le fait que je m’intéresse à 
l’image de la femme dans le Coran ne 
veut pas dire que je suis féministe », 
poursuit celle qui représente 
actuellement le mieux l’islam réformiste 
au Maroc et l’effort d’interprétation 
(ijtihad) qu’il suppose. 
Directrice du Centre des études féminines 
en islam au sein de la Rabita 
Mohammadia des oulémas, une 
association placée sous la tutelle du roi, 
Lamrabet s’est fixé comme objectif d’en 
finir avec les préjugés nés d’une lecture 
littéraliste du Coran, à commencer par 
l’idée selon laquelle une femme qui porte 
le voile serait incapable d’aller aussi loin 
dans l’interprétation coranique des 
libertés individuelles. 
Médecin biologiste de carrière, Asma 
Lamrabet passe au peigne fin le texte 
révélé, recensant tous les versets 
contraignants pour les femmes et 
expliquant, arguments à l’appui, comment 
leur interprétation a été rendue caduque 
par le contexte moderne. Voile, héritage, 
mariage mixte, tutelle de l’homme sur la 
20 
femme (qiwama), interdiction de la mixité 
dans les mosquées… Autant de certitudes 
héritées de lectures figées du Livre saint 
et qui ne résistent pas à une relecture 
critique et contextualisée du texte sacré à 
travers le prisme des droits de l’homme. 
Une méthodologie à laquelle Lamrabet 
s’est toujours tenue sans jamais manier la 
langue de bois. 
Tutelle de l’homme 
Comme beaucoup de réformistes, Asma 
Lamrabet rappelle que le Coran a été 
révélé dans un contexte socioculturel 
donné et que toute tentative de 
reproduire ce contexte à l’heure actuelle 
relève soit de la bêtise, soit de 
« l’instrumentalisation politique ». 
« Depuis la Révélation, la qiwama de 
l’homme sur la femme a été très claire. Le 
Coran parle d’une responsabilité morale 
et matérielle de l’homme envers sa 
famille et non d’une supériorité ou d’une 
autorité quelconques », explique-t-elle. 
Pour arriver à ce constat, la chercheuse 
s’appuie sur les six versets relatifs à la 
tutelle. Cité une seule fois dans le Coran, 
le principe de la qiwama se trouve 
contredit par d’autres versets qui 
recommandent la coresponsabilité, le 
partage au sein de la famille et la notion 
de justice entre tous les fidèles, quel que 
soit leur sexe. S’inspirant des travaux du 
réformiste égyptien Mohamed Abdou 
(1849-1905), Lamrabet remet en 
perspective la qiwama, avec son 
corollaire, le principe d’obéissance (tâ’a), 
une pure production juridique qui a 
contribué à déprécier et à inférioriser les 
femmes. 
Voile 
« Je le dis haut et fort. Il n’existe aucune 
obligation dans le Coran sur la question 
du voile », clame notre chercheuse. Le 
terme de « hijab » n’y signifie d’ailleurs 
pas « voile », mais « séparation ». À 
l’époque du Prophète, les femmes 
portaient ce qu’on appelle le khimar
Observatoire de l'islam 
(foulard), par pudeur, piété ou convention 
sociale. Quand le Coran évoque ce 
dernier, il reste donc fidèle à son 
contexte. « Pour moi et pour certains 
penseurs réformistes, il s’agit d’une 
recommandation et non d’une obligation. 
Dans les textes religieux, quand il y a une 
prescription, sa non-observance est 
généralement assortie d’un châtiment. Or 
le verset qui fait référence au khimar n’en 
mentionne aucun, preuve que le port de 
celui-ci n’est pas obligatoire », explique 
Lamrabet, qui refuse de réduire le débat 
sur la femme à la question du foulard. 
Précision : la chercheuse n’appelle pas les 
musulmanes à ôter leur hijab mais à 
suivre leur choix spirituel en toute 
sérénité sans chercher à l’imposer aux 
autres au nom de la religion. Citant la 
polémique suscitée par le voile islamique 
en France, la réformiste marocaine estime 
que la priorité pour les femmes réside 
dans l’émancipation et le recouvrement 
de leurs droits : « Ne touche pas à mon 
voile, c’est bien, mais ne touche pas à ma 
liberté, c’est mieux. » 
Héritage 
La question de l’héritage est le sujet tabou 
par excellence. Pas même les associations 
féministes marocaines n’osent l’aborder 
tant la porte de l’ijtihad semble fermée 
face à ce verset « immuable » énonçant 
que la femme hérite de la moitié de la 
part de l’homme. Il convient cependant 
de rappeler que l’héritage des femmes a 
été introduit par l’islam à une époque où 
elles n’avaient strictement aucun droit et 
que cette disposition constituait en soi 
une révolution. Mais Lamrabet va plus 
loin en démontrant qu’une lecture 
contextualisée consacre l’égalité entre les 
sexes en matière d’héritage. Et de citer 
notamment la sourate IV, verset 32 : « Il 
revient aux hommes une part (nassib) 
dans l’héritage laissé par leurs parents ou 
leurs proches ; de même qu’il revient aux 
femmes une part (nassib) dans l’héritage 
laissé par leurs parents ou leurs 
proches. » Ce verset est la preuve que 
21 
l’égalité existe bel et bien, comme l’avait 
d’ailleurs souligné l’exégète Ibn Kathir 
(1301-1373) dans Tafsîr Ibn Kathîr. Très 
souvent, Lamrabet invoque des 
interprétations anciennes et 
particulièrement avant-gardistes, mais qui 
ont été jetées aux oubliettes pour des 
considérations politiques. 
Mariage avec un non-musulman 
Autre sujet tabou – mais qui ne procède, 
en réalité, que d’une pure tradition 
culturelle, le ourf -, les mariages mixtes. 
Tout non-musulman souhaitant épouser 
une musulmane doit en effet se convertir 
à l’islam, alors qu’un musulman peut se 
marier avec une non-musulmane sans 
renoncer à sa religion. Justifiée alors par 
la filiation patrilinéaire et le souci d’éviter 
que les croyantes ne sortent de la 
communauté (la Oumma), cette inégalité 
vole en éclats à la lecture du verset 221 
de la sourate II, prescrivant aux 
musulmans comme aux musulmanes 
d’épouser des croyants (mouminîne), ce 
qui inclut donc les Gens du Livre (Ahl al - 
Kitâb) en référence aux juifs et aux 
chrétiens, et interdisant aux premiers 
comme aux secondes de se marier avec 
des polythéistes (mouchrikîne). Ce qui 
vaut pour les hommes en la matière vaut 
donc aussi pour les femmes. Dans son 
Tafsîr al-Tahrîr wa t-Tanwîr, l’exégète 
tunisien Mohamed Tahar Ben Achour 
(1879-1973) affirme qu’il n’y a pas de 
texte interdisant expressément l’union 
conjugale entre une musulmane et un 
chrétien ou un juif. Si l’ensemble de la 
communauté des savants s’est accordé à 
proscrire cette union, c’est en s’appuyant 
sur le consensus (ijmaa), et non sur un 
texte. « J’ai envoyé le résultat de mon 
travail sur ce thème à des oulémas de 
différents pays. Je n’ai jamais eu de 
retour. Preuve que la question dérange ! » 
confie Lamrabet. 
Courageuse, clairvoyante, un tantinet 
subversive, Asma Lamrabet reconnaît 
cependant faire preuve de frilosité par
Observatoire de l'islam 
rapport à des questions d’actualité « qui 
[la] dépassent », comme l’homosexualité, 
alors que sa consoeur tunisienne Olfa 
Youssef a osé prendre position en 
affirmant que le Coran ne l’a jamais 
interdite. « J’ai beaucoup de difficultés 
devant cette problématique, inabordable 
pour le moment dans les sociétés 
musulmanes. Je ne veux pas braquer le 
système alors que la base n’est pas 
encore assainie », explique Lamrabet. 
Au vu des réactions probantes qu’elle 
recueille dans ses conférences, Asma 
Lamrabet semble s’être tout doucement 
frayé un chemin dans une société 
longtemps maintenue dans l’ignorance et 
religieusement sclérosée faute d’ijtihad. 
Quant à la traduction de cette approche 
nouvelle dans la vie quotidienne, c’est 
une entreprise de longue haleine. Au 
Maroc, en matière de réforme de l’islam 
comme d’avancées politiques, il faut du 
temps au temps… 
Bibliographie : 
Musulmane tout simplement éd. Tawhid 
France 2002 
Aïcha, épouse du Prophète, ou l’Islam au 
féminin éd. Tawhid France, 2004 
Le Coran et les femmes : une lecture de 
libération éd. Tawhid France, 2007 
Femmes, islam, Occident : chemins vers 
l’universel éd. La Croisée des chemins 
(Maroc) et Séguier-Atlantica (France), 
2011 
Femmes et hommes dans le Coran : quelle 
égalité ? éd. Albouraq Paris, 2012 (Sorti 
en librairie en mars 2012, cet ouvrage a 
reçu le prix de la Femme arabe 2013, 
catégorie sciences sociales) 
Nadia Lamlili 
22 
L’Etat Islamique sème la terreur et 
fascine les jihadistes 
L’Etat islamique, qui a revendiqué la 
décapitation d’un troisième otage 
occidental, a bâti sa fulgurante ascension 
sur des méthodes brutales, un islam 
intransigeant et la fascination qu’il exerce 
sur les jihadistes, notamment étrangers. 
Qu’est ce que l’Etat Islamique? 
Le mouvement est né en Irak en 2006 à 
l’initiative d’al-Qaïda. Il se présentait 
comme le défenseur de la minorité 
sunnite face aux chiites qui ont pris le 
pouvoir avec l’invasion conduite par les 
Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par 
des tueries de chiites et les attentats 
suicides contre les forces américaines. 
Sa brutalité et son islam intransigeant 
pousseront les tribus sunnites à le chasser 
de leur territoire. Dès juillet 2011, soit 
trois mois après le début de la révolte 
contre Bachar al-Assad, ses membres sont 
appelés à combattre en Syrie contre le 
régime dirigé par les alaouites, un avatar 
du chiisme, honni par les jihadistes. 
En Syrie, apparaissent rapidement des 
dissensions entre jihadistes irakiens et 
syriens. Les premiers proposent la 
création en avril 2013 de l’Etat islamique 
d’Irak et du Levant mais le chef syrien 
refuse et maintient le Front al-Nosra qui 
devient la branche officielle d’al-Qaïda en 
Syrie.
Observatoire de l'islam 
Début 2014, éclate une guerre sans merci 
entre d’une part le Front al-Nosra et les 
rebelles syriens et de l’autre l’EI. Elle fait 
au moins 6.000 morts. Fort de ses 
victoires en Irak et en Syrie, le chef de l’EI 
Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 
2014 le « califat » à cheval sur les deux 
pays. 
Combien a-t-il de combattants? 
Il n’y a pas de chiffres précis. La CIA parle 
d’une fourchette de 20 à 31.000 
combattants dans les deux pays. Selon un 
autre responsable du renseignement 
américain, il y a 15.000 combattants 
étrangers en Syrie dont 2.000 
Occidentaux. Certains ont rejoint l’EI mais 
aucune donnée précise n’est disponible. 
L’Observatoire syrien des droits de 
l’Homme (OSDH) évalue à plus de 50.000 
le nombre de ses combattants en Syrie, 
dont 20.000 non syriens, venus du Golfe, 
de Tchétchénie, d’Europe et même de 
Chine. 
En Syrie et Irak, certains sont d’ex-cadres 
militaires et du renseignements de 
l’ancien dictateur Saddam Hussein. Ils ont 
donc une grande connaissance de l’art de 
la guerre. 
En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur 
de Sciences politiques à l’université de 
Bagdad, l’EI compte entre 8.000 et 10.000 
combattants dont 60% d’Irakiens. L’EI 
recrute beaucoup à travers les réseaux 
sociaux, mais nombreux sont les rebelles 
qui le rejoignent par peur ou alléchés par 
les salaires offerts. 
Quel territoire contrôle-t-il? 
L’Etat Islamique contrôle environ 25% de 
la Syrie (45.000 km2) et 40% de l’Irak 
(170.000 km2), soit au total 215.000 km, 
ce qui représente presque la superficie du 
Royaume-Uni (237.000 km2), selon 
Fabrice Balanche, géographe expert de la 
Syrie. 
23 
Cependant, précise-t-il, la plupart des 
territoires contrôlés par l’EI, notamment 
en Irak, sont désertiques, ce qui réduit 
son emprise réelle sur le territoire. 
Le « califat » s’étend de Manbej, dans le 
nord de la Syrie près de la frontière 
turque dans la province d’Alep, en 
direction de l’est avec toute la province 
de Raqa, et une grande partie des 
gouvernorats de Hassaka et de Deir Ezzor, 
jusqu’à la localité frontalière de 
Boukamal. En Irak, il contrôle les régions 
sunnites de l’ouest et du nord avec 
notamment la ville de Mossoul. 
Pourquoi ce groupe attire-t-il les 
jihadistes étrangers? 
Pour l’écrivain et journaliste libanais 
Hazem al-Amine, les jihadistes 
occidentaux sont fascinés par sa 
démonstration de force de « type 
hollywoodien ». Les décapitations, les 
exécutions et la conquête de territoires 
font figure d’épopée. En outre, selon les 
experts, l’EI leur affirme qu’il a renoué 
avec l’islam du temps de Mahomet. 
Quelles sont ses sources de 
financement? 
Il y en a plusieurs selon les experts. Il y a 
d’abord des contributions venant de pays 
du Golfe. 
Pour Romain Caillet, expert des 
mouvements islamistes, l’EI s’auto-finance 
en grande partie, les fonds 
extérieurs ne représentant que 5% de ses 
ressources. 
L’EI pratique l’extorsion et impose des 
taxes aux populations locales. A quoi 
s’ajoutent la contrebande de pétrole et de 
pièces d’antiquité, les rançons pour la 
libération d’otages occidentaux et les 
réserves des banques de Mossoul, la ville 
dont s’est emparé l’EI au début de son 
offensive fulgurante lancée en juin.
Observatoire de l'islam 
Selon Bashar Kiki, le chef du conseil 
provincial de Ninive, dont Mossoul est la 
capitale, les réserves en liquide des 
banques de la ville atteignaient avant 
cette offensive environ 400 millions de 
dollars. 
Comment agit-il avec la population? 
L’EI combine la terreur avec la fourniture 
de services sociaux aux populations qui 
sont sous sa coupe. Pour empêcher toute 
velléité de soulèvement et terroriser ses 
adversaires, il pratique la crucifixion, la 
décapitation, la flagellation ou la 
lapidation des femmes accusées 
d’adultère. 
Pour donner encore plus de poids à ses 
agissements, il les diffusent sur les 
réseaux sociaux avec des images 
insoutenables. 
L’EI a-t-il un avenir? 
Pour Romain Caillet, le principal objectif à 
court et moyen terme cipal de l’EI est de 
consolider le califat, qu’il a doté de 
structures « étatiques » comme des 
ministères ou des tribunaux. 
Mais, estime Hazem al-Amine, l’Occident 
va le frapper durement et l’affaiblir, ce qui 
l’obligera à redevenir une organisation 
clandestine. Barack Obama à annoncé 
cette semaine sa détermination à 
« affaiblir » puis à « détruire » l’EI grâce à 
une large coalition comprenant dix pays 
arabes. Les quelque 150 frappes 
américaines ont déjà contraint l’EI a 
reculé en Irak. 
Rita DAOU 
L’extrémisme, c’est le refus de la 
diversité de l’islam 
Les extrémistes de Daesh ne représentent 
pas les musulmans, qui ont des approches 
24 
très variées du Coran. Mais la perception 
de la diversité de l’islam est biaisée. 
« La situation me paraît pire qu’avant, 
regrette Stéphane Lathion, coordinateur 
du Groupe de recherche sur l’islam en 
Suisse. La manière dont est perçu l’islam 
est extrêmement tendue. Pourtant, tant 
qu’on n’est pas capable d’offrir un climat 
de sérénité et de confiance aux 
musulmans, on fait le jeu des 
extrémistes. » 
Ce spécialiste des religions en est 
convaincu: pour la majorité – silencieuse – 
des musulmans en Occident, leur foi n’est 
pas le plus important. « Ils se définissent 
aussi par leur nationalité, leur famille, leur 
travail, leur humanité… Alors que le 
discours dominant les réduit à leur 
religion. Il ne faudrait plus parler de 
musulmans, mais avant tout de 
citoyens ». 
Un conflit intracommunautaire 
La « majorité silencieuse » dont parle 
Stéphane Lathion s’est exprimée 
récemment contre les crimes de Daesh au 
Proche-Orient, notamment sous le mot 
d’ordre #NotInMyName. Pour dire que le 
conflit actuel est aussi (avant tout?) un 
conflit intra-communautaire. 
« L’islam est très divers », rappelle Marie- 
Thérèse Urvoy, professeure d’islamologie 
à l’Institut catholique de Toulouse. 
« L’extrémisme, c’est le refus de la 
diversité de l’islam », complète Stéphane 
Lathion. 
« Le Coran est un texte subtil, insiste 
Marie-Thérèse Urvoy. C’est un texte de 
paix et un texte de guerre à la fois.
Observatoire de l'islam 
Mahomet est un chef religieux et un chef 
politique. Cette dualité du livre a posé 
problème tout au long de l’histoire de 
l’islam. Elle trouve son origine dans le 
parcours de vie de Mahomet. Mais, qui 
peut imposer une relecture historique et 
distanciée du Coran en l’absence de 
hiérarchie religieuse respectée par 
tous? » 
L’exemple asiatique 
Cette vision de l’islam existe dans 
l’histoire et la théologie musulmane. « A 
la fin du XIXe siècle, Djemâl ad-Dîn al- 
Afghâni et Mohamed Abduh ont pensé un 
islam moderne, explique Zidane 
Mériboute, chercheur à l’école d’études 
orientales et africaines de Londres. L’Asie 
du Sud-Est propose des modèles d’Etats à 
majorité musulmane mais pluralistes et 
divers. » 
Les groupes islamistes armés de Syrie et 
d’Irak rejettent ce genre d’interprétation 
et défendent le Califat et un islam 
« authentique », tel que les premiers 
musulmans l’ont défini à la mort du 
Prophète. Un âge d’or qui n’a jamais 
existé. 
Le Califat, une époque de violence entre 
musulmans 
« Les quatre premiers califes ont régné 
dans un climat de grande violence entre 
les musulmans, observe Marie-Thérèse 
Urvoy. Cette violence conduira d’ailleurs 
au schisme entre sunnites et chiites. » 
La domination que veulent exercer les 
extrémistes est plus politique que 
religieuse. « D’après le Coran, le croyant 
devrait agir selon son intelligence, son 
coeur et son environnement, assure 
Stéphane Lathion. Dieu décide pour le 
reste. Aujourd’hui, la sacralisation du 
Coran par certains musulmans permet la 
soumission du texte à des intérêts 
politico-religieux. » 
25 
Djihad, effort et quête spirituelle 
Zidane Mériboute trouve à redire à 
l’interprétation rigoriste des textes. « Ils 
détournent le Coran. Le djihad ne fait pas 
partie des cinq piliers de l’islam, il ne 
s’agit pas d’une obligation. De même, 
selon les règles de la sharia, pendant le 
djihad, une femme peut partir de chez 
elle sans ordre de son mari. Mais cela, ils 
se gardent bien de le dire… » 
L’auteur d’Une nouvelle « Vie » du 
prophète Muhammad (selon Ibn Sa’d) aux 
éditions Erickbonnier, poursuit: « Le 
djihad n’est pas la guerre sainte mais 
‘l’effort sur le chemin de Dieu’. On peut 
distinguer le djihad mineur (al-asghar), la 
guerre défensive, et le djihad majeur (al - 
akbar). Ce dernier, plus méritoire selon le 
prophète Muhammad [ou Mahomet, 
ndlr], prend le sens d’une lutte intérieure 
contre les passions mauvaises, pour la 
discipline morale et la victoire sur soi - 
même. » 
Olivier Monod 
Pour l’islamophobe Brigitte Gabriel 
« l’islam ne peut pas s’intégrer aux Etats- 
Unis » 
C’est la nouvelle coqueluche des ultras 
Outre-Atlantique, ultra-islamophobes, 
réactionnaires et sionistes, Brigitte 
Gabriel, la journaliste et activiste 
américaine, d’origine libanaise 
chrétienne, s’est auto-investie d’une 
mission suprême dont elle a fait son 
juteux fonds de commerce : dire tout 
haut, sans fioritures et de manière 
fracassante, tout le mal qu’elle pense de 
l’islam et de la présence musulmane en 
Amérique, devant des publics galvanisés 
par son discours et ses harangues 
fielleuses, qui se font mielleuses dès lors 
qu’il s’agit de louer les mille et une vertus 
d’Israël.
Observatoire de l'islam 
« La différence entre le monde arabe et 
Israël est une différence de valeurs : c’est 
la barbarie contre la civilisation« , a-t-elle 
coutume de lancer à la cantonade, sûre 
de son effet électrisant, la fondatrice de 
l’ACT, un mouvement citoyen de défense 
des valeurs démocratiques américaines 
qu’elle considère comme le seul rempart 
contre les assauts de l’islam radical, s’est 
fixée de nobles objectifs : libérer la parole 
raciste de ses compatriotes, et réveiller ou 
exacerber le nationalisme primaire qui 
sommeille en chacun d’eux, qu’ils soient 
chrétiens, évangéliques ou juifs. Elle a 
bien entendu désigné l’ennemi intérieur à 
abattre : le chimérique péril vert, mais 
qui, dans sa bouche haineuse, représente 
une menace imminente d’apocalypse… 
Sur Fox News, la chaîne faite par et pour 
les farouches conservateurs de son 
espèce, Brigitte Gabriel s’en est donné à 
coeur joie, lundi dernier, affirmant de 
manière péremptoire, devant des 
téléspectateurs qui lui étaient 
entièrement acquis, que « l’islam est 
incompatible avec la société américaine, 
que jamais il ne pourra s’intégrer, parce 
que c’est ce que l’on inculque aux 
musulmans dans les mosquées à travers 
tout le pays ». 
Quand nombreux sont ceux qui, sur le sol 
de la bannière étoilée, bâtissent des ponts 
de tolérance au-dessus des peurs 
fabriquées de toutes pièces et des 
torrents de calomnies, Brigitte Gabriel, à 
l’instar de Pamelar Gellar, la furie sioniste, 
n’agit que pour les dynamiter, en sinistre 
marionnette oeuvrant à la solde d’intérêts 
supérieurs et de leurs funestes desseins… 
Oumma.com 
26 
L’islam interdit le terrorisme et 
réglemente l’art de la guerre 
Beaucoup d’égarés se prétendant 
musulmans ont aujourd’hui des 
comportements terroristes contraires à 
l’islam. 
Nous le savons. Vous le savez aussi. Cela 
ne sert à rien de le nier. Mais il n’est pas 
juste de juger l’islam par les actes de 
certains musulmans, sinon, les chrétiens 
seraient des croisés. mais il ne le sont pas. 
Et tous les juifs seraient des sionistes, 
mais il ne le sont pas. 
Nous savons qu’il y a des groupes parmi 
toutes les religions qui sont militaires. 
Mais laissez-nous vous apprendre, en 
terme d’enseignements : nous croyons 
qu’il peut y avoir la guerre, parce que 
vous avez le droit de vous défendre. 
Sinon, si le fait de vous défendre est un 
crime, alors nous appelons à tous les pays 
du monde entier de jeter leurs armes 
dans les mers. 
Mais ils ne le feront pas. Ils ont l’armée, la 
marine…Pourquoi ? Parce que quelqu’un 
pourrait nous attaquer et nous devons 
être prêts pour défendre notre sol, notre 
territoire, notre honneur…défendre quoi 
que ce soit. OK! 
L’Islam, c’est quoi au juste ? 
L’Islam, c’est la oumma, et une 
communauté musulmane, 
indépendamment de leur nationalité, de 
leurs liens sanguins, et des pouvoirs 
politiques qui les gouvernent. Le terme 
est synonyme de « Ummat Islamiyya »,
Observatoire de l'islam 
« Nation islamique ». Nous avons les 
mêmes droits. Mais, citez-nous une nation 
qui dit aux gens (selon les hadiths du 
prophète) : 
- Ne tuez pas les femmes 
- Ne tuez pas les enfants 
- Ne tuez pas les vieillards 
- Ne tuez pas ceux qui consacrent à 
l’adoration 
Quel que soit. Il est dans son église, il est 
dans son temple. Qu’elle qui soit. Ne vous 
approchez pas d’eux. 
- Ne brûlez pas les arbres 
- Ne détruisez pas les maisons 
- Ne tuez pas les animaux 
- Ne trahissez pas. N’agissez pas avec 
traitrise 
Quel nation sur cette terre applique cela 
dans ces guerres ? AUCUNE! 
Ils bombardent les usines, les enfants, les 
femmes juste devants nos yeux ! Eux ne 
sont pas terroristes mais ces mêmes 
qualifient bien volontiers les musulmans 
de terroristes. 
Certains musulmans dénigrent l’Islam à 
travers leurs actes de violence contraire à 
la foi. Tels que, se rendre dans un 
supermarché ou une station de train et se 
faire exploser au nom d’Allah. Alors que 
l’Islam est le premier à dire que c’est 
strictement interdit. D’abord, vous ne 
pouvez pas vous suicider, deuxièmement, 
vous ne pouvez pas tuer des civils 
innocents. 
Qu’est-ce que l’Islam permet ? Si les deux 
armées s’affrontent sur un champ de 
bataille. l’Islam autorise que la seule 
défense. Les gens qui achètent des 
légumes pour la cuisine des combattants 
sont exclus. Les tuez au nom d’Allah est 
une forme d’oppression. 
Et le prophète (Paix et salut sur lui) a dit : 
« Le croyant ne cesse de se trouver à 
27 
l’aide dans sa religion tant qu’il n’a pas 
fait couler un sang interdit ». 
Si un musulman tue une seule âme 
innocente, il sera reconnu comme 
coupable et responsable par Allah. Et 
peut-être, que ce sera la raison pour 
laquelle il entrera en enfer. 
Maghrebnaute.com 
Une vague d’athéisme dans le monde 
arabe 
Le “califat islamique” a délié les langues. 
Les critiques ne visent plus seulement les 
mauvaises interprétations de la religion, 
mais la religion elle-même. 
Dans le monde arabe, on pouvait certes 
critiquer les personnes chargées de la 
religion, mais critiquer la religion 
musulmane elle-même pouvait coûter la 
vie à celui qui s’y risquait, ou du moins le 
jeter en prison. Le mot d’ordre “l’islam est 
la solution” a été scandé durant toute 
l’ère moderne comme une réponse toute 
faite à toutes les questions en suspens et 
à tous les problèmes complexes du 
monde musulman. 
Mais la création de l’Etat islamique par 
Daech et la nomination d’un “calife ayant 
autorité sur tous les musulmans” 
soulèvent de nombreuses questions. Elles 
mettent en doute le texte lui-même [les 
fondements de la religion] et pas 
seulement son interprétation, l’idée 
même d’une solution religieuse aux 
problèmes du monde musulman. Car, au-
Observatoire de l'islam 
delà de l’aspect terroriste du mouvement 
Daech, sa proclamation du califat ne peut 
être considérée que comme la 
concrétisation des revendications de tous 
les partis et groupes islamistes, à 
commencer par [l’Egyptien fondateur des 
Frères musulmans], Hassan Al-Banna, au 
début du XXe siècle. Au cours de ces trois 
dernières années, il y a eu autant de 
violences confessionnelles en Syrie, en 
Irak et en Egypte qu’au cours des cent 
années précédentes dans tout le Moyen- 
Orient. 
Cela provoque un désenchantement chez 
les jeunes Arabes, non seulement vis-à-vis 
des mouvements islamistes, mais aussi 
vis-à-vis de tout l’héritage religieux. Ainsi, 
en réaction au radicalisme religieux, une 
vague d’athéisme se propage désormais 
dans la région. L’affirmation selon laquelle 
“l’islam est la solution” commence à 
apparaître de plus en plus clairement 
comme une illusion. Cela ouvre le débat 
et permet de tirer les leçons des erreurs 
commises ces dernières années. 
Peu à peu, les intellectuels du monde 
musulman s’affranchissent des phrases 
implicites, cessent de tourner autour du 
pot et de masquer leurs propos par la 
rhétorique propre à la langue arabe 
qu’avaient employée les critiques 
[musulmans] du XXe siècle, notamment 
en Egypte : du [romancier] Taha Hussein à 
[l’universitaire déclaré apostat] Nasr 
Hamed Abou Zayd. 
Car la mise en doute du texte a une 
longue histoire dans le monde musulman. 
Elle s’est développée là où dominait un 
pouvoir religieux et en parallèle là où 
l’extrémisme s’amplifiait au sein de la 
société. [L’écrivain arabe des VIIIe-IXe 
siècles] Al-Jahiz et [l’écrivain persan 
considéré comme le père de la littérature 
arabe en prose au VIIIe siècle] Ibn Al- 
Muqaffa avaient déjà exprimé des 
critiques implicites de la religion. C’est sur 
leur héritage que s’appuie la 
désacralisation actuelle des concepts 
28 
religieux et des figures historiques, 
relayée par les réseaux sociaux, lieu de 
liberté pour s’exprimer et débattre. 
Le bouillonnement actuel du monde 
arabe est à comparer à celui de la 
Révolution française. Celle-ci avait 
commencé par le rejet du statu quo. Au 
départ, elle était dirigée contre Marie- 
Antoinette et, à la fin, elle aboutit à la 
chute des instances religieuses et à la 
proclamation de la république. Ce à quoi 
nous assistons dans le monde musulman 
est un mouvement de fond pour changer 
de cadre intellectuel, et pas simplement 
de président. Et pour cela des années de 
lutte seront nécessaires. 
Omar Youssef Suleiman 
Comment Boko Haram justifie-t-elle 
l’attaque des musulmans nigérians ? 
Au moins 120 morts et 270 blessés. C’est 
le bilan provisoire de l’attaque menée 
vendredi 28 novembre contre une 
mosquée de Kano, dans le nord du 
Nigeria, par les membres de la secte Boko 
Haram. Une cible religieuse qui pourrait 
sembler étonnante pour cette 
organisation islamiste, dont le nom 
haoussa signifie « l’éducation occidentale 
est un péché ». 
Pourtant, si cette dernière multiplie les 
raids contre les établissements scolaires 
et les populations chrétiennes, l’immense 
majorité de ses victimes sont des 
musulmans issus du nord du pays. Et, 
contrairement à l’Etat islamique, qui s’en 
prend essentiellement aux chiites, Boko
Observatoire de l'islam 
Haram vise quant à elle indistinctement 
ces derniers et les sunnites. 
La question de la charia 
« Nous sommes bien face à un conflit 
religieux, mais pas entre chrétiens et 
musulmans. Il s’agit de salafistes 
extrémistes qui tuent des musulmans 
accusés de ne pas appliquer correctement 
la charia », expliquait au Monde, le 
chercheur Marc-Antoine Pérouse de 
Montclos en mars. 
Lorsqu’elle apparaît, au début des années 
2000, la secte, dirigée par Mohammed 
Yusuf, prône l’application stricte de la loi 
islamique et, pour cela, l’établissement 
d’un califat. Aujourd’hui, la charia est en 
vigueur dans douze Etats du nord du pays. 
Dans l’Etat de Kano, cible de l’attentat de 
vendredi, elle s’applique même au pénal. 
La collaboration avec le pouvoir 
En 2009, l’organisation se radicalise 
lorsque certains de ses militants sont 
blessés au cours d’un contrôle de police. 
En représailles, Boko Haram lance 
plusieurs attaques auxquelles l’armée 
répond par une répression massive dans 
la ville de Maiduguri, fief de la secte. 
Mohammed Yusuf est arrêté et tué par les 
forces de l’ordre. 
En 2010, Abubakar Shekau, numéro deux 
de Mohammed Yusuf, prend la tête de la 
secte. Ses objectifs sont moins clairs : si 
l’application intégrale de la charia 
demeure, le mouvement revendique 
entre autres la libération de ses membres 
emprisonnés et souhaite honnorer ses 
martyrs. 
Or, à ses yeux, les chefs religieux 
traditionnels nigérians collaborent de trop 
près avec le gouvernement central de cet 
Etat fédéral, pervertissant ainsi l’islam. 
Car les tensions confessionnelles sont 
marquées dans ce pays scindé entre un 
Nord pauvre et à majorité musulmane et 
29 
un Sud plus riche, notamment grâce aux 
ressources pétrolières, et à dominante 
chrétienne – le président Goodluck 
Johnatan représentant de cette région 
étant lui-même protestant évangélique. 
« Aujourd’hui, au-delà de la question 
religieuse, Boko Haram est un groupe 
nourri par un sentiment de vengeance à 
l’égard de l’Etat nigérian, qui a éliminé 
nombre de ses membres mais peine lui - 
même à adopter une stratégie claire », 
précisait au Monde le chercheur Gilles 
Yabien en avril. 
La réaction des dignitaires musulmans 
Les critiques des hauts dignitaires 
musulmans nigérians à l’encontre de la 
secte islamique Boko Haram se font de 
plus en plus audibles. La semaine 
dernière, l’émir de Kano, personnalité très 
influente, avait appelé la population du 
nord du pays à prendre les armes contre 
les islamistes face à l’apathie de l’armée. 
Lundi 24 novembre, le sultan de Sokoto, 
considéré comme le chef des musulmans 
dans le pays, a de son côté lancé des 
critiques cinglantes contre les militaires. 
Dans un communiqué de l’Organisation 
des musulmans du Nigeria (JNI), 
Muhammad Sa’ad Abubakar, les a ainsi 
accusés de fuir à chaque approche des 
insurgés. 
« Les forces de l’armée nigériane ne refont 
surface qu’après la fin des attaques 
meurtrières, et terrorisent davantage des 
populations déjà terrorisées, en installant 
des barrages routiers et en fouillant les 
maisons » 
Plus de 13 000 personnes ont été tuées 
depuis le début en 2009 de l’insurrection 
de Boko Haram. Près de 1,5 million 
d’habitants ont été déplacés par les 
violences. L’état d’urgence dans trois 
Etats du nord-est du Nigeria, en vigueur 
depuis mai 2013, a expiré jeudi. Les 
violences n’ont cessé d’empirer depuis 18
Observatoire de l'islam 
mois dans les Etats concernés (Borno, 
Yobe et Adamawa), où au moins une 
vingtaine de villes sont contrôlées par les 
islamistes. 
Le Monde 
Comment la mode peut changer les 
mentalités au sujet de l’Islam 
Le New York Times racontait cette 
semaine l’histoire d’une fashion week 
d’un autre genre que celles de Paris ou 
Milan: celle de Kuala Lumpur. 
Depuis 9 ans, s’y déroule l’Islamic Fashion 
Festival ou festival de la mode islamique – 
on y voit moins de chair que sur les 
podiums occidentaux. Dato’ Raja Rezza 
Shah, fondatrice de ce festival, l’a instauré 
en partie pour lutter contre les 
stéréotypes au sujet de l’Islam et ce désir 
s’inscrit selon le quotidien américain dans 
«un mouvement plus large dans une 
certaine partie de monde musulman (…) 
qui s’est emparé de la mode comme 
moyen de raconter leur culture 
différemment.» 
Reina Lewis, professeure d’études 
culturelles au London College of Fashion 
et auteure d’un livre à paraître sur la 
mode musulmane, explique: «Chaque fois 
qu’il y a une panique morale à l’Ouest au 
sujet des musulmans comme symbole de 
l’altéririté civilisationnelle, qu’il s’agisse 
de la radicalisation de jeunes hommes 
djihadistes ou d’autre chose, c’est illustré 
par des images de femmes portant le 
hijab ou l’abaya, en noir.» 
30 
Grâce à de nouveaux vêtements, une 
mode reconnue dans les pays 
occidentaux, cela pourrait changer. La 
designeuse et blogueuse Dian Pelagi, à 
l’origine de vêtements couvrants très 
colorés: «Je pense que si la mode 
islamique peut gagner en importance en 
Amérique, cela changera la perception 
que les gens ont de l’Islam». 
Cela grossira aussi un marché 
d’importance. Selon les chiffres de 
Thomson Reuters de 2012, 224 milliards 
de dollars avaient été dépensé cette 
année-là en vêtements et chaussures 
dans l’économie islamique. Soit 10,6% des 
dépenses globales de vêtements et 
chaussures. Ces dépenses devaient 
atteindre 322 milliards de dollars en 2018 
selon les estimations d’alors. 
Charlotte Pudlowski 
Islam : quelques citations célèbres 
Les journalistes Français ne parviennent 
pas encore à expliquer l’ambivalence du 
Coran qui prêche la paix et la tolérance 
quand les musulmans sont minoritaires, 
mais prévoit l’extermination des 
mécréants quand ils deviennent
Observatoire de l'islam 
majoritaires. Voici quelques citations pour 
les aider à commenter l’actualité : 
«Il est pourtant temps de reconnaître que 
l’Islam c’est l’Islamisme au repos, et 
l’Islamisme c’est l’Islam en action, comme 
l’écrit si bien le poète Kabyle Ferhat 
Méhenni», Hubert Lemaire dans 
«Mulsulmans vous nous mentez». 
«Sans l’Islam, les Pays-Bas seraient un 
pays formidable, … Sans l’Islam les Pays- 
Bas seraient libres des exigences 
islamiques pour adapter ses habitants aux 
idées barbares, retardées et totalitaires 
d’un bandit en chef, meurtrier de masse 
et pédophile du septième siècle…» 
Machiel De Graaf, député hollandais, 
membre du Parti de la Liberté. (Publié sur 
http://ripostelaique.com/sans-lislam-les-pays- 
31 
bas-seraient-un-pays-formidable. 
html). 
«Chassez le Christianisme, vous aurez 
l’Islam», François-René de Chateaubriand, 
cité par Eric Zemmour dans «Le suicide 
Français». 
«L’Islam est le terreau de l’Islamisme, et 
l’Islamisme est le terreau du terrorisme», 
Philippe de Villiers dans «Les mosquées 
de Roissy». 
Ouvrons nos yeux endormis par les 
marchands de sable de la bien-pensance 
de gôche avant d’être réveillés dans un 
bain de sang. 
Philippe Lesage 
Islam : quel dommage qu’ils aient 
disparu ! 
Si on connaît (au moins de nom ) les 
principales écoles de pensée musulmanes 
(sunnisme, chiisme, wahhabisme, 
soufisme, salafisme, etc.) , on ne parle 
jamais du mu’tazilisme , et pour cause : 
après avoir été la doctrine officielle de l’ 
islam sous le califat abbasside ( IX ème 
siècle) , il disparut totalement au XIII ème 
siècle…et c’est bien dommage : car le 
mu’tazilisme , très influencé par la 
philosophie grecque, et notamment par l’ 
Ecole péripatéticienne d’ Aristote, prônait 
une approche de l’islam par le 
rationalisme . 
Parmi ses différents enseignements , voici 
ceux qui nous étonnent le plus 
aujourd’hui : 
- Le Coran est incomplet : si tout ce que 
dit le Coran est vrai, puisque c’est la 
parole divine s’exprimant par la bouche 
de Mahomet, Dieu n’a pas pu tout dire à 
Mahomet – uniquement un certain 
nombre de choses , car Dieu est trop 
vaste pour être contenu dans un seul livre 
; il en découle que si le Coran est 
totalement divin, on peut trouver aussi 
trouver du divin en dehors du Coran ; 
- Le Coran n’est pas éternel : ayant été 
créé par Dieu, il n’existait donc pas avant 
cette création ; il n’ y a donc aucune 
raison de penser que Dieu ne créera pas 
un jour d’autres révélations qui rendront 
le Coran en partie dépassé et incomplet ( 
un peu comme l’est , pour les chrétiens, l’ 
Ancien Testament depuis l’apparition du 
Nouveau Testament) ;
Observatoire de l'islam 
- Le Coran est allégorique : Dieu ne 
pouvant pas être conçu par l’esprit 
humain, ses récits ( la Genèse, etc. ) 
doivent être lus comme des allégories, 
des symboles, et ne doivent pas être 
interprétés au premier degré, comme des 
faits réels : aujourd’hui, les mu’tazilistes 
ne seraient certainement pas « 
créationnistes » , et s’accommoderaient 
des théories évolutionnistes et 
darwiniennes aussi bien qu’a su le faire 
assez rapidement l’Eglise catholique ; 
- Lorsqu’on croit déceler une 
contradiction entre ce que dit le Coran et 
ce qu’on observe objectivement ( nous 
dirions aujourd’hui entre le Coran et la 
science ) , et Dieu ne pouvant 
évidemment pas se tromper, c’est donc 
nous qui nous trompons : cette 
contradiction ne peut donc procéder que 
d’une erreur d’ interprétation du Coran de 
notre part , et il nous faut donc le 
réinterpréter en permanence à la lumière 
des données de l’ observation ( = de la 
science.) ; 
- Le mu’tazilisme s’ oppose à la 
prédestination et prône le libre arbitre: 
devant le problème de l’existence du mal 
dans un monde où Dieu est omnipotent, il 
considère le mal comme étant généré par 
les erreurs des êtres humains – sinon, les 
« punitions divines » n’auraient aucun 
sens . 
Bien que son rationalisme fût séduisant 
auprès des classes éduquées de l’époque, 
le mu’tazilisme ne se répandit guère 
parmi les masses, probablement du fait 
de sa nature élitiste ( un peu comme le 
protestantisme à ses débuts, réservé à 
ceux qui étaient capables de lire tous 
seuls la bible) ; il disparut définitivement 
au XIII ème siècle , époque qui marque 
aussi (est-ce une coïncidence ?) le début 
du déclin de l’ islam et de son 
renfermement sur lui-même . 
Rendez-nous donc le mu’tazilisme , et ce 
sera la fin du « choc des civilisations » 
32 
cher à Huntington , auquel l’époque que 
nous vivons semble malheureusement 
donner raison… 
Elie Arié 
Les prophètes de malheur 
Je ne pratique aucune religion, je suis 
laïque assumé et je ne suis pas Arabe, car 
je suis d’origine amazighe, les 
autochtones du Maghreb. Alors, face à la 
phobie qui vise les Arabes et les 
musulmans, j’aurais pu détourner le 
regard, mais ça aurait été mépriser les 
valeurs d’une réelle démocratie libérale! 
Je côtoie des musulmans québécois, 
constitués en majorité de familles 
«normales». Dès leur arrivée, ils s’activent 
pour dénicher un loyer, trouver des 
garderies ou des écoles pour leur 
progéniture et refaire leur santé 
financière, car l’immigration engloutit 
toutes leurs économies. Après, ils 
s’engagent dans l’achat d’une maison et 
garnissent le Régime enregistré 
d’épargne-études de leurs rejetons, 
souvent au détriment de leurs propres 
régimes d’épargne-retraite, pour leur 
garantir la meilleure des formations. 
Malheureusement, ces musulmans 
attirent injustement la suspicion. Cette 
peur est surtout attisée par certains de 
leurs anciens compatriotes qui immigrent 
au Québec en traînant dans leurs bagages 
les ressentiments d’une vie antérieure 
tourmentée par l’islam radical. Sans
Observatoire de l'islam 
preuve, ils ne ratent aucune occasion 
pour déchirer leur chemise sur la place 
publique, car, selon eux, le Québec est à 
la veille d’une imminente invasion 
d’islamistes radicaux! 
Les musulmans du Québec sont quelque 
250 000 âmes. Des études rigoureuses 
prouvent que la majorité ne va jamais à la 
mosquée, que le quart pratique un islam 
modéré, qu’une centaine parmi eux sont 
sous la loupe de nos services de sécurité 
et qu’une vingtaine serait à haut risque! 
Sommes-nous à l’abri d’un attentat 
terroriste pour autant? Bien sûr que non! 
Dans ce bas monde, le risque zéro n’existe 
pas. Toutefois, pour contrer le danger de 
l’islam radical, la communauté 
musulmane du Québec est notre premier 
rempart. D’ailleurs, dans la récente affaire 
de radicalisation d’un adolescent 
montréalais, c’est son père inquiet qui l’a 
dénoncé au SPVM. 
Une récente émission d’Enquête à Radio- 
Canada consacrée à la supposée montée 
de l’intégrisme musulman corrobore ce 
fait : la majorité des musulmans 
québécois immigre ici avec l’idée de 
s’installer et d’avoir une vie meilleure 
pour eux et leurs enfants. 
Cela dit, il ne faut pas détenir un doctorat 
pour affirmer que les groupes État 
islamique et Al-Qaïda perpètrent des 
crimes contre l’humanité. Mais montrer 
du doigt tous les musulmans, c’est non 
seulement faire le jeu des terroristes, 
mais aussi provoquer injustement les 
peurs de la société d’accueil et mettre les 
musulmans québécois à l’index! 
À tous les prophètes de malheur qui 
ravivent les peurs, si le radicalisme 
islamiste n’a pas «pogné» dans une 
Tunisie dans la tourmente, comment 
osez-vous le prédire, avec une vingtaine 
de présumés terroristes, dans un Québec 
doté d’institutions démocratiques fortes? 
33 
Hassan Serraji 
Algérie : trois femmes et un Coran 
Elles ont participé au Congrès 
international féminin organisé à Oran 
sous l’égide du cheikh soufi Khaled 
Bentounès. Leur ambition : promouvoir 
une lecture progressiste des textes sacrés. 
Démanteler les stéréotypes, déconstruire 
le discours des fondamentalistes et les 
« fausses vérités » cumulées au fil des 
siècles au sujet de la femme pour lui 
permettre de se réapproprier son histoire, 
ses droits et sa dignité, et ce en 
privilégiant une lecture du Coran libérée 
des carcans et des visions étriquées. 
Tel est l’objectif que s’est assigné le 
Congrès international féminin pour une 
culture de paix, qui s’est tenu du 28 au 
31 octobre, à Oran, en Algérie. Organisée, 
en association avec la fondation Djanatu 
al-Arif, par l’Association internationale 
soufie alawiya (AISA), créée par le cheikh 
Khaled Bentounès et qui oeuvre pour 
l’émergence d’une société du bien vivre 
ensemble, cette rencontre s’est voulue un 
espace de débats en vue « de promouvoir 
et d’encourager la réflexion autour de la 
création d’un mouvement féminin 
international, force vive qui porte l’islam 
de demain ». 
Voici le point de vue de trois éminentes 
intervenantes sur les questions du voile, 
du droit des femmes à l’aune des 
traditions et de la modernité, et de leur 
avenir dans le monde musulman.
Observatoire de l'islam
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Observatoire de l'islam

  • 1. Observatoire de l'islam OBSERVATOIRE DE L'ISLAM 1 La revue de la presse (n°1)
  • 2. Observatoire de l'islam Pourquoi les musulmans sont-ils mal vus ? Universitaire, conférencier, ancien bédéiste à M’Quidèche, journaliste, rédacteur en chef de TV5, écrivain, Slimane Zeghidour, 61 ans, a beaucoup écrit sur la religion pour avoir sillonné le monde, tâté le pouls des croyances où qu’elles se trouvent. Il est venu dans le cadre du Forum organisé par nos amis d’El Khabar scruter l’image de l’Islam dans les médias occidentaux. «C’est un témoin privilégié de notre époque bouillonnante et bouleversante», avance Ahmed Bedjaoui, modérateur de la rencontre destinée aux étudiants de l’Université d’Alger 3. C’est que Slimane Zeghidour connaît le monde musulman. Et le monde musulman connaît le chercheur qui a consacré beaucoup d’écrits à la religion. Slimane replonge avec nostalgie dans le terroir. Il a quitté Alger il y a 40 ans. Il y revient avec d’autres idées. «Je me rends compte, avec du recul, qu’Alger était l’une des villes les plus cosmopolites du monde. On y croisait des exilés brésiliens, chiliens, angolais, québécois, noirs-américains, militants progressistes. C’était une ville extrêmement dynamique culturellement. Dans les années 1960-1970, c’était politiquement fermé, mais très ouverte culturellement ! Ce que j’en pense maintenant ? Je dirais sincèrement que ce 2 n’est plus le même pays, la même ville. Ce que je retiens, c’est qu’à l’époque, c’était assez ouvert pour me donner des outils culturels afin de m’acclimater sous tous les cieux, et assez fermé pour me donner l’envie de fuir à l’étranger.» Fuir le pays à 20 ans Slimane avoue qu’à un certain temps il éprouvait de l’amertume, voire de la rage. Plus maintenant. A la question de savoir s’il a bien apprivoisé l’«exil», il répond du tac au tac : «J’ai connu l’exil une fois dans ma vie, quand on est partis d’Erraguène vers Alger en 1962. Je suis passé du moyen-âge au XXe siècle. L’ostracisme des Algérois contre nous les montagnards était d’une violence inouïe, d’un rejet flagrant. C’était la seule expérience où je me suis senti vraiment en exil. Depuis, je n’ai plus nulle part ressenti ce sentiment d’être un étranger, de Santiago du Chili jusqu’à Samarcande ! Et Dieu sait combien j’ai franchi de frontières. J’ai couvert, en tant que grand reporter, l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient, les Balkans, la Russie et l’Asie centrale. Ce sont mes zones de prédilection.» La religion, présente dans plusieurs travaux de Slimane, serait-elle une quête ou juste un travail de recherche ? «La religion, je l’ai trouvée sur mon chemin. J’ai vu apparaître, ces dernières années, le fondamentalisme protestant et évangélique en Amérique du Sud, le fondamentalisme juif dans les Territoires occupés et le fondamentalisme islamiste d’Alger jusqu’en Ouzbekistan.» Les églises évangéliques se développent à un rythme effréné. Elles ont fait du monde musulman une terre de mission. Vu les ravages du djihadisme et du salafisme, on peut penser que le fondamentalisme évangélique a de très beaux jours devant lui, y compris en terre d’Islam ! Mais tous ces fondamentalismes sont des sous-produits de la modernité, c’est le symptôme d’une crise, et surtout pas la solution de cette crise. Quant à
  • 3. Observatoire de l'islam l’intégrisme islamiste, c’est une crise-passion. 3 Ce n’est ni le passé ni l’avenir. C’est le gel du temps ! L’Algérie en couleurs, son dernier ouvrage, serait-il un message d’espoir ? «Vous savez, mon enfance remonte et me rattrape à chaque fois. Je vois l’Algérie d’aujourd’hui d’un autre oeil. Quant à savoir si je suis confiant en des lendemains qui chantent, je répondrai par cette boutade russe que j’aime bien : ‘‘Le pessimiste est un optimiste bien informé’’…». D’entrée, Slimane admet que de toutes les conférences données au Moyen-Orient, c’est le thème quasi obsessionnel qui touche toutes les élites dans le monde arabe. De fait, il s’agit de comprendre les ressorts de cet intérêt qui a quelque chose de particulier chez les Arabes. Dans la mercuriale des stéréotypes mondiaux, il y a quatre catégories humaines, objets de stéréotypes négatifs. D’abord américains. Continuellement des fatwas dénonçant l’impérialisme, des drapeaux US brûlés, des discours foncièrement anti-américains. Mais a-t-on vu un jour un Président américain déplorer cette propagande ? Cela les laisse de marbre. Avez-vous déjà entendu un Américain dire que vous avez bafoué leur drapeau ? Leur auto-image leur suffit. Ils n’ont pas besoin d’être aimés par les autres. Ils croient savoir qui ils sont et cela leur suffit. Victimes de leur propre image Le deuxième groupe, ce sont les Israéliens dont la réaction est à la fois semblable et différente des Américains. Pour eux, ces attaques, notamment des Arabes, reflètent leur propre nature. Les Israéliens retournent ces images contre leurs auteurs pour les criminaliser, pour délégitimer la cause et l’assimiler à l’antisémitisme. Un exemple concret ? Récemment, pour la nomination du président exécutif de l’Unesco, il y avait M. Hosni, ancien ministre égyptien de la Culture, contré par une organisation pro-israélisme qui lui a sorti un ancien discours dans lequel il disait à peu près ceci : «Si cela ne tenait qu’à moi, je brûlerai le Centre culturel israélien du Caire». Ce discours passionnel d’un diplomate dont le pays reconnaît Israël n’était pas réaliste et a fait du tort à la cause palestinienne, occultant les destructions des maisons dans les Territoires, où les colonies ont repris, où les terres agricoles des Palestiniens sont saccagées, où les habitants semblent vivre dans une immense prison. Hosni n’a pas été élu à l’Unesco. Le célèbre poète, Mahmoud Darwich, avait écrit une immense réplique à ce sujet destinée aux Arabes : «Préservez-nous de votre amour». Akram Henie, autre poète palestinien, lui avait emboîté le pas. «Nous sommes des adultes, laissez-nous parler de nous-mêmes ». C’est vous dire qu’une bonne partie du discours sur Israël est retournée contre les Arabes. Il y a un site israélien qui fait la synthèse chaque jour des propos arabes le concernant en 12 langues de toutes les télés arabes. Ainsi, les Arabes font le boulot à la place de leurs propres ennemis. La troisième catégorie, ce sont les Russes qui ont suffisamment d’amour-propre pour ne pas être blessés. Ils ont inventé l’Occidentalisme. Pour eux, l’Union européenne c’est l’Union soviétique moins le goulag. Rétif aux idées reçues, Slimane aime plutôt aller au-devant des choses pour les analyser, les décortiquer. Une lutte acharnée contre le temps, les modes, préférant ce qui résiste à ce qui tire en l’arrière. Ce qui ouvre sur le monde, à ce qui enferme et attriste. Observateur incisif et audacieux, il scrute les horizons et arrive à la conclusion que l’Occident, qui est loin d’être un bloc monolithique, n’est pas non plus un orchestre qui joue la même partition. «On me dit là où je vais dans la sphère arabe
  • 4. Observatoire de l'islam que l’Occident a une dent contre le monde musulman. Certes, il y a des chaînes anti-islamiques, mais elles ne sont pas les plus respectées. Les journaux qui font dans l’islamophobie se comptent sur les doigts d’une main. Si j’étais un Martien lisant la presse terrienne, j’apprendrais que The Guardian défend nettement mieux les causes légitimes des musulmans qu’El Ahram. Le scandale de la prison d’Abou Ghraïb n’a suscité aucun intérêt chez les Arabes, alors qu’il a fait la Une de la presse anglo-saxonne. Les Arabes disent que l’aversion de l’Occident vient du conflit arabo-israélien et des injustices qui en résultent. Mais c’est dans la presse occidentale, y compris israélienne, que nous apprenons les expropriations des terres palestiniennes, l’exploitation inique et unique de l’eau par les colons, les violations quotidiennes des libertés. Cela, on ne le trouve pas dans la presse égyptienne. La presse égyptienne, pourtant très développée, est muette comme une carpe, s’interdisant tout reportage dans les territoires occupés, encore moins à Rafah tout proche ! «Les Arabes souffrent, car ils sont dépendants de l’opinion que les autres se font d’eux. Ils ont besoin de l’approbation de l’autre pour se sentir bien. C’est l’Occident qui valide leurs valeurs humaines. Mais les Arabes ne s’aiment pas entre eux. J’ai fait une dizaine de pays. Les seules avanies que j’ai subies, c’est dans les aéroports arabes. Il faut que l’agent t’humilie car l’interrogatoire dans ces aéroports est un interrogatoire d’humiliation, de réduction et non pas de sécurité. L’Arabe fabrique quotidiennement la réduction de soi - même. Et lorsqu’un Arabe réussit, il y a plus de jalousie que d’admiration. Chez les autres, la réussite individuelle rejaillit sur tout le monde. Chez nous, on s’ingénie à chercher la faille, même si elle n’existe pas, et quand on la trouve on pousse un grand ouf !» «Si ces verrous ne sautent pas, prévient Slimane, il n’y aura pas d’espérance. Je crois que c’est Aimé 4 Césaire qui avait dit que ‘‘Le problème avec un préjugé raciste, c’est que la victime croit ce que le raciste lui dit’’. Les Arabes sont une usine à reproduire les préjugés coloniaux et à les utiliser contre eux-mêmes. Ils souffrent de l’image donnée d’eux par l’Occident. Mais ils ne peuvent se construire un amour-propre, car ils passent leur temps à dénigrer. En vérité, la presse occidentale n’est qu’un prétexte de cette douleur de cette souffrance.» Pour Slimane, l’autocritique est plus que souhaitable. «Il faut faire le diagnostic et voir ce que nous admirons chez l’Occident. L’autocritique ? Pourquoi ne pas l’appliquer chez nous afin de sortir de ce schéma de victimisation et de complotite permanente. Lors du naufrage dans la mer Rouge qui a coûté la vie à 1400 âmes, pas un mot de compassion de Moubarak, ni dans la presse égyptienne ! Et lorsqu’il y a eu 17 morts, tous musulmans, dans le boat-people de Lampedusa, toute l’Europe s’est émue et l’a fait savoir dans la presse. Même le Pape en a parlé et présenté ses condoléances !» Regard colonial «Chez les Arabes, hélas, on a reproduit le même regard colonial, perceptible même dans les sketches passés à la télé ! Pourquoi ? Parce qu’il n’ y a pas d’avancée sous les régimes autoritaires. C’est à la société de poser les problèmes, car il n’ y a pas de vie dans le monde arabe. Il n’ y a pas d’entre-chocs des idées. Ce n’est pas une question de ligne éditoriale, ni de stratégie médiatique, mais de changement d’attitude au quotidien. Comment promouvoir l’image du musulman, alors que la religion est prise en otage par des barbares qui exhibent fièrement des têtes coupées ? On intériorise des concepts ‘‘tu es nul, tu es un minable’’ dans l’inconscient, et on finit par le croire. Ça crée une carence d’amour de soi-même et de son
  • 5. Observatoire de l'islam semblable qui se transforme en haine. De plus, il y a une interprétation parfois ridicule de la religion. A la télé, on avait posé cette question à un ‘‘prétendu’’ imam : ‘‘Pourquoi encouragez-vous la polygamie ?’’ Vous savez ce qu’il a répondu ? ‘‘Les femmes sont comme les voitures. Quand l’une tombe en panne, l’autre est toujours là’’…». Des Algériens émérites sont accueillis avec les honneurs en Occident, alors que chez eux ils sont considérées comme des moins que rien ! Revenons à l’histoire : le comportement des bachaghas, des caïds, des chaouchs et des garde-champêtres était plus violent vis-à-vis de leurs coreligionnaires que celui du colon lui - même et les petits Blancs (Maltais, Gitans…) étaient plus virulents que le Français de souche. En Algérie, les pouvoirs, hélas, ont reproduit l’intériorisation de la violence coloniale. Le seul pays anciennement colonisé qui a su dépasser ce système abject c’est l’Inde, indépendante depuis seulement 1947 et qui est devenue une puissance mondiale dans plusieurs domaines. Cela n’empêche pas les Indiens de préserver la statue de la reine qui trône toujours à New Delhi et qui est perçue comme un simple vestige folklorique. «Ici, en Algérie, admet Slimane, je ne crois pas que la haine de soi soit fabriquée par le pouvoir. Ce serait lui prêter une ingénierie sociale et une expertise sophistiquées dont il est incapable. Les Arabes et les musulmans ne doivent s’en prendre qu’à eux- mêmes. Pour améliorer leur image, il faut qu’ils fabriquent un discours digne et responsable en direction de l’étranger.» Sur son lieu de naissance, l’enfant d’Erraguène, citoyen du monde, a un commentaire amer : «Mon village est complètement mort ; d’un côté, dit-il, on glorifie le djebel dans le discours officiel et la mythologie de la guerre d’indépendance, et de l’autre on assiste, impassible, au déclin montagnard. C’est 5 triste à mourir», soupire-t-il. «Je ne sais pas si on peut appeler cela de l’indifférence, de l’inculture, de la désinvolture ou du suicide… Erraguène vaut bien une virée, même si seule dans sa solitude elle rechigne comme l’ermite à l’ostentatoire.» A-t-elle vraiment évolué ? «A part le barrage éponyme, rien n’a changé.» Tant pis ou tant mieux, en tout cas son illustre enfant a décidé de lui rendre justice à sa manière en allant comme un troubadour chanter ses mérites et ses vertus à San Francisco et à Los Angeles, «puisqu’ici tout le monde s’en fout.» El Watan
  • 6. Observatoire de l'islam Kev Adams défend l’islam dans On n’est pas couché, mais s’attire les foudres de Twitter Kev Adams a toujours le mot pour rire, mais le jeune homme sait aussi débattre sur des sujets sérieux. Lors de son passage dans l’émission On n’est pas couché samedi 22 novembre, l’humoriste n’a pas hésité à défendre l’islam et les musulmans. Kev Adams, le Ben Affleck à la française ? Lors de son passage dans l’émission On n’est pas couché, samedi 22 novembre, l’humoriste préféré des adolescents, qui a décidé d’arrêter SODA, n’a pas hésité à donner son avis devant Laurent Ruquier et ses chroniqueurs lorsque les djihadistes et l’Etat islamique ont été évoqués. « Les musulmans ne sont pas des terroristes, ce sont des gens biens » Venu présenter son nouveau one man show, Kev Adams, le nouvel Aladin, prouve qu’il peut aussi parler de sujet d’actualité. Invité sur le plateau d’On n’est pas couché, au côté d’Elise Lucet, l’humoriste a rapidement réagi face aux déclarations de la journaliste sur le Djihad et l’Etat islamique. Quand l’animatrice de Cash Investigation avoue que certaines personnes « font tout pour que les jeunes, convertis ou musulmans, aient une autre 6 vision de l’Islam grâce à ce qu’on leur enseigne », Kev Adams réagit aussitôt en précisant qu’il ne faut pas faire d’amalgame. Il déclare avec fougue : « J’ai l’impression qu’il y a des gamins un peu paumés qui n’ont jamais mis un pied dans une mosquée. J’ai la chance de faire une tournée en France, j’aime bien aller visiter les différentes communautés et j’ai vraiment été dans beaucoup de mosquées où on voit que les discours sont juste là à dire ‘Soyez fiers d’être musulmans français, de faire des belles choses en France et de montrer que les musulmans ce ne sont pas les terroristes’. Oui, ça c’est faux, complètement faux et c’est important pour moi de le dire à la télé. » Le jeune homme de 23 ans ne s’arrête pas là et compte bien se faire entendre sur le plateau de Laurent Ruquier en poursuivant : « Il y a des jeunes qui m’écoutent et il ne faut pas faire d’amalgame, les musulmans ne sont pas des terroristes, les musulmans sont des gens biens », avant d’être salué par son ancien mentor et le public. Kev Adams répond à ses détracteurs Si Kev Adams a fait preuve d’humilité et de maturité lors de ses différentes interventions dans l’émission On n’est pas couché, le jeune homme n’a pas fait sensation auprès de tous les internautes. En effet, sur Twitter, certains twittos n’ont pas hésité à malmener Kev Adams avec des gazouillis assez durs. Ainsi, nous pouvons lire : « #KevAdams est vraiment insupportable! Jouer l’ado atardé pendant 10 ans ça lui a laissé des séquelles visiblement! #ONPC » – @AntoineMokrane « Kev Adams tu es le Sida de l’humour gros FDP #ONPC (J’espère que mon tweet va passer à l’antenne) » – @90minutesFR
  • 7. Observatoire de l'islam « Très bonne intervention de Kev Adams qui ne dit rien. S’il pouvait continuer comme ça » – @TacusselVictor « Kev Adams qui dit « Inchallah » pendant #ONPC alors qu’il est juif… Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour gagner des fans … » – @BoutinTrin « Kev Adams dans #ONPC : « Le djihadisme n’est pas un problème. Le problème, c’est Marine Le Pen. » Ce n’est pas 2 neurones qu’il a mais zéro ! » – @MRichonet « @encolere75 #ONPC s il pouvait arrêter de parler politique et se contenter de son rôle de comique… » – @DHARMA177 Malgré tout, l’humoriste peut toujours compter sur ses admirateurs qui ont rapidement salué le discours de leur idole sur l’islam mais aussi pour sa maturité sur le plateau de Laurent Ruquier. Egalement, Kev Adams a le sens de la répartie et a décidé de ne pas se laisser faire en répondant à ses détracteurs : « Calme ta Haine Boris ! Si tu n’aimes pas n’en dégoute pas les autres ! » tout en remerciant le soutien de ses fans en gazouillant : « Merci a vous pour vos gentils messages (et meme les mechants) a propos de #ONPC ou #VTEP ! Ca me touche ! #Love ». Cosmopolitan Staragora Syrie: Daesh lapide deux hommes accusés d’être homosexuels Le groupe jihadistes Etat islamique (EI) a lapidé mardi en Syrie deux jeunes hommes en affirmant qu’ils étaient homosexuels, les premières exécutions pour ce motif commis par cette organisation, a indiqué une ONG. «L’EI a lapidé à mort aujourd’hui un homme» de 20 ans «en disant qu’il était gay», à Mayadin, dans la province syrienne de 7 Deir Ezzor (est), a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’EI a affirmé avoir trouvé sur son téléphone portable des vidéos le montrant «pratiquer des actes indécents avec des hommes», selon la même source. Dans la ville même de Deir Ezzor, un jeune homme de 18 ans a également été tué mardi de la même façon, et pour le même motif. «L’EI a aussi accusé le jeune homme (…) d’être gay», a ajouté l’OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni qui se base sur un large réseau d’informateurs en Syrie. Une femme dentiste décapitée parce qu’elle soignait des hommes Des militants sur les réseaux sociaux ont affirmé que les deux hommes tués étaient des opposants à l’EI, et que le groupe avait utilisé leur prétendue homosexualité comme prétexte pour les tuer. Les jihadistes de l’EI ont dans le passé lapidé plusieurs femmes accusées d’adultère, notamment dans leur fief de Raqqa. A Mayadin, une femme dentiste avait été décapitée en août parce qu’elle continuait à traiter des patients des deux sexes, avait indiqué l’ONU dans un rapport le 14 novembre. Le groupe extrémiste sunnite, qui a proclamé en juin un califat sur les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak, est accusé de crimes contre l’humanité par l’ONU, en raison de nombreuses exactions qu’il commet: décapitations, crucifixions, esclavage, etc. Céline Boff
  • 8. Observatoire de l'islam Nicolas Sarkozy demande à l’islam «ce qu’il peut faire pour la République» Nicolas Sarkozy parmi les siens. A quatre jours du vote des adhérents de l’UMP pour élire le successeur de Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy tient ce mardi soir un meeting dans l’un de ses fiefs, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de- Seine). «Un département qui m’a tout donné», loue-t-il devant ses soutiens, parmi lesquels ses fils Jean et Louis, assis au premier rang. Dernier candidat déclaré à la présidence de l’UMP face à Hervé Mariton et Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy est rompu à l’exercice en cette fin de campagne. Tel un maître de cérémonie, il sait chauffer son public. Et lancer, quelques minutes après le début de son intervention: «Je ne suis pas là pour être l’élu du système médiatique, l’élu des commentateurs». Le propos populiste est reçu 5 sur 5 par les centaines de militants qui applaudissent à tout rompre. Avant d’expliquer sa sortie, goguenard, par «la passion, le coeur» car «dans le public, il y a Carla». L’affaire des sifflets de Bordeaux Revenant brièvement sur les sifflets qui ont visé samedi Alain Juppé lors de son meeting à Bordeaux, Nicolas Sarkozy devient ambigu: s’il n’aime pas les sifflets, il ne sera pas «celui qui fera taire les adhérents de l’union. Car ici c’est la famille de la liberté». Pas vraiment une phrase qui apaisera les dissensions avec celui qui apparaît comme le rival le plus sérieux dans la course à la présidentielle 2017. Pourtant, Nicolas Sarkozy assure ne 8 pas vouloir «de bagarre dans [s]a famille politique», soulignant avoir «besoin d’Alain Juppé, de François Fillon» pour la suite de l’aventure du principal parti de droite. Comme lors de ses précédents meetings, Nicolas Sarkozy parle peu de l’UMP, de sa future organisation. Rien sur l’abandon du nom du parti, «UMP», ou sur les relations avec le centre. Nicolas Sarkozy multiplie plutôt les commentaires sur l’immigration, rappelle sa volonté de sortir des règles communautaires de déplacements (Schengen). «Je ne crois plus à la possibilité de réformer le système (…). Il faut changer le système. Il faut sortir de Schengen (…) avant d’établir un deuxième Schengen.» Avant d’embrayer sur l’islam. «Ne vous demandez pas ce que la République peut faire pour l’islam, mais ce que l’islam peut faire pour la République (…) La république est en droit de demander une habilitation à certains [imams qui tiennent des propos extrémistes]». Des militants FN en embuscade Volontiers badin, se décrivant «hyperactif», Nicolas Sarkozy est chez lui, dans le coeur des militants qui scandent et applaudissent «Nicolas». Devant ses proches, Patrick Balkany, NKM, ou encore Eric Woerth. Et pourtant… même à Boulogne-Billancourt, tous ne sont pas acquis à l’ancien Président. Peu avant le meeting, une dizaine de militants FN tractent aux portes du gymnase où se tient la grand-messe sarkozyste. Des tracts promptement arrachés des mains par la sécurité. Anne-Laëtitia Béraud
  • 9. Observatoire de l'islam Le blasphème, ce « crime » toujours punissable dans un cinquième de la planète Un cinquième des pays de la planète ont (encore) des lois punissant le blasphème. Et contrairement à une idée reçue, il n’y a pas que des pays musulmans : les chrétiennes et européennes Allemagne, Irlande ou Grèce, le Pérou également chrétien mais sud-américain, ou l’Inde hindouiste, font partie de la liste. Samedi, Kenneth Roth, le directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a condamné sur Twitter les « gouvernements qui continuent à imposer des discours et opinions religieux au travers de la lois sur le blasphème ». Une condamnation accompagnée d’une carte réalisée par le site Global Post qui montre que le blasphème est punissable surtout dans le monde arabo-musulman, mais pas seulement. PS : Sur Twitter, Antonio A. Casilli nous signale qu’« en l’Italie aujourd’hui le blasphème n’est plus un crime mais une infraction sanctionnée par une amende de 51 à 309€… » Pierre Haski Le cheikh d’Al-Azhar condamne la « barbarie » de l’État islamique Ahmed al-Tayeb, le cheikh d’Al-Azhar, a condamné mercredi les « crimes barbares 9 commis par le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie » lors d’une conférence internationale. Le cheikh Ahmed al-Tayeb a tenu mercredi 3 décembre une conférence de presse au Caire rassemblant des dignitaires religieux d’une vingtaine de pays, dont l’Arabie saoudite, l’Iran et le Maroc. Selon le cheikh d’Al-Azhar, la plus prestigieuse institution de l’islam sunnite, « l’État islamique commet des crimes barbares en revêtant les habits de cette religion sacrée » et tente « d’exporter le faux islam ». « Je me demande (…) jour et nuit les raisons de cette sédition aveugle et de ce malheur arabe, entaché par le sang », a-t-il poursuivi. Il a aussi fait porter à l’Occident une part de responsabilité, citant en exemple l’Irak qui onze ans après son invasion (par les États-Unis) « est livré à des milices rivales, ce qui a conduit à des bains de sang », ajoutant que la situation était similaire en Syrie. Il a également appelé la coalition antijihadiste conduite par les États-Unis à combattre aussi les « pays qui soutiennent le terrorisme financièrement et militairement ». Le cheikh a cependant reconnu qu’il ne fallait pas ignorer « notre propre responsabilité dans l’apparition de l’extrémisme qui a donné naissance à des organisations comme Al-Qaïda et à d’autres groupes armés. » Dimanche dernier, le pape François avait lancé un appel à tous les dirigeants musulmans de clairement condamner le terrorisme islamiste, après avoir pris en Turquie une défense vigoureuse des chrétiens d’Orient, menacés par les jihadistes en Irak et en Syrie. (Jeune Afrique)
  • 10. Observatoire de l'islam Daesh a installé des camps d’entraînement en Libye Les djihadistes de Daesh affirment leur présence dans l’est de la Libye. «Ils ont installé des camps d’entraînement» en Libye, où se trouvent quelque 200 djihadistes, a déclaré à des journalistes le général David Rodriguez, chef du commandement de l’armée américaine pour l’Afrique. Le gradé américain a toutefois qualifié le phénomène de «très petit et naissant». Interrogé pour savoir si ces camps d’entraînement deviendraient une autre cible de l’armée américaine, déjà engagée dans des raids aériens contre l’organisation en Syrie et en Irak, le général Rodriguez a répondu: «Non, pas maintenant». Daesh «a commencé ses initiatives dans l’est en introduisant des gens», a-t-il expliqué. «Mais nous devons juste continuer à surveiller et à regarder cela de près à l’avenir pour voir ce qui se passe et si ça se développe toujours», a-t-il ajouté. Les combattants du groupe EI en Libye ne sont pas des volontaires venus de l’étranger mais des membres de milices qui ont fait allégeance à ce groupe djihadiste, a précisé le général quatre étoiles. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont récemment fait part de leur «sérieuse préoccupation» au sujet de la montée de la violence en Libye. Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte de huit mois, les autorités de transition n’ont pas réussi à 10 former une armée et à asseoir leur autorité sur les nombreuses milices qui font la loi dans le pays. Les pays occidentaux craignent que ces troubles soient un terrain fertile pour les extrémistes, y compris Daesh, qui a déjà conquis de larges pans de territoires en Irak et en Syrie. Selon des experts, la ville de Derna dans l’est de la Libye s’est déjà transformée en «émirat islamique» et est devenue le fief des partisans de Daesh. 20 Minutes Un Savoyard converti à l’islam emprisonné au Maroc Sa famille assure qu’il n’a aucun lien avec l’intégrisme. Sur un blog, il affirme qu’il entre en grève de la faim. Thomas Marchal a 22 ans. Depuis trois semaines, il goûte au régime carcéral marocain. Arrêté par la Sûreté nationale antiterroriste à Marrakech, il a passé treize jours en garde à vue à Casablanca, avant d’être placé en détention provisoire à la prison de Salé, près de Rabat. Pour sa famille en France, rien ne justifie cet emprisonnement. « Mon frère s’est converti à l’islam », reconnaît sa soeur cadette Charlotte, « mais il n’adhère pas du tout aux thèses extrémistes ». Son
  • 11. Observatoire de l'islam choix religieux serait lié à la nécessité de trouver un équilibre personnel de la part de ce jeune homme, qui a perdu son père il y a près de dix ans, avant de dériver un peu. »Il aurait tout aussi bien pu s’orienter vers le bouddhisme », suppose sa soeur. Reste que cette conversion a interloqué beaucoup de ses connaissances à Modane, où vit une importante population de confession musulmane, mais plutôt d’origine turque. D’autant que Thomas Marchal a adopté assez vite les signes extérieurs de sa nouvelle religion: longue barbe, djellabah. En mai 2013, il a choisi de s’expatrier au Maroc pour pouvoir vivre sa foi. D’abord employé dans un snack, il a selon sa soeur trouvé du travail dans une plateforme téléphonique. Après un retour en France au printemps pour accomplir des démarches administratives, il est reparti au Maroc. Après son arrestation et son placement en détention provisoire, il a pu contacter sa famille, qui a relayé l’alerte sur un site qui recense les cas d’Européens emprisonnés au Maroc. Thomas Marchal assure qu’il a été interrogé des jours durant, qu’on lui a fait signer des procès-verbaux rédigés en arabe (langue qu’il ne comprend que très peu à l’oral, et ne lit pas) en lui promettant que cela lui permettrait de repartir très vite en France. Il indique qu’il n’a bénéficié de l’assistance ni d’un traducteur, ni d’un avocat. « Ils ont essayé de me faire avouer des choses qui ne m’ont jamais concerné : idéologie dangereuse, terrorisme, partir en Syrie, faire le Djihad, faire péter une bombe, etc. », peut-on lire sur le blog. Thomas Marchal a peut-être été « donné » par des indicateurs des forces de l’ordre marocaines. »Là où il habitait, il y a des extrémistes, et des gens qui ne le sont pas », croit savoir sa soeur, « quelqu’un a dû donner son nom pour se protéger lui-même ». Ou d’autres. 11 L’affaire est en tout cas bien complexe. Il semblerait que les autorités françaises en aient connaissance, sans qu’aucune confirmation ait pu encore être obtenue. Mercredi, Thomas Marchal a annoncé son intention d’entamer une grève de la faim. Frédéric THIERS Égypte : peine de mort confirmée pour sept islamistes accusés d’avoir tué 25 policiers Un tribunal égyptien a confirmé samedi les condamnations à mort de sept islamistes reconnus coupables d’implication dans la mort de 25 policiers tués dans le Sinaï (nord-est) en 2013 et de collaboration avec Al-Qaïda. Le 19 août 2013, des assaillants avaient attaqué à la roquette deux minibus de la police, tuant 25 policiers qui se rendaient à Rafah, ville du Nord-Sinaï où de nombreux groupes islamistes armés sont actifs. Cette attaque s’était produite quelques semaines seulement après l’éviction du président islamiste Mohamed Morsi par le chef de l’armée de l’époque Abdel Fattah al-Sissi, devenu depuis président de l’Egypte. La Cour criminelle du Caire avait déjà prononcé les condamnations à mort des sept accusés mi-octobre. Ces peines capitales ont ensuite été soumises à l’avis –purement consultatif– du mufti, représentant de l’islam auprès des autorités.
  • 12. Observatoire de l'islam Trois autres accusés dans la même affaire ont été condamnés à la détention à vie, et 22 autres à 15 ans d’emprisonnement. La prison à vie est de 25 ans en Egypte. Trois autres accusés ont été acquittés, a indiqué la Cour dans son verdict, retransmis en direct à la télévision samedi. Les attentats à la bombe et les attaques visant policiers et soldats se sont multipliés dans tout le pays, mais notamment dans le Sinaï, depuis la destitution de Mohamed Morsi. L’armée a lancé une vaste offensive ces derniers mois dans le nord de la péninsule pour y déloger notamment le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess ayant revendiqué de nombreuses attaques et fait récemment allégeance à l’organisation Etat islamique. Le groupe a revendiqué fin octobre un attentat suicide ayant provoqué la mort de 30 soldats dans le Sinaï, l’attaque la plus meurtrière ayant visé l’armée depuis la destitution de M. Morsi. Ansar Beït al- Maqdess affirme agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans de M. Morsi depuis son éviction. Plus de 1.400 manifestants pro- Morsi ont été tués par policiers et militaires et plus de 15.000 de ses partisans ont été arrêtés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’histoire récente ». Jeune Afrique Rien à voir avec l’islam : Iran 43 pendaisons en 9 jours L’Iran, ce pays respecté par l’extrême droite française, mais aussi par Pascal Boniface qui la trouve très fréquentable, a encore montré son immense cruauté : il y a eu 43 exécutions par pendaison en 9 jours, dont 2 femmes et 3 mineurs. 12 Mais cela n’a rien à voir avec l’islam, et l’Iran est membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Quand je parle de cruauté, c’est mon point de vue subjectif : aucun politique n’a dénoncé ces dernières exécutions, il n’y a eu aucune condamnation à l’ONU, aucun vote de sanction à l’Assemblée nationale française, aucun entrefilet dans les journaux. Pour ces gens là, il existe plus cruel : la construction d’appartements de quatre pièces salle de bain en Judée Samarie par Israël. Là dessus les médias savent hausser le ton, et faire leur grands titres sur ces monstruosités. Là vous voyez les journalistes montrer comme ils sont aux premières lignes pour la défense des Droits de l’homme. Les 43 exécutions en Iran : si elles ne sont pas dans les journaux, c’est certainement qu’elles sont humanitaires. Jean-Patrick Grumberg Deux femmes arrêtées en Arabie Saoudite pour avoir… conduit Depuis lundi, deux jeunes saoudiennes se trouvent en détention à Al-Hassa, ville située à l’est de l’Arabie saoudite. Le délit ? Elles ont tenté de passer la
  • 13. Observatoire de l'islam frontière depuis Dubaï (Emirats arabes unis) au volant de leur véhicule… Les associations de défense des droits de l’Homme sont sur le pied de guerre, toute la grande presse Française relaie l’anecdote, l’air de prouver au lecteur que le « droit des Femmes » est encore menacé, ici comme ailleurs… Interdire à des femmes de conduire est d’une bêtise crasse, mais ce n’est pas nouveau et c’est loin d’être la pire interdiction du Royaume. Les autres ne sont pourtant pas relayées… Soyons clairs, on ne peut que souhaiter la libération immédiate de ces deux femmes injustement emprisonnées. Mais il est assez intéressant de voir les journalistes s’indigner sur des faits anecdotiques sans ne jamais pointer la cause de ces lois, écrites ou non. La cause, c’est l’Islam sunnite rigoureux que pratiquent et imposent les autorités saoudiennes. L’Arabie Saoudite est un État islamique qui sait se maquiller, rien de moins. Elle sait parler aux Occidentaux depuis qu’elle leur vend du pétrole et aucun occidental n’a entreprit d’imposer la « démocratie » ou les « droits de l’Homme » à grands coups de bombardements pour cette même raison… Il y a deux mois, il fallait applaudir l’entrée de l’Arabie Saoudite dans la coalition américaine, cette magnifique entente internationale pour détruire l’infâme tout en continuant à le soutenir dans ses filiales syriennes… Comme il faut croire à la fable des gentils rebelles « modérés » syriens contre les méchants djihadistes irakiens, il faudrait croire au respectable Royaume d’Arabie Saoudite contre 13 l’atroce État Islamique combattu mollement depuis quelques semaines. Sous le règne de l’État Islamique, les femmes portent la burqa et ne peuvent pas conduire, les homosexuels sont décapités, les Yézidis réduites à l’esclavage, les Chrétiens chassés, les églises détruites, la liberté religieuse interdite. C’est atroce, et c’est pareil en Arabie Saoudite : les Chrétiens ne peuvent pratiquer leur foi, la construction d’église est interdite, les homosexuels sont décapités, les étrangers réduits à l’esclavage et les femmes en burqa interdites de conduite. La bien-pensance aura beau se muer en exégète de l’islam et répéter qu’il s’agit là d’une mauvaise lecture du Coran, les faits sont là. La réalité constitue l’amalgame même si de nombreux musulmans sont des hommes bons : aucun pays théocratique musulman ne laisse sa place à la femme, aucun ne laisse aux Chrétiens le droit de vivre sans craindre d’être chassé de leur propre pays. Et les Français sont désormais nombreux à rire avec Dieu des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes… Hurler au scandale après l’arrestation de ces deux femmes est légitime, ne pas pointer la cause est inutile là-bas, et dangereux ici. « Chassez le Christianisme, vous aurez l’Islam », prévenait Chateaubriand… A l’heure où les crèches sont interdites par des héritiers du laïcisme virulent qui piétinent l’identité française en encourageant d’autres à s’implanter, nos journalistes feraient bien de se pencher sur l’islamisation du pays avant de découvrir horrifiés dans quelques années que c’est dans des quartiers français que certaines femmes n’auront plus le droit de conduire. Boulevard Voltaire
  • 14. Observatoire de l'islam Egypte: Al-Azhar et le Vatican acceptent de renouer le dialogue Les gardiens de la mosquée Al-Azhar en Egypte ont annoncé un nouvel accord ouvrant la voie à la reprise du dialogue interreligieux avec le Vatican sur la base du respect mutuel entre l’Islam et le Christianisme. Le sous-secrétaire d’Al-Azhar, Abbas Shouman, a déclaré dans un communiqué publié dimanche qu’il salue sans réserve la reprise du dialogue avec le Vatican, suspendue à la suite des opinions controversées de l’ancien pape Benoît XIV sur l’Islam. « Nous voulons une position officielle du Vatican signifiant leur respect envers l’Islam et effaçant les effets des remarques du Pape Benoît XVI, qui n’ont pas été bien reçus par la communauté musulmane à travers le monde », ajoute le communiqué. Le porte-parole de l’Eglise catholique en Egypte, Rafiq Graish, a déclaré que l’institution salue ce qu’il a qualifié d’ouverture de la part Al-Azhar, le principal centre théologique de l’Islam sunnite. Aucune mention n’a été faite de la date exacte de la reprise du dialogue. Plus de dix ans de dialogues avec le Vatican avaient été partiellement suspendus suite aux propos polémiques du pape Benoît XVI qui avait insinué que l’Islam était synonyme de violence. 14 Ce qui restait du dialogue islamo-chrétien a été complètement détruit en 2011 après que le même souverain pontife a accusé les musulmans de persécuter les chrétiens au Moyen-Orient. Depuis la renonciation de Benoît XVI le 28 février 2013, des efforts ont été entrepris pour relancer le dialogue en vue de favoriser une meilleure compréhension entre fidèles des deux religions. APA Un Coran à base de plantes, unique au monde, est exposé à Dubaï Les mille et une vertus des plantes médicinales n’avaient pas de secret pour lui, feu Hakim Hamdi Taher, un médecin turc adepte de la thérapie Unani, prodigieuse et millénaire, élaborée au VIIème par la fine fleur des savants arabes et persans, a consacré 22 années de sa vie à préparer la décoction idéale à partir de laquelle un exemplaire unique du Saint Coran a été confectionné. Cette véritable potion magique mêlant plus de 200 plantes réputées pour leurs effets actifs puissants en phytothérapie a été conçue entre 1957 et 1979, et c’est plus de trois décennies après sa composition que le Noble Coran, entièrement fait main, qui en est issu, a trouvé une vitrine de prestige pour s’exposer aux yeux de tous, du 7 au 11 décembre : l’émirat de Dubaï. « Nous sommes honorés de recevoir ce magnifique travail, empreint de passion et de dévotion, réalisé au soir de son
  • 15. Observatoire de l'islam existence par Hakim Hamdi Taher. C’est de la bien belle ouvrage !« , a déclaré Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari, conseiller religieux islamique à Heddem Arts, en vantant les propriétés curatives insoupçonnées de ce Coran de 7,5 kilos, dont « le subtil mélange de plantes s’infiltre dans les doigts du lecteur et à travers les pores de la peau, procurant un bien-être, voire même agissant sur certains troubles et affections. » S’égrenant sur 606 pages, les sourates de cet ouvrage exceptionnel ont été gravées à l’aide d’une crème spéciale, enrichie en huiles essentielles, dont ont été enduites toutes les feuilles et leurs bordures. Après avoir vérifié auprès de 1 714 musées répartis dans 80 pays que ce Coran réalisé de manière artisanale n’avait aucun équivalent à l’échelle planétaire, le ministère des Affaires religieuses de Dubaï l’a dûment homologué, avant de crouler sous les offres d’acheteurs potentiels. « Nous avons en effet reçu des offres de plusieurs acheteurs, mais nous n’accepterons de le céder qu’à un acquéreur dont on aura la certitude qu’il apprécie sincèrement les valeurs islamiques », a insisté Abdul Azeaz Bin Hassan Moulavi Malabari. Regorgeant de bienfaits thérapeutiques en plus de l’infinie sagesse qui découle de ses pages, on oserait presque dire que ce Coran devrait être remboursé par la sécurité sociale… Sauf pour les grands pourfendeurs de l’islam, auxquels aucune plante, aussi apaisante et miraculeuse soit-elle, ne parviendra à insuffler la hauteur de vue qui leur fait si cruellement défaut… Oumma.com 15
  • 16. Observatoire de l'islam Lettre ouverte à l’Etat islamique Dans une lettre ouverte au calife autoproclamé et chef de l’organisation de l’Etat islamique Abou Bakr Al-Baghdadi, des érudits musulmans du monde entier condamnent, Coran à l’appui, les atrocités commises par les djihadistes. « Vous avez donné au monde un bâton pour battre l’islam alors qu’en réalité l’islam est complètement innocent de ces actes et les interdit. » C’est en substance le messageadressé à l’organisation de l’Etat islamique par plus de 120 musulmans issus de nombreux pays – dont l’Egypte, le Liban, l’Irak, le Pakistan, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, ainsi que des Etats européens. Voici, traduit en français, l’essentiel des 32 pages dans lesquelles les signataires – sunnites comme les membres de l’EI – dénoncent les actes des djihadistes et démontrent qu’ils sont illicites au regard de l’islam. Note de synthèse 1. Il est interdit dans l’islam d’émettre des fatwas sans disposer des connaissances requises. Même dans ce cas, les fatwas doivent respecter le droit islamique tel qu’il est défini dans les textes classiques. Il est également interdit de citer un verset, même incomplet, du Coran pour en tirer un règlement sans considérer tout ce que le Coran et les hadith [recueil des faits et paroles attribués au Prophète] enseignent sur la question. En d’autres termes, les fatwas répondent à des conditions 16 subjectives et objectives strictes et nul ne peut « prélever » des versets coraniques pour appuyer des arguments juridiques sans considérer le Coran et les hadith dans leur ensemble. 2. Il est interdit dans l’islam d’émettre des règlements juridiques sur quoi que ce soit sans maîtriser la langue arabe. 3. Il est interdit dans l’islam de schématiser les questions liées à la charia et d’ignorer les sciences islamiques établies. 4. Il est autorisé dans l’islam [aux lettrés] d’exprimer des avis divergents sur quelque sujet que ce soit sauf sur les fondements religieux que tout musulman se doit de connaître. 5. Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine quand on établit des règlements juridiques. 6. Il est interdit dans l’islam de tuer des innocents. 7. Il est interdit dans l’islam de tuer des émissaires, ambassadeurs et diplomates ; il est par conséquent interdit de tuer des journalistes et des membres d’organisations humanitaires. 8. Le djihad dans l’islam est une guerre défensive. Elle n’est pas autorisée sans une juste cause, de justes objectifs, et sans respecter des règles de conduite. 9. Il est interdit dans l’islam de déclarer que quelqu’un est non musulman, sauf s’il (ou elle) professe ouvertement ne pas avoir la foi. 10. Il est interdit dans l’islam de blesser ou de maltraiter – de quelque façon que ce soit – des chrétiens ou autres « gens du Livre ». 11. Il est obligatoire de considérer les Yézidis comme des gens du Livre.
  • 17. Observatoire de l'islam 12. La réintroduction de l’esclavage est interdite dans l’islam. Il a été aboli par consensus universel. 13. Il est interdit dans l’islam de convertir les gens par la force. 14. Il est interdit dans l’islam de priver les femmes de leurs droits. 15. Il est interdit dans l’islam de priver les enfants de leurs droits. 16. Il est interdit dans l’islam d’imposer des peines légales (hudud) sans respecter les procédures appropriées afin de garantir justice et miséricorde. 17. Il est interdit dans l’islam de torturer les gens. 18. Il est interdit dans l’islam de défigurer les morts. 19. Il est interdit dans l’islam d’attribuer des actes néfastes à Dieu. 20. Il est interdit dans l’islam de profaner les tombes et les sanctuaires des prophètes et des compagnons. 21. L’insurrection armée est interdite dans l’islam pour toute raison autre que l’absence avérée de foi du dirigeant et son refus de laisser les gens prier. 22. Il est interdit dans l’islam de déclarer un califat sans l’accord de tous les musulmans. 23. La fidélité envers sa nation est autorisée dans l’islam. 24. Après la mort du Prophète, l’islam n’exige de personne qu’il émigre où que ce soit. Courrier international 17 Chebel : « Les musulmans ont peur du dialogue » Le philosophe et spécialiste de l’islam analyse la venue du pape à Istanbul. Les musulmans peuvent-ils être sensibles aux gestes et au discours du pape François à Istanbul? Les images que nous avons vues sont très belles, elles symbolisent une grandeur d’âme et une volonté politique. Dans la foulée de ses prédécesseurs, il a voulu transcender les contraires en visionnaire et non pas en comptable d’une actualité tragique dans cette région. C’était important qu’il se montre ainsi en Turquie, le seul État musulman héritier historique du vrai califat tout en restant structurellement démocratique. Le pape montre son respect pour les musulmans, pourquoi est-il difficile de voir l’inverse? D’abord parce que l’islam n’a pas de clergé ni de hiérarchie unique, il ne se centre pas autour d’une seule et même personne qui a autorité. Mais aussi parce que, d’un point de vue collectif, cette religion ne semble pas s’intéresser au progrès, à une conquête résolue de l’avenir sans atermoiements. Moi-même, lorsque je vais débattre dans des églises chrétiennes avec une grande croix du Christ derrière moi, je n’ai pas peur. Les musulmans, d’une façon générale, ont peur du dialogue. Pour eux, le monde chrétien est encore très inconnu. Et pourtant, ce dialogue est nécessaire et il doit s’approfondir.
  • 18. Observatoire de l'islam Il existe pourtant de grandes voix respectées de l’islam dans le monde, qu’attendez-vous d’elles? La question est celle de la légitimité. L’islam est divisé entre courants qui dépassent de loin la fracture entre chiites et sunnites, et entre pays aussi différents que l’Arabie saoudite, qui abrite La Mecque, l’Égypte de la mosquée Al- Azhar, référence théologique, et de l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé. J’ai souhaité que se réunissent un jour les dix plus grandes voix de l’islam pour former un collège de référence et énoncer ensemble la bonne parole, celle que j’appelle l’islam des Lumières. Mon rêve serait de les voir se réunir avec les leaders de la chrétienté et du judaïsme pour un concile de la paix entre les trois grandes religions monothéistes. En attendant, pensez-vous que le pape peut convaincre les musulmans de sa volonté de dialoguer? François est respecté parmi les musulmans modérés. N’étant pas capables de le juger sur le plan théologique, nous voyons tous qu’il est bon, qu’il suscite de la ferveur, qu’il répond à des attentes, qu’il redonne de l’espoir à beaucoup. Est-ce qu’il va trop vite? Personnellement, je le pense mais ses gestes d’ouverture et de tolérance sont les conditions mêmes du dialogue. François Clemenceau « Le djihadisme est une hérésie au sein de notre religion » Professeur d’études islamiques à l’université libanaise à Beyrouth, ancien compagnon d’études du grand imam Ahmed Al Tayyeb à l’Université Al Azhar, Ridwan Al-Sayyid est l’un des organisateurs de la Conférence contre l’extrémisme et le terrorisme qui s’est tenue au Caire, les 3 et 4 décembre. 18 Pourquoi avoir invité des chrétiens à cette Conférence d’Al Azhar contre l’extrémisme et le terrorisme ? Les interventions n’ont-elles pas montré que le problème était plutôt interne à l’islam ? Ridwan al-Sayid : Beaucoup d’événements graves sont survenus en 2013 et 2014. Depuis six mois, avec également Mohamed Sammak, le secrétaire général du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien au Liban, nous sommes un petit groupe à nous réunir autour du grand imam, Ahmed Al Tayyeb. Nous lui avons suggéré cette conférence pour mettre sur la table trois sujets : le terrorisme et le fondamentalisme, nos mauvaises relations avec les chrétiens et le conflit entre sunnites et chiites. Il a accepté et il y a un mois, nous nous sommes attelés à sa préparation. Avez-vous le sentiment que des solutions ont été trouvées dans chacun de ces trois domaines ? R.A-S. : Les problèmes, bien évidemment, ne sont pas encore résolus. Mais pendant deux jours, nous avons parlé et vous avez entendu tout ce qui s’est dit, y compris entre les sunnites qui sont eux-mêmes divisés. Sur la question du califat par exemple, quelle est notre position ? À mon avis, rétablir cette institution nous plongerait dans de graves difficultés… Mais nous avons en commun notre volonté de nous battre contre le djihadisme, qui est une hérésie au sein de
  • 19. Observatoire de l'islam notre religion. Le problème est aussi que ce terrorisme donne à l’islam une mauvaise image : une hérésie interne est souvent plus dangereuse que des ennemis extérieurs… Comment contrer le discours extrémisme ? R.A-S. : À mon avis, la voix sécuritaire ne suffit pas : elle permet seulement aux États de se défendre. Mais nous, comme musulmans et représentants des institutions religieuses, que pouvons-nous faire pour éradiquer cette hérésie ? Comme le suggère la déclaration finale, il faut une réforme religieuse et une renaissance intellectuelle et celles-ci doivent être menées par les institutions religieuses, pas par les gouvernements. L’État ne peut pas être un État religieux, théocratique : il n’est là que pour gérer les affaires civiles. C’est à nous d’éduquer nos jeunes de telle sorte qu’ils ne se tournent pas vers le fondamentalisme ! Or nos institutions n’ont pas fait leur travail : ces derniers temps, elles se bornaient à répondre aux injonctions des gouvernements, c’est pour cela qu’elles ont perdu tout leur crédit auprès des jeunes. Nous devons être solidaires de la jeunesse pour qu’elle nous écoute à nouveau ! Il y a beaucoup, beaucoup de travail, pour réformer les programmes éducatifs, coopérer avec les médias… Les pays arabes ont échoué à contrôler les jeunes : nous ne pouvons plus attendre qu’ils agissent. Un participant disait dans cette enceinte que l’objectif de cette Conférence devrait être d’obtenir une augmentation du budget de l’éducation… Qu’en pensez-vous 19 ? R.A-S. : Ce n’est pas un problème d’argent. L’Égypte et les pays du Golfe ont compris le problème et veulent mettre de l’argent pour réformer et renforcer les institutions religieuses. Al Azhar, la principale institution sunnite au monde, dispose de 500 000 étudiants et 80 000 professeurs en Égypte et dans le monde. Elle a aussi 25 antennes hors de l’Égypte. Son influence est énorme : si elle bâtit un programme, une stratégie, cela peut changer les choses. Vous parlez des pays du Golfe, mais l’islam wahhabite propagé par l’Arabie saoudite, n’a-t-il pas fait le lit de l’État islamique ? R.A-S. : L’Arabie saoudite est wahhabite depuis sa fondation. La nouveauté, c’est plutôt les mouvements salafistes révolutionnaires – un salafisme différent donc de celui de l’Arabie saoudite – qui, dans les années 1970, se sont révoltés contre les wahhabites. Ces deux courants s’opposent entre eux. Quelles seront les suites de cette conférence ? R.A-S. : C’était une conférence préparatoire, destinée à mettre tous les sujets sur la table. Al Azhar a déjà commencé à réfléchir à un système pour poursuivre le travail. La déclaration finale, par exemple, sera la préface à un document plus complet sur le terrorisme, le dialogue islamo-chrétien et les divisions entre sunnites et chiites. Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner (au Caire)
  • 20. Observatoire de l'islam Islam : et Dieu libéra la femme Figure de la pensée réformiste, la Marocaine Asma Lamrabet déconstruit méthodiquement les interprétations archaïques du livre saint, notamment celles relatives au statut de la musulmane. Elle récuse les étiquettes de « féministe islamiste » ou de « militante » que lui ont accolées les médias. « Je suis simplement une chercheuse qui se pose des questions sur le texte religieux », précise d’emblée Asma Lamrabet. « Ce n’est pas parce que je porte un foulard que je suis forcément islamiste. Et le fait que je m’intéresse à l’image de la femme dans le Coran ne veut pas dire que je suis féministe », poursuit celle qui représente actuellement le mieux l’islam réformiste au Maroc et l’effort d’interprétation (ijtihad) qu’il suppose. Directrice du Centre des études féminines en islam au sein de la Rabita Mohammadia des oulémas, une association placée sous la tutelle du roi, Lamrabet s’est fixé comme objectif d’en finir avec les préjugés nés d’une lecture littéraliste du Coran, à commencer par l’idée selon laquelle une femme qui porte le voile serait incapable d’aller aussi loin dans l’interprétation coranique des libertés individuelles. Médecin biologiste de carrière, Asma Lamrabet passe au peigne fin le texte révélé, recensant tous les versets contraignants pour les femmes et expliquant, arguments à l’appui, comment leur interprétation a été rendue caduque par le contexte moderne. Voile, héritage, mariage mixte, tutelle de l’homme sur la 20 femme (qiwama), interdiction de la mixité dans les mosquées… Autant de certitudes héritées de lectures figées du Livre saint et qui ne résistent pas à une relecture critique et contextualisée du texte sacré à travers le prisme des droits de l’homme. Une méthodologie à laquelle Lamrabet s’est toujours tenue sans jamais manier la langue de bois. Tutelle de l’homme Comme beaucoup de réformistes, Asma Lamrabet rappelle que le Coran a été révélé dans un contexte socioculturel donné et que toute tentative de reproduire ce contexte à l’heure actuelle relève soit de la bêtise, soit de « l’instrumentalisation politique ». « Depuis la Révélation, la qiwama de l’homme sur la femme a été très claire. Le Coran parle d’une responsabilité morale et matérielle de l’homme envers sa famille et non d’une supériorité ou d’une autorité quelconques », explique-t-elle. Pour arriver à ce constat, la chercheuse s’appuie sur les six versets relatifs à la tutelle. Cité une seule fois dans le Coran, le principe de la qiwama se trouve contredit par d’autres versets qui recommandent la coresponsabilité, le partage au sein de la famille et la notion de justice entre tous les fidèles, quel que soit leur sexe. S’inspirant des travaux du réformiste égyptien Mohamed Abdou (1849-1905), Lamrabet remet en perspective la qiwama, avec son corollaire, le principe d’obéissance (tâ’a), une pure production juridique qui a contribué à déprécier et à inférioriser les femmes. Voile « Je le dis haut et fort. Il n’existe aucune obligation dans le Coran sur la question du voile », clame notre chercheuse. Le terme de « hijab » n’y signifie d’ailleurs pas « voile », mais « séparation ». À l’époque du Prophète, les femmes portaient ce qu’on appelle le khimar
  • 21. Observatoire de l'islam (foulard), par pudeur, piété ou convention sociale. Quand le Coran évoque ce dernier, il reste donc fidèle à son contexte. « Pour moi et pour certains penseurs réformistes, il s’agit d’une recommandation et non d’une obligation. Dans les textes religieux, quand il y a une prescription, sa non-observance est généralement assortie d’un châtiment. Or le verset qui fait référence au khimar n’en mentionne aucun, preuve que le port de celui-ci n’est pas obligatoire », explique Lamrabet, qui refuse de réduire le débat sur la femme à la question du foulard. Précision : la chercheuse n’appelle pas les musulmanes à ôter leur hijab mais à suivre leur choix spirituel en toute sérénité sans chercher à l’imposer aux autres au nom de la religion. Citant la polémique suscitée par le voile islamique en France, la réformiste marocaine estime que la priorité pour les femmes réside dans l’émancipation et le recouvrement de leurs droits : « Ne touche pas à mon voile, c’est bien, mais ne touche pas à ma liberté, c’est mieux. » Héritage La question de l’héritage est le sujet tabou par excellence. Pas même les associations féministes marocaines n’osent l’aborder tant la porte de l’ijtihad semble fermée face à ce verset « immuable » énonçant que la femme hérite de la moitié de la part de l’homme. Il convient cependant de rappeler que l’héritage des femmes a été introduit par l’islam à une époque où elles n’avaient strictement aucun droit et que cette disposition constituait en soi une révolution. Mais Lamrabet va plus loin en démontrant qu’une lecture contextualisée consacre l’égalité entre les sexes en matière d’héritage. Et de citer notamment la sourate IV, verset 32 : « Il revient aux hommes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches ; de même qu’il revient aux femmes une part (nassib) dans l’héritage laissé par leurs parents ou leurs proches. » Ce verset est la preuve que 21 l’égalité existe bel et bien, comme l’avait d’ailleurs souligné l’exégète Ibn Kathir (1301-1373) dans Tafsîr Ibn Kathîr. Très souvent, Lamrabet invoque des interprétations anciennes et particulièrement avant-gardistes, mais qui ont été jetées aux oubliettes pour des considérations politiques. Mariage avec un non-musulman Autre sujet tabou – mais qui ne procède, en réalité, que d’une pure tradition culturelle, le ourf -, les mariages mixtes. Tout non-musulman souhaitant épouser une musulmane doit en effet se convertir à l’islam, alors qu’un musulman peut se marier avec une non-musulmane sans renoncer à sa religion. Justifiée alors par la filiation patrilinéaire et le souci d’éviter que les croyantes ne sortent de la communauté (la Oumma), cette inégalité vole en éclats à la lecture du verset 221 de la sourate II, prescrivant aux musulmans comme aux musulmanes d’épouser des croyants (mouminîne), ce qui inclut donc les Gens du Livre (Ahl al - Kitâb) en référence aux juifs et aux chrétiens, et interdisant aux premiers comme aux secondes de se marier avec des polythéistes (mouchrikîne). Ce qui vaut pour les hommes en la matière vaut donc aussi pour les femmes. Dans son Tafsîr al-Tahrîr wa t-Tanwîr, l’exégète tunisien Mohamed Tahar Ben Achour (1879-1973) affirme qu’il n’y a pas de texte interdisant expressément l’union conjugale entre une musulmane et un chrétien ou un juif. Si l’ensemble de la communauté des savants s’est accordé à proscrire cette union, c’est en s’appuyant sur le consensus (ijmaa), et non sur un texte. « J’ai envoyé le résultat de mon travail sur ce thème à des oulémas de différents pays. Je n’ai jamais eu de retour. Preuve que la question dérange ! » confie Lamrabet. Courageuse, clairvoyante, un tantinet subversive, Asma Lamrabet reconnaît cependant faire preuve de frilosité par
  • 22. Observatoire de l'islam rapport à des questions d’actualité « qui [la] dépassent », comme l’homosexualité, alors que sa consoeur tunisienne Olfa Youssef a osé prendre position en affirmant que le Coran ne l’a jamais interdite. « J’ai beaucoup de difficultés devant cette problématique, inabordable pour le moment dans les sociétés musulmanes. Je ne veux pas braquer le système alors que la base n’est pas encore assainie », explique Lamrabet. Au vu des réactions probantes qu’elle recueille dans ses conférences, Asma Lamrabet semble s’être tout doucement frayé un chemin dans une société longtemps maintenue dans l’ignorance et religieusement sclérosée faute d’ijtihad. Quant à la traduction de cette approche nouvelle dans la vie quotidienne, c’est une entreprise de longue haleine. Au Maroc, en matière de réforme de l’islam comme d’avancées politiques, il faut du temps au temps… Bibliographie : Musulmane tout simplement éd. Tawhid France 2002 Aïcha, épouse du Prophète, ou l’Islam au féminin éd. Tawhid France, 2004 Le Coran et les femmes : une lecture de libération éd. Tawhid France, 2007 Femmes, islam, Occident : chemins vers l’universel éd. La Croisée des chemins (Maroc) et Séguier-Atlantica (France), 2011 Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? éd. Albouraq Paris, 2012 (Sorti en librairie en mars 2012, cet ouvrage a reçu le prix de la Femme arabe 2013, catégorie sciences sociales) Nadia Lamlili 22 L’Etat Islamique sème la terreur et fascine les jihadistes L’Etat islamique, qui a revendiqué la décapitation d’un troisième otage occidental, a bâti sa fulgurante ascension sur des méthodes brutales, un islam intransigeant et la fascination qu’il exerce sur les jihadistes, notamment étrangers. Qu’est ce que l’Etat Islamique? Le mouvement est né en Irak en 2006 à l’initiative d’al-Qaïda. Il se présentait comme le défenseur de la minorité sunnite face aux chiites qui ont pris le pouvoir avec l’invasion conduite par les Etats-unis en 2003. Il se fait connaître par des tueries de chiites et les attentats suicides contre les forces américaines. Sa brutalité et son islam intransigeant pousseront les tribus sunnites à le chasser de leur territoire. Dès juillet 2011, soit trois mois après le début de la révolte contre Bachar al-Assad, ses membres sont appelés à combattre en Syrie contre le régime dirigé par les alaouites, un avatar du chiisme, honni par les jihadistes. En Syrie, apparaissent rapidement des dissensions entre jihadistes irakiens et syriens. Les premiers proposent la création en avril 2013 de l’Etat islamique d’Irak et du Levant mais le chef syrien refuse et maintient le Front al-Nosra qui devient la branche officielle d’al-Qaïda en Syrie.
  • 23. Observatoire de l'islam Début 2014, éclate une guerre sans merci entre d’une part le Front al-Nosra et les rebelles syriens et de l’autre l’EI. Elle fait au moins 6.000 morts. Fort de ses victoires en Irak et en Syrie, le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi proclame en juin 2014 le « califat » à cheval sur les deux pays. Combien a-t-il de combattants? Il n’y a pas de chiffres précis. La CIA parle d’une fourchette de 20 à 31.000 combattants dans les deux pays. Selon un autre responsable du renseignement américain, il y a 15.000 combattants étrangers en Syrie dont 2.000 Occidentaux. Certains ont rejoint l’EI mais aucune donnée précise n’est disponible. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) évalue à plus de 50.000 le nombre de ses combattants en Syrie, dont 20.000 non syriens, venus du Golfe, de Tchétchénie, d’Europe et même de Chine. En Syrie et Irak, certains sont d’ex-cadres militaires et du renseignements de l’ancien dictateur Saddam Hussein. Ils ont donc une grande connaissance de l’art de la guerre. En Irak, selon Ahmad al-Sharifi, professeur de Sciences politiques à l’université de Bagdad, l’EI compte entre 8.000 et 10.000 combattants dont 60% d’Irakiens. L’EI recrute beaucoup à travers les réseaux sociaux, mais nombreux sont les rebelles qui le rejoignent par peur ou alléchés par les salaires offerts. Quel territoire contrôle-t-il? L’Etat Islamique contrôle environ 25% de la Syrie (45.000 km2) et 40% de l’Irak (170.000 km2), soit au total 215.000 km, ce qui représente presque la superficie du Royaume-Uni (237.000 km2), selon Fabrice Balanche, géographe expert de la Syrie. 23 Cependant, précise-t-il, la plupart des territoires contrôlés par l’EI, notamment en Irak, sont désertiques, ce qui réduit son emprise réelle sur le territoire. Le « califat » s’étend de Manbej, dans le nord de la Syrie près de la frontière turque dans la province d’Alep, en direction de l’est avec toute la province de Raqa, et une grande partie des gouvernorats de Hassaka et de Deir Ezzor, jusqu’à la localité frontalière de Boukamal. En Irak, il contrôle les régions sunnites de l’ouest et du nord avec notamment la ville de Mossoul. Pourquoi ce groupe attire-t-il les jihadistes étrangers? Pour l’écrivain et journaliste libanais Hazem al-Amine, les jihadistes occidentaux sont fascinés par sa démonstration de force de « type hollywoodien ». Les décapitations, les exécutions et la conquête de territoires font figure d’épopée. En outre, selon les experts, l’EI leur affirme qu’il a renoué avec l’islam du temps de Mahomet. Quelles sont ses sources de financement? Il y en a plusieurs selon les experts. Il y a d’abord des contributions venant de pays du Golfe. Pour Romain Caillet, expert des mouvements islamistes, l’EI s’auto-finance en grande partie, les fonds extérieurs ne représentant que 5% de ses ressources. L’EI pratique l’extorsion et impose des taxes aux populations locales. A quoi s’ajoutent la contrebande de pétrole et de pièces d’antiquité, les rançons pour la libération d’otages occidentaux et les réserves des banques de Mossoul, la ville dont s’est emparé l’EI au début de son offensive fulgurante lancée en juin.
  • 24. Observatoire de l'islam Selon Bashar Kiki, le chef du conseil provincial de Ninive, dont Mossoul est la capitale, les réserves en liquide des banques de la ville atteignaient avant cette offensive environ 400 millions de dollars. Comment agit-il avec la population? L’EI combine la terreur avec la fourniture de services sociaux aux populations qui sont sous sa coupe. Pour empêcher toute velléité de soulèvement et terroriser ses adversaires, il pratique la crucifixion, la décapitation, la flagellation ou la lapidation des femmes accusées d’adultère. Pour donner encore plus de poids à ses agissements, il les diffusent sur les réseaux sociaux avec des images insoutenables. L’EI a-t-il un avenir? Pour Romain Caillet, le principal objectif à court et moyen terme cipal de l’EI est de consolider le califat, qu’il a doté de structures « étatiques » comme des ministères ou des tribunaux. Mais, estime Hazem al-Amine, l’Occident va le frapper durement et l’affaiblir, ce qui l’obligera à redevenir une organisation clandestine. Barack Obama à annoncé cette semaine sa détermination à « affaiblir » puis à « détruire » l’EI grâce à une large coalition comprenant dix pays arabes. Les quelque 150 frappes américaines ont déjà contraint l’EI a reculé en Irak. Rita DAOU L’extrémisme, c’est le refus de la diversité de l’islam Les extrémistes de Daesh ne représentent pas les musulmans, qui ont des approches 24 très variées du Coran. Mais la perception de la diversité de l’islam est biaisée. « La situation me paraît pire qu’avant, regrette Stéphane Lathion, coordinateur du Groupe de recherche sur l’islam en Suisse. La manière dont est perçu l’islam est extrêmement tendue. Pourtant, tant qu’on n’est pas capable d’offrir un climat de sérénité et de confiance aux musulmans, on fait le jeu des extrémistes. » Ce spécialiste des religions en est convaincu: pour la majorité – silencieuse – des musulmans en Occident, leur foi n’est pas le plus important. « Ils se définissent aussi par leur nationalité, leur famille, leur travail, leur humanité… Alors que le discours dominant les réduit à leur religion. Il ne faudrait plus parler de musulmans, mais avant tout de citoyens ». Un conflit intracommunautaire La « majorité silencieuse » dont parle Stéphane Lathion s’est exprimée récemment contre les crimes de Daesh au Proche-Orient, notamment sous le mot d’ordre #NotInMyName. Pour dire que le conflit actuel est aussi (avant tout?) un conflit intra-communautaire. « L’islam est très divers », rappelle Marie- Thérèse Urvoy, professeure d’islamologie à l’Institut catholique de Toulouse. « L’extrémisme, c’est le refus de la diversité de l’islam », complète Stéphane Lathion. « Le Coran est un texte subtil, insiste Marie-Thérèse Urvoy. C’est un texte de paix et un texte de guerre à la fois.
  • 25. Observatoire de l'islam Mahomet est un chef religieux et un chef politique. Cette dualité du livre a posé problème tout au long de l’histoire de l’islam. Elle trouve son origine dans le parcours de vie de Mahomet. Mais, qui peut imposer une relecture historique et distanciée du Coran en l’absence de hiérarchie religieuse respectée par tous? » L’exemple asiatique Cette vision de l’islam existe dans l’histoire et la théologie musulmane. « A la fin du XIXe siècle, Djemâl ad-Dîn al- Afghâni et Mohamed Abduh ont pensé un islam moderne, explique Zidane Mériboute, chercheur à l’école d’études orientales et africaines de Londres. L’Asie du Sud-Est propose des modèles d’Etats à majorité musulmane mais pluralistes et divers. » Les groupes islamistes armés de Syrie et d’Irak rejettent ce genre d’interprétation et défendent le Califat et un islam « authentique », tel que les premiers musulmans l’ont défini à la mort du Prophète. Un âge d’or qui n’a jamais existé. Le Califat, une époque de violence entre musulmans « Les quatre premiers califes ont régné dans un climat de grande violence entre les musulmans, observe Marie-Thérèse Urvoy. Cette violence conduira d’ailleurs au schisme entre sunnites et chiites. » La domination que veulent exercer les extrémistes est plus politique que religieuse. « D’après le Coran, le croyant devrait agir selon son intelligence, son coeur et son environnement, assure Stéphane Lathion. Dieu décide pour le reste. Aujourd’hui, la sacralisation du Coran par certains musulmans permet la soumission du texte à des intérêts politico-religieux. » 25 Djihad, effort et quête spirituelle Zidane Mériboute trouve à redire à l’interprétation rigoriste des textes. « Ils détournent le Coran. Le djihad ne fait pas partie des cinq piliers de l’islam, il ne s’agit pas d’une obligation. De même, selon les règles de la sharia, pendant le djihad, une femme peut partir de chez elle sans ordre de son mari. Mais cela, ils se gardent bien de le dire… » L’auteur d’Une nouvelle « Vie » du prophète Muhammad (selon Ibn Sa’d) aux éditions Erickbonnier, poursuit: « Le djihad n’est pas la guerre sainte mais ‘l’effort sur le chemin de Dieu’. On peut distinguer le djihad mineur (al-asghar), la guerre défensive, et le djihad majeur (al - akbar). Ce dernier, plus méritoire selon le prophète Muhammad [ou Mahomet, ndlr], prend le sens d’une lutte intérieure contre les passions mauvaises, pour la discipline morale et la victoire sur soi - même. » Olivier Monod Pour l’islamophobe Brigitte Gabriel « l’islam ne peut pas s’intégrer aux Etats- Unis » C’est la nouvelle coqueluche des ultras Outre-Atlantique, ultra-islamophobes, réactionnaires et sionistes, Brigitte Gabriel, la journaliste et activiste américaine, d’origine libanaise chrétienne, s’est auto-investie d’une mission suprême dont elle a fait son juteux fonds de commerce : dire tout haut, sans fioritures et de manière fracassante, tout le mal qu’elle pense de l’islam et de la présence musulmane en Amérique, devant des publics galvanisés par son discours et ses harangues fielleuses, qui se font mielleuses dès lors qu’il s’agit de louer les mille et une vertus d’Israël.
  • 26. Observatoire de l'islam « La différence entre le monde arabe et Israël est une différence de valeurs : c’est la barbarie contre la civilisation« , a-t-elle coutume de lancer à la cantonade, sûre de son effet électrisant, la fondatrice de l’ACT, un mouvement citoyen de défense des valeurs démocratiques américaines qu’elle considère comme le seul rempart contre les assauts de l’islam radical, s’est fixée de nobles objectifs : libérer la parole raciste de ses compatriotes, et réveiller ou exacerber le nationalisme primaire qui sommeille en chacun d’eux, qu’ils soient chrétiens, évangéliques ou juifs. Elle a bien entendu désigné l’ennemi intérieur à abattre : le chimérique péril vert, mais qui, dans sa bouche haineuse, représente une menace imminente d’apocalypse… Sur Fox News, la chaîne faite par et pour les farouches conservateurs de son espèce, Brigitte Gabriel s’en est donné à coeur joie, lundi dernier, affirmant de manière péremptoire, devant des téléspectateurs qui lui étaient entièrement acquis, que « l’islam est incompatible avec la société américaine, que jamais il ne pourra s’intégrer, parce que c’est ce que l’on inculque aux musulmans dans les mosquées à travers tout le pays ». Quand nombreux sont ceux qui, sur le sol de la bannière étoilée, bâtissent des ponts de tolérance au-dessus des peurs fabriquées de toutes pièces et des torrents de calomnies, Brigitte Gabriel, à l’instar de Pamelar Gellar, la furie sioniste, n’agit que pour les dynamiter, en sinistre marionnette oeuvrant à la solde d’intérêts supérieurs et de leurs funestes desseins… Oumma.com 26 L’islam interdit le terrorisme et réglemente l’art de la guerre Beaucoup d’égarés se prétendant musulmans ont aujourd’hui des comportements terroristes contraires à l’islam. Nous le savons. Vous le savez aussi. Cela ne sert à rien de le nier. Mais il n’est pas juste de juger l’islam par les actes de certains musulmans, sinon, les chrétiens seraient des croisés. mais il ne le sont pas. Et tous les juifs seraient des sionistes, mais il ne le sont pas. Nous savons qu’il y a des groupes parmi toutes les religions qui sont militaires. Mais laissez-nous vous apprendre, en terme d’enseignements : nous croyons qu’il peut y avoir la guerre, parce que vous avez le droit de vous défendre. Sinon, si le fait de vous défendre est un crime, alors nous appelons à tous les pays du monde entier de jeter leurs armes dans les mers. Mais ils ne le feront pas. Ils ont l’armée, la marine…Pourquoi ? Parce que quelqu’un pourrait nous attaquer et nous devons être prêts pour défendre notre sol, notre territoire, notre honneur…défendre quoi que ce soit. OK! L’Islam, c’est quoi au juste ? L’Islam, c’est la oumma, et une communauté musulmane, indépendamment de leur nationalité, de leurs liens sanguins, et des pouvoirs politiques qui les gouvernent. Le terme est synonyme de « Ummat Islamiyya »,
  • 27. Observatoire de l'islam « Nation islamique ». Nous avons les mêmes droits. Mais, citez-nous une nation qui dit aux gens (selon les hadiths du prophète) : - Ne tuez pas les femmes - Ne tuez pas les enfants - Ne tuez pas les vieillards - Ne tuez pas ceux qui consacrent à l’adoration Quel que soit. Il est dans son église, il est dans son temple. Qu’elle qui soit. Ne vous approchez pas d’eux. - Ne brûlez pas les arbres - Ne détruisez pas les maisons - Ne tuez pas les animaux - Ne trahissez pas. N’agissez pas avec traitrise Quel nation sur cette terre applique cela dans ces guerres ? AUCUNE! Ils bombardent les usines, les enfants, les femmes juste devants nos yeux ! Eux ne sont pas terroristes mais ces mêmes qualifient bien volontiers les musulmans de terroristes. Certains musulmans dénigrent l’Islam à travers leurs actes de violence contraire à la foi. Tels que, se rendre dans un supermarché ou une station de train et se faire exploser au nom d’Allah. Alors que l’Islam est le premier à dire que c’est strictement interdit. D’abord, vous ne pouvez pas vous suicider, deuxièmement, vous ne pouvez pas tuer des civils innocents. Qu’est-ce que l’Islam permet ? Si les deux armées s’affrontent sur un champ de bataille. l’Islam autorise que la seule défense. Les gens qui achètent des légumes pour la cuisine des combattants sont exclus. Les tuez au nom d’Allah est une forme d’oppression. Et le prophète (Paix et salut sur lui) a dit : « Le croyant ne cesse de se trouver à 27 l’aide dans sa religion tant qu’il n’a pas fait couler un sang interdit ». Si un musulman tue une seule âme innocente, il sera reconnu comme coupable et responsable par Allah. Et peut-être, que ce sera la raison pour laquelle il entrera en enfer. Maghrebnaute.com Une vague d’athéisme dans le monde arabe Le “califat islamique” a délié les langues. Les critiques ne visent plus seulement les mauvaises interprétations de la religion, mais la religion elle-même. Dans le monde arabe, on pouvait certes critiquer les personnes chargées de la religion, mais critiquer la religion musulmane elle-même pouvait coûter la vie à celui qui s’y risquait, ou du moins le jeter en prison. Le mot d’ordre “l’islam est la solution” a été scandé durant toute l’ère moderne comme une réponse toute faite à toutes les questions en suspens et à tous les problèmes complexes du monde musulman. Mais la création de l’Etat islamique par Daech et la nomination d’un “calife ayant autorité sur tous les musulmans” soulèvent de nombreuses questions. Elles mettent en doute le texte lui-même [les fondements de la religion] et pas seulement son interprétation, l’idée même d’une solution religieuse aux problèmes du monde musulman. Car, au-
  • 28. Observatoire de l'islam delà de l’aspect terroriste du mouvement Daech, sa proclamation du califat ne peut être considérée que comme la concrétisation des revendications de tous les partis et groupes islamistes, à commencer par [l’Egyptien fondateur des Frères musulmans], Hassan Al-Banna, au début du XXe siècle. Au cours de ces trois dernières années, il y a eu autant de violences confessionnelles en Syrie, en Irak et en Egypte qu’au cours des cent années précédentes dans tout le Moyen- Orient. Cela provoque un désenchantement chez les jeunes Arabes, non seulement vis-à-vis des mouvements islamistes, mais aussi vis-à-vis de tout l’héritage religieux. Ainsi, en réaction au radicalisme religieux, une vague d’athéisme se propage désormais dans la région. L’affirmation selon laquelle “l’islam est la solution” commence à apparaître de plus en plus clairement comme une illusion. Cela ouvre le débat et permet de tirer les leçons des erreurs commises ces dernières années. Peu à peu, les intellectuels du monde musulman s’affranchissent des phrases implicites, cessent de tourner autour du pot et de masquer leurs propos par la rhétorique propre à la langue arabe qu’avaient employée les critiques [musulmans] du XXe siècle, notamment en Egypte : du [romancier] Taha Hussein à [l’universitaire déclaré apostat] Nasr Hamed Abou Zayd. Car la mise en doute du texte a une longue histoire dans le monde musulman. Elle s’est développée là où dominait un pouvoir religieux et en parallèle là où l’extrémisme s’amplifiait au sein de la société. [L’écrivain arabe des VIIIe-IXe siècles] Al-Jahiz et [l’écrivain persan considéré comme le père de la littérature arabe en prose au VIIIe siècle] Ibn Al- Muqaffa avaient déjà exprimé des critiques implicites de la religion. C’est sur leur héritage que s’appuie la désacralisation actuelle des concepts 28 religieux et des figures historiques, relayée par les réseaux sociaux, lieu de liberté pour s’exprimer et débattre. Le bouillonnement actuel du monde arabe est à comparer à celui de la Révolution française. Celle-ci avait commencé par le rejet du statu quo. Au départ, elle était dirigée contre Marie- Antoinette et, à la fin, elle aboutit à la chute des instances religieuses et à la proclamation de la république. Ce à quoi nous assistons dans le monde musulman est un mouvement de fond pour changer de cadre intellectuel, et pas simplement de président. Et pour cela des années de lutte seront nécessaires. Omar Youssef Suleiman Comment Boko Haram justifie-t-elle l’attaque des musulmans nigérians ? Au moins 120 morts et 270 blessés. C’est le bilan provisoire de l’attaque menée vendredi 28 novembre contre une mosquée de Kano, dans le nord du Nigeria, par les membres de la secte Boko Haram. Une cible religieuse qui pourrait sembler étonnante pour cette organisation islamiste, dont le nom haoussa signifie « l’éducation occidentale est un péché ». Pourtant, si cette dernière multiplie les raids contre les établissements scolaires et les populations chrétiennes, l’immense majorité de ses victimes sont des musulmans issus du nord du pays. Et, contrairement à l’Etat islamique, qui s’en prend essentiellement aux chiites, Boko
  • 29. Observatoire de l'islam Haram vise quant à elle indistinctement ces derniers et les sunnites. La question de la charia « Nous sommes bien face à un conflit religieux, mais pas entre chrétiens et musulmans. Il s’agit de salafistes extrémistes qui tuent des musulmans accusés de ne pas appliquer correctement la charia », expliquait au Monde, le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos en mars. Lorsqu’elle apparaît, au début des années 2000, la secte, dirigée par Mohammed Yusuf, prône l’application stricte de la loi islamique et, pour cela, l’établissement d’un califat. Aujourd’hui, la charia est en vigueur dans douze Etats du nord du pays. Dans l’Etat de Kano, cible de l’attentat de vendredi, elle s’applique même au pénal. La collaboration avec le pouvoir En 2009, l’organisation se radicalise lorsque certains de ses militants sont blessés au cours d’un contrôle de police. En représailles, Boko Haram lance plusieurs attaques auxquelles l’armée répond par une répression massive dans la ville de Maiduguri, fief de la secte. Mohammed Yusuf est arrêté et tué par les forces de l’ordre. En 2010, Abubakar Shekau, numéro deux de Mohammed Yusuf, prend la tête de la secte. Ses objectifs sont moins clairs : si l’application intégrale de la charia demeure, le mouvement revendique entre autres la libération de ses membres emprisonnés et souhaite honnorer ses martyrs. Or, à ses yeux, les chefs religieux traditionnels nigérians collaborent de trop près avec le gouvernement central de cet Etat fédéral, pervertissant ainsi l’islam. Car les tensions confessionnelles sont marquées dans ce pays scindé entre un Nord pauvre et à majorité musulmane et 29 un Sud plus riche, notamment grâce aux ressources pétrolières, et à dominante chrétienne – le président Goodluck Johnatan représentant de cette région étant lui-même protestant évangélique. « Aujourd’hui, au-delà de la question religieuse, Boko Haram est un groupe nourri par un sentiment de vengeance à l’égard de l’Etat nigérian, qui a éliminé nombre de ses membres mais peine lui - même à adopter une stratégie claire », précisait au Monde le chercheur Gilles Yabien en avril. La réaction des dignitaires musulmans Les critiques des hauts dignitaires musulmans nigérians à l’encontre de la secte islamique Boko Haram se font de plus en plus audibles. La semaine dernière, l’émir de Kano, personnalité très influente, avait appelé la population du nord du pays à prendre les armes contre les islamistes face à l’apathie de l’armée. Lundi 24 novembre, le sultan de Sokoto, considéré comme le chef des musulmans dans le pays, a de son côté lancé des critiques cinglantes contre les militaires. Dans un communiqué de l’Organisation des musulmans du Nigeria (JNI), Muhammad Sa’ad Abubakar, les a ainsi accusés de fuir à chaque approche des insurgés. « Les forces de l’armée nigériane ne refont surface qu’après la fin des attaques meurtrières, et terrorisent davantage des populations déjà terrorisées, en installant des barrages routiers et en fouillant les maisons » Plus de 13 000 personnes ont été tuées depuis le début en 2009 de l’insurrection de Boko Haram. Près de 1,5 million d’habitants ont été déplacés par les violences. L’état d’urgence dans trois Etats du nord-est du Nigeria, en vigueur depuis mai 2013, a expiré jeudi. Les violences n’ont cessé d’empirer depuis 18
  • 30. Observatoire de l'islam mois dans les Etats concernés (Borno, Yobe et Adamawa), où au moins une vingtaine de villes sont contrôlées par les islamistes. Le Monde Comment la mode peut changer les mentalités au sujet de l’Islam Le New York Times racontait cette semaine l’histoire d’une fashion week d’un autre genre que celles de Paris ou Milan: celle de Kuala Lumpur. Depuis 9 ans, s’y déroule l’Islamic Fashion Festival ou festival de la mode islamique – on y voit moins de chair que sur les podiums occidentaux. Dato’ Raja Rezza Shah, fondatrice de ce festival, l’a instauré en partie pour lutter contre les stéréotypes au sujet de l’Islam et ce désir s’inscrit selon le quotidien américain dans «un mouvement plus large dans une certaine partie de monde musulman (…) qui s’est emparé de la mode comme moyen de raconter leur culture différemment.» Reina Lewis, professeure d’études culturelles au London College of Fashion et auteure d’un livre à paraître sur la mode musulmane, explique: «Chaque fois qu’il y a une panique morale à l’Ouest au sujet des musulmans comme symbole de l’altéririté civilisationnelle, qu’il s’agisse de la radicalisation de jeunes hommes djihadistes ou d’autre chose, c’est illustré par des images de femmes portant le hijab ou l’abaya, en noir.» 30 Grâce à de nouveaux vêtements, une mode reconnue dans les pays occidentaux, cela pourrait changer. La designeuse et blogueuse Dian Pelagi, à l’origine de vêtements couvrants très colorés: «Je pense que si la mode islamique peut gagner en importance en Amérique, cela changera la perception que les gens ont de l’Islam». Cela grossira aussi un marché d’importance. Selon les chiffres de Thomson Reuters de 2012, 224 milliards de dollars avaient été dépensé cette année-là en vêtements et chaussures dans l’économie islamique. Soit 10,6% des dépenses globales de vêtements et chaussures. Ces dépenses devaient atteindre 322 milliards de dollars en 2018 selon les estimations d’alors. Charlotte Pudlowski Islam : quelques citations célèbres Les journalistes Français ne parviennent pas encore à expliquer l’ambivalence du Coran qui prêche la paix et la tolérance quand les musulmans sont minoritaires, mais prévoit l’extermination des mécréants quand ils deviennent
  • 31. Observatoire de l'islam majoritaires. Voici quelques citations pour les aider à commenter l’actualité : «Il est pourtant temps de reconnaître que l’Islam c’est l’Islamisme au repos, et l’Islamisme c’est l’Islam en action, comme l’écrit si bien le poète Kabyle Ferhat Méhenni», Hubert Lemaire dans «Mulsulmans vous nous mentez». «Sans l’Islam, les Pays-Bas seraient un pays formidable, … Sans l’Islam les Pays- Bas seraient libres des exigences islamiques pour adapter ses habitants aux idées barbares, retardées et totalitaires d’un bandit en chef, meurtrier de masse et pédophile du septième siècle…» Machiel De Graaf, député hollandais, membre du Parti de la Liberté. (Publié sur http://ripostelaique.com/sans-lislam-les-pays- 31 bas-seraient-un-pays-formidable. html). «Chassez le Christianisme, vous aurez l’Islam», François-René de Chateaubriand, cité par Eric Zemmour dans «Le suicide Français». «L’Islam est le terreau de l’Islamisme, et l’Islamisme est le terreau du terrorisme», Philippe de Villiers dans «Les mosquées de Roissy». Ouvrons nos yeux endormis par les marchands de sable de la bien-pensance de gôche avant d’être réveillés dans un bain de sang. Philippe Lesage Islam : quel dommage qu’ils aient disparu ! Si on connaît (au moins de nom ) les principales écoles de pensée musulmanes (sunnisme, chiisme, wahhabisme, soufisme, salafisme, etc.) , on ne parle jamais du mu’tazilisme , et pour cause : après avoir été la doctrine officielle de l’ islam sous le califat abbasside ( IX ème siècle) , il disparut totalement au XIII ème siècle…et c’est bien dommage : car le mu’tazilisme , très influencé par la philosophie grecque, et notamment par l’ Ecole péripatéticienne d’ Aristote, prônait une approche de l’islam par le rationalisme . Parmi ses différents enseignements , voici ceux qui nous étonnent le plus aujourd’hui : - Le Coran est incomplet : si tout ce que dit le Coran est vrai, puisque c’est la parole divine s’exprimant par la bouche de Mahomet, Dieu n’a pas pu tout dire à Mahomet – uniquement un certain nombre de choses , car Dieu est trop vaste pour être contenu dans un seul livre ; il en découle que si le Coran est totalement divin, on peut trouver aussi trouver du divin en dehors du Coran ; - Le Coran n’est pas éternel : ayant été créé par Dieu, il n’existait donc pas avant cette création ; il n’ y a donc aucune raison de penser que Dieu ne créera pas un jour d’autres révélations qui rendront le Coran en partie dépassé et incomplet ( un peu comme l’est , pour les chrétiens, l’ Ancien Testament depuis l’apparition du Nouveau Testament) ;
  • 32. Observatoire de l'islam - Le Coran est allégorique : Dieu ne pouvant pas être conçu par l’esprit humain, ses récits ( la Genèse, etc. ) doivent être lus comme des allégories, des symboles, et ne doivent pas être interprétés au premier degré, comme des faits réels : aujourd’hui, les mu’tazilistes ne seraient certainement pas « créationnistes » , et s’accommoderaient des théories évolutionnistes et darwiniennes aussi bien qu’a su le faire assez rapidement l’Eglise catholique ; - Lorsqu’on croit déceler une contradiction entre ce que dit le Coran et ce qu’on observe objectivement ( nous dirions aujourd’hui entre le Coran et la science ) , et Dieu ne pouvant évidemment pas se tromper, c’est donc nous qui nous trompons : cette contradiction ne peut donc procéder que d’une erreur d’ interprétation du Coran de notre part , et il nous faut donc le réinterpréter en permanence à la lumière des données de l’ observation ( = de la science.) ; - Le mu’tazilisme s’ oppose à la prédestination et prône le libre arbitre: devant le problème de l’existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, il considère le mal comme étant généré par les erreurs des êtres humains – sinon, les « punitions divines » n’auraient aucun sens . Bien que son rationalisme fût séduisant auprès des classes éduquées de l’époque, le mu’tazilisme ne se répandit guère parmi les masses, probablement du fait de sa nature élitiste ( un peu comme le protestantisme à ses débuts, réservé à ceux qui étaient capables de lire tous seuls la bible) ; il disparut définitivement au XIII ème siècle , époque qui marque aussi (est-ce une coïncidence ?) le début du déclin de l’ islam et de son renfermement sur lui-même . Rendez-nous donc le mu’tazilisme , et ce sera la fin du « choc des civilisations » 32 cher à Huntington , auquel l’époque que nous vivons semble malheureusement donner raison… Elie Arié Les prophètes de malheur Je ne pratique aucune religion, je suis laïque assumé et je ne suis pas Arabe, car je suis d’origine amazighe, les autochtones du Maghreb. Alors, face à la phobie qui vise les Arabes et les musulmans, j’aurais pu détourner le regard, mais ça aurait été mépriser les valeurs d’une réelle démocratie libérale! Je côtoie des musulmans québécois, constitués en majorité de familles «normales». Dès leur arrivée, ils s’activent pour dénicher un loyer, trouver des garderies ou des écoles pour leur progéniture et refaire leur santé financière, car l’immigration engloutit toutes leurs économies. Après, ils s’engagent dans l’achat d’une maison et garnissent le Régime enregistré d’épargne-études de leurs rejetons, souvent au détriment de leurs propres régimes d’épargne-retraite, pour leur garantir la meilleure des formations. Malheureusement, ces musulmans attirent injustement la suspicion. Cette peur est surtout attisée par certains de leurs anciens compatriotes qui immigrent au Québec en traînant dans leurs bagages les ressentiments d’une vie antérieure tourmentée par l’islam radical. Sans
  • 33. Observatoire de l'islam preuve, ils ne ratent aucune occasion pour déchirer leur chemise sur la place publique, car, selon eux, le Québec est à la veille d’une imminente invasion d’islamistes radicaux! Les musulmans du Québec sont quelque 250 000 âmes. Des études rigoureuses prouvent que la majorité ne va jamais à la mosquée, que le quart pratique un islam modéré, qu’une centaine parmi eux sont sous la loupe de nos services de sécurité et qu’une vingtaine serait à haut risque! Sommes-nous à l’abri d’un attentat terroriste pour autant? Bien sûr que non! Dans ce bas monde, le risque zéro n’existe pas. Toutefois, pour contrer le danger de l’islam radical, la communauté musulmane du Québec est notre premier rempart. D’ailleurs, dans la récente affaire de radicalisation d’un adolescent montréalais, c’est son père inquiet qui l’a dénoncé au SPVM. Une récente émission d’Enquête à Radio- Canada consacrée à la supposée montée de l’intégrisme musulman corrobore ce fait : la majorité des musulmans québécois immigre ici avec l’idée de s’installer et d’avoir une vie meilleure pour eux et leurs enfants. Cela dit, il ne faut pas détenir un doctorat pour affirmer que les groupes État islamique et Al-Qaïda perpètrent des crimes contre l’humanité. Mais montrer du doigt tous les musulmans, c’est non seulement faire le jeu des terroristes, mais aussi provoquer injustement les peurs de la société d’accueil et mettre les musulmans québécois à l’index! À tous les prophètes de malheur qui ravivent les peurs, si le radicalisme islamiste n’a pas «pogné» dans une Tunisie dans la tourmente, comment osez-vous le prédire, avec une vingtaine de présumés terroristes, dans un Québec doté d’institutions démocratiques fortes? 33 Hassan Serraji Algérie : trois femmes et un Coran Elles ont participé au Congrès international féminin organisé à Oran sous l’égide du cheikh soufi Khaled Bentounès. Leur ambition : promouvoir une lecture progressiste des textes sacrés. Démanteler les stéréotypes, déconstruire le discours des fondamentalistes et les « fausses vérités » cumulées au fil des siècles au sujet de la femme pour lui permettre de se réapproprier son histoire, ses droits et sa dignité, et ce en privilégiant une lecture du Coran libérée des carcans et des visions étriquées. Tel est l’objectif que s’est assigné le Congrès international féminin pour une culture de paix, qui s’est tenu du 28 au 31 octobre, à Oran, en Algérie. Organisée, en association avec la fondation Djanatu al-Arif, par l’Association internationale soufie alawiya (AISA), créée par le cheikh Khaled Bentounès et qui oeuvre pour l’émergence d’une société du bien vivre ensemble, cette rencontre s’est voulue un espace de débats en vue « de promouvoir et d’encourager la réflexion autour de la création d’un mouvement féminin international, force vive qui porte l’islam de demain ». Voici le point de vue de trois éminentes intervenantes sur les questions du voile, du droit des femmes à l’aune des traditions et de la modernité, et de leur avenir dans le monde musulman.