Chapitre 3 (Regards croisés) :
Comment s'articulent
marché du travail et
organisation dans la gestion
de l'emploi ?
Analyse 1 : Comment les économistes
néoclassiques analysent-ils le marché du travail ?
Analyse 2 : Le travail est-il une marchandise
comme les autres ?
Quels sont les objectifs de ce chapitre ?
Expliquer le fonctionnement du marché du travail
Expliquer d’où vient le chômage selon les économistes néoclassiques
Montrer que le travail n’est pas une marchandise comme les autres
Analyse 1 : Comment les économistes
néoclassiques analysent-ils le marché du travail ?
La théorie néo-classique
Adam Smith
1776 “Recherche sur la
nature et les causes de la
richesse des nations"
Léon Walras
1874 “Éléments
d'économie
politique pure"
Théorie classique Théorie néo-classique
Libre jeu du marché
Auto-régulation
“Main invisible”
Libre jeu du marché
Auto-régulation
Marginalisme
“Commissaire priseur”
David Ricardo Jevons, Pareto
I. Le marché du travail selon les néoclassiques
modélisation du fonctionnement du marché du travail
Hypothèses pour essayer
de se rapprocher au plus
près de la réalité
Travail = une marchandise comme une
autre, qu’on peut demander ou offrir
Le prix du travail est le taux de salaire
réel, c’est-à-dire le salaire qui
neutralise les effets de l’inflation
(hausse généralisée des prix)
Salaire nominal
Indice des prix
Qui sont les agents économiques qui interviennent sur le marché du travail ?
Les travailleurs et les employeurs
A. Des hypothèses très restrictives
1) Les agents économiques sont supposés rationnels
Ils cherchent à maximiser leur utilité,
leur satisfaction personnelle
« homo oeconomicus »
2) Les conditions de la concurrence pure et parfaite doivent être respectées
Pour que le marché du travail assure le plein-emploi des travailleurs, certaines
conditions doivent être remplies selon les néoclassiques
Les conditions de la CPP (concurrence pure et parfaite)
Des hypothèses réalistes ?
B. L’offre et la demande de travail
Une marchandise : le travail
Marché du
travail
Les travailleurs Les employeurs
N (volume
d’emploi)
Salaire
réel
Offre de
travail
Demande
de travail
Salaire
d’équilibre
0 Volume
d’emploi à
l’équilibre
Pour les néoclassiques, le marché du travail est toujours équilibré et donc au
plein emploi si les travailleurs acceptent de travailler au salaire d’équilibre
(pour lequel Offre de travail = Demande de travail)
C. L’équilibre sur le marché du travail
Pourquoi le marché du travail est-il toujours équilibré ? (1)
N (volume
d’emploi)
Salaire
réel
Offre de
travail
Demande
de travail
Salaire d’équilibre
0 Volume
d’emploi à
l’équilibre
S1
D1 O1
O1 > D1
Les travailleurs sont en concurrence pour occuper des postes qui sont devenus rares
Que se passe-t-il ?
N (volume
d’emploi)
Salaire
réel
Offre de
travail
Demande
de travail
Salaire d’équilibre
0 Volume
d’emploi à
l’équilibre
S2
02 D2
D2 > O2
Les entreprises sont en concurrence pour recruter des travailleurs devenus rares
Que se passe-t-il ?
Pourquoi le marché du travail est-il toujours équilibré ? (2)
Si les conditions de la concurrence parfaite sont réunies, le marché du
travail revient naturellement à l’équilibre. On dit qu’il s’autorégule.
Le marché retourne automatiquement à l’équilibre à condition que les
conditions de la concurrence parfaite soient respectées et que le taux de
salaire réel soit parfaitement flexible.
II. Le chômage dans l’univers néoclassique
N (volume
d’emploi)
Salaire
réel
Offre de
travail
Demande
de travail
Salaire
d’équilibre
0 Volume
d’emploi à
l’équilibre
Pour les néoclassiques, si les conditions de la CPP sont remplies, le marché
du travail assure le plein-emploi. La seule forme de chômage qui puisse
existe est le chômage volontaire (les chômeurs volontaires sont ceux qui
refusent de travailler pour le salaire d’équilibre)
N (volume
d’emploi)
Salaire
réel
Offre de
travail
Demande
de travail
Salaire d’équilibre
0 Volume
d’emploi à
l’équilibre
Salaire minimum
chômage
Le « problème » du salaire minimum
OD
On a un chômage, égal à
(O – D)
Selon les néoclassiques, le salaire minimum empêche l’équilibre du marché du travail et
génère donc un chômage structurel. Il faut donc, selon eux, réduire fortement voire
supprimer le salaire minimum pour assurer le plein-emploi.
Cependant, les néoclassiques expliquent qu’il peut existe un chômage
structurel, lié à l’intervention de l’Etat dans l’économie, notamment à travers
la fixation d’un salaire minimum
Selon les néoclassiques, il existe donc des rigidités qui entravent la libre
négociation des salaires et le retour à l’équilibre (et donc la suppression du
chômage)
Les néo-classiques en relèvent d’autres :
* le coût de financement de la protection sociale (cotisations
sociales) qui accroit le coût du travail pour les employeurs
* le poids trop important des syndicats qui en coalisant les
travailleurs conduirait à un salaire supérieur au salaire d’équilibre
qui serait obtenu en cas de respect de l’hypothèse d’atomicité
* l’existence d’allocations chômage trop généreuses qui
accroîtraient les exigences des travailleurs et réduiraient donc la
demande de travail (renvoie à la théorie des trappes à inactivité)
* le droit du travail en général
B. Les prolongements du modèle
Deux hypothèses remises en question,
car irréalistes. Quelles conséquences
sur les explications du chômage ?
Marché du travail
Marché primaire Marché secondaire
Emplois typiques, stabilité,
sécurité
Emplois à temps complet, CDI,
réservés aux actifs qualifiés
Nombreux avantages,
ancienneté, conventions
collectives
Emplois atypiques, instabilité,
insécurité, emplois précaires
Temps partiel subi, CDD,
interim
Précarisation du statut,
travailleurs pauvres
1. La remise en question de l’hypothèse d’homogénéité des travailleurs
Les « insiders » Les « outsiders »
La segmentation du marché du travail
Tous les salariés n’ont pas le même niveau de productivité. Les économistes
parlent de segmentation du marché du travail (ou dualité) pour inclure cette
spécifié dans leur modèle.
Certains salariés sont donc payés au-dessus du salaire d’équilibre, ce qui crée
« mécaniquement » du chômage chez les travailleurs peu qualifiés et une
pénurie de main-d’œuvre chez les travailleurs très qualifiés
2. La remise en cause de l’hypothèse de transparence de l’information
Salariés payés au-
dessus du salaire
d’équilibre
Cela les incite à l’effort
(hausse de la productivité)
Cela écart les candidats qui ne
s’estiment pas capables de fournir
un effort à la hauteur du salaire
proposé
Cela favorise l’emploi et le salaire élevé des « insiders », au
détriment de l’emploi et des salaires des « outsiders » (voir schéma
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Théorie du salaire d’efficience