Le piratage de contenu audiovisuel sur Internet est une pratique qui s'est progressivement intégrée dans les usages des utilisateurs du web. La présente communication envisage de présenter cette pratique, d'en définir les caractéristiques et les différentes et de dresser un profil des pirates de contenu en ligne.
Définition du piratage des contenus audiovisuel sur Internet
1. Présenté par le Dr.Antonin Idriss BOSSOTO
Chef de Parcours STC/Université Marien Ngouabi
CONFÉRENCE SUR LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE
PIRATAGE DE CONTENUS AUDIOVISUELS VIA INTERNET
2. Plan
Introduction
1. Qu’est ce que le piratage ?
2. Genèse du piratage audiovisuelle sur Internet
3. Pratiques du piratage audiovisuelle sur Internet
4. Profils des pirates
5. Cas de la République du Congo
Conclusion
3. Le développement des TIC et l’arrivée d’Internet n’ont pas eu que des
avantages pour l’industrie de l’audiovisuel et les industries créatives.
Internet offre des potentialités en termes d’accès, de diffusion, de
partage et de stockage de contenus audiovisuels (Films, series,
émissions, musique, concerts, sports live …). De plus Internet a donné
naissance à des plateformes numériques servant d’intermédiaire dans
l’accès aux contenus audiovisuels, mais aussi, un accès à des
programmes payants par IPTV (Internet Protocol Télévision). Plus
récemment, la consommation audiovisuelle a été profondément
révolutionnée par l’apparition du wifi, les développements du Cloud,
de l’internet mobile et de la 4G .
Introduction
4. Ces différentes prouesses technologiques ont d’une part une incidence
sur l’évolution des pratiques non-autorisées confrontant les
producteurs de contenus audiovisuels à des modes de consommation
illégale et de plus en plus sophistiqués. D’autre part, elles occasionnent
d’importantes pertes financières pour l’industrie de l’audiovisuel et la
fréquentation des salles de cinéma.
Face à de telle transformation, il y a lieu de comprendre les enjeux du
piratage de contenus audiovisuels à l’ère de l’Internet. A cet effet :
• Comment définir le piratage audiovisuel sur Internet ?
• Quels en sont les caractéristiques ?
• Quels sont les profils des pirates de contenus audiovisuels et quels
sont les mobiles du piratage ?
Introduction
5. Comme le précise Lee Marshall
(2004), « le mot piratage est un
terme parapluie qui recouvre une
grande variété d’activités, incluant la
contrefaçon, le piratage,
l’enregistrement clandestin de
spectacles, la copie maison,
l’échange de cassettes et le partage
de fichiers en ligne ».
1. Le Piratage
6. Toutefois, dans les milieux
artistiques, industriels, et
médiatiques locaux, ce terme
désigne le téléchargement sur
Internet et, plus spécifiquement
encore, l’échange pair-à-pair ou P2P,
« un mode d’échange de fichiers
numériques entre internautes, sans
contreparties pécuniaires » (Tétu,
2010, p. 2), la plupart du temps sans
autorisation des ayants droit.
1. Le piratage
7. On entend également par piratage le
fait d'effectuer des opérations
frauduleuses par l'intermédiaire de
l'informatique (Munoz, 1999). Par
conséquent, le piratage de contenu
audiovisuel sur Internet renvoi au à
l’utilisation, au partage et à la
commercialisation illégale de films,
de musiques, de programmes et de
productions télévisées téléchargées
ou diffusées à partir d’Internet.
Le piratage
8. La première plateforme mondiale de
piratage culturel est opérationnelle en
1999, avec le logiciel de peer-to-peer
appelé Napster. Le peer-to-peer (ou
P2P, se révèle vite une modalité
populaire de distribution de contenus
volumineux en ligne. Sa particularité
consiste à faire transiter des fichiers
numériques directement d’un
ordinateur à un autre, à l’aide d’un
logiciel commun et à l’intérieur d’un
réseau d’ordinateurs connectés. Les
contenus échangés sont surtout des
produits culturels ( film, musique, livre,
jeu vidéo, émission télévisée, etc).
2. Genèse du piratage audiovisuelle sur Internet
9. Napster fermé (2001), à la suite d’un
procès très médiatisé, plusieurs
autres logiciels d’échanges de type
P2P prennent le relais (Kazaa,
bittorrent, etc.), via des sites Web
dédiés à l’échange (Pirate Bay,
Minonova, etc.). La pratique du P2P
devient alors l’incarnation la plus
répandue du piratage culturel et des
échanges illicites en ligne en général
(Curien et Maxwell, 2011), au point
de constituer le tiers du flux mondial
d’Internet.
2.Genèse du piratage audiovisuelle sur Internet
10. Le piratage est largement pratiqué
car il permet généralement d’avoir
un accès quasi exhaustif aux
contenus (films, séries) de façon
immédiate et sous bon nombre de
formats (version doublée, version
sous-titrée…). Le piratage est une
application du principe du « tout,
tout de suite ». Il permet de
s’affranchir de toutes les limites
qu’implique le droit de propriété sur
les programmes audiovisuels :
3. Pratique du piratage audiovisuelle sur Internet
11. il n’y a rien à payer pour le
spectateur, la disponibilité est
souvent immédiate et, en cherchant
bien, la qualité est plutôt bonne.
Les pirates disposent souvent d’un
stock de films à voir en attente sur
leur disque dur. Cette abondance
d’offre les conduit à une attitude
blasée ou critique. Ils « zappent »
d’un film à l’autre, faute de temps
pour tout voir. Ils peuvent même se
lasser de voir des films en
abondance avec une telle facilité.
3. Pratique du piratage audiovisuelle sur Internet
12. On distingue une multitude de
formes de piratage de contenus
audiovisuelles via Internet :
• Le Peer to Peer ; Napster
• Les sites miroirs ; KickassTorrents
• Le streaming ;
• Les SVOD ;
• Le télésynchro ;
• Les plateformes IPTV ;
• Le cardsharing…
3. Pratique du piratage audiovisuelle sur Internet
13. Depuis l’avènement de logiciels
comme Napster d’abord, puis ses
émules, Kazaa, Limewire et
BitTorrent, le « piratage » a conduit
à la création d’une « bourse
mondiale de transactions gratuites
». C’est une pratique qui, en un peu
plus de 15 ans, a connu un
développement fulgurant. Selon
l’OCDE les vidéos en ligne
représentent plus de 90 du trafic
Internet et que 95 % des 40 millions
de téléchargements effectués dans
le monde seraient non autorisés .
3. Pratique du piratage audiovisuelle sur Internet
14. D’après le centre national de la
Cinématographie de France, les pirates
peuvent être regroupés en deux
groupes : les « téléchargeurs » et les «
receleurs ». Les téléchargeurs
importent directement les films à partir
d’Internet. Ils sont abonnés à une
connexion haut débit, ont une certaine
maîtrise technique. Les receleurs ne
téléchargent jamais de films sur
Internet. Ils se procurent des films par
le biais de leur entourage, le plus
souvent sur support CD ou USB. Ils
appartiennent à des cercles d’échanges
de films, et sont aussi bien des
hommes que des femmes.
4. Profil des pirates de contenus audiovisuels via Internet
15. Les adolescent et les technophiles
constituent également d’importants
profil de pirates. Le piratage de
contenus musicaux et de vidéo
constitue pour les adolescents une
pratique naturelle, totalement
intégrée. Ils ont une approche
empirique et consumériste du
téléchargement, à la différence des
adultes technophiles qui ont une
approche plus technique et
pionnière.
4. Profil des pirates de contenus audiovisuels via Internet
16. En Afrique, le développement du
secteur informel des TIC à donné
naissance à d’importantes souches
de piratage de contenus
audiovisuels via Internet. En
République du Congo cette pratique
s’est intégrée dans les modes de
vies. Séries Télévisées, Blockbusters
américains, Télénovelas sont
disponibles à moindre coût auprès
de ce que nous présentons comme
des Vendeurs de Contenus
Multimédias.
Le cas du Congo
20. La vente de contenu multimédia est
une activité informelle qui consiste à
télécharger des films et des séries
télévisées à partir de logiciels de
Torrents, de constituer une base de
données audiovisuelle, puis de
revendre ces contenus aux férus de
programmes audiovisuels. A titre
d’exemple au marché Total de
Brazzaville, le prix d’un film varie
entre 300 et 500 Fcfa. Le prix d’une
saison de série télévisée varie entre
1000 et 2000 Fcfa.
Le cas du Congo
21. Excepté les VCM on note d’autres
profil de pirates s’apparentant à de
simples téléchargeurs. Il s’agit
généralement de jeunes cadres
d’entreprises publiques ou privées
profitant de la connexion haut débit
pour télécharger des films et des
séries à succès. Le mobile du
piratage n’est pas commercial, mais
plutôt culturel et ludique.
Dans les 2 cas, on dénote une
méconnaissance des lois et textes
régissant la protection des œuvres
audiovisuelles.
Le cas du Congo
22. Le piratage numérique occasionne à l'industrie audiovisuelle non
seulement un manque à gagner, mais elle affecte toute la chaîne de
revenus soit à la sortie en salle, la location en vidéoclub, la diffusion à
la télévision ainsi que les produits dérivés. La protection des contenus
audiovisuelles face au piratage en ligne est un réel problème qui se
manifeste à deux niveaux. D’abord par la méconnaissance des textes et
des règles qui régissent la consommation des biens audiovisuels et
ensuite par la facilité d’accès aux contenus en ligne, qui sont
disponibles n’importe où, n’importe quand, à partir de n’importe quel
terminal connecté. Ce que Xavier Dalloz definit à travers le l’acronyme :
ATAWADAC. L’absence de cadre de régulation fait de nombreux pays
africains des « Paradis Numérique ».
Conclusion
23. Le piratage technologique n’est pas en reste. Il est encore plus
destructeur de valeur puisqu’il est à la fois tentaculaire et invisible :
décodeurs pirates, captation du signal grâce à une parabole, streaming
illégal… Autant de méthodes qui demandent beaucoup plus de
ressources pour être combattues. Les techniques de piratage sont
nombreuses, les raisons parfois légitimes, l’opportunité financière
difficilement contestable, mais les dommages collatéraux sont
dévastateurs pour l’ensemble d’un secteur et donc d’une économie. Par
conséquent, la mise en place de moyens juridique et d’outils de
sensibilisation et de répression à grande échelle s’impose.
Conclusion