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La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d'interfaces Web

Web art director à Independant
6 Mar 2010
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  1. LA COMPETENCE NUMERIQUE C ADRE DE TRAVAIL EVOLUTIF POUR LE DESIGN D ’ INTERFACES W EB Vincent Beneche Octobre 2009 M AST E R E SP E CI A LI S E E N I N G EN I ERI E D ES M ED I A S N U M ERI Q U ES
  2. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. R EMERCIEMENTS Je remercie mes parents qui ont eu la bonne idée de m’interdire la télévision pour que j’apprenne l’informatique dès le plus jeune âge. Je remercie également tous les gens qui m’ont aidé à réaliser cette étude et tout particulièrement : Laurent Robert (Directeur de Création – Smile – Paris), qui m’a donné un regard critique et pointu sur le design graphique pour le Web. Laurent Breyton (Directeur adjoint ESIEE-Paris), qui s’est porté volontaire pour suivre mon travail. Mais également : Dr. Antoinette Fennell de l’université Trinity Haus à Dublin Ellen de Vries, Directrice de la communication Philips R&D Pr. Yoram Eshet-Alkalai, Directeur de la spécialisation en études techniques à l’université ouverte d’Israël Leif M. Hokstad de l’université norvégienne des sciences et technologies Ainsi que mes amis et le reste de ma famille qui m’ont apporté leur soutien moral. 2
  3. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. T ABLE DES MATIERES Remerciements ....................................................................................................................................... 2 Table des matières .................................................................................................................................. 3 Introduction............................................................................................................................................. 5 Chapitre 1 Fractures et compétences numériques ................................................................................ 6 I. Fractures numériques ou la disparité d’accès aux NTIC................................................................... 6 A. Considérations géopolitiques ...................................................................................................... 6 1. les pays du nord ...................................................................................................................... 7 2. Les pays en voie de développement et le reste du monde .................................................. 14 B. Considérations sociales ............................................................................................................. 19 II. « Digital Literacy » ou Compétence numérique ................................................................................ 26 A. Traduction et définition............................................................................................................. 26 B. Acquisition ................................................................................................................................. 31 Phase 1 L’apparition du « personal computing » à la fin des années 70 .................................. 31 Les machines et les nouveaux codes ..................................................................................... 31 Jeux vidéos et Disques compacts .......................................................................................... 34 Phase 2 L’avènement de l’hypermédia et de la communication dans les années 90 ............... 39 L’hypermédia ......................................................................................................................... 39 L a communication en ligne................................................................................................... 40 Phase 3 L’économie d’information répartie des années 2000.................................................. 44 L’échange de fichiers ............................................................................................................. 45 Les blogs ................................................................................................................................ 47 Les réseaux sociaux numériques ........................................................................................... 49 Le commerce électronique .................................................................................................... 50 Chapitre 2 : Le design Web dans ce contexte ...................................................................................... 54 Qu’est ce que le design ?....................................................................................................... 54 I. Le Design pour le Web, un écosystème de contraintes ............................................................ 56 A. Contraintes marketing ....................................................................................................... 57 B. Contraintes informatiques ................................................................................................ 58 3
  4. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. C. Contraintes imposées par les disciplines de l’IHM ............................................................ 61 II. La compétence numérique comme catalyseur et contrainte du design Web .......................... 62 A. Composition du site et habitudes de navigation................................................................... 63 B. Conventions et affordances : reconnaître et utiliser des symboles ..................................... 71 C. La sémiotique Web ................................................................................................................ 77 Conclusion ............................................................................................................................................. 81 Table des illustrations............................................................................................................................ 83 Bibliographie.......................................................................................................................................... 85 4
  5. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. I NTRODUCTION Depuis la nuit des temps, des savoirs ont été transmis de génération en génération, évoluant au fil du temps et des nouvelles découvertes. Ces savoirs ont différé, dès les premiers âges humains, en fonction des conditions climatiques et géographiques puis politiques et culturelles des lieux de vie. Aujourd’hui, dans les pays occidentaux, une nouvelle culture a fait son apparition. Il s’agit de la culture numérique. Celle, liée à l’utilisation quotidienne des médias numériques. Ce terme regroupe des moyens d’accès à l’information aussi bien matériels (téléphone, PDA, baladeur numérique, ordinateur, télévision, NeoObjects, systèmes domotiques) qu’immatériels (Internet, logiciel, système opérationnel et de communication). En adoptant ces technologies, nous nous sommes familiarisés avec leurs codes, leurs modes de fonctionnement, leurs astuces et leurs pièges. Parmi ces médias, le web omniprésent et virtuel à la fois est l’interface entre l’homme et les données du réseau. Le Web est consulté chaque jour par plus d’un milliard d’êtres humains, qui en font des usages autant personnels que professionnels. Il nous assiste, nous permet de travailler de façon collaborative sur de gros projets, de nous divertir et de communiquer. Les téléphones portables et autres baladeurs MP3 sont également devenus des interfaces matérielles d’accès à la toile, permettant à tout citoyen numérique de se connecter au réseau quand il le souhaite. Internet évolue constamment. De nouvelles fonctionnalités apparaissent, de nouvelles interfaces logicielles sont conçues, de nouvelles façons de trouver l’information se démocratisent. La culture liée au média et à ses modes d’utilisation, évolue simultanément. Dans ce monde où l’instantanéité de l’information prend tout son sens, la présentation graphique des données a une importance capitale, tant pour la compréhension, que la trouvabilité1 de l’information. Il est ainsi important de montrer comment se développe la présentation graphique de l’information. C’est ce que nous tenterons de faire grâce à une approche du design graphique sur le Web, passant par la considération de tous les facteurs qui l’influence et notamment la compétence numérique ; terme que nous définirons. Nous montrerons dans quelle mesure la compétence numérique constitue un cadre de travail pour les designers de par les contraintes qu’elle impose mais également comment ses frontières sont repoussées par les concepteurs. Pour ce faire, nous analyserons d’abord le contexte de fracture numérique dans lequel le monde se trouve, puis, nous prendrons des exemples précis et nous livrerons à des analyses sémiologiques et historiques concises, des symboles du Web. 1 La trouvabilité, d’après l’inventeur du concept Peter Morville, réfère à la qualité d’être à la fois visible, localisé et accessible. On peut évaluer a quel degrés un objet est facile à trouver ou à découvrir. 5
  6. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. C HAPITRE 1 F RACTURES ET COMPETEN CES NUMERIQUES I. F RACTURES NUMERIQUES OU LA DISPARIT E D ’ ACCES AUX NTIC A. C O N SI D E R AT I O N S G E O P O LI T I Q U E S Aujourd’hui, la population connectée à Internet est évaluée à 1.668.870.408 utilisateurs2 répartis de façon inégale sur le globe. Depuis l’apparition de l’Internet grand public dès le début des années 90, le nombre de connectés n’a pas cessé d’augmenter. F IGURE 1 - E VOLUTION DU NOMBRE D ' UTILISATEURS D 'I NTERNET POUR 100 HABITANTS SUR LA P ERIODE 1997-2007. 2 http://www.Internetworldstats.com/stats.htm 6
  7. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. 1. L E S P A Y S D U N O R D En 1996, alors qu’en France le Minitel subsistait comme le service télématique le plus populaire, aux Etats-Unis, Bill Clinton exhortait les bibliothèques et écoles à s’équiper d’une connexion Internet3 pour les usagers du lieu et ce pour permettre un accès plus démocratique à l’information. Alors qu’aux Etats-Unis, de plus en plus de particuliers avaient accès à Internet, Bill Gates exhortait, lui, la France à sortir de l’ère du Minitel, pour embrasser celle d’Internet. Si aux Etats-Unis, l’adoption du réseau mondial était en avance, c’était principalement grâce aux efforts des opérateurs de télécoms qui mettaient en place des forfaits d’appels locaux illimités. Les ordinateurs pour accéder au réseau, « appelaient » le numéro local de leur fournisseur d’accès et bénéficiaient ainsi d’une connexion illimitée à coûts maîtrisés. Le Japon et les pays scandinaves, également Le Minitel est une technologie de « early-adopters », entrèrent à leur tour dans le communication télématique développée par grand monde virtuel, nouveau terrain de jeu pour la Direction générale des télécommunications française (Ministère les particuliers qui découvraient le « chat » des Postes et Télécommunications) et (messagerie instantanée) grâce au protocole IRC, utilisée en France, essentiellement dans les les newsgroups, la boîte mail évidemment et années 1980 et 1990, avant d'être supplantée par Internet. surtout le Web. Il s’agissait là, d’un nouveau Toutefois, en février 2009, selon le Groupe monde à coloniser et à explorer. Mais à quel prix ? France Telecom, le réseau de Minitel enregistre encore 10 millions de connexions Internet en 1996 était une technologie encore très mensuelles sur 4 000 codes de services contraignante. Le réseau était lent dû aux Vidéotex, dont 1 million sur le 3611 infrastructures jeunes et au matériel informatique (annuaire électronique). Selon la Tribune, France Telecom n'entend pas fermer le d’une génération aujourd’hui dépassé, ce qui service, qui a généré environ 100 millions rendait la navigation sur les pages Web, d'euros de chiffre d'affaires en 2007, avant insupportable. L’accès au réseau utilisant la ligne la fin 2011. téléphonique, présentait encore un coût En 1977, la remise à Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République, du décourageant pour les ménages. rapport sur l'informatisation de la société, rédigé par Simon Nora et Alain Minc, va Si les grandes compagnies du monde avaient déjà entraîner une révolution technologique adopté des systèmes de gestion télématique, le baptisée par les auteurs du néologisme « traitement de texte, et parfois le courrier télématique » défini comme la connexion de électronique depuis le milieu des années 80, la terminaux permettant la visualisation de données informatiques stockées dans des grande majorité des entreprises a adopté le réseau ordinateurs à travers les réseaux de dans les années 90, voyant en Internet, un moyen télécommunication. de fluidifier leurs échanges internes et externes, L'année suivante, en 1978, la France décide de lancer un réseau vidéotex accessible par leurs archives, et leurs données. Elles se 3 Clinton, Bill. 1996. Between Hope and History. 1996. 7
  8. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. trouvaient alors face à d’extraordinaires défis de un terminal peu onéreux. Cette décision sera rendue publique par Gérard Théry conversion numérique, puisqu’il s’agissait alors de (directeur de la DGT) à l'Intercom 79 de sortir de l’ère quatre fois centenaire de l’imprimé, Dallas (Texas) qui réunit le gratin mondial pour embrasser une technologie dont la fiabilité, la des télécommunications. Il y annonce avec rapidité, l’intérêt, le coût et la longévité, ne une certaine emphase le déclin de l'ère du papier. semblaient pas toujours convaincre. Il fallait Aujourd'hui le programme Télétel (nom du également former les employés à utiliser le média, réseau des terminaux appelés Minitel) est ce qui présentait un coût élevé et provoquait des reconnu dans le monde entier comme le premier réseau télématique grand public et réticences de la part des intéressés. comme un succès commercial. Ces faiblesses du média avaient besoin d’un coup Le Minitel (Programme Télétel) revint à plus de 8 milliards de francs en équipements de de pouce des secteurs privés et publics de chaque terminaux avec une durée de vie estimée de pays pour moderniser les infrastructures de 8 ans pour les Minitels. communication, réduire les coûts téléphoniques, Pendant le même laps de temps, le chiffre d'affaire des services télématiques atteint et faire baisser le prix du matériel informatique. les 3,5 milliards de francs et les économies Ces mesures étaient indispensables à l’adoption de papier atteignirent 500 millions de francs du Web pour les particuliers. par an. En 1985 on a dépassé le million de Minitels En effet si depuis le début des années 80 se en service en France ainsi que le million développe le « personnal computing » (dont nous d'heures de communications de services par mois. En 2000, le Minitel était utilisé par parlerons dans la partie suivante) touchant les près de 25 millions de personnes (sur 60 catégories socioprofessionnelles les plus hautes, millions d'habitants) avec un parc de près de c’est à la fin des années 90 qu’eut lieu la grande 9 millions de terminaux. révolution informatique personnelle qui permit à Il dépassait de loin le nombre d'utilisateurs du réseau CompuServe, qui offrait en un public bien plus large d’accéder à l’ordinateur Amérique du Nord des services semblables. et à Internet. Le futur vice-président Al Gore envoya un jeune homme talentueux David Lytel, De 1997 à 2000, le marketing des produits et enquêter, non sur les techniques utilisées, services numériques est devenu très agressif, le mais sur les contenus des services offerts. téléphone portable a fait une entrée triomphante Ce rapport fut à la source du discours sur « Les autoroutes de l'information » parmi le grand public devenant le premier maillon prononcé par Al Gore en juillet 1994, et de la nouvelle société d’instantanéité dans laquelle coup d'envoi de l'Internet dans le monde. nous plongions. Les prix du matériel informatique Les utilisateurs habitués au Minitel peuvent avoir des difficultés à passer à Internet : ont chuté. Le besoin d’un ordinateur familial avait été créé par la publicité et la presse, éblouissant  Inconvénients d'Internet par rapport au Minitel les consommateurs de leurs nouveaux atouts. o Plus grand volume L’ordinateur devenait le « compagnon » de toute d'information à transférer, ce la famille, permettant aux enfants comme aux qui implique soit de disposer d'une ligne à haut débit soit adultes de se divertir, de se cultiver (grâce au CD- de subir la lenteur d'affichage ROM), et d’accomplir des tâches pratiques comme (à relativiser au vu de la 8
  9. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. le classement de données, le traitement de texte, lenteur d'affichage du Minitel) o Pas de structure normalisée, l’impression de documents, la copie de ni d'annuaire officiel. CÉDÉROM... Logiquement, la population o Nécessite d'avoir un européenne a suivi les Etats-Unis en adoptant ordinateur (ou une console de progressivement l’ordinateur pendant cette jeu communicante branchée sur la télévision) et d'attendre période ; outil dit « multimédia », passerelle qu'il ait démarré. Cependant, omnipotente vers les loisirs, la culture, le travail et des terminaux légers existent, surtout Internet. les Webphones, qui sont opérationnels dès leur mise En 2000, la machine Internet est en route pour de sous tension, exactement bon, en Europe, les réseaux câblés et ADSL se comme un Minitel. Malheureusement, ils ne sont démocratisent dans les villes, permettant des généralement pas capables de connexions 10 à 100 fois plus rapides faire fonctionner les nouveaux qu’auparavant. Des centaines d’entreprises (start- services dits « Web 2.0 ». o Pas de sécurisation par défaut up) voient le jour en Europe comme aux Etats- de la transmission des paquets Unis, proposant des services basés sur le réseau. sur le réseau, alors que le Internet est enfin perçu comme un média de Minitel passe par un réseau masse par les entreprises de tous bords qui y « sécurisé » qui est Transpac  Avantages d'Internet par rapport au voient un moyen de plus pour communiquer des Minitel informations sur leur marque et pour vendre leurs o Images produits. Un moyen autrement moins cher que les o Système ouvert o Ergonomique (polices médias traditionnels (TV, presse et radio) puisque typographiques, par essence, contributif. Internet devient le personnalisation du terrain de jeu du publicitaire, les bénéfices retirés navigateur) des campagnes Web deviennent très intéressants o Pas de surfacturation de certains sites à la vue des faibles coûts de développement. De o Beaucoup plus d'informations nombreuses marques intègrent à leurs campagnes disponibles de communication traditionnelles, des actions sur o Pas de monopole d'un opérateur unique et ouverture le réseau telles que la mise en place de bannières du réseau. animées, des newsletters et de sites éphémères En tout état de cause, certains experts car promotionnels ou événementiels… s'accordent à dire qu'avec la sortie et le Par ailleurs, les états mettent en place des déploiement du Minitel, la France avait de nombreuses années d'avance en matière politiques d’enseignement de l’informatique pour d’échanges électroniques, mais que cela a permettre au plus grand nombre d’y avoir accès et considérablement freiné le développement les grandes surfaces bradent les ordinateurs, trois d'Internet en France qui, par la suite, accusait alors des années de retard à quatre fois moins cher que deux ans avant. Il paraît toutefois incontestable que Les réseaux de communication permettant l’accès l'Annuaire Electronique (AE) dit le 11 puis Internet, évoluent pour couvrir en 2001, la 3611 a familiarisé des millions de Français 9
  10. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. majeure partie des grandes villes occidentales. Et avec l'interrogation d'un moteur de c’est précisément à ce moment que se développe recherche. En 2006 le taux d'équipement à ce que nous nommerons la fracture numérique. l'Internet à haut débit, à la 13e place mondiale entre le Japon et le Luxembourg, Au sein d’un même pays, voire d’une même semble peu impacté par le minitel. région, les populations font face à une situation d’inégalité en termes d’accès à l’information et à la communication. Cette fracture numérique dans les pays du nord peut être considérée à différentes échelles. En 2001, les zones couvertes par l’ADSL et le Câble sont en pleine expansion mais restent limitées aux grandes villes, au sein desquelles, certains arrondissements, rues ou pâtés de maison n’en bénéficient pas. Par ailleurs, si le matériel informatique a alors vu ses prix chuter drastiquement, il n’en devient pas pour autant la priorité des ménages modestes qui y voit un appareil superflu et source de problèmes. Il en est de même pour les abonnements aux fournisseurs d’accès qui représentent également un budget non négligeable pour un foyer. L’accès au réseau et à ses services est ainsi variable au sein même d’une ville. au plan national, la fracture est encore plus nette, les zones les plus reculées ne sont pas couvertes. On note que de multiples consultations gouvernementales ont alors lieu pour palier au problème d’équipement et de prix dans ces zones. Au niveau Européen, les infrastructures réseau des pays, sont le principal frein ou catalyseur de l’accès à Internet de la population. On retrouve un clivage entre pays les plus riches et les plus pauvres. Et ce clivage ne se remarque pas seulement en ce qui concerne les accès Internet mais également les taux de pénétration de tous les nouveaux médias numériques (3G, MP3, PVR, TNT…). Depuis 2001, les infrastructures réseaux ne cessent de se moderniser dans les pays du nord. Comme nous le montre le tableau suivant, le nombre d’utilisateurs ne cesse de grimper (282% d’augmentation en 9 ans). Les fournisseurs d’accès se sont également diversifiés et proposent aux utilisateurs, un nombre de services croissants. Leur mise en concurrence a permit de faire baisser les coûts des abonnements Internet, rendant le réseau bien plus accessible. 10
  11. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. 3ème trim. 1er trim. 3ème 1er trim. 3ème 1er trim. 4ème 2001 2002 trim. 2003 trim. 2004 trim. 2002 2003 2004 Haut débit Coût moyen d'un abonnement 33,33€ 27,23€ 28,85€ 22,39€ 20,4€ 22,04€ 22,00€ haut débit (€/mois) Bas débit Coût moyen d'un abonnement 11,08€ 9,30€ 8,04€ 7,17€ 6,38€ 6,31€ 6,3€ bas débit (€/mois) T ABLEAU 1 - E VOLUTION DU COUT DE L ' ACCES A I NTERNET EN F RANCE En effet, dès Octobre 2002, en France, le fournisseur d’accès Free propose sa première offre de Triple Play, permettant à l’utilisateur de ne payer qu’un seul abonnement pour Internet, le téléphone fixe et la télévision. Cela révolutionne radicalement le budget alloué aux télécoms dans les foyers et permet un accroissement non négligeable du nombre d’internautes dans les zones dites dégroupées. La concurrence s’organise et l’on voit fleurir de nombreuses offres de Triple play, directement inspirées du modèle américain et rendu possible grâce aux technologies d’IPTV, VOIP, et ADSL. L’accès au réseau est également de plus en plus attractif car il devient une extension virtuelle de la société humaine. On y trouve de plus en plus d’informations et de services, et la navigation devient plus agréable grâce aux vitesses de connexions permises par l’ADSL et le Câble. Les médias traditionnels affirment également leur présence sur le Web, devenu leur relais de communication mais également un prolongement de leur programmation. De plus en plus de connectés s’y « retrouvent » sur des forums d’échange et des salons de discussion (chat-room). De nombreux appareils mobiles possèdent également une connectivité au réseau mondial via les réseaux GPRS, EDGE, 3G et Wifi. Ce dernier constitue une véritable révolution puisqu’il permet une connexion sans fil à partir de points d’accès émetteurs. Cela permet aux utilisateurs de rester connectés pendant des phases de mobilité. Si les réseaux GPRS, EDGE et 3G appartiennent aux opérateurs de téléphonie et sont donc très coûteux à l’étranger (roaming), le Wifi n’appartient qu’à celui qui met en place l’émetteur et ce service est de plus en plus répandu, que ce soit dans les bars, les hôtels, les lieux publics et depuis peu, grâce à un maillage national d’utilisateurs en France (Free Wifi et FON). Ces système, mis en place simultanément par les fournisseurs d’accès Free d’une part 11
  12. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. et Neuf Telecom/SFR de l’autre, constituent une sorte de WAN4 gratuit, autorisé par les abonnés de ces réseaux, et autorisant des connexions entrantes sans fil (de terminaux mobiles par exemple). Aujourd’hui, dans les pays du nord, Internet est accessible via des terminaux de différentes natures et via des réseaux en constante expansion. Cela permet une utilisation du réseau à des fins personnelles comme professionnelles à tout moment de la journée, au bureau, à la maison et en transit. Part de la Nombre Taux de Evolution Part des Population population d’utilisateurs Pénétration (2000- utilisateurs (Juin 2009) mondiale d’Internet (% Pop.) 2009) mondiaux Europe 803.850.858 11,9 % 402.380.474 50,1 % 282,9 % 24,1 % Amérique 340.831.831 5,0 % 251.735.500 73,9 % 132,9 % 15,1 % du Nord Japon 127.078.679 1.9% 94.000.000 74,0 % 99,7 % 13,4 % Norvège 4.660.539 0.06% 3.993.400 85,7% 80% 1% TOTAL 6.767.805.208 100,0 % 1.668.870.408 24,7 % 362,3 % 100,0 % Mondial T ABLEAU 2: I NTERNET USAGE ( SOURCE I NTERNET W ORLD S TATS – J UIN 2009) Analysons le tableau ci-dessus pour présenter la fréquentation d’Internet dans quelques pays du nord. Si l’on se concentre tout d’abord sur la Norvège, pays scandinave au meilleur indice de développement humain5 en 2005, on constate qu’il présente également le plus fort taux de pénétration d’Internet (des pays comparés mais également du monde), et le plus faible taux 4 Wide Area Network 5 L'Indicateur de Développement Humain, ou I.D.H., a comme objectif d'essayer de mesurer le niveau de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le P.I.B. ou le P.I.B. par habitant. Il intègre donc des données plus qualitatives. C'est un indicateur qui fait la synthèse (on l'appelle indicateur composite ou synthétique) de trois séries de données :  L’espérance de vie à la naissance (qui donne une idée de l'état sanitaire de la population du pays)  le niveau d'instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d'alphabétisation  le P.I.B. réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation) par habitant, calculé en parité de pouvoir d'achat (PPA - c'est-à-dire en montant assurant le même pouvoir d'achat dans tous les pays) le P.I.B. par habitant donne une indication sur le niveau de vie moyen du pays. L'I.D.H. est calculé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (P.N.U.D.). Il se présente comme un nombre sans unité compris entre 0 et 1. Plus l'I.D.H. se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé. Le calcul de l'I.D.H. permet l'établissement d'un classement annuel des pays. L'I.D.H., s'il est sans doute un meilleur indicateur du niveau de développement d'un pays que le P.I.B. par habitant, n'est cependant pas exempt de faiblesses, en particulier parce qu'il inclut celui-ci et on sait que la mesure du P.I.B. pose de nombreux problèmes. D'autre part, il faudrait sans doute prendre en compte davantage de critères qualitatifs, en particulier en ce qui concerne les inégalités. La Norvège et l’Islande sont les deux pays les plus fréquemment en tête du classement. 12
  13. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. d’accroissement sur la période 2000-2009. Le taux d’accroissement est dû à l’excellente qualité des infrastructures de télécoms qui offraient, bien avant 2001, des accès haut débit aux particuliers, aux entreprises et aux facultés. On ne manquera pas de remarquer que si la Norvège représente 0.06% de la population mondiale, elle représente 1% des internautes ! Les chiffres de l’Europe requièrent une explication, car si c’est aujourd’hui le second continent le plus connecté après l’Amérique du Nord, il connaît de très grandes disparités d’indice de développement humain, entre les pays qui le composent. Ce qui cause des taux de pénétration d’Internet très variables entre les pays, passant de 85.7% en Norvège à 15.9% en Albanie. Si l’on se concentre sur le Japon, on remarque que la population d’internautes a doublé en 9 ans. Ce résultat pourrait paraître impressionnant, si l’on ne considérait pas que la France a, elle un taux d’accroissement de près de 400 % sur la même période. La progression la plus impressionnante étant celle d’Andorre où 83.5 % de la population est connectée, ce qui constitue une augmentation de 1300% en neuf ans. Ces statistiques impressionnantes sont également dues à une population peu nombreuse de 84 000 habitants. Si globalement, Internet, a changé les notions de temps et de distance dans les pays du nord, ce qui est pour nous une réalité doit être nuancé. En 1999, la moitié de la population mondiale n’avait jamais passé un coup de fil6 et encore moins, eu accès à Internet. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) devenues des outils d’usage quotidien dans nos pays, nous permettent un gain de productivité et une amélioration des paramètres temporels et spatiaux de nos vies. Si la technologie a toujours été un moteur de la société nous permettant de résoudre de plus en plus de problèmes et de parvenir à de nouveaux buts elle a aussi été de tout temps inégalement répartie. La fracture numérique est ainsi un des challenges apparus avec le développement des TIC. L’OECD défini ce terme comme le gap entre les individus, les foyers, les entreprises et les zones géographiques à différents niveaux socio-économiques, en fonction de leur opportunité d’accès aux NTIC et en particulier, à leur utilisation d’Internet. 6 OECD (1999) Organisation for economic co-operation and development – http://www.oecd.org, « The economic and social impact of electronic commerce : Preliminary findings and research agenda » 13
  14. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. 2. L E S P A Y S E N V O I E D E D E V E L O P P E M E N T E T L E R E ST E D U MO N D E Comme nous venons de le voir, au sein même de l’Europe, des pays sont bien plus connectés que d’autres. À l’échelle du monde, ces disparités sont encore plus flagrantes car si l’Albanie fait figure de mauvais élève de l’Europe avec un taux de pénétration de 15,9%, La Birmanie, la Corée du Nord et Cuba, n’ont tout simplement pas de connexion Internet à disposition du grand public. Au Sierra Leone, au Niger, au Liberia, en Ethiopie et au Congo, il y a en moyenne, moins d’un accès à Internet pour 200 habitants. Plusieurs facteurs sont directement responsables de ces chiffres. Il y a tout d’abord des décisions politiques qui entrent en jeu, les gouvernements autoritaires voire liberticides de pays comme la Corée du Nord et la Birmanie, ne souhaitent pas que leur population ait accès aux informations du réseau. Le but de ces dictatures étant souvent de maintenir les populations dans l’ignorance, mais surtout d’éviter des prises de conscience, et les conspirations qui pourraient être initiées sur le réseau. En effet, le réseau donne aux populations un nouvel espace de vie privée, constitué entre autres, d’une boite de réception de courrier électronique. Cet espace de vie privée, quasi-incontrôlable par les gouvernements, n’est évidemment pas souhaité par les dictateurs. En Chine, où le nombre d’internautes est passé de 21 à 210 millions de 2001 à 20077, le gouvernement exerce un contrôle permanent de la toile, à tel point que l’Internet chinois fonctionne comme un intranet connecté au reste de la toile. Ce fonctionnement permet aux autorités d’auditer ce qui entre et sors de leur réseau national. Devant l’accroissement du nombre d’internautes, le gouvernement chinois a lancé en 2005, le « Golden Shield », un projet de 800M$ visant à contrôler automatiquement les actions sur le réseau. Cet incroyable firewall filtre jusqu’au moindre mot tapé sur un clavier. Le principe qui sous-tend à ce système est le suivant « Quand la vertu avance d’un pas, le vice avance de dix ». Internet permet ainsi aux autorités chinoises d’accroître leur contrôle sur la population. La chine est également le seul pays au monde ayant instauré le statut de « cybercriminel politique » qui permet d’emprisonner quiconque publierait sur Internet, un article à l’encontre du gouvernement en place. Un des épisodes le plus marquant de cette répression étant probablement l’arrestation et l’exécution des internautes, pratiquant le Falun Gong, groupe sectaire controversé, déclaré illégal en 1999 après une manifestation pacifiste8. Le plus étonnant étant peut-être que les systèmes de protection réseau de la Chine ont été mis en place par les géants américains du réseau (Cisco, Nortel, Sun Microsystems9). Ces mesures ont 7 http://www.marianne2.fr/Comment-les-dictateurs-chinois-maitrisent-le-Web_a89275.html 8 Amnesty International, Falun Gong Persecution Factsheet 9 De nombreuses sources le confirment comme http://www.businessweek.com/magazine/content/06_38/b4001067.htm 14
  15. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. finalement donné au gouvernement une grande satisfaction car elles sont bien plus efficaces pour repérer des dissidents que les méthodes d’infiltration traditionnelles utilisées avant l’ère numérique. En Chine, à l’inverse de ce qu’écrit Eric Besson dans « La République numérique » (Besson, 2008), Internet n’est pas un moyen d’émancipation, ne représente pas une utopie (ou e-topie comme il l’écrit) et à peine une évolution des libertés. Internet y est devenu un outil de contrôle de la population par le gouvernement. Aux Emirats Arabes Unis, véritable pôle économique du Moyen-Orient, des systèmes de filtrages existent également, interdisant l’accès à certaines informations sur Internet, tels que des sites pornographiques et des réseaux sociaux. Flickr par exemple, service de publication de photographies numériques en ligne y est banni car il expose potentiellement ses visiteurs à des images de nudité partielle ou complète. La liste des états qui filtrent les informations disponibles à leurs internautes est assez étendue10 et les restrictions varient en fonction des états. Le Maroc par exemple a interdit l’accès à Google Earth™ car le logiciel permet à tous de voir les jardins du palais royal. Mais globalement les interdictions concernent des sites jugés politiquement ou moralement incorrects ou exposant les utilisateurs à des informations potentiellement choquantes ou dissidentes telles que celles qui sont publiées sur les plateformes de Blog et de partage vidéo ou d’images. Le site Global Voices Online11 détaille les restrictions par pays et met en lumière les tensions politiques sous-jacentes aux interdictions d’accès comme c’est le cas pour la Syrie qui bloque tout accès aux sites hébergés en Israël. Les pays en voie de développement font également face à de fortes contraintes économiques nuisant à la distribution du réseau. On constate qu’il existe une corrélation directe entre le développement économique et social et l'accès aux TIC. L'accès aux nouvelles technologies de communication progresse beaucoup plus rapidement dans les nations situées au nord de la planète que dans celles situées au sud, et l'on trouve beaucoup plus de serveurs Web en Amérique du Nord et en Europe que sur les autres continents. Les accords entre les gouvernements pour faire passer des câbles sous-marins12 entre les continents sont également garants des connexions mondiales. Plus les connexions physiques sont nombreuses et plus la bande passante permise est élevée. Prenons pour exemple l’île de la Réunion, territoire français de l’océan indien. L’île est reliée au reste du monde par un seul et unique câble13 sous-marin reliant la Malaisie à l’Afrique du sud. Son exploitation est ainsi très coûteuse ce qui force les réunionnais à payer leur connexion à des tarifs élevés. France télécom palie actuellement à ce 10 http://advocacy.globalvoicesonline.org/projects/maps/ 11 http://advocacy.globalvoicesonline.org 12 http://image.guardian.co.uk/sys-images/Technology/Pix/pictures/2008/02/01/SeaCableHi.jpg 13 http://fr.wikipedia.org/wiki/SAFE 15
  16. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. problème en installant le câble LION14 (Lower Indian Ocean Network) reliant Madagascar à l’île Maurice en passant par la Réunion. Les deux îles françaises seront ainsi privilégiées par rapport aux autres pays de la zone en termes de bande passante, si France Telecom parvient à négocier avec les autorités malgaches. La connexion au réseau dépendant donc de la présence physique de câbles entre les pays et les continents est ainsi extrêmement variable. Elle dépend également des accords entre les sociétés privées et les pays d’une part et des actions diplomatiques d’autre part. L’Afrique est le meilleur exemple de retard de développement en termes de connexion au Réseau. Les niveaux de vie y sont parmi les plus bas de la planète, les espaces sont vastes et les services bien moins développés que dans le reste du monde. Les conditions climatiques ont également leur importance puisqu’elles nuisent à l’élaboration de vastes chantiers de télécommunication terrestres. F IGURE 2 - T AUX DE PENETRATION D 'I NTERNET EN A FRIQUE Q2- 2009 F IGURE 3 – P ART D ' INTERNAUTES A FRICAINS Q2-2009 14 http://fr.wikipedia.org/wiki/LION 16
  17. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Cas du Botswana (l’un des pays les plus développés d’Afrique sub saharienne15 ): IDH : 0.664 (126/179) 2,400 120% Population sous le seuil de pauvreté : 30.3% Age moyen : 21.7 ans Total mobile SIMs (thousands) 2,000 100% Espérance de vie : 48.9 ans Mobile SIM penetration Population : 1 990 876 individus 1,600 80% Climat semi-aride 1,200 60% Alors que moins de 8 % de la population a accès à une ligne de téléphone fixe, la croissance de la 800 40% téléphonie mobile s’est faite à un rythme très 400 20% soutenu depuis 1998 comme le montre le graphique ci-dessous pour atteindre en 2008 0 0% 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 près de 98 % de la population. Ce chiffre est un des plus élevé de la région. Le Total SIMs faible taux d’équipement en ligne fixe est un des SIM penetration (Analysys Mason) SIM penetration (WCIS forecast) principaux facteurs du retard de l’Internet au Botswana. F IGURE 4 - P ENETRATION DU TELEPHONE PORTABLE AU B OTSWANA Les autres facteurs sont les suivants :  Prix de l’informatique élevé  Prix du service élevé (et non correlé au prix de revient pour l’opérateur).  Manque de législation et de régulation de la concurrence.  Pas ou peu de culture numérique  Pas de contenu Web local  Mauvaises liaisons électriques.  Qualité de service très faible En Septembre 2008, le nombre d’accès ADSL est estimé à 6000 sur tout le pays. Le coût moyen d’un abonnement Internet bas débit est de 74$ pour 10 heures de connexion alors que le revenu moyen par habitant est estimé à 18$/jour (l’un des plus haut d’afrique). Malheureusement, le réseau 3G n’est pas encore disponible au Botswana, ce qui permettrait aux massifs utilisateurs de portable de découvrir Internet. La carte suivante présente le DOI (Digital opportunity index ou indice d’opportunité de connexion) des pays d’Afrique et l’on voit que le Botswana se situe dans la moyenne. 15 http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Botswana 17
  18. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. F IGURE 5 - L' OPPORTUNITE NUMERIQU E EN A FRIQUE (2006) 18
  19. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. B. C O N SI D E R A T I O N S SO CI AL E S Comme nous l’avons vu précédemment, la disparité des accès à Internet s’explique par des facteurs géographiques, politiques et économiques multiples. Un autre facteur est le facteur culturel ou social. Certains sociogroupes sont plus enclins à utiliser le réseau que d’autres. Avant le milieu des années 90, Internet n’était disponible que dans certaines universités, et pour des chercheurs, informaticiens, quelques rares documentalistes et une poignée de passionnés près à dépenser beaucoup pour accéder au réseau. Ces pionniers définirent les bases du plus grand réseau mondial, sa philosophie, ses premiers codes, son étique (appelée « netiquette »). Par ailleurs, les pionniers du réseau ayant été les Américains, la majorité du contenu disponible sur Internet avant les années 2000 était en anglais, ce qui créait également une fracture, défavorisant les non-anglophones. Le réseau a très rapidement permit à tous de participer à son élaboration. Les échanges de courrier électronique, la publication de pages utilisant l’hypertexte sur le Web et le transfert de fichier, constituaient de nouveaux services dans un espace virtuel de non-droit puisque très peu réglementé. La société virtuelle d’alors était autogérée par ses citoyens, reflétant les codes moraux de la société réelle, avec en plus, une volonté d’abolir toute censure. On y vit apparaître des cyber-délinquants, des cyber-justiciers comme des créateurs de contenu et des utilisateurs exploitant simplement les ressources mises à leur disposition. Apparurent également un vocabulaire, des abréviations, et même un art cybernétique constitué d’une signalétique, d’un graphisme (propre aux interfaces informatiques de ce temps), et même d’un style littéraire cybernétique, développé dès le début des années 80 par les hackers, et autres groupes réactionnaires du réseau16. Dans tous les cas, la société virtuelle et ses acteurs, utilisaient de nouveaux modes de communication et de partage dans un environnement très libertaire puisqu’à la fois anonyme et peu surveillé. Les principes de liberté d’expression et de gratuité de l’information devinrent les piliers de la société virtuelle. Ces principes, ces modes de vie virtuels étaient viables tant qu’Internet était une société récente et peu peuplée. Lorsque le grand public commença à y accéder également, le besoin d’une réglementation des échanges et des publications se fit sentir. Chacun y transposait ses habitudes de vie réelle, respectant ou non les codes établis. Imaginons qu’un Ferry de touristes débarque sur l’île déserte de Robinson Crusoë. Le pauvre homme irait alors se réfugier dans une caverne pour ne pas avoir à supporter la cacophonie et l’indiscipline des nouveaux arrivants. C’est à peu près ce qu’il s’est produit sur Internet au milieu des années 90. Or la masse de nouveaux arrivants était telle qu’elle a réussi à changer les codes du « lieu » et à faire évoluer les pratiques. Les anciens du réseau se barricadaient en créant des groupes de discussion 16 (Buread, et al., 2002) 19
  20. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. secrets et des réseaux d’échanges privés, rapidement réunis sous le nom d’underground et ce dans le but de perpétrer la liberté dont ils avaient disposé jusque-là. Les nouveaux arrivants ont tout de même dû apprendre le réseau, son fonctionnement, sa logique et l’utilisation des différents services pouvant les intéresser. Cette phase d’apprentissage était plus ou moins délicate en fonction de la connaissance informatique des utilisateurs et nous y reviendrons. Internet offrait alors un immense terrain d’expérimentation pour les informaticiens. Ces derniers créant des logiciels et sites Web utilisant des technologies de programmation réticulaires de plus en plus poussées. Ces nouvelles créations constituaient autant de services utilisables par les nouveaux arrivants. Les néophytes de cette époque ont changé la donne. Des services phares de l’Internet d’avant 1995, ont progressivement disparu au profit de nouveaux acteurs. C’est notamment les cas du moteur de recherche Altavista ou du logiciel de navigation Netscape, balayés respectivement par Google et Internet Explorer. En effet, les nouveaux connectés faisant partie de sociogroupes bien plus divers que les « ancêtres ». Ces sociogroupes avaient de nouvelles attentes en termes de service et fonctionnalités et ont fait triompher les entreprises innovantes répondant à leurs besoins. Par ailleurs, en 1999, lorsqu’est créé Napster, logiciel révolutionnaire dont nous parlerons dans la seconde partie de ce chapitre, le public s’étonne de voir que son inventeur, Shawn Fanning, n’a que 19 ans ! Comme nous le voyions dans l’introduction, le nombre de connectés n’a cessé de croître depuis 1995 dans le monde. Chaque fois qu’un individu se connecte à Internet pour la première fois, il apprend comment l’utiliser. Or l’utilisation du réseau, du fait de la diversité croissante des services, est en constante évolution. Ce simple fait, est tout à fait remarquable aujourd’hui. En observant les habitudes des internautes et leur culture globale du réseau, on peut quasiment deviner à quelle époque ils se sont connectés pour la première fois. Un jeune internaute d’aujourd’hui, n’a aucune raison d’utiliser un autre moteur de recherche que Google par exemple, alors qu’un scientifique de 50 ans, ayant connu les balbutiements du réseau aura d’autres habitudes de recherches, utilisant des annuaires de sites, des requêtes booléennes et des acteurs du net, plus anciens mais également fiables comme Yahoo! ou Dogpile. Cet exemple est valable pour tous les services en ligne. Ces différences d’utilisation sont quasiment aussi nombreuses qu’il y a d’utilisateurs sur le réseau. Et cela est aussi un facteur de fracture numérique puisque deux utilisateurs d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de sexes différents peuvent avoir des habitudes de navigation très différentes. 20
  21. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Ces derniers facteurs sont les principaux responsables de la fracture numérique dans les pays du nord. Prenons comme exemple la France où l’observatoire des inégalités et le CREDOC17 les ont analysé : En tenant compte de tous les types de connexions possibles à Internet, on constate que 63 % de la population fréquentent aujourd’hui le Web, qu’il s’agisse de liaisons chez soi, au travail, à l’école, dans les cybercafés, dans les bibliothèques, à l’aide de son ordinateur portable grâce à une connexion Wifi, ou à l’aide de son téléphone mobile. Cela représente près de 33 millions de personnes. *…+ L’âge, le diplôme, mais aussi le niveau des revenus ou le lieu de résidence, sont à l’origine d’écarts quelquefois très sensibles :  L’âge joue un rôle de premier plan : Alors qu’on recense 98% d’internautes chez les 12-17 ans, seuls 12 % des 70 ans et plus se classent dans cette catégorie. Avant 40 ans, la probabilité d’utiliser Internet est d’au moins 20 points supérieure à la moyenne ; Au-delà de 60 ans, elle est au moins divisée par deux ! Par rapport à l’an dernier, les écarts se sont plutôt creusés : Les progressions les plus importantes sont à porter au crédit des plus jeunes des enquêtés.  Le diplôme génère des différences au moins aussi sensibles : Moins d’un quart des non- diplômés sont des internautes, alors que c’est le cas de 9 diplômés du supérieur sur 10 (89 % exactement).  La corrélation avec le montant des revenus est forte : Plus les revenus du foyer sont élevés et plus on a de chances de se connecter. On passe ainsi de 38 % d’internautes pour ceux qui perçoivent moins de 900€ par mois (taux en baisse de 4 points par rapport à l’an dernier) à 89% chez les titulaires de revenus supérieurs à 3.100€ (+ 2 points en un an). Les écarts se sont donc creusés en un an.  La profession - catégorie sociale, parce qu’elle traduit des effets d’âge, de diplôme et de revenus, aboutit à des écarts très sensibles. Alors que 24 % seulement des retraités se connectent, la quasi totalité des cadres supérieurs le font (95%).  Enfin, les écarts sont plus réduits en fonction du lieu de résidence : Habiter Paris et son agglomération ou une grande ville de province accroît légèrement la probabilité d’être un internaute (69-70%, contre 63 % en moyenne). 17 Centre de recherche pour l’étude des conditions de vies. 21
  22. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Les fractures numériques ainsi observées à plusieurs niveaux sont très contrastées entre les pays du nord et le reste du monde. L’importance de ces fractures est capitale car elles divisent aujourd’hui le monde en 2 catégories d’individus : Les connectés qui ont un accès facilité à l’information, à la culture et à de nombreux services ; ont plus d’opportunités de trouver un travail, d’établir des échanges et ainsi de s’enrichir tant pécuniairement que culturellement. Cela améliore leur qualité de vie. De l’autre côté, les non connectés qui ne font pas partie du « village global18 » et qui sont tributaires des contraintes temporelles et spatiales du monde réel. Le monde virtuel, ne possédant pas de frontières physiques ou politiques implique également une culture numérique, partagée aussi bien par le trader de Chicago que par l’étudiante Taïwanaise. C’est une des premières cultures de notre histoire dont la diffusion pourrait être globalement adoptée. En 2004 Liff & Shepard, montrent que les hommes sont plus enclins à utiliser l’informatique et particulièrement Internet car le contenu qui s’y trouve a été conçu par des hommes dans la plupart des cas. Et en 2006 Joël Cooper met en évidence la défavorisation des femmes par rapport aux hommes, face aux nouvelles technologies. Il observe qu’elles sont plus souvent sujettes à l’anxiété et à la sensation de perte de temps face à la machine. Par ailleurs, Graff démontrait déjà en 1995 que de tous temps, les hommes avaient été plus rapidement séduits et avaient donc adopté plus promptement les technologies naissantes comme ce fut le cas pour la Télévision. Une récente étude du UCLA World Internet Project19 suggère que la « fracture numérique par genre » subsiste mais avantageant tantôt les hommes et tantôt les femmes en fonction des pays. Leur analyse montre même que plus de femmes utilisent Internet à leur bureau, ceci expliqué par leur prédominance dans les métiers du tertiaire, de support et d’administration. Depuis 2002, les femmes sont devenues des cibles marketing à part entière sur Internet et de nombreux sites, et services se sont développés pour elles. Le graphique illustré de Dave Mc Candles (Figure 8 – parts d’hommes et de femmes sur les réseaux sociaux numériques en 2009) montre même qu’elles sont majoritaires sur la plupart des réseaux sociaux numériques en 2009. Les fractures numériques doivent donc être combattues sur les plans économiques et éducationnels. En universalisant l’accès au réseau et en créant une force de travail compétente sur le réseau, la 18 Traduit de l’anglais « Global Village », ce terme a été utilisé pour la première fois en 1962 par Marshall McLuhan qui explique que le monde humain est devenu un village créé par les technologies électriques permettant à l’information de circuler instantanément d’un point à un autre du globe. La vitesse électrique (proche de la vitesse de la lumière) aurait ainsi élevé la conscience humaine. Aujourd’hui ce terme est une métaphore de l’Internet, où la distance physique entre deux utilisateurs ou serveurs de données n’a aucune importance, ce qui tend à accroître drastiquement les sphères sociales puisque chacun peut interagir avec n’importe quel autre connecté ou communauté de connectés. McLuhan explique également que ce concept créé de nouvelles structures sociologiques basées sur la culture et la conscience collective. 19 http://international.ucla.edu/research/article.asp?parentid=7488 22
  23. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. révolution digitale que les pays du nord traversent, pourrait s’étendre aux autres zones géographiques et socio-économiques et deviendrait garante d’une nouvelle croissance économique mondiale. La révolution numérique, déterminée par l’accès au réseau et par les compétences de ses utilisateurs, doit être encouragée par les gouvernements et les entreprises privées car elle peut révolutionner l’humanité entière, de la médecine aux gouvernements et du commerce à la culture. 20 Néanmoins, une question posée sur le forum Ubiquity, proposé par l’ACM21 et les réponses qui y sont données par les contributeurs, relativisent la réflexion sur la fracture numérique (traduit de l’anglais) : Question : « Que devrait-on faire pour la fracture numérique ? » « […] A-t-on déjà montré qu’il existait une fracture numérique, plus qu’une fracture automobile, une fracture vidéo, ou une fracture de la vaccination ? Aujourd’hui, on n’a pas encore entendu parler d’action de lobbying pour envoyer à chaque personne sous le seuil de pauvreté, un téléviseur Sony ou une Cadillac neuve. Qu’est-ce qui est le plus important à votre avis, pour les populations des pays en voie de développement ou sous-développés ? Avoir de l’eau potable ou pouvoir commander des sous-vêtements Victoria’s Secret 24 heures sur 24 ? Il est évident qu’une fracture numérique est une campagne marketing plus glamour que les sujets traditionnels de l’alimentation, la médecine ou l’éducation, mais c’est certainement moins important pour les gens qui se couchent tous les soirs le ventre vide. […] » – Pete Capelli. « Il y aura une fracture numérique aussi longtemps qu’il y aura des gens pauvres et ignorants sur la planète. Un homme qui passe douze heures par jour à labourer un champ pour un salaire de misère et sa femme qui s’occupe de leurs six enfants, n’ont pas la volonté ou le temps de suivre des enchères sur Ebay, quelque soit le type d’ordinateur ou de connexion Internet que vous leur offrez. En fait, je suspecte la fracture numérique d’être tellement corrélée avec le statut socio-économique, qu’elle ne mérite pas d’en être considérée séparément, elle constitue juste une nouvelle facette de la pauvreté. » *…+- Dan Covill 20 Pr. Shahram Amiri, Stetson University, Florida – Blueprint for social-economic growth in developing nations. 21 Association for Computing Machinery 23
  24. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Mise en relation du taux de pénétration d’Internet par continent et de l’IDH : F IGURE 6 – T AUX DE PENETRATION D ’I NTERNET DANS LE MOND E F IGURE 7 – I NDICE DE DEVELOPPEMENT HUMAIN DANS LE MO NDE 24
  25. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. F IGURE 8 – PARTS D ’ HOMMES ET DE FEMMES SUR LES RESEAUX SOCIAUX NUMERIQUES E N 2009 25
  26. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. II. « Digital Literacy » ou Compétence numérique A. T RADUCTION ET D EFINITION « Digital » en anglais signifie « numérique » en français. Le numérique, s’oppose à l’analogique. La différenciation entre « numérique » et « analogique » correspond au moyen de saisie des données, à leur stockage et au transfert des informations, le fonctionnement interne de l’appareil ou encore au type d’affichage ou de restitution des signaux. Les appareils technologiques que nous utilisons en 2009 sont le plus souvent de type numérique. Le terme numérique regroupe par métonymie tous les medias numériques allant du téléphone portable à la télévision (TNT ou DVB-T), mais aussi, des systèmes virtuels d’information et de communication qui sont une hybridation de produit logiciel, de service, de réseau et de personne, tels que les services de messagerie, d’échange de données, d’agrégation de flux, et même Internet lui-même22. Le terme « Digital Literacy » pose des problèmes de traduction en français. « Literacy » renvoie à « illiterate » que se traduit par « illettré » en français. Mais peut-on être « lettré numérique », ou cela frise-t-il l’oxymore ? « Literacy » est un terme qui renvoie à la culture du manuscrit et de l’imprimé, il n’a pas en français d’équivalent exact. On peut également le traduire par « alphabétisation », mais il recouvre uniquement le « savoir-lire » et le « savoir écrire » ; le « savoir compter » s’exprimant par un mot anglais différent : « numeracy ». (Doueihi, 2007) « Literacy » définit traditionnellement la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Tyner 23 observe que cette notion a, de tout temps, été très connectée à la technologie de l’époque. Par conséquent cette notion ne peut être perçue comme donnée ou statique. Elle montre également que dans toute culture, l’apprentissage d’un « savoir-lire », est garant d’un accès à la culture et à l’information, ce qui a d’évidentes répercutions sociales et économiques pour la population d’un territoire géographique ou politique donné. Selon Tyner, le terme « literacy » a une nature rétrospective et conservatrice. Selon Freire, « literacy » est la capacité, la possibilité à « lire le Monde », lire un monde en constante évolution et a fortiori depuis les trente dernières années, ce qui suggère un apprentissage également, en constante évolution. Traduit de l’anglais (Hokstad, et al., 2008) 22 Certains disent qu’Internet n’est pas un média mais une solution technologique d’accès à des médias qui sont le texte – et plus exactement l’hypertexte – le son, les images et la vidéo. D’autres affirment qu’il est un média par essence et plus encore. (Lire à ce propos, l’excellent article de Daniel Bo sur le sujet : http://www.tech.youvox.fr/Internet-le-media-logiciel.html) 23 (Tyner, 1998) 26
  27. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Mais “literacy” c’est autre chose, selon Francis Pisani sur son blog, où il propose une discussion sur le terme « Digital Literacy »24. Outre lire et écrire, cela inclut comprendre, interpréter, créer, communiquer… comme l’indique cette définition tirée de l’UNESCO et trouvée sur Wikipedia25 : “Literacy is the ability to identify, understand, interpret, create, communicate and compute, using printed and written materials associated with varying contexts. Literacy involves a continuum of learning to enable an individual to achieve his or her goals, to develop his or her knowledge and potential, and to participate fully in the wider society.” Francis Pisani propose comme traduction « Cultures et pratiques digitales ». Des lecteurs suggèrent « maîtrise numérique » ou encore « agilité numérique ». Yoram Eshet-Alkalai propose une explication au concept de Digital Literacy26 (traduit de l’anglais) : « Digital literacy » implique plus que la capacité à utiliser un logiciel ou un appareil numérique, cela inclus une grande variété de compétences cognitives, motrices, sociales et émotionnelles dont l’utilisateur a besoin pour fonctionner efficacement dans un environnement numérique. Les tâches impliquées par ce contexte sont variées et telles que « lire » des instructions sur un écran et une interface graphique, utiliser du matériel numérique pour créer du contenu faisant sens, construire une réflexion en utilisant des informations obtenues de façon non-linéaire, évaluer la qualité ou la véracité d’une information, et avoir une compréhension des « règles qui prévalent » dans le cyberespace. » YEA présente ainsi ces compétences « permettant de survivre dans l’ère numérique » :  La compétence photo-visuelle : L’art de lire des représentations graphiques de données en les interprétants à partir de codes connusLa pensée non-linéaire ou la culture de l’hypermédia : La capacité à comprendre, agréger et lier de l’information répartie.  L’appréhension de l’information ou l’art du scepticisme : Capacité à juger la véracité de l’information présentée en fonction de son contexte et de son mode de présentation.  La compétence socio-émotionnelle : C’est la plus exigeante et la plus compliquée à décrire. Avec l’évolution des ICT, de nombreux pièges et arnaques (ex : phishing…) sont apparus. Les utilisateurs possédant cette compétence, peuvent grâce à une analyse de contexte, du fond et de la forme du message et une analyse critique de celui-ci, définir si l’information a un intérêt ou pas.  La compétence de création à partir de matériel existant (ndlr : ceci n’inclut pas forcément la notion de créativité qui, si elle peut être induite, ne peut pas être considérée comme une matière enseignable). Ceci inclut la compréhension des outils permettant de collecter de 24 http://pisani.blog.lemonde.fr/2007/08/29/digital-literacy-quen-pensez-vous/ 25 http://en.wikipedia.org/wiki/Literacy - 29 août 2007 26 Yoram Eshet-Alkalai - http://www.openu.ac.il/Personal_sites/download/Digital-literacy2004-JEMH.pdf 27
  28. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. l’information, de la modifier, de la rediffuser et cela peut également inclure la connaissance du cadre légal qui régit ces pratiques. Pour achever sa réflexion, YEA explique que cette segmentation de la compétence numérique permet aux concepteurs de mieux cibler leur approche du public en comprenant leurs besoins et leurs faiblesses. Si « literacy » est donc une culture globale du monde qui nous entoure en un moment donné, il semble évident qu’aujourd’hui, en occident, la notion de « Literacy » devrait prendre en compte la « Digital Literacy. Or, la disparité d’accès aux médias numériques sur le globe et particulièrement à Internet est très forte27. C’est pourquoi on est encore obligé de considérer la notion de « digital literacy » comme un nouveau greffon sur l’immensité de la culture globale mondiale et une évolution logique du concept de « Technology literacy 28». Richard A. Lanham écrit en 1995 dans Scientific American : « Le mot Literacy qui représente la capacité à lire et à écrire, a graduellement étendu sa signification dans l’ère numérique pour signifier la capacité à comprendre une information quelque soit son support de présentation. » (Traduit de l’anglais). Une définition qui semble accorder tout le monde est la combinaison de celles-ci :  La capacité à utiliser la technologie numérique, les outils de communication et les réseaux pour trouver, évaluer, utiliser et créer de l’information.29  La capacité à comprendre et utiliser de l’information dans plusieurs formats et provenant de sources variées, lorsqu’elle est présenté via une interface homme-machine (IHM) numérique. (Paul Gilster)  La capacité d’accomplir une tâche dans un environnement numérique. (Barbara R. Jones-Kavalier et Suzanne L. Flannigan) Cela implique une connaissance de la technologie et une compréhension de ce pour quoi elle peut être utilisée. Les populations dites « Digitally Literate » peuvent communiquer de façon plus efficace, particulièrement avec celles qui possèdent cette même connaissance de la même façon que deux personnes parlant le même langage sont plus à même de communiquer entre elles. Il s’agit en effet d’une forme de culture spécifique possédant ses codes, sa signalétique, son éthique, sa logique, ses inspirations, ses spécialistes et ses débutants. Par commodité dans la suite de cette étude, nous nommerons la notion « Digital Literacy », « Compétence Numérique », car le terme français « compétence30 », nous semble le plus approprié. 27 Alors que 73% des nord-américains sont connectés (Internet World Stats Q4 - 2008), seulement 5,4% des africains le sont. 28 Capacité à utiliser les outils technologiques récents. 29 http://www.digitalstrategy.govt.nz/Resources/Glossary-of-Key-Terms/ 30 Définition Larousse : « capacité reconnue en telle ou telle matière et qui donne le droit d’en juger » 28
  29. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Conscient que la compétence numérique est garante de nombreux facteurs de développements humains et économiques, Microsoft a lancé un portail Web dédié à son évaluation et son apprentissage. Les cours proposés par Microsoft31 incluent les sujets suivants :  Introduction aux ordinateurs  Terminologie informatique courante  Internet et le Web  Le courrier électronique  Le traitement de texte  Le tableur  La sécurité et la confidentialité  L’éthique informatique  Des introductions à la photo et la vidéo numérique Ces connaissances pouvant être testées et évaluées, on peut définir un niveau de compétence numérique par utilisateur. En effet l’apprentissage des fonctionnalités de l’ordinateur est graduel et prends du temps. En général, un utilisateur expérimenté est avant tout un utilisateur qui a passé plusieurs centaines d’heures à découvrir les fonctionnalités de son ordinateur à travers des interfaces logicielles. Le graphique ci- contre, est éloquent. F IGURE 9 - A CQUISITION DE COMPETENCES INFORMATIQUES 31 http://www.microsoft.com/about/corporatecitizenship/citizenship/giving/programs/up/digitalliteracy/defaul t.mspx Programme complet en Annexe 29
  30. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Nous proposons ici un tableau synthétisant les différents niveaux de compétence numérique : Niveau 1 - Niveau 2 - Initié Niveau 3 - Confirmé Niveau 4 - Concepteur Débutant - S’approprie - Effectue un nombre de - Effectue un nombre de tâche Il s’agit là d’un métier, l’outil matériel tâches limitées mais a illimité puisqu’il a compris la et donc d’une (clavier, compris le chemin logique logique des interfaces et des compétence souris…). entre elles et comment les modes de fonctionnement permettant de créer à répéter. informatiques. destination des tous les - Compare ce autres utilisateurs. qu’il voit sur -Repère des similitudes - Il comprend la logique de tout l’écran avec le dans les codes utilisés par logiciel (non spécifique à un Le concepteur doit monde réel. les interfaces (le bouton en métier). forme de disquette placée - Connaître les codes - Découvre en haut à gauche de la -Il est capable de télécharger un sémiotiques du média certains codes fenêtre sert à enregistrer le logiciel, de l’utiliser, de le pour lequel il travaille, récurrents et document sur plusieurs supprimer si besoin est, tant pour les réutiliser les mémorise logiciels différents). d’installer un périphérique que pour en créer de sans forcément informatique et de l’utiliser, de nouveaux. en comprendre - Capacité à interagir publier de l’information sur la logique (ex : intelligemment avec la Internet. - Doit pouvoir inventer Simple-clic, machine. Optimisation de ou du moins utiliser des double clic, Clic certaines actions. - Il est capable d’analyser ce qui codes composites de droit) s’affiche à l’écran et les actions codes connus. -Utilisation multimédia qu’il doit entreprendre, (pictogrammes…) - Découvre basique d’effectuer des choix conscients l’interface de de leurs conséquences. - Adapter la conception son système -Deux voies s’offrent à au type d’utilisateur d’exploitation l’utilisateur à ce stade : -En plus de l’utilisation ciblé. et le traitement traditionnelle de l’outil, La protection : L’utilisateur l’utilisateur connaît des - Doit intégrer à la de texte. se cantonne aux tâches qu’il conception, des raccourcis et plusieurs méthodes -L’utilisateur connaît et ne se risque pas à permettant d’arriver au même contraintes peut avoir deux tenter de nouvelles résultat. d’ergonomie de réactions : utilisations de son outil. l’utilisation et -L’utilisateur a conscience des d’architecture de Le rejet de L’initiative : limites de l’ordinateur. l’information tout en se l’outil Par des déductions logiques, souciant des informatique, qui témoignent de la -L’utilisateur parvient à deviner contraintes techniques, auquel cas, il compréhension de quel va être la conséquence à la fois de la plate- arrête toute l’architecture de d’une action interactive. forme de utilisation. présentation de développement mais l’information, l’utilisateur -Connaissance avancée du vocabulaire des services et outils aussi du poste client. L’envie de tente d’utiliser des fonctions mieux maîtriser inhabituelles, essayant utilisés. (Taxonomie) - Doit être capable de l’outil, qui le également de comprendre La plupart des utilisateurs comprendre la pousse au comment revenir en arrière n’évoluent pas pus loin que ce structure intrinsèque niveau suivant. après une mauvaise stade, qui permet déjà un niveau de ce qui est manipulation. Cette d’utilisation satisfaisant. On représenté à l’écran en attitude permet à considère qu’un an d’utilisation termes de code et de l’utilisateur (à force de quotidienne d’un ordinateur est logique interne. (T. beaucoup de temps et nécessaire à l’obtention d’un tel Dobson, 2005) d’expérimentations) de niveau. passer au niveau suivant. 30
  31. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. Les concepteurs professionnels d’interfaces logicielles ou Web font partie du groupe le plus avancé en termes de compétence numérique. Leur métier consiste à utiliser les codes connus par les utilisateurs pour les amener à utiliser les fonctions de leurs interfaces. Non seulement doivent-ils connaître parfaitement les codes visuels, mais également les contraintes du média sur lequel ils travaillent. Nous verrons au deuxième chapitre comment la culture numérique des concepteurs évolue également, et comment ils peuvent être amenés à faire eux-mêmes, évoluer la culture numérique globale. B. A CQUISITION La Compétence numérique se place dans la continuité de l’évolution de la culture de l’imprimé en reprenant beaucoup de ses codes. Les lettres à empattements qui s’affichent sur nos écrans, amenées là par du code binaire, sont les témoins de la culture typographique passée et elles sont indémodables. La CN aussi présente un aspect plus démocratique que la culture de l’imprimé puisque, si tout le monde ne peut pas écrire un livre, tout le monde peut aujourd’hui publier ce qu’il souhaite sur le réseau. Mais la CN, ce n’est pas que la culture d’Internet. La CN regroupe un grand nombre de compétences plus ou moins imbriquées, que nous synthétiserons dans un schéma à la fin du chapitre. Pour mieux comprendre comment la compétence numérique globale a été diffusée et adoptée, il convient d’expliquer ses trois principales phases d’expansion et les symboles qui ont été créés pendant ces phases. Nous verrons dans la partie suivante que ces symboles constituent les bases de la compétence numérique PHASE 1 L’ A P P A R I T I O N D U « P E R SO N A L C O M P U T I N G » A L A F I N D E S A N N E E S 70 Les machines et les nouveaux codes Avant les années 70, un ordinateur était une machine inaccessible au grand public tant de par sa taille et son prix que par son utilisation qui requérait des connaissances pointues en programmation. Sans entrer dans un historique exhaustif des évolutions informatiques depuis 40 ans, le premier événement notable qui toucha réellement le grand public fut l’apparition à la fin des années 70 de l’informatique personnelle rendue possible grâce à des machines de taille réduite, elles-mêmes fabriquées à partir des microprocesseurs, technologie alors jeune. 31
  32. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. F IGURE 10- W ANG 1200 - P REMIER TRAITEMENT DE TEXTE F IGURE 11 - 1977 - A PPLE II - P ROCESSEUR M OTOROLA PERSONNEL (30 K $ EN 1978) 6502@1MH Z - J USQU ' A 16 COULEURS @ 40 X 48 PX F IGURE 12 - 1981 - T HE ORIGINAL IBM PC (M ODEL 5150) F IGURE 13 - 1994 - B ROTHER WP-1400 – T RAITEMENT DE TEXTE – P ROCESSEUR I NTEL 8088 @ 4.77MH Z – R AM 16K O – « MODERNE » 2 LECTEURS 5¼ 160K O Cette révolution fut portée par le traitement de texte remplaçant la machine à écrire. Ces machines hybrides composées d’un écran, d’un clavier, d’une imprimante intégrée et parfois d’un lecteur de disquettes, ouvraient la voie à une nouvelle ère de l’écriture, moins laborieuse et plus efficace, et ce grâce entre autres aux fonctions d’édition et de révision des documents. Parallèlement IBM inventait le concept d’ordinateur personnel (PC), composé d’un écran, d’une unité centrale et d’un clavier. Les lecteurs étaient nommés par des lettres A:, B:, et le disque dur principal de l’ordinateur, C:. Ce nommage est devenu une convention aujourd’hui, même si les lecteurs de disquettes sont devenus obsolètes, la mémoire principale d’un ordinateur est souvent appelé C:. Si les ordinateurs récents, n’ont plus grand-chose en commun avec ces machines, ils sont globalement construits sur la même architecture matérielle. Même l’emplacement des touches sur le clavier n’a pas été révolutionné depuis cette époque. Le système d’exploitation de cette machine, le MS-DOS n’a été réellement abandonné qu’à partir de 1995 soit 15 ans plus tard. Si des surcouches applicatives graphiques (également appelées interfaces graphiques ou GUI), ont vu le jour entre 32
  33. La compétence numérique, cadre de travail évolutif pour le design d’interfaces Web. temps, les utilisateurs ont été longtemps habitués à une interface textuelle monochrome ne permettant que la saisie des commandes au clavier. De son côté Apple orientait la perception de l’informatique par le grand public vers un futur plus beau et non vers une déshumanisation de la société. Cette vision, leitmotiv de la société dès 198432 avec la sortie du Macintosh, est encore aujourd’hui, le fer-de-lance de la compagnie qui est devenue l’une des mieux perçue du secteur. Le Logo de la pomme s’il a évolué, est aujourd’hui, une image d’Epinal. La firme eut la bonne idée d’en faire une touche du clavier, devenant, en plus d’un logo institutionnel, un code visuel numérique. Associée à une autre touche du clavier, la frappe de la touche pomme servait de raccourci pour accéder aux fonctions de l’ordinateur. La pomme symbolisa alors, le raccourci, la facilité et cela contribua à améliorer l’image d’Apple en tant que fabricant d’ordinateurs simple à utiliser. Le logo d’Atari, s’il ne constituait pas un raccourci clavier, a tellement marqué les joueurs sur bornes d’arcade, qu’il est également devenu un symbole générationnel dont s’inspire par exemple, la jeune marque de street-wear WESC. Intel, fabricant de micro-processeurs, a également adopté une dénomination plus humaine pour ses produits en 1995, passant du 486 au Pentium. Le second nom reprenait la racine grecque penta qui signifie 5 (évolution logique du 486, après les 386, 286 et autres 8086) et lui adjoignait le suffixe –ium, souvent retrouvé dans les éléments chimiques nécessaires au développement de la vie (magnésium, potassium…). Cette appellation rendit l’informatique bien plus vendable, plus marketable, avec un visage plus vivant, plus philanthrope, n’effrayant plus les novices qui auparavant, restaient désemparées face aux noms de codes des composants. Ces machines d’un autre temps sont aujourd’hui des objets de collection pour la plupart, elles sont les madeleines de Proust d’un temps révolu. Les utilisateurs de ces machines en sont parfois nostalgiques. La présentation de l’information avec des caractères « bruts » non lissés, en monochrome, est même devenue un traitement graphique « à la mode ». De nombreux créateurs les utilisent aujourd’hui, tant dans la mode, que dans l’art urbain. Il s’agit d’ailleurs d’un lien très intéressant, puisqu’une inspiration venue du monde numérique et de ces anciens codes, a influence le monde réel et les pratiques créatives sur des F IGURE 14- T IME MAGAZINE - J ANVIER 1983 médias physiques. En effet, l’affichage des informations sur l’écran des années 80 ainsi que les très jeunes capacités des 32 La mythique Publicité Apple diffusé lors du SuperBowl de 1984 : http://www.dailymotion.com/video/x1fnal_apple-1984_ads Apple veut casser l’image de l’informatique qui exploite l’humain, véhiculée dans le livre culte de Georges Orwell, 1984 33
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