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Jour un :

Prendre la route signifiait pour moi partir sur les traces des héros de ma jeunesse - de Fante à
Bukowski en passant par Fitzgerald, Chandler, Thompson… Je me lançai, à mon tour, dans la quête
du rêve américain ; celui qui avait poussé Cassady et Kerouac dans un maelstrom frénétique d’alcool,
de drogues et de débauche ; celui dont Thompson avait annoncé la mort dans Fear and Loathing in
Las Vegas. Pourtant, à cet instant précis, au volant de ma voiture de location, je ne pouvais
m’empêcher de penser à cette phrase de Bret Easton Ellis, dans Less Than Zero : « Les gens ont peur
sur les routes de Los Angeles ». Pour ma part, j’étais terrifié. Livré à moi-même, je craignais que la
décadence américaine agisse sur moi comme un catalyseur et révèle la démence d’un esprit pervers.
Cette première nuit à Los Angeles s’annonçait dantesque.

Jour deux :

Le réveil fut laborieux ; j’étais en sueur, je n’avais aucune idée d’où j’étais ni de la manière dont je
m’étais retrouvé là. Quand je me suis levé du lit, j’ai ressenti une vive douleur sur le sommet du
crâne. Aussi, mon premier réflexe fut d’examiner ma caboche dans le miroir de la salle de bain, à la
recherche d’un trou béant. Des réminiscences de la soirée de la veille me revenaient comme une
remontée d’acide. Dans nos poches nous avons trouvé les tickets de caisse de divers achats, dont
trois bouteilles Whisky pour un montant de cinquante dollars - mais aucune trace des dites
bouteilles. Los Angeles avait tenu toutes ses promesses, notre déliquescence avait été totale. Cette
nuit constituerait à jamais un jalon supplémentaire dans l’indécence et l’avilissement. Mais il était à
présent temps de prendre la route pour San Simeon. Nous avions prêt de 400 bornes à parcourir, et
j’espérais que la quiétude des plages de Santa Barbara suffirait à nous retaper.

Jour trois :

Déjà une heure qu’on roulait sur Highway one. La climatisation ne fonctionnait pas et on suffoquait.
Des fenêtres ouvertes nous parvenait un courant d’air chaud et poussiéreux. La route sinueuse
longeait la mer. La moindre sortie de route nous aurait projeté trente mètres plus bas. J’avais
toujours une sévère gueule de bois et du mal à rester concentré. On a décidé de s’arrêter pour faire
des photos et fumer une cigarette. Le paysage était magnifique. Trois cents clichés et quatre
cigarettes plus tard, on a redémarré et roulé jusqu’à Monterey, où on a emprunté la 17 Mile Drive. Je
me suis à nouveau rangé sur le côté. On a attendu quarante minutes sur le bas-côté dans l’espoir
d’apercevoir une baleine, sans résultat. On est retourné à la voiture. Deux ou trois kilomètres plus
loin, on a aperçu trois baleines : elles ont fait surface pour respirer avant de replonger ; j’ai appuyé
un peu plus fort sur la pédale d’accélérateur.

Jour quatre :

A San Francisco, on a pris le tramway pour se rendre au Golden Gate. L’endroit offrait une vue
imprenable sur la baie de Frisco. Le ferry nous a ensuite conduits à Alcatraz, rocher terne et sans
espoir où les touristes ont depuis longtemps remplacé les prisonniers. J’ai du mal à comprendre
l’attrait des gens pour un tel lieu, et c’est pour comprendre cette fascination morbide que j’ai décidé
d’y venir. Je ne perçois pas l’intérêt de venir voir l’endroit où un homme s’est vu privé de liberté ; les
douches dans lesquelles il s’est fait violé ; les latrines puantes dans lesquelles il a dû déféquer les
repas immondes qu’il mangeait sans plaisir jour après jour… Non, vraiment je ne comprends pas. Ou
peut-être que si, mais que je préférerais ne pas le voir. Les gens viennent chercher le grand frisson, la
noirceur de l’âme humaine, alors qu’eux ont du mal à dormir pour avoir fraudé le fisc de quelques
centaines d’euros. Ça me débecte ; je me tire de là.
Jour cinq :

Sur les routes de Fresno planent encore l’ombre des Hell’s angels, bikers défoncés à l’adrénaline sur
leur pur-sang américain. Ces derniers pionniers de la société industrielle ont pris la route pour se
lancer à la conquête d’une Amérique sauvage dont ils ne parvenaient pas à faire le deuil. Partis en
conquérant, je ne suis pas certain qu’ils aient trouvé sur la route ce qu’ils étaient venu y chercher.
Déjà à leur époque ils faisaient figure, de vestige, d’anachronisme, dépassés qu’ils étaient par un
capitalisme qui les dévorerait jusqu’au dernier. Quant à moi, je ne sais plus trop ce que j’espérais
découvrir en me lançant dans mon épopée américaine.

Jour six :

Deux heures déjà que j’étais assis à cette foutue table. J’avais descendu quelques verres et je
commençais à être bourré. Ma pile de jetons fondait, sans que je ne parvienne à décoller de mon
siège. Tout avait pourtant bien commencé ; mais je n’avais pas su me coucher à temps et je courais à
présent pour récupérer mon tapis de départ. Vegas était, de ce point de vue, un endroit monstrueux,
où les gagnants empochent leur fric et se tirent tandis que les perdants échouent dans les sous-sols
de la ville. Il y avait deux mondes parallèles comme dans Metropolis de Fritz Lang. Et un jour les
pauvres sortiraient de leur souterrain et envahiraient les casinos, pillant, tuant et violant tout être
humain ayant collaboré à ce système immonde. J’étais à présent complètement plein et fauché, il
était quatre heures du mat’ et on était crevé. On s’est dit que la révolution attendrait bien un jour de
plus et on a été dormir.

Jour sept :

Le trajet de Las Vegas à Los Angeles fut une épopée terrible à travers le désert. J’étais partagé entre
l’appréhension de traverser quatre cents kilomètres d’une route dépourvue de garages, commerces
et pompes à essence sur de larges tronçons, et l’excitation de découvrir des paysages dignes des plus
beaux poèmes de Robinson Jeffers. Parce que c’est le genre de virée qui vous ramène à une autre
époque, où le voyage impliquait la possibilité de se faire tabasser, dépouiller et violer à l’aide d’un
manche de pelle, avant d’être laissé pour mort dans un fossé. Il faut des couilles en bronze pour
entreprendre un tel périple, pour être capable de faire corps avec la voiture, de sorte que le tout soit
supérieur à la somme des parties. Neil Cassaday était un sacré pilote. Mais il pilotait un vrai monstre
américain, une bête capricieuse qu’il lui fallait dompter. Moi, je devais me contenter d’une modeste
Toyota Yaris de 64 chevaux.

Jour huit :

Nous avions frôlé le delirium tremens lors de notre première escale à Los Angeles, six jours plus tôt.
Je craignais un nouveau dérapage, tout en l’espérant à moitié. Notre séjour américain m’avait mis les
nerfs à vif ; j’étais sur le point de craquer, de libérer les démons de mon esprit dérangé comme une
éjaculation à la face du monde ; mon lobe frontal était sûr le point de jouir, avec le risque d’enfanter
dieu sait quelle monstruosité, peut-être Dieu lui-même. Je sentais mon mal dans chacune de mes
terminaisons nerveuses. La ville de Los Angeles était en partie responsable de mon état. Elle ne
l’avait pas créé, tout cela avait germé en moi bien avant que je n’y vienne. Toutefois, j’étais certain
qu’elle me l’avait révélé, et je craignais que ma seconde visite ne le rende visible aux yeux du monde.
Aussi, j’éviterai aujourd’hui de m’exposer aux dissipations de cette ville de déments.
Jour neuf :

L’heure enfin de dresser un bilan de mon voyage. J’avais pris la route pour partir sur les traces de
grands auteurs américains, avec l’espoir présomptueux de comprendre les raisons qui avaient
poussés Kerouac et d’autres à prendre le volant. Puis, j’avais éprouvé de plus en plus de mal à me
rappeler de tout cela, refusant de voir la réalité dans un dernier effort de mon instinct de
conservation. La vérité est qu’à force de traquer les fantômes de mes héros, j’en suis venu à ne plus
me focaliser que sur la tragédie de ces hommes morts étouffés d’avoir trop crié. Mais c’est
seulement au terme de mes pérégrinations que je réalise l’importance primordiale du voyage lui-
même par rapport à la destination. C’est cela le courage d’une vraie vie. Cassady était mort gelé le
long d’une voie ferrée, Thompson s’était fait sauter le caisson à coups de chevrotines. Leur sort
m’avait souvent effrayé. Mais aujourd’hui, c’était décidé : comme eux, je deviendrai écrivain.

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Le calendrier des Playoffs 1, 2 et 3
 

Alix Sepulchre

  • 1. Jour un : Prendre la route signifiait pour moi partir sur les traces des héros de ma jeunesse - de Fante à Bukowski en passant par Fitzgerald, Chandler, Thompson… Je me lançai, à mon tour, dans la quête du rêve américain ; celui qui avait poussé Cassady et Kerouac dans un maelstrom frénétique d’alcool, de drogues et de débauche ; celui dont Thompson avait annoncé la mort dans Fear and Loathing in Las Vegas. Pourtant, à cet instant précis, au volant de ma voiture de location, je ne pouvais m’empêcher de penser à cette phrase de Bret Easton Ellis, dans Less Than Zero : « Les gens ont peur sur les routes de Los Angeles ». Pour ma part, j’étais terrifié. Livré à moi-même, je craignais que la décadence américaine agisse sur moi comme un catalyseur et révèle la démence d’un esprit pervers. Cette première nuit à Los Angeles s’annonçait dantesque. Jour deux : Le réveil fut laborieux ; j’étais en sueur, je n’avais aucune idée d’où j’étais ni de la manière dont je m’étais retrouvé là. Quand je me suis levé du lit, j’ai ressenti une vive douleur sur le sommet du crâne. Aussi, mon premier réflexe fut d’examiner ma caboche dans le miroir de la salle de bain, à la recherche d’un trou béant. Des réminiscences de la soirée de la veille me revenaient comme une remontée d’acide. Dans nos poches nous avons trouvé les tickets de caisse de divers achats, dont trois bouteilles Whisky pour un montant de cinquante dollars - mais aucune trace des dites bouteilles. Los Angeles avait tenu toutes ses promesses, notre déliquescence avait été totale. Cette nuit constituerait à jamais un jalon supplémentaire dans l’indécence et l’avilissement. Mais il était à présent temps de prendre la route pour San Simeon. Nous avions prêt de 400 bornes à parcourir, et j’espérais que la quiétude des plages de Santa Barbara suffirait à nous retaper. Jour trois : Déjà une heure qu’on roulait sur Highway one. La climatisation ne fonctionnait pas et on suffoquait. Des fenêtres ouvertes nous parvenait un courant d’air chaud et poussiéreux. La route sinueuse longeait la mer. La moindre sortie de route nous aurait projeté trente mètres plus bas. J’avais toujours une sévère gueule de bois et du mal à rester concentré. On a décidé de s’arrêter pour faire des photos et fumer une cigarette. Le paysage était magnifique. Trois cents clichés et quatre cigarettes plus tard, on a redémarré et roulé jusqu’à Monterey, où on a emprunté la 17 Mile Drive. Je me suis à nouveau rangé sur le côté. On a attendu quarante minutes sur le bas-côté dans l’espoir d’apercevoir une baleine, sans résultat. On est retourné à la voiture. Deux ou trois kilomètres plus loin, on a aperçu trois baleines : elles ont fait surface pour respirer avant de replonger ; j’ai appuyé un peu plus fort sur la pédale d’accélérateur. Jour quatre : A San Francisco, on a pris le tramway pour se rendre au Golden Gate. L’endroit offrait une vue imprenable sur la baie de Frisco. Le ferry nous a ensuite conduits à Alcatraz, rocher terne et sans espoir où les touristes ont depuis longtemps remplacé les prisonniers. J’ai du mal à comprendre l’attrait des gens pour un tel lieu, et c’est pour comprendre cette fascination morbide que j’ai décidé d’y venir. Je ne perçois pas l’intérêt de venir voir l’endroit où un homme s’est vu privé de liberté ; les douches dans lesquelles il s’est fait violé ; les latrines puantes dans lesquelles il a dû déféquer les repas immondes qu’il mangeait sans plaisir jour après jour… Non, vraiment je ne comprends pas. Ou peut-être que si, mais que je préférerais ne pas le voir. Les gens viennent chercher le grand frisson, la noirceur de l’âme humaine, alors qu’eux ont du mal à dormir pour avoir fraudé le fisc de quelques centaines d’euros. Ça me débecte ; je me tire de là.
  • 2. Jour cinq : Sur les routes de Fresno planent encore l’ombre des Hell’s angels, bikers défoncés à l’adrénaline sur leur pur-sang américain. Ces derniers pionniers de la société industrielle ont pris la route pour se lancer à la conquête d’une Amérique sauvage dont ils ne parvenaient pas à faire le deuil. Partis en conquérant, je ne suis pas certain qu’ils aient trouvé sur la route ce qu’ils étaient venu y chercher. Déjà à leur époque ils faisaient figure, de vestige, d’anachronisme, dépassés qu’ils étaient par un capitalisme qui les dévorerait jusqu’au dernier. Quant à moi, je ne sais plus trop ce que j’espérais découvrir en me lançant dans mon épopée américaine. Jour six : Deux heures déjà que j’étais assis à cette foutue table. J’avais descendu quelques verres et je commençais à être bourré. Ma pile de jetons fondait, sans que je ne parvienne à décoller de mon siège. Tout avait pourtant bien commencé ; mais je n’avais pas su me coucher à temps et je courais à présent pour récupérer mon tapis de départ. Vegas était, de ce point de vue, un endroit monstrueux, où les gagnants empochent leur fric et se tirent tandis que les perdants échouent dans les sous-sols de la ville. Il y avait deux mondes parallèles comme dans Metropolis de Fritz Lang. Et un jour les pauvres sortiraient de leur souterrain et envahiraient les casinos, pillant, tuant et violant tout être humain ayant collaboré à ce système immonde. J’étais à présent complètement plein et fauché, il était quatre heures du mat’ et on était crevé. On s’est dit que la révolution attendrait bien un jour de plus et on a été dormir. Jour sept : Le trajet de Las Vegas à Los Angeles fut une épopée terrible à travers le désert. J’étais partagé entre l’appréhension de traverser quatre cents kilomètres d’une route dépourvue de garages, commerces et pompes à essence sur de larges tronçons, et l’excitation de découvrir des paysages dignes des plus beaux poèmes de Robinson Jeffers. Parce que c’est le genre de virée qui vous ramène à une autre époque, où le voyage impliquait la possibilité de se faire tabasser, dépouiller et violer à l’aide d’un manche de pelle, avant d’être laissé pour mort dans un fossé. Il faut des couilles en bronze pour entreprendre un tel périple, pour être capable de faire corps avec la voiture, de sorte que le tout soit supérieur à la somme des parties. Neil Cassaday était un sacré pilote. Mais il pilotait un vrai monstre américain, une bête capricieuse qu’il lui fallait dompter. Moi, je devais me contenter d’une modeste Toyota Yaris de 64 chevaux. Jour huit : Nous avions frôlé le delirium tremens lors de notre première escale à Los Angeles, six jours plus tôt. Je craignais un nouveau dérapage, tout en l’espérant à moitié. Notre séjour américain m’avait mis les nerfs à vif ; j’étais sur le point de craquer, de libérer les démons de mon esprit dérangé comme une éjaculation à la face du monde ; mon lobe frontal était sûr le point de jouir, avec le risque d’enfanter dieu sait quelle monstruosité, peut-être Dieu lui-même. Je sentais mon mal dans chacune de mes terminaisons nerveuses. La ville de Los Angeles était en partie responsable de mon état. Elle ne l’avait pas créé, tout cela avait germé en moi bien avant que je n’y vienne. Toutefois, j’étais certain qu’elle me l’avait révélé, et je craignais que ma seconde visite ne le rende visible aux yeux du monde. Aussi, j’éviterai aujourd’hui de m’exposer aux dissipations de cette ville de déments.
  • 3. Jour neuf : L’heure enfin de dresser un bilan de mon voyage. J’avais pris la route pour partir sur les traces de grands auteurs américains, avec l’espoir présomptueux de comprendre les raisons qui avaient poussés Kerouac et d’autres à prendre le volant. Puis, j’avais éprouvé de plus en plus de mal à me rappeler de tout cela, refusant de voir la réalité dans un dernier effort de mon instinct de conservation. La vérité est qu’à force de traquer les fantômes de mes héros, j’en suis venu à ne plus me focaliser que sur la tragédie de ces hommes morts étouffés d’avoir trop crié. Mais c’est seulement au terme de mes pérégrinations que je réalise l’importance primordiale du voyage lui- même par rapport à la destination. C’est cela le courage d’une vraie vie. Cassady était mort gelé le long d’une voie ferrée, Thompson s’était fait sauter le caisson à coups de chevrotines. Leur sort m’avait souvent effrayé. Mais aujourd’hui, c’était décidé : comme eux, je deviendrai écrivain.