TVA sur la chirurgie esthétique, Atlantico 1er octobre 2012
Numerus Clausus: les mauvais résultats d'un système depuis 40 ans
1. Publié le 31 janvier 2014 - Mis à jour le 31 janvier 2014
C'est grave docteur ?
Vers une pénurie de généralistes même à Paris : pourquoi nous
n'avons pas fini de voir les effets du numerus clausus
800 médecins devront s'installer à Paris pour compenser les départs dans les cinq ans à venir.
Selon l'agence régionale de santé d'Ile-de-France, dans les cinq ans à venir, 800 médecins devront
s'installer à Paris pour compenser les départs.
Avec Guy-André Pelouze
Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.
Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle il est
resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent
la qualité des soins.
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Alors que la dette sociale explose, que la performance de notre système de soins se dégrade le sujet qui
préoccupe les hiérarques de la santé publique est la démographie médicale. Les médias ont emboité le pas en
créant le concept de déserts médicaux, les uns et les autres ne tarissent pas de prévisions catastrophiques sur le
thème du manque de médecins.
Voilà 40 années consécutives que l’Etat planifie avec une illusoire précision mais surtout de manière
malthusienne le nombre d’étudiants autorisés à entrer en 2ème année de médecine. Il a organisé
minutieusement une pénurie censée diminuer les dépenses de soins. Et comble de cette planification ce sont les
mêmes agents de l’Etat qui rédigent aujourd’hui des rapports pour décrire au chiffre près la pénurie qu’ils ont
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2. créée et alerter sur le manque de médecins à venir. Le numerus clausus (NC) est un échec.
Les Français inquiets de voir les médecins partir à la retraite sans remplaçant se plaignent en quelque sorte des
conséquences des causes qu’ils chérissent : un système étatisé, administré par des syndicats, rigide et sans
perspective qu’ils croyaient être le meilleur du monde.
En effet depuis 1971 ce sont des générations d’étudiants brillants et travailleurs ayant obtenu des notes
très au dessus de la moyenne au concours à qui l’Etat a interdit d’embrasser ce métier passionnant.
Pendant tout ce temps et malgré de nombreux signes avant coureurs, aucune réflexion critique, aucune inflexion
significative, le NC a fait l’unanimité des partis politiques au pouvoir. Elus et hiérarques ont maintenu le robinet
très fermé.
Mais ce n’est pas tout. En plus de l’erreur gigantesque sur le nombre de médecins aucune étude n’a été
entreprise pour déterminer si le mode de sélection contribuait à la qualité des soins. Autrement dit personne
n’a entrepris de démontrer que les épreuves actuelles, très inspirées des décennies passées où la mémoire jouait
un rôle clé avant d’acquérir l’expérience, étaient plus efficaces qu’un tirage au sort des candidats…
Quoiqu’il en soit un étudiant en médecine, après avoir réussi le concours a peu de chance de vivre la
passion professionnelle qui l’anime. L’introduction en fin d’études de l’examen classant national crée un
nouvel arbitraire celui du millième de point qui peut faire basculer un étudiant de la cardiologie à la
psychiatrie. Tout ceci est à l’évidence très inefficace car la passion pour une spécialité joue un rôle moteur dans
la formation et ensuite l’exercice de la médecine.
Ainsi nos étudiants à qui on démontre l’efficacité de la médecine basée sur des preuves sont légitimement
troublés de voir combien les méthodes de sélection en sont dépourvues.
Que proposent aujourd’hui ceux qui ont organisé ce sacrifice ? D’importer massivement des médecins qui n’ont
pas passé et pour beaucoup n’auraient pas réussi le concours d’entrée en deuxième année. De surcroît les
capacités à parler le français ne sont pas bien évaluées… Cette vague d’immigration médicale est en cours mais
elle ne résoudra pas le problème pour plusieurs raisons liées à la transformation de la médecine.
Que faire ? Les solutions ne manquent pas et sont déjà en marche chez nos voisins européens.
1/ il est urgent de laisser les facultés de médecine gérer le nombre de médecins qu’elles estiment pouvoir
former. Leurs équipes sont en effet parfaitement capables de déterminer les besoins en soignants et aussi en
médecins non soignants (recherche, industrie et régulation). C’est un pas vers la société de confiance ou l’état fait
respecter les règles de l’état de droit mais laisse la société civile gérer ses affaires.
2/ La contre partie de la liberté c’est la responsabilité et il est nécessaire d’abandonner le
conventionnement automatique. C’est en partie ce conventionnement automatique et le monopole de
l’assurance maladie qui sont à l’origine de cette planification désastreuse.
3/ Déléguer massivement les tâches aux autres professionnels de santé et développer massivement l’emédecine. Nous avons tous les rapports pour ce faire mais rien n’a été fait.
4/ Diminuer la durée de formation des médecins qui est beaucoup trop longue notamment en médecine
générale. L’entrée en pratique est trop tardive et cela représente un cout considérable supporté par les médecins
eux mêmes et leur famille. Dans le cadre de l’autonomie des universités des programmes accélérés sont
possibles en maintenant une excellente qualité de soins.
5/ Modifier la sélection. Il est essentiel de régionaliser les choix de spécialité et de renforcer les processus
d’évaluation des candidats par l’entretien, les réorientations en cours de spécialité et un contrôle final c’est à dire
vérifier les connaissances et les aptitudes a posteriori plutôt que les capacités a priori. Il faut privilégier la formation
logique, critique, de reporting et d’évaluation plutôt que la mémorisation et l’accumulation
6/ Jouer sur l’offre et la demande pour mieux répartir les médecins. Il est totalement absurde que les tarifs de
l’assurance maladie soient les mêmes à Paris qu’à Tautavel un charmant village des Corbières car les couts de
fonctionnement sont très différents. Il faut que les caisses d’assurance maladie puissant moduler les tarifs pour
créer une offre attractive dans les territoires qui le nécessitent. Ce n’est pas à l’état de se substituer à elles.Je
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3. prévois toutefois que rien ne sera fait dans ce sens. Un député lors d’une conférence récente sur le sujet ne
pouvait s’empêcher d’affirmer : "il faut peut être augmenter un peu le NC mais il faut surtout continuer à réguler".
Preuve que les changements urgents et nécessaires seront difficiles à conduire avec ceux là mêmes qui ont créé
cette situation. Le sacrifice des générations, la castration des passions va se poursuivre et là aussi l’émigration
privera le pays des plus audacieux.
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