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Chapitre 6

    ´
Les equations diff´ rentielles
                  e

     Ce chapitre est consacr´ a l’´ tude des equations diff´ rentielles, lesquelles jouent un
                            e` e             ´             e
rˆ le fondamental en mod´ lisation pour la biologie, la chimie, la physique et l’ing´ nierie.
 o                        e                                                            e
Ces mod` les sont facilement param´ trisables (` partir de donn´ es exp´ rimentales), ce
          e                            e           a                e         e
qui justifie leur popularit´ et leur large utilisation. En outre, ils fournissent en g´ n´ ral
                          e                                                             e e
des informations pr´ cieuses sur les quantit´ s observables (quantit´ s qui peuvent etre
                      e                        e                          e               ˆ
mesur´ es) a condition d’obtenir une bonne estimation de la solution. Nous pr´ sentons
        e `                                                                          e
ici les sch´ mas classiques permettant de fournir des solutions num´ riques suffisam-
            e                                                               e
ment pr´ cises pour des probl` mes issus de la mod´ lisation en physique, chimie ou
         e                      e                       e
biologie. Nous proposons egalement une etude math´ matique justifiant la pr´ cision
                             ´                 ´          e                            e
des algorithmes.


6.1 Introduction et rappels th´ oriques
                              e
                            ´
6.1.1 Le pont de Tacoma aux Etats-Unis
                                                                        ´
      C’est en juillet 1940 que le pont suspendu de Tacoma dans l’Etat de Washington
  ´
(Etats-Unis) est achev´ et ouvert au trafic automobile. D` s les premiers jours, le pont
                          e                                  e
commence a osciller de mani` re verticale mais ceci n’est pas vraiment surprenant pour
              `                     e
un pont suspendu, les jours passent alors sans qu’aucun probl` me ne soit d´ tect´ . Ce-
                                                                  e             e e
pendant, un matin de novembre 1940 la situation se complique : le pont commence a        `
onduler durant plusieurs heures, les cˆ bles maintenant le tablier du pont se soul` vent
                                          a                                          e
p´ riodiquement de haut en bas. Un peu plus tard, une pi` ce du pont se casse brutale-
  e                                                          e
ment, le pont continue a osciller mais dans le mˆ me temps la chauss´ e se d´ forme de
                            `                       e                       e    e
mani` re inqui´ tante. Par moment, un bord de la chauss´ e domine de plusieurs m` tres
       e        e                                          e                          e
l’autre bord et le pont est evacu´ d’urgence : il finit par s’´ crouler.
                                ´     e                      e
      Les ing´ nieurs se sont alors pench´ s sur les raisons qui ont conduit le pont a
              e                              e                                           `
s’´ crouler. Pour cela, il s’agit de mod´ liser les mouvements du pont en recensant les
   e                                       e
ph´ nom` nes physiques qui agissent sur le pont.
    e      e
      Par exemple, un mod` le relativement simple consiste a etudier l’´ volution au cours
                              e                              `´           e
du temps d’une coupe transversale du pont de Tacoma, les variables sont alors l’angle
de rotation Z(t) du segment transverse par rapport a l’axe horizontal et le d´ placement
                                                      `                        e
du centre de gravit´ y(t) par rapport a la position d’´ quilibre (voir Figure 6.1). Nous
                      e                   `             e
supposons que les cˆ bles r´ sistent a la force appliqu´ e lorsqu’il subit une elongation
                        a         e     `               e                       ´

                                            223
224                                                ´             ´
                                   CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

                                                5
                                                                              Z(t)
                                                                              y(t)
                                                4

                                                3

                                                2

                      y(t)                      1

                                                0

                                                -1

                                                -2
                                      Z(t)           0   50   100       150     200
                                                                    t



                             (a)                               (b)


             ´
F IG . 6.1 – Etude du mouvement d’une coupe transverse du pont a l’aide d’une equation
                                                                    `              ´
diff´ rentielle ordinaire. (a) Nous consid´ rons les variations au cours du temps de la
    e                                     e
hauteur du pont par rapport a la position d’´ quilibre y(t) et de l’angle de rotation Z(t).
                               `             e
(b) R´ sultats de simulations num´ riques de la solution (y(t), Z(t)).
       e                          e

mais pas lorsqu’il est compress´ . En outre, la force exerc´ e par les cˆ bles agit comme
                                  e                         e           a
des ressorts d’une raideur K, proportionnelle a l’´ longation du cˆ ble. Sur la Figure 6.1,
                                               ` e                a
nous observons que l’extension du cˆ t´ droit est donn´ e par (y − l sin(Z)) et donc la
                                        oe              e
force exerc´ e par le cˆ ble de droite est
            e          a
                                
                                
                                 −K (y − l sin(Z)) lorsque y − l sin(Z) ≥ 0,
                                
                           +
      −K (y − l sin(Z)) =
                                
                                 0
                                                       sinon.

De la mˆ me mani` re, l’extension du cˆ ble de gauche est donn´ e par (y + l sin(Z))+ .
        e          e                   a                      e
Finalement, en prenant en compte la force du vent λ sin(ωt) d’une amplitude faible
λ > 0 et de fr´ quence ω/2π, une force d’amortissement d’amplitude δ > 0 et la
                 e
gravit´ g, la loi de la m´ canique de Newton permet d’´ crire un syst` me diff´ rentiel
      e                  e                              e             e         e
pour y et Z :
   
    Z (t) = 3K cos(Z(t)) (y(t) − l sin(Z(t)))+ − (y + l sin(Z(t)))+
   
   
   
   
   
                  ml
   
   
   
   
   
   
   
   
                +λ sin(ω t) − δ Z (t),
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
                  K
                       (y(t) − l sin(Z(t)))+ − (y + l sin(Z(t)))+ + g − δy (t),
   
      y (t) = −
                   m
o` l est la longueur des cˆ bles au repos et m la masse du pont.
 u                        a
´
6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES                                                225

   Cette equation n’est pas sous une forme tr` s convenable pour la discr´ tisation et
           ´                                         e                   e
pour l’´ tude th´ orique, nous pr´ f´ rons l’´ crire sous la forme :
       e        e                ee          e

                                   u (t) = f (t, u(t)),

o` u : R → Rd . Pour cela, il suffit de poser u = (u1 , u2 , u3, u4 ) avec
 u

                      u1 = Z,     u2 = Z ,     u3 = y,     u4 = y

et f : R × R4 → R4 donn´ e par
                       e
                                                                                             
              u2                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
              3K                                                                     
           
                  cos(u1 ) (u3 − l sin(u1 ))+ − (u3 + l sin(u1 ))+ + λ sin(ωt) − δu2 
                                                                                      
              ml                                                                     
                                                                                     
f (t, u) = 
           
                                                                                      .
                                                                                      
                                                                                     
                                                                                     
              u4                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                                                                                     
                K                                                                    
               −     (u3 − l sin(u1 ))+ − (u3 + l sin(u1))+ + g − δu4
                 m
     Cette equation diff´ rentielle ne peut pas etre r´ solue exactement, c’est pourquoi il
           ´            e                       ˆ     e
est indispensable de recourir a la simulation num´ rique sur ordinateur pour tenter d’ap-
                                `                   e
procher la solution et recomposer ainsi les derni` res minutes correspondant aux mou-
                                                    e
vements du pont suspendu avant son effondrement. Un exemple de solution approch´ e      e
est pr´ sent´ sur la Figure 6.1 : le d´ placement vertical y(t) est ici amorti tandis que
      e      e                         e
les variations de l’angle Z(t) ne s’amortissent pas, ce qui conduit a l’effondrement du
                                                                      `
pont.


6.1.2 Rappels th´ oriques
                e
    Avant de d´ crire des algorithmes num´ riques permettant d’approcher la solution
                e                             e
d’une equation diff´ rentielle ordinaire, rappelons quelques r´ sultats th´ oriques sur les
       ´            e                                         e           e
syst` mes d’´ quations diff´ rentielles ordinaires [11].
    e       e              e

D´ finition 6.1.1 Nous appelons equation diff´ rentielle d’ordre n une equation de la
  e                             ´             e                       ´
forme
                        u(n) (t) = f (t, u, u , . . . , u(n−1) ),              (6.1)
o` f est une application d´ finie sur I × U × U1 . . . Un−1 → E, I est un intervalle de R,
 u                           e
U, U1 ,. . ., Un−1 sont des ouverts d’un espace de Banach E. Une solution de l’´ quation
                                                                                e
                                                       n
diff´ rentielle (6.1) est une application u de classe C (I, E) v´ rifiant (6.1).
    e                                                           e
226                                               ´             ´
                                  CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

Remarque 6.1.1 Lorsque E = R, l’´ quation diff´ rentielle est dite scalaire tandis que
                                       e             e
lorsque f est ind´ pendante de t, l’´ quation diff´ rentielle est dite autonome.
                 e                  e             e

    Concernant la th´ orie des equations diff´ rentielles, nous nous int´ ressons au probl` me
                      e         ´            e                          e                 e
de l’existence et de l’unicit´ locale de solutions pour le probl` me de Cauchy1 (c’est-
                              e                                    e
a-dire l’´ quation diff´ rentielle accompagn´ e d’une ¡¡ condition initiale ¿¿). Notons
`        e              e                    e
d’abord que dans le cas g´ n´ ral d’une equation d’ordre n, une condition initiale est la
                            e e          ´
donn´ e de la fonction inconnue u et de toutes ses d´ riv´ es jusqu’` l’ordre n−1 au point
      e                                               e e            a
t = 0. En d´ finitive, nous pouvons toujours nous ramener au cas n = 1, quitte a agran-
            e                                                                       `
dir l’espace E comme dans l’exemple du pont de Tacoma et en consid´ rant commee
nouvelle fonction inconnue le vecteur (u, u , . . . , u(n−1) ). C’est pourquoi d´ sormais,
                                                                                  e
nous nous placons dans le cas n = 1, et consid´ rons une fonction f : I × U → E,
                ¸                                  e
o` I est un intervalle ouvert de R et U un ouvert d’un espace de Banach E muni de la
  u
norme . . Consid´ rons alors un syst` me diff´ rentiel de la forme
                    e                  e         e
                                  
                                  
                                   u (t) = f (t, u(t)),
                                  
                                                                                       (6.2)
                                  
                                   u(t = 0) = u ,
                                                   0


o` u0 ∈ E et o` la fonction f ∈ C 0 (I × U, E) est seulement continue. Ceci permet de
 u              u
d´ montrer l’existence d’une solution lorsque E est de dimension finie mais pas l’uni-
 e
cit´ de la solution. Pour assurer l’unicit´ , il suffit que f soit localement lipschitzienne
   e                                       e
par rapport a la variable x ∈ U. A
             `                      ` titre d’exemple, nous rappelons le r´ sultat le plus
                                                                             e
classique pour l’existence et l’unicit´ d’une solution pour un syst` me diff´ rentiel [11].
                                      e                               e        e

Th´ or` me 6.1.1 (Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz) 2 Soit f ∈ C 0 (I × U, E) et sup-
   e e                e e
posons qu’il existe un voisinage de (0, u0 ) dans I × U et L > 0 tels que pour tout
t ∈ I, x et y dans ce voisinage

                                f (t, x) − f (t, y) ≤ L x − y .

Alors
   – il existe T > 0 et u ∈ C 1 ([0, T ], U) solution du probl` me de Cauchy (6.2) ;
                                                              e
   – si v est une autre solution, elle co¨ncide avec u sur l’intervalle [0, T ] ;
                                           ı
   – si de plus f est de classe C r (I × U, E) avec r ≥ 1, alors u est de classe
      C r+1 (I, U).

    La d´ monstration de ce th´ or` me repose sur le th´ or` me de point fixe contrac-
        e                         e e                      e e
tant que nous avons d´ montr´ au Chapitre 3 [Th´ or` me 3.2.1]. Nous proposons une
                         e      e                    e e
d´ monstration de ce th´ or` me dans la section 6.2.2 en prouvant la convergence du
  e                        e e
sch´ ma d’Euler explicite par une m´ thode de compacit´ .
    e                                 e                   e
    Pour l’instant int´ ressons-nous a la notion de trajectoire.
                      e               `
     1
       En r´ f´ rence a Augustin Louis Cauchy, math´ maticien francais (1789-1957) qui fut l’un des plus
           ee         `                               e               ¸
prolifiques. Ses travaux port` rent sur l’analyse (fonctions holomorphes, crit` res de convergence sur les
                                 e                                               e
s´ ries enti` res) mais aussi en optique sur la propagation d’ondes electromagn´ tiques.
 e           e                                                        ´            e
     2
       En r´ f´ rence a Rudolph Otto S. Lipschitz (1832-1903), math´ maticien allemand, qui travailla sur
           ee         `                                                 e
la th´ orie des nombres, les equations diff´ rentielles compl´ tant les travaux de Cauchy.
       e                       ´             e                e
´
6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES                                               227

D´ finition 6.1.2 Nous appelons trajectoire ou orbite partant de u0 l’ensemble d´ fini
 e                                                                             e
par

      Tu0 := {u(t) ∈ E,        u solution de (6.2), t ∈ [0, T ] avec u(0) = u0 } .

   En appliquant le Th´ or` me 6.1.1, nous avons imm´ diatement le r´ sultat suivant :
                      e e                           e               e

Corollaire 6.1.1 Soient u0 et v0 ∈ U deux donn´ es initiales distinctes. Alors les tra-
                                              e
jectoires Tu0 et Tv0 sont disjointes.

Placons-nous maintenant dans le cadre d’application du Th´ or` me 6.1.1, le r´ sultat
   ¸                                                     e e                 e
suivant donne une condition suffisante pour que T = +∞ [11].

Th´ or` me 6.1.2 Soient f ∈ C 0 (I × U, Rd ), supposons de plus que f est localement
    e e
lipschitzienne en la deuxi` me variable et u la solution de (6.2) d´ finie pour 0 ≤ t < T .
                           e                                       e
Si la solution u est uniform´ ment born´ e sur [0, T ] alors T = +∞.
                             e          e

    Apr` s ces quelques r´ sultats d’existence et d’unicit´ , etudions le comportement
         e                  e                              e ´
qualitatif de la solution u. Pour simplifier, nous consid´ rons un probl` me autonome,
                                                          e              e
c’est-` -dire que la fonction f ne d´ pend que de la variable u mais pas de t ∈ R :
      a                             e
                                  
                                  
                                   u (t) = f (u(t)),
                                  
                                                                                    (6.3)
                                  
                                   u(t = 0) = u ,
                                                    0


o` la fonction f : U → E est continue.
 u

D´ finition 6.1.3 Le point u ∈ U est un point d’´ quilibre ou stationnaire du syst` me
  e                            ¯               e                                 e
diff´ rentiel (6.3) d` s qu’il v´ rifie :
    e                e          e

                                        f (¯) = 0.
                                           u

Se pose alors la question de la stabilit´ de ces points d’´ quilibre.
                                        e                 e

D´ finition 6.1.4 Soit u ∈ U un point d’´ quilibre ou stationnaire de (6.3). Nous disons
 e                     ¯               e
que u est stable d` s qu’il v´ rifie :
    ¯             e          e

           ∀ε > 0,     ∃ η > 0 tel que u0 ∈ B(¯, η) ⇒
                                              u                u(t) − u ≤ ε,
                                                                      ¯

c’est-` -dire que si nous partons d’une donn´ e initiale proche de l’´ tat stationnaire u,
      a                                        e                       e                ¯
                                                                              +
la solution u(t) de (6.3) reste proche de l’´ tat stationnaire pour tout t ∈ R .
                                            e
    En outre, si la solution u v´ rifie
                                e

                                   lim u(t) − u = 0,
                                              ¯
                                  t→∞

alors nous disons que le point d’´ quilibre est asymptotiquement stable, c’est-` -dire
                                    e                                          a
que la solution converge vers l’´ tat stationnaire.
                                e
228                                          ´             ´
                             CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

   Recherchons ensuite des conditions suffisantes de stabilit´ d’un point d’´ quilibre.
                                                             e             e
Pour cela, voyons d’abord ce qu’il se passe dans le cas d’une fonction lin´ aire. Soit
                                                                          e
A ∈ Mn,n (R), le syst` me diff´ rentiel (6.3) s’´ crit alors
                     e        e                 e
                                 
                                 
                                  u (t) = A u(t),
                                 
                                                                                 (6.4)
                                 
                                  u(0) = u
                                                0


et la solution est donn´ e par u(t) = eA t u0 avec
                       e
                                                tn n
                                   eA t =          A .
                                            n∈N
                                                n!

La solution de (6.4) est bien d´ finie pour tout temps et ce syst` me admet un point
                                 e                                    e
d’´ quilibre u = 0 dont la stabilit´ est li´ e au spectre de la matrice A [11].
  e          ¯                     e       e
Th´ or` me 6.1.3 (Stabilit´ des syst` mes diff´ rentiels lin´ aires) Consid´ rons u la so-
    e e                     e          e         e            e            e
lution du syst` me diff´ rentiel (6.4). Alors le point 0 est asymptotiquement stable si et
              e        e
seulement si pour tout λ ∈ Sp(A),
                                       Re(λ) < 0.
En outre, le point 0 est stable si et seulement si pour tout λ ∈ Sp(A)
   – soit Re(λ) < 0,
   – ou bien Re(λ) = 0 et λ n’est pas d´ fective, c’est-` -dire
                                            e              a
                                 dim(Ker(A − λ In )) = p,
      o` p repr´ sente la multiplicit´ de λ.
       u       e                     e
Dans le cas non lin´ aire la situation est bien plus complexe. Commencons, comme
                       e                                                      ¸
souvent, par transformer le probl` me pour se ramener a une situation connue. En
                                        e                       `
lin´ arisant l’´ quation diff´ rentielle (6.3), introduisons δ = u − u, qui v´ rifie
   e           e             e                                       ¯       e
                    δ (t) = f (u(t)) − f (¯) =
                                          u          u f (¯) δ
                                                          u      + o(δ),
o` o(δ) signifie qu’il existe une fonction ε(δ) telle que ε(δ) / δ → 0 lorsque δ → 0.
  u
     Ainsi, lorsque δ est initialement petit, les termes en o(δ) sont n´ gligeables et la
                                                                        e
stabilit´ du point stationnaire u ∈ U ⊂ E se ram` ne a l’´ tude de stabilit´ du probl` me
        e                       ¯                   e ` e                  e         e
lin´ aire suivant au point 0
    e
                                    δ = u f (¯) δ.u
Nous pourrions esp´ rer un r´ sultat analogue au cas lin´ aire mais ce n’est h´ las pas
                      e     e                           e                     e
toujours le cas [11].
Th´ or` me 6.1.4 (Th´ or` me de stabilit´ non lin´ aire) Soient E un espace vectoriel
    e e                 e e                  e        e
norm´ de dimension finie et consid´ rons le point stationnaire u ∈ U ⊂ E du syst` me
       e                                e                          ¯                 e
diff´ rentiel (6.3), o` f ∈ C 1 (U, E). Si pour tout λ ∈ Sp( u f (¯)) nous avons Re(λ) <
    e                 u                                           u
0, alors le point u est asymptotiquement stable.
                    ¯
     En revanche s’il existe λ ∈ Sp( u f (¯)) telle que Re(λ) > 0 alors le point u est
                                               u                                    ¯
instable.
´
6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES                                                             229

    Observons que lorsqu’une valeur propre est de partie r´ elle nulle, nous ne pouvons
                                                              e
pas conclure sur la stabilit´ du point d’´ quilibre en utilisant la th´ orie lin´ aire. Il faut
                              e          e                            e         e
alors faire appel a la th´ orie de Lyapunov3.
                  `      e

D´ finition 6.1.5 Soit u ∈ U un point d’´ quilibre de (6.3). Nous appelons fonction de
 e                    ¯                e
Lyapunov une fonction L : U → R continue et diff´ rentiable sur U v´ rifiant
                                                   e                 e
                        
                        
                         L(¯) < L(u), ∀ u ∈ U  {¯}
                         u                               u
                             
                             
                                   L(u) f (u) ≤ 0,        ∀ u ∈ U.

Notons que les hypoth` ses sur L permettent d’assurer que
                     e
                          d
                             L(u) =        L(u) u =       L(u) f (u) ≤ 0.
                          dt
L’existence d’une telle fonction L permet alors de conclure sur le comportement de la
solution proche de l’´ quilibre [11].
                     e
Th´ or` me 6.1.5 (Th´ or` me de Lyapunov) Soient E un espace de Banach de dimension finie
   e e                e e
et u ∈ U un point d’´ quilibre de (6.3). S’il existe une fonction de Lyapunov L associ´ e
   ¯                 e                                                                e
a l’´ quilibre u ∈ U, alors l’´ quilibre est stable.
` e            ¯              e
D´ monstration :
 e
   Consid´ rons ε > 0 tel que B(¯, ε) ⊂ U et soit
         e                      u

                                         m = min L(u)
                                                 u−¯ =ε
                                                   u

le minimum de la fonction de Lyapunov L sur le bord de B(¯, ε). Puisque u ∈ U est
                                                            u           ¯
un minimum strict de la fonction L qui est continue, l’ensemble

                             Uε :=      u ∈ B(¯, ε),
                                              u            L(u) < m

est un voisinage de u inclus dans U. Ainsi, en choisissant u0 ∈ Uε , comme t → L(u(t))
                      ¯
est d´ croissante, il vient alors
     e

                                     L(u(t)) ≤ L(u0 ) < m,

pour t ≥ 0 et donc u(t) ∈ ∂B(¯, ε). Par suite u(t) reste dans le voisinage compact
                           /     u
B(¯, ε) de u pour tout t ≥ 0 et mˆ me dans le voisinage Uε , donc u est bien stable. 2
   u       ¯                      e                                  ¯
    Dans une premi` re partie, nous pr´ sentons plusieurs sch´ mas explicites classiques
                    e                 e                         e
(sch´ mas d’Euler, de Runge et de Runge-Kutta), puis proposons une analyse de conver-
     e
gence de la solution num´ rique vers la solution exacte du syst` me diff´ rentiel en in-
                          e                                        e       e
troduisant les notions de consistance et de stabilit´ . Nous etudions ensuite un sch´ ma
                                                     e        ´                       e
d’Euler implicite pour les equations diff´ rentielles raides qui jouent un rˆ le important
                           ´             e                                  o
dans les applications a la chimie. Enfin la derni` re partie est consacr´ e aux syst` mes
                      `                            e                     e           e
hamiltoniens.
   3
     En r´ f´ rence a Alexander Lyapunov math´ maticien russe (1857-1918) qui travailla sur les syst` mes
         ee         `                        e                                                      e
dynamiques.
230                                             ´             ´
                                CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

             `
6.2 Sch´ mas a un pas explicites
       e
     Int´ ressons-nous maintenant a la discr´ tisation des equations diff´ rentielles ordi-
          e                          `        e             ´             e
naires et supposons que E = Rd avec d ≥ 1. Pour approcher la solution de (6.2)
sur l’intervalle [0, T ], d´ composons cet intervalle en N sous-intervalles [tn , tn+1 ] avec
                           e
tn = n ∆t, n ∈ {0, . . . , N} et ∆t = T /N. Par la suite, la solution num´ rique      e
est not´ e v n et d´ signe une approximation de la solution u aux points tn , pour n =
           e       e
0, . . . , N.
     L’objectif de l’analyse num´ rique des equations diff´ rentielles ordinaires est de
                                   e           ´              e
construire des sch´ mas num´ riques en discr´ tisant l’´ quation (6.2). Ensuite, il s’agit
                     e          e                e       e
de d´ montrer que la solution approch´ e converge, en un sens a pr´ ciser, vers la solution
      e                                  e                        ` e
exacte. Pour cela, nous cherchons a evaluer l’erreur de discr´ tisation en = u(tn ) − v n ,
                                      `´                        e
et plus pr´ cis´ ment, a obtenir des estimations d’erreur de la forme
             e e        `

                               en = u(tn ) − v n ≤ C ∆tα ,

o` C ne d´ pend que de la solution exacte, du temps final T mais surtout pas du pas de
  u      e
temps ∆t tandis que α > 0 donne l’ordre de convergence de la m´ thode num´ rique.
                                                                e           e

6.2.1 Les sch´ mas de Runge-Kutta
             e
    D´ crivons d’abord la mani` re de construire un sch´ ma num´ rique pour l’´ quation
       e                          e                        e    e              e
(6.2). Puisque la fonction f est continue, elle est int´ grable sur [0, T ] et donc en
                                                             e
int´ grant (6.2) sur l’intervalle [tn , tn + ∆t], nous avons
   e
                                                    tn+1
                        u(tn+1 ) − u(tn ) =                f (s, u(s)) ds.
                                                   tn

Le sch´ ma num´ rique s’obtient alors en appliquant une formule de quadrature pour
       e         e
approcher l’int´ grale du cˆ t´ droit de l’´ galit´ .
               e           oe              e      e
   Le sch´ ma d’Euler explicite. Par exemple, en appliquant la m´ thode des rec-
           e                                                           e
                                                             n
tangles a gauche vue au Chapitre 5 [section 5.2.3] au point t , nous obtenons
        `
                           tn+1
                                  f (s, u(s)) ds        ∆t f (tn , u(tn )).
                          tn

En remplacant u(tn ) par son approximation v n vient alors le sch´ ma d’Euler explicite
         ¸                                                       e
           
            0
            v = u(0)
           
           
           
           
           
                                                                                 (6.5)
           
           
           
           
            n+1
                      = v n + ∆t f (tn , v n ), pour n = 0, . . . , N − 1,
           
            v

qui peut aussi s’´ crire sous la forme
                 e

                v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t),          n = 0, . . . , N − 1,
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                     231

avec
                                 φ(tn , v n , ∆t) = f (tn , v n ) .

Nous etudierons pr´ cis´ ment la convergence de ce sch´ ma et d´ montrerons par la
      ´              e e                               e        e
mˆ me occasion le Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1) pour l’existence
  e                    e e                          e e
de solutions.
    Le sch´ ma de Runge. Une autre approximation consiste a utiliser la formule du
           e                                                `
point milieu etudi´ e au Chapitre 5 [section 5.4.3]
              ´   e

                  tn+1
                                                            ∆t          ∆t
                         f (s, u(s)) ds     ∆t f     tn +      , u tn +
                 tn                                         2           2

mais au pr´ alable il est imp´ ratif de construire une approximation de u(tn + ∆t ). Pour
           e                 e                                                 2
cela, appliquons simplement le sch´ ma d’Euler explicite pr´ sent´ pr´ c´ demment sur
                                       e                       e    e e e
un demi-pas de temps

                                 ∆t                     ∆t
                      u tn +                u(tn ) +       f (tn , u(tn )) .
                                 2                      2

En remplacant u(tn ) par sa valeur approch´ e v n , nous obtenons le sch´ ma de Runge
           ¸                              e                             e
explicite qui comporte deux etapes
                             ´
                            
                            
                             k1 = f (tn , v n ),
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                                        n      ∆t n          ∆t
                             k2 = f t + 2 , v +
                                                            2
                                                                  k1 ,
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                            
                             n+1
                                   = v n + ∆t k2 ,
                            
                             v


qui peut aussi s’´ crire sous la forme
                 e

                v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t),          n = 0, . . . , N − 1,

avec
                                                   ∆t n ∆t
                  φ(tn , v n , ∆t) = f     tn +      ,v +   f (tn , v n ) .
                                                   2      2

   Le sch´ ma de Runge-Kutta. Plus g´ n´ ralement, d´ finissons les sch´ mas de Runge-
          e                              e e        e                 e
Kutta explicites de la mani` re suivante :
                           e
232                                          ´             ´
                             CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

D´ finition 6.2.1 Une m´ thode de Runge-Kutta a s etages est donn´ e par
 e                    e                      ` ´                e
          
          
           k = f (tn , v n ),
           1
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
           k = f (tn + c ∆t, v n + ∆t a k ) ,
           2
                              2          2,1 1
          
          
          
            .
            .                                                                       (6.6)
           .
          
          
          
          
           ks = f (tn + cs ∆t, v n + ∆t (as,1 k1 + . . . + as,s−1 ks−1 )) ,
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
          
           n+1
          
           v    = v n + ∆t (b1 k1 + b2 k2 + . . . + bs ks ) ,

o` ci , ai,j et bj sont des coefficients. Nous les repr´ sentons habituellement par le
 u                                                    e
sch´ ma
   e
                               c1        0
                                                ..
                               c2       a2,1         .
                               .
                               .         .
                                         .      ..           ..                     (6.7)
                               .         .           .            .

                               cs       as,1    . . . as,s−1              0

                                        b1      ...          bs−1         bs

Exemple 6.2.1 Les m´ thodes d’Euler et de Runge peuvent donc etre repr´ sent´ es par
                       e                                     ˆ        e     e
les tableaux suivants :

                                                         0
                              0
                                                         1/2 1/2
                                    1
                                                                      0    1

    Donnons en particulier le sch´ ma de Runge-Kutta d’ordre quatre. C’est une ex-
                                    e
cellente m´ thode pour la plupart des probl` mes de Cauchy (6.2), c’est certainement la
           e                                 e
premi` re a essayer puisque nous verrons qu’elle est tr` s pr´ cise et assez stable ! Elle
       e `                                             e     e
est a quatre etages et est d´ finie par la fonction
    `        ´              e

                                             1
                     φ(t, v n , ∆t) =          (k1 + 2 k2 + 2 k3 + k4 ) ,
                                             6
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                    233

avec                    
                        
                         k = f (tn , v n ),
                        
                         1
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                         k = f tn + ∆t , v n +         ∆t
                         2
                        
                                            2          2
                                                             k1 ,
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                         k3 = f tn + ∆t , v n + ∆t k2 ,
                        
                        
                                       2         2
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                         k4 = f (tn + ∆t, v n + ∆t k3 ) .

Cette m´ thode combine les formules de quadrature de Simpson et du trap` ze etudi´ es
         e                                                                e ´       e
au Chapitre 5 [section 5.2.3] tandis que les evaluations aux temps interm´ diaires sont
                                             ´                            e
fournies par la m´ thode d’Euler explicite. Nous v´ rifions que son ecriture matricielle
                 e                                 e               ´
est la suivante
                               0

                              1/2 1/2

                              1/2      0   1/2

                               1       0   0     1

                                       1/6 1/3 1/3 1/6

    Avant de se lancer dans l’analyse des sch´ mas a un pas, comparons la pr´ cision des
                                              e     `                       e
diff´ rents sch´ mas pour un probl` me dont la solution exacte est connue
    e          e                  e

Exemple 6.2.2 Proposons de comparer l’ordre de convergence des diff´ rents sch´ mas
                                                                          e   e
num´ riques. Pour cela, consid´ rons l’´ quation diff´ rentielle scalaire
   e                          e        e             e
                          
                          
                           u (t) = −u(t), t ∈ [0, 1],
                          
                          
                          
                          
                          
                           
                           
                           
                           
                           
                           
                            u(t = 0) = 1,

dont la solution exacte est connue :

                                    u(t) = u(0) e−t .
234                                           ´             ´
                              CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

      Nous effectuons alors
      plusieurs       simulations         -5
      num´ riques en faisant
           e
      tendre le param` tre ∆t
                           e             -10

      vers z´ ro pour les sch´ mas
             e                 e




                                      log(e(dt))
      d’Euler      explicite,    de      -15

      Runge et de Runge-Kutta
                                         -20
      a quatre etages. Sur la
      `           ´
      Figure 6.2, l’axe des                                    Euler explicite
                                         -25                 Runge d’ordre 2
      abscisses        correspond                       Runge-Kutta d’ordre 4
      au log(∆t) et l’axe des                  -5  -4.5   -4      -3.5         -3 -2.5
      ordonn´ es
               e        repr´ sente
                             e                            log(dt)
      log(maxn≥0 |en (∆t)|).
                                    F IG . 6.2 – Comparaison des sch´ mas d’Eu-
                                                                             e
      Ainsi, la pente correspond
                                    ler, de Runge et Runge-Kutta 4.
      a l’ordre de la m´ thode.
      `                  e



    Nous constatons sur cet exemple que le sch´ ma d’Euler explicite est d’ordre un,
                                              e
le sch´ ma de Runge est d’ordre deux tandis que le sch´ ma de Runge-Kutta a quatre
      e                                               e                     `
etages est d’ordre quatre !
´




Simulation d’une solution chaotique Dans beaucoup d’applications, les solutions
d’une equation diff´ rentielle ordinaire sont chaotiques. Il n’y a pas de d´ finition for-
      ´             e                                                      e
melle pr´ cise de la notion de chaos, mais une d´ finition convenable est que lorsque
        e                                         e
t devient grand, une connaissance approximative de la donn´ e initiale u(0) rend le
                                                                e
comportement de la solution incompr´ hensible.
                                       e
   Consid´ rons par exemple le mod` le de Lorentz : nous cherchons a approcher les
           e                            e                          `
fonctions (x(t), y(t), z(t)) pour tout t ≥ 0 du syst` me suivant
                                                    e

                               
                               
                                x = σ (y − x),
                               
                               
                               
                               
                               
                                y = x (ρ − z) − y,
                               
                               
                               
                               
                               
                                z = x y − β z,


avec σ = 10, ρ = 28 et β = 8/3.
    En appliquant le th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1), nous montrons
                       e e                               e e
que sur tout intervalle de temps [0, T ], il existe une unique solution au syst` me de
                                                                                e
Lorentz. Cependant, la simulation num´ rique de ce syst` me pose de r´ elles difficult´ s
                                        e                e            e              e
lorsque le nombre d’it´ rations devient grand.
                      e
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                                                                        235

  Choisissons une donn´ e initiale
                           e
  qui est une perturbation de
  l’´ quilibre (0, 0, 0) de l’ordre
    e                                                                                            trajectoire de (x,y,z)
  de 10−6 . Nous observons alors                                z

                                                           50
  plusieurs choses. Tout d’abord,                          45
                                                           40
                                                           35
                                                           30
  en tracant sur la Figure 6.3
           ¸                                               25
                                                           20
                                                           15
  l’´ volution des composantes
    e                                                      10
                                                            5
                                                            0
  (x(t), y(t), z(t)) au cours du                                                                                         20
                                                                                                                              30
                                                                                                                    10
  temps, la solution forme une                             -20 -15
                                                                       -10 -5
                                                                                0                   -20
                                                                                                       -10
                                                                                                                0         y
                                                                            x           5 10
                                                                                             15 20
                                                                                                 -30
  sorte de papillon. Notons que
  pour diff´ rents pas de temps
              e
  ∆t = 2. 10−4 , 2. 10−5 et 2. 10−6
                                                                             ´
                                                                F IG . 6.3 – Evolution de (x, y, z).
  le comportement qualitatif de la
  solution reste le mˆ me.
                      e

Cependant, en tracant l’´ volution des composantes x(t) et z(t), nous observons que
                   ¸    e
pour t ≥ 15, les simulations num´ riques mettent en evidence un comportement chao-
                                  e                    ´
tique de la solution num´ rique pour diff´ rents pas de temps (voir Figure 6.4).
                        e                e

            30
                                    dt = 2.E-4                                                                dt = 2.E-4
                                    dt = 2.E-5                         50                                     dt = 2.E-5
                                    dt = 2.E-6                                                                dt = 2.E-6
            20
                                                                       40

            10
                                                                       30
     x(t)




                                                                z(t)




             0
                                                                       20

            -10                                                        10


            -20                                                        0
                  0   5   10   15    20          25   30                    0       5       10        15       20          25      30
                               t                                                                      t


             ´
F IG . 6.4 – Evolution des composantes xn et z n en fonction de n pour un sch´ ma
                                                                                e
d’Euler explicite et diff´ rents pas de temps ∆t = 2. 10−4, 2. 10−5 et 2. 10−6.
                         e


    C’est pourquoi, il est important d’´ tudier le plus pr´ cis´ ment possible le comporte-
                                       e                  e e
ment de la solution num´ rique lorsque le param` tre ∆t tend vers z´ ro. Par la suite, nous
                         e                         e                  e
etudierons les m´ thodes de discr´ tisation des equations diff´ rentielles dites ¡¡ sch´ ma
´                 e               e               ´              e                      e
a un pas ¿¿.
`
    L’ensemble de ces m´ thodes num´ riques peut etre d´ crit comme un sch´ ma a un
                           e            e              ˆ      e                    e    `
pas explicite, autrement dit le sch´ ma s’´ crit sous la forme
                                   e       e
               
                0
                v = u(0)
               
                                                                                       (6.8)
                n+1
                v           n            n n
                       = v + ∆t φ(t , v , ∆t), n = 0, . . . , N − 1,
236                                             ´             ´
                                CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

o` φ : R+ × Rd × R+ → Rd d´ finit compl` tement la m´ thode num´ rique. Bien sˆ r,
  u                                e             e             e           e            u
la m´ thode est dite a un pas car v n+1 ne d´ pend que de l’´ tape pr´ c´ dente v n .
     e               `                        e               e      e e
    Ainsi l’algorithme est satisfaisant d` s lors que l’erreur en = v n −u(tn ) converge
                                          e
vers 0 pour tout n ∈ {0, . . . , N} lorsque le pas de temps ∆t tend vers z´ ro.
                                                                             e
     ´
    Etudions d’abord le sch´ ma le plus simple, c’est-` -dire le sch´ ma d’Euler explicite,
                              e                          a          e
pour lequel nous proposons une d´ monstration de convergence qui ne repose pas sur
                                      e
un r´ sultat d’existence de solutions pour (6.2) : la convergence du sch´ ma num´ rique
     e                                                                      e         e
constitue donc une preuve du Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1). En-
                                     e e                                e e
suite, nous proposons une etude g´ n´ rale des sch´ mas a un pas et donnons des condi-
                             ´       e e             e      `
tions suffisantes sur la fonction φ pour d´ montrer la convergence et calculer l’ordre du
                                            e
sch´ ma.
    e

6.2.2 Convergence du sch´ ma d’Euler explicite
                        e
    Soit u(t) la solution exacte de l’´ quation diff´ rentielle (6.2) et v n la solution ap-
                                        e            e
proch´ e donn´ e par le sch´ ma a un pas (6.8). D´ finissons l’erreur globale au temps tn
      e         e            e    `                e
par la diff´ rence entre les solutions exacte et approch´ e :
           e                                            e

                             en (∆t) = u(tn ) − v n ,      n ∈ N.

D´ finition 6.2.2 Consid´ rons l’´ quation diff´ rentielle ordinaire (6.2). Nous disons que
  e                       e      e             e
le sch´ ma (6.8) est convergent sur l’intervalle [0, T ] lorsque pour ∆t = T /N
      e

                                lim    max       en (∆t) = 0.
                               ∆t→0 n=0,...,N

    En outre le sch´ ma est convergent d’ordre p s’il existe une constante C > 0 ne
                   e
d´ pendant que de f , T , u0 et surtout pas de ∆t telle que
 e

                                 max        en (∆t) ≤ C ∆tp .
                                n=0,...,N


    Supposons que pour T > 0, la fonction f appartient a C([0, T ]×U, E) et consid´ rons
                                                       `                          e
le sch´ ma d’Euler explicite pour (6.2)
      e

                                  v n+1 = v n + f (tn , v n ).

Notons alors v∆t la fonction affine par morceaux de [0, T ] a valeurs dans E, d´ finie par
                                                           `                  e

                        v n+1 − v n
      v∆t (t) = v n +               (t − tn ),   t ∈ [tn , tn+1 [,   n = 0, . . . , N − 1.
                            ∆t
   Nous souhaitons d´ montrer que la fonction v∆t converge vers une solution de (6.2).
                     e
D’une part, puisque f est continue elle est born´ e sur tout compact. La ¡¡ d´ riv´ e ¿¿
                                                 e                           e e
de v∆t est alors born´ e sur un intervalle inclus dans [0, T ] ind´ pendamment de ∆t.
                     e                                             e
L’ensemble (v∆t )∆t>0 forme ainsi une famille de fonctions equicontinues dont une
                                                                ´
sous-suite converge uniform´ ment grˆ ce au Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli.
                             e       a          e e              a

Th´ or` me 6.2.1 (Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli) Soit (vm )m∈N une suite de fonctions
    e e               e e           a
telles que {vm : [0, T ] → R, m ∈ N} est equicontinue sur [0, T ] avec 0 < T < +∞,
                                         ´
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                                         237

c’est-` -dire que pour tout ε > 0, il existe δ > 0 ind´ pendant de m ∈ N tel que pour
      a                                               e
tout |t − s| ≤ δ,
                              sup vm (t) − vm (s) ≤ ε.
                                      m∈N

Si la suite (vm )m∈N est born´ e, alors il existe une sous-suite qui converge uniform´ ment.
                             e                                                       e

   Montrons alors le r´ sultat suivant (qui englobe une partie du Th´ or` me 6.1.1).
                      e                                             e e

Th´ or` me 6.2.2 (Convergence du sch´ ma d’Euler explicite) Soient f ∈ C 0 ([0, T ]×
   e e                              e
U, E), B(u0 , δ) ⊂ U et

                                    M =             sup               |f (t, u)|
                                            (t,u)∈[0,T ]×B(u0 ,δ)

Alors il existe au moins une solution au probl` me de Cauchy (6.2) d´ finie sur l’in-
                                                e                       e
tervalle [0, T0 ] avec T0 = min(T, δ/M) et il existe une sous-suite de la solution
num´ rique donn´ e par le sch´ ma d’Euler qui converge vers cette solution.
    e             e          e

    D´ monstration : Soient δ > 0 et T > 0 tels que B(u0 , δ) ⊂ U, alors par
      e
d´ finition de M la solution num´ rique v∆t (t) ∈ B(u0 , δ) pour tout t ∈ [0, T0 ] avec
 e                             e
T0 = min(T, δ/M) et de plus

                                    v∆t (t) − v∆t (s) ≤ M |t − s|.

Ainsi, d’apr` s le Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli, il existe une sous-suite (v1/m )m∈N∗ qui
             e         e e              a
converge uniform´ ment vers une fonction u. Il reste a d´ montrer que u est solution de
                    e                                  ` e
(6.2), c’est-` -dire que pour tout t ∈ [0, T0 ]
             a
                                                              t
                                   u(t) = u(0) +                  f (s, u(s)) ds.
                                                          0

En utilisant le fait que f est uniform´ ment continue sur [0, T ] × U, il existe δ(∆t) → 0
                                      e
lorsque ∆t → 0 telle que

        f (t, v) − f (s, w) ≤ δ(∆t),                  v − w ≤ M ∆t                  et   |t − s| ≤ ∆t.

C’est pourquoi,
                               t
     v∆t (t) − u(0) −              f (s, v∆t (s)) ds ≤
                           0
        N −1    tn+1
                        f (s, v∆t(s)) − f (tn , v n ) + f (s, v∆t (s)) − f (tn+1 , v n+1 ) ds
        n=0    tn
               N −1
        ≤ 2           δ(∆t) ∆t = 2 T δ(∆t).
               n=0

En ecrivant cette in´ galit´ pour une sous-suite convergente et en passant a la limite ∆t
    ´               e      e                                               `
tend vers z´ ro, nous obtenons le r´ sultat.
           e                        e                                                   2
    Nous montrons facilement que lorsque la fonction f est lipschitzienne par rapport
a la seconde variable, la suite d´ finie par le sch´ ma d’Euler converge uniform´ ment.
`                                e                e                              e
238                                            ´             ´
                               CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

                             e        e     `
6.2.3 Consistance et stabilit´ des sch´ mas a un pas
     ´
    Etablissons maintenant des crit` res g´ n´ raux sur l’ensemble des sch´ mas num´ riques
                                     e      e e                            e         e
a un pas, ecrits sous la forme (6.8), ce qui permettra de d´ montrer facilement la conver-
`         ´                                                 e
gence de la solution approch´ e vers la solution exacte. Pour cela, d´ finissons deux no-
                               e                                       e
tions importantes : la consistance qui renseigne sur la coh´ rence de la discr´ tisation et
                                                              e               e
la stabilit´ qui signifie le contrˆ le de l’accumulation des erreurs.
           e                      o
    Pour n ∈ N, l’erreur de consistance du sch´ ma (6.8) au temps t, pour u une solution
                                                 e
de (6.2) et un pas de temps ∆t, est obtenue en appliquant le sch´ ma de discr´ tisation a
                                                                   e           e          `
la solution exacte, c’est-` -dire
                           a

                                    u(t + ∆t) − u(t)
                  R(t, u, ∆t) =                      − φ(t, u(t), ∆t),                       (6.9)
                                          ∆t
ce qui permet alors de d´ finir la consistance.
                        e

D´ finition 6.2.3 Consid´ rons le sch´ ma a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle
  e                       e           e `                     e` e                e
(6.2). Nous disons que le sch´ ma est consistant lorsque pour tout t ∈ [0, T ] et toute
                                e
solution u ∈ C([0, T ], Rd ) de (6.2)

                                  lim R(t, u, ∆t) = 0.
                                 ∆t→0


   De plus, pour p ∈ N, le sch´ ma est consistant d’ordre p s’il existe une constante
                                e
C > 0 ne d´ pendant que de f , T et u0 mais surtout pas de ∆t telle que
          e

                         R(t, u, ∆t) ≤ C ∆tp , pour tout t ≥ 0

et toute solution u ∈ C([0, T ], Rd ) de (6.2).

    Ainsi, la consistance donne une indication sur la coh´ rence de l’approximation φ
                                                              e
de la fonction f . En effet, elle signifie que lorsque le param` tre de discr´ tisation ∆t
                                                                  e             e
                                                                       ´
tend vers z´ ro, la fonction φ(t, u(t), ∆t) converge vers f (t, u(t)). Etablissons alors une
           e
condition suffisante sur φ pour que le sch´ ma (6.8) soit consistant.
                                             e

Proposition 6.2.1 (Condition suffisante pour la consistance) Consid´ rons le sch´ ma
                                                                              e       e
a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle (6.2). Si la fonction φ ∈ C (R ×Rd ×
`                     e` e               e                                      0  +

R+ , Rd ) et pour tout w ∈ Rd , t ∈ [0, T ]

                                   φ(t, w, 0) = f (t, w).

Alors le sch´ ma (6.8) est consistant.
            e

   D´ monstration : Prenons u ∈ C 1 ([0, T ], Rd ) la solution exacte de (6.2), nous pou-
     e
vons ecrire pour t ∈ [0, T − ∆t]
     ´
                                            t+∆t                    t+∆t
             u(t + ∆t) − u(t) =                    u (s) ds =              f (s, u(s)) ds.
                                        t                       t
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                            239

Nous en d´ duisons alors que
         e
                                 u(t + ∆t) − u(t)
             R(t, u, ∆t) =                           − φ(t, u(t), ∆t),
                                        ∆t
                                       t+∆t
                                  1
                               =            [f (s, u(s)) − φ(t, u(t), ∆t)] ds.
                                 ∆t t
Soit ε > 0, puisque φ est une fonction continue au point (t, u(t), 0) et φ(t, u(t), 0) =
f (t, u(t)), il existe η1 > 0 tel que pour tout ∆t ≤ η1
                                                                     ε
                               φ(t, u(t), ∆t) − f (t, u(t))      ≤     .
                                                                     2
Nous avons donc par in´ galit´ triangulaire
                      e      e
                                                   t+∆t
                                  ε   1
             R(t, u, ∆t) ≤          +                     f (s, u(s)) − f (t, u(t)) ds.
                                  2   ∆t       t

D’autre part, la fonction s → f (s, u(s)) est continue sur [0, T ], elle est donc uni-
form´ ment continue, il existe donc η2 > 0 tel que pour tout |t − s| ≤ ∆t ≤ η2 ,
    e
                               t+∆t
                      1                                                      ε
                                       f (s, u(s)) − f (t, u(t)) ds ≤          .
                      ∆t   t                                                 2
Ainsi, lorsque ∆t ≤ η = min(η1 , η2 ), l’erreur de consistance satisfait
                                         R(t, u, ∆t) ≤ ε,
ce qui d´ montre la proposition.
        e                                                                               2
    Pour obtenir la consistance d’ordre p > 1, il est n´ cessaire de supposer que la
                                                             e
fonction f ∈ C p ([0, T ] × U, Rd ), ce qui implique d’apr` s le Th´ or` me 6.1.1 que u ∈
                                                            e      e e
 p+1          d                               p−m
C ([0, T ], R ). D´ finissons alors f(m) ∈ C
                    e                             ([0, T ] × U, R ) pour (t, w) ∈ R × Rd
                                                                 d

         
         
          f (t, w) = f (t, w)
          (0)
         
         
         
         
         
         
         
         
         
                          ∂f(m)
          f(m+1) (t, w) =       (t, w) +             w f(m) (t, w) f (t, w),      m ≥ 0.
                            ∂t
Par r´ currence, la solution de (6.2) v´ rifie pour tout m ∈ {0, . . . , p}
     e                                 e
                         u(m+1) (t) = f(m) (t, u(t)),         t ∈ [0, T ].
 `
A partir de cette derni` re egalit´ et d’un d´ veloppement de Taylor de la solution de
                          e ´     e          e
(6.2) a l’ordre p, il vient
      `
                                   p
                                     ∆tm (m)     ∆tp+1 (p+1)
     u(t + ∆t) = u(t) +                 u (t) +          u   (η),
                                 m=1
                                     m!         (p + 1)!
                                       p−1
                                             ∆tm                      ∆tp+1 (p+1)
                  = u(t) + ∆t                       f(m) (t, u(t)) +          u   (η).
                                       m=0
                                           (m + 1)!                  (p + 1)!
240                                          ´             ´
                             CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

Ainsi, en choisissant la fonction φ telle que
                                        p−1
                                                              ∆tm
                        φ(t, v, ∆t) =         f(m) (t, v)            ,             (6.10)
                                        m=0
                                                            (m + 1)!

l’erreur de consistance v´ rifie naturellement
                         e
                       u(t + ∆t) − u(t)                                 ∆tp
       R(t, u, ∆t) =                    − φ(t, u(t), ∆t) = u(p+1) (η)          .
                             ∆t                                       (p + 1)!

Compte tenu que u(p+1) est continue, elle est born´ e sur [0, T ] et l’erreur de consis-
                                                    e
tance est bien d’ordre p. Nous pouvons alors facilement d´ montrer a l’aide de (6.10) la
                                                         e          `
Proposition suivante

Proposition 6.2.2 (Condition suffisante pour la consistance d’ordre p) Consid´ rons    e
le sch´ ma a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle (6.2). Si la fonction φ ∈
       e   `                      e` e              e
C p−1 (R+ × Rd × R+ , Rd ) et v´ rifie pour tout m = {0, . . . , p − 1}
                               e
                        ∂mφ             f(m) (t, v)
                          m
                            (t, v, 0) =             ,        t ∈ [0, T ].
                       ∂∆t               m+1
Alors le sch´ ma (6.8) est consistant d’ordre p.
            e

    C’est alors un exercice trivial que de v´ rifier que le sch´ ma de Runge est effective-
                                            e                  e
ment d’ordre deux et le sch´ ma de Runge-Kutta a quatre etages est d’ordre quatre.
                             e                      `        ´
    Ces crit` res donnent une information sur la pr´ cision d’une etape de discr´ tisation
            e                                         e             ´            e
mais ils n’assurent pas que l’accumulation des erreurs ne converge pas vers l’infini
lorsque le nombre d’´ tapes ou d’it´ rations croˆt. Pour exprimer cela, introduisons la
                      e              e            ı
notion de stabilit´ .
                   e

D´ finition 6.2.4 Le sch´ ma (6.8) est stable s’il existe ∆t > 0 et R > 0 pouvant
  e                    e
d´ pendre de la donn´ e initiale u0 et du temps final T = N ∆t tels que pour tout
 e                   e
∆t ∈ [0, ∆t [
                        v n ∈ B(0, R),      ∀ n = 0, , . . . , N,
o` B(0, R) d´ signe la boule de centre 0 et de rayon R. Autrement dit la solution
 u            e
num´ rique v n est born´ e ind´ pendamment de n et ∆t.
   e                   e      e
   En outre, le sch´ ma est inconditionnellement stable lorsque ∆t = ∞.
                    e

    Notons que cette notion de stabilit´ a d´ j` et´ utilis´ e pour d´ montrer la conver-
                                       e    ea ´e          e          e
gence du sch´ ma d’Euler explicite puisque nous avons d´ montr´ en premier lieu que la
              e                                           e       e
solution num´ rique est born´ e. Cependant cette condition se r´ v` le bien souvent trop
               e              e                                   e e
faible pour permettre une analyse de convergence d’un sch´ ma num´ rique a un pas.
                                                                e       e       `
C’est pourquoi, nous introduisons une notion de stabilit´ plus contraignante, c’est la
                                                           e
stabilit´ par rapport aux erreurs.
        e

D´ finition 6.2.5 Le sch´ ma (6.8) est stable par rapport aux erreurs s’il existe ∆t > 0
  e                    e
et C > 0 d´ pendant de u0 , f et T tels que pour 0 ≤ ∆t ≤ ∆t ,
          e

                           v n+1 := v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t),
´    `
6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES                                                                241

et
                         w n+1 := w n + ∆t φ(tn , w n , ∆t) + εn ,
pour n = 0, . . . , N − 1 et (εn )n∈N ⊂ Rd est donn´ e, alors
                                                   e
                                                                           n−1
                        n        n                   0           0
                        v −w         ≤ C         v −w                  +         εi       ,
                                                                           i=0

pour tout n = 0, . . . , N − 1.

    Cette d´ finition signifie que pour qu’un sch´ ma soit stable il faut et il suffit que
           e                                    e
l’accumulation des erreurs soit du mˆ me ordre que la somme des erreurs commises a
                                    e                                                 `
chaque etape. Nous proposons une condition suffisante de stabilit´ pour un sch´ ma a
        ´                                                         e              e    `
un pas de la forme (6.8)

Proposition 6.2.3 (Condition suffisante pour la stabilit´ ) Supposons que la fonction
                                                        e
φ est continue et lipschitzienne par rapport a la variable v ∈ Rd , o` Γ > 0 est la
                                             `                       u
constante de Lipschitz :

                            φ(t, u, ∆t) − φ(t, v, ∆t) ≤ Γ u − v                               (6.11)

pour tout t ≥ 0 et ∆t > 0. Alors la solution num´ rique donn´ e par (6.8) est stable par
                                                e           e
rapport aux erreurs.

     D´ monstration : Soient (v n )n et (w n )n telles que
      e

                                v n+1 := v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t),

et
                         w n+1 := w n + ∆t φ(tn , w n , ∆t) + εn .
En faisant la diff´ rence et en utilisant la condition (6.11), il vient pour en = v n − w n
                  e

                                en+1 ≤ (1 + Γ ∆t) en + εn .

Puis en proc´ dant par r´ currence, nous obtenons
            e           e
                                                                 n
                  n+1                      n+1   0
                e       ≤ (1 + Γ ∆t)             e           +         (1 + Γ ∆t)n−k εk .
                                                                 k=0

En observant que 1 + Γ ∆t ≤ eΓ ∆t , nous avons alors simplement
                                                                       n
                             n+1        Γ tn+1           0
                            e        ≤ e                 e       +          εk        ,
                                                                     k=0

ce qui d´ montre le r´ sultat de stabilit´ par rapport aux erreurs avec C = eΓ T > 0. 2
         e             e                 e
     `
    A partir de la notion de consistance et de stabilit´ , nous pouvons d´ montrer la
                                                            e                 e
convergence de la solution num´ rique vers la solution exacte de (6.2). C’est un r´ sultat
                                  e                                                e
classique en analyse num´ rique et plus g´ n´ ralement en analyse : nous verrons plus
                            e                 e e
tard que cette notion revient lors de l’analyse de sch´ mas num´ riques pour les equations
                                                       e         e               ´
aux d´ riv´ es partielles.
       e e
242                                              ´             ´
                                 CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

Th´ or` me 6.2.3 (Consistance + Stabilit´ ⇒ Convergence) Nous supposons que le
   e e                                     e
sch´ ma (6.8) est consistant d’ordre p et stable par rapport aux erreurs. Alors la solu-
    e
tion num´ rique converge vers la solution exacte de (6.2). L’erreur v´ rifie en outre
         e                                                           e
                              en (∆t)    ≤ C ∆tp +         e0 (∆t)   ,
pour tout n = 0, . . . , N, o` C > 0 ne d´ pend que de T , f et u.
                             u           e
   D´ monstration : Puisque le sch´ ma est consistant, la solution exacte u v´ rifie
    e                             e                                          e
             u(tn+1 ) = u(tn ) + ∆t φ(tn , u(tn ), ∆t) + ∆t R(tn , u, ∆t),
avec la condition suivante sur R(tn , u, ∆t) : pour tout t ∈ [0, T ] et u solution exacte
de (6.2)
                               lim R(t, u, ∆t) = 0,
                                   ∆t→0
et puisque le sch´ ma est d’ordre p
                 e
                              R(t, u, ∆t) ≤ C ∆tp ,      ∀t ∈ [0, T ].
D’autre part, la solution num´ rique est donn´ e par
                             e               e
                                v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t).
En faisant la diff´ rence entre les deux egalit´ s, le terme d’erreur en (∆t) = v n − u(tn )
                    e                    ´     e
satisfait la relation de r´ currence
                          e
           en+1 (∆t) = en (∆t) + ∆t [ φ(tn , v n , ∆t) − φ(tn , u(tn ), ∆t)]
                       − ∆t R(tn , u(tn ), ∆t).
Ainsi, en appliquant directement la d´ finition de la stabilit´ par rapport aux erreurs
                                     e                       e
avec w n = u(tn ), il vient
                                                        n−1
                   n                     0
                e (∆t) ≤ C              e (∆t) + ∆t           R(ti , u, ∆t)       .
                                                        i=0

Puisque le sch´ ma est consistant, nous avons
              e
                        n−1
                   ∆t          R(ti , u, ∆t) ≤ T     max      R(ti , u, ∆t) ,
                                                   0≤i≤n−1
                        i=0

le terme de droite tend bien vers z´ ro lorsque ∆t converge vers z´ ro, puisque pour tout
                                   e                              e
i ∈ {0, . . . , n}
                                 lim R(ti , u, ∆t) = 0
                                    ∆t→0
      0
et u converge vers u(0) donc le sch´ ma est convergent.
                                      e
    En outre, le sch´ ma etant consistant d’ordre p, l’erreur est du mˆ me ordre
                    e    ´                                            e
                                                       n−1
               n                        0
              e (∆t)      ≤ C           e (∆t) + ∆t           R(ti , u(ti), ∆t)
                                                        i=0
                          ≤ C           e0 (∆t) + ∆tp .
                                                                                          2
´             ´
6.3. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES RAIDES                                                  243

        ´
6.3 Les equations diff´ rentielles raides
                      e
   Consid´ rons l’exemple d’une equation diff´ rentielle mod´ lisant une r´ action chi-
         e                       ´           e              e             e
mique pour un param` tre ε > 0 assez petit,
                     e
                                       ε
                                  a   −→
                                             b     lente,
                                      1/ε2
                              b+b     −→
                                             c + b tr` s rapide,
                                                     e
                                      1/ε
                              b+c     −→
                                             c + a rapide,

o` a, b et c sont trois r´ actants de concentration Ca (t), Cb (t) et Cc (t). Sur un intervalle
 u                       e
de temps dt, la variation de la concentration Ca diminue proportionnellement a ε pour  `
produire de la substance b et dans le mˆ me temps augmente proportionnellement a 1/ε
                                          e                                               `
par association des substances b et c produisant a la fois les r´ actants a et c, ce qui
                                                     `                e
conduit a`
                                                     Cb Cc
                                dCa = −ε Ca dt +            dt.
                                                       2ε
De la mˆ me mani` re
         e          e
                                       Cb Cb      Cb Cb      Cb Cc
                  dCb = ε Ca dt +          2
                                             dt −    2
                                                        dt −       dt
                                        2ε         ε          2ε
et
                                  Cb Cb          Cb Cc            Cb Cc
                        dCc =            dt +           dt −             dt.
                                   2ε2             2ε              2ε
En passant formellement a la limite dt → 0, nous obtenons un syst` me d’´ quations
                              `                                                    e     e
diff´ rentielles raides, c’est-` -dire contenant des echelles d’ordre diff´ rent ε, 1/ε et
    e                           a                         ´                          e
1/ε2                  
                       C (t) = −ε C (t) + Cb (t) Cc (t) ,
                      
                       a
                                        a
                      
                      
                                                       2ε
                                                     2
                                                   Cb (t)        Cb (t) Cc (t)
                       Cb (t) = +ε Ca(t) − 2ε2 −
                                                                     2ε
                                                                               ,
                      
                                     2
                       Cc (t) = Cb (t) .
                      
                      
                                     2ε2
Cette r´ action d´ crit la production de r´ actants c a partir de la substance a tandis
         e          e                          e              `
que b sert de catalyseur. Observons en effet que Cc = 1, Ca = Cb = 0 est un
equilibre vers lequel la solution est suppos´ e converger. Pour un tel syst` me, l’utili-
´                                                 e                                    e
sation d’une m´ thode de Runge-Kutta explicite est pratiquement impossible car nous
                  e
serions oblig´ s de prendre un pas de temps ∆t tr` s petit pour obtenir une approxi-
                e                                           e
mation raisonnable, sans quoi la solution num´ rique devient instable. En effet, une
                                                       e
caract´ ristique de cette equation diff´ rentielle est la pr´ sence de diff´ rentes echelles
       e                    ´             e                       e                 e      ´
(lente, tr` s rapide et rapide), pour que le sch´ ma explicite reste pr´ cis, il faut que le pas
           e                                      e                          e
de temps soit du mˆ me ordre que la fr´ quence la plus rapide, c’est-` -dire ici de l’ordre
                      e                    e                                     a
     2
de ε .
    Pour mieux comprendre ce ph´ nom` ne, consid´ rons un probl` me bien plus simple
                                       e     e             e                 e
pour lequel tous les calculs sont explicites et qui poss` de les mˆ mes caract´ ristiques
                                                                e          e           e

                        ε u (t) = −u(t) + cos(t),           0<ε      1.                  (6.12)
244                                             ´             ´
                                CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES

Cette equation diff´ rentielle est lin´ aire inhomog` ne et la solution exacte est donn´ e
      ´            e                  e              e                                 e
par
                                     1               cos(t)      ε sin(t)
               u(t) = u0 −               2
                                             e−t/ε +       2
                                                              +           .
                                  1+ε                1+ε          1 + ε2
Cette solution est la somme d’une fonction oscillant a une p´ riode de 2π et d’une
                                                          `       e
fonction qui tend vers z´ ro a la vitesse de 1/ε.
                           e `
     Observons maintenant ce qu’il se passe lorsque nous appliquons la m´ thode d’Eu-
                                                                            e
ler explicite a une telle equation pour un pas de temps ∆t constant. La solution num´ rique
              `           ´                                                         e
au temps tn = n ∆t est alors donn´ e par
                                      e

                                                  ∆t           ∆t
                         v n+1 =         1−            vn +       cos(tn ).
                                                  ε            ε

Comme pour l’´ quation diff´ rentielle, recherchons une solution sous la forme
             e             e
                                        n
                  n         ∆t
                  v =    1−                 (v 0 − α) + α cos(tn ) + β sin(tn ).
                            ε

En injectant cet ¡¡ ansatz ¿¿ dans le sch´ ma num´ rique, nous obtenons deux equations
                                          e         e                        ´
lin´ aires pour α et β dont la solution est de la forme
   e

                        α = 1 + O(ε ∆t),               β = ε + O(ε∆t2 ),

ce qui donne finalement
                                   n
              n          ∆t
             v =      1−               (v 0 − 1) + cos(tn ) + ε sin(tn ) + O(ε ∆t).
                         ε

Ainsi, la solution num´ rique v n est proche de la solution exacte seulement lorsque le
                       e
pas de temps v´ rifie la condition
                e

                                            |1 − ∆t/ε| < 1,

c’est-` -dire lorsque ∆t < ε, ce qui est trop contraignant dans la pratique lorsque
      a
ε est tr` s petit. En d´ finitive, tous les sch´ mas explicites a un pas doivent satisfaire
         e             e                       e               `
une condition similaire pour que la solution num´ rique soit stable, ce qui les rend
                                                        e
inutilisables pour ce type de probl` me a plusieurs echelles. Il faut donc construire des
                                      e    `           ´
sch´ mas diff´ rents pour les syst` mes diff´ rentiels raides.
   e          e                    e         e
    Envisageons alors l’utilisation d’une m´ thode implicite directement inspir´ e du
                                                 e                                    e
sch´ ma d’Euler. En reprenant la d´ marche utilis´ e pr´ c´ demment sur l’intervalle [tn , tn +
   e                                 e             e e e
∆t],
                                                        tn+1
                             n+1              n
                        u(t        ) − u(t ) =                 f (s, u(s)) ds,
                                                       tn
le sch´ ma d’Euler implicite consiste a appliquer la m´ thode des rectangles en utilisant
      e                                   `           e
la valeur a droite f (tn+1 , u(tn+1)), il vient alors
          `
                         tn+1
                                f (s, u(s)) ds         ∆t f (tn+1 , u(tn+1 )).
                        tn
´             ´
6.3. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES RAIDES                                                                     245

Le sch´ ma d’Euler implicite s’obtient alors en remplacant u(tn+1 ) par son approxi-
      e                                               ¸
mation v n+1
        
         0
         v = u(0)
        
                                                                              (6.13)
         n+1
         v        n          n+1 n+1
              = v + ∆t f (t , v ), pour n = 0, . . . , N − 1.

    Remarquons que pour le sch´ ma d’Euler implicite, l’existence et a fortiori le cal-
                                       e
cul de v n+1 n’est pas evident, il est donn´ de mani` re implicite et un probl` me non
                           ´                      e          e                         e
lin´ aire doit en g´ n´ ral etre r´ solu, ce qui n’est pas toujours facile. Avant d’aborder ces
   e               e e ˆ          e
probl` mes, v´ rifions que ce type de sch´ ma convient bien a la r´ solution d’´ quations
       e       e                               e                    `     e           e
diff´ rentielles raides. Pour cela, revenons au probl` me d’une equation diff´ rentielle
    e                                                       e            ´            e
lin´ aire raide (6.12). Un calcul analogue a celui effectu´ pour le sch´ ma d’Euler expli-
   e                                            `              e             e
cite donne ici
                                    ∆t                   ∆t
                              1+          v n+1 = v n +      cos(tn+1 ),
                                     ε                    ε
dont la solution peut etre ecrite sous la forme
                         ˆ ´
                                       −n
                 n          ∆t
                 v =     1+                   (v 0 − 1) + cos(tn ) + ε sin(tn ) + O(∆t ε).
                            ε
Cette fois-ci nous n’avons pas de restriction sur la longueur du pas, car
                                         1
                                                < 1,
                                     1 + ε ∆t
pour tout ∆t > 0. Dans ce cas, le sch´ ma implicite donne une bonne approximation
                                         e
mˆ me si ∆t est tr` s grand. Il y a donc bon espoir que des sch´ mas implicites soient
  e                e                                             e
mieux adapt´ s a la r´ solution num´ rique de probl` mes raides.
           e `       e              e              e
                                                             1.5
                          Solution d’Euler explicite                        Solution d’Euler implicite
         4                         Solution exacte                                   Solution exacte
                                                               1
         2
                                                             0.5
         0
                                                               0
        -2
                                                             -0.5
        -4
                                                              -1
             0       2    4           6           8    10           0   2     4          6           8   10




                              (a)                                             (b)


              ´
F IG . 6.5 – Evolution de la solution num´ rique obtenue par un sch´ ma d’Euler (a)
                                              e                       e
                                                              −1
explicite et (b) implicite pour l’´ quation (6.12) avec ε = 10 et ∆t = 0, 2.
                                  e

    Par la suite, nous etudions la convergence du sch´ ma d’Euler implicite a l’aide
                         ´                               e                        `
de la m´ thodologie d´ velopp´ e pour les sch´ mas a un pas. Puis, nous introduisons
        e               e       e               e     `
une nouvelle notion de stabilit´ pour la compr´ hension des ph´ nom` nes a plusieurs
                                  e                e               e    e     `
echelles (A-stabilit´ ) et proposons d’autres sch´ mas implicites d’ordre plus elev´ .
´                   e                             e                             ´ e
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  • 1. Chapitre 6 ´ Les equations diff´ rentielles e Ce chapitre est consacr´ a l’´ tude des equations diff´ rentielles, lesquelles jouent un e` e ´ e rˆ le fondamental en mod´ lisation pour la biologie, la chimie, la physique et l’ing´ nierie. o e e Ces mod` les sont facilement param´ trisables (` partir de donn´ es exp´ rimentales), ce e e a e e qui justifie leur popularit´ et leur large utilisation. En outre, ils fournissent en g´ n´ ral e e e des informations pr´ cieuses sur les quantit´ s observables (quantit´ s qui peuvent etre e e e ˆ mesur´ es) a condition d’obtenir une bonne estimation de la solution. Nous pr´ sentons e ` e ici les sch´ mas classiques permettant de fournir des solutions num´ riques suffisam- e e ment pr´ cises pour des probl` mes issus de la mod´ lisation en physique, chimie ou e e e biologie. Nous proposons egalement une etude math´ matique justifiant la pr´ cision ´ ´ e e des algorithmes. 6.1 Introduction et rappels th´ oriques e ´ 6.1.1 Le pont de Tacoma aux Etats-Unis ´ C’est en juillet 1940 que le pont suspendu de Tacoma dans l’Etat de Washington ´ (Etats-Unis) est achev´ et ouvert au trafic automobile. D` s les premiers jours, le pont e e commence a osciller de mani` re verticale mais ceci n’est pas vraiment surprenant pour ` e un pont suspendu, les jours passent alors sans qu’aucun probl` me ne soit d´ tect´ . Ce- e e e pendant, un matin de novembre 1940 la situation se complique : le pont commence a ` onduler durant plusieurs heures, les cˆ bles maintenant le tablier du pont se soul` vent a e p´ riodiquement de haut en bas. Un peu plus tard, une pi` ce du pont se casse brutale- e e ment, le pont continue a osciller mais dans le mˆ me temps la chauss´ e se d´ forme de ` e e e mani` re inqui´ tante. Par moment, un bord de la chauss´ e domine de plusieurs m` tres e e e e l’autre bord et le pont est evacu´ d’urgence : il finit par s’´ crouler. ´ e e Les ing´ nieurs se sont alors pench´ s sur les raisons qui ont conduit le pont a e e ` s’´ crouler. Pour cela, il s’agit de mod´ liser les mouvements du pont en recensant les e e ph´ nom` nes physiques qui agissent sur le pont. e e Par exemple, un mod` le relativement simple consiste a etudier l’´ volution au cours e `´ e du temps d’une coupe transversale du pont de Tacoma, les variables sont alors l’angle de rotation Z(t) du segment transverse par rapport a l’axe horizontal et le d´ placement ` e du centre de gravit´ y(t) par rapport a la position d’´ quilibre (voir Figure 6.1). Nous e ` e supposons que les cˆ bles r´ sistent a la force appliqu´ e lorsqu’il subit une elongation a e ` e ´ 223
  • 2. 224 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES 5 Z(t) y(t) 4 3 2 y(t) 1 0 -1 -2 Z(t) 0 50 100 150 200 t (a) (b) ´ F IG . 6.1 – Etude du mouvement d’une coupe transverse du pont a l’aide d’une equation ` ´ diff´ rentielle ordinaire. (a) Nous consid´ rons les variations au cours du temps de la e e hauteur du pont par rapport a la position d’´ quilibre y(t) et de l’angle de rotation Z(t). ` e (b) R´ sultats de simulations num´ riques de la solution (y(t), Z(t)). e e mais pas lorsqu’il est compress´ . En outre, la force exerc´ e par les cˆ bles agit comme e e a des ressorts d’une raideur K, proportionnelle a l’´ longation du cˆ ble. Sur la Figure 6.1, ` e a nous observons que l’extension du cˆ t´ droit est donn´ e par (y − l sin(Z)) et donc la oe e force exerc´ e par le cˆ ble de droite est e a    −K (y − l sin(Z)) lorsque y − l sin(Z) ≥ 0,  + −K (y − l sin(Z)) =   0  sinon. De la mˆ me mani` re, l’extension du cˆ ble de gauche est donn´ e par (y + l sin(Z))+ . e e a e Finalement, en prenant en compte la force du vent λ sin(ωt) d’une amplitude faible λ > 0 et de fr´ quence ω/2π, une force d’amortissement d’amplitude δ > 0 et la e gravit´ g, la loi de la m´ canique de Newton permet d’´ crire un syst` me diff´ rentiel e e e e e pour y et Z :   Z (t) = 3K cos(Z(t)) (y(t) − l sin(Z(t)))+ − (y + l sin(Z(t)))+       ml          +λ sin(ω t) − δ Z (t),             K (y(t) − l sin(Z(t)))+ − (y + l sin(Z(t)))+ + g − δy (t),   y (t) = − m o` l est la longueur des cˆ bles au repos et m la masse du pont. u a
  • 3. ´ 6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES 225 Cette equation n’est pas sous une forme tr` s convenable pour la discr´ tisation et ´ e e pour l’´ tude th´ orique, nous pr´ f´ rons l’´ crire sous la forme : e e ee e u (t) = f (t, u(t)), o` u : R → Rd . Pour cela, il suffit de poser u = (u1 , u2 , u3, u4 ) avec u u1 = Z, u2 = Z , u3 = y, u4 = y et f : R × R4 → R4 donn´ e par e    u2             3K    cos(u1 ) (u3 − l sin(u1 ))+ − (u3 + l sin(u1 ))+ + λ sin(ωt) − δu2    ml    f (t, u) =   .       u4               K  − (u3 − l sin(u1 ))+ − (u3 + l sin(u1))+ + g − δu4 m Cette equation diff´ rentielle ne peut pas etre r´ solue exactement, c’est pourquoi il ´ e ˆ e est indispensable de recourir a la simulation num´ rique sur ordinateur pour tenter d’ap- ` e procher la solution et recomposer ainsi les derni` res minutes correspondant aux mou- e vements du pont suspendu avant son effondrement. Un exemple de solution approch´ e e est pr´ sent´ sur la Figure 6.1 : le d´ placement vertical y(t) est ici amorti tandis que e e e les variations de l’angle Z(t) ne s’amortissent pas, ce qui conduit a l’effondrement du ` pont. 6.1.2 Rappels th´ oriques e Avant de d´ crire des algorithmes num´ riques permettant d’approcher la solution e e d’une equation diff´ rentielle ordinaire, rappelons quelques r´ sultats th´ oriques sur les ´ e e e syst` mes d’´ quations diff´ rentielles ordinaires [11]. e e e D´ finition 6.1.1 Nous appelons equation diff´ rentielle d’ordre n une equation de la e ´ e ´ forme u(n) (t) = f (t, u, u , . . . , u(n−1) ), (6.1) o` f est une application d´ finie sur I × U × U1 . . . Un−1 → E, I est un intervalle de R, u e U, U1 ,. . ., Un−1 sont des ouverts d’un espace de Banach E. Une solution de l’´ quation e n diff´ rentielle (6.1) est une application u de classe C (I, E) v´ rifiant (6.1). e e
  • 4. 226 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Remarque 6.1.1 Lorsque E = R, l’´ quation diff´ rentielle est dite scalaire tandis que e e lorsque f est ind´ pendante de t, l’´ quation diff´ rentielle est dite autonome. e e e Concernant la th´ orie des equations diff´ rentielles, nous nous int´ ressons au probl` me e ´ e e e de l’existence et de l’unicit´ locale de solutions pour le probl` me de Cauchy1 (c’est- e e a-dire l’´ quation diff´ rentielle accompagn´ e d’une ¡¡ condition initiale ¿¿). Notons ` e e e d’abord que dans le cas g´ n´ ral d’une equation d’ordre n, une condition initiale est la e e ´ donn´ e de la fonction inconnue u et de toutes ses d´ riv´ es jusqu’` l’ordre n−1 au point e e e a t = 0. En d´ finitive, nous pouvons toujours nous ramener au cas n = 1, quitte a agran- e ` dir l’espace E comme dans l’exemple du pont de Tacoma et en consid´ rant commee nouvelle fonction inconnue le vecteur (u, u , . . . , u(n−1) ). C’est pourquoi d´ sormais, e nous nous placons dans le cas n = 1, et consid´ rons une fonction f : I × U → E, ¸ e o` I est un intervalle ouvert de R et U un ouvert d’un espace de Banach E muni de la u norme . . Consid´ rons alors un syst` me diff´ rentiel de la forme e e e    u (t) = f (t, u(t)),  (6.2)   u(t = 0) = u ,  0 o` u0 ∈ E et o` la fonction f ∈ C 0 (I × U, E) est seulement continue. Ceci permet de u u d´ montrer l’existence d’une solution lorsque E est de dimension finie mais pas l’uni- e cit´ de la solution. Pour assurer l’unicit´ , il suffit que f soit localement lipschitzienne e e par rapport a la variable x ∈ U. A ` ` titre d’exemple, nous rappelons le r´ sultat le plus e classique pour l’existence et l’unicit´ d’une solution pour un syst` me diff´ rentiel [11]. e e e Th´ or` me 6.1.1 (Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz) 2 Soit f ∈ C 0 (I × U, E) et sup- e e e e posons qu’il existe un voisinage de (0, u0 ) dans I × U et L > 0 tels que pour tout t ∈ I, x et y dans ce voisinage f (t, x) − f (t, y) ≤ L x − y . Alors – il existe T > 0 et u ∈ C 1 ([0, T ], U) solution du probl` me de Cauchy (6.2) ; e – si v est une autre solution, elle co¨ncide avec u sur l’intervalle [0, T ] ; ı – si de plus f est de classe C r (I × U, E) avec r ≥ 1, alors u est de classe C r+1 (I, U). La d´ monstration de ce th´ or` me repose sur le th´ or` me de point fixe contrac- e e e e e tant que nous avons d´ montr´ au Chapitre 3 [Th´ or` me 3.2.1]. Nous proposons une e e e e d´ monstration de ce th´ or` me dans la section 6.2.2 en prouvant la convergence du e e e sch´ ma d’Euler explicite par une m´ thode de compacit´ . e e e Pour l’instant int´ ressons-nous a la notion de trajectoire. e ` 1 En r´ f´ rence a Augustin Louis Cauchy, math´ maticien francais (1789-1957) qui fut l’un des plus ee ` e ¸ prolifiques. Ses travaux port` rent sur l’analyse (fonctions holomorphes, crit` res de convergence sur les e e s´ ries enti` res) mais aussi en optique sur la propagation d’ondes electromagn´ tiques. e e ´ e 2 En r´ f´ rence a Rudolph Otto S. Lipschitz (1832-1903), math´ maticien allemand, qui travailla sur ee ` e la th´ orie des nombres, les equations diff´ rentielles compl´ tant les travaux de Cauchy. e ´ e e
  • 5. ´ 6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES 227 D´ finition 6.1.2 Nous appelons trajectoire ou orbite partant de u0 l’ensemble d´ fini e e par Tu0 := {u(t) ∈ E, u solution de (6.2), t ∈ [0, T ] avec u(0) = u0 } . En appliquant le Th´ or` me 6.1.1, nous avons imm´ diatement le r´ sultat suivant : e e e e Corollaire 6.1.1 Soient u0 et v0 ∈ U deux donn´ es initiales distinctes. Alors les tra- e jectoires Tu0 et Tv0 sont disjointes. Placons-nous maintenant dans le cadre d’application du Th´ or` me 6.1.1, le r´ sultat ¸ e e e suivant donne une condition suffisante pour que T = +∞ [11]. Th´ or` me 6.1.2 Soient f ∈ C 0 (I × U, Rd ), supposons de plus que f est localement e e lipschitzienne en la deuxi` me variable et u la solution de (6.2) d´ finie pour 0 ≤ t < T . e e Si la solution u est uniform´ ment born´ e sur [0, T ] alors T = +∞. e e Apr` s ces quelques r´ sultats d’existence et d’unicit´ , etudions le comportement e e e ´ qualitatif de la solution u. Pour simplifier, nous consid´ rons un probl` me autonome, e e c’est-` -dire que la fonction f ne d´ pend que de la variable u mais pas de t ∈ R : a e    u (t) = f (u(t)),  (6.3)   u(t = 0) = u ,  0 o` la fonction f : U → E est continue. u D´ finition 6.1.3 Le point u ∈ U est un point d’´ quilibre ou stationnaire du syst` me e ¯ e e diff´ rentiel (6.3) d` s qu’il v´ rifie : e e e f (¯) = 0. u Se pose alors la question de la stabilit´ de ces points d’´ quilibre. e e D´ finition 6.1.4 Soit u ∈ U un point d’´ quilibre ou stationnaire de (6.3). Nous disons e ¯ e que u est stable d` s qu’il v´ rifie : ¯ e e ∀ε > 0, ∃ η > 0 tel que u0 ∈ B(¯, η) ⇒ u u(t) − u ≤ ε, ¯ c’est-` -dire que si nous partons d’une donn´ e initiale proche de l’´ tat stationnaire u, a e e ¯ + la solution u(t) de (6.3) reste proche de l’´ tat stationnaire pour tout t ∈ R . e En outre, si la solution u v´ rifie e lim u(t) − u = 0, ¯ t→∞ alors nous disons que le point d’´ quilibre est asymptotiquement stable, c’est-` -dire e a que la solution converge vers l’´ tat stationnaire. e
  • 6. 228 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Recherchons ensuite des conditions suffisantes de stabilit´ d’un point d’´ quilibre. e e Pour cela, voyons d’abord ce qu’il se passe dans le cas d’une fonction lin´ aire. Soit e A ∈ Mn,n (R), le syst` me diff´ rentiel (6.3) s’´ crit alors e e e    u (t) = A u(t),  (6.4)   u(0) = u  0 et la solution est donn´ e par u(t) = eA t u0 avec e tn n eA t = A . n∈N n! La solution de (6.4) est bien d´ finie pour tout temps et ce syst` me admet un point e e d’´ quilibre u = 0 dont la stabilit´ est li´ e au spectre de la matrice A [11]. e ¯ e e Th´ or` me 6.1.3 (Stabilit´ des syst` mes diff´ rentiels lin´ aires) Consid´ rons u la so- e e e e e e e lution du syst` me diff´ rentiel (6.4). Alors le point 0 est asymptotiquement stable si et e e seulement si pour tout λ ∈ Sp(A), Re(λ) < 0. En outre, le point 0 est stable si et seulement si pour tout λ ∈ Sp(A) – soit Re(λ) < 0, – ou bien Re(λ) = 0 et λ n’est pas d´ fective, c’est-` -dire e a dim(Ker(A − λ In )) = p, o` p repr´ sente la multiplicit´ de λ. u e e Dans le cas non lin´ aire la situation est bien plus complexe. Commencons, comme e ¸ souvent, par transformer le probl` me pour se ramener a une situation connue. En e ` lin´ arisant l’´ quation diff´ rentielle (6.3), introduisons δ = u − u, qui v´ rifie e e e ¯ e δ (t) = f (u(t)) − f (¯) = u u f (¯) δ u + o(δ), o` o(δ) signifie qu’il existe une fonction ε(δ) telle que ε(δ) / δ → 0 lorsque δ → 0. u Ainsi, lorsque δ est initialement petit, les termes en o(δ) sont n´ gligeables et la e stabilit´ du point stationnaire u ∈ U ⊂ E se ram` ne a l’´ tude de stabilit´ du probl` me e ¯ e ` e e e lin´ aire suivant au point 0 e δ = u f (¯) δ.u Nous pourrions esp´ rer un r´ sultat analogue au cas lin´ aire mais ce n’est h´ las pas e e e e toujours le cas [11]. Th´ or` me 6.1.4 (Th´ or` me de stabilit´ non lin´ aire) Soient E un espace vectoriel e e e e e e norm´ de dimension finie et consid´ rons le point stationnaire u ∈ U ⊂ E du syst` me e e ¯ e diff´ rentiel (6.3), o` f ∈ C 1 (U, E). Si pour tout λ ∈ Sp( u f (¯)) nous avons Re(λ) < e u u 0, alors le point u est asymptotiquement stable. ¯ En revanche s’il existe λ ∈ Sp( u f (¯)) telle que Re(λ) > 0 alors le point u est u ¯ instable.
  • 7. ´ 6.1. INTRODUCTION ET RAPPELS THEORIQUES 229 Observons que lorsqu’une valeur propre est de partie r´ elle nulle, nous ne pouvons e pas conclure sur la stabilit´ du point d’´ quilibre en utilisant la th´ orie lin´ aire. Il faut e e e e alors faire appel a la th´ orie de Lyapunov3. ` e D´ finition 6.1.5 Soit u ∈ U un point d’´ quilibre de (6.3). Nous appelons fonction de e ¯ e Lyapunov une fonction L : U → R continue et diff´ rentiable sur U v´ rifiant e e    L(¯) < L(u), ∀ u ∈ U {¯}  u u    L(u) f (u) ≤ 0, ∀ u ∈ U. Notons que les hypoth` ses sur L permettent d’assurer que e d L(u) = L(u) u = L(u) f (u) ≤ 0. dt L’existence d’une telle fonction L permet alors de conclure sur le comportement de la solution proche de l’´ quilibre [11]. e Th´ or` me 6.1.5 (Th´ or` me de Lyapunov) Soient E un espace de Banach de dimension finie e e e e et u ∈ U un point d’´ quilibre de (6.3). S’il existe une fonction de Lyapunov L associ´ e ¯ e e a l’´ quilibre u ∈ U, alors l’´ quilibre est stable. ` e ¯ e D´ monstration : e Consid´ rons ε > 0 tel que B(¯, ε) ⊂ U et soit e u m = min L(u) u−¯ =ε u le minimum de la fonction de Lyapunov L sur le bord de B(¯, ε). Puisque u ∈ U est u ¯ un minimum strict de la fonction L qui est continue, l’ensemble Uε := u ∈ B(¯, ε), u L(u) < m est un voisinage de u inclus dans U. Ainsi, en choisissant u0 ∈ Uε , comme t → L(u(t)) ¯ est d´ croissante, il vient alors e L(u(t)) ≤ L(u0 ) < m, pour t ≥ 0 et donc u(t) ∈ ∂B(¯, ε). Par suite u(t) reste dans le voisinage compact / u B(¯, ε) de u pour tout t ≥ 0 et mˆ me dans le voisinage Uε , donc u est bien stable. 2 u ¯ e ¯ Dans une premi` re partie, nous pr´ sentons plusieurs sch´ mas explicites classiques e e e (sch´ mas d’Euler, de Runge et de Runge-Kutta), puis proposons une analyse de conver- e gence de la solution num´ rique vers la solution exacte du syst` me diff´ rentiel en in- e e e troduisant les notions de consistance et de stabilit´ . Nous etudions ensuite un sch´ ma e ´ e d’Euler implicite pour les equations diff´ rentielles raides qui jouent un rˆ le important ´ e o dans les applications a la chimie. Enfin la derni` re partie est consacr´ e aux syst` mes ` e e e hamiltoniens. 3 En r´ f´ rence a Alexander Lyapunov math´ maticien russe (1857-1918) qui travailla sur les syst` mes ee ` e e dynamiques.
  • 8. 230 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES ` 6.2 Sch´ mas a un pas explicites e Int´ ressons-nous maintenant a la discr´ tisation des equations diff´ rentielles ordi- e ` e ´ e naires et supposons que E = Rd avec d ≥ 1. Pour approcher la solution de (6.2) sur l’intervalle [0, T ], d´ composons cet intervalle en N sous-intervalles [tn , tn+1 ] avec e tn = n ∆t, n ∈ {0, . . . , N} et ∆t = T /N. Par la suite, la solution num´ rique e est not´ e v n et d´ signe une approximation de la solution u aux points tn , pour n = e e 0, . . . , N. L’objectif de l’analyse num´ rique des equations diff´ rentielles ordinaires est de e ´ e construire des sch´ mas num´ riques en discr´ tisant l’´ quation (6.2). Ensuite, il s’agit e e e e de d´ montrer que la solution approch´ e converge, en un sens a pr´ ciser, vers la solution e e ` e exacte. Pour cela, nous cherchons a evaluer l’erreur de discr´ tisation en = u(tn ) − v n , `´ e et plus pr´ cis´ ment, a obtenir des estimations d’erreur de la forme e e ` en = u(tn ) − v n ≤ C ∆tα , o` C ne d´ pend que de la solution exacte, du temps final T mais surtout pas du pas de u e temps ∆t tandis que α > 0 donne l’ordre de convergence de la m´ thode num´ rique. e e 6.2.1 Les sch´ mas de Runge-Kutta e D´ crivons d’abord la mani` re de construire un sch´ ma num´ rique pour l’´ quation e e e e e (6.2). Puisque la fonction f est continue, elle est int´ grable sur [0, T ] et donc en e int´ grant (6.2) sur l’intervalle [tn , tn + ∆t], nous avons e tn+1 u(tn+1 ) − u(tn ) = f (s, u(s)) ds. tn Le sch´ ma num´ rique s’obtient alors en appliquant une formule de quadrature pour e e approcher l’int´ grale du cˆ t´ droit de l’´ galit´ . e oe e e Le sch´ ma d’Euler explicite. Par exemple, en appliquant la m´ thode des rec- e e n tangles a gauche vue au Chapitre 5 [section 5.2.3] au point t , nous obtenons ` tn+1 f (s, u(s)) ds ∆t f (tn , u(tn )). tn En remplacant u(tn ) par son approximation v n vient alors le sch´ ma d’Euler explicite ¸ e   0  v = u(0)      (6.5)      n+1 = v n + ∆t f (tn , v n ), pour n = 0, . . . , N − 1,   v qui peut aussi s’´ crire sous la forme e v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t), n = 0, . . . , N − 1,
  • 9. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 231 avec φ(tn , v n , ∆t) = f (tn , v n ) . Nous etudierons pr´ cis´ ment la convergence de ce sch´ ma et d´ montrerons par la ´ e e e e mˆ me occasion le Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1) pour l’existence e e e e e de solutions. Le sch´ ma de Runge. Une autre approximation consiste a utiliser la formule du e ` point milieu etudi´ e au Chapitre 5 [section 5.4.3] ´ e tn+1 ∆t ∆t f (s, u(s)) ds ∆t f tn + , u tn + tn 2 2 mais au pr´ alable il est imp´ ratif de construire une approximation de u(tn + ∆t ). Pour e e 2 cela, appliquons simplement le sch´ ma d’Euler explicite pr´ sent´ pr´ c´ demment sur e e e e e un demi-pas de temps ∆t ∆t u tn + u(tn ) + f (tn , u(tn )) . 2 2 En remplacant u(tn ) par sa valeur approch´ e v n , nous obtenons le sch´ ma de Runge ¸ e e explicite qui comporte deux etapes ´    k1 = f (tn , v n ),              n ∆t n ∆t  k2 = f t + 2 , v +  2 k1 ,            n+1 = v n + ∆t k2 ,   v qui peut aussi s’´ crire sous la forme e v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t), n = 0, . . . , N − 1, avec ∆t n ∆t φ(tn , v n , ∆t) = f tn + ,v + f (tn , v n ) . 2 2 Le sch´ ma de Runge-Kutta. Plus g´ n´ ralement, d´ finissons les sch´ mas de Runge- e e e e e Kutta explicites de la mani` re suivante : e
  • 10. 232 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES D´ finition 6.2.1 Une m´ thode de Runge-Kutta a s etages est donn´ e par e e ` ´ e    k = f (tn , v n ),  1                k = f (tn + c ∆t, v n + ∆t a k ) ,  2  2 2,1 1    . . (6.6)  .      ks = f (tn + cs ∆t, v n + ∆t (as,1 k1 + . . . + as,s−1 ks−1 )) ,                n+1   v = v n + ∆t (b1 k1 + b2 k2 + . . . + bs ks ) , o` ci , ai,j et bj sont des coefficients. Nous les repr´ sentons habituellement par le u e sch´ ma e c1 0 .. c2 a2,1 . . . . . .. .. (6.7) . . . . cs as,1 . . . as,s−1 0 b1 ... bs−1 bs Exemple 6.2.1 Les m´ thodes d’Euler et de Runge peuvent donc etre repr´ sent´ es par e ˆ e e les tableaux suivants : 0 0 1/2 1/2 1 0 1 Donnons en particulier le sch´ ma de Runge-Kutta d’ordre quatre. C’est une ex- e cellente m´ thode pour la plupart des probl` mes de Cauchy (6.2), c’est certainement la e e premi` re a essayer puisque nous verrons qu’elle est tr` s pr´ cise et assez stable ! Elle e ` e e est a quatre etages et est d´ finie par la fonction ` ´ e 1 φ(t, v n , ∆t) = (k1 + 2 k2 + 2 k3 + k4 ) , 6
  • 11. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 233 avec    k = f (tn , v n ),   1               k = f tn + ∆t , v n + ∆t  2   2 2 k1 ,         k3 = f tn + ∆t , v n + ∆t k2 ,    2 2               k4 = f (tn + ∆t, v n + ∆t k3 ) . Cette m´ thode combine les formules de quadrature de Simpson et du trap` ze etudi´ es e e ´ e au Chapitre 5 [section 5.2.3] tandis que les evaluations aux temps interm´ diaires sont ´ e fournies par la m´ thode d’Euler explicite. Nous v´ rifions que son ecriture matricielle e e ´ est la suivante 0 1/2 1/2 1/2 0 1/2 1 0 0 1 1/6 1/3 1/3 1/6 Avant de se lancer dans l’analyse des sch´ mas a un pas, comparons la pr´ cision des e ` e diff´ rents sch´ mas pour un probl` me dont la solution exacte est connue e e e Exemple 6.2.2 Proposons de comparer l’ordre de convergence des diff´ rents sch´ mas e e num´ riques. Pour cela, consid´ rons l’´ quation diff´ rentielle scalaire e e e e    u (t) = −u(t), t ∈ [0, 1],             u(t = 0) = 1, dont la solution exacte est connue : u(t) = u(0) e−t .
  • 12. 234 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Nous effectuons alors plusieurs simulations -5 num´ riques en faisant e tendre le param` tre ∆t e -10 vers z´ ro pour les sch´ mas e e log(e(dt)) d’Euler explicite, de -15 Runge et de Runge-Kutta -20 a quatre etages. Sur la ` ´ Figure 6.2, l’axe des Euler explicite -25 Runge d’ordre 2 abscisses correspond Runge-Kutta d’ordre 4 au log(∆t) et l’axe des -5 -4.5 -4 -3.5 -3 -2.5 ordonn´ es e repr´ sente e log(dt) log(maxn≥0 |en (∆t)|). F IG . 6.2 – Comparaison des sch´ mas d’Eu- e Ainsi, la pente correspond ler, de Runge et Runge-Kutta 4. a l’ordre de la m´ thode. ` e Nous constatons sur cet exemple que le sch´ ma d’Euler explicite est d’ordre un, e le sch´ ma de Runge est d’ordre deux tandis que le sch´ ma de Runge-Kutta a quatre e e ` etages est d’ordre quatre ! ´ Simulation d’une solution chaotique Dans beaucoup d’applications, les solutions d’une equation diff´ rentielle ordinaire sont chaotiques. Il n’y a pas de d´ finition for- ´ e e melle pr´ cise de la notion de chaos, mais une d´ finition convenable est que lorsque e e t devient grand, une connaissance approximative de la donn´ e initiale u(0) rend le e comportement de la solution incompr´ hensible. e Consid´ rons par exemple le mod` le de Lorentz : nous cherchons a approcher les e e ` fonctions (x(t), y(t), z(t)) pour tout t ≥ 0 du syst` me suivant e    x = σ (y − x),       y = x (ρ − z) − y,       z = x y − β z, avec σ = 10, ρ = 28 et β = 8/3. En appliquant le th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1), nous montrons e e e e que sur tout intervalle de temps [0, T ], il existe une unique solution au syst` me de e Lorentz. Cependant, la simulation num´ rique de ce syst` me pose de r´ elles difficult´ s e e e e lorsque le nombre d’it´ rations devient grand. e
  • 13. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 235 Choisissons une donn´ e initiale e qui est une perturbation de l’´ quilibre (0, 0, 0) de l’ordre e trajectoire de (x,y,z) de 10−6 . Nous observons alors z 50 plusieurs choses. Tout d’abord, 45 40 35 30 en tracant sur la Figure 6.3 ¸ 25 20 15 l’´ volution des composantes e 10 5 0 (x(t), y(t), z(t)) au cours du 20 30 10 temps, la solution forme une -20 -15 -10 -5 0 -20 -10 0 y x 5 10 15 20 -30 sorte de papillon. Notons que pour diff´ rents pas de temps e ∆t = 2. 10−4 , 2. 10−5 et 2. 10−6 ´ F IG . 6.3 – Evolution de (x, y, z). le comportement qualitatif de la solution reste le mˆ me. e Cependant, en tracant l’´ volution des composantes x(t) et z(t), nous observons que ¸ e pour t ≥ 15, les simulations num´ riques mettent en evidence un comportement chao- e ´ tique de la solution num´ rique pour diff´ rents pas de temps (voir Figure 6.4). e e 30 dt = 2.E-4 dt = 2.E-4 dt = 2.E-5 50 dt = 2.E-5 dt = 2.E-6 dt = 2.E-6 20 40 10 30 x(t) z(t) 0 20 -10 10 -20 0 0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30 t t ´ F IG . 6.4 – Evolution des composantes xn et z n en fonction de n pour un sch´ ma e d’Euler explicite et diff´ rents pas de temps ∆t = 2. 10−4, 2. 10−5 et 2. 10−6. e C’est pourquoi, il est important d’´ tudier le plus pr´ cis´ ment possible le comporte- e e e ment de la solution num´ rique lorsque le param` tre ∆t tend vers z´ ro. Par la suite, nous e e e etudierons les m´ thodes de discr´ tisation des equations diff´ rentielles dites ¡¡ sch´ ma ´ e e ´ e e a un pas ¿¿. ` L’ensemble de ces m´ thodes num´ riques peut etre d´ crit comme un sch´ ma a un e e ˆ e e ` pas explicite, autrement dit le sch´ ma s’´ crit sous la forme e e   0  v = u(0)  (6.8)  n+1  v n n n  = v + ∆t φ(t , v , ∆t), n = 0, . . . , N − 1,
  • 14. 236 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES o` φ : R+ × Rd × R+ → Rd d´ finit compl` tement la m´ thode num´ rique. Bien sˆ r, u e e e e u la m´ thode est dite a un pas car v n+1 ne d´ pend que de l’´ tape pr´ c´ dente v n . e ` e e e e Ainsi l’algorithme est satisfaisant d` s lors que l’erreur en = v n −u(tn ) converge e vers 0 pour tout n ∈ {0, . . . , N} lorsque le pas de temps ∆t tend vers z´ ro. e ´ Etudions d’abord le sch´ ma le plus simple, c’est-` -dire le sch´ ma d’Euler explicite, e a e pour lequel nous proposons une d´ monstration de convergence qui ne repose pas sur e un r´ sultat d’existence de solutions pour (6.2) : la convergence du sch´ ma num´ rique e e e constitue donc une preuve du Th´ or` me de Cauchy-Lipschitz (Th´ or` me 6.1.1). En- e e e e suite, nous proposons une etude g´ n´ rale des sch´ mas a un pas et donnons des condi- ´ e e e ` tions suffisantes sur la fonction φ pour d´ montrer la convergence et calculer l’ordre du e sch´ ma. e 6.2.2 Convergence du sch´ ma d’Euler explicite e Soit u(t) la solution exacte de l’´ quation diff´ rentielle (6.2) et v n la solution ap- e e proch´ e donn´ e par le sch´ ma a un pas (6.8). D´ finissons l’erreur globale au temps tn e e e ` e par la diff´ rence entre les solutions exacte et approch´ e : e e en (∆t) = u(tn ) − v n , n ∈ N. D´ finition 6.2.2 Consid´ rons l’´ quation diff´ rentielle ordinaire (6.2). Nous disons que e e e e le sch´ ma (6.8) est convergent sur l’intervalle [0, T ] lorsque pour ∆t = T /N e lim max en (∆t) = 0. ∆t→0 n=0,...,N En outre le sch´ ma est convergent d’ordre p s’il existe une constante C > 0 ne e d´ pendant que de f , T , u0 et surtout pas de ∆t telle que e max en (∆t) ≤ C ∆tp . n=0,...,N Supposons que pour T > 0, la fonction f appartient a C([0, T ]×U, E) et consid´ rons ` e le sch´ ma d’Euler explicite pour (6.2) e v n+1 = v n + f (tn , v n ). Notons alors v∆t la fonction affine par morceaux de [0, T ] a valeurs dans E, d´ finie par ` e v n+1 − v n v∆t (t) = v n + (t − tn ), t ∈ [tn , tn+1 [, n = 0, . . . , N − 1. ∆t Nous souhaitons d´ montrer que la fonction v∆t converge vers une solution de (6.2). e D’une part, puisque f est continue elle est born´ e sur tout compact. La ¡¡ d´ riv´ e ¿¿ e e e de v∆t est alors born´ e sur un intervalle inclus dans [0, T ] ind´ pendamment de ∆t. e e L’ensemble (v∆t )∆t>0 forme ainsi une famille de fonctions equicontinues dont une ´ sous-suite converge uniform´ ment grˆ ce au Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli. e a e e a Th´ or` me 6.2.1 (Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli) Soit (vm )m∈N une suite de fonctions e e e e a telles que {vm : [0, T ] → R, m ∈ N} est equicontinue sur [0, T ] avec 0 < T < +∞, ´
  • 15. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 237 c’est-` -dire que pour tout ε > 0, il existe δ > 0 ind´ pendant de m ∈ N tel que pour a e tout |t − s| ≤ δ, sup vm (t) − vm (s) ≤ ε. m∈N Si la suite (vm )m∈N est born´ e, alors il existe une sous-suite qui converge uniform´ ment. e e Montrons alors le r´ sultat suivant (qui englobe une partie du Th´ or` me 6.1.1). e e e Th´ or` me 6.2.2 (Convergence du sch´ ma d’Euler explicite) Soient f ∈ C 0 ([0, T ]× e e e U, E), B(u0 , δ) ⊂ U et M = sup |f (t, u)| (t,u)∈[0,T ]×B(u0 ,δ) Alors il existe au moins une solution au probl` me de Cauchy (6.2) d´ finie sur l’in- e e tervalle [0, T0 ] avec T0 = min(T, δ/M) et il existe une sous-suite de la solution num´ rique donn´ e par le sch´ ma d’Euler qui converge vers cette solution. e e e D´ monstration : Soient δ > 0 et T > 0 tels que B(u0 , δ) ⊂ U, alors par e d´ finition de M la solution num´ rique v∆t (t) ∈ B(u0 , δ) pour tout t ∈ [0, T0 ] avec e e T0 = min(T, δ/M) et de plus v∆t (t) − v∆t (s) ≤ M |t − s|. Ainsi, d’apr` s le Th´ or` me d’Arzel` -Ascoli, il existe une sous-suite (v1/m )m∈N∗ qui e e e a converge uniform´ ment vers une fonction u. Il reste a d´ montrer que u est solution de e ` e (6.2), c’est-` -dire que pour tout t ∈ [0, T0 ] a t u(t) = u(0) + f (s, u(s)) ds. 0 En utilisant le fait que f est uniform´ ment continue sur [0, T ] × U, il existe δ(∆t) → 0 e lorsque ∆t → 0 telle que f (t, v) − f (s, w) ≤ δ(∆t), v − w ≤ M ∆t et |t − s| ≤ ∆t. C’est pourquoi, t v∆t (t) − u(0) − f (s, v∆t (s)) ds ≤ 0 N −1 tn+1 f (s, v∆t(s)) − f (tn , v n ) + f (s, v∆t (s)) − f (tn+1 , v n+1 ) ds n=0 tn N −1 ≤ 2 δ(∆t) ∆t = 2 T δ(∆t). n=0 En ecrivant cette in´ galit´ pour une sous-suite convergente et en passant a la limite ∆t ´ e e ` tend vers z´ ro, nous obtenons le r´ sultat. e e 2 Nous montrons facilement que lorsque la fonction f est lipschitzienne par rapport a la seconde variable, la suite d´ finie par le sch´ ma d’Euler converge uniform´ ment. ` e e e
  • 16. 238 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES e e ` 6.2.3 Consistance et stabilit´ des sch´ mas a un pas ´ Etablissons maintenant des crit` res g´ n´ raux sur l’ensemble des sch´ mas num´ riques e e e e e a un pas, ecrits sous la forme (6.8), ce qui permettra de d´ montrer facilement la conver- ` ´ e gence de la solution approch´ e vers la solution exacte. Pour cela, d´ finissons deux no- e e tions importantes : la consistance qui renseigne sur la coh´ rence de la discr´ tisation et e e la stabilit´ qui signifie le contrˆ le de l’accumulation des erreurs. e o Pour n ∈ N, l’erreur de consistance du sch´ ma (6.8) au temps t, pour u une solution e de (6.2) et un pas de temps ∆t, est obtenue en appliquant le sch´ ma de discr´ tisation a e e ` la solution exacte, c’est-` -dire a u(t + ∆t) − u(t) R(t, u, ∆t) = − φ(t, u(t), ∆t), (6.9) ∆t ce qui permet alors de d´ finir la consistance. e D´ finition 6.2.3 Consid´ rons le sch´ ma a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle e e e ` e` e e (6.2). Nous disons que le sch´ ma est consistant lorsque pour tout t ∈ [0, T ] et toute e solution u ∈ C([0, T ], Rd ) de (6.2) lim R(t, u, ∆t) = 0. ∆t→0 De plus, pour p ∈ N, le sch´ ma est consistant d’ordre p s’il existe une constante e C > 0 ne d´ pendant que de f , T et u0 mais surtout pas de ∆t telle que e R(t, u, ∆t) ≤ C ∆tp , pour tout t ≥ 0 et toute solution u ∈ C([0, T ], Rd ) de (6.2). Ainsi, la consistance donne une indication sur la coh´ rence de l’approximation φ e de la fonction f . En effet, elle signifie que lorsque le param` tre de discr´ tisation ∆t e e ´ tend vers z´ ro, la fonction φ(t, u(t), ∆t) converge vers f (t, u(t)). Etablissons alors une e condition suffisante sur φ pour que le sch´ ma (6.8) soit consistant. e Proposition 6.2.1 (Condition suffisante pour la consistance) Consid´ rons le sch´ ma e e a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle (6.2). Si la fonction φ ∈ C (R ×Rd × ` e` e e 0 + R+ , Rd ) et pour tout w ∈ Rd , t ∈ [0, T ] φ(t, w, 0) = f (t, w). Alors le sch´ ma (6.8) est consistant. e D´ monstration : Prenons u ∈ C 1 ([0, T ], Rd ) la solution exacte de (6.2), nous pou- e vons ecrire pour t ∈ [0, T − ∆t] ´ t+∆t t+∆t u(t + ∆t) − u(t) = u (s) ds = f (s, u(s)) ds. t t
  • 17. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 239 Nous en d´ duisons alors que e u(t + ∆t) − u(t) R(t, u, ∆t) = − φ(t, u(t), ∆t), ∆t t+∆t 1 = [f (s, u(s)) − φ(t, u(t), ∆t)] ds. ∆t t Soit ε > 0, puisque φ est une fonction continue au point (t, u(t), 0) et φ(t, u(t), 0) = f (t, u(t)), il existe η1 > 0 tel que pour tout ∆t ≤ η1 ε φ(t, u(t), ∆t) − f (t, u(t)) ≤ . 2 Nous avons donc par in´ galit´ triangulaire e e t+∆t ε 1 R(t, u, ∆t) ≤ + f (s, u(s)) − f (t, u(t)) ds. 2 ∆t t D’autre part, la fonction s → f (s, u(s)) est continue sur [0, T ], elle est donc uni- form´ ment continue, il existe donc η2 > 0 tel que pour tout |t − s| ≤ ∆t ≤ η2 , e t+∆t 1 ε f (s, u(s)) − f (t, u(t)) ds ≤ . ∆t t 2 Ainsi, lorsque ∆t ≤ η = min(η1 , η2 ), l’erreur de consistance satisfait R(t, u, ∆t) ≤ ε, ce qui d´ montre la proposition. e 2 Pour obtenir la consistance d’ordre p > 1, il est n´ cessaire de supposer que la e fonction f ∈ C p ([0, T ] × U, Rd ), ce qui implique d’apr` s le Th´ or` me 6.1.1 que u ∈ e e e p+1 d p−m C ([0, T ], R ). D´ finissons alors f(m) ∈ C e ([0, T ] × U, R ) pour (t, w) ∈ R × Rd d    f (t, w) = f (t, w)  (0)           ∂f(m)  f(m+1) (t, w) = (t, w) + w f(m) (t, w) f (t, w), m ≥ 0. ∂t Par r´ currence, la solution de (6.2) v´ rifie pour tout m ∈ {0, . . . , p} e e u(m+1) (t) = f(m) (t, u(t)), t ∈ [0, T ]. ` A partir de cette derni` re egalit´ et d’un d´ veloppement de Taylor de la solution de e ´ e e (6.2) a l’ordre p, il vient ` p ∆tm (m) ∆tp+1 (p+1) u(t + ∆t) = u(t) + u (t) + u (η), m=1 m! (p + 1)! p−1 ∆tm ∆tp+1 (p+1) = u(t) + ∆t f(m) (t, u(t)) + u (η). m=0 (m + 1)! (p + 1)!
  • 18. 240 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Ainsi, en choisissant la fonction φ telle que p−1 ∆tm φ(t, v, ∆t) = f(m) (t, v) , (6.10) m=0 (m + 1)! l’erreur de consistance v´ rifie naturellement e u(t + ∆t) − u(t) ∆tp R(t, u, ∆t) = − φ(t, u(t), ∆t) = u(p+1) (η) . ∆t (p + 1)! Compte tenu que u(p+1) est continue, elle est born´ e sur [0, T ] et l’erreur de consis- e tance est bien d’ordre p. Nous pouvons alors facilement d´ montrer a l’aide de (6.10) la e ` Proposition suivante Proposition 6.2.2 (Condition suffisante pour la consistance d’ordre p) Consid´ rons e le sch´ ma a un pas (6.8) associ´ a l’´ quation diff´ rentielle (6.2). Si la fonction φ ∈ e ` e` e e C p−1 (R+ × Rd × R+ , Rd ) et v´ rifie pour tout m = {0, . . . , p − 1} e ∂mφ f(m) (t, v) m (t, v, 0) = , t ∈ [0, T ]. ∂∆t m+1 Alors le sch´ ma (6.8) est consistant d’ordre p. e C’est alors un exercice trivial que de v´ rifier que le sch´ ma de Runge est effective- e e ment d’ordre deux et le sch´ ma de Runge-Kutta a quatre etages est d’ordre quatre. e ` ´ Ces crit` res donnent une information sur la pr´ cision d’une etape de discr´ tisation e e ´ e mais ils n’assurent pas que l’accumulation des erreurs ne converge pas vers l’infini lorsque le nombre d’´ tapes ou d’it´ rations croˆt. Pour exprimer cela, introduisons la e e ı notion de stabilit´ . e D´ finition 6.2.4 Le sch´ ma (6.8) est stable s’il existe ∆t > 0 et R > 0 pouvant e e d´ pendre de la donn´ e initiale u0 et du temps final T = N ∆t tels que pour tout e e ∆t ∈ [0, ∆t [ v n ∈ B(0, R), ∀ n = 0, , . . . , N, o` B(0, R) d´ signe la boule de centre 0 et de rayon R. Autrement dit la solution u e num´ rique v n est born´ e ind´ pendamment de n et ∆t. e e e En outre, le sch´ ma est inconditionnellement stable lorsque ∆t = ∞. e Notons que cette notion de stabilit´ a d´ j` et´ utilis´ e pour d´ montrer la conver- e ea ´e e e gence du sch´ ma d’Euler explicite puisque nous avons d´ montr´ en premier lieu que la e e e solution num´ rique est born´ e. Cependant cette condition se r´ v` le bien souvent trop e e e e faible pour permettre une analyse de convergence d’un sch´ ma num´ rique a un pas. e e ` C’est pourquoi, nous introduisons une notion de stabilit´ plus contraignante, c’est la e stabilit´ par rapport aux erreurs. e D´ finition 6.2.5 Le sch´ ma (6.8) est stable par rapport aux erreurs s’il existe ∆t > 0 e e et C > 0 d´ pendant de u0 , f et T tels que pour 0 ≤ ∆t ≤ ∆t , e v n+1 := v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t),
  • 19. ´ ` 6.2. SCHEMAS A UN PAS EXPLICITES 241 et w n+1 := w n + ∆t φ(tn , w n , ∆t) + εn , pour n = 0, . . . , N − 1 et (εn )n∈N ⊂ Rd est donn´ e, alors e n−1 n n 0 0 v −w ≤ C v −w + εi , i=0 pour tout n = 0, . . . , N − 1. Cette d´ finition signifie que pour qu’un sch´ ma soit stable il faut et il suffit que e e l’accumulation des erreurs soit du mˆ me ordre que la somme des erreurs commises a e ` chaque etape. Nous proposons une condition suffisante de stabilit´ pour un sch´ ma a ´ e e ` un pas de la forme (6.8) Proposition 6.2.3 (Condition suffisante pour la stabilit´ ) Supposons que la fonction e φ est continue et lipschitzienne par rapport a la variable v ∈ Rd , o` Γ > 0 est la ` u constante de Lipschitz : φ(t, u, ∆t) − φ(t, v, ∆t) ≤ Γ u − v (6.11) pour tout t ≥ 0 et ∆t > 0. Alors la solution num´ rique donn´ e par (6.8) est stable par e e rapport aux erreurs. D´ monstration : Soient (v n )n et (w n )n telles que e v n+1 := v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t), et w n+1 := w n + ∆t φ(tn , w n , ∆t) + εn . En faisant la diff´ rence et en utilisant la condition (6.11), il vient pour en = v n − w n e en+1 ≤ (1 + Γ ∆t) en + εn . Puis en proc´ dant par r´ currence, nous obtenons e e n n+1 n+1 0 e ≤ (1 + Γ ∆t) e + (1 + Γ ∆t)n−k εk . k=0 En observant que 1 + Γ ∆t ≤ eΓ ∆t , nous avons alors simplement n n+1 Γ tn+1 0 e ≤ e e + εk , k=0 ce qui d´ montre le r´ sultat de stabilit´ par rapport aux erreurs avec C = eΓ T > 0. 2 e e e ` A partir de la notion de consistance et de stabilit´ , nous pouvons d´ montrer la e e convergence de la solution num´ rique vers la solution exacte de (6.2). C’est un r´ sultat e e classique en analyse num´ rique et plus g´ n´ ralement en analyse : nous verrons plus e e e tard que cette notion revient lors de l’analyse de sch´ mas num´ riques pour les equations e e ´ aux d´ riv´ es partielles. e e
  • 20. 242 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Th´ or` me 6.2.3 (Consistance + Stabilit´ ⇒ Convergence) Nous supposons que le e e e sch´ ma (6.8) est consistant d’ordre p et stable par rapport aux erreurs. Alors la solu- e tion num´ rique converge vers la solution exacte de (6.2). L’erreur v´ rifie en outre e e en (∆t) ≤ C ∆tp + e0 (∆t) , pour tout n = 0, . . . , N, o` C > 0 ne d´ pend que de T , f et u. u e D´ monstration : Puisque le sch´ ma est consistant, la solution exacte u v´ rifie e e e u(tn+1 ) = u(tn ) + ∆t φ(tn , u(tn ), ∆t) + ∆t R(tn , u, ∆t), avec la condition suivante sur R(tn , u, ∆t) : pour tout t ∈ [0, T ] et u solution exacte de (6.2) lim R(t, u, ∆t) = 0, ∆t→0 et puisque le sch´ ma est d’ordre p e R(t, u, ∆t) ≤ C ∆tp , ∀t ∈ [0, T ]. D’autre part, la solution num´ rique est donn´ e par e e v n+1 = v n + ∆t φ(tn , v n , ∆t). En faisant la diff´ rence entre les deux egalit´ s, le terme d’erreur en (∆t) = v n − u(tn ) e ´ e satisfait la relation de r´ currence e en+1 (∆t) = en (∆t) + ∆t [ φ(tn , v n , ∆t) − φ(tn , u(tn ), ∆t)] − ∆t R(tn , u(tn ), ∆t). Ainsi, en appliquant directement la d´ finition de la stabilit´ par rapport aux erreurs e e avec w n = u(tn ), il vient n−1 n 0 e (∆t) ≤ C e (∆t) + ∆t R(ti , u, ∆t) . i=0 Puisque le sch´ ma est consistant, nous avons e n−1 ∆t R(ti , u, ∆t) ≤ T max R(ti , u, ∆t) , 0≤i≤n−1 i=0 le terme de droite tend bien vers z´ ro lorsque ∆t converge vers z´ ro, puisque pour tout e e i ∈ {0, . . . , n} lim R(ti , u, ∆t) = 0 ∆t→0 0 et u converge vers u(0) donc le sch´ ma est convergent. e En outre, le sch´ ma etant consistant d’ordre p, l’erreur est du mˆ me ordre e ´ e n−1 n 0 e (∆t) ≤ C e (∆t) + ∆t R(ti , u(ti), ∆t) i=0 ≤ C e0 (∆t) + ∆tp . 2
  • 21. ´ ´ 6.3. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES RAIDES 243 ´ 6.3 Les equations diff´ rentielles raides e Consid´ rons l’exemple d’une equation diff´ rentielle mod´ lisant une r´ action chi- e ´ e e e mique pour un param` tre ε > 0 assez petit, e ε a −→ b lente, 1/ε2 b+b −→ c + b tr` s rapide, e 1/ε b+c −→ c + a rapide, o` a, b et c sont trois r´ actants de concentration Ca (t), Cb (t) et Cc (t). Sur un intervalle u e de temps dt, la variation de la concentration Ca diminue proportionnellement a ε pour ` produire de la substance b et dans le mˆ me temps augmente proportionnellement a 1/ε e ` par association des substances b et c produisant a la fois les r´ actants a et c, ce qui ` e conduit a` Cb Cc dCa = −ε Ca dt + dt. 2ε De la mˆ me mani` re e e Cb Cb Cb Cb Cb Cc dCb = ε Ca dt + 2 dt − 2 dt − dt 2ε ε 2ε et Cb Cb Cb Cc Cb Cc dCc = dt + dt − dt. 2ε2 2ε 2ε En passant formellement a la limite dt → 0, nous obtenons un syst` me d’´ quations ` e e diff´ rentielles raides, c’est-` -dire contenant des echelles d’ordre diff´ rent ε, 1/ε et e a ´ e 1/ε2   C (t) = −ε C (t) + Cb (t) Cc (t) ,   a  a    2ε 2 Cb (t) Cb (t) Cc (t)  Cb (t) = +ε Ca(t) − 2ε2 −  2ε ,   2  Cc (t) = Cb (t) .   2ε2 Cette r´ action d´ crit la production de r´ actants c a partir de la substance a tandis e e e ` que b sert de catalyseur. Observons en effet que Cc = 1, Ca = Cb = 0 est un equilibre vers lequel la solution est suppos´ e converger. Pour un tel syst` me, l’utili- ´ e e sation d’une m´ thode de Runge-Kutta explicite est pratiquement impossible car nous e serions oblig´ s de prendre un pas de temps ∆t tr` s petit pour obtenir une approxi- e e mation raisonnable, sans quoi la solution num´ rique devient instable. En effet, une e caract´ ristique de cette equation diff´ rentielle est la pr´ sence de diff´ rentes echelles e ´ e e e ´ (lente, tr` s rapide et rapide), pour que le sch´ ma explicite reste pr´ cis, il faut que le pas e e e de temps soit du mˆ me ordre que la fr´ quence la plus rapide, c’est-` -dire ici de l’ordre e e a 2 de ε . Pour mieux comprendre ce ph´ nom` ne, consid´ rons un probl` me bien plus simple e e e e pour lequel tous les calculs sont explicites et qui poss` de les mˆ mes caract´ ristiques e e e ε u (t) = −u(t) + cos(t), 0<ε 1. (6.12)
  • 22. 244 ´ ´ CHAPITRE 6. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES Cette equation diff´ rentielle est lin´ aire inhomog` ne et la solution exacte est donn´ e ´ e e e e par 1 cos(t) ε sin(t) u(t) = u0 − 2 e−t/ε + 2 + . 1+ε 1+ε 1 + ε2 Cette solution est la somme d’une fonction oscillant a une p´ riode de 2π et d’une ` e fonction qui tend vers z´ ro a la vitesse de 1/ε. e ` Observons maintenant ce qu’il se passe lorsque nous appliquons la m´ thode d’Eu- e ler explicite a une telle equation pour un pas de temps ∆t constant. La solution num´ rique ` ´ e au temps tn = n ∆t est alors donn´ e par e ∆t ∆t v n+1 = 1− vn + cos(tn ). ε ε Comme pour l’´ quation diff´ rentielle, recherchons une solution sous la forme e e n n ∆t v = 1− (v 0 − α) + α cos(tn ) + β sin(tn ). ε En injectant cet ¡¡ ansatz ¿¿ dans le sch´ ma num´ rique, nous obtenons deux equations e e ´ lin´ aires pour α et β dont la solution est de la forme e α = 1 + O(ε ∆t), β = ε + O(ε∆t2 ), ce qui donne finalement n n ∆t v = 1− (v 0 − 1) + cos(tn ) + ε sin(tn ) + O(ε ∆t). ε Ainsi, la solution num´ rique v n est proche de la solution exacte seulement lorsque le e pas de temps v´ rifie la condition e |1 − ∆t/ε| < 1, c’est-` -dire lorsque ∆t < ε, ce qui est trop contraignant dans la pratique lorsque a ε est tr` s petit. En d´ finitive, tous les sch´ mas explicites a un pas doivent satisfaire e e e ` une condition similaire pour que la solution num´ rique soit stable, ce qui les rend e inutilisables pour ce type de probl` me a plusieurs echelles. Il faut donc construire des e ` ´ sch´ mas diff´ rents pour les syst` mes diff´ rentiels raides. e e e e Envisageons alors l’utilisation d’une m´ thode implicite directement inspir´ e du e e sch´ ma d’Euler. En reprenant la d´ marche utilis´ e pr´ c´ demment sur l’intervalle [tn , tn + e e e e e ∆t], tn+1 n+1 n u(t ) − u(t ) = f (s, u(s)) ds, tn le sch´ ma d’Euler implicite consiste a appliquer la m´ thode des rectangles en utilisant e ` e la valeur a droite f (tn+1 , u(tn+1)), il vient alors ` tn+1 f (s, u(s)) ds ∆t f (tn+1 , u(tn+1 )). tn
  • 23. ´ ´ 6.3. LES EQUATIONS DIFFERENTIELLES RAIDES 245 Le sch´ ma d’Euler implicite s’obtient alors en remplacant u(tn+1 ) par son approxi- e ¸ mation v n+1   0  v = u(0)  (6.13)  n+1  v n n+1 n+1  = v + ∆t f (t , v ), pour n = 0, . . . , N − 1. Remarquons que pour le sch´ ma d’Euler implicite, l’existence et a fortiori le cal- e cul de v n+1 n’est pas evident, il est donn´ de mani` re implicite et un probl` me non ´ e e e lin´ aire doit en g´ n´ ral etre r´ solu, ce qui n’est pas toujours facile. Avant d’aborder ces e e e ˆ e probl` mes, v´ rifions que ce type de sch´ ma convient bien a la r´ solution d’´ quations e e e ` e e diff´ rentielles raides. Pour cela, revenons au probl` me d’une equation diff´ rentielle e e ´ e lin´ aire raide (6.12). Un calcul analogue a celui effectu´ pour le sch´ ma d’Euler expli- e ` e e cite donne ici ∆t ∆t 1+ v n+1 = v n + cos(tn+1 ), ε ε dont la solution peut etre ecrite sous la forme ˆ ´ −n n ∆t v = 1+ (v 0 − 1) + cos(tn ) + ε sin(tn ) + O(∆t ε). ε Cette fois-ci nous n’avons pas de restriction sur la longueur du pas, car 1 < 1, 1 + ε ∆t pour tout ∆t > 0. Dans ce cas, le sch´ ma implicite donne une bonne approximation e mˆ me si ∆t est tr` s grand. Il y a donc bon espoir que des sch´ mas implicites soient e e e mieux adapt´ s a la r´ solution num´ rique de probl` mes raides. e ` e e e 1.5 Solution d’Euler explicite Solution d’Euler implicite 4 Solution exacte Solution exacte 1 2 0.5 0 0 -2 -0.5 -4 -1 0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10 (a) (b) ´ F IG . 6.5 – Evolution de la solution num´ rique obtenue par un sch´ ma d’Euler (a) e e −1 explicite et (b) implicite pour l’´ quation (6.12) avec ε = 10 et ∆t = 0, 2. e Par la suite, nous etudions la convergence du sch´ ma d’Euler implicite a l’aide ´ e ` de la m´ thodologie d´ velopp´ e pour les sch´ mas a un pas. Puis, nous introduisons e e e e ` une nouvelle notion de stabilit´ pour la compr´ hension des ph´ nom` nes a plusieurs e e e e ` echelles (A-stabilit´ ) et proposons d’autres sch´ mas implicites d’ordre plus elev´ . ´ e e ´ e