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Depuis 2005, la perception de corruption qui entache généralement les institutions
publiques en Haïti a poussé les bailleurs de fonds, et même le gouvernement haïtien,
à confier la gestion des fonds alloués aux élections au Programme des Nations
unies pour le développement (Pnud). Cette gestion du fonds fiduciaire par le Pnud
est assortie de conditionnalités. Ainsi, dans le cadre des accords liant le Conseil
d’administration du Pnud et le gouvernement haïtien, il a été décidé que les frais de
gestion des fonds mis à sa disposition par le gouvernement haïtien seraient de 3 % et
de 7 % pour les fonds internationaux.
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» P. 21
»   P. 5
CULTURE
SPORT
» suite page 7
Pour combattre
la vente illicite
des produits
pharmaceutiques
par Jean Michel Cadet
Lancement
d'un Centre de
conservation
des biens culturels
Les Tigresses et
l'Anacaona en finale
de la Coupe Alix
« Kado » Avin !
par Gérald Bordes
Lener Renaud :
un chancelier désorienté
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 NUMÉRO 29
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
HAÏTI / ÉLECTIONS / PNUD
ACTUALITÉ
Le Pnud gère au prix fort
le budget du CEPPar Noclès Débréus
Le ministre des Affaires étrangères, Lener Renaud. / Photo d’archives : J.J. Augustin
2 | N0
29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
INSERTION DEMANDÉE
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 3
ACTUALITÉ
Un non-sens !
Ledollaraméricains’achetaitcelundidanscertainesinstitutionsfinancières
à53gourdes.Dessourcesdignesdefoiattestentlechiffrede56gourdespour
1dollar,pourlesgrossestransactions.
SelonlaloiorganiquedelaBRH(du17août1979),leConseild’administration
alepouvoird’énoncer,dedirigeretdesuperviserlapolitiquemonétaire.
LalégislationenvigueurassignequatrerôlesfondamentauxàlaBRH,lesquels
peuventêtreénoncéscommesuit:
•défendrelavaleurinterneetexternedelamonnaienationale;
•assurerl’efficacité,ledéveloppementetl’intégritédusystèmedepaiements;
•assurerlastabilitédusystèmefinancier;
•agircommebanquier,caissieretagentfiscaldel’État.
Maisalorsquelasituationéconomiques’assombritdeplusenplus,laBanque
delaRépubliqued’Haïtirefusedeseprononcersurlaquestion.
La décote de la gourde va se refléter sur les produits de première nécessité
dansunespiralequipeutcassercettefoisdéfinitivementlesreinsduconsom-
mateur.C’estcedernierquipaietoujourslespotscassés.
Comme on a l’habitude de le dire, plus les défis se présentent à nous, plus
nousconstatonsquenousn’avonspasauxplacesqu’ilfautlescompétences
pour les surmonter. Si compétence il y a, la volonté, le cœur, le patriotisme
sont totalement absents. On a affaire à des dirigeants qui veulent se faire
toutpetitsenespérantqu’onlesoublie,qu’onleslaissetranquillesafinqu’ils
puissentselacoulerdouceavecleurspetitsprivilèges.
Lagourdepasseraà60puisà70,ilspourronttoujourss’ajuster.Cequireste
desclassesmoyennessombrera,etneparlonspasdelamassedesdéfavorisés
auxquelsonnelaisseraalorspluslechoixquecequ’onn’osepasimaginer.
Commentcepaysapuarriverdanscetteimpasse?
Avec nos mauvais choix, nos égoïsmes, nos soumissions aux diktats de
l’étrangeretnotreméprisdelapopulationsouffrante.
L’Étatreçoitlechocenretourdeseslaissés-pour-comptepartischercherun
espoirenRépubliquedominicaineet,parallèlement,lespectred’unefamine
ànulleautrepareilleetd’undébâcleéconomiqueplanesurlepays.
Etaucuneinstanceneditrien.
Unnon-sens!
Édito
HAÏTI/SÉCURITÉ/IGPNH
Deux cent trente agents de la PNH
prêts pour des missions de l'Onu
par Reynold Aris
L
a population peut dissiper ses
inquiétudes suite au désen-
gagement de la Mission des
Nations unies pour la stabilisa-
tion en Haïti (Minustah) à l’occasion
des élections dans certains départe-
ments réputés chauds du pays, tels
l’Artibonite et le Plateau central.
L’Inspection générale de la Police
nationale d’Haïti (IGPNH) se veut ras-
surante. Un plan de sécurité est déjà
mis en œuvre dans la perspective des
prochaines joutes électorales dans le
département de l’Artibonite.
C’est le commissaire divisionnaire
Marc Wilkens Jean qui a fait cette
déclaration le mardi 30 juin 2015
à l’occasion d’une conférence de
presse dans les locaux de l’IGPNH
à Delmas 2. Après les différentes
tournées d’inspection de ladite
institution dans les départements
du Nord, du Sud, la deuxième visite
réalisée dans celui de l’Artibonite fait
montre d’une grande amélioration en
termes d’augmentation de l’effectif
des agents affectés dans cette zone
par rapport à l’année précédente,
a-t-il précisé.Le responsable de com-
munication s’est également félicité
de ce que les autorités policières ont
augmenté le matériel qui doit servir
au renforcement de la sécurité de la
population. Ce département, dit-il,
est aussi doté de quatre nouveaux
véhicules destinés aux trois commis-
sariats de cet axe géographique, dont
un véhicule de commando.
Satisfait, il informe que des séances
d’inspection ont été réalisées en ce
qui concerne l’armement des offi-
ciers. Les agents de l’institution
policière, explique M. Wilkens Jean,
ont été passés en revue afin de per-
mettre la supervision de leurs armes
individuelles ainsi que le matériel
de communication, les véhicules, les
équipements. Cette visite de quatre
jours a aussi permis d’inspecter leurs
armes collectives au niveau des com-
missariats du CIMO, du BIM et du
CMPAP, a-t-il ajouté.La PNH, a-t-il
précisé, se démène pour garantir la
protection de tous les Haïtiens con-
formément à sa mission. Ainsi, elle
adoptera une attitude de neutralité
et renforcera la sécurité en vue de
contribuer au bon déroulement des
prochaines compétitions électo-
rales. À la question, si les policiers
qui s’inscrivent dans le processus
électoral doivent démissionner ? M.
Wilkens Jean informe que près d’une
vingtaine a déjà remis leur démis-
sion comme le préconise le principe
réglementant le fonctionnement de
l’institution policière. Toutefois, au
cas où ces derniers voudraient réin-
tégrer la PNH, ils peuvent adresser
une demande de réintégration. Celle-
ci, souligne-t-il, sera analysée afin de
déterminer si la personne n’a pas
été condamnée, entre temps, à des
peines afflictives ou infamantes.
Quant à la participation des agents
de la PNH à des missions de paix de
l’Onu, le porte-parole de l’IGPNH
informe que le processus va bon
train. La première phase de recrute-
ment vient d’être terminée. Plus d’un
millier d’officiers de l’institution
policière ont postulé, dont seulement
230 sont présélectionnés. Ainsi, ils
ont été évalués sur la base d’examens
intellectuels, de tir, d’entretiens
(interviews) et de tests de conduite de
véhicules.Ces 230 présélectionnés,
indique Marc Wilkens Jean, atten-
dent maintenant la seconde étape
qui sera réalisée sous la houlette des
responsables des Nations unies. C’est
au terme de cette évaluation qu’on
pourra indiquer le nombre d’officiers
de la PNH qui seront habilités à pren-
dre part aux missions onusiennes,
a-t-il indiqué.Wilkens Jean a profité
de l’occasion pour présenter le bilan
des différentes opérations réalisées
par l’IGPNH pendant le mois de juin.
Ouverture de 90 enquêtes, réalisation
de quatre saisines, 4 policiers placés
en isolement, 127 convocations, 33
enquêtes de voisinage, 177 rétentions
de chèques, 61 plaintes reçues sont,
entre autres, les activités entreprises
par l’Inspection générale. Il a en outre
indiqué que près de 292 dossiers sont
déjà traités durant les six premiers
mois de l’année en cours.
Se fondant sur un graphe compara-
tif des activités de la PNH réalisées
lors de l’année dernière, le porte-
parole de l’IGPNH s’est réjoui de la
performance de l’institution policière
durant cette année. Il a indiqué que
l’institution dont il est le responsable
de communication a récupéré une
somme estimée à environ 20 500
dollars américains. Cet argent, dit-il,
sera transféré sur le compte de l’État
haïtien et sera acheminé sous peu à
la direction centrale de la Police judi-
ciaire afin d’analyser d’autres aspects
dans le cadre de ce dossier. Le débat
est pratiquement clos en ce qui con-
cerne la participation des agents de
la Police nationale d’Haïti (PNH) aux
missions de paix de l’Onu. Reste à
savoir ce que pensent les organisa-
tions de défense des droits humains
et celles de la société civile à ce
sujet. Et, surtout dans la conjonc-
ture actuelle caractérisée notam-
ment par le manque d’effectif de
la PNH pour assurer la sécurité de
la population, le désengagement de
la Minustah dans certains départe-
ments du pays à l’approche des élec-
tions, le rapatriement d’Haïtiens
combiné à la déportation massive
de Dominicains d’ascendance haï-
tienne.
Le débat est pratiquement clos en ce qui concerne
la participation des agents de la Police nationale
d’Haïti (PNH) aux missions de paix de l’Onu. Près de
230 policiers sont en attente de la dernière phase
évaluative de leurs dossiers auprès des responsables
onusiens.
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4 | N0
29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Séisme au Népal : On n'a rien
appris de l'expérience d'HaïtiPropos Recueillis par Laurence Defranoux, liberation.fr
Comment s’est passée la reconstruc-
tion d’Haïti après le tremblement de
terre du 12 janvier 2010 ?
Le 31 mars 2010, lors de la grande
conférence des donateurs à New York,
il y a eu beaucoup de promesses, très
généreuses : 11 à 12 milliards de
dollars ont été promis sur cinq ans.
Ensuite, les conjonctures économiques
ont évolué, les gouvernements des
pays donateurs ont changé, et une
fois l’effet d’urgence passé, il a été
engagements. Les pays donateurs
cherchent la visibilité avant tout, et
quand le sujet disparaît des médias,
ils sont moins intéressés. Seul 52 %
de l’argent promis a été versé.
Qui était chargé de centraliser les
dons ?
Un mécanisme ad hoc a été mis en
place, la Commission intérimaire pour
la reconstruction d’Haïti (CRH), géré
par l’ancien président des Etats-Unis
Bill Clinton en coordination avec le
Premier ministre haïtien. Or, avec une
institution créée pour l’occasion, diri-
gée par une personnalité étrangère,
les mécanismes de transparence ne
sont pas évidents, la population n’a
pas eu de prise sur les décisions et a
perdu le contrôle de l’aide internatio-
nale. L’essentiel de ces fonds a été géré
dans un agenda qui ne correspondait
pas à celui du gouvernement haïtien.
Il n’y avait même aucun rapport entre
les besoins exprimés par Haïti et la
réponse du CRH.
Par exemple, pour le pays, l’école
était une priorité absolue. L’université
d’Haïti avait perdu 11 facultés dans
le séisme, et c’était l’occasion de
construire un véritable campus. Un
projet de 300 millions de dollars a
été présenté par le rectorat, mais ce
n’était pas dans l’agenda de la CRH.
Cinq ans après, les facultés n’ont pas
été reconstruites, les étudiants travail-
lent dans des hangars, les conditions
-
vent impossibles. Si l’éducation n’est
pas une priorité, qu’est-ce qui est une
priorité ? Les donateurs ont préféré
construire des routes et des aéroports.
Comment expliquez-vous cette dif-
férence de points de vue ?
C’est la conséquence des rapports de
force entre l’Etat haïtien et les interv-
enants extérieurs. Il y a eu une crois-
sance de 9 à 12 % de la construction
depuis le séisme, en majorité portée
par de gros contrats privés. Malgré leur
connaissance du pays, les entreprises
locales ont été marginalisées. Je con-
nais une entreprise très compétente,
avec de longues années d’expérience,
qui n’arrive pas à survivre, car les con-
trats ont été accordés à des acteurs
extérieurs, principalement établis aux
Etats-Unis, au Canada et en Répub-
lique domini-caine, avec des matéri-
aux importés.
Alors que la catastrophe aurait pu
être une opportunité, l’argent de la
reconstruction a affaibli le système
économique local. Entre 2010 et
2011, seul 1 % des décaissements a
été versé à l’Etat haïtien. Et au total,
9 % seulement. Cela veut dire que
90 % de l’argent est parti vers les
économies des pays du Nord, dans
les frais d’administration, les salaires
des expatriés, les dépenses d’hôtel
et de voyage, dans les frais de fonc-
tionnement des agences de l’ONU et
des ONG. Des sommes colossales ont
été gaspillées, voire détournées : un
Espagnol a été emprisonné pour avoir
détourné 7 millions de dollars d’aide
mais beaucoup d’autres ont œuvré en
toute impunité. Car dès qu’on parle
d’agir d’urgence, les mécanismes de
contrôle sont court-circuités.
Comment concevoir alors l’aide
humanitaire d’urgence ?
-
cise et rapide, mais conçue dans un
esprit de développement et reconstruc-
tion. Les soins gratuits prodigués par
des ONG après le séisme ont désta-
bilisé le système de santé, acculant
les cliniques à la faillite et aspirant le
personnel médical. L’effet pervers est
que les solutions provisoires tendent à
perdurer. Par exemple, un milliard de
dollars a été dépensé dans les «shel-
ters», des abris, au lieu d’investir dans
des solutions pérennes.
A chaque fois, dans les médias,
l’accent est mis sur l’intervention
étrangère, parfois menée avec des
méthodes discutables, voire hon-
teuses. Des bouteilles et des conte-
neurs d’eau potable ont été importés
à grands frais du Canada alors que le
pays ne manquait pas d’eau, les télés
ont montré des hélicoptères larguant
des sacs de nourriture sur des villages
comme on jette de la nourriture à des
chiens.
A côté de ça, on oublie qu’il y a eu
beaucoup d’efforts fournis par la pop-
ulation elle-même. La solidarité a été
à Port-au-Prince, tout était cassé, et
pourtant j’ai pu manger quatre jours
dans la rue sans débourser un sou. La
cuisine était faite de façon collective,
les réserves mises en commun. En
deux semaines, 694 000 personnes
ont quitté la capitale et ce déplace-
ment massif a été absorbé par les
zones rurales. L’économie paysanne
a eu la capacité de recevoir, nourrir,
loger tous ces gens.
Où en est la reconstruction d’Haïti
aujourd’hui ?
La reconstruction est lente, très
lente. Cinq ans après, on sent encore
les effets de la déstabilisation du
d’expatriés après le séisme. Les loyers
ont explosé, des maisons se louaient
à des prix exorbitants, jusqu’à 4 000
dollars par mois à Port-au-Prince. Les
habitants ont eu beaucoup de mal à se
reloger à des prix normaux. Il y a tou-
Un chiffre sous-estimé, car il ne tient
pas compte des gens qui sont tou-
jours hébergés par de la famille ou qui
vivent dans un habitat indécent, dans
des quartiers qu’on refuse de quali-
des maisons fragilisées par le séisme.
L’habitat répond à une logique col-
lective, une cuisine commune et des
espaces privés, la construction éclatée
est adaptée à l’environnement. A part
quelques expériences isolées, la plu-
part des programmes de reconstruc-
tion ont été faits selon des modèles
occidentaux, sans tenir compte du
terrain, du climat, des matériaux dis-
ponibles localement, et de la culture
locale.
Quel conseil donneriez-vous aux
autorités de Katmandou et aux pays
donateurs ?
Jusque-là, il semble que l’on n’a rien
appris de l’expérience d’Haïti. Il faut
que le Népal organise la reconstruc-
tion, crée des réseaux et des fédéra-
tions au niveau national. L’Etat doit
garder des éléments de contrôle et
des leviers de décision. Il ne doit pas
hésiter à faire pression pour dénoncer
ce qui ne va pas, mais aussi proposer
des solutions en coordination avec
l’économie et la culture populaires,
qui s’appuieront sur l’expertise et le
savoir-faire locaux. Il doit être con-
scient des rapports de pouvoir et éviter
que d’autres mettent la main sur le
pactole. La reconstruction du Népal
doit être un projet conçu et dirigé
l’expérience accumulée au cours de
plusieurs millénaires.
Pour Camille Chalmers, économiste haïtien, «la reconstruction du Népal doit être
un projet conçu et dirigé par les Népalais» : en Haïti, après le séisme de 2010, elle a
échappé au pays. Il y a cinq ans, c’est sur Haïti que les promesses pleuvaient. Camille
Chalmers, économiste et professeur à l’université d’Haïti, dresse le bilan de la
reconstruction de son pays et appelle à ne pas répéter au Népal les mêmes erreurs.
Alors que la conférence des donateurs, réunie jeudi dernier à Katmandou, a promis
4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) sous forme de dons et de prêts pour
reconstruire le pays deux mois après le tremblement de terre qui a tué près 9 000
personnes et détruit 500 000 logements.
Haïti se dote à présent de sa politique pharmaceutique. Présenté officiellement à l’hôtel Marriott le mardi 30
juin, ce document se veut un outil visant à réformer et à moderniser le secteur pharmaceutique en s’attaquant
notamment au phénomène de la contrefaçon et de la vente illicite des produits pharmaceutiques.
C
’était prévisible. Ce sujet fait
partie des préoccupations
majeures contenues dans la
politique pharmaceutique
nationale. Mais la solution semble
n’être pas pour demain. Intervenant
sur la question, la ministre de la Santé
publique et de la Population, le Dr
Florence Guillaume Duperval, estime
que la prise de conscience citoyenne
est l’arme la plus adaptée pour lutter
contre la vente illicite des produits
pharmaceutiques et les médicaments
contrefaits. L’usage de la force, pré-
cise-t-elle, ne peut être l’unique arme
de dissuasion. Il ne conduira qu’à des
solutions provisoires.
Et de fait, on a assisté à des résultats
éphémères produits par les mesures
coercitivesprisesparlegouvernement
haïtien pour combattre ce fléau. La
Justice haïtienne, via le commissaire
du gouvernement, rappelle le
Dr Guillaume, avait procédé à
la fermeture de 66 pharmacies
et de points de vente illicites de
médicaments. Pourtant les grandes
artères de la capitale pullulent de
ces marchands ambulants, vendant
en toute impunité des produits
pharmaceutiques de toutes sortes.
Le problème est très complexe,
souligne, Madame Duperval. Il est
aussi présent, fait-elle remarquer,
sur les étagères pharmaceutiques et
dans les véhicules de transport en
commun.
Tout en misant gros sur la prise de
conscience individuelle, la Ministre
interpelle aussi les politiques. Elle
invite, à cet effet, les parlementaires
à voter toutes les lois en souffrance
destinées à régulariser le système de
santé en Haïti de manière générale.
La réglementation du prix des
médicaments s’inscrit aussi parmi
les axes majeurs de la politique
pharmaceutique nationale. Le
responsable de l’OPS/OMS en Haïti, le
Dr Jean-Luc Poncelet, fait remarquer
à ce propos qu’il faut deux dollars
américains par habitant, soit 20
millions de dollars par an pour couvrir
les besoins en médicaments de la
population. Or les études réalisées par
l’Onu révèlent qu’un Haïtien vit avec
moins de deux dollars américains
par jour. Abondant dans le même
sens, la ministre de la Santé estime
que, dans le cadre d’une approche
multidimensionnelle de la question,
les conditions socio-économiques
précaires de la population doivent
être prises en compte.
La politique pharmaceutique
nationale intègre la médecine tra-
ditionnelle dans ses grandes orien-
tions. Mais l’approche tend vers
l’économique. Il s’agit de promouvoir
et renforcer la production nationale
en fabriquant des médicaments à
base de plantes naturelles locales.
Rappelons que le professeur Leslie
Manigat, de regrettée mémoire, figure
parmi les penseurs haïtiens qui ont
toujours porté un intérêt particu-
lier à la médecine traditionnelle en
Haïti. À savoir comment celle-ci peut
contribuer au développement de la
médecine scientifique.
Ce document aborde, entre autres,
les mécanismes visant à garantir la
disponibilité et la qualité des médi-
caments, ce, depuis l’importation
jusqu’à la mise en vente sur le
marché. Le Premier ministre Évans
Paul, présent à la cérémonie de
lancement dudit document, a rap-
pelé à ce propos les obligations de
l’État envers ses citoyens. Il brandit
ainsi la Constitution haïtienne en son
article 19 qui fait injonction à l’État
de garantir le droit à la vie, la santé
et le respect de la personne humaine.
Outil à prétention de réformer
le secteur pharmaceutique, ce
document de politique nationale
est l’aboutissement d’une série de
réflexions vieilles d’une vingtaine
d’années, engagées entre différents
secteurs de la vie nationale.
HAÏTI/SANTÉPUBLIQUE
Pour combattre la vente illicite
des produits pharmaceutiquespar Jean Michel Cadet
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 5
ACTUALITÉ
La ministre de la Santé publique et de la Population, Dr Florence Guillaume Duperval. / Photo : J.J. Augustin
Confusion ou impéritie ? Le ministre des Affaires étrangères et des Cultes par intérim, Lener Renaud, a appelé,
le mardi 30 juin 2015, à l’adoption d’un protocole de rapatriements entre Haïti et la République dominicaine. Le
ministre Renaud s’adonnait à une activité de propagande autour de son bilan à la chancellerie haïtienne, dont il
assume l’intérim. Pourtant, il existe un document sur le mécanisme de rapatriements entre les deux pays depuis
le 2 décembre 1999. Et les organisations de la société civile ne cessent de réclamer son application.
A
près avoir cassé l’élan de
solidarité internationale, si
bien imprimé, dans le cadre
de ce dossier, Lener Renaud
maintient la volonté des autorités
gouvernementales haïtiennes de dis-
cuter avec leurs homologues domini-
cains. La diplomatie haïtienne veut
conjuguer deux stratégies. Au niveau
bilatéral d’abord et au niveau multi-
latéral ensuite pour tenter d’obtenir
cet accord.
« L’affaire est désormais au niveau
bilatéral », a insisté le chancelier. Car,
pour lui, si nous n’avons pas le proto-
cole de rapatriements nous sommes
perdants, parce que c’est cet accord
qui déterminera le comment faire du
rapatriement. Aussi, il croit que le
multilatéral ne peut accoucher d’un
protocole si, au niveau bilatéral, une
solution n’est pas trouvée. Et pour
Lener Renaud, cette solution passe
indubitablement par le protocole de
rapatriements.
Le ministre a, par ailleurs, annoncé
qu’une offensive diplomatique était
en cours, au niveau de la Caricom, de
l’organisation des États américains
(OEA) et des autres instances interna-
tionales concernées par la situation
de nos compatriotes en difficulté en
territoire voisin.
Reconnaissant que la République
dominicaine a le droit d’appliquer
une politique migratoire sur son ter-
ritoire, Lener Renaud a également
insisté sur le fait que l’État haïtien
était dans l’obligation de recevoir les
compatriotes en « difficulté migra-
toire » en terre étrangère. Cependant,
celui qui a hérité d’un double porte-
feuille ministériel (Affaires étrangères
et Défense) soutient que les auto-
rités haïtiennes ne sont nullement
disposées à recevoir des étrangers ou
Dominicains d’ascendance haïtienne.
Le bilan...
Vertement critiqué pour sa mécon-
naissance du dossier et une gestion
jugée approximative par les organ-
ismes de défense de droits humains,
le ministre Renaud s’est aussi plaint
d’avoir hérité d’un problème qui
existait depuis longtemps entre les
deux pays. Lequel se traduit, depuis
environ deux semaines, par un flux
incessant de personnes déportées
sur la ligne frontalière. Une situation
dénoncée par de nombreuses entités
internationales comme une violation
caractérisée des droits humains.
Pour éviter ce cas de figure, différ-
entes rencontres ont été tenues avec
les responsables dominicains, rap-
porte Lener Renaud, qui explique
s’être entretenu, peu de temps après
son installation, avec le chancelier
dominicain, Andrés Navarro. Une ini-
tiative qui lui a permis d’introduire
la demande de revisiter la question
migratoire. Ainsi, le 27 mai 2015,
les deux hommes se sont, de nou-
veau, rencontrés à la chancellerie
dominicaine, en prévision du 17
juin qui devait marquer la fin du Plan
national de régularisation des étrang-
ers (PNRE).
Le 7 juin 2015, accompagnée d’une
forte délégation, Andres Navarro s’est
rendu à l’hôtel El Rancho, pour dis-
cuter avec son homologue haïtien de
la politique migratoire dominicaine.
Les discussions ont été marquées par
la garantie donnée par le chancelier
dominicain qu’ « il n’y aurait pas de
déportations massives ».
Incessamment, le protocole migra-
toire, cher au ministre des Affaires
étrangères, aurait été soumis aux
autorités dominicaines, sur lequel
deux commissions, une de chaque
côté, devait travailler ensemble. Cette
séance de travail n’a jamais eu lieu,
déplore M. Renaud qui évoque la non-
formation de la commission devant
représenter la République domini-
caine par l’immigration de ce pays.
Monsieur Jose Ramon Fadul, min-
istre dominicain de l’Intérieur, con-
trairement à ce qui a été prévu, a
annoncé, quelques jours après, qu’il
était prêt à appliquer les règlements
et les déportations. Une démarche
qui aurait laissé stupéfait le ministre
Renaud, qui a constaté impuissant,
le début effectif de ces déportations,
en violation, dit-il, des conclu-
sions des différentes négociations
avec le chancelier dominicain Andres
Navarro.
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Lener Renaud : un chancelier désorientépar Lionel Edouard
Procès-verbal
UneréuniondehautsfonctionnairesdelaRépubliqued’HaïtietdelaRépublique
dominicaines’esttenuedanslavilledeSantoDomingo,capitaledelaRépublique
dominicainesurconvocationspécialedeleursExcellencesMessieurslesprésidents
delaRépubliqued’HaïtietdelaRépubliquedominicaine.M.RenéPrévaletleDr
LéonelFernandezrespectivement,etinauguréparleschanceliersdelaRépublique
dominicaineetdelarépubliquehaïtienne,DrEduardoLatorre,etM.FritzLongchamp
respectivement,ainsiparlelieutenantgénéralManualdeJesusFlorentinoy
Florentino,secrétairedesForcesarméesdominicainesetparM.PierreDenizé,Directeur
généraldelaPolicenationalehaïtienne,etlesdeuxpartiessontconvenuesdecequi
suitàproposdesmécanismesderapatriementdesressortissantshaïtiensensituation
illégalesurleterritoiredominicain.
Ciannexéelalistedesparticipants.
Legouvernementhaïtienreconnaîtquelegouvernementdominicainaledroitlégitime
derapatrierlesressortissantshaïtiensensituationillégalesurleterritoiredominicain,
envertudequoilespartiesconviennentdecequisuitpouraméliorerlaprocédurede
cesrapatriements:
a)Lesautoritésdominicainesdemigrations’engagentànepasréaliserderapatriement
pendantlanuit,c’est-à-direentre18heureset8heuresdumatin,iln’yaurapasnon
plusderapatriementlesdimanchesetjoursfériésdesdeuxpays,exceptéde8heuresà
midi.
b)Lesautoritésdominicaineséviterontdeséparerlesfamillesnucléaires(parentset
enfantsmineurs)dansleprocessusderapatriement.
c)Lesautoritésdominicainesdemigrations’engagentàeffectuerlesrapatriements
àdestinationduterritoirehaïtienexclusivementauxpostesfrontièresdeMalpasse/
Jimani,Ouanaminthe/Dajabon,Belladères/EliasPinasetAnse-à-Pitres/Pedernales.
Desoncôté,legouvernementhaïtiens’engageàrenforceret/ouinstallerdespostes
d’inspectionmigratoireàcesendroitsdelafrontièrequidevrontaccueillirlesrapatriés.
d)Lesautoritésdominicainesdemigrationrespectentlesdroitsdelapersonne
inhérentsauxrapatriésetadopterontdesmesuresconcrètespourquelesrapatriés
puissentemporterleurseffetspersonnelsetpournepasretenirlesdocuments
personnelsdurapatrié,saufsicesdocumentsprésententdel’avisdecesautorités,des
vicesdelégalité.Danscecas,ilsserontretenusetenvoyésultérieurementàlamission
diplomatiquehaïtienneenRépubliqueDominicaine.
e)Lesautoritésdominicainesmigratoiresremettrontàchaquerapatriéunecopiedu
documentindividuelquicontientsonmandatderapatriement.
f)Lesautoritésdominicainess’engagentàcommuniqueraupréalableetdansundélai
raisonnableleslistesdespersonnessetrouvantdansleprocessusderapatriementaux
autoritésdiplomatiquesouconsulaireshaïtiennesaccréditéesenterritoiredominicain.
Ellespourrontexercerleursfonctionsd’assistanceconsulaire.
g)Lesautoritéshaïtiennesinstallerontdespostesdecontrôlemigratoirelelongdela
frontièrehaïtiano-dominicaineafind’éviterlefluxillégaldeleursressortissantsversla
Républiquedominicaine.
Faitendeuxoriginaux,enespagnoletenfrançais,lesdeuxfaisantégalementfoi,le
deuxdécembremilleneufcentquatre-vingt-dix-neuf(1999).
PourlaPartiehaïtienne............................ PourlaPartiedominicaine
GuyG.LAMOTHE ....................................... WenceslaoGuerrero-PouCambier
Chargéd’Affairesa.i. ............................... AmbassadeurchargédelaDivision
Ambassaded’Haïti.........................................desAffairesHaïtiennesdelaSecrétairerie
d’EtatdesRelationsExtérieures.
PROTOCOLED'ACCORDENTRELARÉPUBLIQUED'HAÏTIETLARÉPUBLIQUEDOMINICAINESURLEMÉCANISMEDERAPATRIEMENT
6 | N0
29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
ACTUALITÉ
» suite de la première page
Délégation Haïtienne
1- Jean C. AUGUSTAVE, chef du
Cabinet du Ministre des Affaires
Etrangères
2- Guy G. LAMOTHE, chargé
d’Affaires a.i. d’Haïti en république
Dominicaine
3- Pierre DENIZE, Chef de la Police
Nationale
4- Lubrenne BIEN –AIME, directeur
général du Ministère de l’Intérieur
5- Jean Ricot DORMEUS, Directeur
des Affaires Politiques/ Ministère
des Affaires
6- Madsen CHERUBIN, Ministre
Conseiller
7- Jeanne BERNARD-PIERRE,
Directeur Général du Service de
Migration Etrangères
8- Edwin PARAISON, Consul à Bara-
hona
9- Jean Baptiste BIEN-AIME, consul
à Dajabon
Délégation Dominicaine
1- Lic Wenceslao Guerrero-Pou
Cambier, Ambassadeur, chargé de
la Division des Affaires Haitiennes
2- Lic. Danilo Diaz, Directeur
Général de la Migration
3- Lic. Rosario Graciano, sous Secré-
taire des Relations Extérieurs pour
les Affaires Consulaires
4- Gral. Rafael Melido Marte Hoffiz
SousChef de l’Armée Nationale
5- Lic. Manuel Tapia Cunillera, Sous
Secrétaire d’Etat de l’intérieur et de
la Police
6- Lic. Ivan Pena, Sous Directeur de
la Migration
7- Lic. Ima Nicasio, Sous Secrétaire
d’Etat de la Femme
8- Lic. Campos S. De Moya Fernan-
dez, Président du Conseil National
de la Frontière
9- Lic. Hector Abreu, Conseil Eta-
tique du Sucre (CFA)
10- Lic. Silvio Herasme Pena,
Ambassadeur extraordinaire et
plénipotentiaire de la République
dominicaine à Haiti
11- Lic. Carlos A. castillo A.
consul général de la république
dominicaine à Port- au-Prince, Haïti.
Membres des délégations Haïtiennes et
Dominicaine participant à la réunion spéciale sur
les mécanismes de rapatriement Décembre 1999
À
l’approche des élections,
le Programme des Nations
unies pour le développement
(Pnud) a fait le point sur le
rapport entretenu avec le Conseil
électoral provisoire. Dans le proces-
sus électoral, le Pnud dit appuyer
l’institution électorale à trois niveaux.
D’abord, par le renforcement des
capacités de l’administration électo-
rale en accompagnant le CEP à mieux
se préparer aux élections. Dans ce
cadre, le Pnud informe avoir utilisé la
méthodologie BRIDGE (Bâtir des res-
sources en démocratie, gouvernance
et élections) qui met à la disposition
du personnel de l’administration élec-
torale toute une série de modules de
formation dans le domaine de la ges-
tion administrative, du renforcement
de la thématique genre, de la connais-
sance du cycle électoral, de l’inclusion
aux élections pour les groupes vul-
nérables.
D’un autre côté, le Pnud intervient
dans le cadre des opérations
électorales en fournissant des
équipements et outils informatiques
pour le préenregistrement des
candidatures pour les législatives,
la présidentielle et les locales, ainsi
que dans l’acquisition de matériels
non sensibles, la production de
matériels sensibles, l’acquisition
d’équipements audiovisuels, de
matériel de sensibilisation. En
dernier lieu, cet organe de l’Onu
donne un appui à la participation
inclusive des femmes et des jeunes.
Si le Pnud s’est impliqué dans les
élections en Haïti depuis tantôt
vingt ans, c’est en 2005, qu’il est
devenu gestionnaire officiel du
fonds d’appui au processus électoral
sur la décision des bailleurs, en
l’occurrence le gouvernement
haïtien, le Brésil, le Canada, l’Union
européenne et l’USAID. Dans cette
perspective, l’organisme onusien
a appuyé le processus électoral
pour la présidentielle et les
sénatoriales de février 2006, puis
les municipales et les locales en
décembre de la même année. En
2009, le Pnud a appuyé le processus
électoral pour les sénatoriales, puis
en 2010 et 2011 la présidentielle et
les législatives.
Alors que le CEP est l’institution
légalement chargée de réaliser les
élections, il n’a toutefois aucun
contrôle sur la gestion des fonds
destinés à l’organisation de ces
joutes électorales. D’ailleurs, le
Pnud n’est même pas redevable
devant l’institution électorale.
En ce qui a trait aux dépenses effec-
tuées, le Pnud se dit redevable par-
devant le gouvernement haïtien (le
plus important contributeur à date) et
cinq bailleurs internationaux (Brésil,
Canada, Japon, UE, USAID) qui con-
tribuent au financement du projet
« Appui au cycle électoral en Haïti ».
Le Pnud doit rendre des comptes à
chacun d’entre eux sur le plan de la
gestion des fonds, selon ce qu’ont fait
savoir les responsables dans un docu-
ment rendu public.
Actuellement, précisent les diri-
geants, les 44 millions disponibles
dans le fonds fiduciaire provien-
nent de la contribution de plusieurs
bailleurs, dont le gouvernement
haïtien, le premier contributeur,
avec 13 825 609 dollars améri-
cains, l’Union européenne qui a
déjà apporté une enveloppe de
6 793 478 dollars, alors que
l’USAID a contribué à hauteur de
11 500 000 dollars, le Canada
5 385 996, le Japon 4 500 000 dol-
lars et le Brésil 3 000 000.
Le Pnud dit ainsi attendre que
d’autres engagements pris par
des bailleurs soient concrétisés
dans le cadre de l’accomplissement
du processus électoral. Alors que
le Pnud affirme avoir insisté
sur le fait que le choix des élus
et futurs dirigeants de ce pays
relève de la souveraineté natio-
nale, d’aucuns voient une grande
contradiction, ne serait-ce que
dans la gestion du fonds fiduciaire
qui lui est confié au détriment du
CEP.
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 7
ACTUALITÉ
ÉCHO
Haïti, le ministre de
l'Environnement à la
Havane du 6 au 10 juillet
Haïti sera présent à la 10e
Convention internationale
sur l’environnement et le
développement qui se tiendra à la
Havane (Cuba) du 6 au 10 juillet
prochain. C’est ce qu’a annoncé
Pierre Dominique, ministre de
l’Environnement, qui a rencontré
récemment Ricardo Garcia,
Ambassadeur de Cuba en Haïti.
La coopération entre les deux
pays, l’échange d’expériences et de
pratiques durables, le transfert des
connaissances et la pleine inclusion
de façon que les populations
soient au cœur des préoccupations
environnementales, seront
au centre des discussions à
l’occasion de ladite Convention
internationale, a-t-on appris.
70% des bulletins de
vote pour les législatives
déjà imprimés
70% des bulletins de vote pour
les législatives sont déjà imprimés
à Dubaï, par la compagnie en
charge. Ces bulletins concernent
4 départements : l’Ouest, le Nord-
Ouest, le Nord-est et le Centre, a
indiqué lundi, Philipe Augustin,
directeur du registre électoral
qui annonce en outre que les 38
millions de dollars nécessaires
à l’organisation des élections
législatives sont disponibles.
CEP : 3e cargaison de
matériels non sensibles
arrivée à Port-au-Prince
Le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD)
informe qu’une troisième cargaison
de matériels non sensibles pour les
prochaines élections législatives,
est arrivée à Port-au-Prince, le
lundi 29 juin. Le CEP reçoit de
son fournisseur basé en Afrique
du sud un total de 15,727 kits
électoraux. Ces acquisitions
sont faites par l’entremise du
Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD) dans le
cadre de son projet Appui au Cycle
Électoral en Haïti.
Food for the Poor
aide les rapatriés
L’organisation de secours et de
développement Food For The Poor
(FFP) s’est engagée à soutenir
700 rapatriés dans deux zones
reculées du département du Sud-
Est à savoir Pascado et Tête-à-
Eau. L’organisme commence à
distribuer du riz, des chaussures,
des réchauds à kérosène, des
couvertures et des fournitures pour
bébés. Six conteneurs de secours
actuellement au port seront prêts
à être distribués prochainement,
selon les informations.
Manifestation à la
Gonâve contre le
PSUGO
Les propriétaires et directeurs
d’écoles impliqués dans la mise
en œuvre du programme PSUGO
ont manifesté lundi à la Gonâve. Ils
rejettent les informations faisant
croire qu’ils ont reçu de l’argent du
ministère de l’Éducation nationale.
Les examens officiels se déroulent
normalement, cependant les
manifestants menacent de bloquer
l’ouverture des classes au cas où le
ministre Manigat n’aurait pas fait
le nécessaire.
HAÏTI/ÉLECTIONS/PNUD
Le Pnud gère au prix fort le budget du CEP
par Noclès Débréus
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8 | N0
29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
MONDE
L
e président américain Barack
Obama et son homologue
brésilien Dilma Rousseff ont
appelé mardi à Washington à
la conclusion d’un accord mondial
“ambitieux” sur le climat à Paris en
décembre, en s’engageant à faire
une plus grande place aux énergies
renouvelables.
Dans un communiqué commun,
les deux dirigeants soulignent que
les engagements des pays sur leurs
émissions de gaz à effet de serre
devront être « régulièrement actu-
alisés » dans les années à venir en
gardant à l’esprit l’objectif de la
communauté internationale: limiter
la hausse du réchauffement à +2°C
par rapport à l’ère pré-industrielle.
Les deux pays s’engagent en par-
ticulier à faire passer à 20 % d’ici
2030 la part des énergies renouv-
elables (hors hydroélectricité) dans
leur production totale d’électricité.
En 2014, ce chiffre était de 7 %
pour les Etats-Unis.
« C’est en engagement audacieux »,
a souligné Brian Deese, conseiller
de M. Obama pour le climat. « Il
reflète les progrès enregistrés au
cours des dernières années sur le
coût des énergies renouvelables,
essentiellement sur le solaire et
l’éolien ».
Le Brésil met par ailleurs en avant
un objectif de « restauration et
reforestation » de 12 millions
d’hectares d’ici 2030. Le Brésil n’a
pas encore présenté ses objectifs
post-2020 sur ses émissions de gaz
à effet de serre. Les Etats-Unis, de
leur côté, ont annoncé un objectif
de réduction de 26 % à 28 % de
leurs émissions d’ici 2025 par rap-
port à 2005.
Premier émetteur mondial de gaz à
effet de serre, la Chine a de son côté
confirmé mardi son engagement,
annoncé fin 2014 lors d’une visite
de M. Obama à Pékin, de plafonner
ses émissions de CO2 à l’horizon
2030.
Lundi, le secrétaire général de
l’ONU Ban Ki-moon a estimé que le
rythme de la négociation onusienne
était « beaucoup trop lent ».
« Cela avance à une allure d’escargot
», a-t-il déploré.
M. Obama et Mme Roussef affichent
par ailleurs leur volonté de « tra-
vailler ensemble » à mobiliser les
fonds nécessaires pour favoriser la
transition vers les sources d’énergie
à faibles émissions de carbone.
Dimanche à l’ONU, le Brésil, la
Chine, l’Inde, et l’Afrique du Sud
se sont déclarés déçus que les
pays riches ne puissent pas tenir
leurs engagements d’aider les pays
pauvres face au changement clima-
tique.
Les pays développés s’étaient
entendus en 2010 pour mobiliser
100 milliards de dollars par an
d’ici 2020 en faveur des pays les
plus pauvres afin qu’ils puissent
s’adapter aux conséquences du
changement climatique et réduire
leurs émissions polluantes.
Obama et Rousseff appellent à un accord
mondial « ambitieux » sur le climat
Sources : afp
Le président américain Barack Obama et son homologue brésilien Dilma
Rousseff . / Photo : brasilpostcombr
Au moins 116 morts dans le crash d'un avion militaire
Sources : afp
INDONÉSIE
A
u moins 116 personnes ont
péri mardi en Indonésie
dans l’accident d’un avion
militaire qui s’est écrasé sur
une zone habitée de Medan, grande
ville de l’île de Sumatra.
DAu moins 116 personnes ont péri
mardi en Indonésie dans l’accident
d’un avion militaire qui s’est écrasé
sur une zone habitée de Medan,
grande ville de l’île de Sumatra,
tuant ses 113 occupants et des
personnes au sol.
L’avion, un Hercules C-130 vieux de
51 ans, avait décollé à 12H08 d’une
base militaire et s’est écrasé dans
la ville deux minutes plus tard, à
environ 5 km de cette base, explos-
ant dans une boule de feu, a déclaré
un porte-parole de l’armée, Fuad
Basya. L’appareil transportait 12
membres d’équipage et 101 passag-
ers, a déclaré dans la soirée le chef
de l’armée de l’air, Agus Supriatna,
indiquant qu’aucun des occupants
n’avait survécu. «Non, non. Pas de
survivants. Je reviens tout juste du
site», a-t-il dit.
Jusqu’à présent, 84 corps ont été
retirés des décombres et transférés
à la morgue d’un hôpital de Medan,
a indiqué l’hôpital. De nombreux
passagers de l’avion seraient des
membres de familles de militaires
et des femmes, a déclaré de son
côté un porte-parole de la base
aérienne de Medan, d’où l’avion
avait décollé. Au moins un enfant
figure parmi les victimes. Des bâti-
ments proches du lieu de drame
ont été sérieusement endomma-
gés et des véhicules broyés par le
crash de l’appareil dans une zone
nouvellement construite. L’agence
locale de recherches et de secours
a indiqué que trois personnes au
sol avaient été tuées, mais le bilan
pourrait encore s’alourdir.
Les opérations de secours se
poursuivaient dans cette zone
nouvellement construite, où des
ambulances sont arrivées rapide-
ment, tandis que de nombreux
habitants souvent anxieux ont
afflué sur place. L’avion a rencon-
tré des problèmes peu après son
décollage : «le pilote a demandé à
retourner à la base, ce qui signifie
qu’il y avait une panne», a déclaré
M. Supriatna, soupçonnant «un
problème de moteur». L’appareil,
construit en 1964, était «en très
bon état», a cependant ajouté le
chef de l’armée de l’air. Il devait
acheminer du matériel militaire
vers d’autres bases.
Deuxième catastrophe
à Medan
«J’ai vu l’avion dans la direc-
tion de l’aéroport, et il était déjà
incliné, ensuite j’ai vu de la fumée
s’échapper», déclare Januar, un
habitant du secteur. Un autre
témoin de la scène a indiqué avoir
vu depuis une fenêtre de son tra-
vail l’appareil voler très bas avant
de s’écraser : «c’était effrayant», a
dit Novi, qui s’est précipitée sur
les lieux du drame comme des
dizaines d’autres personnes se
trouvant à proximité.
Le président indonésien, Joko
Widodo, a exprimé sa peine dans
un tweet : «Que les familles puis-
sent faire preuve de patience et que
de la force leur soit accordée». C’est
la deuxième fois que Medan est tou-
chée par une catastrophe aérienne.
En 2005, un avion de la compag-
nie locale Mandala Airlines s’était
écrasé peu après son décollage dans
une zone densément peuplée, fai-
sant au moins 150 morts au total.
D’autres accidents d’avions mili-
taires se sont produits par le passé
en Indonésie. L’archipel affiche un
bilan médiocre en matière de sécu-
rité aérienne militaire et civile.
En avril, un avion de chasse F-16
avait pris feu au moment du
décollage sur une base militaire
à Jakarta, contraignant le pilote
à sauter de l’appareil en flammes.
Il s’en était sorti avec des bles-
sures légères. En décembre 2014,
un avion de la compagnie AirAsia
s’était abîmé en mer de Java une
demi-heure après son décollage de
la ville de Surabaya, en direction
de Singapour, tuant les 162 per-
sonnes à son bord, pour l’essentiel
des Indonésiens.
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 9
MONDE
U
lcérés par les propos mépri-
sants envers les Mexic-
ains, les organisateurs du
concours Miss Mexico ont
renoncé à participer au concours Miss
Univers dont est copropriétaire le
magnat des médias. Plusieurs chaines
de télévisions ont également rompu
leurs relations avec lui.
Donald Trump commence à payer
ses provocations. Les organisa-
teurs du concours Miss Mexico ont
renoncé à participer au concours
Miss Univers pour dénoncer les
remarques « racistes » de Donald
Trump, candidat républicain à la
présidence américaine et copro-
priétaire du concours.
Cette annonce intervient après le
scandale provoqué par les propos
tenus par le milliardaire sur les
migrants mexicains qui « appor-
tent avec eux la drogue » et « le
crime » et « sont des violeurs ».
« En tant que Mexicaine, je me sens
très offensée et en colère, comme
tout le monde », a écrit sur son
compte Twitter l’ancienne Miss
Univers mexicaine Lupita Jones,
actuelle directrice du concours
national de beauté mexicain, Nues-
tra Belleza Mexico.
Le retrait d’un pays d’Amérique
latine est un coup dur pour la
compétition sur un continent où
le concours reste très populaire et
souvent source de fierté nationale.
Miss USA doit avoir lieu le 12 juillet,
tandis que Miss Univers 2015 avait
eu lieu en janvier.
NBC, Televisa et Univision
mettent fin à leurs relations
commerciales avec Trump
Lundi, la chaîne américaine NBC
a annoncé qu’elle rompait ses
relations avec le milliardaire et
qu’elle ne diffuserait pas non plus
le concours de Miss Univers et
Miss USA.
Un peu plus tard, Televisa, plus
grande chaîne hispanophone au
monde, a aussi fait savoir dans un
communiqué qu’elle mettait fin à
ses relations commerciales avec
Donald Trump.
Auparavant, Univision, le premier
réseau de chaînes hispaniques aux
Etats-Unis, avait annoncé, jeudi
dernier, une mesure similaire.
Aux Etats-Unis, 700 000 per-
sonnes ont signé une pétition pour
demander à la chaine de grands
magasins Macy’s de mettre un
terme à ses relations commercia-
les avec le magnat.
Après les propos racistes de Donald Trump,
les Miss mexicaines boycottent son concours
Sources : LEXPRESS.fr
L
e Jewish People Policy Insti-
tute, un think-tank israëlien,
a publié vendredi 26 juin de
nouveaux chiffres sur la pop-
ulation juive mondiale. Il y aurait
désormais 14,2 millions de personnes
juives dans le monde. Nombre qui
peut être réévalué à 16,5 millions
« quand on prend en compte les indi-
vidus ayant un parent juif et les autre
s’identifiant comme en partie juif»,
comme le relève Associated Press.
Cela correspond au niveau de la popu-
lation juive à l’aube de la Seconde
Guerre mondiale, avant que les nazis
ne tuent lors de l’Holocauste presque
six millions de Juifs.
Parmi les facteurs de cette nou-
velle augmentation de popula-
tion, il y a bien sûr la croissance
naturelle, notamment en Israël, où
le taux de fécondité est l’un des
plus élevé du monde occidental.
Mais ce n’est pas tout, ajoute AP:
«C’est aussi lié à la croissance
des « modèles changeant de
l’identification juive ». Il est
dit que 59 % des enfants aux
États-Unis ayant un parent juif
s’identifient maintenant comme
juif, en majorité.»
Affirmation de l’identité juive
Selon le président de l’institut,
Avinoam Bar-Yosef, ce change-
ment de comportement est cer-
tainement dû au fait que les
juifs américains estiment qu’il
est plus «respectable» d’être juif
aujourd’hui qu’il y a dix ans.
Les voyages organisés en Israël
pour les jeunes auraient égale-
ment un impact sur l’affirmation
de cette identité.
Hors Israël, parmi les pays où
l’on compte la plus forte présence
juive, on trouve les États-Unis,
largement en tête avec 5,7 mil-
lions de personnes, puis la France
(475 000), le Canada (385 000) et
l’Amérique latine (383 500).
Début avril, le Pew Research
Center publiait déjà des estima-
tions similaires mais pour dans
trente-cinq ans et avec une
méthode de calcul légèrement
différente: « En 2010, il y avait
environ 14 millions de juifs dans
le monde. En 2050, la population
juive pourrait atteindre 16 mil-
lions. La part de la population
mondiale juive, 0,2 %, devrait
rester la même en 2050.»
Au mur des lamentations, le 11 décembre 2012, à Jérusalem. | REUTERS /Ammar Awad
Donald Trump au côté de Miss USA en 2013 à Las Vegas. / afp.com/Ethan Miller
Il y aurait désormais près de
14,2 millions de juifs dans le mondeSources : Vincent Manilève, slate.fr
LAPOPULATIONJUIVEAPPROCHESONNIVEAUD’AVANTL’HOLOCAUSTE
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29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
ÉCONOMIE
L'insoutenable lourdeur du MARNDR
Par HENRI ALPHONSE
Le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) est chargé de
la définition et de la mise en œuvre de la politique du secteur économique du gouvernement haïtien dans les
domaines de l’agriculture, de l’élevage, des ressources naturelles renouvelables et du développement rural. Le
pourra-t-il un jour ?
U
n certain nombre de diffi-
cultés et contraintes entra-
vent les interventions du
MARNDR sur le terrain.
Bien que depuis longtemps iden-
tifiées, elles ne bénéficient point,
aujourd’hui encore, de cette véritable
prise en charge nécessaire à la mise
en marche de notre appareil productif
agricole. Comment dans ces condi-
tions améliorer l’offre de l’ensemble
des services dont les agriculteurs ont
besoin, gérer les ressources naturelles
et veiller au respect du Code rural ?
Les contraintes
La principale entité publique
agricole, comme on le sait, est
garante – du moins sur papier - de
l’offre durable des services d’appui
à l’agriculture. Pour atteindre
ses objectifs, elle gère tant bien
que mal un dispositif décliné
en onze directions et trois sous-
directions départementales. Sans
compter les diverses institutions
autonomes placées sous sa tutelle.
Sur le terrain, une quarantaine de
Bureaux agricoles communaux
(BAC), répartis dans les onze
départements géographiques
du pays, sont censés relayer un
dynamisme qui fait aujourd’hui
complètement défaut. Le moins
qu’on puisse en dire est qu’ils ne
sont que opérationnels parce que
ne bénéficiant guère des moyens
de leur mission.
La première contrainte identifiée
par les experts serait son
incapacité à planifier et à piloter
ses interventions sur le terrain.
La coordination est déficiente et
le processus de suivi-évaluation
semble ne pas faire partie de son
vocabulaire. Plus de la moitié de
ses 2,000 employés, fonctionnaires
et contractuels, se retrouve dans
les services déconcentrés, mais
reste sous-utilisée. L’état-major
des ingénieurs-agronomes ne peut
compter sur les techniciens, ces
cadres – tant attendus – de niveau
intermédiaire auxquels seraient
confiées les différentes phases
– essentielles – d’un travail de
proximité avec les producteurs
agricoles.
La situation n’est pas meilleure
pour les organismes sous tutelle,
entre autres, l’Institut national
de la réforme agraire (INARA),
l’Office de développement de la
Vallée de l’Artibonite (ODVA) –
l’Institut national du café d’Haïti
(INCAH), le Bureau de crédit
agricole (BCA) – un perpétuel
pied de nez aux producteurs –
et la Coordination nationale de
la sécurité alimentaire (CNSA).
Cette dernière entité, véritable
« oiseau de mauvais augure »
malgré elle pour des communautés
déjà affamées, ne cesse – depuis
quelque temps d’attirer l’attention
des décideurs sur la nécessité de
concevoir une politique publique
susceptible de faciliter l’adoption
et l’application de mesures
structurelles accommodantes.
Autrement dit, l’accompagnement
des investissements productifs en
lien avec la maitrise de l’eau et la
protection de l’environnement.
Objectif principal : éviter que
la crise alimentaire ne devienne
récurrente.
Si le personnel du MARNDR
est peu adapté aux besoins des
producteurs parce qu’il est avant
tout peu qualifié. Une étude sur
le secteur agricole pour la relance
de l’économie rurale (2005) le
constatait. Dix ans plus tard, le
problème reste entier. De nouvelles
entités sont créées, mais le facteur
humain y est souverainement
négligé. Une telle situation explique
bien le manque d’autonomie et de
dynamisme des organisations sous
tutelle.
Seule exception à la règle : l’INCAH
dont les initiatives – relativement
satisfaisantes comparées à celles
des autres entités - auraient
du inspirer et même inciter les
décideurs à œuvrer dans le sens
de la promotion de la concertation
en rassemblant autour d’une table
les producteurs, le secteur privé
traditionnel et les ONGs d’appui
au secteur. Mieux vaut une table
de concertation active dans les
filières que … rien de réellement
productif.
La contrainte la plus grave reste
ce que les experts qualifient
de déphasage important entre
la mission et les ressources.
Le MARNDR se complait dans
un positionnement axé sur la
régulation et le pilotage du secteur,
mais là encore, les résultats sont
décevants. « L’essentiel de la
prestation de services et la mise
en œuvre d’investissements
étant réalisée par les ONG, des
organisations de producteurs et
des structures privées », constatent
amèrement les observateurs de
la situation. Ce constat n’est pas
nouveau. Et que fait le MARNDR
pour corriger le tir ? Rien. « Il
concentre ses efforts sur la gestion
– mauvaise - des biens publics liés à
l’agriculture, comme l’information,
la protection sanitaire et la
planification des interventions des
différents acteurs (..) il en résulte
un déphasage significatif entre la
culture de l’institution et le mandat
qui lui est confié ».
Les difficultés et contraintes
entravant le fonctionnement du
MARNDR sont depuis longtemps
identifiées. Faudra-t-il encore
attendre qu’on les remette sur
le tapis dans dix ans encore
? Faudra-t-il encore rappeler
l’urgence d’accentuer les efforts
sur la formation de « cadres
spécialisés dans les domaines de
la conception et de l’évaluation des
politiques sectorielles, l’analyse de
données, l’analyse des filières et
dans le savoir-faire informatique
en général » ? Ce serait faire œuvre
qui vaille. Pour une fois.
INVESTISSEMENTSPRODUCTIFS
Le tourisme pour booster le développement local
Sources : Source : Pro-Poor Tourism Partnership
Les petites entreprises peuvent contribuer à l’offre de produits et services d’origine locale : quelques
exemples qui ont fait leur preuve. À la Dominique, la société Dominica Coconut Products a commencé à
fournir des savons à la noix de coco aux bateaux de croisière, à la suite d’une conversation personnelle
entre son directeur et l’un des cadres de la compagnie maritime.
• Stimuler la communication : les idées jailliront et les portes s’ouvriront ! En Barbade, la société Earth
Mother Botanicals, qui fabrique et vend des produits de beauté faits à base d’herbes et d’aromates locaux
et en provenance des autres îles, est le fournisseur exclusif de Sandy Lane Hotel & Spa..
•Appliquer la pensée latérale : les produits des fournisseurs locaux peuvent très bien convenir à votre
hôtel. A Sainte-Lucie, les grands hôtels utilisaient les services de fleuristes locaux pour leur décoration
florale et leurs bouquets. Malheureusement, les commerçants ont trouvé que les hôtels n’acquittaient
pas assez promptement leurs factures, ce qui leur causa des problèmes de liquidité et freina le dével-
oppement des liens qui se forgeaient.
•Modifier les procédures de règlement des factures, de façon à ce que les petits commerçants puissent
être payés rapidement. A Antigue, l’hôtel Curtain Bluff détient une liste de fournisseurs de produits
locaux. Avant de passer des commandes aux grossistes en produits alimentaires, la société s’adresse
d’abord aux fournisseurs locaux pour savoir s’ils disposent de produits équivalents. Cette façon de
procéder, bien que plus lente, aide à donner à l’hôtel son cachet typiquement local.
•Donner la première option aux fournisseurs locaux dans les marchés compétitifs, lorsque vous devez
passer vos commandes. A Saint-Kitts, l’auberge Ocean Terrace Inn a un célèbre Chef cuisinier et Directeur
du secteur Restauration, qui apprécie l’importance d’utiliser les produits locaux et de servir des amuse-
gueules et des entrées de première classe. En conséquence, l’auberge est considérée comme une adresse
de choix pour ceux qui veulent sortir dîner et, en même temps elle favorise le commerce avec les petits
agriculteurs locaux dont elle achète les produits.
•Les marchandises locales peuvent servir à créer des produits de première classe.
Le ministère de l’Agriculture, comme on le sait, est garant de l’offre durable des
services d’appui à l’agriculture /Photo: www.fastcoexist.com
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 11
ÉCONOMIE
L'accès au crédit en milieu rural en HaïtiSource : MARNDR
PAGERETROUVÉE
I
l s’agissait de couvrir l’ensemble
du pays suivant une progression
en deux phases. Une première
phase de deux années, dédiée
aux activités de financement de la
reconstruction suite au séisme du
12 janvier et par la suite trois années
au cours desquelles l’intervention
sera concentrée sur certains départe-
ments. La zone de concentration sera
déterminée au moment de la formu-
lation détaillée de l’intervention, de
même que la stratégie d’extension.
Le coût estimé de ce projet est de 20
millions USD.
Dans le contexte post séisme, le
but visé par le MARNDR est de
mettre en place un système de
garantie des prêts agricoles doublé
d’un système d’assurance crédit
susceptible d’encourager les insti-
tutions financières à augmenter le
pourcentage de leur portefeuille
consacré au crédit à la production
agricole et à la transformation de
cette production. L’objectif est
de faciliter l’accès au crédit pour
les populations vivant en milieu
rural, de manière à susciter le
développement de l’activité agri-
cole et la création d’emplois.
L’offre de crédit en milieu rural
par le IMF non-coopératives est
évaluée à un montant de 90 mil-
lions de Gourdes par année ce
qui représentait environ 20% du
portefeuille de ces institutions.
En 2008, les institutions finan-
cières qui ont consenti des prêts
au secteur agricole ont connu des
pertes considérables suite aux
quatre ouragans qui ont ravagé
Haïti. Ces institutions ont indiqué
qu’elles ne souhaitaient pas reve-
nir dans le marché des prêts agri-
coles à moins que des mécanismes
d’assurances et de garanties ne
soient mis en place afin d’atténuer
les risques encourus.
L’offre de financement rural est
également assurée par le Bureau
de crédit agricole (BCA) créé en
1959 et qui représente le prin-
cipal outil de financement du
secteur. Le montant annuel moyen
des prêts à la production agricole
distribué par le BCA est estimé à
15 millions de Gourdes, ce qui est
largement inférieur à la demande.
Contraintes
Les contraintes majeures à l’offre
de crédit rural peuvent se résumer
comme suit : 1) la non-maîtrise des
contraintes des ménages ruraux et
des risques agricoles, 2) l’absence
de dispositifs d’assurance et de
couverture des risques de calami-
tés ; 3) l’insuffisance d’actifs
pouvant servir de collatéraux ;
4) la vulnérabilité et la précarité
des exploitants agricoles à tous
les niveaux : absence de sécurité
foncière, risques climatiques,
absence de protection sociale,
faible d’accès aux services sociaux
de base et 5) la faiblesse du cadre
légal régissant les institutions
financières et les garanties de
crédit dans le secteur.
Atouts
Les principaux atouts sont : 1) Les
banques communautaires et les
mutuelles de solidarité démon-
trent leur capacité à pénétrer
les zones rurales et à offrir des
services financiers de proximité
; et 2) L’existence d’associations
regroupant des institutions de
financement.
Orientations politiques et
stratégiques du sous secteur
La nouvelle orientation du secteur
vise à redonner un leadership à
l’Etat à travers la création d’une
institution nationale capable
d’orienter les interventions dans
le secteur crédit. Cette vision
stratégique prône le partenariat
avec les institutions financières
privées et soutient l’élargissement
du crédit au monde rural agricole.
Elle vise également la refonda-
tion du Bureau de Crédit Agricole
(BCA) en une banque, la Banque
haïtienne de crédit rural (BHCR).
Il importerait alors de réaliser
une évaluation préalable pour
déterminer la meilleure structure
à mettre en place et élaborer un
plan d’affaire de l’institution.
Cette nouvelle orientation intègre-
rait les réflexions sur l’intégration
de l’assurance agricole dans la
stratégie nationale de développe-
ment du crédit rural.
Mise en place, les nouveaux
instruments issus permettraient
notamment le financement d’une
gamme étendue d’activités dans le
monde rural incluant des activités
agricoles primaires (agriculture,
pêche, aquaculture, élevage),
l’agro transformation, la commer-
cialisation agricole et des activi-
tés productives non agricoles
du monde rural. Le crédit sera
associé à d’autres interventions
qui vont contribuer à réduire les
risques.
Éléments de base à la formulation
des mécanismes de financement
Dans le contexte post séisme, le
but visé par le MARNDR est de
mettre en place un système de
garantie des prêts agricoles doublé
d’un système d’assurance crédit
susceptible d’encourager les insti-
tutions financières à augmenter le
pourcentage de leur portefeuille
consacré au crédit à la production
agricole et à la transformation de
cette production.
L’objectif est de faciliter l’accès au
crédit pour les populations vivant
en milieu rural, de manière à sus-
citer le développement de l’activité
agricole et la création d’emplois.
Pour atteindre cet objectif, il sera
mis en œuvre une série d’activités
qui seront structurées autour de
quatre volets opérationnels : 1)
le renforcement des capacités
techniques en agriculture ; 2) la
professionnalisation du secteur
financier ; 3) l’atténuation des
risques par la mise sur pied de
mécanismes d’assurance agricole
; 4) l’appui à l’amélioration et au
renforcement du cadre légal et
réglementaire.
Les dispositifs de facilitation
de l’accès des groupes cibles au
financement agricole seront mis
en place sous forme d’un fonds
de garantie des prêts à la pro-
duction agricole, d’un système
d’assurance crédit pour le secteur
agricole et rural et d’un réseau
national d’agents de crédit agri-
cole et d’assurance. Ces instru-
ments seront utilisés pour dével-
opper au sein des intermédiaires
financiers des services financiers
pour faciliter l’accès aux intrants
agricoles, au crédit pour le dével-
oppement des activités d’élevage
mais aussi pour l’accès aux équi-
pements de production et de
transformation. Dans la perspec-
tive de la promotion de l’approche,
ce volet apportera son appui à
l’identification des filières agri-
coles et agroalimentaires ayant
un potentiel avéré pour la sécu-
rité alimentaire, l’amélioration
des revenus des producteurs et la
croissance agricole.
L’appui à l’amélioration et au ren-
forcement du cadre légal et régle-
mentaire sera mis en œuvre à trav-
ers des activités de revue du cadre
juridique régissant le secteur
financier et son implication sur
les nouvelles orientations ainsi
que sur le mécanismes financiers
envisagés pour faciliter l’accès
des groupes cibles aux services
financiers. Ce volet soutiendra
les efforts nationaux en vue de la
révision de ce cadre et sa mise en
œuvre. L’appui institutionnel sera
essentiellement orienté sur : 1)
des activités de renforcement des
capacités techniques du MARNDR
et de ses structures décentrali-
sées par l’assistance technique et
la formation ; 2) la fourniture de
moyens logistiques divers pour
améliorer leurs capacités opéra-
tionnelles.
Qu’en est-il aujourd’hui. Et quelle
évaluation, finalement ?
Système de financement et d’Assurances agricoles en Haïti . Quid des résultats sur le terrain de ce projet, conçu et mis en
œuvre au cours de 2009 à 2014 par le MARNDR, l’IICA, le DID et la Financière Agricole du Québec. Le coût estimé de ce projet était
de 20 millions USD. Qu’en est-il (ndlr) ?
Le MARNDR s’était engagé à mettre en place un système de garantie des prêts
agricoles doublé d’un système d’assurance. / Photo: btaillefer.blogspot.com
12 | N0
29 MERCREDI 1ER
JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Evaluer comment le changement climatique
affecte la sécurité alimentaire
Par Xavi Fernández de Castro / IPS
Au cours des 40 dernières années, Josephine Kakiyi, 55 ans, cultive du maïs, des haricots et des légumes sur son
petit lopin de terre dans la région reculée de Kwa Vonza, dans le comté de Kitui, dans l’est du Kenya. Même si
cette région a toujours été chaude et semi-aride, au cours des 15 dernières années, Kakiyi a remarqué que les
précipitations ont baissé et sont devenues de plus en plus imprévisibles.
AFRIQUE
E
lle ne sait pas exactement
pourquoi cela se passe. La
seule chose qu’elle sait avec
certitude, c’est que “mainten-
ant il est plus difficile de dire quand
il va pleuvoir”.
Mais les agriculteurs partout au
Kenya, et dans la plupart des pays
africains, sont confrontés à des
problèmes similaires.
Les experts du monde entier sont
convaincus que les changements
climatiques jouent un rôle majeur
dans les difficultés auxquelles
Kakiyi et des centaines de mil-
liers d’autres fermiers sont con-
frontés sur le continent. Selon le
cinquième Rapport d’évaluation
du Groupe d’experts intergouver-
nemental sur l’évolution du climat
(GIEC), “il existe un consensus
fort que les changements clima-
tiques auront un impact négatif
sur la sécurité alimentaire en
Afrique”.
Le rapport indique également que
“les inondations, la sécheresse,
les changements du temps et la
quantité de précipitations, ainsi
que des températures élevées
associées aux changements cli-
matiques pourraient affecter
directement la productivité des
cultures et du bétail”. Tous ces
phénomènes, lorsqu’ils sont com-
binés, peuvent facilement créer
plusieurs crises sur un continent
qui est censé voir sa population
doubler pour atteindre 2,4 mil-
liards d’ici à 2050.
Le Rapport mondial sur l’état de
l’insécurité alimentaire, publié
cette année par le Programme
alimentaire mondial (PAM),
l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) et le Fonds international de
développement agricole (FIDA),
estime qu’il y a environ 227 mil-
lions de personnes sous-alimen-
tées en Afrique - un cinquième
de la population du continent.
Pourtant, la prévalence de la mal-
nutrition en Afrique a diminué de
27,7 pour cent en 1990 à 20,5
pour cent actuellement.
Au Kenya, la sécurité alimentaire
est une grande préoccupation
pour au moins 10,8 millions de
personnes, bien que la prévalence
ait également diminué pour passer
de 33 pour cent à 24,3 pour cent
au cours des 25 dernières années.
Mais ce sur quoi les experts ne
s’accordent toujours pas, c’est
le degré auquel les changements
climatiques affectent la sécurité
alimentaire. “Les changements
climatiques constituent un facteur
aggravant, pas la cause principale,
de l’insécurité alimentaire et de
la faim”, déclare à IPS, Randall
Purcell, un conseiller principal à
l’Unité de récupération du PAM
au Kenya.
“Le temps a toujours été chaud
et sec dans les grandes régions
du Kenya, ce qui rend le pays
plus vulnérable aux sécheresse”.
Toutefois, les dernières données
scientifiques montrent qu’au
cours des 15 dernières années “les
sécheresses [arrivent] plus tôt et
de manière plus imprévisible”,
ajoute Purcell. “Avant, l’on pou-
vait prédire qu’une grave sécher-
esse [se produirait] tous les cinq
à sept ans, aujourd’hui, c’est tous
les trois ans”.
Et la même chose s’applique
aux précipitations.
Le GIEC a prévu une légère aug-
mentation des précipitations en
Afrique de l’est, mais il s’attend
aussi à ce qu’elles soient plus irré-
gulières et sporadiques. Il devient
donc plus difficile de dire quand,
où, et quelle quantité de pluie
tombera, comme l’on remarqué
des agriculteurs comme Kakiyi.
Luigi Luminari, un conseiller tech-
nique à l’Autorité nationale de ges-
tion de la sécheresse (NDMA), une
organisation paraétatique créée
en 2011 pour coordonner une
réponse plus efficace aux épisodes
de sécheresse périodiques et de
périodes de sécheresse au Kenya,
est convaincu que “les change-
ments climatiques affectent les
conditions météorologiques, mais
nous avons encore besoin de plus
de preuves”.
Représentant de la FAO au Kenya,
Luca Alinovi, aussi préfère être
prudent et explique à IPS les
difficultés que les scientifiques
rencontrent lorsqu’ils lient les
changements climatiques à leurs
conséquences. “Dans la plupart
des pays africains, la quantité de
données solides sur la météo est
très [limitée], il est donc très dif-
ficile de dire avec certitude si un
événement spécifique implique
un changement structurel ou c’est
seulement un cycle qui se répète
toutes les quelques décennies. En
outre, beaucoup de mesures ne
sont pas effectuées avec des sta-
tions au sol mais avec des estima-
tions”, indique Alinovi.
Indépendamment de ce que les
données peuvent révéler, le fait
est que le Kenya a souffert de
trois grandes sécheresses depuis
2001 et le gouvernement kényan,
en collaboration avec la Banque
mondiale, l’Union européenne et
les acteurs concernés, essaie de
mettre en œuvre une nouvelle
approche pour corriger la situa-
tion.
“La NDMA a mis en place un sys-
tème d’alerte précoce au niveau
des comtés pour faciliter la col-
lecte des données environnemen-
tales et socio-économiques afin
que nous puissions activer nos
plans d’urgence avant que les
pires effets de la sécheresse
n’apparaissent”, explique Lumi-
nari. Mais la détection n’est que
la moitié de la solution. L’autre
moitié est basée sur la prévention.
“Les changements climatiques
peuvent être aussi une occasion,
pas seulement une menace”,
affirme Alinovi.
“L’agriculture innovante offre
beaucoup de solutions aux fermi-
ers.
Par exemple, si les précipita-
tions sont plus irrégulières, vous
pouvez trouver des moyens pour
récolter l’eau et l’utiliser quand
cela vous convient mieux; ou
comme le maïs ne résiste pas à
la sécheresse, vous pouvez com-
mencer à planter d’autres cultures
résistantes à la chaleur comme le
sorgho ou le millet, qui peuvent
fournir un bon chiffre d’affaires
également”.
Sur son lopin de terre d’environ
0,3 hectare, Kakiyi a commencé
à utiliser des fosses zai, une tech-
nique agricole exportée d’Afrique
de l’ouest qui consiste à creuser
des trous de deux pieds sur deux.
Dans ces fosses, elle met un
mélange de sable et de fumier pour
aider à améliorer l’infiltration de
l’eau de ruissellement des saisons
des pluies.
En utilisant cette technique, qui
demande beaucoup de travail,
mais pas cher, Kakiyi a pu accroî-
tre la productivité de son lopin de
terre de 10 fois.
*Cet article fait partie d’une série
parrainée par le Réseau des con-
naissances sur le climat et le
développement (CDKN).
Les changements climatiques peuvent être aussi une occasion, pas seulement une menace.
/ www.objectif-developpement.frm
MERCREDI 1ER
JUILLET 2015 N0
29 | 13
SOCIÉTÉ
À
Port-au-Prince, tous les
moyens sont bons. Peu
importe le commerce, il
faut à ces hommes et à ces
femmes une subsistance quotidienne.
Aussi arrivent-ils à prendre soin de
leurs familles. Ils paient l’écolage et
le loyer. « Il faut impérativement sur-
vivre », ont-ils laissé entendre. Avec
de gros ou de maigres bénéfices. Les
marchandes de « krèm mayi » ne font
pas exception à la règle.
Qui ne connait pas ces hommes qui
s’annoncent par leur musique ? Qui
ne connait pas le fameux slogan :
Banm youn, banm de, banm twa
? Si la musique est un nouvel
élément de marketing dans ce
commerce, depuis tantôt neuf ans,
nous consommons (dégustons) ces
crèmes à la glace qui proviennent
de la République voisine.
Jonas est dans la vingtaine. En plus
d’être un écolier et un prédicateur
au sein de son assemblée, il est
aussi marchand ambulant de
« krèm mayi ». Tous les matins,
il quitte Degan, aux environs de
Carrefour pour venir à Port-au-
Prince. Son but (ses motivations) ?
Aller à l’école et acheter des crèmes
pour les revendre à travers les rues
de la Capitale.
En effet, avant de sillonner la zone
métropolitaine, Jonas va à l’école.
Pour lui, c’est important de faire
les deux. S’instruire pour être
quelqu’un formé intellectuellement
et respectable ; apprendre à lire et
à écrire avec l’espoir de pouvoir
jouir un jour du prestige social et
s’élever à un rang supérieur, s’avère
important pour lui.
Vendre ses crèmes pour pouvoir
aider sa mère avec qui il vit. Pour
lui, ce commerce est un gagne-
pain qu’il ne peut en aucun cas
abandonner : « Krèm mayi a banm
kapasite ekonomik. Se avè l m ka
peye lekòl mwen. Se avè l m ka
manje, m ka ede manman m. Avan
komès la, m pat ka fè sa ».
Pourquoi la musique ?
Jonas a justifié le choix de la
musique pour diverses raisons. Il se
souvient de l’année 2006. Année où
l’on a remarqué une prolifération
de marchandes dans la Capitale.
« Nan epòk sa a, te gen kakofoni,
raconte-t-il. Tout machann pase
ansanm. Youn pa konn kilè pou
yo pase nan yon zòn oubyen nan
yon lòt. Mizik la ranje sa. Depi
byen lwen ou ka tande si gen yon
machann pou w pa pase ankò. »
Pour lui, la plus grande raison est le
rapport des Haïtiens à la musique,
à l’ambiance. « Pèp la renmen an-
byans. Yo renmen danse. Tank y ap
tande mizik la, se tank y ap danse,
se tank y ap achte krèm nan tou wi.
Mizik la rale moun. Pa egzanp la a,
moun nan te ka jis anndan lakay li,
mizik la li tande a ka fè l soti vinn
achte. ». Certains marchands jouent
sur ce paramètre. Ils utilisent donc
des chansons appréciées du public.
Les derniers tubes comme certains
morceaux de rabòday.
La musique aide aussi les march-
ands. Elle enlève leur stress quoti-
dien et de plus, les aide à parcourir
de grandes distances sans s’en
rendre compte. « M ka sot Pòtay m
al jis kafou Peyan, m pa wè sa non.
Mizik la fè m bliye si wout la long,
m bliye si solèy la cho. M pa janm
santi m fatige.» Avoue-t-il avec un
sourire timide.
Quelle est la dynamique
de ce commerce
« Lontan, nou te konn achte krèm
nan a 13goud edmi. Pou nou revann
li kenz goud. Kounya akoz mizik
la, krèm nan vann pi vit. Yo ban
nou l a 10 goud. » Pour Jonas, la
musique est la meilleure décision
que le vendeur ait jamais prise.
Tous les jours, certains marchands
achètent une centaine de crème
et reviennent payer à la fin de la
journée. Parfois d’autres peuvent
vendre plus d’une centaine.
Avant, il fallait payer les instruments
de musique et la brouette à la fin de
la journée. « Yo te konn lwe yo 25
dola. Depi lè komès la ap mache
a, yo ban nou l gratis. Men gen
machann ki gen afè pa yo.»
Après une longue journée, Jonas
affirme qu’il peut rentrer chez lui
avec un bénéfice qui varie entre 400
et 500 gourdes. Dépendamment de
la journée et la façon dont la vente
s’effectue.
Avec cette somme, il peut se nourrir
et nourrir les autres membres de
sa famille.
Pour Jonas, il y a une seule ombre
au tableau : l’incapacité des
Haïtiens. Selon lui, dans ce contexte
où la République dominicaine rend
apatrides des citoyens, il faudrait
que nous cessions tout rapport
commercial avec elle et lancer la
production nationale.
Quête de surviepar Stephanie Balmir
Dans le contexte socio-économique où nous vivons, le quotidien demeure incertain. Avec un taux de chômage
élevé, les revenus, s’il y en a, ne sont pas proportionnels au coût de la vie. Vivre est un exercice qui requiert
de l’énergie et mille réflexions. À chaque coin de rue de Port-au-Prince, une marchande quelconque essaie de
survivre au prix de grands efforts.
Des matériels utilisés pour la vente de (Krèm mayi). / Photo : Stevenson Israel
HAÏTISOCIÉTÉ/PETITCOMMERCE
L
’angoisse, l’anxiété, la dépres-
sion sont autant de senti-
ments qui nous animent
depuis le début de cette
année d’incertitudes politiques et
économiques. Tout le monde semble
être lassé d’opiner sur l’inflation,
l’insécurité, l’insalubrité, la dégrada-
tion de l’environnement, la corrup-
tion, la jeunesse en quête de repères,
le chômage, le blackout, l’écart entre
la pauvreté des uns et l’opulence
des autres, le processus électoral,
les comédies qui en résultent, et
l’irresponsabilité de l’État.
En voyant les titres des journaux,
on devine les faits routiniers
et désespérants qui servent de
contenu aux articles de presse.
Devant l’écran du téléviseur, on
s’attend à voir les mêmes images
inquiétantes. À l’écoute de la radio,
on ne s’étonne plus d’entendre les
mêmes voix débitant les discours
creux et les promesses vaines
des politiques. On a l’impression
de vivre un arrêt du temps pour
assister à la répétition d’une vie
socioéconomique et politique
contraire à la dialectique. La
lassitude d’habiter un pays dont
la régression est continuelle
devient une pandémie. Pourtant,
c’est le début de l’été qui devrait
annoncer les festivités régionales
et les instants de récréation. Une
tradition qui ne devrait laisser
personne indifférent. Mais, un
été qui ne débute pas comme on
l’aurait souhaité.
C’est la dernière semaine des
examens officiels. Les vacances
s’annoncent pourtant sans
enthousiasmer la jeunesse écolière
et estudiantine. Encore moins les
professionnels qui continueront à
se rendre aux bureaux. Ceux qui
iront en milieu rural n’auront pas
d’autre choix, car ils sont dans les
villes stressantes et angoissantes
parce que leurs lieux de naissance
n’ont pas d’infrastructures
socioéconomiques qui les auraient
permis d’y rester. Ils ne sont donc
pas des citadins qui partiront en
vacances. Mais, ils sont plutôt
des gens qui fuiront le chaos de
la vie urbaine pour retourner au
bercail. Pour passer les vacances
? Pas certainement. Si au mot
vacances il faut associer la joie, le
bonheur, le partage, la convivialité
et la découverte des lieux agréables
de la campagne. Certes, cela ne
veut pas dire qu’ils ne trouveront
ni les plages, ni les rivières, ni
les arbres fruitiers qui font les
délices de quelques voyageurs
saisonniers. Mais, on doute qu’ils
aient l’enthousiasme de jouir de ces
temps libres en raison de la précarité
socioéconomique qui les affecte
tous. Les vacances devraient être
certainement la période des loisirs
dont la consommation implique
la disposition des temps libres et
du pouvoir d’achat. Mais, tout le
monde ne pourra avoir accès au
loisir. Car, il y a, comme dirait Joffre
Dumazdier, des consommateurs
du loisir, des travailleurs du loisir,
et des exclus du loisir. Alors, qui
seront les vacanciers cette année
? Puisqu’il en aura. À quel été
doivent-ils s’attendre avec ce vent
d’incertitude qui souffle sur le pays
à l’approche des élections dont nul
n’est certain de la réalisation ?
Les vacanciers seront sans doute
les mêmes fêtards de l’été dernier.
Il leur suffira de disposer d’un
pouvoir d’achat leur permettant
de satisfaire au maximum leurs
besoins. Aux festivités champêtres,
ils iront danser les mêmes bandes
musicales, se mouiller aux plages
ensoleillées et dans les rivières
où demeurent les divinités
ancestrales. Ce sera l’instant des
bonnes dégustations : jus de noix
de coco, tablettes de noix et de
roroli, cabri grillé, et autres saveurs
de la gastronomie spéciale du pays.
Ils jouiront des après midi entre
amis sur les galeries des maisons
qui ornent certains quartiers des
milieux ruraux. Ils parleront des
villes comme de vieux souvenirs.
Néanmoins, si pour ceux-ci, cette
nouvelle période estivale sera
l’occasion d’exprimer leur fierté
d’être fils et filles de la terre
d’Haïti, montrer leur appartenance
sociale par une consommation
ostentatoire en raison d’une fortune
discrétionnaire ou par simple
bovarisme, pour d’autres, ce sera
un moment de vivre autrement
l’exclusion sociale qui caractérise
la société inégalitaire d’Haïti.
Mais, on doit espérer que la paix
règne jusqu’à la fin de l’été. Car,
celle-ci est menacée par les
contentieux politiques provoqués
par l’écartement de certains
candidats de la course électorale
dont la réalisation reste incertaine.
En effet, la décision du conseil
électoral provisoire de retirer de la
liste des candidats inscrits pour les
prochaines compétitions électorale
a créé des tensions politiques dont
les issus ne sont pas déterminables.
On peut s’attendre à n’importe
quelle éventualité politique ayant
pour effet de fragiliser la paix
sociale et la concorde précaire
entre les différents groupes sociaux
du pays. Si les dénouements
heureux des conflits politiques
sont souhaitables à tous ceux
qui aspirent à la construction et
à la gestion d’une cité pour un
vivre ensemble permanent, ils ne
sont jamais prévisibles. La lutte
politique demeure à certains égards
un véritable jeu du hasard au cours
duquel chacun espère miser sur la
bonne case ou le bon numéro.
Car, chacun voudrait gagner et voir
perdre l’adversaire. Dans le cas
actuel du pays, il faut souhaiter que
tous les joueurs misent sur la case
ou le numéro qui devrait sauver
le pays de cet abime que tout le
monde a creusé en permanence
par l’incivisme, l’irresponsabilité,
l’esprit du clan, l’irrespect des
valeurs de la démocratie et l’oubli
de l’intérêt de la nation.
Le temps est, heureusement ou
malheureusement selon l’usage
dont on fait, irréversible. L’été est
déjà là. Les festivités devraient
avoir lieu dans les différentes villes
provinciales. Chacun se propose,
peut-être, de vivre cette saison
festive et traditionnelle à sa façon.
D’un coté, les fêtards habituels
ne se guériront pas de leur envie
de s’allonger sur les plages de
jacmel, de Port-salut, des cayes,
du cap, gouter aux différents mets
délicieux de la bonne gastronomie
haïtienne. De renouer un peu
avec les traditions ancestrales. De
revoir les membres de la famille
de la campagne. D’un autre coté,
il y aura ceux qui ne fêteront pas,
mais qui se rendront pour fuir
l’ennui, le cynisme, le bruit, le
chaos, l’insalubrité, la promiscuité,
et les violences des centres urbains
où la vie semble être une fiction
vertigineuse. Si cet été ne sera pas
pour tout le monde le moment
des vacances et des loisirs, il faut
souhaiter qu’il soit une période
de paix pendant le déroulement
des élections qui s’annoncent mal
déjà.
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SOCIÉTÉ
Que réserve cet été à l'approche
de ces élections incertaines ?par CHERISCLER Evens Boukman
HAÏTISOCIÉTÉ
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JUILLET 2015 N0
29 | 15
SOCIÉTÉ
L
es jeunes consomment de plus
en plus d’alcool et fument
davantage de cigarettes. En
revanche, la consommation de
drogues illicites est en baisse. L’usage
régulier d’alcool progresse de 18 %
(10,5 % contre 8,9 % en 2008). Ces
évolutions concernent filles et gar-
çons.
Les jeunes consomment de plus en
plus d’alcool et fument davantage
de cigarettes. En revanche, la
consommation de drogues illicites
est en baisse. Réalisée en 2011
par l’Observatoire français des
drogues et des toxicomanies
(OFDT) auprès de plus de 30 000
garçons et filles âgés de 17 ans à
l’occasion des journées Défense et
citoyenneté, l’Enquête sur la santé
et les consommations (Escapad)
donne des indications précises sur
les consommations de produits
psychoactifs. Lancée en 2000, elle
en est à sa cinquième édition.
L’usage quotidien de tabac repart à
la hausse, pour les garçons comme
pour les filles. Il concerne 31,5
% des jeunes contre 28,9 % en
2008 - date de la dernière enquête
-, soit une augmentation de 9 %.
L’interdiction de vente aux mineurs
et les hausses des prix du tabac ne
les ont pas découragés. En mai, une
opération menée à l’initiative du
Comité national contre le tabagisme
auprès de 430 débits de tabac a
montré que 62 % d’entre eux ont
vendu des cigarettes à un jeune
de moins de 18 ans et 38 % à des
préadolescents de 12 ans.
Autre sujet de préoccupation,
l’usage régulier d’alcool progresse
de 18 % (10,5 % contre 8,9 % en
2008). Ces évolutions concernent
filles et garçons. Toutefois, la
consommation régulière reste
majoritairement masculine (15,2 %
chez les garçons contre 5,6 % chez
les filles). Les ivresses répétées et
régulières augmentent : 27,8 % des
jeunes ont été ivres plusieurs fois
(au moins trois fois dans l’année),
contre 25,6 % en 2008, et 10,5 %
des jeunes ont connu des ivresses
régulières (au moins dix dans
l’année), contre 8,6 % en 2008.
Elles augmentent chez les filles et
les garçons.
Ces chiffres confirment les inquié-
tudes des médecins urgentistes,
qui reçoivent chaque week-end des
adolescents de plus en plus jeunes
en état d’ébriété ou de coma éthy-
lique. “Ce phénomène est croissant
depuis deux ou trois ans”, témoigne
le docteur Patrick Pelloux, du Samu
de Paris. Du côté des drogues illic-
ites, l’expérimentation (au moins
L
e cerveau serait-il comme un
tas de sable en formation ?
Oui, à en croire un article paru
dans la revue Nature. Car les
deux partageraient une dynamique
commune pour garder leur équilibre
: des micro-avalanches localisées qui,
de proche en proche peuvent aller
jusqu’à remodeler l’organisation glo-
bale de l’objet – les influx nerveux
jouant le rôle des grains de sable…
Une étrange analogie que des cherch-
eurs ont prouvé expérimentalement.
Dès lors le cerveau appartient au
domaine physique des systèmes
chaotiques dits « critiques auto-
organisés », ce qui donne une
meilleure compréhension de la
dynamique cérébrale et permet
une approche plus physique de son
fonctionnement.
Un tas de sable s’effondre
de manière très sophistiquée
Nous connaissons tous, pour avoir
fréquenté des plages, la dynamique
des tas de sable : quand on verse
un mince filet de sable sur un tas
déjà formé, les nouveaux grains
s’accumulent d’abord au sommet
(état « sur-critique ») jusqu’à ce que
celui-ci s’effondre en une petite ava-
lanche que les répartit localement
sur les flancs, lesquels s’élargissent
alors (état « sous-critique ») pour
que le tas retrouve une stabilité.
Et si l’on continue à verser du sable,
ces effondrements locaux donnent
lieu à une cascade : les flancs sur-
chargés s’effondrent également et
provoquent d’autres avalanches qui
finissent par atteindre la base de
la pyramide et l’élargir. Un proces-
sus typique des systèmes critiques
auto-organisés régi par une règle :
la « loi de puissance ».
Du tas de sable
aux tortues de Floride
Celle-ci impose qu’une avalanche
survienne d’autant plus fréquem-
ment que son intensité ou éten-
due est petite – une manière de
dire que plusieurs petits effondre-
ments précèdent ou causent un
grand. Or selon des physiciens de
l’Université Washington (Missouri)
et de l’université de l’Arkansas, le
cerveau se comporterait de cette
manière avec les informations
reçues de l’extérieur, traduites
en influx nerveux.Concrètement,
les chercheurs ont menés des
expériences sur les cerveaux de
9 tortues de Floride (Trachemys
scripta elegans) anesthésiées dans
lesquelles ils avaient implanté des
électrodes. Celles-ci étaient des-
tinées à mesurer l’activité de leur
aire visuelle périphérique, celle qui
traite en premier les signaux venant
des yeux. A chaque test, l’un des
yeux de la tortue était soumis à des
stimuli visuels (films).
La décharge des neurones
est chaotique
Les chercheurs ont alors con-
staté que face à des images com-
plexes (formes, contrastes, etc.),
il se déclenche dans la couche de
l’aire visuelle étudiée des cascades
d’influx nerveux qui suivent une
loi de puissance – signant par-là la
dynamique d’un système critique
auto-organisé. Cela s’expliquerait
par la caractéristique des neurones
: chacun « emmagasine » un cer-
tain nombre d’influx venant de ses
voisins avant d’en déclencher un.
Leur état de « charge » individuelle
rend l’ensemble du réseau un peu
instable : un train d’influx venant
de l’extérieur peut engendrer aussi
bien une petite avalanche d’influx
autour des neurones récepteurs
qu’une cascade se propageant de
proche en proche sur une large
partie de la couche, voire sur son
ensemble.
Les chercheurs ont doublé leur
expérience d’une simulation de
réseau neuronal basé sur leur
modèle du « cerveau – tas de sable »,
lequel s’est comporté exactement
comme celui des tortues…
Finalement, c’est un mécanisme
qu’on suppose assez général dans
les cerveaux, des tortues aux
humains, qui pourrait inspirer les
spécialistes du cerveau, voire ceux
de l’intelligence artificielle toujours
en quête de nouvelles inspirations
pour leurs machines.
Plus d'ivresses chez les jeunesSources : le Monde.fr
Le comportement du sable expliquerait
le fonctionnement du cerveauSOURCES : science-et-vie.com
L’ivresse chez les jeunes de nos jours. / Photo : newsworks.org
Le sable et le cerveau partageraient une dynamique commune.
un usage au cours de la vie) de can-
nabis se stabilise à un niveau élevé
: en 2011, 41,5 % des jeunes ont
fumé au moins une fois un joint. La
consommation régulière diminue
: 34,6 % des jeunes de 17 ans
ont consommé du cannabis dans
l’année, contre 35,9 % en 2008. Par
ailleurs, l’usage régulier (dix fois
dans le mois) touche désormais 6,5
% des jeunes, contre 7,3 %.
Entre 2008 et 2011, l’expérimen-
tation d’ecstasy est tombée à son
niveau le plus bas, de 2,9 % à 1,9
%. De même, l’usage de “poppers”,
désormais interdits à la vente,
passe de 13,7 % à 9 % entre 2008
et 2011. La cocaïne connaît une
petite baisse, avec une expérimen-
tation qui passe de 3,3 % à 3 %.
Amphétamines, héroïne et crack
diminuent un peu, champignons
hallucinogènes et LSD connaissent
des niveaux stables.
Les legal highs, drogues de synthèse
vendues sur Internet, qui gagnent
du terrain, selon l’Observatoire
européen des drogues et des
toxicomanies, ne sont pas mesurées
par l’enquête Escapad.
“Mais elles semblent le fait de
polyconsommateurs plus âgés
que les grands adolescents de 17
ans”, fait-on remarquer à l’OFDT,
qui constate que seulement 0,7 %
des jeunes de 17 ans interrogés
déclarent se fournir en produits.
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JUILLET 2015
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CULTURE
Le Théâtre national d'Haïti : l'état des lieux
Par Schultz Laurent Junior
L
e Théâtre national d’Haïti
avait accueilli des milliers de
sinistrés au lendemain de la
catastrophe meurtrière qui
avait frappé sévèrement notre pays
le mardi 12 janvier 2010.
Espace mythique et culturel,
témoin de la pièce à succès Pèlen
tèt du célèbre dramaturge et écriv-
ain Franckétienne, le Théâtre
national, transformé en dépôt,
était, après le tremblement de
terre, l’endroit idéal où les méca-
niciens déposaient des pièces de
rechange pour la réparation des
voitures. Au milieu du décor com-
posé de détritus, des articles en
styrofoam, le lieu était réduit en
peau de chagrin.
Il avait fait son deuil des représen-
tations théâtrales ou d’autres
manifestations culturelles
d’envergure. Victime des prob-
lèmes d’insalubrité et de bidon-
vilisation, le Théâtre national est
aussi confronté à des problèmes
infrastructurels de toutes sortes.
Depuis quelque temps, cepen-
dant, un air neuf et de renouveau
souffle sur ce bâtiment vieux de
plusieurs décennies. Les murs
et les fers forgés sont peints de
couleurs vives : bleu roi et jaune
abricot. Des travaux importants
s’effectuent dans les locaux. Plus
de 15 millions de gourdes sont
alloués à ces travaux ayant débuté
en 2012, selon le directeur général
Yves Pénel. La firme Cefapco est
chargée d’exécuter toutes les
opérations de réaménagement et
d’entretien.
Ces restaurations qui concernent,
entre autres, la climatisation, le
carrelage, la plomberie, la pein-
ture et l’installation d’autres appa-
reils sanitaires tendent à rendre
plus attrayants, opérationnels et
modernes le réfectoire, la salle
des répétitions, les salles de
spectacles, le carré administratif,
la direction générale, la cour, le
parking, et autres locaux.
Financés par l’État haïtien, ces
réaménagements visent à rendre
plus agréable le Théâtre national
: « Je veux remercier le prési-
dent Michel Joseph Martelly qui
a œuvré depuis le début de son
mandat en faveur de la culture
de notre pays », s’est réjoui Yves
Pénel qui en a profité pour sou-
ligner que « le théâtre, c’est la vie.
Il peut aider la société à assumer
son destin de grandeur. Il peut
aider à façonner, au contact de la
culture, l’âme d’un peuple ».
Projets et perspectives du
Théâtre national
Mis à part les projets de réamé-
nagement et de réhabilitation
de l’espace, « l’actuelle admin-
istration a mis en activité toutes
les sections culturelles de cette
institution : chorale, danse, art
dramatique. « De 2012 à 2015, a
indiqué M. Pénel, nous avons mis
sur pied huit pièces de théâtre et
nous nous préparons activement
pour participer au festival Carifes-
ta qui se tiendra à Port-au-Prince
durant le mois d’août.
Nous avons implanté dans le
cadre du projet théâtre-école
des troupes de théâtre dans les
écoles et nous comptons apporter
le théâtre dans toutes les régions
du pays. Des ateliers de formation
sont également prévus au début
du mois de juillet. En nous livrant
corps et âme aux séances de répé-
tition, nous travaillons d’arrache-
pied pour participer au carnaval
des fleurs en été. »
Dans le cadre du programme sur
l’encadrement des jeunes, plus
de 2 000 jeunes ont été recrutés
dans les quartiers limitrophes du
Théâtre national et ont reçu un
encadrement artistique. Des spec-
tacles ont été réalisés pour per-
mettre aux bénéficiaires de faire
valoir leurs talents, a encore fait
savoir le directeur.
En dépit des problèmes
économiques, Yves Pénel, metteur
en scène, animateur et réalisateur
de spectacles, veut mobiliser tous
les secteurs de la vie nationale
pour que nous ayons un théâtre
haïtien vivant.
« Nous voulons travailler avec tous
les secteurs concernés pour aider
les metteurs en scène, les comédi-
ens, les artistes, les danseurs, les
dramaturges à faire, et à vivre de
la promotion du théâtre. »
« Le Théâtre national d’Haïti doit avoir un budget comme toutes les autres institutions de notre pays », a déclaré
Yves Pénel en marge d’une interview accordée au National. Le directeur du Théâtre national refuse de se laisser
emporter par le découragement. Il veut investir tout son être pour concrétiser tous ses objectifs.
Pour les 29 ans de Artimoune. Quel beau
spectacle au ciné théâtre Triomphe, le 20
juin dernier, un jour après sa réouverture
officielle. Les danseurs et danseuses de Arti-
moune ont séduit le public à ce spectacle
de danse. « Entre le charme et la tourmente
», un spectacle de gala, de variétés, de dia-
logue entre l’amour et l’environnement
préparé et exécuté par les élèves de Arti-
moune et la Compagnie Aurore d’Haïti.
...
Les 60 ans du Compas Direct seront fêtés
de manière grandiose. C’est une initiative
de la radio Caraïbes qui décide de ne pas
laisser passer inaperçue la date du 26 juillet
prochain. Des concerts, des expositions et
des conférences sur l’œuvre du grand mae-
stro compositeur saxophoniste Nemours
Jean-Baptiste, créateur du rythme Compas
Direct commémoreront ce grand jour.
Tout avait commencé sur la place Sainte-
Anne dans un concert avec le groupe musi-
cal et depuis c’est la naissance d’un rythme
qui allait traverser les années et enrichir le
panorama musical haïtien.
...
Limbé a fêté ses 300 ans. La commune de
Limbé, dans le Nord d’Haïti, a fêté ses 300
ans d’existence au cours du weekend passé,
avec un festival et une foire qui ont attiré
la grande foule et des pèlerins venus de
partout. La cuisine du Nord, des expositions
d’objets artisanaux sans oublier la musique,
les livres et l’environnement ont constitué
les toiles de fond de ces activités.
...
Havana guitar night veut faire la fête pour
son septième anniversaire. Oui la fête sera
belle avec l’invitée Tanya Saint-Val a expli-
qué Berthony Raphael le principal anima-
teur de Havana guitar night, le 7 juillet à
l’hôtel Royal Oasis. Mais, il y aura aussi
dans le line up Dadou Pasquet et les décou-
vertes de Havana guitar night : Queen B,
Charline, Mandela, Rutshelle Guillaume.
...
Eddy Renaud et le compas direct. Au cours
d’une interview à l’émission Mardi alterna-
tive du mardi 23 mai, l’entrepreneur Eddy
Renaud a déclaré que le Compas Direct est
saturé, ce que rejette Shaba musicien de
Djakout number 1.
Il profite de la plate forme pour fustiger le
comportement de l’entrepreneur qui est
le principal actionnaire de Sonomix, qui
refuse de baisser les prix de location de
son matériel de sonorisation, dit-il. Mais
d’après Philippe Saint-Louis qui recevait
Eddy dans l’émission, ce dernier voulait
expliquer que tous les groupes musicaux
jouent de la même façon.
...
JAY Z et Beyoncé pour GQ Us Juillet 2015.
Le magazine a choisi les 6 hommes les plus
stylés du moment pour 6 couvertures. On
retrouve également Bradley Cooper, Phar-
rell Williams, Kanye West, Ryan Gosling et
Brad Pitt.
...
James Horner, 61 ans, connu notamment
pour avoir composé la bande originale du
film Titanic, est mort. Il a été tué dans le
crash d’un avion qu’il pilotait le 22 juin.
Le compositeur compte parmi ses œuvres
les bandes originales de Braveheart, Apollo
13, Aliens, Avatar et bien sûr Titanic, pour
lequel il a décroché deux Oscars dont celui
de la meilleure chanson pour My Heart Will
Go On, interprétée par Céline Dion.
Au total, la bande originale du film de James
Cameron, sorti en 1997, s’est écoulée à
plus de 27 millions d’exemplaires dans le
monde.
Vu et entendu !par Walcam
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  • 1. Depuis 2005, la perception de corruption qui entache généralement les institutions publiques en Haïti a poussé les bailleurs de fonds, et même le gouvernement haïtien, à confier la gestion des fonds alloués aux élections au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Cette gestion du fonds fiduciaire par le Pnud est assortie de conditionnalités. Ainsi, dans le cadre des accords liant le Conseil d’administration du Pnud et le gouvernement haïtien, il a été décidé que les frais de gestion des fonds mis à sa disposition par le gouvernement haïtien seraient de 3 % et de 7 % pour les fonds internationaux. » lire page 6 » P. 18 » P. 21 »   P. 5 CULTURE SPORT » suite page 7 Pour combattre la vente illicite des produits pharmaceutiques par Jean Michel Cadet Lancement d'un Centre de conservation des biens culturels Les Tigresses et l'Anacaona en finale de la Coupe Alix « Kado » Avin ! par Gérald Bordes Lener Renaud : un chancelier désorienté HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION MERCREDI 1ER JUILLET 2015 NUMÉRO 29 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI HAÏTI / ÉLECTIONS / PNUD ACTUALITÉ Le Pnud gère au prix fort le budget du CEPPar Noclès Débréus Le ministre des Affaires étrangères, Lener Renaud. / Photo d’archives : J.J. Augustin
  • 2. 2 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 INSERTION DEMANDÉE
  • 3. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 3 ACTUALITÉ Un non-sens ! Ledollaraméricains’achetaitcelundidanscertainesinstitutionsfinancières à53gourdes.Dessourcesdignesdefoiattestentlechiffrede56gourdespour 1dollar,pourlesgrossestransactions. SelonlaloiorganiquedelaBRH(du17août1979),leConseild’administration alepouvoird’énoncer,dedirigeretdesuperviserlapolitiquemonétaire. LalégislationenvigueurassignequatrerôlesfondamentauxàlaBRH,lesquels peuventêtreénoncéscommesuit: •défendrelavaleurinterneetexternedelamonnaienationale; •assurerl’efficacité,ledéveloppementetl’intégritédusystèmedepaiements; •assurerlastabilitédusystèmefinancier; •agircommebanquier,caissieretagentfiscaldel’État. Maisalorsquelasituationéconomiques’assombritdeplusenplus,laBanque delaRépubliqued’Haïtirefusedeseprononcersurlaquestion. La décote de la gourde va se refléter sur les produits de première nécessité dansunespiralequipeutcassercettefoisdéfinitivementlesreinsduconsom- mateur.C’estcedernierquipaietoujourslespotscassés. Comme on a l’habitude de le dire, plus les défis se présentent à nous, plus nousconstatonsquenousn’avonspasauxplacesqu’ilfautlescompétences pour les surmonter. Si compétence il y a, la volonté, le cœur, le patriotisme sont totalement absents. On a affaire à des dirigeants qui veulent se faire toutpetitsenespérantqu’onlesoublie,qu’onleslaissetranquillesafinqu’ils puissentselacoulerdouceavecleurspetitsprivilèges. Lagourdepasseraà60puisà70,ilspourronttoujourss’ajuster.Cequireste desclassesmoyennessombrera,etneparlonspasdelamassedesdéfavorisés auxquelsonnelaisseraalorspluslechoixquecequ’onn’osepasimaginer. Commentcepaysapuarriverdanscetteimpasse? Avec nos mauvais choix, nos égoïsmes, nos soumissions aux diktats de l’étrangeretnotreméprisdelapopulationsouffrante. L’Étatreçoitlechocenretourdeseslaissés-pour-comptepartischercherun espoirenRépubliquedominicaineet,parallèlement,lespectred’unefamine ànulleautrepareilleetd’undébâcleéconomiqueplanesurlepays. Etaucuneinstanceneditrien. Unnon-sens! Édito HAÏTI/SÉCURITÉ/IGPNH Deux cent trente agents de la PNH prêts pour des missions de l'Onu par Reynold Aris L a population peut dissiper ses inquiétudes suite au désen- gagement de la Mission des Nations unies pour la stabilisa- tion en Haïti (Minustah) à l’occasion des élections dans certains départe- ments réputés chauds du pays, tels l’Artibonite et le Plateau central. L’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IGPNH) se veut ras- surante. Un plan de sécurité est déjà mis en œuvre dans la perspective des prochaines joutes électorales dans le département de l’Artibonite. C’est le commissaire divisionnaire Marc Wilkens Jean qui a fait cette déclaration le mardi 30 juin 2015 à l’occasion d’une conférence de presse dans les locaux de l’IGPNH à Delmas 2. Après les différentes tournées d’inspection de ladite institution dans les départements du Nord, du Sud, la deuxième visite réalisée dans celui de l’Artibonite fait montre d’une grande amélioration en termes d’augmentation de l’effectif des agents affectés dans cette zone par rapport à l’année précédente, a-t-il précisé.Le responsable de com- munication s’est également félicité de ce que les autorités policières ont augmenté le matériel qui doit servir au renforcement de la sécurité de la population. Ce département, dit-il, est aussi doté de quatre nouveaux véhicules destinés aux trois commis- sariats de cet axe géographique, dont un véhicule de commando. Satisfait, il informe que des séances d’inspection ont été réalisées en ce qui concerne l’armement des offi- ciers. Les agents de l’institution policière, explique M. Wilkens Jean, ont été passés en revue afin de per- mettre la supervision de leurs armes individuelles ainsi que le matériel de communication, les véhicules, les équipements. Cette visite de quatre jours a aussi permis d’inspecter leurs armes collectives au niveau des com- missariats du CIMO, du BIM et du CMPAP, a-t-il ajouté.La PNH, a-t-il précisé, se démène pour garantir la protection de tous les Haïtiens con- formément à sa mission. Ainsi, elle adoptera une attitude de neutralité et renforcera la sécurité en vue de contribuer au bon déroulement des prochaines compétitions électo- rales. À la question, si les policiers qui s’inscrivent dans le processus électoral doivent démissionner ? M. Wilkens Jean informe que près d’une vingtaine a déjà remis leur démis- sion comme le préconise le principe réglementant le fonctionnement de l’institution policière. Toutefois, au cas où ces derniers voudraient réin- tégrer la PNH, ils peuvent adresser une demande de réintégration. Celle- ci, souligne-t-il, sera analysée afin de déterminer si la personne n’a pas été condamnée, entre temps, à des peines afflictives ou infamantes. Quant à la participation des agents de la PNH à des missions de paix de l’Onu, le porte-parole de l’IGPNH informe que le processus va bon train. La première phase de recrute- ment vient d’être terminée. Plus d’un millier d’officiers de l’institution policière ont postulé, dont seulement 230 sont présélectionnés. Ainsi, ils ont été évalués sur la base d’examens intellectuels, de tir, d’entretiens (interviews) et de tests de conduite de véhicules.Ces 230 présélectionnés, indique Marc Wilkens Jean, atten- dent maintenant la seconde étape qui sera réalisée sous la houlette des responsables des Nations unies. C’est au terme de cette évaluation qu’on pourra indiquer le nombre d’officiers de la PNH qui seront habilités à pren- dre part aux missions onusiennes, a-t-il indiqué.Wilkens Jean a profité de l’occasion pour présenter le bilan des différentes opérations réalisées par l’IGPNH pendant le mois de juin. Ouverture de 90 enquêtes, réalisation de quatre saisines, 4 policiers placés en isolement, 127 convocations, 33 enquêtes de voisinage, 177 rétentions de chèques, 61 plaintes reçues sont, entre autres, les activités entreprises par l’Inspection générale. Il a en outre indiqué que près de 292 dossiers sont déjà traités durant les six premiers mois de l’année en cours. Se fondant sur un graphe compara- tif des activités de la PNH réalisées lors de l’année dernière, le porte- parole de l’IGPNH s’est réjoui de la performance de l’institution policière durant cette année. Il a indiqué que l’institution dont il est le responsable de communication a récupéré une somme estimée à environ 20 500 dollars américains. Cet argent, dit-il, sera transféré sur le compte de l’État haïtien et sera acheminé sous peu à la direction centrale de la Police judi- ciaire afin d’analyser d’autres aspects dans le cadre de ce dossier. Le débat est pratiquement clos en ce qui con- cerne la participation des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) aux missions de paix de l’Onu. Reste à savoir ce que pensent les organisa- tions de défense des droits humains et celles de la société civile à ce sujet. Et, surtout dans la conjonc- ture actuelle caractérisée notam- ment par le manque d’effectif de la PNH pour assurer la sécurité de la population, le désengagement de la Minustah dans certains départe- ments du pays à l’approche des élec- tions, le rapatriement d’Haïtiens combiné à la déportation massive de Dominicains d’ascendance haï- tienne. Le débat est pratiquement clos en ce qui concerne la participation des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) aux missions de paix de l’Onu. Près de 230 policiers sont en attente de la dernière phase évaluative de leurs dossiers auprès des responsables onusiens.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Le 31 mars 2010, lors de la grande conférence des donateurs à New York, il y a eu beaucoup de promesses, très généreuses : 11 à 12 milliards de dollars ont été promis sur cinq ans. Ensuite, les conjonctures économiques ont évolué, les gouvernements des pays donateurs ont changé, et une fois l’effet d’urgence passé, il a été engagements. Les pays donateurs cherchent la visibilité avant tout, et quand le sujet disparaît des médias, ils sont moins intéressés. Seul 52 % de l’argent promis a été versé. Qui était chargé de centraliser les dons ? Un mécanisme ad hoc a été mis en place, la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CRH), géré par l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton en coordination avec le Premier ministre haïtien. Or, avec une institution créée pour l’occasion, diri- gée par une personnalité étrangère, les mécanismes de transparence ne sont pas évidents, la population n’a pas eu de prise sur les décisions et a perdu le contrôle de l’aide internatio- nale. L’essentiel de ces fonds a été géré dans un agenda qui ne correspondait pas à celui du gouvernement haïtien. Il n’y avait même aucun rapport entre les besoins exprimés par Haïti et la réponse du CRH. Par exemple, pour le pays, l’école était une priorité absolue. L’université d’Haïti avait perdu 11 facultés dans le séisme, et c’était l’occasion de construire un véritable campus. Un projet de 300 millions de dollars a été présenté par le rectorat, mais ce n’était pas dans l’agenda de la CRH. Cinq ans après, les facultés n’ont pas été reconstruites, les étudiants travail- lent dans des hangars, les conditions - vent impossibles. Si l’éducation n’est pas une priorité, qu’est-ce qui est une priorité ? Les donateurs ont préféré construire des routes et des aéroports. Comment expliquez-vous cette dif- férence de points de vue ? C’est la conséquence des rapports de force entre l’Etat haïtien et les interv- enants extérieurs. Il y a eu une crois- sance de 9 à 12 % de la construction depuis le séisme, en majorité portée par de gros contrats privés. Malgré leur connaissance du pays, les entreprises locales ont été marginalisées. Je con- nais une entreprise très compétente, avec de longues années d’expérience, qui n’arrive pas à survivre, car les con- trats ont été accordés à des acteurs extérieurs, principalement établis aux Etats-Unis, au Canada et en Répub- lique domini-caine, avec des matéri- aux importés. Alors que la catastrophe aurait pu être une opportunité, l’argent de la reconstruction a affaibli le système économique local. Entre 2010 et 2011, seul 1 % des décaissements a été versé à l’Etat haïtien. Et au total, 9 % seulement. Cela veut dire que 90 % de l’argent est parti vers les économies des pays du Nord, dans les frais d’administration, les salaires des expatriés, les dépenses d’hôtel et de voyage, dans les frais de fonc- tionnement des agences de l’ONU et des ONG. Des sommes colossales ont été gaspillées, voire détournées : un Espagnol a été emprisonné pour avoir détourné 7 millions de dollars d’aide mais beaucoup d’autres ont œuvré en toute impunité. Car dès qu’on parle d’agir d’urgence, les mécanismes de contrôle sont court-circuités. Comment concevoir alors l’aide humanitaire d’urgence ? - cise et rapide, mais conçue dans un esprit de développement et reconstruc- tion. Les soins gratuits prodigués par des ONG après le séisme ont désta- bilisé le système de santé, acculant les cliniques à la faillite et aspirant le personnel médical. L’effet pervers est que les solutions provisoires tendent à perdurer. Par exemple, un milliard de dollars a été dépensé dans les «shel- ters», des abris, au lieu d’investir dans des solutions pérennes. A chaque fois, dans les médias, l’accent est mis sur l’intervention étrangère, parfois menée avec des méthodes discutables, voire hon- teuses. Des bouteilles et des conte- neurs d’eau potable ont été importés à grands frais du Canada alors que le pays ne manquait pas d’eau, les télés ont montré des hélicoptères larguant des sacs de nourriture sur des villages comme on jette de la nourriture à des chiens. A côté de ça, on oublie qu’il y a eu beaucoup d’efforts fournis par la pop- ulation elle-même. La solidarité a été à Port-au-Prince, tout était cassé, et pourtant j’ai pu manger quatre jours dans la rue sans débourser un sou. La cuisine était faite de façon collective, les réserves mises en commun. En deux semaines, 694 000 personnes ont quitté la capitale et ce déplace- ment massif a été absorbé par les zones rurales. L’économie paysanne a eu la capacité de recevoir, nourrir, loger tous ces gens. Où en est la reconstruction d’Haïti aujourd’hui ? La reconstruction est lente, très lente. Cinq ans après, on sent encore les effets de la déstabilisation du d’expatriés après le séisme. Les loyers ont explosé, des maisons se louaient à des prix exorbitants, jusqu’à 4 000 dollars par mois à Port-au-Prince. Les habitants ont eu beaucoup de mal à se reloger à des prix normaux. Il y a tou- Un chiffre sous-estimé, car il ne tient pas compte des gens qui sont tou- jours hébergés par de la famille ou qui vivent dans un habitat indécent, dans des quartiers qu’on refuse de quali- des maisons fragilisées par le séisme. L’habitat répond à une logique col- lective, une cuisine commune et des espaces privés, la construction éclatée est adaptée à l’environnement. A part quelques expériences isolées, la plu- part des programmes de reconstruc- tion ont été faits selon des modèles occidentaux, sans tenir compte du terrain, du climat, des matériaux dis- ponibles localement, et de la culture locale. Quel conseil donneriez-vous aux autorités de Katmandou et aux pays donateurs ? Jusque-là, il semble que l’on n’a rien appris de l’expérience d’Haïti. Il faut que le Népal organise la reconstruc- tion, crée des réseaux et des fédéra- tions au niveau national. L’Etat doit garder des éléments de contrôle et des leviers de décision. Il ne doit pas hésiter à faire pression pour dénoncer ce qui ne va pas, mais aussi proposer des solutions en coordination avec l’économie et la culture populaires, qui s’appuieront sur l’expertise et le savoir-faire locaux. Il doit être con- scient des rapports de pouvoir et éviter que d’autres mettent la main sur le pactole. La reconstruction du Népal doit être un projet conçu et dirigé l’expérience accumulée au cours de plusieurs millénaires. Pour Camille Chalmers, économiste haïtien, «la reconstruction du Népal doit être un projet conçu et dirigé par les Népalais» : en Haïti, après le séisme de 2010, elle a échappé au pays. Il y a cinq ans, c’est sur Haïti que les promesses pleuvaient. Camille Chalmers, économiste et professeur à l’université d’Haïti, dresse le bilan de la reconstruction de son pays et appelle à ne pas répéter au Népal les mêmes erreurs. Alors que la conférence des donateurs, réunie jeudi dernier à Katmandou, a promis 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) sous forme de dons et de prêts pour reconstruire le pays deux mois après le tremblement de terre qui a tué près 9 000 personnes et détruit 500 000 logements.
  • 5. Haïti se dote à présent de sa politique pharmaceutique. Présenté officiellement à l’hôtel Marriott le mardi 30 juin, ce document se veut un outil visant à réformer et à moderniser le secteur pharmaceutique en s’attaquant notamment au phénomène de la contrefaçon et de la vente illicite des produits pharmaceutiques. C ’était prévisible. Ce sujet fait partie des préoccupations majeures contenues dans la politique pharmaceutique nationale. Mais la solution semble n’être pas pour demain. Intervenant sur la question, la ministre de la Santé publique et de la Population, le Dr Florence Guillaume Duperval, estime que la prise de conscience citoyenne est l’arme la plus adaptée pour lutter contre la vente illicite des produits pharmaceutiques et les médicaments contrefaits. L’usage de la force, pré- cise-t-elle, ne peut être l’unique arme de dissuasion. Il ne conduira qu’à des solutions provisoires. Et de fait, on a assisté à des résultats éphémères produits par les mesures coercitivesprisesparlegouvernement haïtien pour combattre ce fléau. La Justice haïtienne, via le commissaire du gouvernement, rappelle le Dr Guillaume, avait procédé à la fermeture de 66 pharmacies et de points de vente illicites de médicaments. Pourtant les grandes artères de la capitale pullulent de ces marchands ambulants, vendant en toute impunité des produits pharmaceutiques de toutes sortes. Le problème est très complexe, souligne, Madame Duperval. Il est aussi présent, fait-elle remarquer, sur les étagères pharmaceutiques et dans les véhicules de transport en commun. Tout en misant gros sur la prise de conscience individuelle, la Ministre interpelle aussi les politiques. Elle invite, à cet effet, les parlementaires à voter toutes les lois en souffrance destinées à régulariser le système de santé en Haïti de manière générale. La réglementation du prix des médicaments s’inscrit aussi parmi les axes majeurs de la politique pharmaceutique nationale. Le responsable de l’OPS/OMS en Haïti, le Dr Jean-Luc Poncelet, fait remarquer à ce propos qu’il faut deux dollars américains par habitant, soit 20 millions de dollars par an pour couvrir les besoins en médicaments de la population. Or les études réalisées par l’Onu révèlent qu’un Haïtien vit avec moins de deux dollars américains par jour. Abondant dans le même sens, la ministre de la Santé estime que, dans le cadre d’une approche multidimensionnelle de la question, les conditions socio-économiques précaires de la population doivent être prises en compte. La politique pharmaceutique nationale intègre la médecine tra- ditionnelle dans ses grandes orien- tions. Mais l’approche tend vers l’économique. Il s’agit de promouvoir et renforcer la production nationale en fabriquant des médicaments à base de plantes naturelles locales. Rappelons que le professeur Leslie Manigat, de regrettée mémoire, figure parmi les penseurs haïtiens qui ont toujours porté un intérêt particu- lier à la médecine traditionnelle en Haïti. À savoir comment celle-ci peut contribuer au développement de la médecine scientifique. Ce document aborde, entre autres, les mécanismes visant à garantir la disponibilité et la qualité des médi- caments, ce, depuis l’importation jusqu’à la mise en vente sur le marché. Le Premier ministre Évans Paul, présent à la cérémonie de lancement dudit document, a rap- pelé à ce propos les obligations de l’État envers ses citoyens. Il brandit ainsi la Constitution haïtienne en son article 19 qui fait injonction à l’État de garantir le droit à la vie, la santé et le respect de la personne humaine. Outil à prétention de réformer le secteur pharmaceutique, ce document de politique nationale est l’aboutissement d’une série de réflexions vieilles d’une vingtaine d’années, engagées entre différents secteurs de la vie nationale. HAÏTI/SANTÉPUBLIQUE Pour combattre la vente illicite des produits pharmaceutiquespar Jean Michel Cadet MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 5 ACTUALITÉ La ministre de la Santé publique et de la Population, Dr Florence Guillaume Duperval. / Photo : J.J. Augustin
  • 6. Confusion ou impéritie ? Le ministre des Affaires étrangères et des Cultes par intérim, Lener Renaud, a appelé, le mardi 30 juin 2015, à l’adoption d’un protocole de rapatriements entre Haïti et la République dominicaine. Le ministre Renaud s’adonnait à une activité de propagande autour de son bilan à la chancellerie haïtienne, dont il assume l’intérim. Pourtant, il existe un document sur le mécanisme de rapatriements entre les deux pays depuis le 2 décembre 1999. Et les organisations de la société civile ne cessent de réclamer son application. A près avoir cassé l’élan de solidarité internationale, si bien imprimé, dans le cadre de ce dossier, Lener Renaud maintient la volonté des autorités gouvernementales haïtiennes de dis- cuter avec leurs homologues domini- cains. La diplomatie haïtienne veut conjuguer deux stratégies. Au niveau bilatéral d’abord et au niveau multi- latéral ensuite pour tenter d’obtenir cet accord. « L’affaire est désormais au niveau bilatéral », a insisté le chancelier. Car, pour lui, si nous n’avons pas le proto- cole de rapatriements nous sommes perdants, parce que c’est cet accord qui déterminera le comment faire du rapatriement. Aussi, il croit que le multilatéral ne peut accoucher d’un protocole si, au niveau bilatéral, une solution n’est pas trouvée. Et pour Lener Renaud, cette solution passe indubitablement par le protocole de rapatriements. Le ministre a, par ailleurs, annoncé qu’une offensive diplomatique était en cours, au niveau de la Caricom, de l’organisation des États américains (OEA) et des autres instances interna- tionales concernées par la situation de nos compatriotes en difficulté en territoire voisin. Reconnaissant que la République dominicaine a le droit d’appliquer une politique migratoire sur son ter- ritoire, Lener Renaud a également insisté sur le fait que l’État haïtien était dans l’obligation de recevoir les compatriotes en « difficulté migra- toire » en terre étrangère. Cependant, celui qui a hérité d’un double porte- feuille ministériel (Affaires étrangères et Défense) soutient que les auto- rités haïtiennes ne sont nullement disposées à recevoir des étrangers ou Dominicains d’ascendance haïtienne. Le bilan... Vertement critiqué pour sa mécon- naissance du dossier et une gestion jugée approximative par les organ- ismes de défense de droits humains, le ministre Renaud s’est aussi plaint d’avoir hérité d’un problème qui existait depuis longtemps entre les deux pays. Lequel se traduit, depuis environ deux semaines, par un flux incessant de personnes déportées sur la ligne frontalière. Une situation dénoncée par de nombreuses entités internationales comme une violation caractérisée des droits humains. Pour éviter ce cas de figure, différ- entes rencontres ont été tenues avec les responsables dominicains, rap- porte Lener Renaud, qui explique s’être entretenu, peu de temps après son installation, avec le chancelier dominicain, Andrés Navarro. Une ini- tiative qui lui a permis d’introduire la demande de revisiter la question migratoire. Ainsi, le 27 mai 2015, les deux hommes se sont, de nou- veau, rencontrés à la chancellerie dominicaine, en prévision du 17 juin qui devait marquer la fin du Plan national de régularisation des étrang- ers (PNRE). Le 7 juin 2015, accompagnée d’une forte délégation, Andres Navarro s’est rendu à l’hôtel El Rancho, pour dis- cuter avec son homologue haïtien de la politique migratoire dominicaine. Les discussions ont été marquées par la garantie donnée par le chancelier dominicain qu’ « il n’y aurait pas de déportations massives ». Incessamment, le protocole migra- toire, cher au ministre des Affaires étrangères, aurait été soumis aux autorités dominicaines, sur lequel deux commissions, une de chaque côté, devait travailler ensemble. Cette séance de travail n’a jamais eu lieu, déplore M. Renaud qui évoque la non- formation de la commission devant représenter la République domini- caine par l’immigration de ce pays. Monsieur Jose Ramon Fadul, min- istre dominicain de l’Intérieur, con- trairement à ce qui a été prévu, a annoncé, quelques jours après, qu’il était prêt à appliquer les règlements et les déportations. Une démarche qui aurait laissé stupéfait le ministre Renaud, qui a constaté impuissant, le début effectif de ces déportations, en violation, dit-il, des conclu- sions des différentes négociations avec le chancelier dominicain Andres Navarro. HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION Lener Renaud : un chancelier désorientépar Lionel Edouard Procès-verbal UneréuniondehautsfonctionnairesdelaRépubliqued’HaïtietdelaRépublique dominicaines’esttenuedanslavilledeSantoDomingo,capitaledelaRépublique dominicainesurconvocationspécialedeleursExcellencesMessieurslesprésidents delaRépubliqued’HaïtietdelaRépubliquedominicaine.M.RenéPrévaletleDr LéonelFernandezrespectivement,etinauguréparleschanceliersdelaRépublique dominicaineetdelarépubliquehaïtienne,DrEduardoLatorre,etM.FritzLongchamp respectivement,ainsiparlelieutenantgénéralManualdeJesusFlorentinoy Florentino,secrétairedesForcesarméesdominicainesetparM.PierreDenizé,Directeur généraldelaPolicenationalehaïtienne,etlesdeuxpartiessontconvenuesdecequi suitàproposdesmécanismesderapatriementdesressortissantshaïtiensensituation illégalesurleterritoiredominicain. Ciannexéelalistedesparticipants. Legouvernementhaïtienreconnaîtquelegouvernementdominicainaledroitlégitime derapatrierlesressortissantshaïtiensensituationillégalesurleterritoiredominicain, envertudequoilespartiesconviennentdecequisuitpouraméliorerlaprocédurede cesrapatriements: a)Lesautoritésdominicainesdemigrations’engagentànepasréaliserderapatriement pendantlanuit,c’est-à-direentre18heureset8heuresdumatin,iln’yaurapasnon plusderapatriementlesdimanchesetjoursfériésdesdeuxpays,exceptéde8heuresà midi. b)Lesautoritésdominicaineséviterontdeséparerlesfamillesnucléaires(parentset enfantsmineurs)dansleprocessusderapatriement. c)Lesautoritésdominicainesdemigrations’engagentàeffectuerlesrapatriements àdestinationduterritoirehaïtienexclusivementauxpostesfrontièresdeMalpasse/ Jimani,Ouanaminthe/Dajabon,Belladères/EliasPinasetAnse-à-Pitres/Pedernales. Desoncôté,legouvernementhaïtiens’engageàrenforceret/ouinstallerdespostes d’inspectionmigratoireàcesendroitsdelafrontièrequidevrontaccueillirlesrapatriés. d)Lesautoritésdominicainesdemigrationrespectentlesdroitsdelapersonne inhérentsauxrapatriésetadopterontdesmesuresconcrètespourquelesrapatriés puissentemporterleurseffetspersonnelsetpournepasretenirlesdocuments personnelsdurapatrié,saufsicesdocumentsprésententdel’avisdecesautorités,des vicesdelégalité.Danscecas,ilsserontretenusetenvoyésultérieurementàlamission diplomatiquehaïtienneenRépubliqueDominicaine. e)Lesautoritésdominicainesmigratoiresremettrontàchaquerapatriéunecopiedu documentindividuelquicontientsonmandatderapatriement. f)Lesautoritésdominicainess’engagentàcommuniqueraupréalableetdansundélai raisonnableleslistesdespersonnessetrouvantdansleprocessusderapatriementaux autoritésdiplomatiquesouconsulaireshaïtiennesaccréditéesenterritoiredominicain. Ellespourrontexercerleursfonctionsd’assistanceconsulaire. g)Lesautoritéshaïtiennesinstallerontdespostesdecontrôlemigratoirelelongdela frontièrehaïtiano-dominicaineafind’éviterlefluxillégaldeleursressortissantsversla Républiquedominicaine. Faitendeuxoriginaux,enespagnoletenfrançais,lesdeuxfaisantégalementfoi,le deuxdécembremilleneufcentquatre-vingt-dix-neuf(1999). PourlaPartiehaïtienne............................ PourlaPartiedominicaine GuyG.LAMOTHE ....................................... WenceslaoGuerrero-PouCambier Chargéd’Affairesa.i. ............................... AmbassadeurchargédelaDivision Ambassaded’Haïti.........................................desAffairesHaïtiennesdelaSecrétairerie d’EtatdesRelationsExtérieures. PROTOCOLED'ACCORDENTRELARÉPUBLIQUED'HAÏTIETLARÉPUBLIQUEDOMINICAINESURLEMÉCANISMEDERAPATRIEMENT 6 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 ACTUALITÉ » suite de la première page
  • 7. Délégation Haïtienne 1- Jean C. AUGUSTAVE, chef du Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères 2- Guy G. LAMOTHE, chargé d’Affaires a.i. d’Haïti en république Dominicaine 3- Pierre DENIZE, Chef de la Police Nationale 4- Lubrenne BIEN –AIME, directeur général du Ministère de l’Intérieur 5- Jean Ricot DORMEUS, Directeur des Affaires Politiques/ Ministère des Affaires 6- Madsen CHERUBIN, Ministre Conseiller 7- Jeanne BERNARD-PIERRE, Directeur Général du Service de Migration Etrangères 8- Edwin PARAISON, Consul à Bara- hona 9- Jean Baptiste BIEN-AIME, consul à Dajabon Délégation Dominicaine 1- Lic Wenceslao Guerrero-Pou Cambier, Ambassadeur, chargé de la Division des Affaires Haitiennes 2- Lic. Danilo Diaz, Directeur Général de la Migration 3- Lic. Rosario Graciano, sous Secré- taire des Relations Extérieurs pour les Affaires Consulaires 4- Gral. Rafael Melido Marte Hoffiz SousChef de l’Armée Nationale 5- Lic. Manuel Tapia Cunillera, Sous Secrétaire d’Etat de l’intérieur et de la Police 6- Lic. Ivan Pena, Sous Directeur de la Migration 7- Lic. Ima Nicasio, Sous Secrétaire d’Etat de la Femme 8- Lic. Campos S. De Moya Fernan- dez, Président du Conseil National de la Frontière 9- Lic. Hector Abreu, Conseil Eta- tique du Sucre (CFA) 10- Lic. Silvio Herasme Pena, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République dominicaine à Haiti 11- Lic. Carlos A. castillo A. consul général de la république dominicaine à Port- au-Prince, Haïti. Membres des délégations Haïtiennes et Dominicaine participant à la réunion spéciale sur les mécanismes de rapatriement Décembre 1999 À l’approche des élections, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a fait le point sur le rapport entretenu avec le Conseil électoral provisoire. Dans le proces- sus électoral, le Pnud dit appuyer l’institution électorale à trois niveaux. D’abord, par le renforcement des capacités de l’administration électo- rale en accompagnant le CEP à mieux se préparer aux élections. Dans ce cadre, le Pnud informe avoir utilisé la méthodologie BRIDGE (Bâtir des res- sources en démocratie, gouvernance et élections) qui met à la disposition du personnel de l’administration élec- torale toute une série de modules de formation dans le domaine de la ges- tion administrative, du renforcement de la thématique genre, de la connais- sance du cycle électoral, de l’inclusion aux élections pour les groupes vul- nérables. D’un autre côté, le Pnud intervient dans le cadre des opérations électorales en fournissant des équipements et outils informatiques pour le préenregistrement des candidatures pour les législatives, la présidentielle et les locales, ainsi que dans l’acquisition de matériels non sensibles, la production de matériels sensibles, l’acquisition d’équipements audiovisuels, de matériel de sensibilisation. En dernier lieu, cet organe de l’Onu donne un appui à la participation inclusive des femmes et des jeunes. Si le Pnud s’est impliqué dans les élections en Haïti depuis tantôt vingt ans, c’est en 2005, qu’il est devenu gestionnaire officiel du fonds d’appui au processus électoral sur la décision des bailleurs, en l’occurrence le gouvernement haïtien, le Brésil, le Canada, l’Union européenne et l’USAID. Dans cette perspective, l’organisme onusien a appuyé le processus électoral pour la présidentielle et les sénatoriales de février 2006, puis les municipales et les locales en décembre de la même année. En 2009, le Pnud a appuyé le processus électoral pour les sénatoriales, puis en 2010 et 2011 la présidentielle et les législatives. Alors que le CEP est l’institution légalement chargée de réaliser les élections, il n’a toutefois aucun contrôle sur la gestion des fonds destinés à l’organisation de ces joutes électorales. D’ailleurs, le Pnud n’est même pas redevable devant l’institution électorale. En ce qui a trait aux dépenses effec- tuées, le Pnud se dit redevable par- devant le gouvernement haïtien (le plus important contributeur à date) et cinq bailleurs internationaux (Brésil, Canada, Japon, UE, USAID) qui con- tribuent au financement du projet « Appui au cycle électoral en Haïti ». Le Pnud doit rendre des comptes à chacun d’entre eux sur le plan de la gestion des fonds, selon ce qu’ont fait savoir les responsables dans un docu- ment rendu public. Actuellement, précisent les diri- geants, les 44 millions disponibles dans le fonds fiduciaire provien- nent de la contribution de plusieurs bailleurs, dont le gouvernement haïtien, le premier contributeur, avec 13 825 609 dollars améri- cains, l’Union européenne qui a déjà apporté une enveloppe de 6 793 478 dollars, alors que l’USAID a contribué à hauteur de 11 500 000 dollars, le Canada 5 385 996, le Japon 4 500 000 dol- lars et le Brésil 3 000 000. Le Pnud dit ainsi attendre que d’autres engagements pris par des bailleurs soient concrétisés dans le cadre de l’accomplissement du processus électoral. Alors que le Pnud affirme avoir insisté sur le fait que le choix des élus et futurs dirigeants de ce pays relève de la souveraineté natio- nale, d’aucuns voient une grande contradiction, ne serait-ce que dans la gestion du fonds fiduciaire qui lui est confié au détriment du CEP. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 7 ACTUALITÉ ÉCHO Haïti, le ministre de l'Environnement à la Havane du 6 au 10 juillet Haïti sera présent à la 10e Convention internationale sur l’environnement et le développement qui se tiendra à la Havane (Cuba) du 6 au 10 juillet prochain. C’est ce qu’a annoncé Pierre Dominique, ministre de l’Environnement, qui a rencontré récemment Ricardo Garcia, Ambassadeur de Cuba en Haïti. La coopération entre les deux pays, l’échange d’expériences et de pratiques durables, le transfert des connaissances et la pleine inclusion de façon que les populations soient au cœur des préoccupations environnementales, seront au centre des discussions à l’occasion de ladite Convention internationale, a-t-on appris. 70% des bulletins de vote pour les législatives déjà imprimés 70% des bulletins de vote pour les législatives sont déjà imprimés à Dubaï, par la compagnie en charge. Ces bulletins concernent 4 départements : l’Ouest, le Nord- Ouest, le Nord-est et le Centre, a indiqué lundi, Philipe Augustin, directeur du registre électoral qui annonce en outre que les 38 millions de dollars nécessaires à l’organisation des élections législatives sont disponibles. CEP : 3e cargaison de matériels non sensibles arrivée à Port-au-Prince Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) informe qu’une troisième cargaison de matériels non sensibles pour les prochaines élections législatives, est arrivée à Port-au-Prince, le lundi 29 juin. Le CEP reçoit de son fournisseur basé en Afrique du sud un total de 15,727 kits électoraux. Ces acquisitions sont faites par l’entremise du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans le cadre de son projet Appui au Cycle Électoral en Haïti. Food for the Poor aide les rapatriés L’organisation de secours et de développement Food For The Poor (FFP) s’est engagée à soutenir 700 rapatriés dans deux zones reculées du département du Sud- Est à savoir Pascado et Tête-à- Eau. L’organisme commence à distribuer du riz, des chaussures, des réchauds à kérosène, des couvertures et des fournitures pour bébés. Six conteneurs de secours actuellement au port seront prêts à être distribués prochainement, selon les informations. Manifestation à la Gonâve contre le PSUGO Les propriétaires et directeurs d’écoles impliqués dans la mise en œuvre du programme PSUGO ont manifesté lundi à la Gonâve. Ils rejettent les informations faisant croire qu’ils ont reçu de l’argent du ministère de l’Éducation nationale. Les examens officiels se déroulent normalement, cependant les manifestants menacent de bloquer l’ouverture des classes au cas où le ministre Manigat n’aurait pas fait le nécessaire. HAÏTI/ÉLECTIONS/PNUD Le Pnud gère au prix fort le budget du CEP par Noclès Débréus » suite de la première page
  • 8. 8 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 MONDE L e président américain Barack Obama et son homologue brésilien Dilma Rousseff ont appelé mardi à Washington à la conclusion d’un accord mondial “ambitieux” sur le climat à Paris en décembre, en s’engageant à faire une plus grande place aux énergies renouvelables. Dans un communiqué commun, les deux dirigeants soulignent que les engagements des pays sur leurs émissions de gaz à effet de serre devront être « régulièrement actu- alisés » dans les années à venir en gardant à l’esprit l’objectif de la communauté internationale: limiter la hausse du réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Les deux pays s’engagent en par- ticulier à faire passer à 20 % d’ici 2030 la part des énergies renouv- elables (hors hydroélectricité) dans leur production totale d’électricité. En 2014, ce chiffre était de 7 % pour les Etats-Unis. « C’est en engagement audacieux », a souligné Brian Deese, conseiller de M. Obama pour le climat. « Il reflète les progrès enregistrés au cours des dernières années sur le coût des énergies renouvelables, essentiellement sur le solaire et l’éolien ». Le Brésil met par ailleurs en avant un objectif de « restauration et reforestation » de 12 millions d’hectares d’ici 2030. Le Brésil n’a pas encore présenté ses objectifs post-2020 sur ses émissions de gaz à effet de serre. Les Etats-Unis, de leur côté, ont annoncé un objectif de réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions d’ici 2025 par rap- port à 2005. Premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine a de son côté confirmé mardi son engagement, annoncé fin 2014 lors d’une visite de M. Obama à Pékin, de plafonner ses émissions de CO2 à l’horizon 2030. Lundi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a estimé que le rythme de la négociation onusienne était « beaucoup trop lent ». « Cela avance à une allure d’escargot », a-t-il déploré. M. Obama et Mme Roussef affichent par ailleurs leur volonté de « tra- vailler ensemble » à mobiliser les fonds nécessaires pour favoriser la transition vers les sources d’énergie à faibles émissions de carbone. Dimanche à l’ONU, le Brésil, la Chine, l’Inde, et l’Afrique du Sud se sont déclarés déçus que les pays riches ne puissent pas tenir leurs engagements d’aider les pays pauvres face au changement clima- tique. Les pays développés s’étaient entendus en 2010 pour mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 en faveur des pays les plus pauvres afin qu’ils puissent s’adapter aux conséquences du changement climatique et réduire leurs émissions polluantes. Obama et Rousseff appellent à un accord mondial « ambitieux » sur le climat Sources : afp Le président américain Barack Obama et son homologue brésilien Dilma Rousseff . / Photo : brasilpostcombr Au moins 116 morts dans le crash d'un avion militaire Sources : afp INDONÉSIE A u moins 116 personnes ont péri mardi en Indonésie dans l’accident d’un avion militaire qui s’est écrasé sur une zone habitée de Medan, grande ville de l’île de Sumatra. DAu moins 116 personnes ont péri mardi en Indonésie dans l’accident d’un avion militaire qui s’est écrasé sur une zone habitée de Medan, grande ville de l’île de Sumatra, tuant ses 113 occupants et des personnes au sol. L’avion, un Hercules C-130 vieux de 51 ans, avait décollé à 12H08 d’une base militaire et s’est écrasé dans la ville deux minutes plus tard, à environ 5 km de cette base, explos- ant dans une boule de feu, a déclaré un porte-parole de l’armée, Fuad Basya. L’appareil transportait 12 membres d’équipage et 101 passag- ers, a déclaré dans la soirée le chef de l’armée de l’air, Agus Supriatna, indiquant qu’aucun des occupants n’avait survécu. «Non, non. Pas de survivants. Je reviens tout juste du site», a-t-il dit. Jusqu’à présent, 84 corps ont été retirés des décombres et transférés à la morgue d’un hôpital de Medan, a indiqué l’hôpital. De nombreux passagers de l’avion seraient des membres de familles de militaires et des femmes, a déclaré de son côté un porte-parole de la base aérienne de Medan, d’où l’avion avait décollé. Au moins un enfant figure parmi les victimes. Des bâti- ments proches du lieu de drame ont été sérieusement endomma- gés et des véhicules broyés par le crash de l’appareil dans une zone nouvellement construite. L’agence locale de recherches et de secours a indiqué que trois personnes au sol avaient été tuées, mais le bilan pourrait encore s’alourdir. Les opérations de secours se poursuivaient dans cette zone nouvellement construite, où des ambulances sont arrivées rapide- ment, tandis que de nombreux habitants souvent anxieux ont afflué sur place. L’avion a rencon- tré des problèmes peu après son décollage : «le pilote a demandé à retourner à la base, ce qui signifie qu’il y avait une panne», a déclaré M. Supriatna, soupçonnant «un problème de moteur». L’appareil, construit en 1964, était «en très bon état», a cependant ajouté le chef de l’armée de l’air. Il devait acheminer du matériel militaire vers d’autres bases. Deuxième catastrophe à Medan «J’ai vu l’avion dans la direc- tion de l’aéroport, et il était déjà incliné, ensuite j’ai vu de la fumée s’échapper», déclare Januar, un habitant du secteur. Un autre témoin de la scène a indiqué avoir vu depuis une fenêtre de son tra- vail l’appareil voler très bas avant de s’écraser : «c’était effrayant», a dit Novi, qui s’est précipitée sur les lieux du drame comme des dizaines d’autres personnes se trouvant à proximité. Le président indonésien, Joko Widodo, a exprimé sa peine dans un tweet : «Que les familles puis- sent faire preuve de patience et que de la force leur soit accordée». C’est la deuxième fois que Medan est tou- chée par une catastrophe aérienne. En 2005, un avion de la compag- nie locale Mandala Airlines s’était écrasé peu après son décollage dans une zone densément peuplée, fai- sant au moins 150 morts au total. D’autres accidents d’avions mili- taires se sont produits par le passé en Indonésie. L’archipel affiche un bilan médiocre en matière de sécu- rité aérienne militaire et civile. En avril, un avion de chasse F-16 avait pris feu au moment du décollage sur une base militaire à Jakarta, contraignant le pilote à sauter de l’appareil en flammes. Il s’en était sorti avec des bles- sures légères. En décembre 2014, un avion de la compagnie AirAsia s’était abîmé en mer de Java une demi-heure après son décollage de la ville de Surabaya, en direction de Singapour, tuant les 162 per- sonnes à son bord, pour l’essentiel des Indonésiens.
  • 9. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 9 MONDE U lcérés par les propos mépri- sants envers les Mexic- ains, les organisateurs du concours Miss Mexico ont renoncé à participer au concours Miss Univers dont est copropriétaire le magnat des médias. Plusieurs chaines de télévisions ont également rompu leurs relations avec lui. Donald Trump commence à payer ses provocations. Les organisa- teurs du concours Miss Mexico ont renoncé à participer au concours Miss Univers pour dénoncer les remarques « racistes » de Donald Trump, candidat républicain à la présidence américaine et copro- priétaire du concours. Cette annonce intervient après le scandale provoqué par les propos tenus par le milliardaire sur les migrants mexicains qui « appor- tent avec eux la drogue » et « le crime » et « sont des violeurs ». « En tant que Mexicaine, je me sens très offensée et en colère, comme tout le monde », a écrit sur son compte Twitter l’ancienne Miss Univers mexicaine Lupita Jones, actuelle directrice du concours national de beauté mexicain, Nues- tra Belleza Mexico. Le retrait d’un pays d’Amérique latine est un coup dur pour la compétition sur un continent où le concours reste très populaire et souvent source de fierté nationale. Miss USA doit avoir lieu le 12 juillet, tandis que Miss Univers 2015 avait eu lieu en janvier. NBC, Televisa et Univision mettent fin à leurs relations commerciales avec Trump Lundi, la chaîne américaine NBC a annoncé qu’elle rompait ses relations avec le milliardaire et qu’elle ne diffuserait pas non plus le concours de Miss Univers et Miss USA. Un peu plus tard, Televisa, plus grande chaîne hispanophone au monde, a aussi fait savoir dans un communiqué qu’elle mettait fin à ses relations commerciales avec Donald Trump. Auparavant, Univision, le premier réseau de chaînes hispaniques aux Etats-Unis, avait annoncé, jeudi dernier, une mesure similaire. Aux Etats-Unis, 700 000 per- sonnes ont signé une pétition pour demander à la chaine de grands magasins Macy’s de mettre un terme à ses relations commercia- les avec le magnat. Après les propos racistes de Donald Trump, les Miss mexicaines boycottent son concours Sources : LEXPRESS.fr L e Jewish People Policy Insti- tute, un think-tank israëlien, a publié vendredi 26 juin de nouveaux chiffres sur la pop- ulation juive mondiale. Il y aurait désormais 14,2 millions de personnes juives dans le monde. Nombre qui peut être réévalué à 16,5 millions « quand on prend en compte les indi- vidus ayant un parent juif et les autre s’identifiant comme en partie juif», comme le relève Associated Press. Cela correspond au niveau de la popu- lation juive à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, avant que les nazis ne tuent lors de l’Holocauste presque six millions de Juifs. Parmi les facteurs de cette nou- velle augmentation de popula- tion, il y a bien sûr la croissance naturelle, notamment en Israël, où le taux de fécondité est l’un des plus élevé du monde occidental. Mais ce n’est pas tout, ajoute AP: «C’est aussi lié à la croissance des « modèles changeant de l’identification juive ». Il est dit que 59 % des enfants aux États-Unis ayant un parent juif s’identifient maintenant comme juif, en majorité.» Affirmation de l’identité juive Selon le président de l’institut, Avinoam Bar-Yosef, ce change- ment de comportement est cer- tainement dû au fait que les juifs américains estiment qu’il est plus «respectable» d’être juif aujourd’hui qu’il y a dix ans. Les voyages organisés en Israël pour les jeunes auraient égale- ment un impact sur l’affirmation de cette identité. Hors Israël, parmi les pays où l’on compte la plus forte présence juive, on trouve les États-Unis, largement en tête avec 5,7 mil- lions de personnes, puis la France (475 000), le Canada (385 000) et l’Amérique latine (383 500). Début avril, le Pew Research Center publiait déjà des estima- tions similaires mais pour dans trente-cinq ans et avec une méthode de calcul légèrement différente: « En 2010, il y avait environ 14 millions de juifs dans le monde. En 2050, la population juive pourrait atteindre 16 mil- lions. La part de la population mondiale juive, 0,2 %, devrait rester la même en 2050.» Au mur des lamentations, le 11 décembre 2012, à Jérusalem. | REUTERS /Ammar Awad Donald Trump au côté de Miss USA en 2013 à Las Vegas. / afp.com/Ethan Miller Il y aurait désormais près de 14,2 millions de juifs dans le mondeSources : Vincent Manilève, slate.fr LAPOPULATIONJUIVEAPPROCHESONNIVEAUD’AVANTL’HOLOCAUSTE
  • 10. 10 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 ÉCONOMIE L'insoutenable lourdeur du MARNDR Par HENRI ALPHONSE Le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) est chargé de la définition et de la mise en œuvre de la politique du secteur économique du gouvernement haïtien dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, des ressources naturelles renouvelables et du développement rural. Le pourra-t-il un jour ? U n certain nombre de diffi- cultés et contraintes entra- vent les interventions du MARNDR sur le terrain. Bien que depuis longtemps iden- tifiées, elles ne bénéficient point, aujourd’hui encore, de cette véritable prise en charge nécessaire à la mise en marche de notre appareil productif agricole. Comment dans ces condi- tions améliorer l’offre de l’ensemble des services dont les agriculteurs ont besoin, gérer les ressources naturelles et veiller au respect du Code rural ? Les contraintes La principale entité publique agricole, comme on le sait, est garante – du moins sur papier - de l’offre durable des services d’appui à l’agriculture. Pour atteindre ses objectifs, elle gère tant bien que mal un dispositif décliné en onze directions et trois sous- directions départementales. Sans compter les diverses institutions autonomes placées sous sa tutelle. Sur le terrain, une quarantaine de Bureaux agricoles communaux (BAC), répartis dans les onze départements géographiques du pays, sont censés relayer un dynamisme qui fait aujourd’hui complètement défaut. Le moins qu’on puisse en dire est qu’ils ne sont que opérationnels parce que ne bénéficiant guère des moyens de leur mission. La première contrainte identifiée par les experts serait son incapacité à planifier et à piloter ses interventions sur le terrain. La coordination est déficiente et le processus de suivi-évaluation semble ne pas faire partie de son vocabulaire. Plus de la moitié de ses 2,000 employés, fonctionnaires et contractuels, se retrouve dans les services déconcentrés, mais reste sous-utilisée. L’état-major des ingénieurs-agronomes ne peut compter sur les techniciens, ces cadres – tant attendus – de niveau intermédiaire auxquels seraient confiées les différentes phases – essentielles – d’un travail de proximité avec les producteurs agricoles. La situation n’est pas meilleure pour les organismes sous tutelle, entre autres, l’Institut national de la réforme agraire (INARA), l’Office de développement de la Vallée de l’Artibonite (ODVA) – l’Institut national du café d’Haïti (INCAH), le Bureau de crédit agricole (BCA) – un perpétuel pied de nez aux producteurs – et la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA). Cette dernière entité, véritable « oiseau de mauvais augure » malgré elle pour des communautés déjà affamées, ne cesse – depuis quelque temps d’attirer l’attention des décideurs sur la nécessité de concevoir une politique publique susceptible de faciliter l’adoption et l’application de mesures structurelles accommodantes. Autrement dit, l’accompagnement des investissements productifs en lien avec la maitrise de l’eau et la protection de l’environnement. Objectif principal : éviter que la crise alimentaire ne devienne récurrente. Si le personnel du MARNDR est peu adapté aux besoins des producteurs parce qu’il est avant tout peu qualifié. Une étude sur le secteur agricole pour la relance de l’économie rurale (2005) le constatait. Dix ans plus tard, le problème reste entier. De nouvelles entités sont créées, mais le facteur humain y est souverainement négligé. Une telle situation explique bien le manque d’autonomie et de dynamisme des organisations sous tutelle. Seule exception à la règle : l’INCAH dont les initiatives – relativement satisfaisantes comparées à celles des autres entités - auraient du inspirer et même inciter les décideurs à œuvrer dans le sens de la promotion de la concertation en rassemblant autour d’une table les producteurs, le secteur privé traditionnel et les ONGs d’appui au secteur. Mieux vaut une table de concertation active dans les filières que … rien de réellement productif. La contrainte la plus grave reste ce que les experts qualifient de déphasage important entre la mission et les ressources. Le MARNDR se complait dans un positionnement axé sur la régulation et le pilotage du secteur, mais là encore, les résultats sont décevants. « L’essentiel de la prestation de services et la mise en œuvre d’investissements étant réalisée par les ONG, des organisations de producteurs et des structures privées », constatent amèrement les observateurs de la situation. Ce constat n’est pas nouveau. Et que fait le MARNDR pour corriger le tir ? Rien. « Il concentre ses efforts sur la gestion – mauvaise - des biens publics liés à l’agriculture, comme l’information, la protection sanitaire et la planification des interventions des différents acteurs (..) il en résulte un déphasage significatif entre la culture de l’institution et le mandat qui lui est confié ». Les difficultés et contraintes entravant le fonctionnement du MARNDR sont depuis longtemps identifiées. Faudra-t-il encore attendre qu’on les remette sur le tapis dans dix ans encore ? Faudra-t-il encore rappeler l’urgence d’accentuer les efforts sur la formation de « cadres spécialisés dans les domaines de la conception et de l’évaluation des politiques sectorielles, l’analyse de données, l’analyse des filières et dans le savoir-faire informatique en général » ? Ce serait faire œuvre qui vaille. Pour une fois. INVESTISSEMENTSPRODUCTIFS Le tourisme pour booster le développement local Sources : Source : Pro-Poor Tourism Partnership Les petites entreprises peuvent contribuer à l’offre de produits et services d’origine locale : quelques exemples qui ont fait leur preuve. À la Dominique, la société Dominica Coconut Products a commencé à fournir des savons à la noix de coco aux bateaux de croisière, à la suite d’une conversation personnelle entre son directeur et l’un des cadres de la compagnie maritime. • Stimuler la communication : les idées jailliront et les portes s’ouvriront ! En Barbade, la société Earth Mother Botanicals, qui fabrique et vend des produits de beauté faits à base d’herbes et d’aromates locaux et en provenance des autres îles, est le fournisseur exclusif de Sandy Lane Hotel & Spa.. •Appliquer la pensée latérale : les produits des fournisseurs locaux peuvent très bien convenir à votre hôtel. A Sainte-Lucie, les grands hôtels utilisaient les services de fleuristes locaux pour leur décoration florale et leurs bouquets. Malheureusement, les commerçants ont trouvé que les hôtels n’acquittaient pas assez promptement leurs factures, ce qui leur causa des problèmes de liquidité et freina le dével- oppement des liens qui se forgeaient. •Modifier les procédures de règlement des factures, de façon à ce que les petits commerçants puissent être payés rapidement. A Antigue, l’hôtel Curtain Bluff détient une liste de fournisseurs de produits locaux. Avant de passer des commandes aux grossistes en produits alimentaires, la société s’adresse d’abord aux fournisseurs locaux pour savoir s’ils disposent de produits équivalents. Cette façon de procéder, bien que plus lente, aide à donner à l’hôtel son cachet typiquement local. •Donner la première option aux fournisseurs locaux dans les marchés compétitifs, lorsque vous devez passer vos commandes. A Saint-Kitts, l’auberge Ocean Terrace Inn a un célèbre Chef cuisinier et Directeur du secteur Restauration, qui apprécie l’importance d’utiliser les produits locaux et de servir des amuse- gueules et des entrées de première classe. En conséquence, l’auberge est considérée comme une adresse de choix pour ceux qui veulent sortir dîner et, en même temps elle favorise le commerce avec les petits agriculteurs locaux dont elle achète les produits. •Les marchandises locales peuvent servir à créer des produits de première classe. Le ministère de l’Agriculture, comme on le sait, est garant de l’offre durable des services d’appui à l’agriculture /Photo: www.fastcoexist.com
  • 11. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 11 ÉCONOMIE L'accès au crédit en milieu rural en HaïtiSource : MARNDR PAGERETROUVÉE I l s’agissait de couvrir l’ensemble du pays suivant une progression en deux phases. Une première phase de deux années, dédiée aux activités de financement de la reconstruction suite au séisme du 12 janvier et par la suite trois années au cours desquelles l’intervention sera concentrée sur certains départe- ments. La zone de concentration sera déterminée au moment de la formu- lation détaillée de l’intervention, de même que la stratégie d’extension. Le coût estimé de ce projet est de 20 millions USD. Dans le contexte post séisme, le but visé par le MARNDR est de mettre en place un système de garantie des prêts agricoles doublé d’un système d’assurance crédit susceptible d’encourager les insti- tutions financières à augmenter le pourcentage de leur portefeuille consacré au crédit à la production agricole et à la transformation de cette production. L’objectif est de faciliter l’accès au crédit pour les populations vivant en milieu rural, de manière à susciter le développement de l’activité agri- cole et la création d’emplois. L’offre de crédit en milieu rural par le IMF non-coopératives est évaluée à un montant de 90 mil- lions de Gourdes par année ce qui représentait environ 20% du portefeuille de ces institutions. En 2008, les institutions finan- cières qui ont consenti des prêts au secteur agricole ont connu des pertes considérables suite aux quatre ouragans qui ont ravagé Haïti. Ces institutions ont indiqué qu’elles ne souhaitaient pas reve- nir dans le marché des prêts agri- coles à moins que des mécanismes d’assurances et de garanties ne soient mis en place afin d’atténuer les risques encourus. L’offre de financement rural est également assurée par le Bureau de crédit agricole (BCA) créé en 1959 et qui représente le prin- cipal outil de financement du secteur. Le montant annuel moyen des prêts à la production agricole distribué par le BCA est estimé à 15 millions de Gourdes, ce qui est largement inférieur à la demande. Contraintes Les contraintes majeures à l’offre de crédit rural peuvent se résumer comme suit : 1) la non-maîtrise des contraintes des ménages ruraux et des risques agricoles, 2) l’absence de dispositifs d’assurance et de couverture des risques de calami- tés ; 3) l’insuffisance d’actifs pouvant servir de collatéraux ; 4) la vulnérabilité et la précarité des exploitants agricoles à tous les niveaux : absence de sécurité foncière, risques climatiques, absence de protection sociale, faible d’accès aux services sociaux de base et 5) la faiblesse du cadre légal régissant les institutions financières et les garanties de crédit dans le secteur. Atouts Les principaux atouts sont : 1) Les banques communautaires et les mutuelles de solidarité démon- trent leur capacité à pénétrer les zones rurales et à offrir des services financiers de proximité ; et 2) L’existence d’associations regroupant des institutions de financement. Orientations politiques et stratégiques du sous secteur La nouvelle orientation du secteur vise à redonner un leadership à l’Etat à travers la création d’une institution nationale capable d’orienter les interventions dans le secteur crédit. Cette vision stratégique prône le partenariat avec les institutions financières privées et soutient l’élargissement du crédit au monde rural agricole. Elle vise également la refonda- tion du Bureau de Crédit Agricole (BCA) en une banque, la Banque haïtienne de crédit rural (BHCR). Il importerait alors de réaliser une évaluation préalable pour déterminer la meilleure structure à mettre en place et élaborer un plan d’affaire de l’institution. Cette nouvelle orientation intègre- rait les réflexions sur l’intégration de l’assurance agricole dans la stratégie nationale de développe- ment du crédit rural. Mise en place, les nouveaux instruments issus permettraient notamment le financement d’une gamme étendue d’activités dans le monde rural incluant des activités agricoles primaires (agriculture, pêche, aquaculture, élevage), l’agro transformation, la commer- cialisation agricole et des activi- tés productives non agricoles du monde rural. Le crédit sera associé à d’autres interventions qui vont contribuer à réduire les risques. Éléments de base à la formulation des mécanismes de financement Dans le contexte post séisme, le but visé par le MARNDR est de mettre en place un système de garantie des prêts agricoles doublé d’un système d’assurance crédit susceptible d’encourager les insti- tutions financières à augmenter le pourcentage de leur portefeuille consacré au crédit à la production agricole et à la transformation de cette production. L’objectif est de faciliter l’accès au crédit pour les populations vivant en milieu rural, de manière à sus- citer le développement de l’activité agricole et la création d’emplois. Pour atteindre cet objectif, il sera mis en œuvre une série d’activités qui seront structurées autour de quatre volets opérationnels : 1) le renforcement des capacités techniques en agriculture ; 2) la professionnalisation du secteur financier ; 3) l’atténuation des risques par la mise sur pied de mécanismes d’assurance agricole ; 4) l’appui à l’amélioration et au renforcement du cadre légal et réglementaire. Les dispositifs de facilitation de l’accès des groupes cibles au financement agricole seront mis en place sous forme d’un fonds de garantie des prêts à la pro- duction agricole, d’un système d’assurance crédit pour le secteur agricole et rural et d’un réseau national d’agents de crédit agri- cole et d’assurance. Ces instru- ments seront utilisés pour dével- opper au sein des intermédiaires financiers des services financiers pour faciliter l’accès aux intrants agricoles, au crédit pour le dével- oppement des activités d’élevage mais aussi pour l’accès aux équi- pements de production et de transformation. Dans la perspec- tive de la promotion de l’approche, ce volet apportera son appui à l’identification des filières agri- coles et agroalimentaires ayant un potentiel avéré pour la sécu- rité alimentaire, l’amélioration des revenus des producteurs et la croissance agricole. L’appui à l’amélioration et au ren- forcement du cadre légal et régle- mentaire sera mis en œuvre à trav- ers des activités de revue du cadre juridique régissant le secteur financier et son implication sur les nouvelles orientations ainsi que sur le mécanismes financiers envisagés pour faciliter l’accès des groupes cibles aux services financiers. Ce volet soutiendra les efforts nationaux en vue de la révision de ce cadre et sa mise en œuvre. L’appui institutionnel sera essentiellement orienté sur : 1) des activités de renforcement des capacités techniques du MARNDR et de ses structures décentrali- sées par l’assistance technique et la formation ; 2) la fourniture de moyens logistiques divers pour améliorer leurs capacités opéra- tionnelles. Qu’en est-il aujourd’hui. Et quelle évaluation, finalement ? Système de financement et d’Assurances agricoles en Haïti . Quid des résultats sur le terrain de ce projet, conçu et mis en œuvre au cours de 2009 à 2014 par le MARNDR, l’IICA, le DID et la Financière Agricole du Québec. Le coût estimé de ce projet était de 20 millions USD. Qu’en est-il (ndlr) ? Le MARNDR s’était engagé à mettre en place un système de garantie des prêts agricoles doublé d’un système d’assurance. / Photo: btaillefer.blogspot.com
  • 12. 12 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 ÉCONOMIE Evaluer comment le changement climatique affecte la sécurité alimentaire Par Xavi Fernández de Castro / IPS Au cours des 40 dernières années, Josephine Kakiyi, 55 ans, cultive du maïs, des haricots et des légumes sur son petit lopin de terre dans la région reculée de Kwa Vonza, dans le comté de Kitui, dans l’est du Kenya. Même si cette région a toujours été chaude et semi-aride, au cours des 15 dernières années, Kakiyi a remarqué que les précipitations ont baissé et sont devenues de plus en plus imprévisibles. AFRIQUE E lle ne sait pas exactement pourquoi cela se passe. La seule chose qu’elle sait avec certitude, c’est que “mainten- ant il est plus difficile de dire quand il va pleuvoir”. Mais les agriculteurs partout au Kenya, et dans la plupart des pays africains, sont confrontés à des problèmes similaires. Les experts du monde entier sont convaincus que les changements climatiques jouent un rôle majeur dans les difficultés auxquelles Kakiyi et des centaines de mil- liers d’autres fermiers sont con- frontés sur le continent. Selon le cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouver- nemental sur l’évolution du climat (GIEC), “il existe un consensus fort que les changements clima- tiques auront un impact négatif sur la sécurité alimentaire en Afrique”. Le rapport indique également que “les inondations, la sécheresse, les changements du temps et la quantité de précipitations, ainsi que des températures élevées associées aux changements cli- matiques pourraient affecter directement la productivité des cultures et du bétail”. Tous ces phénomènes, lorsqu’ils sont com- binés, peuvent facilement créer plusieurs crises sur un continent qui est censé voir sa population doubler pour atteindre 2,4 mil- liards d’ici à 2050. Le Rapport mondial sur l’état de l’insécurité alimentaire, publié cette année par le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA), estime qu’il y a environ 227 mil- lions de personnes sous-alimen- tées en Afrique - un cinquième de la population du continent. Pourtant, la prévalence de la mal- nutrition en Afrique a diminué de 27,7 pour cent en 1990 à 20,5 pour cent actuellement. Au Kenya, la sécurité alimentaire est une grande préoccupation pour au moins 10,8 millions de personnes, bien que la prévalence ait également diminué pour passer de 33 pour cent à 24,3 pour cent au cours des 25 dernières années. Mais ce sur quoi les experts ne s’accordent toujours pas, c’est le degré auquel les changements climatiques affectent la sécurité alimentaire. “Les changements climatiques constituent un facteur aggravant, pas la cause principale, de l’insécurité alimentaire et de la faim”, déclare à IPS, Randall Purcell, un conseiller principal à l’Unité de récupération du PAM au Kenya. “Le temps a toujours été chaud et sec dans les grandes régions du Kenya, ce qui rend le pays plus vulnérable aux sécheresse”. Toutefois, les dernières données scientifiques montrent qu’au cours des 15 dernières années “les sécheresses [arrivent] plus tôt et de manière plus imprévisible”, ajoute Purcell. “Avant, l’on pou- vait prédire qu’une grave sécher- esse [se produirait] tous les cinq à sept ans, aujourd’hui, c’est tous les trois ans”. Et la même chose s’applique aux précipitations. Le GIEC a prévu une légère aug- mentation des précipitations en Afrique de l’est, mais il s’attend aussi à ce qu’elles soient plus irré- gulières et sporadiques. Il devient donc plus difficile de dire quand, où, et quelle quantité de pluie tombera, comme l’on remarqué des agriculteurs comme Kakiyi. Luigi Luminari, un conseiller tech- nique à l’Autorité nationale de ges- tion de la sécheresse (NDMA), une organisation paraétatique créée en 2011 pour coordonner une réponse plus efficace aux épisodes de sécheresse périodiques et de périodes de sécheresse au Kenya, est convaincu que “les change- ments climatiques affectent les conditions météorologiques, mais nous avons encore besoin de plus de preuves”. Représentant de la FAO au Kenya, Luca Alinovi, aussi préfère être prudent et explique à IPS les difficultés que les scientifiques rencontrent lorsqu’ils lient les changements climatiques à leurs conséquences. “Dans la plupart des pays africains, la quantité de données solides sur la météo est très [limitée], il est donc très dif- ficile de dire avec certitude si un événement spécifique implique un changement structurel ou c’est seulement un cycle qui se répète toutes les quelques décennies. En outre, beaucoup de mesures ne sont pas effectuées avec des sta- tions au sol mais avec des estima- tions”, indique Alinovi. Indépendamment de ce que les données peuvent révéler, le fait est que le Kenya a souffert de trois grandes sécheresses depuis 2001 et le gouvernement kényan, en collaboration avec la Banque mondiale, l’Union européenne et les acteurs concernés, essaie de mettre en œuvre une nouvelle approche pour corriger la situa- tion. “La NDMA a mis en place un sys- tème d’alerte précoce au niveau des comtés pour faciliter la col- lecte des données environnemen- tales et socio-économiques afin que nous puissions activer nos plans d’urgence avant que les pires effets de la sécheresse n’apparaissent”, explique Lumi- nari. Mais la détection n’est que la moitié de la solution. L’autre moitié est basée sur la prévention. “Les changements climatiques peuvent être aussi une occasion, pas seulement une menace”, affirme Alinovi. “L’agriculture innovante offre beaucoup de solutions aux fermi- ers. Par exemple, si les précipita- tions sont plus irrégulières, vous pouvez trouver des moyens pour récolter l’eau et l’utiliser quand cela vous convient mieux; ou comme le maïs ne résiste pas à la sécheresse, vous pouvez com- mencer à planter d’autres cultures résistantes à la chaleur comme le sorgho ou le millet, qui peuvent fournir un bon chiffre d’affaires également”. Sur son lopin de terre d’environ 0,3 hectare, Kakiyi a commencé à utiliser des fosses zai, une tech- nique agricole exportée d’Afrique de l’ouest qui consiste à creuser des trous de deux pieds sur deux. Dans ces fosses, elle met un mélange de sable et de fumier pour aider à améliorer l’infiltration de l’eau de ruissellement des saisons des pluies. En utilisant cette technique, qui demande beaucoup de travail, mais pas cher, Kakiyi a pu accroî- tre la productivité de son lopin de terre de 10 fois. *Cet article fait partie d’une série parrainée par le Réseau des con- naissances sur le climat et le développement (CDKN). Les changements climatiques peuvent être aussi une occasion, pas seulement une menace. / www.objectif-developpement.frm
  • 13. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 13 SOCIÉTÉ À Port-au-Prince, tous les moyens sont bons. Peu importe le commerce, il faut à ces hommes et à ces femmes une subsistance quotidienne. Aussi arrivent-ils à prendre soin de leurs familles. Ils paient l’écolage et le loyer. « Il faut impérativement sur- vivre », ont-ils laissé entendre. Avec de gros ou de maigres bénéfices. Les marchandes de « krèm mayi » ne font pas exception à la règle. Qui ne connait pas ces hommes qui s’annoncent par leur musique ? Qui ne connait pas le fameux slogan : Banm youn, banm de, banm twa ? Si la musique est un nouvel élément de marketing dans ce commerce, depuis tantôt neuf ans, nous consommons (dégustons) ces crèmes à la glace qui proviennent de la République voisine. Jonas est dans la vingtaine. En plus d’être un écolier et un prédicateur au sein de son assemblée, il est aussi marchand ambulant de « krèm mayi ». Tous les matins, il quitte Degan, aux environs de Carrefour pour venir à Port-au- Prince. Son but (ses motivations) ? Aller à l’école et acheter des crèmes pour les revendre à travers les rues de la Capitale. En effet, avant de sillonner la zone métropolitaine, Jonas va à l’école. Pour lui, c’est important de faire les deux. S’instruire pour être quelqu’un formé intellectuellement et respectable ; apprendre à lire et à écrire avec l’espoir de pouvoir jouir un jour du prestige social et s’élever à un rang supérieur, s’avère important pour lui. Vendre ses crèmes pour pouvoir aider sa mère avec qui il vit. Pour lui, ce commerce est un gagne- pain qu’il ne peut en aucun cas abandonner : « Krèm mayi a banm kapasite ekonomik. Se avè l m ka peye lekòl mwen. Se avè l m ka manje, m ka ede manman m. Avan komès la, m pat ka fè sa ». Pourquoi la musique ? Jonas a justifié le choix de la musique pour diverses raisons. Il se souvient de l’année 2006. Année où l’on a remarqué une prolifération de marchandes dans la Capitale. « Nan epòk sa a, te gen kakofoni, raconte-t-il. Tout machann pase ansanm. Youn pa konn kilè pou yo pase nan yon zòn oubyen nan yon lòt. Mizik la ranje sa. Depi byen lwen ou ka tande si gen yon machann pou w pa pase ankò. » Pour lui, la plus grande raison est le rapport des Haïtiens à la musique, à l’ambiance. « Pèp la renmen an- byans. Yo renmen danse. Tank y ap tande mizik la, se tank y ap danse, se tank y ap achte krèm nan tou wi. Mizik la rale moun. Pa egzanp la a, moun nan te ka jis anndan lakay li, mizik la li tande a ka fè l soti vinn achte. ». Certains marchands jouent sur ce paramètre. Ils utilisent donc des chansons appréciées du public. Les derniers tubes comme certains morceaux de rabòday. La musique aide aussi les march- ands. Elle enlève leur stress quoti- dien et de plus, les aide à parcourir de grandes distances sans s’en rendre compte. « M ka sot Pòtay m al jis kafou Peyan, m pa wè sa non. Mizik la fè m bliye si wout la long, m bliye si solèy la cho. M pa janm santi m fatige.» Avoue-t-il avec un sourire timide. Quelle est la dynamique de ce commerce « Lontan, nou te konn achte krèm nan a 13goud edmi. Pou nou revann li kenz goud. Kounya akoz mizik la, krèm nan vann pi vit. Yo ban nou l a 10 goud. » Pour Jonas, la musique est la meilleure décision que le vendeur ait jamais prise. Tous les jours, certains marchands achètent une centaine de crème et reviennent payer à la fin de la journée. Parfois d’autres peuvent vendre plus d’une centaine. Avant, il fallait payer les instruments de musique et la brouette à la fin de la journée. « Yo te konn lwe yo 25 dola. Depi lè komès la ap mache a, yo ban nou l gratis. Men gen machann ki gen afè pa yo.» Après une longue journée, Jonas affirme qu’il peut rentrer chez lui avec un bénéfice qui varie entre 400 et 500 gourdes. Dépendamment de la journée et la façon dont la vente s’effectue. Avec cette somme, il peut se nourrir et nourrir les autres membres de sa famille. Pour Jonas, il y a une seule ombre au tableau : l’incapacité des Haïtiens. Selon lui, dans ce contexte où la République dominicaine rend apatrides des citoyens, il faudrait que nous cessions tout rapport commercial avec elle et lancer la production nationale. Quête de surviepar Stephanie Balmir Dans le contexte socio-économique où nous vivons, le quotidien demeure incertain. Avec un taux de chômage élevé, les revenus, s’il y en a, ne sont pas proportionnels au coût de la vie. Vivre est un exercice qui requiert de l’énergie et mille réflexions. À chaque coin de rue de Port-au-Prince, une marchande quelconque essaie de survivre au prix de grands efforts. Des matériels utilisés pour la vente de (Krèm mayi). / Photo : Stevenson Israel HAÏTISOCIÉTÉ/PETITCOMMERCE
  • 14. L ’angoisse, l’anxiété, la dépres- sion sont autant de senti- ments qui nous animent depuis le début de cette année d’incertitudes politiques et économiques. Tout le monde semble être lassé d’opiner sur l’inflation, l’insécurité, l’insalubrité, la dégrada- tion de l’environnement, la corrup- tion, la jeunesse en quête de repères, le chômage, le blackout, l’écart entre la pauvreté des uns et l’opulence des autres, le processus électoral, les comédies qui en résultent, et l’irresponsabilité de l’État. En voyant les titres des journaux, on devine les faits routiniers et désespérants qui servent de contenu aux articles de presse. Devant l’écran du téléviseur, on s’attend à voir les mêmes images inquiétantes. À l’écoute de la radio, on ne s’étonne plus d’entendre les mêmes voix débitant les discours creux et les promesses vaines des politiques. On a l’impression de vivre un arrêt du temps pour assister à la répétition d’une vie socioéconomique et politique contraire à la dialectique. La lassitude d’habiter un pays dont la régression est continuelle devient une pandémie. Pourtant, c’est le début de l’été qui devrait annoncer les festivités régionales et les instants de récréation. Une tradition qui ne devrait laisser personne indifférent. Mais, un été qui ne débute pas comme on l’aurait souhaité. C’est la dernière semaine des examens officiels. Les vacances s’annoncent pourtant sans enthousiasmer la jeunesse écolière et estudiantine. Encore moins les professionnels qui continueront à se rendre aux bureaux. Ceux qui iront en milieu rural n’auront pas d’autre choix, car ils sont dans les villes stressantes et angoissantes parce que leurs lieux de naissance n’ont pas d’infrastructures socioéconomiques qui les auraient permis d’y rester. Ils ne sont donc pas des citadins qui partiront en vacances. Mais, ils sont plutôt des gens qui fuiront le chaos de la vie urbaine pour retourner au bercail. Pour passer les vacances ? Pas certainement. Si au mot vacances il faut associer la joie, le bonheur, le partage, la convivialité et la découverte des lieux agréables de la campagne. Certes, cela ne veut pas dire qu’ils ne trouveront ni les plages, ni les rivières, ni les arbres fruitiers qui font les délices de quelques voyageurs saisonniers. Mais, on doute qu’ils aient l’enthousiasme de jouir de ces temps libres en raison de la précarité socioéconomique qui les affecte tous. Les vacances devraient être certainement la période des loisirs dont la consommation implique la disposition des temps libres et du pouvoir d’achat. Mais, tout le monde ne pourra avoir accès au loisir. Car, il y a, comme dirait Joffre Dumazdier, des consommateurs du loisir, des travailleurs du loisir, et des exclus du loisir. Alors, qui seront les vacanciers cette année ? Puisqu’il en aura. À quel été doivent-ils s’attendre avec ce vent d’incertitude qui souffle sur le pays à l’approche des élections dont nul n’est certain de la réalisation ? Les vacanciers seront sans doute les mêmes fêtards de l’été dernier. Il leur suffira de disposer d’un pouvoir d’achat leur permettant de satisfaire au maximum leurs besoins. Aux festivités champêtres, ils iront danser les mêmes bandes musicales, se mouiller aux plages ensoleillées et dans les rivières où demeurent les divinités ancestrales. Ce sera l’instant des bonnes dégustations : jus de noix de coco, tablettes de noix et de roroli, cabri grillé, et autres saveurs de la gastronomie spéciale du pays. Ils jouiront des après midi entre amis sur les galeries des maisons qui ornent certains quartiers des milieux ruraux. Ils parleront des villes comme de vieux souvenirs. Néanmoins, si pour ceux-ci, cette nouvelle période estivale sera l’occasion d’exprimer leur fierté d’être fils et filles de la terre d’Haïti, montrer leur appartenance sociale par une consommation ostentatoire en raison d’une fortune discrétionnaire ou par simple bovarisme, pour d’autres, ce sera un moment de vivre autrement l’exclusion sociale qui caractérise la société inégalitaire d’Haïti. Mais, on doit espérer que la paix règne jusqu’à la fin de l’été. Car, celle-ci est menacée par les contentieux politiques provoqués par l’écartement de certains candidats de la course électorale dont la réalisation reste incertaine. En effet, la décision du conseil électoral provisoire de retirer de la liste des candidats inscrits pour les prochaines compétitions électorale a créé des tensions politiques dont les issus ne sont pas déterminables. On peut s’attendre à n’importe quelle éventualité politique ayant pour effet de fragiliser la paix sociale et la concorde précaire entre les différents groupes sociaux du pays. Si les dénouements heureux des conflits politiques sont souhaitables à tous ceux qui aspirent à la construction et à la gestion d’une cité pour un vivre ensemble permanent, ils ne sont jamais prévisibles. La lutte politique demeure à certains égards un véritable jeu du hasard au cours duquel chacun espère miser sur la bonne case ou le bon numéro. Car, chacun voudrait gagner et voir perdre l’adversaire. Dans le cas actuel du pays, il faut souhaiter que tous les joueurs misent sur la case ou le numéro qui devrait sauver le pays de cet abime que tout le monde a creusé en permanence par l’incivisme, l’irresponsabilité, l’esprit du clan, l’irrespect des valeurs de la démocratie et l’oubli de l’intérêt de la nation. Le temps est, heureusement ou malheureusement selon l’usage dont on fait, irréversible. L’été est déjà là. Les festivités devraient avoir lieu dans les différentes villes provinciales. Chacun se propose, peut-être, de vivre cette saison festive et traditionnelle à sa façon. D’un coté, les fêtards habituels ne se guériront pas de leur envie de s’allonger sur les plages de jacmel, de Port-salut, des cayes, du cap, gouter aux différents mets délicieux de la bonne gastronomie haïtienne. De renouer un peu avec les traditions ancestrales. De revoir les membres de la famille de la campagne. D’un autre coté, il y aura ceux qui ne fêteront pas, mais qui se rendront pour fuir l’ennui, le cynisme, le bruit, le chaos, l’insalubrité, la promiscuité, et les violences des centres urbains où la vie semble être une fiction vertigineuse. Si cet été ne sera pas pour tout le monde le moment des vacances et des loisirs, il faut souhaiter qu’il soit une période de paix pendant le déroulement des élections qui s’annoncent mal déjà. 14 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015 SOCIÉTÉ Que réserve cet été à l'approche de ces élections incertaines ?par CHERISCLER Evens Boukman HAÏTISOCIÉTÉ
  • 15. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 15 SOCIÉTÉ L es jeunes consomment de plus en plus d’alcool et fument davantage de cigarettes. En revanche, la consommation de drogues illicites est en baisse. L’usage régulier d’alcool progresse de 18 % (10,5 % contre 8,9 % en 2008). Ces évolutions concernent filles et gar- çons. Les jeunes consomment de plus en plus d’alcool et fument davantage de cigarettes. En revanche, la consommation de drogues illicites est en baisse. Réalisée en 2011 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) auprès de plus de 30 000 garçons et filles âgés de 17 ans à l’occasion des journées Défense et citoyenneté, l’Enquête sur la santé et les consommations (Escapad) donne des indications précises sur les consommations de produits psychoactifs. Lancée en 2000, elle en est à sa cinquième édition. L’usage quotidien de tabac repart à la hausse, pour les garçons comme pour les filles. Il concerne 31,5 % des jeunes contre 28,9 % en 2008 - date de la dernière enquête -, soit une augmentation de 9 %. L’interdiction de vente aux mineurs et les hausses des prix du tabac ne les ont pas découragés. En mai, une opération menée à l’initiative du Comité national contre le tabagisme auprès de 430 débits de tabac a montré que 62 % d’entre eux ont vendu des cigarettes à un jeune de moins de 18 ans et 38 % à des préadolescents de 12 ans. Autre sujet de préoccupation, l’usage régulier d’alcool progresse de 18 % (10,5 % contre 8,9 % en 2008). Ces évolutions concernent filles et garçons. Toutefois, la consommation régulière reste majoritairement masculine (15,2 % chez les garçons contre 5,6 % chez les filles). Les ivresses répétées et régulières augmentent : 27,8 % des jeunes ont été ivres plusieurs fois (au moins trois fois dans l’année), contre 25,6 % en 2008, et 10,5 % des jeunes ont connu des ivresses régulières (au moins dix dans l’année), contre 8,6 % en 2008. Elles augmentent chez les filles et les garçons. Ces chiffres confirment les inquié- tudes des médecins urgentistes, qui reçoivent chaque week-end des adolescents de plus en plus jeunes en état d’ébriété ou de coma éthy- lique. “Ce phénomène est croissant depuis deux ou trois ans”, témoigne le docteur Patrick Pelloux, du Samu de Paris. Du côté des drogues illic- ites, l’expérimentation (au moins L e cerveau serait-il comme un tas de sable en formation ? Oui, à en croire un article paru dans la revue Nature. Car les deux partageraient une dynamique commune pour garder leur équilibre : des micro-avalanches localisées qui, de proche en proche peuvent aller jusqu’à remodeler l’organisation glo- bale de l’objet – les influx nerveux jouant le rôle des grains de sable… Une étrange analogie que des cherch- eurs ont prouvé expérimentalement. Dès lors le cerveau appartient au domaine physique des systèmes chaotiques dits « critiques auto- organisés », ce qui donne une meilleure compréhension de la dynamique cérébrale et permet une approche plus physique de son fonctionnement. Un tas de sable s’effondre de manière très sophistiquée Nous connaissons tous, pour avoir fréquenté des plages, la dynamique des tas de sable : quand on verse un mince filet de sable sur un tas déjà formé, les nouveaux grains s’accumulent d’abord au sommet (état « sur-critique ») jusqu’à ce que celui-ci s’effondre en une petite ava- lanche que les répartit localement sur les flancs, lesquels s’élargissent alors (état « sous-critique ») pour que le tas retrouve une stabilité. Et si l’on continue à verser du sable, ces effondrements locaux donnent lieu à une cascade : les flancs sur- chargés s’effondrent également et provoquent d’autres avalanches qui finissent par atteindre la base de la pyramide et l’élargir. Un proces- sus typique des systèmes critiques auto-organisés régi par une règle : la « loi de puissance ». Du tas de sable aux tortues de Floride Celle-ci impose qu’une avalanche survienne d’autant plus fréquem- ment que son intensité ou éten- due est petite – une manière de dire que plusieurs petits effondre- ments précèdent ou causent un grand. Or selon des physiciens de l’Université Washington (Missouri) et de l’université de l’Arkansas, le cerveau se comporterait de cette manière avec les informations reçues de l’extérieur, traduites en influx nerveux.Concrètement, les chercheurs ont menés des expériences sur les cerveaux de 9 tortues de Floride (Trachemys scripta elegans) anesthésiées dans lesquelles ils avaient implanté des électrodes. Celles-ci étaient des- tinées à mesurer l’activité de leur aire visuelle périphérique, celle qui traite en premier les signaux venant des yeux. A chaque test, l’un des yeux de la tortue était soumis à des stimuli visuels (films). La décharge des neurones est chaotique Les chercheurs ont alors con- staté que face à des images com- plexes (formes, contrastes, etc.), il se déclenche dans la couche de l’aire visuelle étudiée des cascades d’influx nerveux qui suivent une loi de puissance – signant par-là la dynamique d’un système critique auto-organisé. Cela s’expliquerait par la caractéristique des neurones : chacun « emmagasine » un cer- tain nombre d’influx venant de ses voisins avant d’en déclencher un. Leur état de « charge » individuelle rend l’ensemble du réseau un peu instable : un train d’influx venant de l’extérieur peut engendrer aussi bien une petite avalanche d’influx autour des neurones récepteurs qu’une cascade se propageant de proche en proche sur une large partie de la couche, voire sur son ensemble. Les chercheurs ont doublé leur expérience d’une simulation de réseau neuronal basé sur leur modèle du « cerveau – tas de sable », lequel s’est comporté exactement comme celui des tortues… Finalement, c’est un mécanisme qu’on suppose assez général dans les cerveaux, des tortues aux humains, qui pourrait inspirer les spécialistes du cerveau, voire ceux de l’intelligence artificielle toujours en quête de nouvelles inspirations pour leurs machines. Plus d'ivresses chez les jeunesSources : le Monde.fr Le comportement du sable expliquerait le fonctionnement du cerveauSOURCES : science-et-vie.com L’ivresse chez les jeunes de nos jours. / Photo : newsworks.org Le sable et le cerveau partageraient une dynamique commune. un usage au cours de la vie) de can- nabis se stabilise à un niveau élevé : en 2011, 41,5 % des jeunes ont fumé au moins une fois un joint. La consommation régulière diminue : 34,6 % des jeunes de 17 ans ont consommé du cannabis dans l’année, contre 35,9 % en 2008. Par ailleurs, l’usage régulier (dix fois dans le mois) touche désormais 6,5 % des jeunes, contre 7,3 %. Entre 2008 et 2011, l’expérimen- tation d’ecstasy est tombée à son niveau le plus bas, de 2,9 % à 1,9 %. De même, l’usage de “poppers”, désormais interdits à la vente, passe de 13,7 % à 9 % entre 2008 et 2011. La cocaïne connaît une petite baisse, avec une expérimen- tation qui passe de 3,3 % à 3 %. Amphétamines, héroïne et crack diminuent un peu, champignons hallucinogènes et LSD connaissent des niveaux stables. Les legal highs, drogues de synthèse vendues sur Internet, qui gagnent du terrain, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, ne sont pas mesurées par l’enquête Escapad. “Mais elles semblent le fait de polyconsommateurs plus âgés que les grands adolescents de 17 ans”, fait-on remarquer à l’OFDT, qui constate que seulement 0,7 % des jeunes de 17 ans interrogés déclarent se fournir en produits.
  • 16. 16 | N0 29 MERCREDI 1ER JUILLET 2015
  • 17. MERCREDI 1ER JUILLET 2015 N0 29 | 17 CULTURE Le Théâtre national d'Haïti : l'état des lieux Par Schultz Laurent Junior L e Théâtre national d’Haïti avait accueilli des milliers de sinistrés au lendemain de la catastrophe meurtrière qui avait frappé sévèrement notre pays le mardi 12 janvier 2010. Espace mythique et culturel, témoin de la pièce à succès Pèlen tèt du célèbre dramaturge et écriv- ain Franckétienne, le Théâtre national, transformé en dépôt, était, après le tremblement de terre, l’endroit idéal où les méca- niciens déposaient des pièces de rechange pour la réparation des voitures. Au milieu du décor com- posé de détritus, des articles en styrofoam, le lieu était réduit en peau de chagrin. Il avait fait son deuil des représen- tations théâtrales ou d’autres manifestations culturelles d’envergure. Victime des prob- lèmes d’insalubrité et de bidon- vilisation, le Théâtre national est aussi confronté à des problèmes infrastructurels de toutes sortes. Depuis quelque temps, cepen- dant, un air neuf et de renouveau souffle sur ce bâtiment vieux de plusieurs décennies. Les murs et les fers forgés sont peints de couleurs vives : bleu roi et jaune abricot. Des travaux importants s’effectuent dans les locaux. Plus de 15 millions de gourdes sont alloués à ces travaux ayant débuté en 2012, selon le directeur général Yves Pénel. La firme Cefapco est chargée d’exécuter toutes les opérations de réaménagement et d’entretien. Ces restaurations qui concernent, entre autres, la climatisation, le carrelage, la plomberie, la pein- ture et l’installation d’autres appa- reils sanitaires tendent à rendre plus attrayants, opérationnels et modernes le réfectoire, la salle des répétitions, les salles de spectacles, le carré administratif, la direction générale, la cour, le parking, et autres locaux. Financés par l’État haïtien, ces réaménagements visent à rendre plus agréable le Théâtre national : « Je veux remercier le prési- dent Michel Joseph Martelly qui a œuvré depuis le début de son mandat en faveur de la culture de notre pays », s’est réjoui Yves Pénel qui en a profité pour sou- ligner que « le théâtre, c’est la vie. Il peut aider la société à assumer son destin de grandeur. Il peut aider à façonner, au contact de la culture, l’âme d’un peuple ». Projets et perspectives du Théâtre national Mis à part les projets de réamé- nagement et de réhabilitation de l’espace, « l’actuelle admin- istration a mis en activité toutes les sections culturelles de cette institution : chorale, danse, art dramatique. « De 2012 à 2015, a indiqué M. Pénel, nous avons mis sur pied huit pièces de théâtre et nous nous préparons activement pour participer au festival Carifes- ta qui se tiendra à Port-au-Prince durant le mois d’août. Nous avons implanté dans le cadre du projet théâtre-école des troupes de théâtre dans les écoles et nous comptons apporter le théâtre dans toutes les régions du pays. Des ateliers de formation sont également prévus au début du mois de juillet. En nous livrant corps et âme aux séances de répé- tition, nous travaillons d’arrache- pied pour participer au carnaval des fleurs en été. » Dans le cadre du programme sur l’encadrement des jeunes, plus de 2 000 jeunes ont été recrutés dans les quartiers limitrophes du Théâtre national et ont reçu un encadrement artistique. Des spec- tacles ont été réalisés pour per- mettre aux bénéficiaires de faire valoir leurs talents, a encore fait savoir le directeur. En dépit des problèmes économiques, Yves Pénel, metteur en scène, animateur et réalisateur de spectacles, veut mobiliser tous les secteurs de la vie nationale pour que nous ayons un théâtre haïtien vivant. « Nous voulons travailler avec tous les secteurs concernés pour aider les metteurs en scène, les comédi- ens, les artistes, les danseurs, les dramaturges à faire, et à vivre de la promotion du théâtre. » « Le Théâtre national d’Haïti doit avoir un budget comme toutes les autres institutions de notre pays », a déclaré Yves Pénel en marge d’une interview accordée au National. Le directeur du Théâtre national refuse de se laisser emporter par le découragement. Il veut investir tout son être pour concrétiser tous ses objectifs. Pour les 29 ans de Artimoune. Quel beau spectacle au ciné théâtre Triomphe, le 20 juin dernier, un jour après sa réouverture officielle. Les danseurs et danseuses de Arti- moune ont séduit le public à ce spectacle de danse. « Entre le charme et la tourmente », un spectacle de gala, de variétés, de dia- logue entre l’amour et l’environnement préparé et exécuté par les élèves de Arti- moune et la Compagnie Aurore d’Haïti. ... Les 60 ans du Compas Direct seront fêtés de manière grandiose. C’est une initiative de la radio Caraïbes qui décide de ne pas laisser passer inaperçue la date du 26 juillet prochain. Des concerts, des expositions et des conférences sur l’œuvre du grand mae- stro compositeur saxophoniste Nemours Jean-Baptiste, créateur du rythme Compas Direct commémoreront ce grand jour. Tout avait commencé sur la place Sainte- Anne dans un concert avec le groupe musi- cal et depuis c’est la naissance d’un rythme qui allait traverser les années et enrichir le panorama musical haïtien. ... Limbé a fêté ses 300 ans. La commune de Limbé, dans le Nord d’Haïti, a fêté ses 300 ans d’existence au cours du weekend passé, avec un festival et une foire qui ont attiré la grande foule et des pèlerins venus de partout. La cuisine du Nord, des expositions d’objets artisanaux sans oublier la musique, les livres et l’environnement ont constitué les toiles de fond de ces activités. ... Havana guitar night veut faire la fête pour son septième anniversaire. Oui la fête sera belle avec l’invitée Tanya Saint-Val a expli- qué Berthony Raphael le principal anima- teur de Havana guitar night, le 7 juillet à l’hôtel Royal Oasis. Mais, il y aura aussi dans le line up Dadou Pasquet et les décou- vertes de Havana guitar night : Queen B, Charline, Mandela, Rutshelle Guillaume. ... Eddy Renaud et le compas direct. Au cours d’une interview à l’émission Mardi alterna- tive du mardi 23 mai, l’entrepreneur Eddy Renaud a déclaré que le Compas Direct est saturé, ce que rejette Shaba musicien de Djakout number 1. Il profite de la plate forme pour fustiger le comportement de l’entrepreneur qui est le principal actionnaire de Sonomix, qui refuse de baisser les prix de location de son matériel de sonorisation, dit-il. Mais d’après Philippe Saint-Louis qui recevait Eddy dans l’émission, ce dernier voulait expliquer que tous les groupes musicaux jouent de la même façon. ... JAY Z et Beyoncé pour GQ Us Juillet 2015. Le magazine a choisi les 6 hommes les plus stylés du moment pour 6 couvertures. On retrouve également Bradley Cooper, Phar- rell Williams, Kanye West, Ryan Gosling et Brad Pitt. ... James Horner, 61 ans, connu notamment pour avoir composé la bande originale du film Titanic, est mort. Il a été tué dans le crash d’un avion qu’il pilotait le 22 juin. Le compositeur compte parmi ses œuvres les bandes originales de Braveheart, Apollo 13, Aliens, Avatar et bien sûr Titanic, pour lequel il a décroché deux Oscars dont celui de la meilleure chanson pour My Heart Will Go On, interprétée par Céline Dion. Au total, la bande originale du film de James Cameron, sorti en 1997, s’est écoulée à plus de 27 millions d’exemplaires dans le monde. Vu et entendu !par Walcam